28.05.2018 Views

syndicom magazine No 5 - Tous ont droit à se former

Le magazine syndicom aborde des thèmes syndicaux et politiques avec des explications de fond, sans oublier les domaines de la culture et du divertissement. Il entretient le dialogue au travers des médias sociaux et informe surles prestations, événements et offres de formation du syndicat et de ses organisations affiliées.

Le magazine syndicom aborde des thèmes syndicaux et politiques avec des explications de fond, sans oublier les domaines de la culture et du divertissement. Il entretient le dialogue au travers des médias sociaux et informe surles prestations, événements et offres de formation du syndicat
et de ses organisations affiliées.

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Dossier<br />

Apprendre, ou juste améliorer<br />

son employabilité ?<br />

13<br />

L’apprentissage <strong>à</strong> vie pourrait garantir des<br />

chances égales pour tous et une vie plus<br />

intéressante. À condition toutefois que les<br />

syndicats considèrent sérieu<strong>se</strong>ment cette<br />

question.<br />

La formation permanente est notre <strong>se</strong>conde nature. Soit.<br />

Mais un étrange glis<strong>se</strong>ment s’est produit au cours de ces<br />

dernières décennies. <strong>No</strong>us apprenons de moins en moins<br />

ce qui nous intéres<strong>se</strong> et nous enrichit, mais de plus en<br />

plus souvent ce qui c<strong>ont</strong>ribue <strong>à</strong> maintenir notre « employabilité<br />

» sur le marché du travail. Il s’agit de parfaire et<br />

d’accroître nos compétences (nos fameux « skills »), <strong>à</strong> travers<br />

l’apprentissage <strong>à</strong> vie (« livelong learning »). En faisant<br />

l’effort de nous <strong>former</strong>, nous investissons dans notre « capital<br />

humain ». <strong>No</strong>us pratiquons de l’automarketing, nous<br />

nous transformons en facteur de production. Lorsque<br />

nous postulons sur le marché de l’emploi, nous proposons<br />

nos compétences comme autant de points de référence,<br />

donc nous entrons en concurrence avec d’autres<br />

(nous faisons du « benchmarking »).<br />

Texte : Bo Humair<br />

La formation c<strong>ont</strong>inue est un phénomène singulier. <strong>No</strong>us<br />

apprenons tout au long de notre vie, même <strong>à</strong> notre propre<br />

insu. C’est un processus naturel, car notre survie en dépend.<br />

Mais au-del<strong>à</strong> de ce besoin inné, la plupart d’entre<br />

nous souhaitent devenir un peu plus intelligents. Comprendre<br />

les cho<strong>se</strong>s permet de mieux vivre.<br />

Voil<strong>à</strong> pourquoi nous nous cultivons. <strong>No</strong>us apprenons<br />

<strong>à</strong> travers les échanges, construisons des ré<strong>se</strong>aux sociaux.<br />

Ce n’est pas nouveau. Déj<strong>à</strong> avant la Renaissance et les Lumières,<br />

on savait que la connaissance, le savoir et la coopération<br />

nous émancipent en nous affranchissant de certaines<br />

c<strong>ont</strong>raintes. L’ignorance, au c<strong>ont</strong>raire, nous rend<br />

dépendants. Les mécaniciens bidouillent dans leur atelier,<br />

les informaticiens discutent de blockchains jour et<br />

nuit, les bons médecins affinent leur écoute et les en<strong>se</strong>ignants<br />

leur curiosité. Et cet instant de jubilation où nous<br />

comprenons soudain, où tout nous paraît clair, existe bel<br />

et bien. Face <strong>à</strong> un tel <strong>se</strong>ntiment, même la machine crétinisante<br />

de l’industrie du divertis<strong>se</strong>ment ne fait pas le poids.<br />

Accroître nos compétences<br />

Une injonction qui s’accompagne d’emplois moins sûrs<br />

<strong>No</strong>mbre de ces compétences s<strong>ont</strong> futiles. Développer pendant<br />

des mois un algorithme ingénieux destiné <strong>à</strong> accroître<br />

la « densité » de notre travail (c’est-<strong>à</strong>-dire la pression) n’est<br />

utile <strong>à</strong> personne. Pas plus que de <strong>se</strong> <strong>former</strong> <strong>à</strong> un logiciel de<br />

communication pour être qualifié et dégradé au rang de<br />

télétravailleur. Ce savoir supplémentaire ne nous affranchit<br />

d’aucune dépendance.<br />

Il est frappant de voir que cette nouvelle perception de<br />

l’apprentissage <strong>à</strong> vie constitue le parfait reflet des nouvelles<br />

formes de production de l’économie capitaliste et<br />

de la concurrence globale. L’injonction <strong>à</strong> acquérir en permanence<br />

de nouvelles compétences va de pair avec l’apparition<br />

d’emplois de moins en moins sûrs.<br />

En tant que syndicalistes qui revendiquent un « <strong>droit</strong> <strong>à</strong><br />

la formation c<strong>ont</strong>inue », nous devons donc nous po<strong>se</strong>r<br />

certaines questions. Qui détermine les c<strong>ont</strong>enus de la formation<br />

? Qui en définit la forme et l’orientation ? Qui la<br />

finance et qui octroie le temps nécessaire pour la suivre ?<br />

Il est utile d’examiner ces questions d’un peu plus près.<br />

Des compétences que<br />

nous devons acquérir<br />

ne s<strong>ont</strong> parfois qu’un<br />

savoir abêtissant.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!