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La puberté est-elle une phase compliquée à gérer ?<br />
La puberté est effectivement une période difficile à gérer pour les jeunes, et pas<br />
uniquement pour les joueurs de tennis ! C’est le passage de l’enfance à l’adolescence,<br />
puis à l’âge adulte. Le joueur se découvre de nouveaux centres d’intérêt. Il<br />
est très influençable car il se « cherche », il manque souvent d’assurance dans son<br />
nouveau statut. Il a plus besoin de plaire, d’exister, de se détacher de ses parents, et<br />
parfois de son entraîneur lorsque celui-ci représente une figure paternelle. Des difficultés<br />
relationnelles avec son coach, d’autant plus lorsque le père joue ce rôle, vont<br />
apparaître. Le sport de haut niveau implique des contraintes, on ne peut pas vivre<br />
la vie d’un adolescent normal si l’on aspire à devenir un athlète, et l’adolescence<br />
peut amener le jeune à remettre en cause ce choix de vie (d’autant plus lorsqu’il<br />
ne l’a pas vraiment choisi). Enfin, tous ces bouleversements ont des conséquences<br />
éventuelles sur la motivation du jeune et le « ressort » peut alors se casser. C’est<br />
pour cela que l’environnement du joueur s’avère essentiel à cette période.<br />
Patrick Mouratoglou<br />
dirige l’Académie de tennis<br />
qu’il a créée, décrite comme l’une des<br />
plus performantes au monde. Située<br />
à Sophia Antipolis, elle propose un<br />
système de tennis-études ainsi que<br />
des stages ouverts à tous, de janvier<br />
à décembre (mouratoglou.com). Il a<br />
entraîné Marcos Baghdatis, Anastasia<br />
Pavlyuchenkova, Jérémy Chardy, Grigor<br />
Dimitrov et Aravane Rezaï. Depuis juin<br />
2012, il est le coach de Serena Williams<br />
qui a remporté 10 tournois du Grand<br />
Chelem depuis cette date.<br />
Vous qui avez souvent coaché des femmes, sans langue de bois ni sexisme, est-ce qu’il y a des moments<br />
où il est plus difficile de les entraîner ?<br />
Hommes et femmes ne fonctionnent évidemment pas de la<br />
même manière, tant sur le plan psychologique que biologique. Les<br />
femmes gèrent la pression et le stress de manière plus ouverte que<br />
les hommes. Elles en parlent aisément, et laissent leurs émotions<br />
s’exprimer librement, tandis que les hommes vont chercher à les<br />
dissimuler pour paraître plus forts. Dans ces moments-là, le coach<br />
doit absorber leur stress et savoir faire preuve d’autorité. Il faut les<br />
recentrer, leur donner des objectifs simples à atteindre pour que<br />
les instants de panique disparaissent ou soient atténués. En ce<br />
qui concerne leurs règles, c’est effectivement un moment difficile<br />
chaque mois. Ce sport se résume souvent à la gestion de son<br />
stress dans les moments-clés. Très clairement, la qualité du travail<br />
en est altérée. Si cela tombe un jour de match, cela peut avoir des<br />
conséquences fâcheuses.<br />
Comment gérer les relations amoureuses des joueurs ?<br />
Comment les garder concentrés pour s’entraîner et matcher<br />
quand ils ont un peu la tête ailleurs ?<br />
Derrière les mécaniques parfaitement huilées sur le plan<br />
technique, tactique et physique, il y a des êtres humains avec<br />
leurs problématiques, leurs humeurs, leurs forces et leurs<br />
faiblesses. Il est bien évident que les événements de leur vie<br />
privée et, plus précisément, la manière dont ils les reçoivent<br />
sur le plan émotionnel vont avoir des répercussions sur le<br />
plan sportif. Mais attention, il n’y a pas de règles établies en<br />
la matière. Certains sont particulièrement affectés dans leur<br />
tennis par les moindres problématiques rencontrées dans leur<br />
vie privée ou un simple accrochage avec un membre du Team,<br />
de leur famille, du cercle d’amis. D’autres joueurs, au contraire<br />
s’en nourrissent. Lorsque tout va mal dans leur vie privée, ils se<br />
concentrent sur leur tennis et le terrain devient le « refuge », le<br />
lieu où ils sont capables de tout oublier, le seul où justement,<br />
ils ne sont pas atteints par la souffrance que leur attire leur vie<br />
privée. Ils sont alors capables de jouer leur meilleur tennis dans<br />
les pires moments de leur vie.<br />
*Ecrivez-nous à : infos@tennis-magazine.com<br />
Kim Clijsters et Lleyton Hewitt alors en couple<br />
en 2000 à Wimbledon. Séparés en 2004,<br />
ils ont chacun vogué vers d’autres cieux.<br />
©PROSPORT / PANORAMIC<br />
TENNIS MAGAZINE 93