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Journal ASMAC - No 3 juin 2015

Force Immunologie/OncologieForce Dix ans, ça suffit!

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Immunologie/OncologieForce
Dix ans, ça suffit!

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FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />

Le principal en un clin D'ŒIL<br />

Pour que la raison prime<br />

«Ces éternelles jérémiades à cause de<br />

leurs horaires de travail.» «De toute façon,<br />

ils ne veulent plus que travailler à temps<br />

partiel.» «Autrefois, les médecins étaient<br />

bien plus résistants.» Ces derniers temps,<br />

j’ai entendu plus d’une fois ce genre de<br />

déclarations. Et à chaque fois, elles me<br />

sont restées en travers de la gorge. Je me<br />

demande alors non sans émotions si les<br />

auteurs de ces déclarations pensent sérieusement<br />

ce qu’ils disent. Il faut avouer<br />

qu’autrefois les conditions n’étaient pas<br />

meilleures, mais est-ce une raison pour<br />

perpétuer cet état de fait ad eternam? Le<br />

désir d’avoir des horaires de travail raisonnables<br />

et compatibles avec la vie de famille<br />

découle-t-il d’un ramollissement? Souvent,<br />

le caractère contradictoire de telles<br />

idées se manifeste quand j’entends des<br />

déclarations de médecins plus âgés. Ainsi,<br />

un médecin-chef qui savoure son statut de<br />

grand-père. Hélas, il n’a pas eu l’occasion<br />

de partager beaucoup de moments de l’enfance<br />

de sa propre progéniture, vu qu’il<br />

était en permanence au travail. Généralement,<br />

on ne dit pas non plus qui s’occupait<br />

des enfants à l’époque. En raison du partage<br />

des rôles prédominant à l’époque et<br />

encore aujourd’hui, cette tâche difficile<br />

incombait principalement aux femmes.<br />

Les crèches étaient rares et les enfants qui<br />

y étaient placés étaient considérés comme<br />

de pauvres créatures. Dans ces conditions<br />

– encore plus difficiles quand l’homme<br />

était médecin – il était tout simplement<br />

impossible de travailler pour les femmes.<br />

Les femmes qui voulaient assumer cette<br />

charge organisationnelle devaient compter<br />

sur des grands-parents très disponibles.<br />

Une lettre de lectrice d’une femme médecin<br />

avec plus de 20 ans d’expérience a<br />

confirmé ma vision des choses. Elle a réagi<br />

à un article de la NZZ sur le potentiel<br />

inexploité des femmes médecins et écrit<br />

qu’en tant que mère de trois enfants, elle<br />

avait travaillé au minimum à plein temps<br />

pendant plus de dix ans. Durant cette période,<br />

elle ne voyait guère ses enfants. Sans<br />

parler du fait qu’elle et son mari n’avaient<br />

pour ainsi dire pas de moments libres à<br />

partager. L’organisation de la vie de famille<br />

s’effectuait durant les nuits de congé.<br />

En raison des coûts élevés pour la prise en<br />

charge des enfants et de la progression<br />

fiscale, l’engagement n’était pas non plus<br />

récompensé à sa juste valeur. Quand les<br />

enfants étaient malades, les difficultés<br />

étaient programmées. Seul le plaisir<br />

qu’elle éprouvait pour sa profession lui a<br />

donné la force nécessaire pour assumer<br />

un tel stress.<br />

Aujourd’hui, la situation n’est pas très<br />

différente d’il y a vingt ans. Ce qui est sûr,<br />

c’est qu’outre les défis professionnels, les<br />

tâches éducatives des parents ne sont pas<br />

devenues plus simples. Cela exige toujours<br />

encore un engagement particulier<br />

de la part des mères et pères qui sont prêts<br />

à assumer cette double contrainte. Le<br />

partage des rôles traditionnel évolue lentement.<br />

Selon celui-ci, les deux parents<br />

travaillent et assument, dans le meilleur<br />

des cas, une partie de la prise en charge<br />

des enfants. Quant aux conditions permettant<br />

de vivre cela dans la pratique,<br />

elles n’évoluent pas très vite non plus. Les<br />

postes à temps partiel et la prise en<br />

charge externe des enfants sont des éléments<br />

de la solution, mais ne suffisent<br />

pas. Il faut notamment revoir notre manière<br />

de voir les choses et placer la famille<br />

et la profession sur un pied d’égalité en<br />

termes de valeur. Cela devrait permettre<br />

de démentir les déclarations mentionnées<br />

plus avant. Les idées dépassées empêchent<br />

d’élaborer des solutions constructives<br />

et porteuses d’avenir. A côté de la<br />

profession de médecin, la vie familiale et<br />

privée doit aussi avoir sa place. Ce n’est<br />

que de cette façon qu’il est possible de<br />

rester motivé et engagé tout au long de sa<br />

vie professionnelle. <br />

■<br />

Simone Burkhard Schneider,<br />

directrice adjointe/juriste à<br />

l’état-major <strong>ASMAC</strong><br />

20 VSAO JOURNAL <strong>ASMAC</strong> N o 3 Juin <strong>2015</strong>

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