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LES DESSOUS DU TENNIS<br />
Un bon coup en bourse<br />
peut entraîner une fracture<br />
nette de l’organe. Aïe...<br />
public et fait le « buzz » sur internet.<br />
La double peine.<br />
Pas de vidéo, en revanche, d’un des<br />
plus « sérieux » incidents du genre dont<br />
avait été victime Marc Gicquel à Halle<br />
en 2007. Mais on a mieux, puisqu’on<br />
a recueilli le témoignage de Marco (lire<br />
ci-contre). Ça fait froid dans le dos. Et si<br />
l’intéressé en rigole aujourd’hui, on peut<br />
vous dire que sur le coup (bas), ça ne<br />
l’avait pas vraiment fait marrer.<br />
Selon le Docteur Patrick Constancis, uroandrologue<br />
à Paris, le malaise qu’avait fait<br />
Gicquel au soir de son traumatisme était<br />
plus sûrement lié au stress, voire au fait<br />
d’avoir voulu continuer à jouer, qu’à la<br />
pathologie en elle-même puisque, en<br />
l’occurrence, le Breton s’en était sorti<br />
sans dommage. Il a eu de la chance, car<br />
les risques de traumatismes testiculaires<br />
sont réels. Le « simple » hématome n’est<br />
en soi pas très grave, mais impressionnant<br />
malgré tout, car quand vous voyez<br />
votre « couille » gonfler et bleuir, logiquement,<br />
vous ne faites pas le fier. Mais ça<br />
peut être pire. Un bon coup en bourse<br />
peut entraîner une fracture du testicule,<br />
de sa paroi protectrice (l’albuginée) ou<br />
de l’épididyme (le petit organe qui le surplombe<br />
et qui est chargé de recueillir puis<br />
véhiculer les spermatozoïdes), voire une<br />
torsion de son cordon nourricier. Il faut<br />
parfois opérer en urgence pour ne pas nécroser<br />
le rouston. Les cas les plus violents<br />
– difficilement envisageables en tennis<br />
tout de même – peuvent entraîner une<br />
pulvérisation pure et simple de l’organe.<br />
Dans ce cas, vous pouvez dire adieu à sa<br />
fonction reproductive et si vous aspirez<br />
à une descendance, vous n’avez plus qu’à<br />
espérer que l’autre fonctionne bien.<br />
Donc si vous êtes un jour frappé dans<br />
les précieuses – et dieu sait que ça arrive<br />
régulièrement dans ce sport de balles – la<br />
bonne conduite à tenir est, successivement<br />
: oublier sa fierté, assumer sa douleur,<br />
glacer le paquet (oui, on sait, ce n’est<br />
pas le plus agréable…), prendre des antidouleurs<br />
et des anti-inflammatoires. Au<br />
moindre gonflement ou bleuissement, il<br />
semble « couillu » d’appeler rapidement<br />
un médecin, qui prescrira une échographie.<br />
Ah oui, on oubliait : si possible, évitez<br />
de vous faire mal vous-même… Vous<br />
riez, mais on dit que certains joueurs<br />
seraient passés proches de l’émasculation<br />
en tentant des « tweeners » mal maîtrisés.<br />
A vrai dire, on n’a pas pu le vérifier et la<br />
thèse de la « dangerosité » du tweener fait<br />
rigoler ceux qui savent le faire, sachant<br />
que la frappe se passe beaucoup plus bas.<br />
Mais bon, on n’est jamais trop prudent…<br />
Reste une question, capitale. Mais pourquoi<br />
diable « ça » fait si mal ? « Le testicule,<br />
à l’intérieur de sa paroi protectrice (l’albuginée),<br />
c’est de la pulpe, ça ressemble un<br />
peu à un oursin, explique Gerard Sellem,<br />
chirurgien andrologue à Paris, tout en<br />
griffonnant un schéma avec application.<br />
Cette pulpe est bourrée de cellules qui fabriquent<br />
les spermatozoïdes et l’hormone<br />
mâle (la testostérone). C’est donc une zone<br />
riche en vaisseaux et fortement innervée,<br />
c’est la raison pour laquelle elle est aussi<br />
douloureuse en cas de choc. » Ce serait<br />
aussi la raison pour laquelle il s’agit<br />
d’une zone aussi érogène, mais c’est un<br />
autre sujet.<br />
On dit que la nature est bien faite,<br />
mais l’on peut franchement se demander<br />
pourquoi une partie aussi sensible<br />
du corps de l’homme se retrouve ainsi<br />
exposée à tous les dangers. Elle serait<br />
beaucoup mieux bien planquée dans la<br />
paroi abdominale, non ? Paraît-il, c’est<br />
pour leur garantir une température inférieure<br />
à la température corporelle. Soit.<br />
Mais ce n’est pas très prudent. Le danger<br />
est tel qu’il en devient obsédant. Il n’y a<br />
qu’à voir à quel point le langage testiculaire<br />
a envahi notre vocabulaire courant,<br />
et particulièrement celui du joueur de<br />
tennis. Avoir les boules, à la base, vient<br />
de là. Il faut incontestablement en avoir<br />
de grosses au moment de sauver une<br />
balle de break, même si l’on a droit à<br />
deux balles de service. Et que celui qui<br />
88 TENNIS MAGAZINE