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Journal ASMAC - No 3 juin 2015

Force Immunologie/OncologieForce Dix ans, ça suffit!

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Immunologie/OncologieForce
Dix ans, ça suffit!

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POINT DE MIRE ▶ FORCE<br />

Hercules au format XXS<br />

Elles soulèvent apparemment sans peine le centuple de leur propre poids. Mais les fourmis<br />

n’impressionnent pas seulement par leur force, les reines mettent au monde jusqu’à 150 millions<br />

de travailleuses et détiennent donc probablement un record de ponte inégalé. Mais d’où ces<br />

petits êtres détiennent-ils leur force? La clé du mystère réside d’une part dans le physique, d’autre<br />

part dans le format.<br />

Daniel Burckhard, privat-docent, Musée d’histoire naturelle, Bâle<br />

Lors de mes voyages au Brésil, je ne cesse<br />

d’être fasciné par les fourmis coupe-feuille<br />

qui transportent par milliers des petits<br />

morceaux de feuilles dans de longues caravanes.<br />

Ce faisant, elles transportent leur<br />

charge sur le dos avec leurs mandibules.<br />

Cette charge peut représenter le centuple<br />

du poids corporel de la porteuse. Qu’en<br />

serait-il si l’être humain était doté de<br />

forces herculéennes et pouvait transporter<br />

sans peine plusieurs tonnes? Plus besoin<br />

de traîner les valises lourdes ou les achats<br />

du week-end. Pourquoi contrairement<br />

aux vertébrés, les insectes disposent-ils<br />

d’une force physique aussi extrême?<br />

Les fourmis coupe-feuille<br />

Les fourmis coupe-feuille comprennent plus<br />

de 40 espèces que l’on trouve dans les régions<br />

tropicales et subtropicales d’Amérique.<br />

Elles se caractérisent par leur capacité de<br />

couper des plantes et notamment des feuilles<br />

qu’elles transportent dans leur fourmilière.<br />

Elles ne mangent pas les feuilles, mais les<br />

utilisent comme substrat pour des champignons<br />

dont elles se nourrissent.<br />

Les fourmis aménagent des cultures de<br />

champignon qui sont continuellement<br />

agrandies et entretenues. Ces installations<br />

ressemblent à de petites usines dans lesquelles<br />

s’effectue un travail à la chaîne.<br />

Chaque étape est réalisée par une caste<br />

particulière. Une ouvrière récoltante dépose<br />

une feuille dans la fourmilière. Celleci<br />

est découpée en morceaux de quelques<br />

millimètres par une plus petite travailleuse.<br />

Des travailleuses encore plus petites<br />

mâchent ces morceaux. C’est sur ce tas de<br />

substrat aux allures d’éponge ainsi produit<br />

et traversé par des tunnels que pousse le<br />

champignon. Les plus petites travailleuses<br />

nettoient les cultures de champignon,<br />

nourrissent leurs congénères avec les<br />

champignons ou placent des filaments<br />

mycéliens sur la matière végétale pour de<br />

nouvelles cultures. Elles sectionnent aussi<br />

régulièrement les terminaisons des filaments,<br />

ce qui empêche la formation de<br />

fructifications et permet l’apparition de<br />

structures protéiniques, tubéreuses, le<br />

gongylidia.<br />

Les nids des fourmis coupe-feuille sont<br />

composés de centaines de compartiments<br />

dans lesquels sont installés des cultures de<br />

champignon ou qui servent à éliminer les<br />

déchets tels que fourmis mortes, restes de<br />

feuille et éléments mycéliens. Un nid peut<br />

s’étendre sur plus de 50 mètres carrés et<br />

être peuplé par 2 à 3 millions de fourmis.<br />

Une colonie est capable de traiter quotidiennement<br />

la même quantité de matière<br />

végétale qu’une vache adulte. Les reines<br />

sont encore plus impressionnantes. Elles<br />

mettent au monde jusqu’à 150 millions de<br />

travailleuses, une performance qui relègue<br />

dans l’ombre celle des travailleuses.<br />

Mandibules puissantes<br />

Comme tous les insectes, les fourmis possèdent<br />

un exosquelette composé de chitine<br />

et de molécules de protéine intégrées.<br />

L’enveloppe du corps est composée de parties<br />

rigides et dures qui sont reliées par des<br />

membranes mobiles, un peu comme une<br />

armure. Les muscles situés à l’intérieur du<br />

corps trouvent leur point d’attache dans<br />

les zones durcies de l’exosquelette. Alors<br />

que chez les vertébrés, le corps est accroché<br />

à la colonne vertébrale et les forces<br />

physiques des extrémités se transmettent<br />

à la colonne vertébrale, ce n’est pas le cas<br />

chez les insectes. Ils ne peuvent pas subir<br />

de surcharge et ne risquent donc pas de<br />

souffrir d’un lumbago.<br />

Regardons les mandibules qui sont fixées<br />

à la capsule de tête et actionnées par les<br />

muscles situés à l’intérieur de la tête. Suivant<br />

la fonction, elles possèdent une forme<br />

N o 3 Juin <strong>2015</strong><br />

VSAO JOURNAL <strong>ASMAC</strong><br />

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