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FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />
Le principal en un clin D'ŒIL<br />
Pour que la raison prime<br />
«Ces éternelles jérémiades à cause de<br />
leurs horaires de travail.» «De toute façon,<br />
ils ne veulent plus que travailler à temps<br />
partiel.» «Autrefois, les médecins étaient<br />
bien plus résistants.» Ces derniers temps,<br />
j’ai entendu plus d’une fois ce genre de<br />
déclarations. Et à chaque fois, elles me<br />
sont restées en travers de la gorge. Je me<br />
demande alors non sans émotions si les<br />
auteurs de ces déclarations pensent sérieusement<br />
ce qu’ils disent. Il faut avouer<br />
qu’autrefois les conditions n’étaient pas<br />
meilleures, mais est-ce une raison pour<br />
perpétuer cet état de fait ad eternam? Le<br />
désir d’avoir des horaires de travail raisonnables<br />
et compatibles avec la vie de famille<br />
découle-t-il d’un ramollissement? Souvent,<br />
le caractère contradictoire de telles<br />
idées se manifeste quand j’entends des<br />
déclarations de médecins plus âgés. Ainsi,<br />
un médecin-chef qui savoure son statut de<br />
grand-père. Hélas, il n’a pas eu l’occasion<br />
de partager beaucoup de moments de l’enfance<br />
de sa propre progéniture, vu qu’il<br />
était en permanence au travail. Généralement,<br />
on ne dit pas non plus qui s’occupait<br />
des enfants à l’époque. En raison du partage<br />
des rôles prédominant à l’époque et<br />
encore aujourd’hui, cette tâche difficile<br />
incombait principalement aux femmes.<br />
Les crèches étaient rares et les enfants qui<br />
y étaient placés étaient considérés comme<br />
de pauvres créatures. Dans ces conditions<br />
– encore plus difficiles quand l’homme<br />
était médecin – il était tout simplement<br />
impossible de travailler pour les femmes.<br />
Les femmes qui voulaient assumer cette<br />
charge organisationnelle devaient compter<br />
sur des grands-parents très disponibles.<br />
Une lettre de lectrice d’une femme médecin<br />
avec plus de 20 ans d’expérience a<br />
confirmé ma vision des choses. Elle a réagi<br />
à un article de la NZZ sur le potentiel<br />
inexploité des femmes médecins et écrit<br />
qu’en tant que mère de trois enfants, elle<br />
avait travaillé au minimum à plein temps<br />
pendant plus de dix ans. Durant cette période,<br />
elle ne voyait guère ses enfants. Sans<br />
parler du fait qu’elle et son mari n’avaient<br />
pour ainsi dire pas de moments libres à<br />
partager. L’organisation de la vie de famille<br />
s’effectuait durant les nuits de congé.<br />
En raison des coûts élevés pour la prise en<br />
charge des enfants et de la progression<br />
fiscale, l’engagement n’était pas non plus<br />
récompensé à sa juste valeur. Quand les<br />
enfants étaient malades, les difficultés<br />
étaient programmées. Seul le plaisir<br />
qu’elle éprouvait pour sa profession lui a<br />
donné la force nécessaire pour assumer<br />
un tel stress.<br />
Aujourd’hui, la situation n’est pas très<br />
différente d’il y a vingt ans. Ce qui est sûr,<br />
c’est qu’outre les défis professionnels, les<br />
tâches éducatives des parents ne sont pas<br />
devenues plus simples. Cela exige toujours<br />
encore un engagement particulier<br />
de la part des mères et pères qui sont prêts<br />
à assumer cette double contrainte. Le<br />
partage des rôles traditionnel évolue lentement.<br />
Selon celui-ci, les deux parents<br />
travaillent et assument, dans le meilleur<br />
des cas, une partie de la prise en charge<br />
des enfants. Quant aux conditions permettant<br />
de vivre cela dans la pratique,<br />
elles n’évoluent pas très vite non plus. Les<br />
postes à temps partiel et la prise en<br />
charge externe des enfants sont des éléments<br />
de la solution, mais ne suffisent<br />
pas. Il faut notamment revoir notre manière<br />
de voir les choses et placer la famille<br />
et la profession sur un pied d’égalité en<br />
termes de valeur. Cela devrait permettre<br />
de démentir les déclarations mentionnées<br />
plus avant. Les idées dépassées empêchent<br />
d’élaborer des solutions constructives<br />
et porteuses d’avenir. A côté de la<br />
profession de médecin, la vie familiale et<br />
privée doit aussi avoir sa place. Ce n’est<br />
que de cette façon qu’il est possible de<br />
rester motivé et engagé tout au long de sa<br />
vie professionnelle. <br />
■<br />
Simone Burkhard Schneider,<br />
directrice adjointe/juriste à<br />
l’état-major <strong>ASMAC</strong><br />
20 VSAO JOURNAL <strong>ASMAC</strong> N o 3 Juin <strong>2015</strong>