LG 204
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96 <strong>LG</strong><br />
NOVEMBRE 2017<br />
SOCIÉTÉ<br />
Les startups<br />
doivent protéger<br />
leurs innovations<br />
Jeunes entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies<br />
et l’innovation, les startups inventent des procédés, des savoirfaire<br />
et des produits high-tech. Il leur faut cependant protéger<br />
juridiquement ces créations qui font partie intégrante de<br />
leur ADN comme de leur capital. Les explications de Luca<br />
Polverari, associé et conseil en propriété industrielle du<br />
cabinet luxembourgeois Marks & Clerk.<br />
Peut-on dire du Luxembourg qu’il est<br />
un vivier de startups et d’innovation qui<br />
ont besoin de protection?<br />
Oui, et c’est là que le bât blesse. Les startups<br />
sont par définition vouées à multiplier les<br />
innovations, et donc, devraient penser à<br />
protéger leurs marques, leurs inventions,<br />
leur savoir-faire, etc. Mais trop de dirigeants<br />
ou jeunes entrepreneurs y pensent trop tard,<br />
voire pas du tout! Beaucoup croient que<br />
leur statut de startup les en exonère. C’est<br />
pourtant indispensable. Il est important<br />
d’avoir le bon réflexe et de penser à protéger<br />
ce que l’on a. Par exemple, lorsque l’on vend<br />
un produit ou un service, on doit protéger son<br />
nom de commerce par une marque. Si l’on<br />
crée quelque chose d’original, généralement<br />
un dessin et un modèle offrent la meilleure<br />
protection. Si l’on a un produit ou un procédé<br />
innovant, il faut penser à déposer son brevet.<br />
C’est alors un investissement en tant<br />
que tel…<br />
Protéger ses droits de Propriété<br />
Intellectuelle (PI), c’est évidemment<br />
augmenter la valeur de sa société. C’est<br />
prouver concrètement l’intérêt et la<br />
confiance de l’équipe dirigeante dans sa<br />
stratégie de croissance. A contrario, il<br />
sera toujours plus difficile de convaincre<br />
des investisseurs quand les produits et/ou<br />
services ou encore les méthodes innovantes<br />
ne sont pas protégés.<br />
Quelle est la marche à suivre? Et quels<br />
sont les coûts?<br />
Le premier réflexe est de s’informer sur ce que<br />
sont les droits en PI; l’Institut de la Propriété<br />
Intellectuelle Luxembourg (IPIL) est un bon<br />
point de départ. L’organisme officiel peut<br />
vous orienter et vous aider à comprendre<br />
vos besoins. Ainsi, vous pouvez choisir de<br />
consulter ou non un expert en connaissance de<br />
cause. D’un point de vue financier, les coûts<br />
sont proportionnels au degré de protection<br />
et au périmètre géographique. Par exemple,<br />
vous venez d’inventer un procédé innovant<br />
mais ne savez pas encore si le procédé sera un<br />
succès commercial. Pensez alors à déposer une<br />
demande de brevet pour le seul Grand-Duché<br />
du Luxembourg! Vous aurez toujours le loisir<br />
d’étendre votre protection dans l’année qui<br />
suit tout en gardant votre priorité sur base du<br />
brevet luxembourgeois. La seule condition<br />
est de déposer à l’international au plus tard<br />
12 mois après la date de dépôt de la première<br />
demande. Il est parfaitement possible<br />
d’envisager les choses progressivement, en<br />
fonction de la croissance de la société.<br />
Parlons chiffres. Quels sont les coûts<br />
moyens à investir pour protéger son<br />
entreprise?<br />
Un brevet protégeant un produit — le cas<br />
échéant, le législateur parle d’invention —,<br />
pour le seul Luxembourg, est accessible à<br />
compter de 4.000 euros (en fonction de<br />
la complexité de la rédaction). Pour une<br />
marque (logo), ou un dessin industriel, le<br />
prix est aux alentours de 800 euros, voire<br />
un peu moins si l’on fait tout soi-même,<br />
sans passer par un conseil en PI. Mais bien<br />
entendu, il est fortement conseillé d’utiliser<br />
les services d’un cabinet ayant une expertise<br />
en PI afin d’éviter tous risques inutiles et<br />
de garantir la meilleure protection possible.<br />
Toujours est-il qu’enregistrer une marque<br />
est beaucoup moins onéreux que d’être<br />
obligés d’entreprendre une nouvelle<br />
campagne de publicité après s’être aperçu<br />
que l’on avait emprunté — si j’ose dire — le<br />
nom d’une marque déjà utilisée et protégée.<br />
Tout cela semble si logique, mais<br />
malheureusement cela n’est pas encore<br />
une évidence pour tout le monde...<br />
Aux États-Unis ou au Japon, déposer<br />
systématiquement ce que l’on crée est un<br />
réflexe depuis fort longtemps. Pas ici, c’est<br />
vrai. Trop d’entrepreneurs n’y pensent pas du