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POINT DE MIRE ▶ FORCE<br />
Dystrophie musculaire de Duchenne<br />
La DMD est due à une mutation du chromosome X. Avec une incidence de 1: 3500–6000 garçons<br />
touchés, elle représente la dystrophie musculaire la plus fréquente. Chez un tiers, il s’agit d’une mutation<br />
nouvelle. Les garçons atteints de DMD présentent déjà tôt un retard dans le développement moteur.<br />
Il est rare qu’ils puissent marcher seuls avant l’âge de 18 mois. A la petite enfance apparaît une dystrophie<br />
musculaire progressive proximale avec le signe de Gowers (appui sur les cuisses pour se lever).<br />
Une créatine kinase 10 à 20 fois plus élevée est déterminante. Le diagnostic doit être confirmé génétiquement.<br />
Le gène dystrophine situé au niveau du locus 21.2, un des principaux gènes de notre génome,<br />
subit différentes mutations, notamment des délétions et duplications. Elles entraînent des codons stop<br />
prématurés qui empêchent la production de dystrophine ou des mutations du cadre de lecture, qui<br />
réduisent cette dernière. Cela s’accompagne d’une stabilité réduite de la membrane des muscles squelettiques,<br />
du cœur et du diaphragme suivie d’une destruction des cellules musculaires et d’une transformation<br />
avec fibrose des muscles. L’expression légère de dystrophine dans le cerveau explique les<br />
troubles cognitifs. En cas de délétions et duplications, le diagnostic peut être rapidement confirmé. S’il<br />
s’agit de mutations ponctuelles et au niveau du site d’épissage, il faut procéder à de longs examens<br />
supplémentaires. Dans ce cas, une biopsie du muscle permet d’établir plus rapidement le diagnostic.<br />
Un traitement d’appui aux stéroïdes peut aujourd’hui conserver la capacité de marcher jusqu’à l’âge<br />
de 10 à 12 ans et permet aussi de retarder l’apparition de contractures et d’une scoliose, mais également<br />
d’une insuffisance respiratoire et cardiaque. D’autres mesures de soutien (ventilation au masque<br />
nocturne, traitement cardiaque médicamenteux précoce, alimentation optimale, opération de la scoliose)<br />
peuvent améliorer de manière significative la qualité de vie et l’espérance de vie. Par le passé, les<br />
garçons atteints de DMD décédaient souvent avant l’âge de 20 ans. Aujourd’hui, cette pathologie<br />
concerne aussi la médecine adulte, car il n’est pas rare que les patients atteignent l’âge de 40 ans.<br />
La famille place de grands espoirs dans la<br />
recherche. Actuellement, Simon peut participer<br />
à une étude de phase 3 pour l’ataluren<br />
(voir ci-après). Pour ce faire, la famille<br />
se rend régulièrement au centre<br />
d’étude à Lausanne. Lukas, le plus jeune<br />
frère, est aussi accompagné régulièrement<br />
à Bâle où il participe à une étude sur la<br />
supplémentation en carnitine. Quelle joie<br />
et soulagement lorsqu’en décembre 2014,<br />
l’efficacité de l’ataluren a été confirmée et<br />
que l’autorisation de mise sur le marché<br />
lui a été accordée en Europe. Chez Swissmedic<br />
hélas, la demande a pris du retard.<br />
Les assurances suisses refusent jusqu’ici<br />
de prendre en charge ce traitement onéreux<br />
– pour les parents, cela représente<br />
une lutte contre la montre et les assurances.<br />
<strong>No</strong>uveaux espoirs<br />
<strong>No</strong>tamment les approches thérapeutiques<br />
génétiques sont prometteuses aujourd’hui.<br />
Actuellement, trois substances différentes<br />
sont étudiées:<br />
• L’ataluren est une substance qui doit<br />
être administrée oralement trois fois<br />
par jour. Elle permet, en ignorant le<br />
codon stop, un «readthrough» de<br />
l’ARNm avec formation de dystrophine.<br />
L’ataluren est efficace chez 10 à 15% des<br />
patients atteints de DMD qui présentent<br />
une mutation non-sens. L’étude de<br />
phase 2 a mis en évidence une amélioration<br />
significative de la distance parcourue.<br />
A la suite de cela, l’Agence européenne<br />
des médicaments a accordé<br />
une autorisation provisoire en décembre<br />
2014. L’étude de phase 3 pour<br />
l’autorisation définitive est actuellement<br />
en cours.<br />
• Un autre espoir est placé dans les oligonucléotides<br />
antisens. Ils permettent de<br />
sauter les exons, ce qui rétablit le cadre<br />
de lecture pour les mutations avec déplacement<br />
du cadre de lecture. Cela<br />
permet de produire une protéine dystrophine<br />
fonctionnant partiellement et<br />
d’imiter une forme de maladie atténuée<br />
au sens d’une dystrophie musculaire de<br />
Becker. Une substance qui peut être<br />
utilisée en cas de délétion de l’exon 51<br />
(concerne 13% des patients) a produit<br />
des résultats contradictoires dans des<br />
études de phase 2 et 3 en ce qui concerne<br />
l’efficacité et le taux d’effets indésirables.<br />
D’autres oligonucléotides antisens<br />
(pour les exons 45, 53 et 51) sont<br />
actuellement étudiés dans des études de<br />
phase 1 et 2.<br />
• De nombreuses autres approches thérapeutiques<br />
sont au stade de la recherche<br />
préclinique. Les premières<br />
études relatives à la transplantation de<br />
cellules souches se trouvent en phase 1.<br />
Pour les familles concernées, cela représente<br />
une lueur d’espoir. Il est d’autant<br />
plus important de saisir précocement les<br />
enfants afin qu’ils bénéficient d’une prise<br />
en charge et d’un traitement optimal.<br />
L’objectif est d’appliquer des traitements si<br />
possible avant l’apparition de restrictions<br />
fonctionnelles importantes. ■<br />
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VSAO JOURNAL <strong>ASMAC</strong><br />
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