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syndicom magazine No 5 - Tous ont droit à se former

Le magazine syndicom aborde des thèmes syndicaux et politiques avec des explications de fond, sans oublier les domaines de la culture et du divertissement. Il entretient le dialogue au travers des médias sociaux et informe surles prestations, événements et offres de formation du syndicat et de ses organisations affiliées.

Le magazine syndicom aborde des thèmes syndicaux et politiques avec des explications de fond, sans oublier les domaines de la culture et du divertissement. Il entretient le dialogue au travers des médias sociaux et informe surles prestations, événements et offres de formation du syndicat
et de ses organisations affiliées.

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<strong>syndicom</strong><br />

N o 5 mai-juin 2018<br />

<strong>magazine</strong><br />

<strong>Tous</strong> <strong>ont</strong><br />

<strong>droit</strong> <strong>à</strong> <strong>se</strong><br />

<strong>former</strong>


Annonce<br />

Business mondial,<br />

responsabilité globale.<br />

Soutenir maintenant l’initiative !<br />

Travail des enfants dans les plantations de cacao, conditions de travail inhumaines dans les<br />

usines de textiles, pollution de l’eau par des mines d’or : les multinationales ayant un siège<br />

en Suis<strong>se</strong> c<strong>ont</strong>inuent de violer les <strong>droit</strong>s humains et ignorent les standards environnementaux<br />

minimaux. L’initiative veut mettre un terme <strong>à</strong> de telles pratiques d’affaires.<br />

Drapeau<br />

initiative-multinationales.<br />

ch/drapeau<br />

Faire un don<br />

IBAN: CH50 0900 0000<br />

6188 9552 4<br />

Participer<br />

initiative-multinationales.<br />

ch/participer


Sommaire<br />

4 Une fine équipe<br />

5 Brèves<br />

6 Du côté des employeurs<br />

7 L’invité<br />

8 Formation c<strong>ont</strong>inue<br />

16 Au cœur de nos métiers<br />

19 CCT industrie graphique<br />

22 La formation de demain<br />

25 Droit au but<br />

26 Suggestions<br />

27 1000 mots<br />

28 Évènements<br />

30 Tranches de vie<br />

31 Mots croisés<br />

32 <strong>syndicom</strong> social<br />

Chères lectrices, chers lecteurs,<br />

Le monde du travail affr<strong>ont</strong>e la révolution<br />

numérique. Pour rester dans la cour<strong>se</strong>, il faut<br />

renouveler la formation c<strong>ont</strong>inue. La politique<br />

actuelle, qui lais<strong>se</strong> <strong>à</strong> l’individu l’initiative de <strong>se</strong><br />

<strong>former</strong>, avec l’appui des entrepri<strong>se</strong>s, maintient<br />

trop de monde <strong>à</strong> l’écart des perfectionnements<br />

professionnels. Et avant tout, ceux qui, ne<br />

bénéficiant que de la scolarité obligatoire, en<br />

auraient le plus besoin. Il n’est pas acceptable<br />

que la Suis<strong>se</strong> persiste <strong>à</strong> remporter la palme des<br />

inégalités entre bien et mal formés s’agissant<br />

de la participation aux cours de formation<br />

c<strong>ont</strong>inue. Tout comme il n’est pas tolérable que<br />

les femmes qui travaillent <strong>à</strong> temps partiel, les<br />

travailleurs/eu<strong>se</strong>s les plus âgé(e)s, les migrants<br />

et les non-actifs restent oubliés. Les pistes<br />

développées par <strong>syndicom</strong> face <strong>à</strong> la digitalisation<br />

du monde du travail : introduire un vrai<br />

<strong>droit</strong> <strong>à</strong> la formation dans les CCT. Ré<strong>former</strong> les<br />

prestations de l’assurance-chômage, afin de<br />

financer le perfectionnement de ceux qui <strong>ont</strong><br />

perdu leur emploi. L’État doit agir, en aidant <strong>à</strong><br />

payer un temps de formation et de perfectionnement<br />

permanent, destiné <strong>à</strong> tous, durant lequel<br />

le maintien de la place de travail <strong>se</strong>ra assuré.<br />

Le raccordement <strong>à</strong> un nouveau poste de<br />

travail, comme prévu dans les négociations de<br />

la CCT MEM, doit être compris dans la solution.<br />

Plus de paroles désormais, des actes.<br />

4<br />

8<br />

19<br />

Sylvie Fischer, réd. en chef <strong>syndicom</strong> Magazine


4<br />

Une fine équipe<br />

À la pointe du combat<br />

Sebastian Gänger (30 ans)<br />

Originaire de Gampel (VS), il travaille<br />

depuis cinq ans et demi <strong>à</strong> l’ATS au <strong>se</strong>in<br />

de la rubrique politique suis<strong>se</strong>. Il fait<br />

partie de la commission de la rédaction<br />

depuis cinq ans. Il est affilié <strong>à</strong> <strong>syndicom</strong><br />

depuis deux mois et <strong>à</strong> Impressum<br />

depuis trois ans.<br />

Antoinette Prince (55 ans)<br />

Originaire de St-Aubin (FR), elle a<br />

travaillé durant 15 ans comme en<strong>se</strong>ignante<br />

spécialisée avant de devenir<br />

journaliste. Elle exerce depuis neuf ans<br />

<strong>à</strong> l’ATS, où elle œuvre au <strong>se</strong>in de la<br />

rubrique internationale. Elle est<br />

membre de la commission de rédaction<br />

et du syndicat Impressum.<br />

Tina Tuor (26 ans)<br />

Originaire de Sumvitg (GR), elle<br />

travaille <strong>à</strong> la rubrique économique de<br />

l’ATS depuis quatre ans et va rejoindre<br />

sa filiale économique AWP. Depuis<br />

janvier, elle est affiliée <strong>à</strong> <strong>syndicom</strong> et<br />

depuis la grève également membre de<br />

la commission de rédaction.<br />

Texte : Sylvie Fischer<br />

Photo : Alexander Egger<br />

« <strong>No</strong>us avons obtenu<br />

la solidarité de tous<br />

les journalistes »<br />

Avec la grève qui a touché l’Agence<br />

télégraphique suis<strong>se</strong> du 29 janvier au<br />

2 février, nous avons obtenu une<br />

grande solidarité de la part de toute<br />

la branche du journalisme. Auprès<br />

de la population, nous avons gagné<br />

un visage. La politique a reconnu<br />

l’importance d’avoir une agence de<br />

pres<strong>se</strong> nationale. Ce débat public ne<br />

va pas sauver des postes dans<br />

l’immédiat, mais dans le cadre de la<br />

nouvelle loi sur les médias, on peut<br />

espérer que la société adopte une<br />

structure différente de celle d’aujourd’hui,<br />

où les actionnaires de<br />

l’ATS s<strong>ont</strong> <strong>se</strong>s clients, et un changement<br />

de mode de financement. <strong>No</strong>us<br />

avons fait une douzaine d’as<strong>se</strong>mblées<br />

du personnel qui <strong>ont</strong> été très<br />

fréquentées (de 80 <strong>à</strong> 110 personnes) :<br />

la rédaction a toujours tiré <strong>à</strong> la même<br />

corde, qu’il s’agis<strong>se</strong> de personnes<br />

licenciées ou non. <strong>No</strong>us avons mis <strong>à</strong><br />

disposition une adres<strong>se</strong> mail où tout<br />

le personnel peut transmettre des<br />

idées et un coin de la rédaction où<br />

po<strong>se</strong>r des questions et relayer des<br />

demandes auprès de la rédaction en<br />

chef. <strong>No</strong>us avons aussi amené le<br />

con<strong>se</strong>il d’administration <strong>à</strong> négocier<br />

lors de quatre réunions (il a proposé<br />

un mois de salaire supplémentaire<br />

aux personnes licenciées ou changeant<br />

de c<strong>ont</strong>rat). La conciliation a<br />

désormais commencé sous l’égide<br />

du SECO. Les premiers entretiens<br />

<strong>ont</strong> lieu en mai et les négociations<br />

durer<strong>ont</strong> jusqu’en juillet. <strong>No</strong>us<br />

attendons encore que le plan social<br />

soit amélioré pour les personnes de<br />

60 ans et plus, car on ne peut<br />

renvoyer <strong>à</strong> quatre ans de la retraite<br />

des gens d<strong>ont</strong> la rente <strong>se</strong>ra amputée<br />

<strong>à</strong> vie. <strong>No</strong>us souhaitons surtout que<br />

la direction voie que l’on ne peut<br />

c<strong>ont</strong>inuer ainsi sans que la qualité<br />

du travail n’en souffre. 17 personnes<br />

<strong>ont</strong> pré<strong>se</strong>nté leur démission en plus<br />

des 36 postes supprimés jusqu’en<br />

2019, cela repré<strong>se</strong>nte près d’un tiers<br />

de la rédaction. <strong>No</strong>us demandons<br />

qu’il n’y ait pas davantage de postes<br />

supprimés et que les démissionnaires<br />

soient remplacés prioritairement<br />

par les licenciés.<br />

La direction doit <strong>se</strong> rendre compte<br />

qu’une simple suppression de postes<br />

n’est pas un modèle d’avenir et qu’il<br />

faut réfléchir sérieu<strong>se</strong>ment au<br />

modèle de communication online<br />

d<strong>ont</strong> nous aurons besoin <strong>à</strong> l’avenir.


Brèves<br />

Journalistes du Caffè acquittés \ Deux femmes élues au Con<strong>se</strong>il de<br />

la pres<strong>se</strong> \ Plan social chez ATAR Roto Pres<strong>se</strong> \ Poste : empêcher une<br />

fermeture après l’arrêt du TAF \ Encore des économies chez Ringier<br />

5<br />

Acquittement pour les<br />

journalistes du Caffè<br />

Agenda<br />

Le 4 mai, le juge du tribunal pénal Siro<br />

Quadri a acquitté les quatre journalistes<br />

du journal dominical tessinois « il Caffè »<br />

de tous les chefs d’accusation d<strong>ont</strong> ils<br />

faisaient l’objet. Les journalistes du<br />

« Caffè » étaient accusés de concurrence<br />

déloyale et de diffamation pour une<br />

série d’articles au sujet d’une clinique<br />

privée de Lugano, dans laquelle un<br />

chirurgien avait procédé par erreur<br />

<strong>à</strong> l’ablation des <strong>se</strong>ins d’une patiente en<br />

bonne santé.<br />

Comme le juge lui-même l’a souligné,<br />

citant un arrêt de la Cour européenne<br />

des <strong>droit</strong>s de l’homme, le rôle de la<br />

pres<strong>se</strong> est de tenir lieu de chien de<br />

garde de la démocratie. Et il vaut mieux<br />

que le chien aboie parfois pour rien plutôt<br />

qu’il n’aboie pas du tout. L’acquittement<br />

de l’accusation de concurrence<br />

déloyale pour les journalistes du « Caffè<br />

» est plus important que jamais afin<br />

de permettre <strong>à</strong> la pres<strong>se</strong> de faire son<br />

travail, <strong>à</strong> un moment où la concentration<br />

des médias entre les mains d’un petit<br />

groupe de personnes renforce le risque<br />

de filtrer les informations qui ne correspondent<br />

pas <strong>à</strong> leurs intérêts. À l’opposé,<br />

une condamnation aurait mis en péril le<br />

journalisme suis<strong>se</strong> d’investigation.<br />

Deux femmes élues au Con<strong>se</strong>il<br />

suis<strong>se</strong> de la pres<strong>se</strong><br />

Annika Bangerter et Simone Rau <strong>ont</strong> été<br />

élues comme nouveaux membres du<br />

Con<strong>se</strong>il suis<strong>se</strong> de la pres<strong>se</strong> lors de la<br />

séance de son Con<strong>se</strong>il de fondation<br />

du 17 avril 2018. Annika Bangerter est<br />

rédactrice du département « Vie et<br />

Science » chez AZ Medien. Simone Rau<br />

travaille comme journaliste au bureau<br />

d’investigation de Tamedia. Les deux<br />

nouveaux membres remplacent<br />

Matthias Halbeis et Seraina Kobler.<br />

C<strong>ont</strong>re les licenciements chez<br />

ATAR Roto Pres<strong>se</strong> (Vernier/GE)<br />

ATAR Roto Pres<strong>se</strong> <strong>à</strong> Vernier, plus grand<br />

imprimeur du canton de Genève qui<br />

employait encore 170 personnes en 1999<br />

et imprime notamment Le Courrier,<br />

ne compte plus actuellement qu’une<br />

soixantaine de collaborateurs et a annoncé<br />

début mars encore 16 licenciements.<br />

Ce chiffre a été réduit <strong>à</strong> onze<br />

suite <strong>à</strong> la pha<strong>se</strong> de consultation.<br />

Un plan social <strong>se</strong>ra négocié avec la direction.<br />

Syndicom <strong>se</strong>ction Genève a<br />

profité du 1 er mai pour rappeler l’importance<br />

de rester unis face <strong>à</strong> cette situation.<br />

La Poste décide <strong>se</strong>ule<br />

des fermetures<br />

La décision de La Poste de convertir un<br />

office de poste en agence postale ne<br />

peut être portée devant la justice. Le<br />

Tribunal administratif fédéral a statué,<br />

le 3 mai 2018, dans le conflit portant<br />

sur l’office de poste de Balerna. Les<br />

discussions de La Poste avec les communes<br />

s<strong>ont</strong> donc de purs alibis…<br />

Pour empêcher une fermeture, <strong>syndicom</strong><br />

incite désormais les communes <strong>à</strong><br />

ne pas donner suite aux entrevues<br />

avec La Poste après la première ronde<br />

de discussion. Ceci bloque la procédure<br />

et empêche La Poste de poursuivre le<br />

processus et faire son choix. Ceci en<br />

attendant une révision de la loi sur la<br />

poste.<br />

Encore des économies chez<br />

Ringier malgré le bénéfice<br />

Les employés de Ringier <strong>ont</strong> généré<br />

110,6 millions de francs l’année dernière.<br />

Mais l’entrepri<strong>se</strong> ne veut plus<br />

payer aux photographes l’utilisation<br />

multiple de leurs œuvres. <strong>syndicom</strong><br />

exige un c<strong>ont</strong>rat-cadre correct pour<br />

les photographes indépendants et un<br />

engagement c<strong>ont</strong>raignant pour des<br />

honoraires plus élevés lors de l’utilisation<br />

multiple des œuvres.<br />

En raison de la sortie de la CCT de l’industrie<br />

graphique <strong>à</strong> fin 2018, le personnel<br />

de Swissprinters <strong>à</strong> Zofingue <strong>se</strong>ra<br />

mis <strong>à</strong> son tour sous pression. L’intransigeance<br />

témoignée <strong>à</strong> l’égard du<br />

personnel du centre d’impression <strong>à</strong><br />

Adligens wil ne promet rien de bon.<br />

<strong>syndicom</strong> s’engagera avec les employés<br />

de Swissprinters pour le maintien<br />

du partenariat social.<br />

Mai<br />

29<br />

La grève Dubied au ciné<br />

Genève, Maison des arts du Grütli,<br />

Général-Dufour 16, 19h.<br />

En 1976, <strong>à</strong> Couvet (NE), le personnel de<br />

l’entrepri<strong>se</strong> Dubied <strong>se</strong> met en grève<br />

suite <strong>à</strong> la suppression du 13e salaire.<br />

En 2016, Freddy Landry et Véronique<br />

Rotelli décident de confr<strong>ont</strong>er anciens<br />

grévistes, non-gréviste, homme politique,<br />

historien, romancier, cinéaste<br />

avec des images et les mots du passé.<br />

Juin<br />

7<br />

Reliure de documents anciens<br />

Lausanne, BCU Rumine, Riponne 6<br />

Le <strong>se</strong>cret de certaines reliures anciennes<br />

ou plus c<strong>ont</strong>emporaines et de<br />

restauration de parchemins du 13 ou<br />

17 e siècles, avec Maïté Shazar, restauratrice<br />

<strong>à</strong> la BCU. Gratuit, ré<strong>se</strong>rvations<br />

obligatoires<br />

manifestations@bcu.unil.ch<br />

9<br />

Congrès <strong>syndicom</strong><br />

Berne, dès 8h, ouverture du congrès<br />

9h15.<br />

Après l’actualité des <strong>se</strong>cteurs et de la<br />

division égalité, des propositions de<br />

politique syndicale et CCT <strong>se</strong>r<strong>ont</strong> faites.<br />

D’autres toucher<strong>ont</strong> les structures, les<br />

finances, l’organisation et les affaires<br />

formelles avant un examen des<br />

comptes 2017 et du budget 2019. Sans<br />

oublier un hommage aux disparus.<br />

28<br />

Numérisation et formation<br />

c<strong>ont</strong>inue<br />

Fribourg, NH Hotel<br />

Journée d’étude Movendo et USS sur<br />

les risques et les chances de la<br />

numérisation du monde du travail.<br />

Les syndicats peuvent-ils les affr<strong>ont</strong>er<br />

avec une politique de formation<br />

novatrice? Gratuit pour les membres<br />

<strong>syndicom</strong> (Fr. 250.– pour les autres)<br />

info@movendo.ch<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


6 Du côté des<br />

Mania Hodler a étudié l’économie d’entrepri<strong>se</strong> avec une spécialisation<br />

en marketing. Elle travaille depuis 2007 chez Swiss­<br />

employeurs<br />

com. Depuis 2015, elle est Head of Talent et Skills Management/Succession<br />

Planning et s’occupe des questions liées <strong>à</strong><br />

l’évolution professionnelle des employé­e­s de Swisscom.<br />

1<br />

Dans votre convention collective de<br />

travail, tous les employé-e-s <strong>ont</strong><br />

désormais <strong>droit</strong> <strong>à</strong> cinq jours de<br />

perfectionnement par année. Pourquoi<br />

?<br />

<strong>No</strong>us avons développé en<strong>se</strong>mble la<br />

CCT et l’avons adaptée aux conditions<br />

du marché, tout en mettant<br />

l’accent sur le marché du travail du<br />

futur – massivement influencé par la<br />

numérisation. Il s’agit de placer au<br />

centre de ces journées de perfectionnement<br />

l’apprentissage <strong>à</strong> vie, la<br />

formation c<strong>ont</strong>inue et donc, aussi,<br />

l’employabilité de nous tous.<br />

2<br />

Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?<br />

<strong>No</strong>us sommes convaincus que le<br />

« digital fitness » ne <strong>se</strong> concentrera<br />

plus uniquement sur le développement<br />

des compétences requi<strong>se</strong>s,<br />

mais aussi sur le maintien de l’employabilité.<br />

L’article sur le perfectionnement<br />

inscrit dans la CCT nous<br />

permet de remplir notre rôle d’employeur<br />

social et de propo<strong>se</strong>r quantité<br />

d’offres de perfectionnement <strong>se</strong>lon<br />

des critères temporels définis.<br />

3<br />

Des employés bien formés s<strong>ont</strong>-ils<br />

importants ?<br />

Très importants ! Ce s<strong>ont</strong> les personnes<br />

qui c<strong>ont</strong>ribuent au succès de<br />

Swisscom aujourd’hui et demain.<br />

Pour réali<strong>se</strong>r notre vision de l’avenir,<br />

nous avons besoin d’employés<br />

motivés, performants et bien formés.<br />

<strong>No</strong>us considérons le développement<br />

professionnel comme une responsabilité<br />

partagée entre les employés, les<br />

cadres et l’entrepri<strong>se</strong>. Mais il est<br />

aussi primordial que chacun assume<br />

son propre développement de<br />

manière responsable.<br />

4<br />

Le perfectionnement est-il systématiquement<br />

payé par l’employeur ou<br />

<strong>se</strong>ulement s’il est en lien étroit avec<br />

la profession ?<br />

La participation est réglée dans un<br />

code de bonnes pratiques. Selon la<br />

situation initiale et l’objectif de<br />

développement, les formations et<br />

perfectionnements externes n’<strong>ont</strong><br />

pas tous la même importance ni la<br />

même utilité pour Swisscom et <strong>se</strong>s<br />

employés. Les responsables hiérarchiques<br />

s’appuient sur une check-list<br />

pour déterminer la participation<br />

financière.<br />

5<br />

Le budget de perfectionnement<br />

peut-il être aussi utilisé pour des<br />

réorientations professionnelles ?<br />

Oui, nous disposons d’une offre<br />

complète qui inclut des cours<br />

d’orientation professionnelle, des<br />

bilans personnels, des coachings<br />

individuels, des con<strong>se</strong>ils de carrière,<br />

des cours de formation et perfectionnement<br />

et l’élaboration d’une<br />

stratégie de postulation personnelle.<br />

6<br />

Pourquoi le <strong>droit</strong> <strong>à</strong> cinq jours de<br />

perfectionnement n’entre-t-il en<br />

vigueur qu’en 2019 ?<br />

Avant de convenir des cinq jours de<br />

perfectionnement, nous faisons le<br />

point avec les employés : le « Development<br />

Checkpoint » est obligatoire<br />

pour tous. <strong>No</strong>us proposons aussi un<br />

formulaire qui permet aux employés<br />

d’évaluer leur employabilité. Ces<br />

mesures préparatoires <strong>se</strong>r<strong>ont</strong> déj<strong>à</strong><br />

introduites cet été. Sur cette ba<strong>se</strong>, on<br />

choisira la mesure de développement<br />

adaptée et fixera les cinq jours de<br />

perfectionnement pour 2019.<br />

Texte : Sina Bühler<br />

Photo : Swisscom


L’invité<br />

« L’ATS est une entrepri<strong>se</strong> systémique<br />

pour notre économie. » C’est un député<br />

libéral-radical qui le dit devant le siège de la<br />

radio publique <strong>à</strong> Lausanne, et un député PBD<br />

n’est pas loin d’employer la même expression au<br />

siège de Tamedia <strong>à</strong> Zurich. Que des repré<strong>se</strong>ntants<br />

de partis farouches partisans de l’économie<br />

privée en arrivent <strong>à</strong> défendre la grève des<br />

employés d’une agence qui fournit en c<strong>ont</strong>inu et<br />

anonymement du c<strong>ont</strong>enu, au <strong>se</strong>rvice de l’en<strong>se</strong>mble<br />

des médias suis<strong>se</strong>s, m<strong>ont</strong>re bien la<br />

réussite de cette grève. Paradoxalement, la<br />

grève de l’ATS a plus fait pour faire connaître,<br />

respecter cette entrepri<strong>se</strong> et lui redonner de<br />

la valeur, que les manœuvres des éditeurs qui<br />

prétendent la sauver en la privatisant. L’ATS est<br />

sortie de l’anonymat. Elle est devenue une star<br />

médiatique en menant un grève exemplaire<br />

quant <strong>à</strong> son taux de participation et sa conduite<br />

démocratique. Elle indique la bonne méthode<br />

pour sortir les médias suis<strong>se</strong>s de la cri<strong>se</strong> :<br />

pri<strong>se</strong> des médias en main par ceux qui les f<strong>ont</strong>,<br />

intervention de la société civile pour sauver des<br />

médias au <strong>se</strong>rvice de la démocratie, comme l’a<br />

approuvé la communauté citoyenne en plébiscitant<br />

la redevance radio-TV. La bonne nouvelle,<br />

c’est que dès la première année de perception<br />

de la nouvelle redevance en 2019, il restera<br />

as<strong>se</strong>z d’argent pour subventionner une ATS, non<br />

pas c<strong>ont</strong>rainte de <strong>se</strong> cannibali<strong>se</strong>r pour ver<strong>se</strong>r<br />

des dividendes <strong>à</strong> <strong>se</strong>s « propriétaires privés »,<br />

mais une ATS au <strong>se</strong>rvice de tous les médias,<br />

appartenant <strong>à</strong> tous les citoyens comme la SSR,<br />

capable d’accorder des rabais d’abonnement<br />

aux médias menacés de disparition. Sans l’ATS,<br />

la diversité médiatique s’appauvrit. Sans l’ATS,<br />

les journaux régionaux peinent <strong>à</strong> rendre compte<br />

des enjeux qui dépas<strong>se</strong>nt leur région. Sans l’ATS,<br />

le déclin des journaux et des médias payants<br />

concurrencés par l’information numérique<br />

gratuite s’accélère irrésistiblement.<br />

La grève de l’ATS<br />

m<strong>ont</strong>re la voie<br />

Frédéric Gon<strong>se</strong>th, cinéaste, (coprésident<br />

de Médias Pour <strong>Tous</strong>, FIJOU),<br />

a réalisé bénévolement « L’Agence<br />

pressée », un reportage de 18 min sur<br />

la grève de l’ATS de janvier :<br />

youtube.com/<br />

watch?v=8G5 PTH6V4Uk&t=23s<br />

7


Cours possibles : les CCT généreu<strong>se</strong>s et les pingres<br />

Cinq jours de formation annuels pour tous, exige l’USS<br />

Comparaisons internationales<br />

Graphique : la palme des inégalités aux moins formés<br />

Dossier 9<br />

Un savoir<br />

pour<br />

demain


10 Dossier<br />

Syndicats et formation c<strong>ont</strong>inue :<br />

encore un effort !<br />

Un <strong>droit</strong> <strong>à</strong> deux <strong>se</strong>maines de formation par an<br />

pour les meilleures CCT, et <strong>à</strong> rien du tout pour<br />

les pires. Mais de nouvelles idées s<strong>ont</strong> actuellement<br />

négociées pour <strong>se</strong> requalifier.<br />

Texte : Sylvie Fischer<br />

Photos : Yves Leresche<br />

La révolution numérique <strong>à</strong> laquelle les travailleurs s<strong>ont</strong><br />

actuellement confr<strong>ont</strong>és nécessitera toujours plus d’accès<br />

<strong>à</strong> la formation c<strong>ont</strong>inue, puisque les changements<br />

professionnels s<strong>ont</strong> appelés <strong>à</strong> <strong>se</strong> produire tout au long de<br />

la vie. En Suis<strong>se</strong>, il n’existe pas de <strong>droit</strong> <strong>à</strong> la formation<br />

c<strong>ont</strong>inue. Elle relève prioritairement de la responsabilité<br />

de l’individu. Un tel <strong>droit</strong> peut cependant être inclus dans<br />

certaines conventions collectives. Les dispositions prévoyant<br />

un congé de formation ou un soutien de l’employeur<br />

devr<strong>ont</strong> gagner toujours plus d’importance dans<br />

les négociations futures.<br />

Où <strong>se</strong> situe <strong>syndicom</strong> ?<br />

Les conventions collectives négociées récemment par <strong>syndicom</strong><br />

offrent souvent des conditions particulièrement<br />

avantageu<strong>se</strong>s : le modèle du genre est la CCT Swisscom SA<br />

du 8 janvier 2018, qui prévoit, <strong>à</strong> son art. 2.4, un <strong>droit</strong> <strong>à</strong> cinq<br />

jours de formation c<strong>ont</strong>inue par an pour assurer le développement<br />

professionnel de l’employé. Le plan de mi<strong>se</strong> en<br />

œuvre doit encore être défini d’ici au 1er janvier 2019 (voir<br />

p. 21). La CCT Sunri<strong>se</strong> 2018-2021 comprend aussi un <strong>droit</strong><br />

<strong>à</strong> la formation et au perfectionnement, qui ne peut être<br />

refusé par l’entrepri<strong>se</strong> que dans des cas exceptionnels. Les<br />

mesures de développement s<strong>ont</strong> convenues lors d’un entretien<br />

annuel <strong>à</strong> ce sujet entre le collaborateur et son supérieur<br />

(art. 38), la durée et le soutien financier étant<br />

convenus de manière individuelle.<br />

La CCT pour l’industrie graphique, actuellement en<br />

rediscussion, prévoit, par fraction de 15 travailleu<strong>se</strong>s et<br />

travailleurs, un congé de formation annuel payé de deux<br />

<strong>se</strong>maines au maximum pour suivre des cours de perfectionnement<br />

(art. 210). Ce <strong>droit</strong> peut être réparti entre plusieurs<br />

employés. Les personnes chargées de l’instruction<br />

des personnes en formation <strong>ont</strong> <strong>droit</strong> tous les deux ans <strong>à</strong><br />

un congé de formation supplémentaire de trois jours au<br />

plus.<br />

Les collaborateurs de PostLogistics SA <strong>ont</strong> quant <strong>à</strong> eux<br />

<strong>droit</strong> <strong>à</strong> jusqu’<strong>à</strong> trois jours de cours sur une période de deux<br />

ans (congé payé) pour des cours de formation et de formation<br />

c<strong>ont</strong>inue dans le domaine syndical (art. 2.14.4 et<br />

2.14.2). La CCT La Poste CH ne prévoit quant <strong>à</strong> elle pas de<br />

durée minimale de congé de formation ; cependant, les<br />

formations c<strong>ont</strong>inues ordonnées par l’employeur<br />

comptent comme temps de travail et s<strong>ont</strong> financées (art.<br />

2.17.8, en vigueur jusqu’au 31 décembre 2018).<br />

Enfin, moins favorisés, les collaborateurs du personnel<br />

administratif, opérationnel et technique des <strong>se</strong>rvices<br />

de navigation aérienne <strong>ont</strong> aussi <strong>droit</strong> au maximum <strong>à</strong> trois<br />

jours de développement professionnel payés par an, un<br />

<strong>droit</strong> qui s’éteint cependant s’il n’en est pas fait usage (des<br />

comptes permettant de con<strong>se</strong>rver les <strong>droit</strong>s <strong>se</strong>raient préférables)<br />

et les frais de formation s<strong>ont</strong> <strong>à</strong> la charge des collaborateurs<br />

(art. 2.4, en vigueur jusqu’au 31 décembre<br />

2019).<br />

Autres <strong>se</strong>cteurs avantageux<br />

D’autres conventions collectives plutôt généreu<strong>se</strong>s <strong>se</strong><br />

trouvent dans les métiers de la construction (5 jours max.<br />

de congé de formation payés par année pour la CCT des<br />

métiers de la pierre dans le canton de Vaud ; jusqu’<strong>à</strong> cinq<br />

jours par année civile pour l’industrie de la peinture et de<br />

la plâtrerie en Suis<strong>se</strong> alémanique et au Tessin, art. 26. Un<br />

fonds rembour<strong>se</strong> une partie des frais de cours et d’autres<br />

dépen<strong>se</strong>s ; cinq jours de congé de formation par année en<br />

accord avec l’employeur pour la CCT pour l’industrie<br />

suis<strong>se</strong> du marbre et du granit).<br />

Les fonds de solidarité des CCT <strong>se</strong>rvent également <strong>à</strong> la<br />

formation.<br />

La CCT MEM comprend également une disposition<br />

avantageu<strong>se</strong> <strong>à</strong> son art. 23.3. Il recommande aux entrepri<strong>se</strong>s<br />

de mettre <strong>à</strong> disposition, pour chaque emploi <strong>à</strong><br />

temps complet, au moins cinq jours par année ou un m<strong>ont</strong>ant<br />

financier équivalent pour la formation c<strong>ont</strong>inue. Actuellement<br />

en rediscussion, figure parmi les revendications<br />

la création de l’association paritaire Pas<strong>se</strong>relle<br />

professionnelle 4.0. Son but est de rendre les travailleurs/<br />

eu<strong>se</strong>s aptes <strong>à</strong> relever les défis de l’économie numérique,<br />

en leur permettant de suivre, sans réduction de salaire et<br />

en étant protégé c<strong>ont</strong>re un congé, une formation en cours<br />

d’emploi théorique et pratique permettant l’obtention<br />

d’un diplôme professionnel reconnu sur le plan fédéral<br />

(bit.ly/2rg1lqM).<br />

Limites<br />

Certaines CCT d’abord as<strong>se</strong>z généreu<strong>se</strong>s limitent les frais<br />

pris en charge, comme la convention collective pour le<br />

carrelage des cantons alémaniques, qui prévoit un maximum<br />

de 300 francs par an, par programme de cinq jours<br />

de cours par personne, mais, et c’est <strong>à</strong> relever, qui prévoit<br />

aussi un forfait de 200 francs par an pour des cours de formation<br />

destinés aux apprentis. D’autres prévoient un<br />

rembour<strong>se</strong>ment si l’employé quitte l’entrepri<strong>se</strong> : ainsi la<br />

CCT des garages vaudois prévoit-elle jusqu’<strong>à</strong> cinq jours de<br />

congé de formation rémunérés par an (art. 32), mais l’em-<br />

Suivre sans<br />

réduction de<br />

salaire une<br />

formation en<br />

emploi


ployeur peut prévoir une clau<strong>se</strong> de rembour<strong>se</strong>ment de<br />

tout ou partie des frais si le travailleur le quitte dans un<br />

certain délai (art. 30.1). De manière intéressante, cette<br />

CCT prévoit aussi un fonds de reconversion professionnelle<br />

pour les travailleurs qui en raison de leur âge ou<br />

d’autres circonstances, ne peuvent acquérir une nouvelle<br />

formation. Ce fonds alloue une rente compensant la perte<br />

de salaire subie ensuite du changement d’activité.<br />

La CCT des industries horlogère et microtechnique<br />

suis<strong>se</strong> exige quant <strong>à</strong> elle que les employés ayant <strong>droit</strong><br />

jusqu’<strong>à</strong> trois jours de formation par année comptent au<br />

moins trois ans de pré<strong>se</strong>nce ininterrompue dans l’entrepri<strong>se</strong><br />

ou le groupe d’entrepri<strong>se</strong>s (valable dès le 1.1.2017).<br />

Plus chiches<br />

D’autres conventions collectives s<strong>ont</strong> plus chiches et ne<br />

prévoient qu’un jour de congé de formation par an : voir<br />

par ex. la CCT de l’industrie suis<strong>se</strong> de la carros<strong>se</strong>rie (art.<br />

22.1, valable du 1.2.2018-30.6.2019).<br />

Enfin, certains c<strong>ont</strong>rats collectifs de travail ne prévoient<br />

rien du tout, ou <strong>se</strong> bornent <strong>à</strong> paraphra<strong>se</strong>r la loi,<br />

comme l’art. 2 de la CCT des bureaux d’ingénieurs <strong>à</strong> Genève.<br />

On trouve une clau<strong>se</strong> similaire dans la CCT de l’industrie<br />

mécatronique Genève, ou dans la CCT Naville SA<br />

(art. 14, « L’employeur développe et encourage la formation<br />

de l’en<strong>se</strong>mble de son personnel. Il en fixe les modalités<br />

pratiques »). Difficile d’en déduire quelque cho<strong>se</strong> de<br />

précis. Parfois, les parties « s’engagent <strong>à</strong> mettre en application<br />

un projet de formation professionnelle » sans<br />

autres précisions. Les négociateurs ne doivent plus <strong>se</strong> satisfaire<br />

de dispositions aussi floues.<br />

On ne prête qu’aux riches...<br />

On constate déj<strong>à</strong> dans les <strong>se</strong>uls textes qu’on donne vol<strong>ont</strong>iers<br />

<strong>à</strong> ceux qui s<strong>ont</strong> déj<strong>à</strong> bien formés (voir nos graphiques<br />

en page 15) : cinq jours de formation payés par année au<br />

plus pour les cadres de la construction (c<strong>ont</strong>remaîtres et<br />

chefs d’ateliers, art. 18.1), ou alors aux délégués d’une association<br />

de travailleurs c<strong>ont</strong>ractante souhaitant suivre<br />

une formation c<strong>ont</strong>inue organisée par celle-ci (art. 42.4<br />

CCT Coop Société Coopérative).<br />

Utilisation effective ?<br />

Ce qui est prévu par les textes ne dit cependant rien de<br />

l’utilisation effective, par les employés, de ces <strong>droit</strong>s. De<br />

ce côté-l<strong>à</strong> aussi, des efforts s<strong>ont</strong> nécessaires. La part des<br />

travailleurs soutenus pour leur participation <strong>à</strong> des cours,<br />

en 2015, était particulièrement faible dans les <strong>se</strong>cteurs de<br />

l’hôtellerie-restauration (24 %), les activités immobilières<br />

(27 %) et les <strong>se</strong>rvices administratifs et de soutien (27 %). Il<br />

faut savoir pourquoi, et y remédier. C’est également dans<br />

l’hôtellerie-restauration que les dépen<strong>se</strong>s, rapportées aux<br />

coûts de la main-d’œuvre, s<strong>ont</strong> les plus faibles (0,4 %).<br />

L’industrie manufacturière, les <strong>se</strong>rvices administratifs et<br />

de soutien, l’immobilier s<strong>ont</strong> aussi en retard, mais globalement,<br />

les dépen<strong>se</strong>s directes consacrées en moyenne aux<br />

cours de formation c<strong>ont</strong>inue (0,8 % du total des coûts de la<br />

main-d’œuvre) devr<strong>ont</strong> être augmentées pour couvrir les<br />

besoins d’une formation tout au long de la vie.<br />

Il faudra aussi réduire les inégalités. Il n’est pas étonnant<br />

que le <strong>se</strong>cteur économique qui consacre le plus de<br />

temps <strong>à</strong> la formation professionnelle c<strong>ont</strong>inue soit celui<br />

des activités spécialisées, scientifiques et techniques, qui<br />

concerne des employés déj<strong>à</strong> bien qualifiés, tout comme<br />

les grandes entrepri<strong>se</strong>s de 250 employés et plus. D’autres<br />

projets, comme celui des « ambassadeurs de la formation<br />

c<strong>ont</strong>inue » développé avec Movendo (voir lien ci-dessous)<br />

pour faire connaître les possibilités de formation et financement<br />

des cours aux travailleurs s<strong>ont</strong> <strong>à</strong> retenir.<br />

On ne pourra admettre <strong>à</strong> l’avenir que 11 % des entrepri<strong>se</strong>s,<br />

comme c’était le cas en 2015, s’abstiennent de tout<br />

investis<strong>se</strong>ment dans la formation professionnelle et que<br />

58 % d’entre elles couvrent leurs besoins en engageant du<br />

personnel nouveau, <strong>se</strong> reposant ainsi sur les efforts des<br />

autres... ou du personnel lui-même.<br />

bit.ly/2HBcvAM


12<br />

Dossier<br />

« Tout travailleur suis<strong>se</strong> devrait<br />

avoir cinq jours de cours par an »<br />

Laura Perret Ducommun est <strong>se</strong>crétaire<br />

centrale chargée de la formation et jeunes<strong>se</strong><br />

auprès de l’USS. Elle estime qu’il faut<br />

désormais générali<strong>se</strong>r le congé de formation.<br />

Texte: Sylvie Fischer<br />

Si l’on recherche le mot-clef « formation c<strong>ont</strong>inue » parmi<br />

les conventions collectives de travail en ligne (<strong>se</strong>rvicecct.ch),<br />

on <strong>se</strong> rend compte que de nombreux c<strong>ont</strong>rats<br />

collectifs ne prévoient rien, ou alors un minimum d’un<br />

jour de formation par année. Qu’en pen<strong>se</strong>z-vous ?<br />

Il y a une action syndicale <strong>à</strong> faire pour inscrire dans la loi<br />

ou les CCT un congé de formation de cinq jours par an et<br />

par personne en Suis<strong>se</strong>. En tant qu’association faîtière<br />

de 16 syndicats, <strong>à</strong> l’Union syndicale suis<strong>se</strong> (USS), cela<br />

nous paraît une mesure tout <strong>à</strong> fait fondée et cela reprendrait<br />

une initiative lancée il y a longtemps par voie de<br />

motions qui n’a pas abouti.<br />

La formation c<strong>ont</strong>inue devrait gagner en importance<br />

<strong>à</strong> l’heure où l’on change de métier plusieurs fois au cours<br />

de sa vie. Il y a bien des CCT qui prévoient des jours ou<br />

des fonds de formation, mais on ignore quelle est la<br />

proportion des gens qui en profitent. Il <strong>se</strong>rait utile de<br />

mener une enquête empirique <strong>à</strong> ce sujet. À mon avis, ce<br />

qui fait le plus défaut dans le système actuel est le<br />

financement : les travailleurs et travailleu<strong>se</strong>s qui <strong>ont</strong> une<br />

famille n’<strong>ont</strong> pas le temps de suivre une telle formation,<br />

ou n’<strong>ont</strong> tout simplement pas l’argent. La loi sur la<br />

formation c<strong>ont</strong>inue dit que la personne elle-même est<br />

prioritairement responsable de <strong>se</strong> <strong>former</strong>, et que<br />

l’employeur l’y encourage. Il aurait fallu une disposition<br />

prévoyant un financement et un soutien plus c<strong>ont</strong>raignants<br />

pour les patrons.<br />

De nouvelles aides de la Confédération s<strong>ont</strong> entrées en<br />

vigueur au 1 er janvier 2018. Quelles s<strong>ont</strong>-elles, car vous<br />

notez que les travailleurs s<strong>ont</strong> peu informés des possibilités<br />

de financement qui existent ?<br />

Trois possibilités s<strong>ont</strong> <strong>à</strong> mentionner. Tout d’abord, une<br />

nouvelle subvention entrée en vigueur dès cette année<br />

s’adres<strong>se</strong> <strong>à</strong> la personne qui prépare un brevet ou un<br />

diplôme fédéral. Elle permet de prendre en charge 50 %<br />

des frais de formation du candidat qui <strong>se</strong> pré<strong>se</strong>nte,<br />

même s’il échoue. Un <strong>se</strong>cond dispositif de financement<br />

s’adres<strong>se</strong> aux entrepri<strong>se</strong>s ou aux organisations professionnelles<br />

qui souhaitent donner une formation de ba<strong>se</strong><br />

(lecture, écriture, maths, formation numérique) <strong>à</strong> leurs<br />

employés. Lancé au début de cette année, ce processus<br />

permet aux entrepri<strong>se</strong>s de demander une subvention<br />

couvrant de 20 <strong>à</strong> 40 leçons de 45 minutes pri<strong>se</strong>s sur les<br />

heures de travail. Enfin, il ne faut pas oublier les fonds<br />

cantonaux et les fonds de branche, par ex. dans la<br />

construction, qui peuvent être sollicités par les personnes<br />

souhaitant faire une formation, <strong>se</strong>lon l’art. 60 de<br />

la loi sur la formation professionnelle.<br />

On constate que la formation c<strong>ont</strong>inue reproduit les<br />

inégalités sociales, car ce s<strong>ont</strong> ceux qui en auraient le<br />

plus besoin qui en bénéficient le moins, qu’il s’agis<strong>se</strong><br />

des moins qualifiés, des femmes <strong>à</strong> temps partiel ou des<br />

étrangers non formés en Suis<strong>se</strong>. Comment y remédier ?<br />

Une des solutions <strong>se</strong>rait d’assurer que tous les adultes en<br />

Suis<strong>se</strong> bénéficient d’un diplôme <strong>se</strong>condaire II, titre<br />

minimum pour <strong>se</strong> maintenir sur le marché de l’emploi.<br />

C’est le cas de 95 % des jeunes, mais on compte jusqu’<strong>à</strong><br />

600 000 adultes qui n’en <strong>ont</strong> pas. Il faut développer les<br />

programmes de préapprentissage pour les étrangers qui<br />

arrivent en Suis<strong>se</strong> : la nouvelle loi fédérale sur la formation<br />

professionnelle prévoit que les cantons reçoivent<br />

des fonds de la Confédération pour créer de tels cours de<br />

ba<strong>se</strong>, qui leur permettent d’acquérir les compétences<br />

pour faire une formation et s’insérer sur le marché du<br />

travail. Il <strong>se</strong>rait bon que les offices régionaux de placement<br />

réorientent leurs pratiques pour permettre aux<br />

chômeurs de changer d’activité au cours de leur vie, sans<br />

qu’existent forcément des problèmes d’allergie <strong>à</strong> une<br />

substance ou de disparition d’une profession, comme on<br />

l’exige actuellement.<br />

La perte d’emplois due <strong>à</strong> la numérisation du monde du<br />

travail ne rend-elle pas nécessaire un renouvellement de<br />

la formation professionnelle ?<br />

Les études s<strong>ont</strong> très partagées sur la perte d’emplois due<br />

<strong>à</strong> la digitalisation : cela va de 47 % d’emplois qui disparaîtr<strong>ont</strong><br />

dans dix <strong>à</strong> vingt ans aux USA (Frey, Osborne) et 54 %<br />

d’emplois disparaîtr<strong>ont</strong> en Europe (Bruegel) <strong>à</strong> 12 %<br />

d’emplois en moins en Allemagne (ZEW) ou 9 % <strong>se</strong>ulement<br />

(OCDE). Quoi qu’il en soit, des compétences<br />

techno logiques nouvelles exiger<strong>ont</strong> une formation<br />

professionnelle adaptée, aussi sur la place de travail.<br />

Les entrepri<strong>se</strong>s <strong>ont</strong> un avantage compétitif <strong>à</strong> dispo<strong>se</strong>r de<br />

personnel hautement qualifié afin d’optimi<strong>se</strong>r le<br />

processus de production et d’apporter des innovations.<br />

Bien <strong>former</strong> son personnel permet aussi de le fidéli<strong>se</strong>r<br />

(certaines formations impliquent le devoir de rester un<br />

certain temps dans l’entrepri<strong>se</strong> ou de rembour<strong>se</strong>r<br />

partiellement les cours dispensés).<br />

D’autres idées non encore réalisées actuellement ?<br />

Un bilan de compétence tous les cinq ans pour les<br />

travailleurs dès 40 ans <strong>se</strong>rait intéressant, tout comme<br />

une requalification gratuite si un métier disparaît. De<br />

manière générale, il convient d’éviter les coupes budgétaires<br />

dans la formation, notamment au niveau des<br />

cantons.<br />

sbfi.admin.ch/sbfi/fr/home/bildung/<br />

skbf-csre.ch/fr/monitorage-de-leducation/rapport-2014


Dossier<br />

Apprendre, ou juste améliorer<br />

son employabilité ?<br />

13<br />

L’apprentissage <strong>à</strong> vie pourrait garantir des<br />

chances égales pour tous et une vie plus<br />

intéressante. À condition toutefois que les<br />

syndicats considèrent sérieu<strong>se</strong>ment cette<br />

question.<br />

La formation permanente est notre <strong>se</strong>conde nature. Soit.<br />

Mais un étrange glis<strong>se</strong>ment s’est produit au cours de ces<br />

dernières décennies. <strong>No</strong>us apprenons de moins en moins<br />

ce qui nous intéres<strong>se</strong> et nous enrichit, mais de plus en<br />

plus souvent ce qui c<strong>ont</strong>ribue <strong>à</strong> maintenir notre « employabilité<br />

» sur le marché du travail. Il s’agit de parfaire et<br />

d’accroître nos compétences (nos fameux « skills »), <strong>à</strong> travers<br />

l’apprentissage <strong>à</strong> vie (« livelong learning »). En faisant<br />

l’effort de nous <strong>former</strong>, nous investissons dans notre « capital<br />

humain ». <strong>No</strong>us pratiquons de l’automarketing, nous<br />

nous transformons en facteur de production. Lorsque<br />

nous postulons sur le marché de l’emploi, nous proposons<br />

nos compétences comme autant de points de référence,<br />

donc nous entrons en concurrence avec d’autres<br />

(nous faisons du « benchmarking »).<br />

Texte : Bo Humair<br />

La formation c<strong>ont</strong>inue est un phénomène singulier. <strong>No</strong>us<br />

apprenons tout au long de notre vie, même <strong>à</strong> notre propre<br />

insu. C’est un processus naturel, car notre survie en dépend.<br />

Mais au-del<strong>à</strong> de ce besoin inné, la plupart d’entre<br />

nous souhaitent devenir un peu plus intelligents. Comprendre<br />

les cho<strong>se</strong>s permet de mieux vivre.<br />

Voil<strong>à</strong> pourquoi nous nous cultivons. <strong>No</strong>us apprenons<br />

<strong>à</strong> travers les échanges, construisons des ré<strong>se</strong>aux sociaux.<br />

Ce n’est pas nouveau. Déj<strong>à</strong> avant la Renaissance et les Lumières,<br />

on savait que la connaissance, le savoir et la coopération<br />

nous émancipent en nous affranchissant de certaines<br />

c<strong>ont</strong>raintes. L’ignorance, au c<strong>ont</strong>raire, nous rend<br />

dépendants. Les mécaniciens bidouillent dans leur atelier,<br />

les informaticiens discutent de blockchains jour et<br />

nuit, les bons médecins affinent leur écoute et les en<strong>se</strong>ignants<br />

leur curiosité. Et cet instant de jubilation où nous<br />

comprenons soudain, où tout nous paraît clair, existe bel<br />

et bien. Face <strong>à</strong> un tel <strong>se</strong>ntiment, même la machine crétinisante<br />

de l’industrie du divertis<strong>se</strong>ment ne fait pas le poids.<br />

Accroître nos compétences<br />

Une injonction qui s’accompagne d’emplois moins sûrs<br />

<strong>No</strong>mbre de ces compétences s<strong>ont</strong> futiles. Développer pendant<br />

des mois un algorithme ingénieux destiné <strong>à</strong> accroître<br />

la « densité » de notre travail (c’est-<strong>à</strong>-dire la pression) n’est<br />

utile <strong>à</strong> personne. Pas plus que de <strong>se</strong> <strong>former</strong> <strong>à</strong> un logiciel de<br />

communication pour être qualifié et dégradé au rang de<br />

télétravailleur. Ce savoir supplémentaire ne nous affranchit<br />

d’aucune dépendance.<br />

Il est frappant de voir que cette nouvelle perception de<br />

l’apprentissage <strong>à</strong> vie constitue le parfait reflet des nouvelles<br />

formes de production de l’économie capitaliste et<br />

de la concurrence globale. L’injonction <strong>à</strong> acquérir en permanence<br />

de nouvelles compétences va de pair avec l’apparition<br />

d’emplois de moins en moins sûrs.<br />

En tant que syndicalistes qui revendiquent un « <strong>droit</strong> <strong>à</strong><br />

la formation c<strong>ont</strong>inue », nous devons donc nous po<strong>se</strong>r<br />

certaines questions. Qui détermine les c<strong>ont</strong>enus de la formation<br />

? Qui en définit la forme et l’orientation ? Qui la<br />

finance et qui octroie le temps nécessaire pour la suivre ?<br />

Il est utile d’examiner ces questions d’un peu plus près.<br />

Des compétences que<br />

nous devons acquérir<br />

ne s<strong>ont</strong> parfois qu’un<br />

savoir abêtissant.


14<br />

Dossier<br />

En marche vers une société du non-savoir<br />

En 1968 déj<strong>à</strong>, les syndicats français <strong>ont</strong> imposé le <strong>droit</strong> <strong>à</strong><br />

la formation. C’était un élément du compromis entre le<br />

gouvernement et les syndicats qui a mis fin <strong>à</strong> la révolte du<br />

mois de mai. Ce <strong>droit</strong> a hissé la France aux premiers rangs<br />

des pays dotés d’un taux élevé de perfectionnement. Dans<br />

la pratique, le <strong>droit</strong> <strong>à</strong> la formation s’est transformé en un<br />

compte de formation personnel : les salarié-e-s obtiennent<br />

un crédit-temps de 24 heures de formation par an pour un<br />

poste <strong>à</strong> temps plein durant les cinq premières années<br />

d’emploi, puis douze heures par an les années suivantes.<br />

En tout, ils peuvent accumuler 150 heures de crédit de formation.<br />

L’entrepri<strong>se</strong> doit donner son accord <strong>à</strong> toute formation.<br />

Or, si elle refu<strong>se</strong> d’octroyer cette autorisation <strong>à</strong> un<br />

employé pendant six ans, le crédit de ce dernier est augmenté<br />

de 100 heures. Le fonds paritaire ad hoc a approuvé<br />

environ 700 000 perfectionnements durant ces deux dernières<br />

années. Mais le président Emmanuel Macron a annoncé<br />

un big bang néolibéral et une privatisation <strong>à</strong> large<br />

échelle de la formation. À l’avenir, la formation c<strong>ont</strong>inue<br />

<strong>se</strong>ra laissée <strong>à</strong> la libre appréciation des entrepri<strong>se</strong>s.<br />

1968, c’est aussi l’année de parution du livre The learning<br />

society , de Robert Maynard Hutchins. La notion de<br />

société éducative traduit l’idée que la matière première la<br />

plus importante des économies modernes n’est ni le pétrole,<br />

ni les ressources minérales, mais le savoir. Cette<br />

idée est restée longtemps au stade du débat académique.<br />

Mais depuis les années 80, la formation explo<strong>se</strong>. Elle est<br />

devenue un marché mondial qui génère des milliards de<br />

francs.<br />

Le business de l’apprentissage <strong>à</strong> vie<br />

Des dizaines de milliers de rapports sur le perfectionnement<br />

<strong>ont</strong> été rédigés. Les organisations internationales,<br />

telles que l’OCDE ou l’ONU dispo<strong>se</strong>nt de départements de<br />

la formation. Et il n’y a quasiment pas un <strong>se</strong>ul pays, même<br />

le plus pauvre, qui n’a pas défini des stratégies d’apprentissage<br />

<strong>à</strong> vie (Lifelong-Learning). Dans l’UE, des équipes<br />

entières d’experts <strong>se</strong> penchent sur le Lifelong-Learning<br />

(LLL). Les grandes entrepri<strong>se</strong>s de formation, d<strong>ont</strong> le<br />

chiffre d’affaires augmente de façon exponentielle, <strong>se</strong> disputent<br />

le marché. Le domaine de la formation – avec <strong>se</strong>s<br />

modèles nationaux – est devenu impossible <strong>à</strong> apprécier<br />

dans son en<strong>se</strong>mble.<br />

« Finissons-en avec le verbiage LLL », suggère Sharon<br />

Gewirtz du Londoner Kings College. Dans les méandres<br />

du perfectionnement, le tableau est décevant. En février<br />

2017, une des études majeures de la fondation Bertelsmann<br />

révélait des lacunes flagrantes dans l’UE. Dans dix<br />

pays, aucun effort n’a été déployé pour préparer les « ressources<br />

financières ou personnelles destinées <strong>à</strong> l’apprentissage<br />

<strong>à</strong> vie. » Et quasiment aucun pays ne s’est attelé <strong>à</strong><br />

atténuer la forte discrimination que subis<strong>se</strong>nt les travailleurs<br />

en matière de formation. Sans parler des étrangers.<br />

La Grande-Bretagne ultraprivatisée est la lanterne rouge.<br />

Ce constat rejoint les résultats d’enquêtes menées<br />

dans l’UE par l’Organisation Internationale du travail<br />

(OIT) et l’OCDE.<br />

– Les pays d<strong>ont</strong> les systèmes de formation s<strong>ont</strong> financés<br />

publiquement et qui dispo<strong>se</strong>nt d’un partenariat social<br />

fort prennent la tête du peloton (Danemark, Suède, Belgique…).<br />

Le « dialogue social » joue un rôle es<strong>se</strong>ntiel,<br />

écrit l’OIT. En revanche, les pays avec des systèmes de<br />

formation financés par des privés s<strong>ont</strong> <strong>à</strong> la traîne. Les<br />

États-Unis consacrent plus de deux points de pourcentage<br />

du PIB de moins <strong>à</strong> la formation que la France.<br />

– Les grandes entrepri<strong>se</strong>s s’engagent peu pour la formation,<br />

excepté pour leurs propres besoins. De plus, elles<br />

tendent <strong>à</strong> privilégier les personnes hautement qualifiées.<br />

Cette stratégie accentue les disparités de la formation.<br />

Financement public solide et égalité des chances<br />

Pour impo<strong>se</strong>r l’apprentissage <strong>à</strong> vie, les syndicats devraient<br />

s’engager pour un financement public solide et le développement<br />

du partenariat social. Les programmes de formation<br />

doivent mettre l’accent sur l’égalité des chances et<br />

protéger c<strong>ont</strong>re la perte d’emploi. Les ba<strong>se</strong>s s<strong>ont</strong> posées<br />

dès la formation professionnelle (apprendre <strong>à</strong> apprendre).<br />

Une offensive de formation innovatrice devrait être lancée.<br />

Le but est d’émanciper par l’apprentissage coopératif.<br />

cgt.fr/Du-big-bang-au-neant.html<br />

Photos<br />

La photo en couverture a été pri<strong>se</strong> par le photographe<br />

vaudois Yves Leresche, ainsi que les photos en pages 8 <strong>à</strong> 14<br />

et la petite photo qui figure sous le sommaire. Il a imaginé<br />

un reportage sur la transmission du savoir dans ces lieux de<br />

créativité que s<strong>ont</strong> les FabLabs, Makerspace et Hackuarium<br />

(laboratoire biologique) de Renens, ainsi que dans le FabLab<br />

de Zurich.<br />

Yves Leresche est un photographe connu pour la qualité de<br />

<strong>se</strong>s portraits. Dans <strong>se</strong>s photos, la transmission et la communication<br />

du savoir entre en<strong>se</strong>ignants et apprenants est mi<strong>se</strong><br />

en avant. Pour en savoir plus : http://www.yvesleresche.ch<br />

<strong>No</strong>us remercions le personnel des FabLabs, Makerspace et<br />

Hackuarium cités de leur soutien.


L’économie numérique exige une redistribution du savoir, afin que les moins bien<br />

formés ne soient plus laissés de côté. Les plus âgés, les femmes, les migrants<br />

doivent avoir un accès égal <strong>à</strong> la formation c<strong>ont</strong>inue.<br />

15<br />

La Suis<strong>se</strong> forme beaucoup…<br />

Pourcentage de la population entre 25 et 64 ans qui<br />

participe <strong>à</strong> des cours de formation<br />

100 %<br />

Scolarité obligatoire Degré <strong>se</strong>condaire II Degré tertiaire<br />

80%<br />

60%<br />

40%<br />

20%<br />

0%<br />

S CH NL FL F D A GB I EU<br />

Sources: Eurostat 2011, OFS 2016<br />

…mais de manière inégale<br />

La participation <strong>à</strong> la formation varie beaucoup <strong>se</strong>lon<br />

que les personnes possèdent une formation de ba<strong>se</strong> ou une<br />

formation supérieure (écart en pourcent)<br />

35%<br />

35%<br />

30%<br />

30%<br />

25%<br />

25%<br />

20%<br />

20%<br />

15<br />

15 %<br />

10<br />

10 %<br />

5%<br />

5%<br />

0%<br />

0%<br />

GR<br />

GR B D E EU GB I S F CH<br />

Source:<br />

Source: Eurostat<br />

Eurostat 2016<br />

2016<br />

Plus on est âgé, moins on <strong>se</strong> forme<br />

Taux de participation <strong>à</strong> des cours de formation c<strong>ont</strong>inue<br />

<strong>se</strong>lon l’âge<br />

76,4%<br />

69,6%<br />

67,7 %<br />

57,1%<br />

Un indicateur de l’acquisition de savoirs<br />

En Suis<strong>se</strong>, la part des 25 <strong>à</strong> 64 ans qui suivent une formation<br />

dépas<strong>se</strong> les 60 %. Seules la Suède et le Luxembourg f<strong>ont</strong><br />

mieux. Les comparaisons internationales s<strong>ont</strong> difficiles du<br />

fait de la différence des systèmes de formation, mais aussi<br />

de la pri<strong>se</strong> en compte statistique de toutes formes de<br />

cours, du cours privé en passant par la scolarité obligatoire<br />

et postobligatoire. Dire que la participation <strong>à</strong> l’en<strong>se</strong>mble des<br />

activités de formation <strong>se</strong>rt d’indicateur de la participation <strong>à</strong><br />

la formation c<strong>ont</strong>inue, comme le fait l’OFS, peut conduire <strong>à</strong><br />

surévaluer la part qu’elle repré<strong>se</strong>nte.<br />

Sources: OFS – Micro-recen<strong>se</strong>ment formation c<strong>ont</strong>inue 2016<br />

Moins une personne est formée, moins elle<br />

obtient de formation c<strong>ont</strong>inue<br />

Formation c<strong>ont</strong>inue soutenue par l’employeur<br />

Scolarité<br />

obligatoire<br />

31%<br />

Degré <strong>se</strong>condaire II<br />

56%<br />

25–34<br />

35–44<br />

45–54<br />

Jahre<br />

Jahre<br />

Jahre<br />

Degré tertiaire<br />

75%<br />

30%<br />

54%<br />

72%<br />

Sources: OFS – Micro-recen<strong>se</strong>ment formation c<strong>ont</strong>inue F 2016, OFS 2017<br />

Les personnes avec un handicap obtiennent<br />

moins de formations<br />

Participation <strong>à</strong> au moins une formation non formelle<br />

sans diplôme, population globale<br />

55–64<br />

Jahre<br />

33%<br />

58%<br />

77%<br />

Les oubliés de la formation c<strong>ont</strong>inue<br />

Il est piquant de voir que le Con<strong>se</strong>il fédéral fixe comme<br />

devoir de l’État « de promouvoir plus spécialement la<br />

formation c<strong>ont</strong>inue des publics les plus défavorisés »<br />

(Con<strong>se</strong>il fédéral, 2007). En fait, les inégalités d’accès s<strong>ont</strong><br />

légion : près de 80 % des 25-34 ans y <strong>ont</strong> <strong>droit</strong>, alors que ce<br />

n’est le cas que de moins de 60 % des 55-64 ans.<br />

Record d’inégalité entre bien et mal formés<br />

Mais, surtout, c’est en Suis<strong>se</strong> que la participation aux<br />

formations tout au long de la vie est la moins généralisée,<br />

et que l’écart de participation, en pourcent, entre personnes<br />

n’ayant qu’une formation de ba<strong>se</strong> et diplômés du supérieur<br />

atteint près de 35 %, un record. Moins du tiers des personnes<br />

de scolarité obligatoire bénéficie d’une formation<br />

soutenue par l’employeur, c<strong>ont</strong>re près de 80 % des hommes<br />

du degré tertiaire.<br />

Migrants et handicapés laissés de côté<br />

Les personnes fortement handicapées s<strong>ont</strong> trois fois moins<br />

nombreu<strong>se</strong>s que les valides <strong>à</strong> avoir <strong>droit</strong> <strong>à</strong> une formation, et<br />

moitié moins que l’en<strong>se</strong>mble des handicapés. Enfin, si plus<br />

de 70 % des Suis<strong>se</strong>s <strong>ont</strong> bénéficié d’une formation c<strong>ont</strong>inue<br />

en 2016, ce n’était le cas que de 60 % des étrangers scolarisés<br />

en Suis<strong>se</strong> et que de 57 % des étrangers qui n’y <strong>ont</strong><br />

suivi aucun en<strong>se</strong>ignement.<br />

10 % 20,4% 28,1%<br />

Personnes<br />

Population<br />

Personnes sans<br />

avec un handi-<br />

handicapée<br />

handicap<br />

cap important<br />

globale<br />

Sources: OFS, Enquête suis<strong>se</strong> sur la population active (ESPA) 2011


16<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

Le meilleur remède<br />

<strong>à</strong> la cri<strong>se</strong> : augmenter<br />

les salaires !<br />

Il y a dix ans, la spéculation financière<br />

a déclenché une cri<strong>se</strong> économique<br />

mondiale anéantissant des millions<br />

d’existences. Dans l’UE, la politique<br />

agressive des bas salaires pratiquée en<br />

Allemagne a aggravé la cri<strong>se</strong>. En<br />

Suis<strong>se</strong>, le franc fort de la BNS a conduit<br />

<strong>à</strong> la destruction de milliers de PME.<br />

Aujourd’hui, la plupart des pays<br />

annoncent un nouvel essor. En Suis<strong>se</strong>,<br />

le SECO table sur 2,4 % de croissance.<br />

Ces bonnes nouvelles dissimulent une<br />

réalité brutale : le 1 % le plus riche de la<br />

population a confisqué jusqu’<strong>à</strong> 75 %<br />

de la nouvelle riches<strong>se</strong> créée depuis<br />

2008. Les sociétés s<strong>ont</strong> plus inégales<br />

que jamais.<br />

En Suis<strong>se</strong> aussi. Les inégalités<br />

accrois<strong>se</strong>nt les emplois précaires, la<br />

pression et la pauvreté. Mais cela ne<br />

suffit pas <strong>à</strong> l’UDC et au PLR. Ils c<strong>ont</strong>inuent<br />

<strong>à</strong> vouloir renforcer la politique<br />

d’austérité, attaquent les assurances<br />

sociales et veulent offrir de nouveaux<br />

cadeaux fiscaux aux actionnaires –<br />

c<strong>ont</strong>re la vol<strong>ont</strong>é du peuple.<br />

Les économistes un peu <strong>se</strong>nsés<br />

connais<strong>se</strong>nt le meilleur remède : nous<br />

devons impo<strong>se</strong>r l’augmentation des<br />

salaires. De 3 % au moins.<br />

Industrie graphique : les négociations doivent aboutir <strong>à</strong> une bonne CCT. (© Margareta Sommer)<br />

Les chiffres des inégalités croissantes :<br />

wid.world<br />

Pétition « Stop <strong>à</strong> la<br />

suppression d’emplois<br />

chez Swisscom »<br />

Swisscom est une entrepri<strong>se</strong> très rentable<br />

qui réali<strong>se</strong> chaque année des<br />

milliards de bénéfices. Son actionnaire<br />

principal, la Confédération, <strong>se</strong><br />

réjouit des 600 millions de dividendes<br />

par an. Pas étonnant que le Con<strong>se</strong>il fédéral<br />

la considère comme sa poule aux<br />

œufs d’or et qu’il campe sur <strong>se</strong>s attentes<br />

de bénéfice. Cette situation la<br />

met sous pression. La transformation<br />

technologique oblige l’entrepri<strong>se</strong> <strong>à</strong> investir<br />

en permanence dans les ré<strong>se</strong>aux<br />

et <strong>à</strong> développer de nouveaux champs<br />

d’activité. En même temps, les <strong>se</strong>cteurs<br />

traditionnels s’effondrent ou deviennent<br />

beaucoup moins prospères.<br />

Ainsi, la pression aux économies a<br />

conduit <strong>à</strong> la suppression d’un nombre<br />

croissant d’emplois ces dernières années.<br />

Cette situation est devenue insupportable<br />

pour les employés.<br />

Swisscom a besoin d’innovations.<br />

Mais comment les concevoir dans un<br />

climat dominé par la démotivation et<br />

la résignation ? La surcharge de travail<br />

et l’angois<strong>se</strong> permanente de perdre<br />

son emploi <strong>ont</strong> atteint un <strong>se</strong>uil inacceptable.<br />

C’est pourquoi <strong>syndicom</strong> a<br />

lancé une pétition au <strong>se</strong>in de Swisscom<br />

pour sommer le Con<strong>se</strong>il fédéral<br />

d’adapter sans délai sa stratégie de<br />

propriétaire et de stopper la suppression<br />

d’emplois. (Franz Schori)<br />

https://bit.ly/2w8NEPj


« Un progrès vers moins d’arbitraire dans l’attribution des<br />

augmentations salariales » David Roth<br />

17<br />

Calculateur de salaire Poste : la<br />

transparence est enfin assurée<br />

Les négociations salariales 2018 <strong>ont</strong> abouti <strong>à</strong> un accord salarial<br />

complexe mais équitable. Le calculateur de salaire de <strong>syndicom</strong><br />

te permet de vérifier si ton augmentation salariale a été<br />

calculée correctement.<br />

de la situation dans la fourchette salariale,<br />

de l’échelon salarial, de la région<br />

salariale et bien sûr de l’entrepri<strong>se</strong>.<br />

C’est un progrès considérable vers<br />

plus de transparence et moins d’arbitraire<br />

dans l’attribution des augmentations<br />

salariales. Auparavant, les supérieurs<br />

hiérarchiques pouvaient<br />

prétexter la complexité du système salarial<br />

pour refu<strong>se</strong>r l’octroi d’augmentations<br />

de salaire individuelles <strong>à</strong> des<br />

collaborateurs de longue date. Le calculateur<br />

de salaire permet <strong>à</strong> chaque<br />

employé-e de connaître la somme<br />

exacte d<strong>ont</strong> les supérieurs hiérarchiques<br />

dispo<strong>se</strong>nt pour ver<strong>se</strong>r des<br />

augmentations de salaire par poste <strong>à</strong><br />

plein temps.<br />

En introduisant plusieurs variantes<br />

dans le calculateur de salaire<br />

et en comparant les différentes entrepri<strong>se</strong>s,<br />

on <strong>se</strong> rend compte que les accords<br />

salariaux obtenus diffèrent. Une<br />

constatation s’impo<strong>se</strong> : plus <strong>syndicom</strong><br />

est fort, meilleurs s<strong>ont</strong> les accords salariaux.<br />

(David Roth)<br />

Mon augmentation de salaire est-elle<br />

calculée correctement ? De combien<br />

dispo<strong>se</strong> mon/ma supérieur-e hiérarchique<br />

pour des augmentations de salaire<br />

individuelles ? Les employé-e-s<br />

de La Poste, CarPostal, entrepreneurs<br />

postaux, IMS et SPS peuvent désormais<br />

facilement trouver répon<strong>se</strong> <strong>à</strong> ces<br />

questions. <strong>syndicom</strong> met <strong>à</strong> disposition<br />

un calculateur de salaire qui permet<br />

de calculer son augmentation de<br />

L’interface de<br />

calcul permet des<br />

milliers de combinaisons.<br />

(© <strong>syndicom</strong>)<br />

salaire personnelle. Les trois composantes<br />

de l’augmentation salariale<br />

s<strong>ont</strong> indiquées avec précision : le résultat<br />

affiche la part obligatoire, l’augmentation<br />

individuelle possible et le<br />

ver<strong>se</strong>ment unique prévu.<br />

Facile d’utilisation<br />

L’interface de calcul est très facile <strong>à</strong><br />

utili<strong>se</strong>r. Elle permet des milliers de<br />

combinaisons, qui tiennent compte<br />

Les chiffres utilisés pour le calcul<br />

des augmentations salariales <strong>ont</strong><br />

été transmis par La Poste. Malheureu<strong>se</strong>ment,<br />

IMS et CarPostal <strong>ont</strong><br />

fourni des chiffres erronés. La<br />

Poste s’en est excusée. Les données<br />

du calculateur <strong>ont</strong> été corrigées le<br />

23 avril. Les personnes qui <strong>ont</strong> calculé<br />

leur augmentation salariale<br />

avant cette date doivent donc refaire<br />

le calcul pour obtenir le résultat<br />

correct.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/salaire18<br />

L’État a aussi son rôle<br />

<strong>à</strong> jouer<br />

La formation c<strong>ont</strong>inue permanente<br />

est le mot d’ordre de notre époque.<br />

Car les profils professionnels évoluent<br />

plus vite que jamais. Conséquences<br />

néfastes possibles : d’un côté, des travailleurs<br />

perdent leur capacité d’embauche<br />

et <strong>se</strong> retrouvent sans perspective<br />

professionnelle. De l’autre, des<br />

entrepri<strong>se</strong>s ne trouvent pas de personnel<br />

adéquat vu la pénurie de maind’œuvre<br />

spécialisée. En un an, <strong>syndicom</strong><br />

est parvenu <strong>à</strong> consolider la<br />

formation et le perfectionnement<br />

dans la CCT Sunri<strong>se</strong>, puis <strong>à</strong> ancrer le<br />

<strong>droit</strong> <strong>à</strong> la formation c<strong>ont</strong>inue dans la<br />

CCT Swisscom. Des améliorations<br />

s<strong>ont</strong> nécessaires dans ce domaine aussi<br />

dans d’autres branches. Dans les négociations<br />

en cours sur le renouvellement<br />

de la CCT de l’industrie des<br />

machines, la formation c<strong>ont</strong>inue occupe<br />

aussi une place centrale. Cette<br />

thématique n’est pas <strong>se</strong>ulement du<br />

ressort des partenaires sociaux, l’État<br />

a aussi son rôle <strong>à</strong> jouer. Il est appelé <strong>à</strong><br />

renforcer la formation c<strong>ont</strong>inue par<br />

l’assurance chômage, pour qu’elle<br />

puis<strong>se</strong> déployer <strong>se</strong>s effets avant la<br />

perte d’emploi – et plus encore après.<br />

Malgré tous les efforts, certaines personnes<br />

c<strong>ont</strong>inuer<strong>ont</strong> d’affr<strong>ont</strong>er des<br />

difficultés sur le marché du travail. Un<br />

<strong>se</strong>ul instrument existe pour faire face<br />

<strong>à</strong> cette réalité : le <strong>droit</strong> au travail.<br />

Giorgio Pardini, responsable du <strong>se</strong>cteur TIC<br />

et membre du comité directeur


18<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Être mis sous pression pour signer est inadmissible et<br />

doit être signalé sans tarder <strong>à</strong> syndcom » David Roth<br />

Pas de <strong>se</strong>maine de six jours,<br />

ni de travail sur appel<br />

Voil<strong>à</strong> comment <strong>se</strong> défendre c<strong>ont</strong>re une flexibilisation opérée sur<br />

le dos des travailleurs.<br />

Les employeurs cherchent <strong>à</strong> utili<strong>se</strong>r<br />

leur personnel de manière toujours<br />

plus flexible et <strong>à</strong> nous faire croire<br />

qu’ils n’<strong>ont</strong> pas d’autres choix. Or il<br />

est possible d’exprimer son désaccord<br />

avec des instruments simples, sans<br />

risque de subir des conséquences négatives.<br />

Des mesures s<strong>ont</strong> en cours dans la<br />

logistique pour impo<strong>se</strong>r la <strong>se</strong>maine de<br />

six jours <strong>à</strong> un nombre toujours plus<br />

élevé d’employés. Beaucoup ignorent<br />

toutefois qu’ils peuvent refu<strong>se</strong>r de<br />

donner leur accord.<br />

Mesures en cours<br />

De manière générale, <strong>syndicom</strong> décon<strong>se</strong>ille<br />

d’accepter la <strong>se</strong>maine de six<br />

jours. Car les conséquences négatives<br />

s<strong>ont</strong> claires:<br />

– Il devient de plus en plus difficile de<br />

planifier sa vie privée.<br />

– Le stress et la fatigue s’aggravent encore.<br />

C’est pourquoi la loi protège les travailleurs.<br />

Ils peuvent refu<strong>se</strong>r une <strong>se</strong>maine<br />

de six jours. Si tu souhaites<br />

c<strong>ont</strong>inuer <strong>à</strong> travailler cinq jours par<br />

<strong>se</strong>maine, tu peux refu<strong>se</strong>r de signer la<br />

déclaration de con<strong>se</strong>ntement (ordonnance<br />

de la loi sur le travail, article 20).<br />

C’est ton <strong>droit</strong>. Beaucoup d’employés<br />

ignorent toutefois qu’ils <strong>ont</strong> cette possibilité.<br />

Il arrive souvent que les supérieurs<br />

pré<strong>se</strong>ntent les déclarations de<br />

con<strong>se</strong>ntement comme une simple formalité.<br />

Il n’est pas rare non plus que<br />

des personnes signalent <strong>à</strong> <strong>syndicom</strong><br />

qu’elles <strong>ont</strong> été mi<strong>se</strong>s sous pression<br />

pour signer. C’est absolument inadmissible<br />

et il est urgent que de tels cas<br />

soient annoncés <strong>à</strong> <strong>syndicom</strong> sans tarder.<br />

Abus concernant le <strong>se</strong>rvice de piquet<br />

Le non-respect des règles pour le <strong>se</strong>rvice<br />

de piquet est encore plus perfide.<br />

Le personnel de piquet peut être<br />

mobilisé <strong>à</strong> court terme pour des interventions<br />

de travail. L’employeur rétribue<br />

aussi cette mi<strong>se</strong> <strong>à</strong> disposition par<br />

une indemnité de piquet. Or pour tenter<br />

d’économi<strong>se</strong>r, certaines entrepri<strong>se</strong>s<br />

recourent de plus en plus souvent<br />

au travail sur appel. C’est une<br />

pratique inacceptable dans le <strong>se</strong>cteur<br />

de la logistique. Le <strong>se</strong>rvice de piquet a<br />

précisément été introduit pour répondre<br />

<strong>à</strong> des interventions urgentes et<br />

imprévues. Quiconque accepte d’être<br />

appelé <strong>à</strong> la rescous<strong>se</strong> sans avoir été<br />

affecté au <strong>se</strong>rvice de piquet <strong>se</strong> nuit <strong>à</strong><br />

lui-même et porte préjudice <strong>à</strong> <strong>se</strong>s collègues.<br />

(David Roth)<br />

Dans la logistique, on tente d’impo<strong>se</strong>r la <strong>se</strong>maine de six jours. (© xavierarnau/iStock)<br />

bit.ly/2raypRn<br />

Des entrepri<strong>se</strong>s socialement<br />

responsables<br />

Le <strong>droit</strong> <strong>à</strong> la formation c<strong>ont</strong>inue est la<br />

<strong>se</strong>ule répon<strong>se</strong> possible <strong>à</strong> court et<br />

moyen terme pour c<strong>ont</strong>rer l’impact de<br />

la numérisation sur les professions de<br />

la logistique. <strong>No</strong>us ne parlons pas ici<br />

de la robotisation déj<strong>à</strong> bien en place. Il<br />

est question de numérisation du<br />

monde du travail, d’industrie 4.0,<br />

d’ubérisation de la société. Toutes les<br />

générations subis<strong>se</strong>nt ce phénomène.<br />

C<strong>ont</strong>rairement aux dernières révolutions<br />

industrielles, il manque de débouchés<br />

professionnels dans un autre<br />

<strong>se</strong>cteur. Le personnel devra donc<br />

c<strong>ont</strong>inuer <strong>à</strong> <strong>se</strong> <strong>former</strong> tout au long de<br />

son parcours professionnel. À cette<br />

fin, des ressources (en temps et argent)<br />

devr<strong>ont</strong> être mi<strong>se</strong>s <strong>à</strong> disposition des<br />

entrepri<strong>se</strong>s. Elles pourr<strong>ont</strong> ainsi <strong>se</strong><br />

m<strong>ont</strong>rer socialement responsables.<br />

Ces changements n’épargnent pas les<br />

cols blancs, d<strong>ont</strong> les postes de travail<br />

s<strong>ont</strong> aussi compromis par le développement<br />

de l’intelligence artificielle et<br />

des algorithmes. Que ce soit clair : ce<br />

<strong>se</strong>ra difficile de trans<strong>former</strong> un facteur<br />

en ingénieur, un collaborateur<br />

des ressources humaines en concepteur<br />

industriel. Il faudra prévoir moins<br />

ou plus de personnel <strong>à</strong> certaines<br />

heures. Pourquoi c<strong>ont</strong>inuer dès lors <strong>à</strong><br />

<strong>se</strong> <strong>former</strong> face <strong>à</strong> ce scénario ? Car la<br />

transition <strong>se</strong>ra encore plus brutale<br />

sans une formation c<strong>ont</strong>inue qui<br />

oblige les entrepri<strong>se</strong>s <strong>à</strong> planifier <strong>se</strong>s<br />

besoins futurs avec les employés.<br />

Matteo Antonini, responsable du <strong>se</strong>cteur<br />

Logistique et membre du comité directeur


« Les collègues donnent sans rien recevoir en retour,<br />

comme par exemple une augmentation de salaire » Angelo Zanetti<br />

19<br />

L’application des mesures<br />

de formation c<strong>ont</strong>inue peut encore<br />

être améliorée.<br />

(© <strong>syndicom</strong>/Margareta Sommer)<br />

L’industrie graphique doit<br />

garantir les conditions de travail<br />

L’association patronale Viscom a résilié la CCT de l’industrie<br />

graphique, qui expire le 31 décembre prochain. Quatre journées<br />

de négociation <strong>ont</strong> été planifiées entre juin et novembre.<br />

La CCT concerne près de 450 entrepri<strong>se</strong>s<br />

qui emploient quelque 4000 salarié-e-s<br />

dans toute la Suis<strong>se</strong>. Il s’agit<br />

inc<strong>ont</strong>establement d’un instrument<br />

important pour réguler les conditions<br />

de travail dans un <strong>se</strong>cteur en mutation<br />

constante. Ces trois dernières années,<br />

de petites entrepri<strong>se</strong>s <strong>ont</strong> fusionné,<br />

alors que d’autres <strong>ont</strong> fermé ou fait<br />

faillite.<br />

C<strong>ont</strong>re tout démantèlement<br />

Toutefois, certains groupes c<strong>ont</strong>inuent<br />

<strong>à</strong> investir de fortes sommes<br />

d’argent. Voil<strong>à</strong> pourquoi nous sommes<br />

prêts <strong>à</strong> combattre bec et ongles toute<br />

nouvelle tentative de démantèlement<br />

des conditions de travail. Aussi parce<br />

que le sondage effectué par notre<br />

branche <strong>à</strong> l’automne dernier m<strong>ont</strong>re<br />

clairement que les collègues donnent<br />

(flexibilité, engagement, professionnalité,<br />

et même travail gratuit pour<br />

ceux qui travaillent 42 heures par <strong>se</strong>maine)<br />

sans rien recevoir en retour,<br />

comme par exemple une augmentation<br />

de salaire.<br />

Après des années de renchéris<strong>se</strong>ment<br />

négatif, la conjoncture s’est<br />

améliorée en 2017. Mais les salaires<br />

s<strong>ont</strong> restés identiques.<br />

Lors du renouvellement de la CCT,<br />

une attention particulière <strong>se</strong>ra aussi<br />

portée <strong>à</strong> la formation c<strong>ont</strong>inue. <strong>No</strong>tre<br />

CCT offre aujourd’hui de bonnes dispositions<br />

<strong>à</strong> ce sujet si l’on pen<strong>se</strong> aux<br />

cours Helias. Mais il reste certainement<br />

un potentiel d’amélioration, notamment<br />

dans l’application de ces<br />

mesures.<br />

Faire revenir les entrepri<strong>se</strong>s au<br />

partenariat social<br />

En outre, <strong>syndicom</strong> s’engagera aussi<br />

dans les entrepri<strong>se</strong>s qui <strong>ont</strong> décidé de<br />

renoncer au partenariat social. En<br />

f<strong>ont</strong> partie Orell-Füssli, Swissprinters,<br />

sans oublier Tamedia. Lequel détient<br />

un quasi-monopole dans le <strong>se</strong>cteur de<br />

l’impression de journaux après la fermeture<br />

de Ringier Print <strong>à</strong> Adligenswil<br />

et la repri<strong>se</strong> consécutive de <strong>se</strong>s journaux<br />

et quotidiens. Il est clair qu’en<br />

l’ab<strong>se</strong>nce de CCT, de bonnes conditions<br />

de travail ne s<strong>ont</strong> plus garanties.<br />

C’est pourquoi nous luttons aux côtés<br />

des salarié-e-s pour que ces entrepri<strong>se</strong>s<br />

reviennent sur leur décision.<br />

Dans cette situation, les salariés<br />

soumis <strong>à</strong> la CCT jouent un rôle fondamental.<br />

Car il ne suffira pas de po<strong>se</strong>r<br />

sur la table des revendications et de<br />

négocier avec une délégation compacte<br />

et combative. Il faudra aussi le<br />

soutien et la participation de tous ceux<br />

qui travaillent dans ces 450 entrepri<strong>se</strong>s.<br />

Indispensable mobilisation<br />

Participer signifie concrètement <strong>se</strong><br />

solidari<strong>se</strong>r avec les collègues de l’entrepri<strong>se</strong>,<br />

et notamment prendre le<br />

temps de discuter des résultats intermédiaires.<br />

Une newsletter est habituellement<br />

envoyée après chaque tour<br />

de négociation. Participer signifie<br />

aussi prendre part aux as<strong>se</strong>mblées et<br />

aux actions qui <strong>se</strong>r<strong>ont</strong> organisées par<br />

le groupe d’accompagnement de la<br />

CCT. En un mot, la solidarité est plus<br />

que jamais indispensable.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/aktuell


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Un exemple flagrant d’exploitation des<br />

jeunes travailleurs » Dominik Fitze<br />

Un stage avant l’apprentissage ?<br />

Les stages devraient <strong>se</strong>rvir de tremplin pour faciliter l’entrée<br />

dans le monde professionnel – après un apprentissage ou des<br />

études. Or il n’en est rien.<br />

Ces dernières années, un nouveau<br />

phénomène a vu le jour avec les stages<br />

de préapprentissage. Des jeunes s<strong>ont</strong><br />

engagés pendant une année au maximum<br />

c<strong>ont</strong>re un bas salaire pour <strong>se</strong> familiari<strong>se</strong>r<br />

soi-disant avec leur futur<br />

métier. De plus en plus d’entrepri<strong>se</strong>s<br />

exigent désormais des jeunes qu’ils<br />

accomplis<strong>se</strong>nt un stage avant de commencer<br />

un apprentissage. On constate<br />

de telles pratiques surtout dans le domaine<br />

social ou de la santé, mais aussi<br />

dans les salons de coiffure.<br />

Pas engagé au bout du compte<br />

Ces stages ne s<strong>ont</strong> pas une partie de<br />

plaisir. L’été dernier, deux stagiaires<br />

décrivaient leurs conditions de travail<br />

dans une crèche (journal work).<br />

Les deux jeunes femmes, âgées de<br />

16 ans, sans formation et rémunérées<br />

900 francs par mois, devaient accomplir<br />

le même travail que les professionnels<br />

formés – sans garantie<br />

d’obtenir ensuite une place d’apprentissage.<br />

Après six mois, il s’est avéré<br />

que <strong>se</strong>ules deux places d’apprentissage<br />

étaient disponibles pour les cinq<br />

stagiaires engagés.<br />

Stage non payé<br />

Ces stages ne s<strong>ont</strong> en rien comparables<br />

<strong>à</strong> une formation. Les deux<br />

jeunes femmes n’<strong>ont</strong> pas suivi de<br />

cours professionnels. De plus, elles<br />

n’<strong>ont</strong> pas reçu d’instructions, ni d’objectifs<br />

d’apprentissage. Après la découverte<br />

du pot aux ro<strong>se</strong>s, la commission<br />

de la jeunes<strong>se</strong> Unia a lancé une<br />

campagne c<strong>ont</strong>re les stages de préapprentissage.<br />

En novembre dernier, un<br />

salon de coiffure s’est même vu décerner<br />

le prix A.S.I. Award (« Apprentice<br />

Simply Ignored » Award). Cet établis<strong>se</strong>ment<br />

exigeait de tous les futurs apprentis<br />

qu’ils accomplis<strong>se</strong>nt un stage<br />

non payé sans perspective de place<br />

d’apprentissage. Pire encore : les<br />

jeunes qui obtenaient une place d’apprentissage<br />

dans une autre entrepri<strong>se</strong><br />

devaient ver<strong>se</strong>r 1500 francs au salon<br />

de coiffure pour la formation prétendument<br />

acqui<strong>se</strong>. C’est un exemple<br />

flagrant d’exploitation des jeunes travailleurs.<br />

Qu’en est-il dans les branches de<br />

<strong>syndicom</strong> ? Les stages de préapprentissage<br />

n’y s<strong>ont</strong> pas encore monnaie<br />

courante. Pour empêcher la propagation<br />

de ces conditions d’exploitation<br />

asociales, <strong>syndicom</strong> s’engage dans <strong>se</strong>s<br />

branches aux côtés du GI Jeunes<strong>se</strong>,<br />

qui défend les intérêts de toutes les<br />

personnes de moins de 31 ans chez<br />

<strong>syndicom</strong>. (Dominik Fitze)<br />

Pour 900 francs, faire le travail d’une éducatrice sans garantie de place d’apprentissage (© fotolia)<br />

bit.ly/2rhtiPf<br />

S’approprier la<br />

formation<br />

Lorsqu’on a la chance d’exercer une<br />

activité professionnelle qui n’est pas<br />

dictée de l’extérieur, mais constitue<br />

un métier pleinement choisi, le travail<br />

revêt une tout autre importance. On ne<br />

<strong>se</strong> c<strong>ont</strong>ente pas alors d’accomplir une<br />

tâche, mais on met <strong>se</strong>s compétences <strong>à</strong><br />

disposition c<strong>ont</strong>re un salaire. C’est<br />

une différence fondamentale.<br />

Depuis la création de la Fédération<br />

suis<strong>se</strong> des typographes en 1858, la<br />

formation initiale de l’industrie graphique<br />

est négociée entre les employeurs<br />

et les travailleurs et mi<strong>se</strong> en<br />

œuvre en partenariat. Cela signifie<br />

que les professionnels de la branche<br />

participent aux décisions relatives au<br />

c<strong>ont</strong>enu de leur formation professionnelle,<br />

par exemple en tant que technologue<br />

en impression ou interactive<br />

media designer. Par conséquent, les<br />

possibilités et les limites de notre métier<br />

ne nous s<strong>ont</strong> pas simplement imposées,<br />

nous c<strong>ont</strong>ribuons <strong>à</strong> en définir<br />

les c<strong>ont</strong>ours. <strong>No</strong>us modelons ainsi le<br />

monde du travail de demain via la formation.<br />

Les entrepri<strong>se</strong>s en tirent aussi des<br />

avantages. Car même si elles perdent<br />

du pouvoir <strong>à</strong> première vue, elles<br />

gagnent en revanche des professionnels<br />

qualifiés qui élargis<strong>se</strong>nt euxmêmes<br />

leur domaine professionnel et<br />

peuvent ainsi l’approfondir en c<strong>ont</strong>inu.<br />

Michael Mo<strong>se</strong>r, Secrétaire central <strong>se</strong>cteur Médias<br />

pbs-opf.ch


En tout, quelque 250 employés <strong>ont</strong> pu également exprimer<br />

leurs vœux sur le développement futur de la CCT Swisscom<br />

21<br />

Quand l’expérience<br />

permet d’accéder au<br />

CFC<br />

Si vous êtes établi en Suis<strong>se</strong> et travaillez<br />

depuis de nombreu<strong>se</strong>s années sans<br />

diplôme dans une entrepri<strong>se</strong>, vous<br />

souhaitez peut-être obtenir un certificat<br />

professionnel. La procédure de<br />

qualification <strong>se</strong>lon l’art. 32 OFPr le<br />

permet. Elle est destinée <strong>à</strong> tous les<br />

adultes qui, en raison de leur situation<br />

familiale ou de leur âge, ne peuvent<br />

plus forcément suivre un apprentissage<br />

mais désirent néanmoins achever<br />

une formation avec un certificat<br />

fédéral de capacité (CFC) <strong>à</strong> la clé.<br />

Par exemple, si vous avez au moins<br />

cinq ans d’expérience professionnelle,<br />

d’ici <strong>à</strong> l’examen, dans une entrepri<strong>se</strong><br />

telle que La Poste, d<strong>ont</strong> trois ans<br />

dans le domaine logistique, vous pouvez<br />

obtenir en deux ans le diplôme de<br />

logisticien/logisticienne CFC distribution.<br />

Vous pouvez faire valoir dans<br />

le calcul de votre pratique professionnelle<br />

toutes les activités professionnelles<br />

que vous avez exercées dans le<br />

domaine logistique, ainsi que les formations<br />

initiales. L’admission <strong>à</strong> la<br />

procédure de qualification est du ressort<br />

de l’office cantonal de la formation<br />

professionnelle de votre canton<br />

de domicile. Diver<strong>se</strong>s écoles professionnelles<br />

propo<strong>se</strong>nt de telles formations.<br />

C’est une chance <strong>à</strong> saisir ! N’hésitez<br />

pas <strong>à</strong> en parler <strong>à</strong> votre employeur !<br />

<strong>No</strong>us vous offrons vol<strong>ont</strong>iers aussi<br />

notre soutien et nos con<strong>se</strong>ils. Vous<br />

trouverez des informations détaillées<br />

sur le site https://bit.ly/2FhMCQF<br />

Patrizia Mordini, responsable Égalité<br />

et membre du comité directeur<br />

250 employés <strong>ont</strong> apprécié les<br />

nouveautés de la CCT Swisscom<br />

Pour la première fois, <strong>syndicom</strong> a organisé des « info-lunchs »<br />

pour pré<strong>se</strong>nter et préci<strong>se</strong>r, durant des renc<strong>ont</strong>res prévues<br />

pendant tout un mois, les dispositions du nouveau c<strong>ont</strong>rat<br />

collectif de travail entrant en vigueur le 1 er juillet 2018.<br />

Parmi celles-ci, le <strong>droit</strong> <strong>à</strong> cinq jours de formation par année.<br />

Ce 3 avril <strong>à</strong> Liebefeld près de Berne,<br />

19 personnes assistaient <strong>à</strong> la dernière<br />

des quelque 30 séances organisées,<br />

sous la forme d’un « info-lunch » de<br />

Berne <strong>à</strong> Bâle, Bellinzone, Lausanne,<br />

Bienne, Fribourg, Lucerne, Thoune,<br />

Coire, Genève, Zurich ou Sion, pour<br />

pré<strong>se</strong>nter les nouveautés de la CCT<br />

Swisscom qui entrera en vigueur le<br />

1 er juillet prochain. En tout, quelque<br />

250 employés <strong>ont</strong> pu également exprimer<br />

leurs vœux sur le développement<br />

futur de la CCT en faisant des propositions<br />

et en appuyant celles qui leur<br />

<strong>se</strong>mblaient les plus pertinentes.<br />

Tout n’est cependant pas encore<br />

réglé. Le nouveau <strong>droit</strong> de tout travailleur<br />

<strong>à</strong> cinq jours de formation c<strong>ont</strong>inue<br />

par année ne pourra être invoqué<br />

qu’<strong>à</strong> partir de janvier 2019. Jusqu’<strong>à</strong><br />

cette date, il conviendra encore de<br />

définir plus étroitement le critère de<br />

l’employabilité donnant <strong>droit</strong> <strong>à</strong> ces<br />

formations. Il en dépendra le type de<br />

formations justifiant ces cinq jours,<br />

un avantage d<strong>ont</strong> les apprentis ne bénéficient<br />

pas. Cette disposition est<br />

progressiste, puisqu’aucune autre<br />

CCT en Suis<strong>se</strong> ne prévoit un tel <strong>droit</strong>.<br />

Le <strong>droit</strong> aux vacances augmente de<br />

manière échelonnée depuis 35 ans.<br />

En outre la CCT prévoit le <strong>droit</strong> de ne<br />

pas être atteint durant son temps<br />

libre. Le congé maternité pas<strong>se</strong> de 17<br />

<strong>à</strong> 18 <strong>se</strong>maines et les pères aur<strong>ont</strong> <strong>droit</strong><br />

<strong>à</strong> trois <strong>se</strong>maines de congé au lieu de<br />

deux. La CCT prévoit en outre une<br />

meilleure protection c<strong>ont</strong>re le licenciement<br />

des repré<strong>se</strong>ntants du personnel<br />

et des syndicats.<br />

Georg apprécie « le c<strong>ont</strong>act direct<br />

avec le syndicat » que ces renc<strong>ont</strong>res<br />

permettent. Il regrette que le <strong>droit</strong> <strong>à</strong> la<br />

formation c<strong>ont</strong>inue soit plutôt destiné<br />

aux jeunes : « On ne nous sollicite plus,<br />

alors que nous en aurions tout autant,<br />

si ce n’est plus besoin. » Marianne estime<br />

nécessaire de prévoir une protection<br />

c<strong>ont</strong>re le licenciement des travailleurs<br />

les plus âgés dans une future<br />

CCT, « car étant les plus chers, ils s<strong>ont</strong><br />

visés en premier lieu ». Elle compte sur<br />

une meilleure réglementation du<br />

Home Office d’entente entre les partenaires<br />

sociaux pour mettre fin aux<br />

« inégalités de traitement » dans ce domaine.<br />

Daniel regrette quant <strong>à</strong> lui le<br />

flou entourant encore le <strong>droit</strong> <strong>à</strong> la formation<br />

c<strong>ont</strong>inue, d<strong>ont</strong> il ignore s’il<br />

peut concerner aussi une reconversion<br />

professionnelle. (Sylvie Fischer)<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/branches/telecom/swisscom/<br />

Les employés <strong>ont</strong> pu formuler des idées pour la prochaine CCT sur un tableau noir. (© Alexander Egger)


22 Politique<br />

Quelle formation <strong>à</strong> l’ère<br />

du numérique ?<br />

Les cho<strong>se</strong>s v<strong>ont</strong> vite. Même<br />

trop vite. Particulièrement<br />

dans le monde du travail.<br />

Le système pédagogique, de<br />

l’école <strong>à</strong> la formation c<strong>ont</strong>inue,<br />

doit s’adapter rapidement,<br />

au risque de « griller »<br />

des générations de travailleurs<br />

actuels et futurs. Mais<br />

quelles s<strong>ont</strong> les compétences<br />

et les outils <strong>à</strong> acquérir de nos<br />

jours ?<br />

Quel est le rôle des syndicats<br />

en cette transition ?<br />

Texte : Marc Rezzonico<br />

Photo : Johan Mouchet/unsplash<br />

Il y a deux façons de répondre <strong>à</strong> ces<br />

questions : lire les innombrables<br />

études, statistiques et articles dédiés<br />

<strong>à</strong> la formation <strong>à</strong> l’ère du numérique<br />

; ou alors, comme Platon dans<br />

son allégorie de la caverne, profiter<br />

d’une source de lumière pour voir<br />

les ombres qui <strong>se</strong> dessinent c<strong>ont</strong>re<br />

les murs et déduire peu <strong>à</strong> peu ce qui<br />

<strong>se</strong> pas<strong>se</strong>. <strong>No</strong>us choisissons la<br />

deuxième possibilité, et la lumière<br />

nous allons l’allumer avec… vos CV !<br />

Le paradigme du CV<br />

Formation, monde du travail, technologie<br />

et numérisation suivent des<br />

chemins parallèles. Mais leurs chemins<br />

<strong>se</strong> croi<strong>se</strong>nt quand même <strong>à</strong> un<br />

en<strong>droit</strong> bien précis, et même régulièrement<br />

: dans les bureaux des recruteurs.<br />

Le dossier numérique<br />

évalué par les<br />

algorithmes va<br />

remplacer le CV<br />

Mais alors, qui mieux que les recruteurs<br />

peut expliquer ce qu’exige le<br />

monde professionnel, quels doivent<br />

être les objectifs de la formation, les<br />

technologies et les compétences-clés<br />

nécessaires ?<br />

Au cœur du travail des recruteurs <strong>se</strong><br />

trouve le curriculum vitae, le CV.<br />

« Les CV s<strong>ont</strong> terribles – expliquait<br />

Laszlo Bock, ancien responsable des<br />

RH chez Google – ils ne saisis<strong>se</strong>nt<br />

pas toute la personne. Au mieux, ils<br />

di<strong>se</strong>nt ce que quelqu’un a fait dans


Évaluations de personnalité et logiciels identifiant les compétences s<strong>ont</strong> mis en œuvre par<br />

les employeurs, et le CV cède du terrain face au dossier numérique. Bientôt, le travail trouvera<br />

le demandeur d’emploi sans intermédiaires humains. La formation doit revalori<strong>se</strong>r tout type<br />

d’intelligence pour rendre les individus égaux face aux mutations qu’ils devr<strong>ont</strong> affr<strong>ont</strong>er.<br />

23<br />

le passé mais pas ce qu’il est capable<br />

de faire maintenant et surtout<br />

dans le futur. Le CV ne dit pratiquement<br />

rien non plus sur la personnalité<br />

d’un candidat, son caractère, sa<br />

capacité <strong>à</strong> persuader et <strong>à</strong> communiquer<br />

et <strong>se</strong>s compétences générales. »<br />

Les entrepri<strong>se</strong>s cherchent alors<br />

d’autres moyens pour recruter. Certaines<br />

<strong>ont</strong> commencé <strong>à</strong> introduire<br />

des évaluations de personnalité<br />

dans le processus d’embauche.<br />

D’autres <strong>à</strong> développer des logiciels<br />

de plus en plus sophistiqués pour<br />

identifier les compétences recherchées.<br />

<strong>Tous</strong> ces processus comportent<br />

des risques d’atteinte <strong>à</strong> la<br />

personnalité d<strong>ont</strong> les défen<strong>se</strong>urs<br />

des travailleurs doivent être<br />

conscients (voir p. ex. Schwaab, Jean<br />

Christophe, La licéité de l’évaluation<br />

et du « forced ranking » en <strong>droit</strong><br />

suis<strong>se</strong> du travail, 2017). Unilever a<br />

carrément cessé de demander des<br />

CV aux étudiants, pour mi<strong>se</strong>r sur<br />

une combinaison d’évaluations de<br />

type jeu, entrevues vidéo, exercices<br />

de résolution de problèmes. Ici <strong>se</strong><br />

termine la brillante carrière du CV<br />

comme nous le connaissons.<br />

À sa place <strong>se</strong> profile un dossier<br />

numérique. Les algorithmes analy<strong>se</strong>r<strong>ont</strong><br />

celui-ci et les médias sociaux<br />

pour « matcher » les emplois avec les<br />

profils utilisateur, et inviter<strong>ont</strong> les<br />

membres <strong>à</strong> postuler. On peut dire<br />

que dans un avenir proche, c’est le<br />

travail qui trouvera le demandeur<br />

d’emploi.<br />

En résumant, on assiste <strong>à</strong> deux<br />

phénomènes : l’intérêt des recruteurs<br />

s’est déplacé du passé du candidat<br />

<strong>à</strong> son potentiel pour le futur et<br />

ce n’est plus le demandeur d’emploi<br />

qui cherchera l’opportunité d’embauche,<br />

mais l’inver<strong>se</strong>.<br />

Les recruteurs dirigent le trafic,<br />

les syndicats accompagnent les<br />

travailleurs<br />

Ob<strong>se</strong>rvons maintenant ces quelques<br />

faits actuels :<br />

– De nos jours, cinq années peuvent<br />

suffire pour qu’un embryon technologique,<br />

un nouveau métier ou<br />

une théorie économique deviennent<br />

des réalités quotidiennes.<br />

On pen<strong>se</strong> par exemple<br />

aux crypto-monnaies, <strong>à</strong> l’économie<br />

des plateformes ou <strong>à</strong> des métiers<br />

comme le « Big Data Architect<br />

» et le « profes<strong>se</strong>ur de Zumba »<br />

(dans son clas<strong>se</strong>ment de 2014 des<br />

métiers qui n’existaient pas et qui<br />

<strong>se</strong> s<strong>ont</strong> les plus répandus ces cinq<br />

dernières années, LinkedIn liste le<br />

profes<strong>se</strong>ur de Zumba <strong>à</strong> la 3e<br />

place !)<br />

– En 2016, en Suis<strong>se</strong>, presque le<br />

80 % des 25 <strong>à</strong> 34 ans <strong>ont</strong> suivi une<br />

formation c<strong>ont</strong>inue dans les<br />

douze derniers mois. Ce chiffre <strong>se</strong><br />

fixe <strong>à</strong> 69 % pour les 35-54 ans et <strong>à</strong><br />

57 % pour 55-64 ans (OFS).<br />

– Selon le dernier rapport Deloitte,<br />

la durée de vie d’une compétence<br />

professionnelle est passée de<br />

30 ans dans les années 1980, <strong>à</strong><br />

<strong>se</strong>ulement cinq ans en 2015.<br />

– La reconversion professionnelle<br />

questionne environ 30 % des actifs<br />

de tout âge, mais… 42 % des<br />

moins de 30 ans ! (AFPA France).<br />

– Parmi les formations professionnelles,<br />

en Suis<strong>se</strong>, a fait par<br />

exemple son apparition celle<br />

d’ installateur solaire. Il est qualifié<br />

pour coordonner et réali<strong>se</strong>r la<br />

planification du projet, l’installation,<br />

la mi<strong>se</strong> en <strong>se</strong>rvice et la maintenance<br />

dans les domaines de<br />

l’énergie photovoltaïque, ainsi que<br />

solaires thermiques et pompes <strong>à</strong><br />

chaleur.<br />

– Le crowdwork (travail réalisé via<br />

une plateforme numérique)<br />

concerne d’une manière ou d’une<br />

autre déj<strong>à</strong> plus d’un million de<br />

personnes en Suis<strong>se</strong> (Étude<br />

conjointe de l’Université du Hertfordshireet<br />

d’ Ipsos MORI, en coopération<br />

avec la Foundation for<br />

European Progressive Studies,<br />

UNI Europa et <strong>syndicom</strong>).<br />

Comme on peut le voir, le trafic<br />

dans le monde du travail et de la formation<br />

s’est intensifié et complexifié<br />

comme jamais auparavant. Les<br />

recruteurs le dirigent, en <strong>se</strong> <strong>se</strong>rvant<br />

de plus en plus d’outils numériques.<br />

Jusqu’au jour où « le travail trouvera<br />

le demandeur d’emploi » sans intermédiaires<br />

humains. Apparaît alors<br />

le rôle que doivent jouer les syndicats.<br />

Quand des jeunes pen<strong>se</strong>nt <strong>à</strong> la<br />

reconversion professionnelle peu<br />

d’années après avoir terminé leur<br />

formation, c’est souvent parce que<br />

leur métier va bientôt disparaître.<br />

Les syndicats<br />

doivent prôner un<br />

effort conséquent<br />

dans la formation<br />

Quand la majorité des travailleurs<br />

suivent des formations c<strong>ont</strong>inues,<br />

c’est que l’obsolescence des compétences<br />

inquiète. Quand un installateur<br />

exerce cinq métiers <strong>à</strong> la fois, il<br />

remplace cinq personnes. Quand<br />

des plateformes numériques s<strong>ont</strong> la<br />

<strong>se</strong>ule source de revenus pour certains,<br />

le « temps de travail » et<br />

d’autres paragraphes es<strong>se</strong>ntiels du<br />

c<strong>ont</strong>rat de travail finis<strong>se</strong>nt souvent<br />

aux oubliettes.<br />

Les syndicats doivent assurer<br />

une pré<strong>se</strong>nce humaine et avisée <strong>à</strong><br />

côté des travailleurs dans ce genre<br />

de situation. Mais surtout prôner un<br />

effort conséquent dans la formation<br />

de la part de l’État et des entrepri<strong>se</strong>s.<br />

Quelle formation alors <strong>à</strong> l’ère du<br />

numérique ?<br />

Revenons <strong>à</strong> nos recruteurs ! Des<br />

bonnes compétences techniques et<br />

la maîtri<strong>se</strong> d’une langue étrangère<br />

ne s<strong>ont</strong> plus suffisantes. Les recruteurs<br />

s<strong>ont</strong> de plus en plus attentifs<br />

aux « savoir-être » indispensables<br />

pour naviguer dans le monde professionnel.<br />

Aussi appelées compétences<br />

transversales, elles s<strong>ont</strong> par<br />

exemple le leadership, les compétences<br />

de communication, la capacité<br />

<strong>à</strong> conduire un projet et travailler<br />

en équipe, le raisonnement numérique,<br />

l’esprit critique, la négociation,<br />

la recherche d’informations et,<br />

la plus délicate, la créativité. Ces<br />

compétences s’acquièrent dès le<br />

plus jeune âge et s<strong>ont</strong> évolutives.<br />

Elles permettent d’apprendre, d’interagir<br />

harmonieu<strong>se</strong>ment et de<br />

s’adapter aux différentes situations<br />

de la vie. Dans le système scolaire<br />

suis<strong>se</strong>, elles s<strong>ont</strong> pratiquées <strong>se</strong>ulement<br />

très sporadiquement.<br />

<strong>No</strong>us tenons notre répon<strong>se</strong> en tout<br />

cas. La formation <strong>à</strong> l’ère du numérique<br />

est une formation qui doit (re)<br />

valori<strong>se</strong>r tout type d’intelligence<br />

pour rendre tous les individus égaux<br />

dans la capacité de s’adapter et de<br />

construire de nouveaux parcours<br />

professionnels afin de mieux faire<br />

face aux mutations <strong>à</strong> venir. Autrement<br />

dit, c’est une formation où les<br />

<strong>se</strong>ules notes en maths, en français<br />

ou en allemand ne doivent plus porter<br />

atteinte aux chances professionnelles<br />

futures d’un individu.<br />

twitter.com/pitch2kids?lang=fr


24<br />

La technologie permet aujourd’hui aux enfants d’accéder au savoir,<br />

partout et tout le temps. De nombreux entrepreneurs planchent sur<br />

les méthodes pédagogiques de demain.<br />

E-learning,<br />

MOOCS et<br />

<strong>se</strong>rious games<br />

Petite revue des perspectives<br />

pédagogiques numériques.<br />

On connaît bien l’expression<br />

« e-learning », qui désigne simplement<br />

la possibilité d’effectuer une<br />

formation en ligne, sur internet, en<br />

<strong>se</strong> connectant <strong>à</strong> une plateforme accessible<br />

7 jours sur 7, 24 heures sur<br />

24. Elle est l’arbre qui cache la forêt.<br />

Le type d’e-learning le plus connus<br />

ce s<strong>ont</strong> les MOOCS (massive open<br />

online cour<strong>se</strong>), des formations <strong>à</strong> distance<br />

capable d’accueillir un grand<br />

nombre de participants. Elles s<strong>ont</strong><br />

souvent mi<strong>se</strong>s en place par des universités<br />

ou autres écoles supérieures.<br />

Les MOOCS, très standardisées,<br />

<strong>ont</strong> ouvert la voie <strong>à</strong> l’« adaptive<br />

learning », c’est-<strong>à</strong>-dire la personnalisation<br />

de l’apprentissage, <strong>se</strong>lon le<br />

rythme d’apprentissage, les difficultés<br />

et les préférences de l’élève.<br />

Dans les formations pour les élèves<br />

ou individus qui préfèrent, ou<br />

doivent, apprendre de façon autonome<br />

et c<strong>ont</strong>inue, on trouve les <strong>se</strong>rious<br />

games (activité pédagogique,<br />

informative, communicationnelle,<br />

marketing sous forme de jeux) , des<br />

projets comme le soutien scolaire<br />

par chat (ex : Profenpoche) ; un<br />

con<strong>se</strong>iller d’orientation <strong>à</strong> disposition<br />

pour des con<strong>se</strong>ils sur les apprentissages<br />

pertinents (ex : Hello<br />

Charly) ; des livres d’actualité<br />

condensés en 20 minutes (ex : Koober)<br />

; un Uber de l’en<strong>se</strong>ignement,<br />

qui envoie un profes<strong>se</strong>ur <strong>à</strong> domicile<br />

en quelque minutes (ex : SmartPap) ;<br />

l’éducation par le jeu (Pistache) et<br />

des tutoriels sur-mesure et anonymes<br />

(Studypool).<br />

On le voit, les élèves ne s<strong>ont</strong><br />

pas sous la c<strong>ont</strong>rainte d’horaires<br />

fixes, et les profs s<strong>ont</strong> transformés<br />

en coach ou en pré<strong>se</strong>nces accessibles<br />

en ligne.<br />

Créative, connectée, participative,<br />

l’école de demain <strong>se</strong> pas<strong>se</strong>ra<br />

donc de pupitres et de tableaux<br />

noirs pour adapter l’apprentissage <strong>à</strong><br />

l’élève – et non l’inver<strong>se</strong>.<br />

(Marc Rezzonico)<br />

.42.fr/<br />

Annonce<br />

Une foule d’activités<br />

vous attend sur loisirs.ch !<br />

Plus de 15’000 activités de loisirs pour<br />

s’éclater, des idées week-end et toutes<br />

les nouveautés de votre région en ligne.<br />

Des promos <strong>à</strong> télécharger toute l’année<br />

Un <strong>magazine</strong> <strong>se</strong>mestriel (été et hiver)<br />

Un guide thématique annuel<br />

Une newsletter mensuelle<br />

EN KIOSQUE EN MAI


Droit au but !<br />

25<br />

Questions au <strong>se</strong>rvice juridique de <strong>syndicom</strong><br />

Je travaille dans la même fonction depuis de nombreu<strong>se</strong>s<br />

années pour mon employeur. Après l’achèvement de ma<br />

formation initiale, je n’ai plus accompli aucune formation.<br />

Je crains aujourd’hui qu’elle ne soit plus suffisante par<br />

rapport <strong>à</strong> celle de mes collègues plus jeunes et qu’on me<br />

licencie pour cette raison. Je souhaiterais donc me<br />

perfectionner. Mon employeur doit-il m’accorder un tel<br />

perfectionnement ?<br />

J’ai trouvé une formation adaptée <strong>à</strong> mon développement<br />

professionnel que j’aimerais pouvoir suivre. Je n’ai toutefois<br />

pas les moyens de la financer moi-même ni de l’accomplir<br />

exclusivement en-dehors de mes heures de travail. Mon<br />

employeur est disposé <strong>à</strong> participer aux coûts. Quelles s<strong>ont</strong><br />

les règles <strong>à</strong> cet égard ?<br />

Certains modules de formation <strong>ont</strong> lieu en <strong>se</strong>maine pendant<br />

la journée et la formation exige d’investir beaucoup de<br />

temps d’étude personnelle. Mon employeur est-il tenu de<br />

me donner congé pour suivre les cours ou de m’accorder<br />

du temps de travail pour étudier ? En fin de compte, il<br />

profite aussi des connaissances acqui<strong>se</strong>s <strong>à</strong> travers la<br />

formation.<br />

Répon<strong>se</strong>s<br />

Le développement professionnel doit<br />

être reconnu comme un devoir de<br />

diligence de l’employeur et être<br />

protégé. Le <strong>droit</strong> au perfectionnement<br />

dépend du c<strong>ont</strong>rat ou de<br />

l’application d’une convention<br />

collective de travail, car la jurisprudence<br />

ne reconnaît pas un <strong>droit</strong><br />

général au perfectionnement. De<br />

même, la loi fédérale sur la formation<br />

c<strong>ont</strong>inue est axée sur la responsabilité<br />

individuelle et renonce <strong>à</strong> ancrer<br />

un tel <strong>droit</strong> dans la législation. Elle<br />

préci<strong>se</strong> toutefois que les employeurs<br />

doivent « favori<strong>se</strong>r la formation<br />

c<strong>ont</strong>inue de leurs collaborateurs ».<br />

Seules les formations ordonnées par<br />

l’entrepri<strong>se</strong> doivent être pri<strong>se</strong>s en<br />

charge par l’employeur. En pratique,<br />

les employeurs c<strong>ont</strong>ribuent souvent<br />

aux frais de formation, mais prévoient<br />

certaines c<strong>ont</strong>raintes. Un<br />

accord doit fixer le m<strong>ont</strong>ant et le<br />

délai durant lequel l’employé-e est<br />

tenu de rembour<strong>se</strong>r la formation en<br />

cas de résiliation. Je te recommande<br />

de fixer par écrit toutes les conditions<br />

de l’accord, y compris celles qui<br />

s’appliquent en cas de résiliation des<br />

rapports de travail par l’employeur.<br />

<strong>No</strong>n, ici encore, <strong>se</strong>ules les formations<br />

ordonnées par l’employeur doivent<br />

être comptées comme temps de<br />

travail rémunéré. Si ton employeur<br />

est disposé <strong>à</strong> t’accorder du temps de<br />

travail pour suivre les cours ou<br />

étudier, cela doit être aussi stipulé<br />

par écrit dans l’accord. A noter que<br />

l’octroi de temps de travail rétribué<br />

peut également être lié <strong>à</strong> l’obligation<br />

de rembour<strong>se</strong>ment en cas de résiliation.<br />

Dès que tu dispo<strong>se</strong>ras de<br />

l’accord de formation, c<strong>ont</strong>acte-nous.<br />

<strong>No</strong>us te con<strong>se</strong>illerons vol<strong>ont</strong>iers si tu<br />

as encore des questions.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/<strong>se</strong>rvice-des-membres/<br />

<strong>magazine</strong>/


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

© Eve Lagger<br />

Le Centenaire de la grève<br />

générale au théâtre<br />

Du jeudi 16 août 2018 au dimanche<br />

23 <strong>se</strong>ptembre, les anciens ateliers<br />

CFF situés au nord de la gare<br />

d’Olten <strong>se</strong>rvir<strong>ont</strong> de cadre <strong>à</strong> l’événement<br />

théâtral « 1918.ch – Centenaire<br />

de la grève générale ». Une vingtaine<br />

de troupes de théâtre de toutes les<br />

régions du pays <strong>ont</strong> élaboré leurs<br />

propres conceptions scéniques dans<br />

les quatre langues nationales.<br />

Chaque soir, deux scènes de deux<br />

cantons différents <strong>se</strong>r<strong>ont</strong> intégrées<br />

aux productions et donner<strong>ont</strong> ainsi<br />

une couleur différente <strong>à</strong> chacune<br />

des 24 repré<strong>se</strong>ntations. Ces c<strong>ont</strong>ributions<br />

renforcer<strong>ont</strong> le corps de la<br />

pièce jouée, sous la mi<strong>se</strong> en scène<br />

de Liliana Heimberg, par des actrices<br />

et acteurs amateurs.<br />

Le projet a fait appel <strong>à</strong> des historiens<br />

et des spécialistes pour retracer<br />

les événements de 1918, année<br />

qui vit 250 000 travailleurs ces<strong>se</strong>r<br />

leur activité lors de la <strong>se</strong>ule et<br />

unique grève générale de l’histoire<br />

de la Suis<strong>se</strong>. Ces quatre jours de novembre<br />

1918 <strong>ont</strong> généré des avancées<br />

sociales significatives. Le mouvement<br />

des travailleurs repré<strong>se</strong>nté<br />

par le Comité d’Olten avait parmi<br />

<strong>se</strong>s revendications l’introduction de<br />

l’AVS et du <strong>droit</strong> de vote des<br />

femmes, qui, <strong>à</strong> la suite de l’importance<br />

croissante des mouvements<br />

de travailleurs, furent peu <strong>à</strong> peu gagnés<br />

par la voie démocratique. Le<br />

projet vi<strong>se</strong> <strong>à</strong> m<strong>ont</strong>rer qu’il n’est pas<br />

une région de Suis<strong>se</strong> qui n’ait été<br />

touchée par la grève générale. Ainsi,<br />

des histoires locales <strong>ont</strong> été scénarisées<br />

<strong>à</strong> l’aide des historiens grâce <strong>à</strong><br />

l’étude de fonds régionaux pour<br />

compléter cet éclairage. On peut<br />

d’ores et déj<strong>à</strong> commander <strong>se</strong>s billets<br />

sous le lien indiqué ci-dessous.<br />

Mieux gérer les conflits<br />

© La Poste<br />

Les altercations avec des passagers<br />

ne s<strong>ont</strong> plus rares et les chauffeurs<br />

de cars s<strong>ont</strong> parfois confr<strong>ont</strong>és <strong>à</strong> des<br />

comportements agressifs. Il est possible<br />

d’apprendre <strong>à</strong> déceler rapidement<br />

de telles situations qui engendrent<br />

crainte, insécurité et<br />

frustration. Le cours movendo prévu<br />

du 29 au 30.10 <strong>à</strong> Chexbres dispen<strong>se</strong>ra,<br />

sous la direction de la formatrice<br />

d’adultes et médiatrice Dominique<br />

Barras, une analy<strong>se</strong> de ce que s<strong>ont</strong><br />

les atteintes agressives afin de pouvoir<br />

les reconnaître, des attitudes<br />

adéquates pour y répondre et des<br />

stratégies permettant une issue favorable.<br />

Cette formation c<strong>ont</strong>inue<br />

OACP pour les chauffeurs professionnels<br />

est gratuite pour les<br />

membres <strong>syndicom</strong> et coûte 820 fr.<br />

pour les autres.<br />

Plus généralement, un cours movendo<br />

de gestion de conflits permettant<br />

la clarification des enjeux, la reconnaissance<br />

des implications et<br />

responsabilités et des stratégies<br />

pour une issue favorable est proposé<br />

du 21.6 au 22.6 <strong>à</strong> Morges, sous la direction<br />

de Samuel Perriard (gratuit<br />

pour les membres <strong>syndicom</strong>, 820 fr.<br />

pour les autres). Il permet de déceler<br />

les opportunités de dialogue et<br />

changements que les conflits<br />

peuvent offrir. On y apprend notamment<br />

<strong>à</strong> s’affirmer sans bles<strong>se</strong>r<br />

l’autre et <strong>à</strong> <strong>se</strong> mettre d’accord sur<br />

une solution.<br />

Enfin, pour le personnel de Car-<br />

Postal, rappelons le cours movendo<br />

destiné aux membres des commissions<br />

du personnel et portant sur le<br />

<strong>droit</strong> de participation et les dispositions<br />

de la loi sur la durée du travail<br />

(LDT), ainsi qu’<strong>à</strong> leurs mi<strong>se</strong>s en<br />

œuvre pratiques, donné par Sébastien<br />

Bourquin, <strong>se</strong>crétaire spécialisé<br />

du projet « appui des repré<strong>se</strong>ntants<br />

du personnel », et Sheila Winkler<br />

(resp. CCT CarPostal) du 11 au<br />

12.10, Schloss Münchenwiler.<br />

Résistance en affiches<br />

© DR<br />

Protestation ! Résister en affiche :<br />

sous ce titre, le Mu<strong>se</strong>um für Gestaltung<br />

de Zurich, plus grand musée<br />

suis<strong>se</strong> de design et de communication<br />

visuelle, réunit des affiches qui<br />

<strong>se</strong> s<strong>ont</strong> imposées comme support<br />

efficace de lutte politique. Un demi-siècle<br />

après mai 1968, étincelle<br />

d’une révolte qui vit fleurir de multiples<br />

créations originales en la matière,<br />

cette exposition réunit 300 affiches<br />

de c<strong>ont</strong>estation issues du<br />

monde entier.<br />

De l’appel émouvant « plus jamais<br />

la guerre » lancé par l’artiste allemande<br />

Käthe Kollwitz (1867-1945)<br />

investie dans les milieux artistiques<br />

de gauche aux manifestes c<strong>ont</strong>emporains,<br />

l’exposition propo<strong>se</strong> aussi<br />

des exemples des messages légendaires<br />

de l’atelier populaire <strong>à</strong> Paris.<br />

À la faveur de l’occupation de<br />

l’École des Beaux-arts, en 1968, une<br />

floraison d’affiches imaginatives,<br />

telle celle avec le fameux poing levé,<br />

y vit le jour.<br />

Les projets m<strong>ont</strong>rés mettent <strong>à</strong><br />

mal les gouvernants, fustigent les<br />

injustices ou donnent un visage <strong>à</strong><br />

diver<strong>se</strong>s utopies. Accompagnée de<br />

chants de lutte, de vidéos ou<br />

d’images provenant de l’espace<br />

virtuel, l’exposition dure jusqu’au<br />

2 <strong>se</strong>ptembre.<br />

Cette exposition <strong>se</strong> veut un appel<br />

<strong>à</strong> la résistance aujourd’hui également<br />

et propo<strong>se</strong> d’adres<strong>se</strong>r des<br />

images d’affiches de luttes actuelles<br />

dans l’espace public, d<strong>ont</strong> un choix<br />

<strong>se</strong>ra exposé (<strong>à</strong> envoyer <strong>à</strong> welcomemu<strong>se</strong>um-gestaltung.ch).<br />

1918.ch<br />

movendo.ch<br />

mu<strong>se</strong>um-gestaltung.ch/fr/ausstellung/<br />

protest


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

27


28 Évènements 1er mai 2018<br />

Sous le slogan « Égalité salariale. Point final », les syndicats s<strong>ont</strong> descendus dans<br />

la rue pour exiger le respect du principe constitutionnel établi depuis 37 ans.<br />

Aujourd’hui encore, les femmes gagnent en moyenne 20 % de moins !<br />

1<br />

2<br />

3<br />

5<br />

4


1,10 L’égalité salariale exigée <strong>à</strong> Zurich par 13 000 participants. Maintenant ! (© Christian Capacoel)<br />

2 Toujours <strong>à</strong> Zurich, les libraires <strong>ont</strong> manifesté pour exiger plus de personnel dans les librairies (© Christian Capacoel)<br />

3, 5, 7 À Lausanne, les femmes <strong>ont</strong> annoncé une nouvelle grève pour 2019 si rien ne change (© Sylvie Fischer)<br />

4 À Berne, le Grand Con<strong>se</strong>il a refusé d’introduire un nouveau jour férié cantonal (© Susanne Oehler)<br />

6, 9 À Bâle, quelque 2500 manifestants <strong>ont</strong> réclamé l’égalité salariale et <strong>se</strong> s<strong>ont</strong> aussi solidarisés avec les sans-papiers (© Franti<strong>se</strong>k Matous)<br />

8 À Locarno, ce ne s<strong>ont</strong> pas les délégués, mais les travailleurs qui <strong>ont</strong> eu la parole. (© Giovann Valerio)<br />

29<br />

6<br />

9<br />

7<br />

8<br />

9 10


30<br />

Tranches<br />

de vie<br />

Hanspeter Truniger<br />

Tout change, il faut rester formé<br />

Né en 1957 <strong>à</strong> Münsterlingen (TG),<br />

Hanspeter Truniger a appris le métier<br />

de facteur, puis a accompli une riche<br />

carrière au fil des nombreu<strong>se</strong>s<br />

réorganisations de La Poste et de <strong>se</strong>s<br />

différentes formations c<strong>ont</strong>inues et<br />

complémentaires. Il a débuté comme<br />

facteur <strong>à</strong> Pratteln (BL). Après quelques<br />

années dans la distribution, il a suivi la<br />

formation sur quatre ans de fonctionnaire<br />

d’exploitation. Il s’est ensuite<br />

spécialisé comme con<strong>se</strong>iller qualité.<br />

A 50 ans, il a obtenu un CFC de<br />

logisticien. Aujourd’hui, il fait partie<br />

de l’équipe qualité au centre courrier<br />

de Härkingen (SO). Il s’est affilié au<br />

syndicat dès son apprentissage et<br />

préside actuellement le domaine<br />

PostMail Suis<strong>se</strong> <strong>à</strong> <strong>syndicom</strong>.<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

Photo : Monika Flueckiger<br />

La formation c<strong>ont</strong>inue<br />

c<strong>ont</strong>ribue <strong>à</strong> l’estime<br />

de soi<br />

« Je m’étonne du travail des machines.<br />

Il n’y a pas si longtemps,<br />

les lettres étaient encore triées <strong>à</strong> la<br />

main pour les 120 arrondis<strong>se</strong>ments<br />

de distribution <strong>à</strong> Bâle. De plus, nous<br />

devions connaître 3000 clients de<br />

boîtes postales.<br />

Aujourd’hui, une machine trie en<br />

une heure 32 000 lettres jusqu’au format<br />

B5 pliable et d’une épais<strong>se</strong>ur de<br />

6 millimètres.<br />

Mon métier de facteur, d<strong>ont</strong> je<br />

suis fier, a changé de fond en comble<br />

pendant mes presque 45 ans de carrière.<br />

Son attrait consiste <strong>à</strong> mettre en<br />

lien des personnes de manière fiable<br />

et ponctuelle. Il nous est arrivé de remettre<br />

des lettres écrites en mor<strong>se</strong><br />

ou en écriture inversée. Ça, c’est le<br />

<strong>se</strong>rvice public.<br />

J’ai vécu la séparation entre La<br />

Poste et Swisscom, l’externalisation<br />

de PostFinance, sa transformation<br />

en société anonyme, la pression<br />

croissante. Il ne reste plus que trois<br />

des 18 centres courrier. La réorganisation<br />

<strong>se</strong> poursuit. Le Con<strong>se</strong>il national<br />

envisage de fixer dans la loi<br />

l’heure de clôture de la distribution<br />

du courrier <strong>à</strong> 12h30. Près de 1500 distributeurs<br />

devraient alors travailler <strong>à</strong><br />

temps partiel et ne pourraient plus<br />

vivre de leur emploi. La Poste doit endos<strong>se</strong>r<br />

une responsabilité sociale.<br />

À Härkingen, j’essaie de maintenir<br />

la qualité du <strong>se</strong>rvice public dans<br />

mon domaine. Il s’agit d’assurer de<br />

bons processus dans le <strong>se</strong>rvice de tri<br />

en c<strong>ont</strong>inu, formé de trois équipes,<br />

parfois avec du personnel non qualifié<br />

ou temporaire. En fin de compte,<br />

l’adressage doit être correct.<br />

Sans le syndicat, je ne pourrais<br />

pas exercer mon travail actuel. Il m’a<br />

soutenu dans mon évolution professionnelle.<br />

D’abord, lors de ma formation<br />

de fonctionnaire d’exploitation.<br />

Ensuite, j’ai suivi en parallèle de<br />

nombreux cours : aux anciens PTT,<br />

chez Movendo et dans d’autres instituts.<br />

Mon premier cours a été un<br />

cours pour les jeunes, en 1975.<br />

En tant que président de la CoPe,<br />

j’ai emmené un jour l’en<strong>se</strong>mble de la<br />

commission <strong>à</strong> un cours. La formation<br />

permanente est la clé d’une vie<br />

professionnelle épanouie. Celui qui<br />

ne vit pas avec son temps finit par<br />

être dépassé, dit-on. Se <strong>former</strong> ouvre<br />

de nouveaux horizons, éveille la curiosité<br />

et rend la vie professionnelle<br />

intéressante. Bien sûr, c’est parfois<br />

aussi laborieux. Pour ma part, j’ai eu<br />

la chance d’être aidé par ma femme<br />

pour l’informatique. Elle avait une<br />

formation commerciale.<br />

Il arrive qu’il faille <strong>se</strong> battre pour<br />

son développement professionnel.<br />

Mon chef de l’époque ne voulait pas<br />

me lais<strong>se</strong>r suivre un cours Movendo.<br />

Les employés en uniforme étaient<br />

censés rester stupides, les carrières<br />

étaient cloisonnées. Heureu<strong>se</strong>ment,<br />

la situation a évolué. A 50 ans, j’ai pu<br />

obtenir <strong>à</strong> La Poste mon CFC de logisticien.<br />

Un diplôme ouvre des portes.<br />

La formation permanente est une<br />

forme de reconnaissance envers les<br />

employé-e-s. Et elle t’apporte ensuite<br />

de la considération. »<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/branches/poste/


15 II<br />

VI<br />

3<br />

VII<br />

Impressum<br />

Rédaction : Sylvie Fischer, Giovanni Valerio,<br />

Marc Rezzonico, Marie Chevalley<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Stras<strong>se</strong>r<br />

Illustrations, dessins de portrait : Katja Leudolph<br />

Images sans © : mi<strong>se</strong>s <strong>à</strong> disposition<br />

Layout, correction, imprimerie : Stämpfli AG,<br />

Wölflistras<strong>se</strong><br />

Mot<br />

1,<br />

mystère<br />

3001 Berne<br />

:<br />

6 7 8 9 10 11<br />

9 10 11 12 13 14 15<br />

Mots-croisés X Syndicom mai 2018<br />

I<br />

III<br />

IV<br />

V<br />

VIII<br />

IX<br />

X<br />

Mot mystère :<br />

DÉFINITIONS<br />

Horiz<strong>ont</strong>alement : I. Enclave rus<strong>se</strong>.<br />

1<br />

Lettre. II. Réfuta. Trouble. Changea.<br />

Addition. III. Hallucination. En face ou<br />

<strong>à</strong> côté. Sauge. IV. Lié au savoir.<br />

Type. Cria sous les bois. V. Voler sur<br />

le terrain. Choix brûlant. Musique au<br />

soleil. VI. Circule <strong>à</strong> Näfels. Gagne au<br />

ballon. VII. Droit de participer. VIII.<br />

Vue brouillée. Flingues. Convenance.<br />

7 IX. Longues durées. Flan. Vapote. X.<br />

Chipotaient. Fuite.<br />

Verticalement : 1. Fouet.<br />

2<br />

Invite <strong>à</strong><br />

choisir. 2. Possède. Autrefois. 3.<br />

Vêtements de sénateurs. 4.<br />

Hypothè<strong>se</strong>. 5. Couvrait d'un<br />

manteau. 2 6. Bas de caste. Caissier<br />

du mondial. 7. Théâtre. 6 Nidifiai. 8.<br />

Dans la crypte. Sur l'estomac. 9. Fis<br />

la bordure. 10. Poteau. Déduction<br />

faite. Petit point. 11. Dette. Grande<br />

plume. 12. Coup gagnant. Artère<br />

Annonce<br />

principale. 13. Agressif. 14. Blé de<br />

l'Est. Révolutions terrestres. Exclut.<br />

15. Pas qualifiée pour cette fois.<br />

Monnaie d'échange.<br />

Changements d’adres<strong>se</strong> : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

des adres<strong>se</strong>s, Monbijoustras<strong>se</strong> 33, ca<strong>se</strong> postale,<br />

3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation<br />

de membre. <strong>No</strong>n-membres : Fr. 50.– (Suis<strong>se</strong>),<br />

Fr. 70.– (étranger)<br />

DÉFINITIONS<br />

Horiz<strong>ont</strong>alement : I. Enclave rus<strong>se</strong>.<br />

Lettre. II. Réfuta. Trouble. Changea.<br />

Addition. III. Hallucination. En face ou<br />

<strong>à</strong> côté. Sauge. IV. Lié au savoir.<br />

Type. Cria sous les bois. V. Voler sur<br />

le terrain. Choix brûlant. Musique 6 au<br />

soleil. VI. Circule <strong>à</strong> Näfels. Gagne au<br />

ballon. VII. Droit de participer. VIII.<br />

Vue brouillée. Flingues. Convenance.<br />

IX. Longues durées. Flan. Vapote. X.<br />

Chipotaient. Fuite.<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

3<br />

5<br />

Mots-croisés Syndicom mai 2018<br />

I<br />

II<br />

III<br />

IV<br />

V<br />

VI<br />

VII<br />

VIII<br />

IX<br />

5<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

2<br />

1<br />

4 2<br />

DÉFINITIONS<br />

Verticalement : 1. Fouet. Invite <strong>à</strong><br />

choisir. 2. Possède. Autrefois. 3.<br />

Vêtements de sénateurs. 4.<br />

Hypothè<strong>se</strong>. 5. Couvrait d'un<br />

manteau. 6. Bas de caste. Caissier<br />

3<br />

du mondial. 7. Théâtre. Nidifiai. 8.<br />

Dans la crypte. Sur l'estomac. 9. Fis<br />

la bordure. 10. Poteau. Déduction<br />

faite. Petit point. 11. Dette. Grande<br />

plume. 12. Coup gagnant. Artère<br />

principale. 13. Agressif. 14. Blé de<br />

l'Est. Révolutions terrestres. Exclut.<br />

15.<br />

7<br />

Pas qualifiée pour cette fois.<br />

Monnaie d'échange.<br />

4 2<br />

7<br />

TOUT EST<br />

PROTÉGÉ<br />

SAUF LES RÉFUGIÉS<br />

6<br />

3<br />

Éditeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

ca<strong>se</strong> postale, 3001 Berne<br />

Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par an.<br />

Le numéro 6 paraîtra le 6 juillet 2018.<br />

Délai rédactionnel pour le prochain numéro :<br />

le 28 mai 2018.<br />

DÉFINITIONS<br />

Horiz<strong>ont</strong>alement : I. Enclave rus<strong>se</strong>.<br />

Lettre. II. Réfuta. Trouble. Changea.<br />

Addition. III. Hallucination. En face ou<br />

<strong>à</strong> côté. Sauge. IV. Lié au savoir.<br />

Type. Cria sous les bois. V. Voler sur<br />

le terrain. Choix brûlant. Musique au<br />

soleil. VI. Circule <strong>à</strong> Näfels. Gagne au<br />

ballon. VII. Droit de participer. VIII.<br />

Vue brouillée. Flingues. Convenance.<br />

IX. Longues durées. Flan. Vapote. X.<br />

Chipotaient. Fuite.<br />

Verticalement : 1. Fouet. Invite <strong>à</strong><br />

choisir. 2. Possède. Autrefois. 3.<br />

Vêtements de sénateurs. 4.<br />

Hypothè<strong>se</strong>. 5. Couvrait d'un<br />

manteau. 6. Bas de caste. Caissier<br />

du mondial. 7. Théâtre. Nidifiai. 8.<br />

Dans la crypte. Sur l'estomac. 9. Fis<br />

la bordure. 10. Poteau. Déduction<br />

faite. Petit point. 11. Dette. Grande<br />

plume. 12. Coup gagnant. Artère<br />

Les mots croisés<br />

Le·la gagnant·e, d<strong>ont</strong> le nom paraîtra<br />

dans le prochain <strong>magazine</strong>, recevra un<br />

chèque REKA d’une valeur de 50 francs.<br />

Prière d’envoyer votre solution (le mot<br />

mystère <strong>se</strong>ulement) jusqu’au 12 juin <strong>à</strong><br />

Rédaction <strong>syndicom</strong>, Monbijoustras<strong>se</strong><br />

33, ca<strong>se</strong> postale, 3001 Berne.<br />

principale. 13. Agressif. 14. Blé de<br />

l'Est. Révolutions terrestres. Exclut.<br />

15. Pas qualifiée pour cette fois.<br />

Monnaie d'échange.<br />

31<br />

Le gagnant du dernier mots croisés<br />

La solution du mots croisés du<br />

<strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> 4/2018 était<br />

« SERVICE ».<br />

Le gagnant est Monsieur Martial Horner<br />

d’Ependes. Il recevra une carte cadeau<br />

d’une valeur de 40 francs, offerte par<br />

notre partenaire Coop. Chaleureu<strong>se</strong>s<br />

félicitations !<br />

Horiz<strong>ont</strong>alement : I. Enclave rus<strong>se</strong>.<br />

Lettre. II. Réfuta. Trouble. Changea.<br />

Addition. III. Hallucination. En face ou<br />

<strong>à</strong> côté. Sauge. IV. Lié au savoir.<br />

Type. Cria sous les bois. V. Voler sur<br />

le terrain. Choix brûlant. Musique au<br />

soleil. VI. Circule <strong>à</strong> Näfels. Gagne au<br />

ballon. VII. Droit de participer. VIII.<br />

Vue brouillée. Flingues. Convenance.<br />

IX. Longues durées. Flan. Vapote. X.<br />

Chipotaient. Fuite.<br />

Verticalement : 1. Fouet. Invite <strong>à</strong><br />

choisir. 2. Possède. Autrefois. 3.<br />

Vêtements de sénateurs. 4.<br />

Hypothè<strong>se</strong>. 5. Couvrait d'un<br />

manteau. 6. Bas de caste. Caissier<br />

du mondial. 7. Théâtre. Nidifiai. 8.<br />

Dans la crypte. Sur l'estomac. 9. Fis<br />

la bordure. 10. Poteau. Déduction<br />

faite. Petit point. 11. Dette. Grande<br />

plume. 12. Coup gagnant. Artère<br />

principale. 13. Agressif. 14. Blé de<br />

l'Est. Révolutions terrestres. Exclut.<br />

15. Pas qualifiée pour cette fois.<br />

Monnaie d'échange.<br />

Agis<strong>se</strong>z sur<br />

amnesty.ch<br />

AI_MAG_174x60_f_4c_Sticker.indd 1 30.08.16 10:59


32 Interactifs<br />

<strong>syndicom</strong> social<br />

Gros<strong>se</strong> légèreté chez Twitter! 3.5.2018<br />

Si vous vous êtes connecté <strong>à</strong> votre<br />

compte Twitter ces derniers jours, vous<br />

avez probablement dû modifier le mot de<br />

pas<strong>se</strong>. C’était dû <strong>à</strong> un « bug » de stockage<br />

(données laissées en clair !), qui a<br />

touché 330 millions d’utilisateurs. Le<br />

groupe a rassuré <strong>se</strong>s utilisateurs en<br />

précisant qu’il n’y a eu ni une intrusion,<br />

ni utilisation frauduleu<strong>se</strong>. Tweet tweet !<br />

Stephanie Vonarburg 4.5.2018<br />

@SVonarburg<br />

Verdict favorable <strong>à</strong> la liberté de la<br />

pres<strong>se</strong> : les 4 repré<strong>se</strong>ntants des<br />

médias de « Il Caffè » s<strong>ont</strong> acquittés<br />

de toutes les accusations : la série<br />

d’articles sur une erreur médicale<br />

n’était ni une concurrence déloyale<br />

ni une diffamation cdt.ch/ticino/<br />

lugano/…<br />

Journée mondiale de la liberté de pres<strong>se</strong> 3.5.2018<br />

Lors de la Journée mondiale de la liberté de la pres<strong>se</strong>, Idil<br />

E<strong>se</strong>r, directrice d’Amnesty International Turquie, a pris la<br />

parole <strong>à</strong> Lugano. Événement co-organisé par <strong>syndicom</strong><br />

Adaptive Learning 17.4.2018<br />

La Fernfachhochschule Schweiz (FFHS) a fêté <strong>se</strong>s 20 ans<br />

le 17 avril 2018 ! C’est la 1 re e-université suis<strong>se</strong> de sciences<br />

appliquées reconnue par l’État et qui propo<strong>se</strong> un apprentissage<br />

<strong>à</strong> distance personnalisé et adaptatif.<br />

UNI Europa Forum Brus<strong>se</strong>l 16.4.2018<br />

Dédié au rôle du digital dans le travail<br />

des syndicats, le Forum du mois d’avril a<br />

tout de même réitéré l’importance<br />

fondamentale du c<strong>ont</strong>act humain.<br />

Social Media Gate 3.5.2018<br />

De quoi écrire un roman policier : Facebook vend l’accès<br />

aux données de <strong>se</strong>s utilisateurs <strong>à</strong> Cambridge Analytica,<br />

Twitter aussi, ils s<strong>ont</strong> découverts, Cambridge Analytica<br />

arrête <strong>se</strong>s activités... et renaît sous le nom de Emerdata !<br />

Sebastian Gänger @<strong>se</strong>bigaenger 2.5.2018<br />

<strong>No</strong>us sommes une équipe : @inside_sda,<br />

@<strong>syndicom</strong>_de, <strong>syndicom</strong>_fr et @<br />

impressumCH. Un pour tous, tous pour<br />

un ! ! Merci beaucoup @SVonarburg & Co. !<br />

Formation c<strong>ont</strong>inue 4.5.2018<br />

Envie d’une formation c<strong>ont</strong>inue ou d’une introduction <strong>à</strong><br />

une activité digitale ? N’oubliez pas de jeter un coup d’œil<br />

<strong>à</strong> nos cours (pour membres) sur helias.ch et movendo.ch !<br />

7000 signatures 2.5.2018<br />

pour un salaire minimum <strong>à</strong> Genève<br />

Enquête sur les 4.5.2018<br />

compétences des adultes<br />

La Suis<strong>se</strong> participera au prochain<br />

cycle du Programme de l’OCDE pour<br />

l’évaluation internationale des<br />

compétences des adultes (PIAAC) en<br />

2021. Des données sur les compétences<br />

de ba<strong>se</strong> en TIC des adultes<br />

<strong>se</strong>r<strong>ont</strong> également collectées.<br />

(educa.ch)<br />

En <strong>se</strong>ulement trois <strong>se</strong>maines, les syndicats genevois <strong>ont</strong><br />

récolté un peu plus de 7000 signatures sur les 5227<br />

nécessaires <strong>à</strong> l’aboutis<strong>se</strong>ment de l’initiative « 23 frs, c’est<br />

un minimum ! ». La population est enthousiaste.<br />

Serious Games 25.4.2018<br />

Avec qui Marco Polo a-t-il chatté ? Les smartphones<br />

conviennent-ils <strong>à</strong> l’apprentissage ? Avec la Learning App<br />

« A Touch of History », la Haute école pédagogique de<br />

Zoug et Samsung Suis<strong>se</strong> offrent un accès pédagogique,<br />

ludique et interactif <strong>à</strong> l’Histoire.

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