Best of & Guide 2018 | n˚ 213
www.gemengen.lu
Dan Kersch
Ministre de l’Intérieur
Ministre de la Fonction publique
et de la Réforme administrative
INTERVIEWS POLITIQUES
PORTRAITS
ICT
RGPD
LOGEMENT & CONSTRUCTION
DANS UN MONDE QUI CHANGE
COMMANDEZ EN LIGNE
L’ESPRIT LÉGER
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PRÉFACE
Mosaïque énonciatrice
Au fil des écrits et des contributions se tisse, mensuellement dans
notre magazine et au travers de nos pages, une littérature qui
compose modestement un tableau des politiques et des courants
économiques du pays. Le Guide des Communes propose à son
lecteur les articles favoris de la rédaction mais aussi quelques inédits.
Vous trouverez au programme de cette édition, des interviews
ministérielles, des portraits de personnalités que nous avons
rencontrées, des reportages au cœur des parcs naturels du pays et
des dossiers ICT, Economie, RGPD, Logement & Construction,
Développement durable, ainsi que le recensement de toutes les
communes grand-ducales.
Les sujets qui ont animé cette année académique n’ont pas manqué
dans le microcosme luxembourgeois et nous retiendrons pêle-mêle
la digitalisation des secteurs privé et public et leurs lots de défis
passés et à venir, notamment la cyber-résilience des systèmes de
sécurité informatiques; la modernisation du secteur hospitalier en
général, l’avènement de l’e-santé en particulier et la réforme des
services de secours; le harcèlement sexuel au travail; trois lectures
claires sur la nouvelle législation relative à la protection des données
qui peut-être une véritable nébuleuse aux yeux de beaucoup, une
interview exclusive et économique du Professeur Kate Raworth de
l’Université d’Oxford sur la croissance et l’économie de marché et
bien plus encore…
Si nul doute que la majorité de ces thèmes seront reconduits
dans les éditions à venir, le programme de la rentrée s’annonce
déjà prometteur en nouveautés avec en premier lieu les élections
législatives d’octobre, la sortie du Royaume-Uni de l’Union
européenne en mars 2019 et les effets de l’entrée en vigueur des
«Regulatory Technical Standards» sur l’authentification forte et
l’accès aux comptes de la PSD2 en septembre.
Alors que les collaborateurs se croisent encore dans les couloirs
sur le chemin de leurs vacances, toute l’équipe de Lëtzebuerger
Gemengen vous souhaite une agréable rentrée académique 2018.
Bonne lecture n
La rédaction LG
SOMMAIRE
COVERSTORY
INTERVIEW POLITIQUE
050 | MARC SPAUTZ
000 | CSV
006 | DAN KERSCH
000 | Ministre de l’Intérieur, de la Fonction publique et de la Réforme administrative
Les jeux sont-ils déjà faits?
INTERVIEW POLITIQUE
056 | CLAUDE HAAGEN
000 | LSAP
Un mandat sous le signe de la simplification
Rouge au cœur
ICT
010 | NICOLAS SCHMIT
000 | Ministre du Travail, de l’Emploi et
000 | de l’Économie sociale et solidaire
ECONOMIE & FINANCE
038 | KATE RAWORTH
000 | Professeur et Chercheur
000 | à l’Université d’Oxford
INTERVIEW POLITIQUE
058 | FRANÇOIS BAUSCH
000 | déi gréng
La digitalisation: moteur ou frein à l’emploi?
ICT
026 | MARCO BERTAMÉ
000 | Telindus Luxembourg
Un donut au service de l’avenir
ECONOMIE & FINANCE
040 | PHILIPPE KOPS ET
000 | DOMINIQUE FIORE
000 | Mutualité des p.m.e.
Transformer les défis en opportunités
LOGEMENT & CONSTRUCTION
084 | GILLES CHRISTNACH
000 | Betic
La transformation digitale des communes
Les garanties édificatrices
Concevoir les solutions de demain
LOGEMENT & CONSTRUCTION
094 | GILLES HEMPEL
000 | AIS
PORTRAIT
114 | ANOUK AGNES
LETZEBUERGER GEMENGEN
Publication éditée par Euro-Editions S.A.
www.gemengen.lu
Société éditrice
Euro-Editions S.A.
24, rue Michel Rodange • L-4660 Differdange
L’AIS innove pour le logement
LOGEMENT & CONSTRUCTION
096 | ADRIEN STOLWIJK ET
000 | JEAN-LUC WEIDERT
000 | Schroeder & Associés
La mobilité et la revitalisation urbaine:
les défis d’une commune
DEVELOPPEMENT DURABLE
104 | FERNAND HENGEN ET
000 | LAURENT BUSANA
000 | B.E.S.T. Ingénieurs-Conseils
Vers une qualité optimale de l’eau
DEVELOPPEMENT DURABLE
108 | ALAIN JACOB
000 |LAMESCH
La passion de l’engagement
PORTRAIT
118 | MARA ESTEVES MACHADO
La réussite à la clé
PORTRAIT
122 | BLANCHE WEBER
Le Mouvement d’une vie
PORTRAIT
126 | MARINA ANDRIEU
Régie publicitaire
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Administration
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Eric Harsch
Raouf Hatira
Stéphane Etienne
Serge Garcia Lang
Conception et réalisation graphique
Sophie Glibert
sophie@euroeditions.lu • Tél. 58 45 46 25
Photographie
Marie De Decker
Eric Devillet
Mouvement
luxembourgeois
pour la Qualité
et l’Excellence
PERFORMANCE DURABLE
Impression
Imprimerie Centrale
LAMESCH, un partenaire essentiel
Quand volonté et opportunités se rejoignent
GUIDE DES COMMUNES
134 | CARTE DU LUXEMBOURG
148 | CARTE PACTE CLIMAT
151 | FICHES COMMUNALES
© Euro-Editions
Tous droits de reproduction réservés pour tous pays.
Tous manuscrits, photos et documents envoyés à la
rédaction ne peuvent être exploités qu’avec l’accord
de leurs auteurs. Publiés ou non, ils ne seront pas
restitués. Les reportages signés n’engagent que
leurs auteurs. Les prix figurant dans cette revue
sont indicatifs et peuvent être sujets à des variations
dont l’éditeur ne pourrait nullement être tenu pour
responsable.
6
LG
BEST OF & GUIDE 2018
COVERSTORY
Un mandat
sous le signe
de la simplification
PAR MARTINA CAPPUCCIO
En un mandat, Dan Kersch, ministre de l’Intérieur, de la
Fonction publique et de la Réforme administrative, a fait
passer un nombre impressionnant de réformes. Abolition des
commissariats de district, loi omnibus, réforme des fabriques
d’église, création du CGDIS, nouvel examen-concours de la
fonction publique, fusion des communes et réforme de leurs
finances: le ministre a accepté de revenir avec nous sur cinq
années bien remplies. Explications.
Que retenez-vous de vos cinq années de
mandat?
Beaucoup de lois importantes ont été votées
au niveau des deux ministères dont j’ai
la responsabilité. Je me souviens de la loi
omnibus, une des plus remarquables que j’ai
fait voter à la Chambre, visant à simplifier un
bon nombre de démarches administratives,
notamment dans l’aménagement communal
mais aussi dans beaucoup d’autres domaines.
En tant qu’ancien bourgmestre, il me tenait à
cœur de faciliter les démarches administratives
pour les communes.
Je me suis également attelé à l’abolition des
commissariats de district dont le personnel a
été intégré au sein du ministère de l’Intérieur.
Cette nouvelle organisation du ministère de
l’Intérieur a vu la création d’une direction du
conseil juridique qui conseille les communes;
cette réforme a porté ses fruits.
De manière générale, nous avons accéléré
les démarches administratives pour les
communes. Bien sûr, il ne faut jamais se
reposer sur ses lauriers, même si nous avons
avancé ces dernières années, il restera toujours
des améliorations à faire.
La réforme des fabriques d’église a
également beaucoup fait parler d’elle…
J’ai en effet voulu clarifier la situation de
propriété des édifices religieux relevant du
culte catholique. En effet, aucun titre de
propriété n’existait et dans la plupart des
cas, personne ne semblait savoir à qui en
revenait la charge.
“La création
du CGDIS
est le projet
phare
de mon mandat”
Ainsi, en en attribuant la propriété à une
commune ou bien au Fonds de gestion
des édifices religieux et autres biens
relevant du culte catholique sous tutelle de
l’Archevêché, le responsable désigné en a
officiellement la charge d’entretien.
La gestion des fabriques d’église manquait
de transparence et avait encore des structures
anti-démocratiques, pourtant la décision de
les abolir n’a pas été populaire auprès de tous
et nos opposants sont même allés jusqu’à
nous poursuivre en justice. Le Conseil
d’Etat, la Chambre des Députés et même
les juridictions nationales m’ont finalement
donné raison en statuant que les fabriques
d’église n’avaient jamais été propriétaires des
biens qu’elles avaient administrés.
Le 1 er juillet dernier, le CGDIS a unifié
les sapeurs-pompiers et la protection
civile. Comment s’est passée cette
transition?
Les interventions suite aux intempéries
dans le Mullerthal ont été gérées par le
Centre de Gestion des Opérations (CGO)
du CGDIS, même si officiellement il
n’existait pas encore. De plus, l’incendie
de grande ampleur d’Esch a nécessité
l’intervention de plus de 100 pompiers et
notre nouvelle structure s’est alors avérée
optimale. La mise en place de la nouvelle
chaîne de commandement avec l’appel de
pompiers venus de tout le pays pour aider a
bien fonctionné et nous a donné à voir un
beau symbole d’entraide.
Il s’agit du projet phare de mon mandat.
Même si sur le terrain il existait déjà des
coopérations entre la protection civile
et les sapeurs-pompiers, il y avait aussi
des rivalités. Notre démarche a visé à
réunir les forces et prendre en compte les
problématiques du terrain pour créer un
seul et même service de secours unifié. Ce
projet a nécessité la participation de tous
les acteurs concernés, soit une multitude
de structures différentes avec des intérêts
variés qu’il fallait réunir autour d’une
solution qui convienne à tous, et ce, avant
le lancement du projet.
Auparavant, les communes avaient
l’obligation de mettre en place un
corps de sapeurs-pompiers bénévole
ou professionnel, avec la possibilité de
collaborer avec une autre commune pour
y parvenir. Aujourd’hui, cette obligation
n’existe plus. Nous avons créé le CGDIS,
un établissement public conjointement géré
par les communes et l’Etat. Ce dernier se
charge de l’organisation de ce service qui
est mis à la disposition des communes. Le
bourgmestre garde toutefois une certaine
autorité sur le CGDIS lorsqu’il estime que
son intervention est nécessaire, ainsi, son
autonomie est conservée.
Cette nouvelle organisation permet aux
communes d’économiser les frais liés aux
infrastructures afin de les réinvestir dans
les ressources humaines, soit des sapeurspompiers
professionnels qui pourront
offrir un soutien plus grand aux bénévoles.
Le coût total sera réparti de manière égale
entre l’Etat et les communes, abstraction
faite des coûts à charge exclusive de l’Etat.
A l’heure actuelle, 4.000 bénévoles sont
actifs par rapport à un nombre de 400
professionnels dans le système, d’où la
nécessité de renforcement des ressources
humaines. Nous avons également pris
beaucoup de mesures pour encourager
le bénévolat, comme la création future
Dan Kersch
d’un système d’indemnisation transparent
unifié dans le pays, la défiscalisation de
ces indemnités, l’augmentation des congés
pour formation des pompiers, l’attribution
d’une allocation de reconnaissance, …
Quelles ont été les fusions de communes
que vous avez gérées pendant votre
mandat?
J’ai réalisé quatre fusions de communes
en cinq ans, j’ai donc respecté le même
rythme qui a été mis en place par mes
prédécesseurs. Aujourd’hui, les nouveaux
collèges échevinaux sont en place et nous
sommes en train de relancer le processus
des fusions. Le président du SYVICOL et
moi-même avons rencontré à ce titre les
collèges échevinaux des 51 communes de
moins de 3.000 habitants pour leur signifier
que le gouvernement encourage ces fusions
8
LG
BEST OF & GUIDE 2018
COVERSTORY
et s’engage à les supporter logistiquement,
administrativement et financièrement.
Nous les avons entendus tour à tour pour
connaître leur avis sur la réorganisation
territoriale car ce sont eux qui sont les plus
concernés par la politique locale, et ce, sans
les obliger à fusionner. Si les communes
sont impliquées depuis le début, la fusion
ne pourra que mieux se passer.
Parlez-nous également de la réforme
des finances communales. Quel était
l’objectif premier de celle-ci?
Avant la réforme, les communes les moins
dotées recevaient à peu près 2.000 euros de
recettes par habitants, quand les communes
les plus favorisées en percevaient environ
3.600. Dans le cadre de notre réforme,
le gouvernement a décidé d’allouer
une allocation supplémentaire de 100
millions aux communes afin de réduire
ces disparités. Aucune commune n’a vu
son allocation diminuer par rapport à
l’ancien système; de plus, même si certaines
communes du Nord se sentent lésées, ce
sont pourtant celles qui reçoivent la somme
la plus grande par habitant, et cela était déjà
le cas avant la réforme.
Toutefois, il faut admettre que 23
communes auraient reçu des allocations
supplémentaires si l’ancien régime avait
été maintenu, mais toutes les autres
sont gagnantes. Ces 23 communes sont
néanmoins presque toutes dans le premier
tiers des communes qui ont le plus grand
budget.
“J’invite
ceux qui pensent
qu’il y a une baisse
de niveau à passer
l’examen-concours
de la fonction
publique”
Où en est le processus de digitalisation
du secteur public?
C’est un des domaines pour lequel le
gouvernement luxembourgeois a fait le plus
d’efforts au cours des cinq dernières années.
Notre initiative «Einfach Lëtzebuerg» était
un moyen de faire participer la population à
nos projets de simplification des démarches
administratives et de les inviter à nous
communiquer leurs idées d’amélioration.
Nous ne pouvions bien sûr pas tout réaliser,
mais beaucoup d’idées étaient intéressantes
et nous ont donné des pistes d’évolution.
Par ailleurs, la plateforme Guichet.lu a
beaucoup évolué, notamment concernant
son design rendant ses fonctionnalités plus
intuitives et les langues dans lesquelles il est
disponible. De plus en plus de démarches
administratives sont également réalisables
par ce biais, comme les services liés à
l’assurance maladie.
Les examens-concours de la fonction
publique ont récemment eu lieu, un
dernier mot sur leur réforme?
Nous venons de recevoir les premiers
résultats des examens nouvelle génération
qui sont très positifs. J’invite par ailleurs
ceux qui pensent qu’il y a une baisse de
niveau à les passer! Le niveau de difficulté
est maintenu mais nous demandons à
présent des compétences plus centrées sur
nos besoins. Pour cette réforme, nous nous
sommes inspirés des examens de la fonction
publique de pays étrangers, notamment de
Belgique, et les résultats jusqu’à présent
recueillis sont très encourageants. n
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BEST OF & GUIDE 2018 - LG 208 - MARS 2018
ICT
La digitalisation:
moteur ou frein
à l’emploi?
PAR MARTINA CAPPUCCIO
La digitalisation en marche dans tous les secteurs de
l’économie luxembourgeoise bouleverse le marché du travail.
La plupart des métiers sont voués à évoluer et la formation
professionnelle continue semble se présenter comme une
solution en faveur du maintien des emplois. Nicolas Schmit,
ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et
solidaire, nous dresse un état des lieux de la transformation
économique à l’œuvre aujourd’hui.
La formation professionnelle continue
pourrait-elle être un soutien au processus
de digitalisation de l’économie?
Nous sommes dans une période de
transformation économique et écologique
avec la digitalisation, qui exige une
qualification, voire une requalification,
des personnes. L’Etat a un rôle accru
dans le soutien des entreprises pour les
aider à faire face à un nouveau modèle
économique; sans remettre en cause la
formation continue classique, nous pensons
qu’un certain nombre d’entreprises faisant
face à une réelle transformation de leurs
métiers ont besoin que nous repensions
le concept de formation continue pour
l’adapter à ce nouveau contexte et soutenir
la transformation en cours.
Ainsi, avec notre projet «Luxembourg
Digital Skills bridge», nous voulons
créer un pont entre les compétences
d’hier, d’aujourd’hui et de demain pour
permettre aux personnes de conserver leur
emploi tout en s’adaptant à un nouveau
contexte économique et professionnel.
Concrètement, la démarche consiste dans un
premier temps en une bonne évaluation des
compétences existantes et des besoins futurs
de compétences de l’entreprise. Ensuite,
l’objectif est de préparer les salariés à obtenir
les compétences dont ils auront besoin pour
permettre à l’entreprise d’évoluer. Dans ce
processus, l’Etat est alors prêt à prendre
en charge les salaires pendant la période
de requalification du personnel en utilisant
l’instrument du chômage partiel pour
soulager financièrement les entreprises qui
doivent s’adapter rapidement.
“A ce stade,
les indicateurs
ne montrent pas
une destruction
massive des
emplois due à la
digitalisation”
Certaines personnes ne pourront
toutefois pas effectuer cette transition de
métier; plutôt que de les licencier, nous
encourageons les entreprises à travailler sur
des solutions d’emploi à l’extérieur. Nous
avons presque 7.000 emplois non pourvus
à l’ADEM, il faudrait donc les identifier et
mettre en place des formations continues
pour permettre aux salariés devant être
réorientés d’y accéder.
Une version finale du projet Digital
Skills bridge devrait être présentée à
la fin du mois de mars afin de lancer
les projets pilotes rapidement dans les
entreprises dans lesquelles les processus de
digitalisation sont à l’œuvre.
Quel est l’état du marché du travail
luxembourgeois à l’heure actuelle?
Tout d’abord, on note que la première
catégorie de profils recherchés par l’ADEM
correspond à l’étude et au développement
informatique. On retrouve ensuite les
postes en maintenance des bâtiments et des
locaux ainsi que le personnel de cuisine au
niveau des profils les plus recherchés.
Les nouvelles technologies viennent donc
effectivement bouleverser le marché de
l’emploi: des suppressions d’emplois
sont attendues, des compétences en
informatiques seront exigées à terme dans
tous les métiers,… Mais les indicateurs
sur l’emploi au Luxembourg ne montrent
pas à ce stade une destruction massive des
emplois pour autant.
Pour faire face à ces changements,
l’ADEM est en train de mettre en place
un système où tout demandeur d’emploi
aura droit à un bilan de ses compétences
en informatique. Nous voudrions offrir à
chacun d’entre eux, selon son niveau et les
perspectives professionnelles qui s’ouvrent
à chacun, une formation de base, une
amélioration ou un perfectionnement des
compétences en informatique. A travers
une amélioration intensive de la formation
continue, nous allons pouvoir améliorer
la correspondance entre les formations
proposées et les besoins du marché du
travail.
Enfin, bien que le chômage ait retrouvé des
niveaux très bas (5,6% actuellement), mon
objectif reste de revenir à un chômage autour
de 4%, ce que je considère correspondre au
plein emploi pour le Luxembourg. Nous
devons donc aussi aider les personnes les
plus vulnérables sur le marché du travail,
c’est-à-dire les personnes handicapées, en
reclassement ou encore les personnes plus
âgées. Le chômage de longue durée est quant
à lui en baisse de plus de 9%.
Comment prévoir les impacts de la
digitalisation à long terme?
La digitalisation n’aura pas qu’un impact
sur l’emploi mais aussi sur la fiscalité, sur la
sécurité sociale et d’autres indicateurs encore.
Ce phénomène constitue un défi majeur pour
les années à venir et si nous voulons le relever,
notre croissance doit être positive.
Nicolas Schmit
L’évolution positive de notre croissance
ne peut durer que si l’on a une économie
qui tourne bien. Croire que l’on a assez de
croissance et assez d’emplois pour refroidir
le moteur, nous mènerait tout droit à un
chômage qui augmente.
Il fut un temps où le secteur bancaire était
le moteur de notre économie en termes de
création d’emplois, mais ce n’est plus le cas,
aujourd’hui ce secteur n’en crée plus. Il y
aura un grand changement dans ce milieu
sur les qualifications requises qui seront de
plus en plus élevées, mais l’emploi y a une
légère tendance à baisser. On ne peut donc
pas figer l’économie et préconiser une telle
approche est très dangereux.
La croissance qualitative n’est pas suffisante
et avoir plus de 3% de croissance n’entre
pas forcément en conflit avec nos idéaux
écologiques. Bien sûr, il faut travailler
12 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 208 - MARS 2018
ICT
sur l’énergie et limiter nos émissions de
CO 2 , nous devons également recourir à
davantage d’énergies renouvelables pour
respecter nos objectifs climatiques ce qui
permettra également de créer des emplois
à ce niveau, mais il serait naïf de croire que
tout cela pourra être accompli en changeant
de modèle de croissance du jour au
lendemain. Nous avons peut-être accumulé
du retard dans certains domaines, je pense
à la mobilité par exemple où pendant un
certain temps les investissements ont été
insuffisants et surtout beaucoup trop lents,
mais nous ne rattraperons pas ces retards en
figeant la croissance et le développement
économique de notre pays.
La fonction publique est en constante
recherche de candidats, comment
expliquez-vous ce phénomène?
Les métiers de la fonction publique ont
tendance à se complexifier: les profils
recherchés doivent inclure des compétences
en nouvelles technologies, ainsi qu’un bon
nombre de soft skills. Un Etat moderne
a donc besoin de personnes hautement
qualifiées.
“Mon objectif
reste de revenir
à un chômage
autour de 4%”
Pour moderniser la fonction publique, il
faudrait aussi y introduire de la formation
continue de qualité et relever le niveau de
qualification de base pour certains emplois.
Par exemple, les exigences qui s’adressent
aux fonctionnaires de l’ADEM ou de
l’inspection du travail deviennent de plus en
plus élevées. Il faut donc beaucoup insister
sur la formation de base ou bien investir
dans la formation dès la signature du
contrat afin que ces personnes soient bien
préparées aux métiers qui les attendent,
car certaines fonctions demandent des
compétences techniques, un sens de la
négociation, des connaissances en droit et
bien d’autres aptitudes encore.
Actuellement il y a des centaines de postes
à pourvoir dans la fonction publique, il faut
donc que nous développions la formation
et les compétences. En ce qui me concerne,
nous ne sommes pas face à un problème
d’ouverture de la fonction – car elle n’est
pas fermée aux étrangers, nous sommes
d’ailleurs souples au niveau des langues
lorsque nous devons l’être, dans le secteur
médical, par exemple – mais plutôt face à
un problème de compétences à créer pour
pouvoir y accéder. Trop de candidats ne
réussissent pas l’examen d’entrée, c’est
pourquoi le ministère de la Fonction
publique est en train de revoir les méthodes
de recrutement. Nous souhaitons encore
améliorer la qualité de la fonction publique
afin qu’elle soit à la hauteur des exigences
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Brice Lecoustey
LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 211 - JUIN 2018
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L’avènement du Digital
ICT
Semblablement au siècle des Lumières, l’avènement du monde digital se cherche, expérimente,
essaie, se trompe et se réinvente au travers de formidables accélérations. À la différence
près qu’«une évolution est préférable à une révolution». Brice Lecoustey, associé à la tête
du département Conseil pour le secteur commercial et public chez EY Luxembourg, nous
explique la transformation digitale du service public.
Quelle est l’importance de la digitalisation
pour le secteur public?
La digitalisation se compose de trois
grands domaines technologiques que
sont la connectivité, la robotisation et
l’intelligence artificielle. Ces technologies
sont aujourd’hui matures, accessibles à des
prix abordables et tendent crescendo à une
convergence. L’expérience client s’en trouve
transformée, chaque citoyen souhaitant
également voir son administration utiliser
les nouvelles technologies.
De la convergence technologique est
née une certaine exigence: celle d’une
réduction des temps de traitements des
démarches administratives relatives à la
justice, à la police, à la caisse de santé et
bien évidemment, aux communes. À l’instar
de ce qui se fait déjà dans de nombreuses
entreprises, la robotisation est un moyen d’y
parvenir.
Nous connaissons depuis deux ans une
formidable accélération, se matérialisant par
des initiatives qui se multiplient par réaction
mécanique, presque physique. Toutes les
conditions sont aujourd’hui réunies pour
que le probable devienne enfin réalité.
Quelles réponses apportez-vous aux
craintes de voir la robotisation remplacer
des emplois et par la même, les interactions
humaines?
Les interrogations sont en effet
nombreuses, mais légitimes. Il faut pouvoir
les aborder avec raison gardée en toute
réflexion.
La robotisation est certes un moyen de
parvenir à des économies mais elle ne diminue
pas pour autant la demande de services
publics, c’est même tout le contraire. La
connectivité couplée à la robotique fluidifie
les traitements, créant un niveau certain
de qualité, une attente plus exigeante, mais
aussi une nécessité de relations humaines.
La robotisation automatise les opérations
répétitives et les tâches dévalorisantes,
réalisées pour l’heure par la main de l’homme.
Le fonctionnaire d’Etat ou l’agent communal
peut alors consacrer plus de temps au cœur
de sa mission et au citoyen, constituant de
facto, une amélioration de la qualité de ses
conditions de travail.
“Une évolution
est préférable
à une révolution”
Lorsqu’un processus est compressé à
80% par la digitalisation, il doit être
régulièrement programmé. Celui qui le
réalise actuellement pourra alors gérer les
exceptions du mécanisme et réaliser un
travail de contrôle des traitements. Les
nouvelles technologies sont régulièrement
confrontées aux angoisses d’adaptabilité
des collaborateurs; certains pensant
que des compétences d’ingénierie sont
nécessaires à l’utilisation de la robotique. À
l’image du passage de la machine à écrire
à Word, quelques semaines d’entrainement
suffisent bien souvent, sans compter que
les interfaces sont toujours plus intuitives
et que les nouvelles générations s’adaptent
bien plus rapidement aux nouvelles
technologies.
Quelle est la maturité actuelle de la
digitalisation des services publics au
Luxembourg?
Il faut reconnaître les avancées en
termes de connectivité. Les institutions
et les administrations ont en effet
grandement amélioré leurs processus
communicationnels, Guichet.lu ou encore les
fichiers des résidents et les dossiers de soins
partagés en sont quelques bons exemples.
Il n’y a pas si longtemps, les démarches
administratives d’un simple changement
d’adresse étaient encore relativement
lourdes mais aujourd’hui, le citoyen n’a
plus besoin de se rendre dans son ancienne
commune qui communique directement
avec la nouvelle. Il en va de même avec le
DSP qui accompagne désormais le patient
tout au long de ses traitements médicaux.
Dans ces deux exemples, on remarque le
soin méthodologique à placer le citoyen et le
patient au centre des préoccupations, ce qui,
entre autres, implique la protection de leurs
données personnelles.
Si les progrès de connectivité sont
indéniables, il suffit néanmoins de se rendre
à la cité judiciaire pour constater que la
digitalisation n’est pas encore généralisée.
Force est de constater que les magistrats et
les avocats préfèrent leurs lourds dossiers
de papiers aux tablettes et autres supports
numériques. La digitalisation des données
et la dématérialisation des documents
pourraient pourtant simplifier bon nombre
de procédures judiciaires.
La prochaine étape devrait être
l’identification des zones publiques où la
robotisation peut apporter une amélioration
dans le traitement de l’information, et ce,
dans l’objectif d’augmenter la rapidité des
processus de traitement. Le secteur public
peut tirer ses pistes de réflexion du secteur
privé, comme avec l’automatisation des flux
de paiements dans la trésorerie qui pourrait
facilement être appliquée à la CNS.
Enfin, l’intelligence artificielle pourra
dans un autre temps, réaliser un premier
aiguillage du citoyen vers le bon service
qu’il requiert. Les agents conversationnels
ou «chatbot» sont des logiciels programmés
pour simuler une conversation en langage
naturel qui commence déjà à pointer leurs
algorithmes dans certaines sociétés.
16 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 211 - JUIN 2018
ICT
Au vu de la petitesse du territoire et par
conséquent des investissements limités
que nécessite la transformation digitale
du service public, ne devrions-nous pas
faire partie des meilleurs élèves de la
scène internationale?
La réactivité et la flexibilité du pays sont
clairement des avantages et de nombreux
chantiers sont déjà mis en œuvre par le
Centre des Technologies de l’Information
de l’Etat (CTIE). La motivation est
néanmoins un sujet d’importance capitale
dans la mesure où la transformation
digitale du service public ne se fera pas
sans que les acteurs de la fonction publique
ne se sentent totalement impliqués. La
communication seule resterait stérile à
l’avènement de la robotisation, il faut
éduquer les consciences, renseigner
quant aux améliorations et rassurer les
inquiétudes.
Menaces de santé publique, des libertés
individuelles et démocratiques; entendezvous
les méfiances quant au tout digital?
Bien sûr. Et ce sont autant de choix de société
qu’il nous faut prendre avec prudence et raison.
La relation digitale d’un professeur avec les
parents d’élèves n’est souhaitable que dans les
classes surchargées par exemple. Je ne pense
pas que le citoyen veuille d’une administration
où les automatisations remplaceraient les liens
humains et encore moins une société où l’on
capitaliserait financièrement sur ses données
personnelles.
L’imagerie cérébrale nous fait par exemple
savoir que plus tôt l’enfant est exposé aux
écrans, plus il a de chance de développer
une addiction digitale, de l’agressivité et des
troubles autistiques et bipolaires.
L’évolution digitale doit rester au service de
l’individu, ce qui requiert une intelligence
collective accrue.
Quid de la politique gouvernementale
«Digital Lëtzebuerg»?
Une stratégie nationale qui introduit
la modernisation technologique dans
les processus financiers, industriels, de
recherche ou de logistique va de pair avec
celle de l’administration. La transformation
digitale des services de l’Etat est l’une
des conditions à la réussite de la stratégie
économique du numérique et à l’attraction
des entreprises internationales du 4.0.
L’écosystème luxembourgeois est dynamique,
il multiplie les synergies, les partenariats
public-privé portent leurs fruits, les
incubateurs fusionnent et, dans un effet de
boule de neige, des acteurs internationaux
installés depuis moins d’un an sur le
territoire font venir d’autres acteurs de
l’étranger.
Le Luxembourg ne met pas en place des
initiatives isolées mais est en passe de se
constituer un savoir-faire qui constituera
son ADN économique de demain.
Des terres noires du charbon, puis rouges
de l’acier sur lesquelles s’est construit
le secteur financier, il semblerait que le
Luxembourg soit en passe de se construire
une autre réputation internationale, celle
du digital. n
marcwilmesdesign.lu
SCHENGEN
REMERSCHEN
WINTRANGE
SCHWEBSANGE
ELLANGE-GARE
WELLENSTEIN
BECH-KLEINMACHER
REMICH
LUXEMBOURG
SMALL COUNTRY WITH
GREAT WINES...
BOUS
STADTBREDIMUS
HETTERMILLEN
GREIVELDANGE
EHNEN
WORMELDANGE
AHN
NIEDERDONVEN
MACHTUM
GREVENMACHER
MERTERT
WASSERBILLIG
ROSPORT
WWW.VINS-CREMANTS.LU
18 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 208 - MARS 2018
ICT
«Changer de paradigme:
de la cyber-sécurité
à la cyber-résilience»
Les écrans ont envahi notre quotidien, la digitalisation pénètre
crescendo nos processus de travail, la connectivité se propage
jusque dans l’ensemble de nos objets et cette 3 e Révolution
Industrielle que nous appréhendons à peine, se voit déjà
éclipsée par l’avènement de l’omniprésente intelligence
artificielle de la 4 e Révolution Industrielle. L’histoire nous
dira si c’est pour Le Meilleur des mondes 1 ou pour un monde
meilleur mais une chose est certaine: plus le digital s’étend et
plus la question de sa sécurité devient primordiale. Interview
de Philippe Dann et Yves Reding, respectivement Head of
Risk and Business Advisory Services et CEO d’EBRC.
Yves Reding et Philippe Dann
son cadre de cyber-résilience qui constitue
une approche plus globale, holistique qui
prend en compte des solutions intégrant
cyber-sécurité, Business Continuity
Management, gestion de crise, stratégie de
réponse et organisation de la résilience».
La cyber-résilience est couverte par
plusieurs référentiels internationaux, dont
l’ISO 27001 (sécurité de l’information) et
l’ISO 22301 (continuité d’activité). Une
entreprise doit pouvoir s’organiser en
amont des menaces, identifier les cyberattaques
ou incidents non intentionnels,
les contrer sans délais ou du moins limiter
leurs dégâts, et puis, en aval, répondre,
récupérer et rebondir.
La cyber-résilience se définit par la
capacité d’une entité à produire de
manière continue les résultats attendus
malgré des cyber-événements négatifs
(accidents, erreurs, malveillances, etc.).
La cyber-résilience peut être considérée
à plusieurs niveaux: à l’échelle d’une
confédération de pays; comme l’Union
européenne, d’un pays; d’une entreprise;
d’une activité; ou même d’un système IT.
Au-delà de l’aspect statique de résistance,
elle est fondamentalement dynamique
et assure ainsi l’agilité et la continuité
nécessaires d’une organisation pour mener
à bien ses activités. Se préparer, identifier,
protéger, détecter et récupérer en sont les
cinq piliers.
Dans la tempête
Si le digital est un océan de possibilités qui
simplifient la navigation des organisations
étatiques, publiques et privées, il est aussi
un monde de dangers lorsque les éléments
se déchainent. Face aux cyber-attaques
qui, depuis les abimes du Net font
surface tels des monstres polymorphes, la
cyber-sécurité mise sur l’invulnérabilité
de ses systèmes de protection. Le
problème est qu’à l’image du phénomène
psychologique, le sujet ou le système reste
toujours dépendant de ses fragilités. «Les
événements de 2017 ont démontré les
insuffisances du schéma binaire attaquesprotections»,
explique Yves Reding, et
d’ajouter «les entreprises ont désormais
besoin d’un changement de paradigme,
basé sur la résilience: la question n’est
plus de savoir si les protections mises
en place permettront d’éviter les cyberattaques,
mais de savoir quand celles-ci
auront lieu, comment les mitiger, les
gérer, y répondre, et comment rebondir
et accélérer. EBRC a, de ce fait, renforcé
Méthodologies
2017 a été l’année des ransomwares.
Certaines entreprises internationales
ont été touchées de plein fouet. Même
si le mot d’ordre est de ne pas payer, il
est de notoriété publique que certaines
organisations s’y résignent, et notamment
les hôpitaux qui ne veulent prendre aucun
risque pour leurs patients. La panique, le
non «savoir-faire» et le non «commentfaire»
obligent certains dirigeants à se
soumettre au chantage. «Le statut de
victime n’est pourtant pas inéluctable dès
lors qu’ils sont entourés d’un écosystème
performant», assure Philippe Dann.
Cet écosystème de cyber-résilience doit
LG
BEST OF & GUIDE 2018
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être intégré afin d’assurer une réactivité
immédiate. Chez EBRC, il est assuré par
une équipe de conseillers et d’experts mais
également par la combinaison entre son
SOC (Security Operations Centre) et son
CERT (Computer Emergency Response
Team), connectés par ailleurs à d’autres
CERTs, publics ou privés. Avoir recours
à des compétences pointues adéquates est
primordial et c’est pourquoi EBRC vient
de signer un partenariat avec l’un des
leaders mondiaux en investigation sécurité,
qu’est OpenText - Guidance Software.
EBRC dispose déjà d’une cinquantaine
de profils actifs dans la cyber-résilience, et
propose non seulement ses services à ses
450 clients mais également sur l’ensemble
du territoire français, grâce à son alliance
avec Digora, présent dans les grandes
villes.
Les procédures mises en place par EBRC
pour ses clients managés sont autant
d’automatismes qui permettent de prévenir
et de détecter en temps réel les failles ou
les attaques informatiques et appliquer
immédiatement les bonnes stratégies
de réponses. Face aux nouvelles cybermenaces,
il est vital de pouvoir se référer
aux bons consultants et experts du CERT
et du SOC, intégrés dans l’organisation,
afin de prendre immédiatement les bonnes
décisions. Le conseil est ici central car il
va jusqu’à faire appliquer les meilleures
pratiques du marché, organiser des plans
de communication internes (à destination
des collaborateurs) mais aussi externes
(clients, fournisseurs, autorités). La cyberrésilience
s’étend sur toute la chaine, de
la prévention jusqu’aux analyses sécurité
forensic. Après une cyber-attaque, il est
essentiel de disposer des outils et des
compétences adéquats, afin de remonter
aux origines des attaques et de recueillir
les preuves qui constitueront les dossiers
présentés à la justice. La cyber-résilience
est au cœur de la directive européenne NIS
(Security of Network and Information
Systems), qui devra être transposée
dans les législations nationales pour mai
2018. En tant qu’opérateur de services
digitaux, EBRC a anticipé cette nouvelle
directive qui concernera les opérateurs de
services essentiels comme les hôpitaux, les
aéroports, les fournisseurs d’électricité,
les infrastructures bancaires et de marché,
mais également les infrastructures
digitales tels que les centres de données et
les opérateurs de services cloud.
Là où la cyber-sécurité ne peut qu’ériger
des murs censés résister à des attaques
toujours plus sophistiquées et complexes,
EBRC offre une détection préventive
de pointe et des réponses immédiates et
intelligentes totalement intégrées dans
ses services de Data Centre, de continuité
d’activité, Cloud et d’outsourcing IT.
L’une des tâches quotidiennes des équipes
opérationnelles du CERT d’EBRC
est la veille technologique et l’analyse
permanente des nouvelles vulnérabilités
du marché. Elle permet de prévenir et de
détecter les cyber-menaces. Les services
cyber-résilience EBRC, certifiés de bouten-bout
et couvrant toute la chaine de
services (CERT, SOC, centre de secours,
services managés PCI-DSS, consultants
et équipes d’experts), sont conçus afin de
permettre aux entreprises et organisations
les plus critiques de poursuivre leurs
objectifs dans un environnement digitalisé,
en s’immunisant au maximum contre les
cyber-menaces.
Enjeux
Historiquement, les réponses aux
cyber-attaques étaient élaborées en
fonction de scénarii préétablis. Mais les
récents événements montrent qu’elles
pénètrent toujours plus discrètement les
systèmes. Les piratages informatiques
d’organisations sensibles qui se retrouvent
régulièrement à la une des journaux
relèvent moins du vol d’informations
sensibles qu’à l’exploit de dégradation
de l’image de marque. Les menaces
dormantes sont les plus difficiles à
identifier et sont les plus dangereuses: plus
elles sont discrètes et silencieuses, plus
elles peuvent faire de dégâts. «Cela revient
à chercher une aiguille dans une botte de
foin», sourit Yves Reding.
La technologie permet aujourd’hui de
repérer les comportements suspects et
les actions inhabituelles (téléchargement
de fichiers sensibles, connexion trop
longue à un poste, clef usb étrangère au
système, etc.). Mais les enjeux ne sont pas
uniquement économiques et menacent
désormais les démocraties, les libertés
individuelles et même notre propre
capacité à nous affranchir de ce qui nous
détermine. Les réseaux sociaux constituent
la première source d’information pour
plus de 40% des jeunes électeurs en France
et 60% aux Etats-Unis 2 . Or il est de
notoriété publique que les campagnes de
dénigrement, ou «bashing» ont pesé dans
les élections présidentielles américaines et
françaises, tout comme dans le Brexit.
Les autorités européennes sont conscientes
des risques et tentent d’y apporter des
solutions. L’Agence européenne chargée de
la sécurité des réseaux et de l’information
(ENISA) a organisé une simulation
d’attaques de grande ampleur en 2016. Cet
exercice CyberEurope, étalé sur plusieurs
mois et auquel EBRC a participé, a été
clôturé par un exercice de cyber-résilience
de deux journées. Cet exercice simulait
des attaques sur des sociétés du secteur
technologique cotées sur des bourses
européennes, sur des services digitaux
primordiaux dont des prestataires Cloud,
pour se terminer par celles de simulations
d’attaques physiques de drones sur des
centres de données. «Trois semaines
seulement après l’exercice, un opérateur
de services essentiels européen majeur
subissait une attaque massive réelle, selon
un des scénarii relativement proche de
l’exercice… L’exercice CyberEurope était
particulièrement révélateur des nouvelles
menaces à venir et nous a incité, depuis
lors, à renforcer notre approche intégrée
de cyber-résilience et à développer
de nouvelles alliances sur un plan
international. Face à une menace globale,
il faut une approche globale», conclut Yves
Reding. n
1 Le Meilleur des mondes ou «Brave New World»,
est un roman d’anticipation dystopique écrit en
1931 par Adlous Huxley.
“2017 a démontré
les insuffisances
du schéma
binaire attaquesprotections”
2 Chiffres France Inter, consultables sur https://
www.franceinter.fr/politique/les-reseaux-encampagne-vaste-audience-et-petites-manipulations
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BEST OF & GUIDE 2018 - LG 209 - AVRIL 2018
ICT
Un secteur
en pleine mutation
La digitalisation en marche dans le secteur des assurances est
un véritable bouleversement. Le Groupe Bâloise Assurances
à Luxembourg embrasse ce changement avec enthousiasme
et développe dans ce cadre des applications et produits en
ligne innovants au service de sa clientèle. Daniel Frank,
administrateur-directeur et COO, nous présente les dernières
innovations de l’entreprise ainsi que les opportunités créées
par la digitalisation dans ce secteur.
Quelles sont vos dernières innovations
concernant l’assurance automobile?
La première phase de notre projet
d’innovation en matière d’assurance
automobile a démarré avec l’application
«Game of Roads» où les participants
pouvaient tenter de devenir le meilleur
conducteur du Luxembourg et ainsi gagner
une voiture. Pendant une période de huit
mois, les joueurs pouvaient accumuler
des points en conduisant de manière
responsable et prudente. La deuxième
version de cette application, appelée «Game
of Roads Experience», avait comme objectif
l’encadrement des jeunes conducteurs en les
faisant participer à des missions spéciales,
impliquant une conduite responsable sous la
pluie par exemple. C’est suite au succès de
cette expérience que nous avons décidé de
développer notre produit GoodDrive.
Cet outil télématique, décliné sous la
forme d’application, permet de mesurer le
style de conduite du client et d’y adapter
sa prime d’assurance. Pendant une phase
d’observation de minimum deux semaines
ou 500 km, le conducteur peut ainsi
prouver ses aptitudes de conduite en vue de
diminuer sa prime annuelle. L’application se
présente comme une option supplémentaire
pour le conducteur qui pourra choisir d’y
avoir recours ou non.
Pouvant se connecter au véhicule via
Bluetooth, l’application détecte lorsque la
voiture se met en mouvement afin de lancer
l’analyse qu’il est aussi possible de démarrer
manuellement. L’analyse enregistre les
freinages brusques et collecte les données
liées aux accélérations et à la prise de
virages. Nous avons également accès à une
moyenne générale de l’allure.
Cette application a été développée en
partenariat avec la startup luxembourgeoise
Motion-S qui gère ces données et nous
en transmet une version anonymisée et
consolidée.
“Simplifier
les procédures
de la souscription
d’une assurance
à la déclaration
d’un sinistre”
A ce jour, nous sommes les seuls au
Luxembourg à posséder une application
innovante permettant de mesurer le style
de conduite et d’établir un tarif en fonction.
Les jeunes ont trois fois plus d’accidents
que le reste de la population et leurs primes
sont donc d’entrée plus élevées, mais avec
cette application, nous tentons plutôt
d’évaluer au cas par cas le profil de chaque
conducteur, sans les pénaliser par rapport
à leur âge. En adaptant les primes, nous
incitons donc les jeunes automobilistes
– pour qui de telles économies sont très
intéressantes – à adopter une conduite sûre.
Toujours dans le domaine de l’assurance
automobile, nous avons également lancé
le produit SimplyDrive by Bâloise en
collaboration avec ALD Automotive qui
offre au particulier une formule similaire
au leasing professionnel. En effet, à la
place d’acheter un véhicule, les particuliers
Daniel Frank
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BEST OF & GUIDE 2018 - LG 209 - AVRIL 2018
ICT
ont maintenant la possibilité de louer une
voiture ainsi que tous les services y étant
associés. Pendant 12 à 48 mois, les clients
doivent simplement payer une mensualité
fixe comprenant absolument tout ce dont
un conducteur peut avoir besoin (location
du véhicule, assurance, maintenance,
pneus, taxes,…). Ainsi notre client n’aura
plus de surprises comme son coût mensuel
restera le même tout au long de la période
de leasing.
Quelles sont les fonctions de votre
application Valoo?
L’application Valoo, en partenariat avec
la startup française CBien, est la première
sur le marché luxembourgeois à dresser un
inventaire digital de tous les biens de valeur
qu’un particulier peut posséder (appareils
électroniques, bijoux, voitures, matériel
de sport,…). Elle permet également
d’enregistrer une version scannée de leurs
factures et leurs photos ainsi que tout autre
document utile par rapport à un objet.
Au niveau des méthodes d’ajout,
l’utilisateur peut scanner le code barre de
l’objet pour que toutes les informations
qui y sont relatives soient enregistrées,
ou encore tout encoder manuellement
ou en scanner la facture. Pour de jeunes
personnes s’installant pour la première fois
de manière indépendante, cette application
est très pratique puisqu’elle permet l’ajout
au fur et à mesure de biens.
Lors d’un sinistre ou d’un vol, si toutes
les données sont déjà dans le système, la
déclaration peut être réalisée en quelques
clics seulement. De notre côté nous
recevons les informations très rapidement
et pouvons donc agir dans les meilleurs
délais.
Quant à la valeur des biens, elle est
calculée de manière objective sur base des
informations encodées dans l’application
et des règles standards de calcul de vétusté,
et ce, par un organisme neutre, ce qui offre
une bonne base de négociation pour le
remboursement. L’utilisateur peut suivre
régulièrement l’évolution de la valeur
de ses biens mise à jour par le système et
peut même procéder à la vente, au prêt
ou à l’emprunt en ligne d’un objet au
sein de la communauté des utilisateurs de
l’application.
Quels sont les avantages de l’assurance
habitation en ligne GoodStart?
GoodStart propose en quelques clics une
offre d’assurance habitation ciblée pour
les appartements en location. Permettant
une simplification des démarches
administratives liées à l’assurance
habitation, ce produit vise essentiellement
une clientèle jeune mais est en pratique
ouvert à tous.
Facilitant l’accès à la location, cette offre
standardisée se base sur une surface
habitable relativement basse, souvent
privilégiée par les plus jeunes. Le tarif de
l’assurance est calculé rapidement en ligne,
et s’il convient, le client peut alors décider
de souscrire l’assurance qui prendra effet
immédiatement. Le certificat d’assurance
pourra également être délivré en ligne,
afin qu’il puisse rapidement être transmis
au propriétaire pour pouvoir signer le bail.
“Réinvestir
le temps gagné
dans le contact
humain”
Quels sont les enjeux de la révolution
digitale pour le secteur des assurances?
Avec ces nouvelles applications, Bâloise a
débuté le processus de digitalisation de ses
services et entend bien poursuivre sur cette
voie. Toutes ces innovations sont issues
d’une réflexion interne mais nous avons
également intégré un panel d’une vingtaine
de personnes choisies au hasard à qui nous
avons proposé de venir échanger avec
nous sur leurs besoins et leurs attentes par
rapport à l’assurance. Cette expérience a
été très enrichissante; elle nous a permis de
penser à certains aspects que nous n’avions
pas envisagés jusque-là.
L’enjeu principal de la digitalisation est
de pouvoir être plus réactif dans notre
communication avec le client et de lui offrir
un confort plus grand avec des démarches
simplifiées et transparentes. En nous
donnant accès à ses données, l’utilisateur
n’aura plus besoin de les encoder luimême
à chaque démarche; les procédures
seront ainsi grandement facilitées, de
la souscription d’une assurance à la
déclaration d’un sinistre.
Nous voulons également simplifier notre
langage pour permettre aux clients de
mieux comprendre les différentes modalités
d’un contrat, pour rendre notre métier
plus transparent. Avec la digitalisation,
tout le déroulement du processus pourra
être suivi, étape par étape. Ainsi, le client
saura toujours où en est le traitement de
son dossier et comment sont calculées ses
indemnités.
Digitaliser ne veut pas dire se distancier
du client, au contraire. La digitalisation
nous permet de simplifier et d’automatiser
les démarches administratives pour mieux
nous concentrer sur notre relation au
client. Nous allons donc réinvestir le temps
gagné par la digitalisation de nos processus
dans le contact humain avec nos clients.
Nous ne souhaitons pas uniquement traiter
des dossiers, mais aider nos clients et être à
leur écoute en investissant dans la relation
humaine.
Le problème principal auquel nous faisons
face dans nos projets de digitalisation est
la recherche de main d’œuvre qualifiée en
informatique. Nous avons donc développé
une stratégie de recrutement en offrant des
stages universitaires valorisants et axés sur
l’innovation avec la proposition, au terme
du stage, d’un CDI avec un programme
de formation et d’encadrement assuré par
Bâloise pendant plusieurs mois.
D’autres innovations plus ou moins
lointaines comme la voiture autonome
viendront modifier les habitudes au niveau
Groupe Bâloise Assurances à Luxembourgs
déjà à relever ces nouveaux défis car nous
savons qu’ils peuvent arriver très vite sur le
marché luxembourgeois. n
L’énergie
tout compris
- financement
- installation
- exploitation
©visible.be v18828 - image : Adobe Stock
lea-services.lu
T. +352 26 55 33 1
LEA (leasing energy access)
est un service développé
en partenariat par
Engie Cofely Services &
Weishaupt Luxembourg.
24 LG
BEST OF & GUIDE 2018
ICT
Le secteur public
luxembourgeois
en mode digital
Aujourd’hui plus que jamais, la transformation digitale du
secteur public prend tout son sens. Dans un environnement
toujours plus digitalisé, le secteur public constitue le
fer de lance de la transformation digitale de l’économie
toute entière. Où se situe le Luxembourg en matière de
modernisation et de numérisation de son service public? Tour
d’horizon avec Philippe Pierre, associé en charge du secteur
public à Luxembourg et responsable mondial Institutions
européennes chez PwC, et Thierry Kremser, associé en
charge de la technologie pour le secteur public chez PwC
Luxembourg.
Dans un environnement de plus en plus
digitalisé, comment le secteur public
appréhende-t-il son développement
numérique?
PP: Le secteur public a entamé sa
digitalisation depuis quelques années déjà, en
contribuant à dynamiser la transformation
digitale de l’économie et à simplifier les
démarches administratives des citoyens.
La digitalisation de la société doit toutefois
s’appréhender à travers deux niveaux: au
niveau européen et au niveau local. Pour le
premier, l’Union européenne a développé
une stratégie dédiée pour permettre aux 28
Etats membres de coordonner leurs efforts
de digitalisation lorsqu’ils fournissent des
services publics aux citoyens et entreprises.
Le cœur de cette stratégie réside dans
le principe d’interopérabilité, qui vise à
définir une approche commune lorsque
les administrations mettent en ligne
leurs services. Pour les citoyens comme
pour les entreprises, ce nouveau cadre
d’interopérabilité européen favorisera la
communication avec leurs administrations
nationales et celles des autres Etats membres
de l’Union européenne. Il permettra
d’échanger les informations localement,
nationalement et dans l’ensemble de
l’Union européenne de manière plus fluide.
Un exemple concret dans lequel ce nouveau
cadre peut s’appliquer? On peut penser
notamment au remboursement de frais de
soins médicaux reçus dans un autre pays que
celui de sa résidence, ou encore à la gestion
des questions relatives à la fiscalité et aux
droits de douane.
TK: Au niveau national, l’ensemble des Etats
membres doivent s’aligner sur les directions
données par Bruxelles. Les administrations
doivent aussi faciliter les démarches qu’elles
rendent aux citoyens et aux entreprises. Pour
s’assurer que les pays membres de l’Union
européenne assurent une transition efficace
vers une économie et une société numérique,
la Commission européenne publie chaque
année le Digital Economy & Society Index
(ou DESI), un rapport dans lequel elle
évalue les 28 pays membres en matière de
digitalisation du secteur public. Dans son
rapport de 2017, la Commission a positionné
le Luxembourg à la cinquième place. Un
positionnement plus qu’encourageant, surtout
en matière de connectivité, de compétences
numériques et d’utilisation d’Internet. Le pays
progresse aussi significativement en ce qui
concerne l’usage des technologies numériques
par les administrations publiques.
Justement, quelle est la démarche du
Luxembourg en ce qui concerne la
digitalisation du secteur public?
PP: La modernisation des services publics vise
bien sûr à simplifier l’expérience des citoyens
et des entreprises lors de leurs démarches
administratives, mais pas seulement.
La digitalisation du secteur public est aussi
une question de compétitivité: pour qu’un
pays reste attractif et compétitif au niveau
international, l’efficacité de l’administration
doit être au rendez-vous. Le Luxembourg
investit depuis plusieurs années déjà dans la
modernisation de ses outils informatiques et
dans la création de systèmes d’informations
innovants pour les utilisateurs. Le but est
d’attirer et de développer de nouvelles
activités sur son territoire. La démarche du
Luxembourg est clairement entrepreneuriale!
TK: Notre pays dispose de nombreux
atouts pour assurer une digitalisation de son
service public réussie. Les infrastructures
de communication de qualité et
l’hyperconnectivité des citoyens créent un
environnement favorable à la modernisation
de l’administration. À ce titre, le pays a lancé en
2016 le programme «Einfach Lëtzebuerg» qui
vise à simplifier les démarches administratives
des citoyens et des entreprises et à entamer
un dialogue plus direct entre l’administration
et les citoyens du pays. De plus, un certain
nombre d’initiatives ont vu le jour récemment,
notamment au travers du CTIE (le Centre
des technologies de l’information de l’Etat), et
montrent que le pays est sur la bonne voie pour
digitaliser le secteur public.
Quelles initiatives vous viennent à
l’esprit?
PP: Depuis le 1 er juillet 2016, un nouveau
règlement européen sur l’identification
électronique et les services de confiance
pour les transactions électroniques est entré
en vigueur – il s’agit du règlement eIDAS
(ou Electronic IDentification And trust
Service). Il contribue à faciliter les échanges
numériques en permettant, entre autres,
d’instaurer un cadre légal lors de la signature
électronique à distance de documents. La
technologie induite par ce règlement permet
d’améliorer considérablement l’expérience
utilisateur puisqu’elle simplifie largement les
procédures lors de signatures de documents à
distance. Elle offre la possibilité aux citoyens
et entreprises luxembourgeois de réaliser des
démarches en ligne dans n’importe quel pays
membre de l’Union européenne sans devoir
avoir recours à un moyen d’identification
électronique du pays en question.
“La digitalisation
du secteur public
est aussi
une question
de compétitivité”
TK: Citons également la récente ouverture
de la première ambassade digitale au
Luxembourg. L’Estonie a en effet décidé de
conserver ses données e-gouvernementales
dans un data centre basé au Luxembourg
– une première mondiale! Un exemple de
plus qui montre que la stratégie du pays en
matière de modernisation du service public
est payante et va dans la bonne direction. n
PwC Luxembourg
2 Rue Gerhard Mercator
L-1014 Luxembourg
www.pwc.lu
Thierry Kremser et Philippe Pierre
26 LG
BEST OF & GUIDE 2018
ICT
La transformation
digitale
des communes
Si la modernisation du secteur privé s’opère via les entreprises,
celle du secteur public ne se fera pas sans le concours des
communes. Elles aussi doivent développer leur écosystème
digital afin de répondre aux besoins toujours plus exigeants de
notre société, et cela au profit du citoyen. Telindus et Tango
se sont stratégiquement rapprochés en regroupant leurs
forces et en combinant des solutions de téléphonie et d’ICT
avec la volonté d’être des générateurs de valeur au profit de
leurs clients respectifs. Interview de Marco Bertamé, Sales
Manager pour le secteur public chez Telindus.
Où se place le Luxembourg en matière de
connectivité?
Le pays dispose d’infrastructures de
télécommunication de haute qualité et d’une
connectivité importante reliée aux principaux
hubs européens de l’internet. Grâce à un grand
volume de fibres optiques et de centres de
données à la pointe, le Luxembourg bénéficie
d’infrastructures performantes et sécurisées
pour l’hébergement de l’information digitale.
Néanmoins le secteur public doit davantage
se moderniser afin de proposer le meilleur
service au citoyen et lui permettre de joindre
plus facilement un agent de sa commune par
exemple. L’une des initiatives que le service
public pourrait prendre rapidement serait de
moderniser son infrastructure et de passer
de l’analogique vers un mode «full IP» afin
de profiter pleinement de la convergence
entre les téléphonies fixe et mobile et les
technologies de l’information. Les communes
demandent des solutions toujours plus
fiables et localement gérées. On constate que
leur exigence pour le niveau de service, de
réactivité et de sécurité a nettement augmenté
ces dernières années.
Quelles sont les besoins des communes en
téléphonie fixe et mobile?
L’unification de la téléphonie fixe et mobile est
devenue une nécessité dans la mesure où les
employés communaux doivent être toujours
plus mobiles et joignables à tout moment.
En combinant la téléphonie fixe et la
téléphonie mobile, il est désormais possible
d’être contacté à un numéro professionnel
unique choisi par la commune. Via son
téléphone portable, l’employé peut alors
répondre à un appel sur son numéro fixe.
“Ces deux dernières
années, Telindus
Luxembourg
a été élue meilleur
opérateur télécom
de l’année
au Luxembourg”
Etant donné que les appareils mobiles sont
intégrés dans la plateforme de communication
de la commune, le système est combiné
au statut de présence. On sait ainsi quand
l’employé est à nouveau joignable et on
peut lui envoyer un message (chat) et éviter
d’attendre qu’il finisse sa communication.
Et pour ce qui est de la téléphonie mobile?
Telindus powered by Tango propose son
application sécurisée «Web Selfcare»
qui apporte davantage d’indépendance et
d’autonomie. Nos clients professionnels
peuvent ainsi prendre la main sur la
gestion de leurs abonnements mobiles. Ils
peuvent, en cas de besoin (vol, perte, nouvel
employé ou départ d’employé) administrer
leur compte en temps réel et activer ou
désactiver des cartes SIM. Les factures
peuvent également être visualisées sous
différents formats. Ce sont une flexibilité
et une réactivité fortement appréciées par
notre client la Ville de Luxembourg.
Un mot sur votre offre cloud…
Nous assistons actuellement à une convergence
des technologies de l’information en
général et de la téléphonie fixe et mobile
en particulier. Telindus a développé en
collaboration avec Tango, le service FMU
(Fixed Mobile Unification) et propose une
solution cloud entièrement gérée qui offre
beaucoup d’avantages.
Telindus propose des solutions cloud
hébergées dans les centres de données de
LuxConnect qui assurent les plus hauts
standards en la matière, à savoir le Tier IV.
On y trouve la performance, la redondance,
la sécurité ainsi qu’une disponibilité assurée
et gérée par des spécialistes 24h/24 et 7j/7.
Qu’en est-il de la connectivité internet?
Là aussi, Telindus powered by Tango
apporte des réponses: désormais, une
centrale téléphonique unique avec une racine
commune à tous les bâtiments et services
suffit. Ce faisant, les communes réduisent
drastiquement leurs frais de communication.
Ces deux dernières années, Telindus
Luxembourg a été élue meilleur opérateur
télécom de l’année au Luxembourg, une belle
récompense qui motive plus encore à proposer
au marché luxembourgeois des solutions
toujours plus innovantes. Au printemps 2019,
Telindus et Tango seront réunis dans un seul
bâtiment ultra-moderne à Bertrange. Outre
les nombreuses synergies que cela permettra,
un laboratoire technique reprenant toutes les
nouvelles technologies y sera intégré. n
Telindus Luxembourg
81-83 Route d’Arlon
L-8009 Strassen
www.telindus.lu
Marco Bertamé
PARCOURS PROFESSIONNEL
DE L’INTERVENANT
Après des études d’ingénieur en informatique,
Marco Bertamé commence dans la société en
1984 comme programmeur pour une solution
innovante. Il passe ensuite de la technique au
commercial et gère un magasin avant d’assurer
le rôle de gestionnaire de comptes (Account
Manager). Aujourd’hui, Sales Manager pour
le secteur public, il s’occupe notamment de
certains grands comptes comme par exemple,
l’Education nationale et de nombreuses
communes.
Paul Denzle et Pascal Casel
LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 209 - AVRIL 2018
29
1 gigabit
dans chaque foyer
connecté à Eltrona
et du ultra-haut débit. C’est une aubaine
que peu de pays européens connaissent.
Pour ce qui est des performances, il suffit
de se référer aux calculs de Netflix quant
aux vitesses des fournisseurs de services
Internet: 4,44 est la valeur d’Eltrona qui est
classé numéro 1 au Luxembourg et je vous
défie de trouver une meilleure note dans un
pays européen et même au monde. (ndlr:
USA: 4.00, Singapour: 4.20, NL: 4,09).
Dans les années soixante-dix, la télévision a connu au
Luxembourg un engouement si considérable qu’il a fallu
constituer une infrastructure qui répondait à la demande.
Ce réseau de câbles coaxiaux permet aujourd’hui à Eltrona
d’offrir à ses clients le haut débit (100 Mbit/s), et très
prochainement du ultra-haut débit (1 Gbit/s). Interview de
Paul Denzle, administrateur délégué d’Eltrona.
Depuis 2008 et la politique du
«Digital Lëtzebuerg», le pays se dote
d’infrastructures qui accroissent sa
connectivité, peut-on dire que vous en
êtes un acteur?
La connectivité à haut débit est devenue
indispensable à l’économie du pays, d’où
l’importance de l’infrastructure et des
services qui vont de pair. La connectivité
internet a pris de plus en plus d’importance
ces dernières années, et ce, pour les
entreprises mais aussi pour les particuliers.
C’est pourquoi les bureaux d’études
qui planifient un nouveau quartier font
appel à nos services afin d’élaborer un
réseau d’infrastructures qui permettra
la connectivité des habitations et des
bâtiments. Nos ingénieurs réalisent les
plans détaillés dans l’espace public mais
également des bâtiments, des résidences et
des maisons unifamiliales.
Il ne suffit pas uniquement de se doter
d’infrastructures comme les centres de
données et des implantations des GAFA
mais il faut aussi que les citoyens puissent
avoir accès à du haut débit. Ce qui implique
de facto, le challenge des installations
internes.
Peut-on dire que le haut débit est
désormais devenu la norme?
Nous constatons une augmentation de la
consommation internet dans les foyers et
toutes nos offres relèvent désormais du 100
Mbit/s. Avec la multiplication des écrans
au sein des foyers et la consommation de
la vidéo, il est devenu indispensable que la
bande passante soit excellente.
Le câble coaxial d’Eltrona, beaucoup plus
performant que la paire torsadée «twisted
pair», permettra bientôt de desservir du
ultra-haut débit 1Gbit/s. Les tests sont
actuellement en cours dans nos laboratoires
et seront dans quelques semaines réalisés
sur le terrain. Le déploiement commercial
est estimé d’ici l’été.
L’objectif est d’être en capacité de desservir
la totalité de nos clients et ainsi, devenir
le leader du marché luxembourgeois de
l’ultra-haut débit.
“Le câble coaxial
de notre réseau
permet le haut
débit et le ultrahaut
débit”
Pourquoi préférer le câble coaxial à la
fibre optique?
Les habitations n’ont pas besoin de faire
des trous dans les murs et de déchirer la
tapisserie pour accéder à une connexion
internet plus rapide. Les nouvelles
constructions devront juste se doter d’une
infrastructure coaxiale…
La même infrastructure qui dessert la
télédistribution depuis plus de 50 ans
permet aussi de desservir une connexion
internet ultra rapide. Le câble coaxial de
notre réseau a été conçu pour le transport de
signaux vidéo et permet celui du haut débit
Quelles sont vos offres de prédilection?
«Eltrona Home» est notre produit phare
composé d’un bouquet de plus de 100
chaînes télévisées, d’un abonnement
internet illimité en haut débit (100 Mbit/s)
et de la téléphonie fixe, le tout pour 59
euros par mois.
Nous proposons la même offre avec la
téléphonie mobile en plus, dont 20 giga
de données en Europe et au Luxembourg,
2.500 appels, 2.500 sms et 5.000 mms à
seulement 99 euros par mois.
Enfin, les plus jeunes qui délaissent la
télévision linéaire au profit de la toile,
préfèrent notre offre «Internet Only» à
19,95 euros.
Nous sommes donc compétitifs par rapport
aux prix du marché, tout en gardant un très
haut niveau. n
Les offres
Eltrona
100Mbit/s
(Internet Only):
19,95 Eur./mois.
+ 100 chaînes TV
+ téléphonie fixe
(Forfait Easy):
59,00 Eur./mois.
+ 1 abonnement mobile
(Forfait Cosy):
99,00 Eur./mois.
30 LG
BEST OF & GUIDE 2018
ICT
Une entreprise tournée
vers le futur
En 72 ans, Charles Kieffer Group est passé d’une petite
structure au grand groupe bien connu au Luxembourg
aujourd’hui. Un de ses doyens, Joseph Frisch, Partner
General Manager Business Operation, revient avec nous
sur l’historique de la société et nous présente les dernières
nouveautés proposées par son partenaire Konica Minolta en
Office, Production et Industrial Printing.
Retracez-nous l’historique de l’entreprise
en quelques mots…
Fondé en 1946, Charles Kieffer Group
s’est dès le début ancré dans les domaines
de l’impression et de l’audiovisuel. Son
fondateur a alors établi un lien très fort
avec les communes, qui a perduré au fil
des années grâce à nos services et solutions
diversifiés dans les mondes de l’audiovisuel,
de l’impression, de l’archivage, des produits
de finitions et façonnages ainsi que de
l’informatique.
Le succès du groupe se base en partie sur son
identité et son management luxembourgeois
ainsi que sur son implantation nationale qui
facilite les prises de décisions rapides. De
plus, nous visons toujours l’adaptation aux
demandes du marché. Ainsi nous avons été
les premiers dans notre domaine d’activité
à proposer du scanning au Luxembourg.
Le regroupement de toutes nos activités
en un seul site nous a encore fait gagner en
efficacité.
Damien Georges, Frédéric Legros, Joseph Frisch et Tom Frisch
LG
BEST OF & GUIDE 2018
31
Par ailleurs, nous nous sommes entourés
des bons partenaires partageant notre
soif d’évolution technologique. Notre
collaboration avec Minolta existe depuis
plus de 35 ans maintenant et a été renforcée
suite à la fusion avec Konica en 2003. Ainsi,
CK a bénéficié de ce partenaire devenu
acteur et innovateur mondial et collabore
depuis lors étroitement et efficacement avec
Konica Minolta dans le but de proposer
des solutions influençant le marché dans les
différents domaines de la bureautique. Ces
solutions permettent de faciliter les processus
et d’assurer une meilleure gestion générale des
flux de données dans une entreprise ou dans
des institutions telles que les communes.
Notre personnel représente une force
majeure pour l’entreprise grâce à sa
performance au niveau de la technologie
actuelle et future. Combiné avec l’étendue
de ses domaines d’activité, CK se positionne
comme un interlocuteur unique et de
confiance pouvant proposer des solutions à
tous les niveaux.
Nous sommes une équipe tournée vers
l’avenir et diversifions notre offre dans tous
les domaines face à la perte de vitesse de
l’impression pour répondre à des besoins de
plus en plus larges allant de solutions IT à
l’ennoblissement d’un document.
“Nous avons su
nous entourer
des bons partenaires
partageant notre
soif d’évolution
technologique”
Quelles sont les dernières évolutions qu’a
connu le monde de l’Office Printing?
La toute nouvelle gamme multifonctions
A4-A3 couleur de Konica Minolta offre une
sécurité renforcée ainsi qu’une meilleure
gestion des coûts et de l’information,
combinée au navigateur Web embarqué qui
permet de connecter facilement la plupart
des logiciels métiers afin d’automatiser le
traitement des informations.
L’essor du scanning et de la dématérialisation
nécessite des produits capables de répondre
de manière professionnelle et cette
nouvelle gamme propose une vitesse de
numérisation révolutionnaire recto-verso
en un seul passage de 240 scans à la minute
fort appréciable de la part des communes.
La protection contre la cybercriminalité
est également une priorité pour la marque
qui a ainsi renforcé sa sécurité par des
processus comme la protection des PDF
par mot de passe ou un disque dur en miroir
pour garantir la sauvegarde optimale des
données, parmi bien d’autres procédés.
Enfin, la gamme offre des solutions de
mobilité avancées grâce à son interconnexion
avec tous les terminaux de l’entreprise.
En effet, tous les outils de travail peuvent
facilement être connectés en WiFi, NFC ou
Bluetooth et permettent ainsi aux utilisateurs
d’être plus mobiles et productifs.
L’avantage principal de l’IQ-501 est de
pouvoir automatiser de nombreuses tâches
au niveau du contrôle et de l’ajustement de
la qualité, ce qui permettra à l’utilisateur de
gagner beaucoup de temps. Par exemple,
ce module peut gérer automatiquement la
couleur, effectuer une registration rectoverso
automatique, en temps réel et en
cours de production ainsi que la validation
colorimétrique grâce à son système de
calibrage automatique pendant la séance
d’impression.
Quelles sont les nouveautés en matière
d’Industrial Printing?
Konica Minolta poursuit son développement
et s’est lancée dans l’Industrial Printing.
Ainsi, des effets tels que la 3D, l’emballage,
l’ennoblissement du document ou encore le
labelling sont à présent réalisables.
Tout d’abord l’imprimante numérique
à étiquettes AccurioLabel 190 vous
permettra de créer des autocollants à la
demande avec une performance haut de
gamme numérique.
La presse d’impression IFOIL S de MGI
vient quant à elle compléter les imprimantes
JET varnish 3DS et Meteor Unlimited
Colors pour l’insertion de dorures à chaud
et de gaufrages personnalisés de manière
entièrement numérique. Il est également
possible d’imprimer sur ces dorures pour
produire des effets métallisés multicolores.
Enfin, la JET varnish 3D de MGI applique
un vernis sélectif 2D et 3D pour les
formats numériques ou l’impression offset
principalement pour les couvertures de
livres, les cartes d’invitation et de visite,
les brochures et packagings. Elle peut
également réaliser des gaufrages et de la
dorure numérique. n
Y a-t-il également des nouveautés dans
le monde du Production Printing?
En début d’année, Konica Minolta a lancé
sa nouvelle gamme de presses numériques
couleur de production AccurioPress. Celleci
intègre le nouveau module intelligent
d’optimisation de la qualité IQ-501.
Charles Kieffer Group
2, rue Léon Laval
L-3372 Leudelange
sales@ck-group.lu
www.ck-group.lu
32 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 208 - MARS 2018
RGPD
La transparence
du traitement
Le 25 mai, le Règlement Général sur la Protection des
Données (RGPD) sera applicable en Europe. Anciennement
commissaire à la CNPD, Georges Wantz, directeur
Technology & Entreprise Application chez Deloitte
Luxembourg, revient avec nous sur les démarches qu’il reste
à accomplir dans le secteur public pour une mise à jour avant
l’application du règlement.
Comment épauler le secteur public
dans sa préparation à cette nouvelle
réglementation?
La nouveauté de ce règlement est surtout
qu’il provoque une prise de conscience:
la protection des données est un droit
fondamental en Europe qu’il est temps de
faire respecter.
Ainsi, il vise à supprimer les démarches
administratives telles que des notifications
et des demandes d’autorisation auprès de la
CNPD en les remplaçant par un principe
d’obligation pour tout responsable de
traitement de données à caractère personnel
de prouver qu’il protège les données
personnelles et qu’il informe les citoyens des
traitements qui seront opérés sur celles-ci. Il
restreint également leur usage au traitement
initial seul et oblige à la suppression de ces
données une fois le traitement fini.
Le secteur public est touché par ce règlement
car les communes traitent constamment
des données à caractère personnel de leurs
citoyens ou même de leurs employés. Elles
devront donc analyser leurs besoins en
traitement des données et les mesures de
sécurité qui doivent être mises en place
par rapport à ceux-ci. Il ne s’agit dès lors
pas uniquement de mesures informatiques,
mais surtout organisationnelles. De plus, la
démarche devra à présent être entièrement
transparente pour laisser la possibilité au
citoyen de consulter ses données et d’en
connaître le traitement.
Comment identifier les données concernées?
Une donnée à caractère personnel est une
donnée liée directement ou indirectement
à une personne physique. La question
essentielle à se poser dans ce cadre est
«pourquoi dois-je traiter cette donnée?».
La définition du traitement est également
très large: la collecte, la destruction, le
stockage, et tout autre démarche effectuée
avec les données est identifiée comme un
traitement et pour chacun d’entre eux, une
finalité, primaire ou annexe, doit être définie
entre autres pour identifier le moment
où la donnée pourra être supprimée. Il
est important de définir le responsable
du traitement pour remettre en cause sa
légitimité et savoir s’il a le consentement,
la base ou l’obligation légale de traiter ces
données.
“Les amendes
pourront s’élever à
20 millions d’euros
ou atteindre 4%
du chiffre d’affaires”
Quel sera le rôle d’un délégué à la
protection des données?
Premièrement, il devra assumer un rôle
de conseil au sein de son organisme. Il
sera également la personne de contact en
cas d’exercice de droit d’une personne
dont les données à caractère personnel
ont été utilisées et devra justifier dans ce
cas le traitement opéré. Il aura aussi la
responsabilité de traiter avec la CNPD en
cas de problème décelé par l’autorité.
Le délégué devra impérativement être une
personne indépendante, c’est-à-dire qu’il ne
pourra pas être trop impliqué dans le traitement
des données à caractère personnel pour ne
pas manquer d’impartialité. En fonction de
la taille de l’entité, il est envisageable que
ce délégué s’occupe également de réunir la
documentation garantissant la conformité du
traitement des données, bien que cela ne fasse
pas partie de ses obligations.
En faisant appel à un conseiller externe
pour cette tâche, un organisme aurait la
garantie de ses bonnes compétences en
la matière et pourrait même réaliser des
économies. En revanche, cette personne
serait moins disponible et moins réactive
qu’un employé interne à l’entité. Le juste
milieu entre ces deux alternatives serait de
faire appel à un seul délégué pour plusieurs
entités au sein d’un même groupe, ou dans
le cas des communes, d’attribuer cette tâche
au Syvicol pour assurer l’harmonie et la
cohérence des traitements au sein de toutes
les communes luxembourgeoises.
Pensez-vous que les communes soient
suffisamment préparées?
Les communes ne semblent pas encore
tout à fait saisir l’ampleur de la démarche
et je pense qu’il leur faudra un délai plus
long avant de se mettre à jour quant à cette
règlementation.
Le règlement prévoit des mesures
contraignantes, sous la forme d’amendes
par exemple, en cas de non-respect. Ces
dernières pourront s’élever à 20 millions
d’euros ou atteindre 4% du chiffre d’affaires
d’une entreprise selon les cas de figure, ce
qui représente un incitateur fort pour les
organismes devant appliquer ce règlement.
A échelle européenne, les autorités de
contrôle auront pour obligation de vérifier
sa mise en application et les organismes
ne l’appliquant pas devront en assumer les
conséquences économiques.
Quel conseil pourriez-vous donner aux
communes à l’aube de ces changements?
Le plus important est d’adopter une
démarche pragmatique et d’avancer étape
par étape pour ne rien oublier et ne pas
s’éparpiller. La protection des données ne
sera jamais effective à 100%. Le règlement
impose qu’il y ait une réflexion à ce sujet et
que des mesures soient prises pour favoriser
au maximum cette protection des données.
Cette démarche, bien que laborieuse, est en
réalité plutôt simple. Il faut bien s’informer
sur le niveau de détails à fournir et sur les
processus à mettre en place, la mise en
application est quant à elle assez simple. La
première étape pour une commune sera de
se renseigner sur la protection des données
et d’en comprendre l’impact sur son entité.
Il faut donc commencer par désigner une
personne en charge de l’identification
Georges Wantz
et de la caractérisation des traitements
et des problèmes qui y sont liés et de les
prioritiser. Il faudra ensuite d’établir un
plan de résolution pour être le plus en règle
possible le 25 mai 2018. n
34 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 210 - MAI 2018
RGPD
Un partenaire de conformité
Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD)
entrera en application le 25 mai 2018. Ce texte entend offrir un
cadre harmonisé aux Etats-membres en matière de protection
des données à caractère personnel, et de ce fait, une plus grande
sécurité pour les personnes concernées. MGSI accompagne
les multinationales, les PME, les sociétés artisanales, les
associations et les organisations vers leur conformité.
Explications de la CEO de MGSI, Mélanie Gagnon.
Qu’est-ce qui changera avec l’application
du RGPD?
Un des principaux objectifs est de redonner
le contrôle aux personnes concernées sur
leurs données à caractère personnel, en
intégrant de nouveaux droits, notamment
le droit à la portabilité et le droit à
l’effacement. Aussi, elles auront le droit,
sous certaines conditions, de ne pas faire
l’objet d’une décision fondée exclusivement
sur un traitement automatisé, y compris le
profilage.
Ce cadre législatif veut atténuer la
fragmentation actuelle des lois nationales
de protection des données, tout en laissant
Mélanie Gagnon
LG
BEST OF & GUIDE 2018
35
une certaine marge de manœuvre aux
Etats-membres qui pourront par exemple
choisir l’âge minimum du consentement des
enfants.
Les entreprises établies hors de l’UE qui
offrent des biens et services aux personnes
concernées dans l’Union et/ou suivent le
comportement de ces personnes, devront se
soumettre au RGPD.
En outre, des principes de protection
des données devront être implantés dès
la conception des produits, services ou
systèmes exploitants des données à caractère
personnel (Privacy by Design).
Certaines entreprises et les organismes
publics devront aussi nommer un délégué à la
protection des données ou «Data Protection
Officer (DPO)». Le DPO est un acteur clé
au sein de la gouvernance de l’organisation,
ayant notamment pour mission d’informer,
conseiller, contrôler le respect du RGPD et
de permettre le dialogue avec l’autorité de
contrôle (la Commission Nationale pour la
Protection des Données au Luxembourg).
Devant l’ampleur de la tâche, quel est
l’état d’esprit des acteurs de la place?
Dans la mesure où les sanctions peuvent
atteindre jusqu’à 4% du chiffre d’affaires
annuel mondial ou 20 millions d’euros, je
dirais qu’il est plutôt à la crainte. Certains
observent la concurrence pour repérer si
des démarches de conformité sont déjà
mises en place et d’autres tentent de savoir
si des sanctions toucheront leur secteur
d’activités. Mais il ne faut pas oublier que
la CNPD peut également imposer des
mesures correctrices, comme par exemple
ordonner la rectification ou l’effacement
de données à caractère personnel ou la
limitation du traitement.
Et parmi les bons élèves…
MGSI remplira le rôle de DPO pour la
Chambre des Députés et accompagne
plusieurs organisations et entreprises,
notamment Luxair Group et Post Group
dans leur mise en conformité.
“Une équipe
d’experts
multidisciplinaires,
spécialisée en
protection des
données”
Quelles sont les principales étapes d’une
mise en conformité?
Le 25 mai étant à nos portes, la priorité
est donc d’analyser votre obligation de
nommer ou non un DPO, de définir
son rôle et ses responsabilités au sein de
l’entreprise conformément au RGPD.
Ensuite, il est nécessaire de procéder à un
inventaire des traitements de données à
caractère personnel effectués au sein de
chaque service/département de l’entreprise:
cette démarche permet d’avoir une vue
d’ensemble pour procéder à une analyse
d’écarts avec le RGPD et prioriser les
actions à mettre en œuvre pour la mise en
conformité.
Par la suite, il est essentiel de mettre
en place des procédures permettant aux
individus d’exercer leurs droits, d’identifier
les sous-traitants et revoir les contrats
pour respecter les exigences du RGPD
et bien entendu se former sur le sujet,
notamment en assistant aux différentes
formations offertes par MGSI. Il faut
veiller à mettre en place des mesures de
sécurité appropriées en prenant en compte
notamment, la nature des données.
Les données de catégories particulières,
dites «sensibles» requièrent de plus
grandes précautions…
Le RGPD entend par «données de
catégories particulières» toutes données
qui renseignent notamment les origines
ethniques ou raciales, les opinions
politiques, philosophiques ou religieuses,
l’appartenance syndicale, la santé ou la vie
sexuelle. En principe, le traitement de ces
données est interdit, sauf exceptions, par
exemple, si la personne concernée a donné
son consentement explicite.
Comment pourrait-on présenter MGSI?
C’est une équipe d’experts multidisciplinaires,
spécialisée en protection des
données et en sécurité de l’information
dont la mission est d’accompagner
les organisations dans leur mise en
conformité avec les exigences du
RGPD. Nous sommes un partenaire
officiel de l’IAPP (International Association
of Privacy Professionals) et donnons
des formations de deux jours pour les
certifications CIPP/E et CIPM. Nous
offrons également des formations de deux
jours permettant de prendre connaissance
des éléments clés du RGPD afin de mettre
en place une démarche de conformité au
sein des entreprises et organismes.
MGSI peut dès lors former et assister
les DPO internes ou bien être mandatée
en qualité de DPO externe. Son
expertise inclut les spécificités juridiques,
organisationnelles, techniques et de sécurité
selon les secteurs d’activités, et ce, dans le
respect des principes d’indépendance et
d’absence totale de conflit d’intérêt.
Pour plus d’informations, MGSI organise
un événement sur la protection des données
les 29 et 30 mai, rdv sur www.ldpd.lu n
36 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 210 - MAI 2018
RGPD
La protection
des données au cœur
de l’actualité
Le 25 mai, le nouveau Règlement Général sur la Protection des
Données (RGPD) entrera enfin en application. Carlo Harpes,
fondateur et directeur d’itrust consulting, revient avec nous
sur les premières implémentations de la réglementation au
sein des entreprises au Luxembourg et aux démarches qu’il
reste à entreprendre tant dans le secteur privé que public.
Interview.
Au Luxembourg, y a-t-il eu une prise de
conscience par rapport à l’importance
de la protection des données?
Cette prise de conscience ne fait que
commencer, à la veille de la mise en
application de la réglementation. Après
avoir eu deux ans pour s’y préparer, les
acteurs concernés ne s’en inquiètent
qu’aujourd’hui et nous sommes plus
que jamais sollicités dans ce cadre.
Heureusement, il n’est jamais trop tard
pour se mettre en règle. Il n’y aura pas de
pénalités au premier jour, l’important est
donc d’entamer les démarches pour être à
jour le plus rapidement possible.
Comment se sont passées vos premières
implémentations?
Depuis le mois d’octobre, un petit nombre
de clients ont commencé à travailler sur
leur mise en conformité. Cela nous a permis
de nous intégrer dans un certain rythme
et de poser les priorités. Maintenant que
les démarches importantes ont été mises
en place, nous avançons peu à peu pour
atteindre un bon niveau de conformité
avant la date butoir. Les entreprises vivent
ce changement comme une lourdeur. Nous
tentons alors de les soulager et de leur
montrer la marche à suivre pour rendre
cette adaptation moins difficile.
Au départ, il est important d’implémenter
une bonne politique générale de sécurité
sans quoi aucune protection des données
ne pourra vraiment être garantie. Notre
méthodologie est plus large et s’étend
à la sécurité générale des informations
de l’entreprise. Par exemple, notre outil
d’analyse de risque, TRICK Service,
permet de mesurer le niveau de sécurité
requis de façon détaillée et a été étendu aux
exigences du RGPD.
Il faut ensuite analyser les processus,
s’assurer de leur légitimité et en informer
les personnes concernées. Pour chacun
de ces points, nous avons créé une
méthodologie ou des documents types
pour l’aide à l’implémentation. Par ailleurs,
un dirigeant doit s’assurer que tous ses
employés connaissent et appliquent la
réglementation.
“Notre
méthodologie pour
l’implémentation
du RGPD s’étend
à la sécurité
générale de
l’entreprise”
Comment améliorer votre approche?
Nous nous sommes aperçus que la
plupart des entreprises ne voyaient pas
la nécessité d’avoir un niveau de sécurité
bien documenté. Suite à ces remarques,
nous avons adapté notre stratégie; nous
proposons alors aux clients de réaliser
eux-mêmes les démarches en interne et
leur offrons en parallèle un coaching, forts
de nos compétences et de notre savoirfaire.
Nous leur donnons nos outils et
nos modèles puis n’intervenons plus que
ponctuellement pour les aider dans leurs
démarches.
Depuis le 26 mars dernier, nous avons
établi un partenariat avec la Fédération
des Artisans pour le coaching de près de
70 entreprises. Nous avons ainsi créé des
formations génériques en auditoire suite
auxquelles nous organisons des workshops
par thème où chaque personne peut poser
des questions spécifiques. Ces formations
donnent un point de départ aux entreprises
et leur apportent une base pour leur mise
en conformité avant le 25 mai; d’autres
workshops seront encore organisés par
la suite pour poursuivre ces démarches.
Au total, nous proposons dix ateliers
thématiques et jusqu’ici, les workshops
proposés ont rencontré un franc succès.
Que penser du rôle qu’a joué la CNPD
dans l’information aux entreprises par
rapport au RGPD?
La CNPD a investi beaucoup dans la
sensibilisation, ce qui est utile. Elle a
longtemps annoncé la création d’un
outil qui aurait aidé les entreprises à se
conformer au RGPD. Cette annonce a
découragé les entreprises privées comme
la nôtre à créer leur propre outil, puisque
l’organe de référence se proposait
d’en fournir un gratuit. Or, le simple
questionnaire d’audit qui en est sorti
n’est en rien une aide pour se mettre
en règle; les secteurs public et privé
ont besoin d’une aide, d’un coaching
et d’outils concrets pour atteindre les
objectifs fixés par le RGPD. De plus, le
secteur public n’a pas pris les devants
pour montrer l’exemple, comme on aurait
pu s’y attendre et encore aujourd’hui de
nombreuses entités publiques doivent se
mettre à jour et se pencher sur la mise
en application imminente du règlement.
Quels conseils adresseriez-vous aux entreprises
face à cette nouvelle réglementation?
Tout d’abord nous conseillons à toute
entreprise n’ayant pas encore enclenché le
processus de prendre cette réglementation
au sérieux. Même si la date butoir est
passée, il n’est jamais trop tard pour s’y
conformer.
Nous voyons cette réglementation comme
une opportunité pour les entreprises
d’améliorer certains de leur processus et
d’éliminer toutes les données inutiles.
Nous leur conseillons par ailleurs
d’améliorer la façon dont sont documentés
les processus, surtout dans les petites
entreprises où il n’y a pas de culture de la
documentation pour les décisions prises
au quotidien. Apprendre à recueillir et
documenter des décisions peut avoir des
effets positifs au niveau de l’amélioration
de l’efficacité du management, au-delà
du fait que la réglementation oblige cette
documentation. Ce règlement peut pousser
Carlo Harpes
les entreprises à adopter un nouveau mode
de fonctionnement dont les bienfaits s’en
ressentiront dans l’exercice quotidien de
leur activité.
Pour les plus grandes entreprises, nous
les encourageons à poursuivre sur leur
lancée d’application d’un management
de la sécurité et de la protection des
données, et ce, au travers d’un changement
de culture dans l’entreprise supporté
par une documentation adéquate. Nous
avons également élaborés 50 points
d’améliorations des prochaines normes
internationales ISO sur la gestion et
la protection des données à caractère
personnel qui pourraient aider les
dirigeants dans leurs démarches. n
38 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 209 - AVRIL 2018
ECONOMIE & FINANCE
Un donut
au service de l’avenir
PAR JULIEN BRUN
Le 7 mars, l’INDR: Institut National pour le Développement
durable et la Responsabilité sociale des entreprises a fêté
ses dix ans à la Chambre de Commerce. L’INDR a reçu
pour l’occasion Kate Raworth, Professeur et Chercheur à
l’Institut des changements environnementaux de l’Université
d’Oxford, venue présenter son ouvrage Dougnhut Economics.
LG Magazine a eu le privilège de la rencontrer. Interview.
Qu’est-ce que l’économie en donut?
C’est un compas, une boussole, un repère
afin de guider l’humanité vers la prospérité
du XXI e siècle. L’anneau intérieur
matérialise les fondements sociaux sous
lesquels il est interdit d’aller sans menacer
les droits individuels (eau, nourriture,
revenus, éducation, égalité des sexes, etc.).
L’anneau extérieur représente le plafond
planétaire et les limites écologiques que
nous ne pouvons pas dépasser pour que la
terre reste un endroit viable (acidification
des océans, pollutions chimiques,
appauvrissement de la biodiversité, etc.).
Plus on s’enfonce dans le donut, plus les
inégalités croissent et en le dépassant c’est
notre propre tombe que nous creusons;
entre ces deux anneaux, il est un espace sûr
et équitable dans lequel le progrès peut et
doit tenir.
Votre modèle pourrait-il se substituer à
la ligne de croissance héritée du XX e ?
Cette ligne continue qui incarne la
croissance économique ne suffit plus. Nous
sortons d’un siècle de développements
sans précédent qui auront permis à une
partie de la population mondiale d’accéder
à une meilleure vie mais qui, depuis trois
décennies est aussi une extraordinaire
source d’inégalités entre les pays. Les 92%
de la croissance mondiale pour l’année
2017 sont allés remplir des poches déjà
pleines. Ce modèle est dégénératif en
cela qu’il creuse les inégalités, accroît la
pauvreté et dégrade les écosystèmes.
Toute la question est donc de savoir quelle
est la mentalité économique qui nous
donnera les meilleures chances de réussite.
On ne peut penser l’économie de demain
avec les outils du XX e comme le bénéfice
financier ne saurait rester l’unique valeur
d’une entreprise, barricadée pour elle et
ses actionnaires. L’économie extractive qui
favorise l’exploitation à outrance relève du
XX e siècle. Dès lors, la société du XXI e
ne doit plus seulement se préoccuper
des impacts négatifs sur la société et
l’environnement mais intégrer dès le
projet d’entreprise, les formes de valeurs
qui seront restituées positivement à la
société et à l’environnement. Il ne s’agit
plus uniquement de limiter le rejet de gaz à
effet de serre mais de favoriser l’utilisation
d’énergies renouvelables et de les
partager. En outre, l’entreprise s’inscrira
positivement dans la commune dans
laquelle elle est implantée et contribuera
activement au bien-être de ses habitants.
“Un compas,
une boussole,
un repère afin
de guider
l’humanité
vers la prospérité
du XXI e siècle”
C’est pourquoi vous prônez une
économie de partage qui est générative
et distributive dès l’élaboration du
projet d’entreprise…
Notre modèle s’appuie sur des dispositifs
ultérieurs de redistribution de la valeur
comme par le biais des impôts progressifs
par exemple. J’appelle à développer des
activités qui sont génératives et distributives
de valeurs dès le début du projet, et par
«valeur» je n’entends pas uniquement
l’argent mais aussi les terres, les technologies
et les entreprises elles-mêmes. Cela passe
par l’ancrage de ces objectifs dans les statuts
de l’entreprise mais aussi par d’autres formes
de propriétés comme les coopératives et les
entreprises aux mains des travailleurs. Un
exemple: les idées innovantes qui découlent
de la recherche publique ne devraient plus
être bétonnées dans des brevets mais être
accessibles à tous.
Pourquoi avoir adopté une approche
systémique de l’économie?
J’ai écrit ce livre afin de trouver les
voies qui permettront de répondre aux
impératifs socio-écologiques. Il est temps
que nous reconnaissions les profondes
interdépendances qui régissent l’économie
globale, le dérèglement climatique et
les conditions sociales. Les sciences
économiques sont depuis trop longtemps
tenues dans le rationnel et la logique.
J’attends aujourd’hui des vagues de pensées
qui permettront de les penser différemment
et c’est pour cela que j’en appelle aussi à
l’histoire, la littérature et l’art pour penser
l’économie.
Politiques, CEO, activistes, parents,
étudiants, citoyens, peu importe le lieu
géographique et le statut social, chacun
peut à son échelle penser les interactions
entre ses actes, sa communauté, sa société,
son entreprise, son gouvernement et la
nature.
Les nouvelles générations sont conscientes
des dérèglements climatiques, des crises
financières, des niveaux extrêmes de
pauvreté et des inégalités qui se creusent.
Elles savent que les crises financières et
environnementales qui en découlent ne
respectent ni drapeaux, ni frontières.
Peut-on considérer que les acteurs
tels que l’INDR, outillés du label ESR,
poussent les entreprises à lier leurs
pratiques commerciales aux limites
sociales et environnementales?
J’utiliserais plutôt le verbe «inciter» mais
oui; à la condition que le niveau du label ne
descende pas avec le temps, sans quoi tout
le monde pourrait l’obtenir, ce qui lui ferait
perdre son pouvoir d’attraction.
Je suis régulièrement amenée à présenter
le donut au sein des entreprises et l’une de
mes premières questions est: «quelles sont
vos activités qui impactent la société?». Une
fois qu’on connait les pressions mises sur
l’environnement et la société, nous pouvons
alors penser à un autre modèle commercial
qui pourrait y remédier. À l’image d’une
psychothérapie, plus profondément nous
descendons dans l’analyse et mieux on se
connait. Le donut est une invitation dans ce
voyage afin de comprendre que si l’objectif
des compagnies est de croître, cela ne se fait
pas sans conséquences. n
Kate Raworth
40 LG
BEST OF & GUIDE 2018
ECONOMIE & FINANCE
Les garanties édificatrices
Les entreprises du secteur de la construction, du génie civil et
du parachèvement doivent engager des sommes importantes
tout au long des chantiers et c’est pourquoi la Mutualité des
p.m.e. leur donne des garanties qui permettent de libérer de
la trésorerie. La garantie de dispense de retenue, de bonne
exécution et de restitution d’acompte sont les trois garanties
principales de la Mutualité des p.m.e. Interview et explications
de Dominique Fiore, conseiller PME, et de Philippe Kops,
directeur adjoint de la Mutualité des p.m.e.
Parmi vos différentes garanties, quelle
est la plus prisée?
DF: La garantie de dispense de retenue est
la plus demandée et représente à elle seule,
un peu plus de 100 millions d’euros qui sont
garantis par la Mutualité des p.m.e. Elle
permet d’encaisser 100% du marché lors
de la facturation. En effet, nous émettons
une lettre de garantie qui permet à notre
client d’encaisser la totalité de sa facture.
Et notamment pour les grands chantiers
publics où les maîtres d’ouvrages retiennent
systématiquement 10% sur les factures qui
leur sont adressées. Après la réception
définitive des travaux et une fois que toutes
Philippe Kops et Dominique Fiore
LG
BEST OF & GUIDE 2018
41
les réserves formulées ont été levées, la
garantie nous est alors retournée.
PK: La plupart des garanties ont un
impact significatif sur la trésorerie
de l’entreprise dans la mesure où la
liquidité libérée peut être redistribuée
ailleurs. L’un des grands avantages de
choisir la Mutualité est que nos garanties
n’affectent pas les lignes de crédits
bancaires de nos clients, ce qui libère une
marge de main-d’œuvre supplémentaire
à la banque qui peut alors proposer
d’autres services complémentaires aux
entreprises.
Est-ce que la tendance des investisseurs
est à vouloir toujours plus de garanties?
PK: Le domaine des garanties est un
secteur très dynamique parce qu’il existe
un besoin croissant de couvrir les différents
risques liés à un chantier de construction.
Il suffit de faire l’expérience d’un seul
chantier arrêté pour cause de faillite pour en
comprendre l’importance. C’est pourquoi
le montant total engagé par la Mutualité
des p.m.e., toutes garanties confondues,
avoisine les 150 millions d’euros.
DF: La garantie de bonne fin et de bonne
exécution est la plus risquée dans la
mesure où la Mutualité garantit, selon les
clauses du contrat, l’exécution complète
des travaux. Elle est néanmoins de plus
en plus demandée car elle apporte plus de
confiance quant à l’intégrité financière de
l’entrepreneur.
“Il suffit
de faire
l’expérience
d’un seul chantier
arrêté pour cause
de faillite
pour comprendre
l’importance
des garanties”
Et pour ce qui est de la restitution
d’acompte…
DF: Les garanties de restitution
d’acompte que nous émettons jouent
un rôle déterminant pour nos clients en
termes de préfinancement des chantiers.
Les maîtres d’ouvrage sont alors assurés
d’un remboursement complet de
l’acompte payé en cas de non-respect du
contrat par l’entreprise engagée. Ce qui
permet à nos clients d’éviter de contracter
de nouvelles lignes de crédit bancaires
importantes.
PK: Les chantiers du plateau du
Kirchberg et de la Cloche d’or sont de
tailles importantes. Pensez un instant à
l’entrepreneur qui doit commander 2.500
portes auprès de son fournisseur; l’acompte
qui lui est demandé serait bien plus utile à
la préparation du chantier.
La Mutualité des p.m.e. dispose de 500
à 600 entreprises bénéficiaires de nos
garanties et l’un de nos atouts est la rapidité
à laquelle nous pouvons émettre ces
garanties.
Qui sont vos bénéficiaires?
PK: La Mutualité des p.m.e. est une
société coopérative de caution mutuelle,
ce qui implique que nos clients sont
aussi nos associés. Seules les entreprises
luxembourgeoises qui acquièrent des parts
à la Mutualité peuvent prétendre à ce titre.
Toute personne ou PME de tous secteurs
confondus ayant un projet clair et réaliste
peut s’adresser à nous pour obtenir des
conseils. Nous aidons aussi les entreprises
déjà établies, celles qui souhaitent racheter
un concurrent, étendre leur domaine
d’activité, se délocaliser ou encore
moderniser leurs installations. Connaissant
les régimes des aides étatiques, nous
pouvons véritablement optimiser le plan de
financement.
Quelles sont les missions générales de la
Mutualité des p.m.e.?
PK: Quatre phases principales jalonnent
notre intervention dans l’accompagnement
de nos clients. Dans un premier temps de
conseil, il s’agit de comprendre les projets et
si besoin, d’aider à établir une planification
jusqu’à leur aboutissement. Nous assurons
ensuite la médiation entre notre client et les
différents acteurs qui mettront en place le
financement du projet comme les banques,
la SNCI, le ministère de l’Economie, etc.
Après avoir établi un plan de financement
en tenant compte des différentes aides
étatiques possibles, le facilitateur que nous
sommes assume tout ou partie des risques
financiers en cautionnant des crédits auprès
des banques ou encore en émettant des
garanties auprès des acteurs économiques
ou organismes. Aussi, nous souhaitons
accompagner nos clients sur le long terme,
en faisant le suivi des décisions prises et en
leur apportant des conseils de gestion. n
Mutualité des p.m.e.
113 Rue Adolphe Fischer
L-1521 Luxembourg
info@mpme.lu
www.mpme.lu
42 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 210 - MAI 2018
SANTÉ
Partenaire du secteur
public et de la santé
Arendt Business Advisory est la société de conseils stratégiques,
économiques, financiers et commerciaux d’Arendt & Medernach.
Elle est née début 2017 de la volonté de son CEO, Philippe
Wery, de faire du conseil autrement pour le marché local. Dans
ce contexte, Arendt Business Advisory vient de recruter Thierry
Barré, spécialiste du secteur public et plus particulièrement de la
santé, qui a notamment participé aux créations de la CNS et des
Hôpitaux Robert Schuman. Interview croisée.
Comment se positionne Arendt Business
Advisory sur le marché luxembourgeois
déjà très concurrentiel du conseil?
PW: Le marché du conseil a été
historiquement construit par les Big Four
et les stratégistes internationaux dont les
méthodologies sont souvent très standardisées
et proviennent de l’étranger. Leur modèle
principalement pyramidal n’est pas toujours
adapté aux réalités du marché local qui
demande de plus en plus des approches surmesure.
Autour gravite une multitude de
petites sociétés de conseils de taille humaine
mais spécialisées soit dans une solution
précise, soit dans un segment économique
restreint. Il n’existait donc que peu ou pas
de cabinets de conseils disposant d’une
compétence juridique et inversement. Il s’agit
d’une force pour Arendt Business Advisory
et Arendt & Medernach. Si nous sommes
indépendants de l’étude, nous travaillons
néanmoins en synergie et nos clients, que sont
les organisations publiques et privées, peuvent
ainsi être assurés de la conformité légale de
toutes nos recommandations; ce qui constitue
un gain de temps considérable par rapport à ce
qui se fait sur le marché.
TB: Dans le secteur public en général et
celui de la santé en particulier, on sait toute
l’importance accordée à l’humain. Le rapport
qualité-prix reste pour autant primordial et
nos conseils doivent répondre aux besoins
réels de nos clients tout en étant applicables
concrètement dans leurs organisations.
C’est pourquoi Arendt Business Advisory
ne cherche pas les ressources disponibles
mais bien les ressources les plus à même de
posséder les expériences nécessaires pour
résoudre les problématiques rencontrées.
C’est là une de nos réponses au changement
de paradigme du marché du conseil.
Il nous serait impensable de produire de
grandes idées qui resteraient uniquement
dans les hautes sphères: prendre la mesure
de leurs applications sur le terrain nous est
indispensable. Nous apportons des solutions
non pas génériques mais spécifiques aux
besoins et notre approche est basée sur
l’écoute et la compréhension. Ne pas tirer
le meilleur d’une collaboration avec une
société de conseil devient intolérable dès
lors que c’est l’argent public qui le finance.
“Nous n’avons pas
d’autre agenda
que celui de faire
évoluer nos clients”
La petitesse du territoire est-elle ici une
force?
TB: Le Luxembourg est un microcosme
qui pourrait devenir un véritable laboratoire
européen. En effet, un quart des travailleurs
frontaliers européens est concentré dans
la Grande Région, de sorte que toutes les
problématiques de gestion quotidienne
du modèle européen (sur les échanges de
données à caractère médical, social, bancaire,
financier...) sont représentées ici. Les défis
sont donc considérables et les solutions à
apporter doivent être ambitieuses.
Je pense tout particulièrement à la santé et la
mise en place d’un système communicationnel
transfrontalier plus performant entre les
acteurs régionaux allemands, belges, français
et luxembourgeois. Un grand projet européen
qui essaierait d’englober toute l’Europe n’a ici
que peu de sens: il faut prendre la réalité locale,
régionale et l’étendre ensuite à l’Europe. C’est
en revenant à une organisation territoriale, au
plus près des problématiques de la population
que le Luxembourg peut être un laboratoire
européen.
Quels soins particuliers apportez-vous
au service public qui nécessite des
conseils spécifiques?
PW: Certes nous menons des affaires mais
nous mettons aussi un soin tout particulier
à la manière dont nous les menons.
Notre objectif est d’apporter une réelle
valeur ajoutée au secteur public, qu’il soit
gouvernemental, ministériel, communal
ou parapublic et nous n’avons pas d’autre
agenda que celui de faire évoluer nos clients
et de leur offrir des solutions pour eux et les
citoyens.
Le groupe Arendt est multiservice et a
notamment à cœur de promouvoir la
place luxembourgeoise, son droit, sa place
financière, son accueil pour les affaires, et sa
culture au travers de nos différents bureaux
internationaux. Luxembourg mise beaucoup
sur la modernisation de sa Place à travers des
initiatives ambitieuses comme l’étude Rifkin
et la digitalisation de l’administration mais si
le secteur public a des visions ambitieuses de
ces sujets, il se heurte parfois à l’ampleur et
la diversité de la tâche pour les transformer
en un programme coordonné d’initiatives
concrètes. Le risque est dans ces projets
d’ampleur telle que la Troisième Révolution
industrielle qui s’étale sur plusieurs
décennies de s’éparpiller et in fine de les
abandonner.
Arendt Business Advisory développe des
approches et des méthodologies spécifiques
pour le secteur public et transforme les
plans stratégiques en des plans tactiques
et opérationnels. Nous préconisons une
gestion de contenus plus qu’une gestion
de programme. Une démarche centrée
sur l’écoute et la mise en commun des
contributions de toutes les parties prenantes
pour chaque thématique analysée. Notre
objectif est d’offrir des prestations
permettant de faire gagner du temps, de
la visibilité mais aussi de l’argent car nous
sommes conscients qu’il est public.
TB: Ayant participé à la création de
la Caisse Nationale de Santé et à la
fusion des Hôpitaux Robert Schuman,
je sais d’expérience que travailler avec
les professionnels de la santé que sont
les médecins nécessite une approche
spécifique.
La nouvelle loi hospitalière entend
transformer le secteur hospitalier
et replacer le patient au centre des
préoccupations. Un accent tout particulier
est mis sur la documentation et, au vu du
nombre d’acteurs différents répartis sur le
territoire, c’est une tâche importante.
D’autre part, placer le patient au centre peut
permettre de fédérer plus facilement tous
les acteurs de la santé. Les ministères de la
Sécurité sociale et de la Santé se partagent
respectivement la maîtrise des dépenses et
l’adéquation des ressources déployées et des
besoins. À un autre niveau, les Institutions
de Sécurité Sociale (ISS) que sont la CNS, la
Caisse pour l’Avenir des Enfants mais aussi
la Caisse nationale d’assurance pension et
le Fonds de compensation, font office de
bras financiers. Enfin les prestataires de
soins sont répartis entre la médecine de
Philippe Wery et Thierry Barré
ville, les centres hospitaliers et les hôpitaux
de suite. Chacun, à sa façon et suivant son
domaine, accueille et apporte au patient les
soins nécessaires.Pour renforcer cette idée
de centrage sur le patient, l’agence eSanté,
créée par la loi de décembre 2010, a lancé la
phase pilote des Dossiers de Soin Partagés
(DSP). Chaque personne affiliée auprès
du Centre Commun de la Sécurité Sociale
(CCSS) en disposera d’un, sur le principe
de l’alimentation par les prestataires de
soins et une gestion par le patient, qui
en possède les droits. Il peut ainsi avoir
une vue globale de sa situation médicale,
actuelle et passée, et de celles de ses ayants
droits, comme ses enfants par exemple. Par
ce centrage, le législateur a souhaité que
le patient devienne un acteur de sa propre
santé et non plus un simple spectateur.
Cette vision stratégique est un gros défi
en ce qui concerne sa mise en œuvre
complète et Arendt Business Advisory a
toute compétence pour supporter sa pleine
réalisation. n
44 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 211 - JUIN 2018
SANTÉ
Les techs au service
de la santé
Nos systèmes de santé entendent améliorer la prise en charge
des patients, la qualité et la sécurité des soins, les conditions
de travail du personnel soignant et les nouvelles technologies
sont autant d’outils qui portent des promesses d’efficacité et
de qualité. De la prévention individuelle jusqu’à l’échange
et l’étude des données médicales, notre système linéaire
de diagnostic et de traitement se métamorphose toujours
plus autour du patient. Interview croisée d’Anne Desfossez,
Associate Partner en charge du secteur de la santé, et de Patrick
Wies, Partner responsable du secteur public chez KPMG.
Comment expliquez-vous l’engouement
que suscite l’e-santé?
AD: On peut effectivement parler
d’engouement quand on considère que
depuis 2012, les investissements globaux
dans les startups «Health Techs» ont triplé.
Croissance démographique, vieillissement
de la population, maîtrise des coûts qui
font pression sur les systèmes: la santé doit
aujourd’hui faire face à des défis importants
alors que le risque de manquer de ressources
soignantes et médicales se fait toujours plus
ressentir. Le foisonnement des technologies
de la santé offre donc des opportunités
formidables pour répondre à ces challenges.
Toutefois, les stratégies de digitalisation
n’auront de succès que si elles s’inscrivent
dans des stratégies plus globales à l’échelle des
entreprises, des nations voire de l’Europe.
PW: L’essor des nouvelles technologies peut
être un formidable outil de mutation pour les
sociétés modernes et plus particulièrement
dans le suivi des maladies chroniques, le
maintien à domicile des personnes âgées,
la lutte contre les déserts médicaux, la
prévention et le transfert d’expertises.
Concrètement, comment la technologie
peut-elle améliorer la prise en charge
des patients?
AD: Peut-être un scenario d’anticipation
peut-il rendre les choses plus concrètes…
Imaginez madame Weber, personne
âgée, récemment veuve et qui habite une
commune isolée des centres urbains.
Avec son autorisation, son domicile a
été équipé d’un système domotique qui
étudie ses habitudes. L’augmentation
de la consommation peut renseigner
la possibilité d’une perte de mobilité,
d’insomnie ou de motivation et les capteurs
de mouvements peuvent détecter une chute
ou un changement dans sa démarche.
En cas d’alarme et si elle ne répond pas
à l’appel téléphonique des services de
secours, les proches de madame Weber ou
ses voisins sont prévenus. Si personne ne
peut vérifier son état, alors une équipe de
secours est envoyée sur les lieux. Durant le
trajet, dont l’itinéraire est calculé en temps
réel selon les conditions de circulation, les
secouristes lisent le Dossier numérique
de Soins du Patient dans lequel se trouve
son historique médical. Sur le chemin de
l’hôpital, les équipes médicales sur place,
son médecin traitant et sa famille sont
prévenus de la gravité de la situation.
Ce scénario ne relève encore que de la
science-fiction mais plusieurs éléments
sont déjà actuellement en cours d’implémentation.
PW: D’un processus linéaire de diagnostic
et de traitement, nous tendons vers un
système de santé qui se structure autour du
patient. Chaque individu disposera bientôt
d’un Dossier de Soins Partagé qui offrira
une vue globale de sa situation médicale
et de celles de ses ayants droits. Le DSP,
qui est alimenté par les prestataires de
soins et géré par le patient, entend le
responsabiliser pour qu’il devienne un
acteur de sa santé. Je pense qu’à terme,
d’autres protagonistes seront intéressés
par cette notion de responsabilité. Un peu
à l’image des boîtes noires que des sociétés
d’assurance proposent d’installer dans les
véhicules de leurs clients, ce qui mène à des
ajustements de la facturation en fonction du
mode de conduite.
L’avènement de l’e-santé trouve néanmoins
des adversaires, peut-il se faire
sans une large acceptation?
AD: Il existe aujourd’hui des objets
qui, n’étant pas reconnus comme des
dispositifs médicaux, échappent à toute
réglementation alors même qu’ils relèvent
du domaine médical: je pense, par exemple,
à certaines applications qui permettent
d’émettre des diagnostics sur base de
symptômes documentés par le patient luimême.
Il est naturel que les applications
existantes dans le domaine public, non
développées par des professionnels de la
santé et échappant à tout contrôle qualité,
puissent soulever certaines craintes. De
plus, à terme, l’introduction des nouvelles
technologies modifiera de manière
substantielle les modes traditionnels
de prise en charge. Dans ce nouveau
contexte, le rôle des professionnels de la
santé sera voué à évoluer; il est clair qu’une
transition culturelle devra se faire.
PW: Les interrogations sont nombreuses et,
pour un sujet aussi important que la santé,
souvent bien légitimes. D’un côté il y a les
utilisateurs de ces technologies qui aimeraient
les voir plus encore pénétrer le secteur et de
l’autre, les professionnels qui ne souhaitent
prendre aucun risque pour les patients.
La médecine occidentale est héritière de
son histoire, elle acceptera les disruptions
technologiques tant qu’ils respecteront
scrupuleusement les principes scientifiques.
D’où l’importance des discussions éthiques
et des décisions qui les accompagnent mais le
développement technologique doit avoir lieu.
L’utilisateur de ces technologies sera-t-il
un patient, un patient à risque, un citoyen,
un individu ou un consommateur?
AD: C’est une question intéressante
et tout dépend de ce qu’on entend par
«technologies de la santé». Il faut pouvoir
faire la distinction entre ce qui relève du
bien-être et ce qui appartient au médical.
Dans la mesure où moins de la moitié des
pays membres de l’Union européenne ont
déjà mis en place un cadre d’évaluation de
la fiabilité des objets connectés, on peut
dire que la frontière législative entre les
deux n’est pas encore bien définie mais tend
à le devenir.
D’une façon générale, toutefois, je dirais,
que la technologie sera utile à tous les
niveaux: pour l’individu, qui utilisera des
informations en ligne ou des applications
pour prendre soin, au quotidien, de sa
santé, et qui ce faisant, participera à
l’effort de prévention souhaité par les
gouvernements. La technologie facilitera
aussi le quotidien des patients et des
patients à risque en facilitant leur accès aux
soins et aux informations et en facilitant
leur suivi.
PW: La technologie qui évolue à l’échelle
mondiale aura toujours un temps d’avance
sur les cadres juridiques nationaux voués
à la réglementer. Une montre connectée
qui donne des indications de rythme
Anne Desfossez et Patrick Wies
cardiaque et d’activité sportive n’est pas
un objet médical à proprement parler mais
permet néanmoins un suivi chronique,
incitant à des comportements vertueux qui
améliorent la santé de son propriétaire.
Est-ce un jeu ou un outil? Qui recueille les
données? Où sont-elles stockées? À quoi
servent-elles? Sont-elles commercialisées?
Voilà autant de questions qui intéressent le
législateur.
On entend de-ci de-là que les Américains
inventent une technologie que les Chinois
copient et que les Européens réglementent;
de sorte que l’Europe serait une Lumière
juridique pour le monde numérique.
Nonobstant la véracité du constat, une telle
ambition implique des consommateurs
avertis, et donc, des citoyens éclairés. n
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48 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 209 - AVRIL 2018
INTERVIEW POLITIQUE
À l’assaut des législatives
PAR JULIEN BRUN
Avec un score aux élections communales de 2,65%, le Parti
Pirate a confirmé celui des dernières législatives sans pour
autant faire mieux. À Luxembourg-Ville, son président et tête
de liste Sven Clement a récolté 1.995 votes, «ce qui est plus
que le conseiller communal de l’ADR Roy Reding», dit-il et
d’ajouter que «c’est le signe d’une volonté de renouveau».
L’une des critiques qui vous est
régulièrement adressée est qu’il n’y a
qu’une seule personnalité au Parti Pirate,
la vôtre…
Ce n’est pas tout à fait vrai dans la mesure où
nous avons quand même eu deux conseillers
communaux à Pétange avec Marc Goergen et
Flor Starsky, un autre à Remich avec Daniel
Frères et nous avons tout de même réussi
des scores à cinq points et plus avec des listes
incomplètes à Clervaux et Kehlen. Il ne faut
pas oublier que nous restons un petit parti
avec trois employés et quelques 420 adhérents,
même si nous espérons terminer l’année 2018
en passant la barre des 500.
Sven Clement et Julien Brun
LG
BEST OF & GUIDE 2018
49
Ce qui m’amène à penser que le Parti
Pirate est plus que Sven Clement. Au
niveau national, il est toujours bon d’avoir
quelques personnalités qui sortent du lot.
Ce qui est notre cas avec nos quatre têtes
de listes pour les législatives: Ben Allard au
Nord, Daniel Frères à l’Est, Marc Goergen
au Sud et moi-même au Centre.
«Quand je pense que, nous autres
citoyens qui ne demandons qu’à partager
le savoir et la culture, les puissants et
politiciens de tous poils ne cessent de
nous traiter de Pirates…»; reconnaissezvous
cette citation et peut-on penser que
l’opposition qui y est faite est l’essence
de votre parti?
Elle appartient au Suédois, Rick Falkvinge,
qui un peu éméché au soir du réveillon
de 2006, lance le Parti Pirate. Ce n’est là
qu’une composante seulement de notre
parti politique. Il y fait aussi clairement
allusion aux utilisateurs d’internet et aux
politiciens qui n’y comprennent rien.
Rappelez-vous de ce qui se disait sur l’affaire
“Medicoleak” (ndlr: En janvier 2012, Sven
Clement s’était introduit dans la base
de données du service médicosportif du
ministère des Sports où étaient stockées
des informations médicales relatives à
49.000 athlètes. Il a été condamné par
la justice). Entre François Biltgen, alors
ministre de la Justice qui parlait «de vol et
de recel» dont la peine encourue va de 5 à 10
ans et les 500 euros qui m’ont été infligés par
le tribunal, on voit la marge…
L’origine du parti prend source dans
l’incompréhension politique du digital.
Dans un monde qui évolue si vite, comment
se fait-il que les politiques ne portent leurs
fruits qu’au bout de 10 ou 15 ans et que
nos systèmes électoraux archaïques ne
permettent pas la participation citoyenne
comme ils le devraient?
C’est pourquoi les politiciens doivent
comprendre ce sur quoi ils légifèrent et
la Chambre des Députés devrait mieux
représenter la société.
“Plus de la moitié
de l’électorat travaille
pour l’Etat...”
la xénophobie ou d’un quelconque rejet de
l’autre. L’eurobaromètre de 2017 montre
que 72% des Luxembourgeois pensent que
l’immigration est une force pour le pays.
Une minorité qui décide pour une
majorité ou faire marcher la machine
à naturaliser; est-ce là l’avenir de
la population lorsque les étrangers
résidents seront majoritaires?
Je pense que c’est un vrai problème auquel
nous n’avons pas une seule réponse. Brader
la nationalité risquerait de provoquer
un rejet et une ferme opposition des
Luxembourgeois. La naturalisation relève
aussi de l’intime et du sentiment.
Et si toutes les études montrent que la
langue luxembourgeoise ne s’est jamais
aussi bien portée, le sentiment de peur de
ne plus pouvoir le parler dans son pays
peut amener à un repli identitaire. Il est de
la responsabilité du politique que de tenir
compte des peurs et d’y répondre avec
rationalisme.
Les grands partis qui se sont emparés des
débats sur le référendum, sont les mêmes
qui aujourd’hui reculent dans certains
conseils communaux. Sous prétexte qu’un
conseiller communal ne maîtrise pas assez
bien le luxembourgeois, ils utilisent le
français. À la peur des électeurs, cela risque
d’ajouter de la colère.
Le problème ne serait-il pas plus
largement celui du candidat-fonctionnaire
et du manque de représentation du
secteur privé au sein de la classe politique
toute entière?
La classe politique est majoritairement
composée de fonctionnaires et d’avocats
et on peut y voir une déconnexion avec la
réalité du terrain. Je ne me limite cependant
pas à l’opposition public et privé car on peut
être fonctionnaire et néanmoins proche de
ce qui se fait dans le privé.
Il ne faut pas oublier que plus de la moitié
de l’électorat travaille pour l’Etat, une
société étatique ou dépend de la caisse des
pensions. Il y a un donc un problème de
démocratie dans le sens où la minorité qui
génère la richesse dont profite la majorité
des électeurs n’a pas de droit de vote au
niveau national. Il faut donc trouver un
moyen pour la représenter à la Chambre
des Députés et cela pourrait commencer
par des élus qui viendraient du secteur
privé.
Le droit de vote des résidents étrangers
a échoué pour plusieurs raisons diverses
mais dont aucune ne relève du racisme, de
La loi du 24 février 1984 sur le régime des
langues est pourtant claire: «Lorsqu’une
requête est rédigée en luxembourgeois, en
français ou en allemand, l’administration
doit se servir, dans la mesure du possible,
pour sa réponse de la langue choisie par le
requérant»…
Force est de constater que cela n’est
pourtant pas respecté pour les questions
en luxembourgeois. Ce qui participe à la
gronde générale des électeurs.
L’idée de tout traduire en luxembourgeois,
y compris le droit est une idée au mieux,
dérisoire et au pire, complètement folle. Le
multilinguisme fait partie intégrante de la
culture de ce pays et il suffit de se plonger
dans les archives nationales pour s’en rendre
compte. Des premiers actes de naissance
rédigés en français sous Napoléon, puis en
allemand avec l’imprimerie, de nouveau
en français après la Seconde Guerre
mondiale et le formidable essor de la
langue luxembourgeoise dans les années
80, aujourd’hui le luxembourgeois est aussi
vivant du monde digital et des milliers de
sms, mails ou commentaires au quotidien. n
50 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 210 - MAI 2018
Les jeux sont-ils déjà faits?
PAR JULIEN BRUN
INTERVIEW POLITIQUE
Avec 30,44% des voix et 209 sièges, le CSV est sans conteste
le grand gagnant des élections communales de 2017.
Le «Chrëschtlech-Sozial Vollekspartei» s’est même offert
le luxe de s’implanter dans le Sud, et notamment à Esch-sur-
Alzette, jusqu’alors bastion historique du LSAP. Le vent des
sondages en poupe, certains commentateurs vendraient déjà
la peau de l’ours à quelques mois des élections législatives,
mais «les communales ne sont pas les législatives», rappelle
Marc Spautz, président du Parti chrétien-social.
Le CSV espère-t-il profiter de sa lancée
des communales pour remporter les
élections législatives ainsi que le poste
de Premier ministre?
Je l’espère, oui, mais il ne faudrait pas
confondre les deux pour autant car ce n’est
pas tout à fait le même électorat puisque les
résidents non-luxembourgeois ne votent
pas aux législatives. À en croire les dernières
élections et les sondages, c’est une bonne
affaire pour nous mais je préfère gagner les
élections et non les sondages.
Quelle stratégie politique face à une
hypothétique coalition DP, LSAP, déi
Gréng?
Notre objectif est de gagner les élections
mais aussi que les trois autres partis ne
reçoivent pas plus que 30 sièges. Car,
malgré les déclarations de non-coalition,
il est certain que dans le cas contraire, ils
feront tout pour que nous restions encore
cinq ans dans l’opposition.
C’est ensuite aux électeurs de nous dire qui
sont les gagnants avec qui nous pourrions
engager les négociations.
Il faut dire que c’est la première fois dans
l’histoire qu’une coalition fait tout pour
laisser le plus grand parti politique du pays
dans l’opposition. Le CSV a 23 sièges,
les socialistes et les libéraux 13; c’est là
une grande différence. Je pense que le
message des électeurs, il y a cinq ans, a été
celui d’une coalition entre le CSV et les
libéraux, mais ils ont préféré celle que l’on
connaît. Si je tourne la page aujourd’hui,
j’espère que les électeurs nous donneront
un mandat pour qu’il ne soit plus possible
de constituer un gouvernement sans le
CSV.
On vous sent très virulent contre le
gouvernement, est-ce que la campagne
aurait déjà commencé?
Nous venons de présenter nos listes
et allons bientôt faire de même avec
notre programme mais cela ne doit pas
nous empêcher de critiquer l’action
gouvernementale, ainsi que les cadeaux
faits à gauche et à droite. Leur campagne
a commencé dès le lendemain de la
gifle électorale qu’ont reçu les partis
de la coalition gouvernementale aux
communales.
“Je préfère gagner
les élections et
non les sondages”
Quel regard portez-vous sur la communication
du DP?
On voit bien qu’ils se servent du poste
de Premier ministre pour faire passer le
message que Xavier Bettel est une personne
conviviale et qu’il a des facilités pour
discuter avec les gens mais il faut aussi
regarder la réalité. S’il est présent sur la
scène internationale avec Macron, Michel
et Merkel, il est aussi le grand absent de la
politique nationale qu’il cède à ses ministres.
Manque-t-il une génération de jeunes
au CSV?
Certes, Vivianne Reding est la plus âgée
avec 67 ans mais nous avons beaucoup
de candidats de 20 à 40 ans. C’est là un
grand changement au sein du parti même
si, ne l’oublions pas, Michel Wolter avait
commencé à 21 ans.
Quels seront les grands thèmes des
élections législatives selon vous?
Je dirais les politiques sociales et de travail.
Même si le gouvernement déclare que la
situation est meilleure qu’avant et que,
certes, notre situation est meilleure que
celle de nos voisins, le «Sozialalmanach»
de la Caritas, ainsi que les déclarations de
la Chambre des Salariés dénoncent tout
de même des problèmes de pauvreté et
d’emplois.
Quel regard portez-vous sur les 120
millions d’euros d’investissements
luxembourgeois d’ici 2028 en
terres lorraines pour améliorer les
infrastructures de mobilité?
Ce n’est pas la première fois et je crois
qu’il est important que nous cherchions
des solutions de mobilité et l’une d’elle, est
la construction de P&R à la frontière. Le
Luxembourg profite de la main-d’œuvre
frontalière et il faut investir dans des projets
précis, notamment en matière de mobilité.
C’est un bon début mais je suis sûr qu’il
y aura d’autres projets transfrontaliers à
l’avenir.
Pensez-vous que la situation
démocratique actuelle sera tenable
lorsque les résidents étrangers seront
majoritaires dans le pays?
Le CSV pense à la création d’une
Chambre, qui, à l’image des chambres
professionnelles, représenterait les intérêts
des résidents non-luxembourgeois et des
frontaliers et prendrait position sur tous les
sujets qui les concernent.
Avec le résultat clair de 80% contre le
droit de vote des étrangers aux élections
législatives, je ne vois pas ce qu’on pourrait
faire d’autre d’ici les cinq à dix ans à venir. n
Marc Spautz
52 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 211 - JUIN 2018
INTERVIEW POLITIQUE
Créer des perspectives
positives
PAR MARTINA CAPPUCCIO
Le 22 mai dernier, déi Lénk a dévoilé son programme électoral
provisoire. Quelques jours plus tard, Carole Thoma, son porteparole,
a prêté sa voix au parti afin de nous communiquer ses
ambitions pour le Luxembourg. A quatre mois des élections
législatives, le parti de gauche s’attaque aux questions sociales,
économiques, écologiques et démocratiques qui touchent le
pays. Explications.
Quels sont les priorités de votre
programme en vue des prochaines
élections législatives?
Nous estimons que le Luxembourg a
besoin de transitions sociales, écologiques,
économiques et démocratiques; ce sont les
quatre piliers sur lesquels notre programme
est fondé.
Au Luxembourg certaines personnes
travaillent 40 heures par semaine et vivent
tout de même sous le seuil de pauvreté.
Une de nos priorités est donc de relever
le salaire social minimum pour que les
personnes travaillant à temps plein puissent
vivre dignement grâce à leur salaire.
Nous voulons également réduire le taux de
chômage et à ce titre, l’Etat a un rôle majeur
à jouer en se positionnant comme employeur
en dernier ressort. Pour ce faire, l’offre de
services publics au niveau de l’Etat et des
communes devrait être développée pour offrir
un travail, rémunéré au salaire minimum,
à l’ensemble des personnes pour lesquelles
l’Adem n’aurait pas trouvé d’emploi.
Peut-on parler de déficit de démocratie
lorsque l’on analyse le système électoral
luxembourgeois?
Effectivement et c’est la raison pour
laquelle nous aimerions également relancer
la discussion sur le droit de vote pour les
résidents étrangers. Ces derniers sont
également des travailleurs, locataires ou
propriétaires au Luxembourg et sont donc,
à ce titre, concernés par les évolutions
législatives du pays. Nous devrions déjà
commencer par donner davantage de
pouvoir aux délégations en entreprises,
les salariés pourraient ainsi mieux se faire
entendre à ce niveau.
“Relever le
salaire social
minimum pour
que les personnes
travaillant à temps
plein puissent vivre
dignement grâce
à leur salaire”
Le volet démocratique de la campagne
déi Lénk est par ailleurs mis en évidence
dans notre programme électoral puisque
nous invitons tous les citoyens à prendre
connaissance de sa version provisoire
et à la commenter pour la faire évoluer.
Nous sommes par ailleurs le seul parti à
avoir créer une proposition de nouvelle
constitution, comprenant de nombreuses
alternatives. Nous pensons qu’un débat
public avec une participation active de la
population est en tout cas nécessaire pour
revoir en profondeur la constitution.
Pensez-vous que le pays puisse assumer
une croissance prévue à 3,1% d’ici
à 2021 au regard des problèmes de
mobilité et de logement déjà existants à
l’heure actuelle?
Nous ne critiquons pas la croissance en soi,
mais nous ne pouvons pas la faire dépendre
essentiellement de la place financière car
cette situation n’est pas durable. Nous
voudrions que la croissance concerne
davantage de secteurs économiques et qu’elle
débouche sur une meilleure répartition des
richesses dans tous les secteurs et dans toutes
les classes sociales. De plus, cette croissance
n’a pas été planifiée, il devient donc urgent
de se pencher sur des sujets tels que le
logement et la mobilité.
Nous pensons qu’il faut investir dans les
transports en commun afin de développer
une plus grande offre et de les rendre
gratuits pour tous dans le but de réduire
l’impact de la mobilité individuelle sur
le trafic. De plus, les infrastructures de
mobilité doivent se développer au-delà
des frontières luxembourgeoises et au sein
de la Grande Région pour créer davantage
d’offre de transport en commun frontaliers.
Au niveau du logement, nous travaillons
depuis des années sur un projet à trois
facettes. Tout d’abord, nous voudrions
augmenter les taxes sur les logements et
terrains inoccupés pour éviter la spéculation
et inciter les propriétaires à leur mise
sur le marché. Ensuite, nous devons
dédier davantage de terrains publics à la
construction. Enfin, nous devons renforcer
les droits des locataires et leur information;
par exemple, beaucoup ne savent pas que les
loyers sont plafonnés par les commissions
de loyer. De plus, nous avons émis une
proposition de loi visant à donner la
charge des frais d’agence immobilière
aux propriétaires plutôt qu’aux locataires,
mais elle n’a pas été retenue par les autres
partis. Le Luxembourg a besoin de 6.500
nouveaux logements par an et le marché ne
peut pas supporter une telle charge à l’heure
actuelle, l’Etat doit donc jouer un rôle dans
la construction massive de logements.
Comment opérer une transition écologique
dans le pays?
Nous voudrions arriver à long terme
à 100% de consommation d’énergies
renouvelables. Pour cela, nous voulons
commencer par inscrire les objectifs de la
COP21 dans la législation. Par ailleurs nous
estimons que nous pourrions fournir des
efforts supplémentaires et pousser notre
engagement plus loin. Par exemple, le
Luxembourg pourrait produire davantage
d’énergies renouvelables et pousser à la
consommation des produits de l’agriculture
biologique locale afin de réduire son
export. Nous avons en effet une agriculture
importante, mais peu consommée, nous
voulons donc encourager la population à
consommer davantage les produits locaux.
Comment trouver les ressources économiques
pour financer de tels projets?
Nous souhaitons également une nouvelle
réforme fiscale pour financer nos meures
Carole Thoma
sociales. Par exemple, nous voudrions
élever les taxes sur le capital et les rendre
ainsi plus importante que celles sur les
salaires. Nous voudrions également élever
les taxes sur les entreprises et baisser en
contrepartie les impôts sur les ménages.
En mettant en place ces éléments, nous
libérerions suffisamment de ressources
pour nos projets. n
54 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 207 - FÉVRIER 2018
Les Terres Rouges
devenues orange
PAR MARTINA CAPPUCCIO
INTERVIEW POLITIQUE
Le 14 novembre dernier, la commune d’Esch-sur-Alzette a
accueilli son nouveau bourgmestre, Georges Mischo. Cette
victoire du CSV dans un bastion historiquement socialiste
promet de grands changements à bien des niveaux. Georges
Mischo a accepté de commenter une partie de son programme
et d’ainsi nous communiquer sa vision à moyen terme pour la
deuxième ville du pays. Rencontre.
Parcours
Professeur d’éducation physique jusqu’il y
a peu, Georges Mischo a été plongé dans
le monde politique dès son plus jeune âge
par le biais de l’engagement de son père.
Développant un intérêt certain pour la
politique communale et nationale, ce n’est
qu’à la deuxième invitation du CSV en 2011
qu’il prend la décision de se présenter sur les
listes de son parti aux élections communales,
sous l’impulsion de François Biltgen et de
François Maroldt. «Cet engagement je l’ai
pris très au sérieux, quand je m’investis c’est
à 100%», explique le bourgmestre.
Esch change de couleur
Pour la première fois, la commune d’Eschsur-Alzette
a, à sa tête, un bourgmestre
CSV en la personne de Georges Mischo.
C’est également une première défaite pour
le LSAP qui ne fait pas partie de la coalition
au pouvoir. «Je ne m’attendais pas à cette
victoire, j’espérais que le CSV progresserait
et même qu’il fasse partie de la coalition,
mais je n’avais pas pensé devenir le prochain
bourgmestre», nous confie-t-il.
Selon lui, les résultats des élections
communales peuvent notamment s’expliquer
par le besoin de changement ressenti dans
la commune. Face à un LSAP vieillissant, la
liste du CSV proposait une équipe jeune et
dynamique ainsi qu’un programme innovant:
«Je pense que ce qui a plu à notre électorat
est le renouveau que nous symbolisons»,
explique Georges Mischo.
Mais il n’entend pas s’arrêter sur cette
victoire; ainsi il se présentera également aux
législatives pour le CSV. Il tient toutefois
à préciser: «Même si les sondages sont
plutôt en notre faveur, ils n’ont jamais été
suffisants pour remporter des élections,
nous ne nous reposons donc pas sur nos
lauriers ou sur nos avancées aux élections
communales».
“Ce qui a plu
à notre électorat,
c’est le renouveau
que nous
symbolisons”
Une vision sur le long terme
En 2017, Esch-sur-Alzette enregistrait
un taux de chômage de 13,2%, la
positionnant ainsi comme la moins bonne
élève du Sud. Georges Mischo compte
régler ce problème à la source: l’offre de
formations. La métropole du fer compte
environ 3.400 élèves et ses écoles peinent
à tous les accueillir dans des conditions
optimales. «Beaucoup de bâtiments doivent
être rénovés et l’offre d’établissements
scolaires et de maisons relais renforcée
dans les quartiers Wobrécken et Kleppen
afin de désengorger les autres écoles de la
commune», constate-t-il.
Cette évolution initiée dans les écoles est
la première étape d’une redynamisation du
marché de l’emploi dans la commune. En
proposant une offre de formation plus grande,
notamment en valorisant les métiers de
l’artisanat, le bourgmestre entend élargir les
possibilités d’emplois et créer des partenariats
avec des entreprises locales afin de favoriser
les stages en entreprise ou les contrats
d’apprentissage. «Nous voulons créer des
tremplins pour l’emploi», ajoute-t-il.
Ces changements se répercuteraient à tous
les niveaux: si la commune propose davantage
d’établissements scolaires et crée de l’emploi,
elle devra également renforcer l’offre
résidentielle et les Eschois pourront travailler à
proximité de leur domicile et désengorgeront
les routes. De plus, les commerces pourront à
nouveau fleurir dans des quartiers dynamiques
et hautement fréquentés.
La mobilité, un problème de taille
Esch-sur-Alzette souffre de grands
problèmes de circulation. Les Eschois se
retrouvent régulièrement coincés dans
d’interminables embouteillages sur le
boulevard J.F. Kennedy, à proximité de la
gare. «Nous voulons réaliser au plus vite
un boulevard entre Micheville et Eschsur-Alzette
afin de faciliter l’accès des
frontaliers français à la ville», explique
Georges Mischo. Mais au-delà de la
mobilité, le stationnement pose également
question. «Avant la création de nouveaux
emplacements, nous devons promouvoir
certains parkings existants souvent
méconnus du grand public. Par exemple, le
parking du Brill propose un tarif avantageux
et pourtant il n’est pas utilisé au maximum
de son potentiel», poursuit-il.
Pour favoriser la mobilité douce, le projet
de piste cyclable reliant Belval et Esch-sur-
Alzette fait actuellement l’objet d’une étude
de faisabilité dont le principal obstacle
reste la nécessité de traverser le site
d’ArcelorMittal. «Nous allons également
renforcer notre collaboration avec notre
réseau de transport communal, TICE,
alimenté au gaz naturel. Pour le compléter,
nous sommes en contact avec la startup
Kuss Bus pour tenter de mettre en place un
système de bus sur commande», prévoit le
bourgmestre.
A plus grande échelle, le projet d’un couloir
reliant sur l’A4 Esch à Luxembourg et
qui serait dédié à un bus à haut niveau de
service ainsi qu’à une piste cyclable fait de
plus en plus parler de lui. «Je pense que cela
serait la manière la plus efficace et la moins
Georges Mischo
onéreuse de régler les problèmes de trafic
routier sur cet axe et dans le sud du pays».
Enfin, le bourgmestre veut négocier avec
les CFL dans le but d’établir de meilleures
connexions avec le reste du pays. Ce dernier
est réaliste: «Pour que les usagers utilisent
les transports en commun, il faut que nous
leur garantissions un certain confort et
cela passe par de bonnes connexions et des
horaires intéressants». n
Claude Haagen
LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 207 - FÉVRIER 2018
57
Rouge au cœur
PAR JULIEN BRUN
À quelques mois des élections législatives, les partis politiques
du pays affûtent encore leurs programmes. Pour l’heure,
les groupes de travail du LSAP planchent sur les sujets qui
alimenteront les débats à venir. Une occasion pour LG de
revenir sur l’état du socialisme luxembourgeois. Interview de
Claude Haagen, président du LSAP.
Comment expliquez-vous la débâcle
des communales d’octobre dernier,
y-a-t-il une perte de confiance chez les
électeurs?
Certes nos derniers résultats sont en effet
moins bons que les communales de 2011
et 2005 pour lesquelles nous avions fait
de très bons scores. Si nous avons perdu
la ville d’Esch-sur-Alzette, nous restons
néanmoins la deuxième force politique
du pays. C’est donc une défaite mais
certainement pas une «débâcle».
Pour ce qui est de la confiance des
électeurs, il ne faudrait pas perdre de vue
que durant les élections communales, les
citoyens votent en fonction de ce qui a été
réalisé au cours des six dernières années
et en fonction des programmes des six
prochaines.
Le socialisme en général et le LSAP en
particulier fait-il encore espérer?
Je le pense, oui. Il ne faut pas oublier
que le LSAP a réalisé des projets
sociétaux ambitieux au sein de la coalition
gouvernementale, je pense au congé
parental, à la réforme fiscale ou encore à la
séparation de l’église et de l’état (qui n’est
pas vraiment un sujet populaire).
Si notre programme électoral n’est pas
encore rédigé, nous devrons encore
y inscrire des programmes sociaux et
notamment ceux qui favoriseront la
répartition du capital au niveau de la
population résidente et frontalière.
Le LSAP n’est-il pas victime de
l’embourgeoisement des électeurs?
Certes, la distinction entre les régimes
«d’ouvriers» et «d’employés» a disparu
mais il ne faut pas oublier que le régime
unique des «salariés» est aussi une victoire
du LSAP. Cela ne signe pas pour autant
la mort du socialisme mais implique que
nous repensions nos orientations tout en
préservant nos valeurs.
Je prends pour exemple la digitalisation qui
va nécessiter de nombreux cadres législatifs
à venir. Avec les embouteillages et les
problèmes de mobilité, nous devons penser
des solutions telles que le télétravail qui va
nécessiter de nombreux cadres législatifs.
Notre famille politique a une légitimité de
par ses connaissances, son histoire et ses
valeurs en droit du travail qui sont de réels
atouts dans l’élaboration de la législation en
la matière.
Dix jeunes socialistes ont récemment
appelé à rajeunir et à féminiser le LSAP
dans une tribune du Tageblatt, fautil
pour cela refondre le LSAP d’ici les
législatives?
Il existe des discussions diverses et notamment
sur la composition du parti pour les années
à venir mais ce ne sont pas pour autant des
divisions. Je suis personnellement favorable
au rajeunissement et à la féminisation du
LSAP et de son pouvoir exécutif mais il serait
inutile de refondre le parti pour en arriver là.
La force du LSAP, c’est le dialogue: la tribune
dont vous parlez en fait partie et je discute
régulièrement avec ses signataires.
Faisant référence à la création d’un
grand parti de gauche qui ferait barrage
à la droite en cas d’une victoire trop
écrasante du CSV aux législatives,
Etienne Schneider a répondu à un
confrère de Paperjam «j’y pensais»;
dès lors le CSV est-il un partenaire de
coalition envisageable pour le LSAP?
Je sais déjà que cette question me sera
posée au moins une fois par semaine durant
les six prochains mois. Je ne connais pas
pour l’heure le programme électoral du
CSV comme ils ne peuvent pas connaître le
nôtre et je continuerai de répondre que tout
dépendra des résultats des élections.
Pour ce qui est d’un hypothétique grand
parti de gauche, avec quel parti de gauche
le LSAP pourrait-il se fondre? Je ne partage
pas cette idée, déjà mort-née, et lui nonplus
d’ailleurs: ce qu’Etienne Schneider a
voulu dire, c’est qu’à la suite de la défaite
du Parti Socialiste français, Emmanuel
Macron a profité d’un regroupement
de sensibilités politiques diverses. C’est
tout autre chose qu’«un grand parti de
gauche» et n’oublions pas qu’une élection
présidentielle française reste bien différente
d’une élection législative luxembourgeoise.
Existe-t-il un déficit démocratique à
Luxembourg dès lors que sur les 3.575
candidats aux communales de 2017,
seuls 267 étaient des résidents nonluxembourgeois
(qui représentent
47,7% de la population) et que sur les
285.319 électeurs inscrits, les «résidents
étrangers» n’étaient que 34.340?
Je crois que le gouvernement ainsi que
tous les partis politiques ont fait des efforts
afin de sensibiliser les résidents nonluxembourgeois
à exprimer leurs voix.
S’inscrire sur les listes de sa commune
reste néanmoins une décision personnelle
et force est de constater que beaucoup qui
le pourraient ne le font pas. Je ne sais pas
pourquoi.
Les élections communales sont pourtant
l’occasion de s’identifier à sa ville et aux
projets qui ont été réalisés et ceux à venir. n
58 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 212 - JUILLET 2018
Transformer les défis
en opportunités
PAR MARTINA CAPPUCCIO
INTERVIEW POLITIQUE
Au terme d’un mandat particulièrement chargé dans la
coalition DP-LSAP-déi gréng, François Bausch, ministre du
Développement durable et des Infrastructures et tête de liste
déi gréng pour le Centre, s’apprête à affronter de nouvelles
élections. Le ministre a accepté de revenir avec nous sur son
mandat et nous parle des ambitions des Verts pour l’avenir
du pays.
Que retenez-vous de vos cinq années de
mandat?
Nous avons fait un pas vers un changement
de paradigme de la mobilité grâce aux
investissements réalisés, notamment
dans de nouvelles infrastructures (gares,
tram,…), ou encore grâce à l’approche de
la mobilité que nous avons développée avec
le MoDu 2.0. Il est très important que la
prochaine législature continue à développer
les approches de mobilité tant pour le
développement économique du pays, que
pour la qualité de vie des habitants.
J’ai également pris le parti de revoir
entièrement la loi sur l’aménagement
du territoire, tout en considérant l’avis
des communes concernant les nouveaux
plans sectoriels. Cette première étape
pourra, je l’espère, servir de base au
prochain gouvernement pour entièrement
reformuler le plan directeur de
l’aménagement du territoire. Je pense
également que la participation citoyenne
devra continuer à être au centre des
démarches pour une plus grande efficacité.
Le bilan de notre gouvernement est positif
que ce soit au niveau du chômage, de la
création d’emplois, des finances publiques,
des investissements réalisés,... Si les
électeurs nous confirment qu’ils souhaitent
voir reconduire le gouvernement actuel,
nous ne serions pas déçus puisque nous
savons que cette coalition fonctionne. Quoi
qu’il arrive, nous respecterons la volonté
des électeurs et resteront ouverts à d’autres
coalitions.
Quels sont les grands thèmes des
prochaines élections législatives pour
déi gréng?
La manière dont nous allons gérer la
croissance et diversifier notre économie
dans le futur est une question centrale pour
les citoyens. A mon sens, nous devrions
tendre vers une diversification de notre
économie grâce au secteur qui a le plus
de potentiel, à savoir les technologies de
l’environnement.
“Diversifier notre
économie grâce au
développement des
technologies de
l’environnement”
Protéger l’environnement et la nature c’est
protéger les conditions nécessaires à la
survie de l’humain. La question de l’écologie
est pour moi la plus importante du XXI e
siècle. Derrière cela se cachent d’énormes
opportunités, notamment de développement
économique: créer des éoliennes, un
tram, investir dans les technologies de
l’environnement,… cela crée une croissance
positive. Ce domaine nous offre de
très grandes perspectives de croissance
économique tout en améliorant la qualité de
vie, c’est le levier d’une croissance qualitative.
Par exemple, la création du tram a profité
à des entreprises luxembourgeoises en
leur faisant bénéficier d’un rayonnement
international en plus d’avoir créé de
l’emploi au Luxembourg. Créer un tram
dernière génération à la technologie de
pointe a non seulement favorisé la mobilité
douce dans le pays mais a également
profité au tourisme. D’autres entreprises
luxembourgeoises s’illustrent aujourd’hui
dans la recherche de produits isolants
durables et qualitatifs: ces produits nous
aideront à avoir une meilleure efficience
énergétique et représentent pour nous une
opportunité économique.
La croissance prévisionnelle de 3,1%
sur la période 2017-2021 ne risque-telle
pas de déboucher sur des problèmes
de logement et de mobilité…
Je ne pense pas que nous soyons arrivés
à une impasse dans ces domaines, mais
certains changements doivent être effectués
au niveau du développement spatial du pays.
Aujourd’hui la plupart d’entre nous
travaille à des dizaines de kilomètres de
notre lieu d’habitation lui-même excentré
par rapport à l’endroit où les loisirs sont
consommés, ce qui crée des problèmes de
mobilité puisque nous avons absolument
besoin d’une voiture pour effectuer ces
trajets. Il faut donc que nous réfléchissions
à créer des zones d’habitation là où l’on
retrouve des emplois.
De plus, parmi les 500 hectares inscrits
dans le plan sectoriel dédié au logement,
presque la moitié appartient au secteur
public. Parmi ces 250 hectares, nous
avons l’objectif clair de créer des zones
de logements abordables, également
locatifs, où nous devrons mélanger les
fonctionnalités. Ces friches sont réparties à
travers le pays et sont une grande ressource
pour le développement économique et
urbain du pays.
Bien que le Luxembourg soit limité dans
son développement par ses frontières, les
pays frontaliers ont des friches industrielles
qu’il serait possible de valoriser. Le moteur
économique luxembourgeois peut aider au
développement de ces régions laissées à
l’abandon depuis le déclin de la sidérurgie.
A terme, des emplois pourraient être créés
à la frontière et ainsi diminuer les trajets des
frontaliers.
Suite au décès de Camille Gira et au
départ de Françoise Folmer, déi gréng
est-il prêt à affronter les législatives
dans la circonscription Nord?
La perte de Camille Gira a été aussi
soudaine que tragique et Claude Thurmes,
son remplaçant, n’occupe pas une
position facile. Son parcours politique est
directement lié à celui de Camille Gira et
je pense que nous avons fait le bon choix en
lui demandant de prendre la relève. Il a très
vite accepté, notamment en mémoire de son
prédécesseur, et se lance à 100% dans cette
bataille avec l’équipe soudée qui l’entoure.
De plus, nous avons réussi à rassembler une
équipe jeune dans le Nord qui comprend
aujourd’hui une majorité féminine et
plusieurs candidats de moins de 40 ans.
Tous ancrés dans leur région, ils sont menés
par un Claude Thurmes expérimenté.
Le taux de résidents étrangers vivant au
Luxembourg s’élève aujourd’hui à 47,9%.
Existe-t-il un déficit démocratique au
Luxembourg dès lors qu’une part aussi
importante de la population résidente ne
peut pas voter lors des législatives?
Nous avons déjà proposé un référendum à
ce sujet qui n’a pas abouti et nous devons
le respecter. Nous avons toutefois réformé
François Bausch
le processus d’obtention de la double
nationalité par la suite et avons d’ailleurs
compté trois fois plus de naturalisation
l’année dernière grâce à cette démarche;
toutes ces personnes peuvent aujourd’hui
voter.
L’Etat et les collectivités locales doivent
motiver leurs résidents à utiliser davantage
les instruments de participation active dont
on dispose déjà, comme le vote aux élections
communales et européennes, pour parvenir
à un meilleur niveau de participation de la
part des résidents étrangers.
Je pense que l’intégration des résidents
doit être une question prioritaire et cela
passe notamment par un apprentissage
renforcé de la langue luxembourgeoise
pour favoriser l’inclusion. Il faut toutefois
empêcher de faire de cette langue un outil
d’exclusion. n
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62 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 207 - FÉVRIER 2018
SOCIÉTÉ
Harcèlement sexuel au travail:
notion et sanction
Aux termes de l’article L. 245-2 du code du
travail «Constitue un harcèlement sexuel
à l’occasion des relations de travail au sens
du présent chapitre tout comportement
à connotation sexuelle ou tout autre
comportement fondé sur le sexe dont celui qui
s’en rend coupable sait ou devrait savoir qu’il
affecte la dignité d’une personne, lorsqu’une
des conditions suivantes est remplie:
1. le comportement est non désiré,
intempestif, abusif et blessant pour la
personne qui en fait l’objet;
2. le fait qu’une personne refuse ou accepte un
tel comportement de la part de l’employeur,
d’un salarié, d’un client ou d’un fournisseur
est utilisé explicitement ou implicitement
comme base d’une décision affectant les droits
de cette personne en matière de formation
professionnelle, d’emploi, de maintien de
l’emploi, de promotion, de salaire ou de toute
autre décision relative à l’emploi;
3. un tel comportement crée un
environnement intimidant, hostile, dégradant,
humiliant ou offensant à l’égard de la personne
qui en fait l’objet. Le comportement visé peut
être physique, verbal ou non verbal.
4. L’élément intentionnel du comportement
est présumé».
Il appartient à chaque individu de déterminer
quel comportement il veut accepter et
quelle conduite il juge opportune. En effet
le harcèlement sexuel, qu’il porte préjudice
à l’environnement de travail de la victime
ou qu’il soit utilisé comme base d’une
décision affectant ses droits (chantage sexuel
ou harcèlement quid pro quo), doit être
ressenti comme offensant et indésirable par
celui qui en fait l’objet. Que cette attention
à connotation sexuelle soit délibérée ou
involontaire de la part de son auteur est sans
importance. Si la personne qui fait l’objet
de cette attention est gênée par celle-ci, ce
comportement doit être considéré comme
harcèlement sexuel.
Il s’agit donc d’une notion essentiellement
subjective dans le chef de la victime.
L’employeur a l’obligation de s’abstenir
de tout fait de harcèlements sexuels à
l’occasion des relations de travail, de veiller
à ce que tout harcèlement sexuel dont il a
connaissance cesse immédiatement et de
prendre toutes les mesures de prévention
nécessaires pour assurer la protection de la
dignité de toute personne à l’occasion des
relations de travail.
“Le harcèlement
sexuel à l’occasion
des relations de
travail constituant
une faute grave…”
La violation de ces obligations accessoires
par rapport aux obligations principales
découlant du contrat de travail est de nature
à engager la responsabilité de l’employeur.
En effet, le salarié victime d’un acte
de harcèlement sexuel peut refuser de
poursuivre l’exécution du contrat de travail
et résilier le contrat de travail sans préavis
pour motif grave avec dommages et intérêts
à charge de l’employeur dont la faute,
appréciée par référence à l’article L. 245-4,
a occasionné la résiliation immédiate.
L’employeur de son côté doit veiller
à ce que tout harcèlement dont il a
connaissance, cesse immédiatement en
prenant des mesures adéquates à l’égard de
la personne qui en est l’auteur.
Le harcèlement sexuel à l’occasion des
relations de travail constituant une faute
grave au sens de la législation du travail, ces
mesures peuvent aller jusqu’au licenciement
de la personne dont le comportement est
intolérable, outrageant et offensif.
Lorsqu’il n’est pas reproché à l’employeur
d’avoir commis les faits invoqués, mais
de ne pas avoir pris toutes les mesures
nécessaires pour faire cesser le harcèlement
sexuel, la victime doit rapporter la preuve
qu’elle avait informé l’employeur dans le
mois de sa démission du comportement
inadmissible de l’auteur de l’attention à
connotation sexuelle ressentie comme
offensante et indésirable et que l’employeur
n’a pas pris immédiatement, dès qu’il en ait
connaissance, des mesures pour faire cesser
ce harcèlement sexuel à son égard.
La responsabilité de l’employeur n’est
engagée du faut d’actes de harcèlement
sexuel commis par un de ses salariés que
s’il a commis une faute en omettant de faire
cesser immédiatement ce harcèlement dès
qu’il en a eu connaissance ou de prendre les
mesures de prévention nécessaires.
Dès lors que la connaissance de faits
de harcèlement par l’employeur est la
condition nécessaire de son omission fautive
de prendre les mesures appropriées pour les
faire cesser, il incombe au salarié, en cas de
contestation afférente de l’employeur, de
rapporter d’abord cette preuve.
L’employeur doit connaitre les faits précis
reprochés à l’auteur du comportement
à connotation sexuelle non désiré des
rumeurs ne sauraient être considérées
comme suffisantes pour valoir information
au sens de la loi.
L’employeur de son côté doit veiller
à ce que tout harcèlement dont il a
connaissance, cesse immédiatement en
prenant des mesures adéquates à l’égard de
la personne qui en est l’auteur.
Le harcèlement sexuel à l’occasion des
relations de travail constituant une faute
grave au sens de la législation du travail, ces
mesures peuvent aller jusqu’au licenciement
de la personne dont le comportement est
intolérable, outrageant et offensif.
L’auteur d’un harcèlement sexuel peut aussi
se voir infliger d’autres sanctions, comme
une mutation, un avertissement ou toute
autre mesure destinée à éloigner de la
victime l’auteur présumé.
L’employeur doit être attentif à l’usage
qu’il faut de son pouvoir disciplinaire.
Le principe de proportionnalité doit être
respecté.
Il appartient certes à l’employeur de choisir
celles des sanctions qui lui paraît la plus
adéquate pour faire immédiatement cesser
ledit comportement, sauf à respecter
l’article L.245-4 (2) dernière phrase qui
lui interdit de prendre des mesures au
détriment de la victime du harcèlement
sexuel.
Il appartient en outre aux juridictions
du travail, pour le cas où l’employeur a
décidé de licencier le salarié fautif qui
querelle la sanction abusive, de rechercher
si cette dernière était justifiée et si le
comportement du salarié constituait un
motif de licenciement. L’employeur dans sa
décision doit tenir compte des antécédents
professionnels, de la situation sociale et
de tous les éléments pouvant influer sur la
responsabilité du salarié.
Il a été retenu par exemple qu’était
justifié le licenciement d’un salarié qui
«draguait lourdement le personnel féminin
d’une société» (TLUX, 28/06/1999,
3209/99). A l’inverse a été déclaré abusif
le licenciement immédiat d’un salarié
dont le harcèlement consistait à faire
des remarques à connotation sexuelle
«qui pour être totalement déplacées et
témoigner du niveau intellectuel de celui
qui les a faites, n’auraient éventuellement
plus été continuées, si leur auteur avait
été sérieusement sermonné» (C.S.J.,
12/11/2009, 34066). n
David Giabbani
Source photo: Etude Giabbani
64 LG
BEST OF & GUIDE 2018
SOCIÉTÉ
Le green des beaux jours
Situé au cœur des trois frontières, le domaine de 107 hectares
de gazons, de forêts et de plans d’eau est entouré par un mur
de pierre de l’époque napoléonienne. Non loin du château qui
porte le même nom, le Golf de Preisch est la référence des
greens de la Grande Région depuis presque 20 ans. Philippe
Giot, qui en est le directeur général délégué, nous en fait une
visite guidée.
Dans l’ère du temps
Le golf de Preisch s’inscrit dans son
époque avec l’organisation d’événements
d’entreprise, de renforcement d’équipe ou
encore de séminaires, mais aussi de journées
d’initiation, le dimanche, pour permettre
à tous de découvrir des installations de
premier ordre.
Idéalement situé
Sorti de terre en 1998, le Golf de Preisch
possède trois parcours de neuf trous,
logiquement nommés Allemagne, France
et Luxembourg. Trois parcours dessinés par
les meilleurs concepteurs et qui permettent
de se renouveler à chaque visite. L’idée forte
du lieu est de rendre le golf ludique et de
susciter de nouvelles vocations. «Ce sport
évolue et les comportements changent avec
cette évolution», note Philippe Giot, son
directeur. «De plus en plus, les golfeurs
veulent découvrir de nouveaux parcours sans
nécessairement rester fidèles au même club».
Un club équipé d’un restaurant accessible
à tous mais aussi d’un lounge avec billard,
d’une salle de musculation et de deux
simulateurs pour parfaire sa technique les
jours de mauvais temps sont à disposition
des membres. Une salle permet d’accueillir
des séminaires de toute dimension, de
quatre à deux cents personnes, tandis que le
Bistrot swing est le lieu idéal pour organiser
mariages, fêtes de famille et banquets.
Moderne, idéalement situé à 20 minutes
de Luxembourg et 45 minutes de Metz, le
Golf de Preisch est un espace de tranquillité
facilement accessible par l’autoroute A13.
Une école de qualité
Le domaine dispose aussi de sa propre
académie, le Preisch Performance Golf
Center où trois professeurs accompagnent,
forment et conseillent, débutants et joueurs
confirmés. Le Club Junior compte 70 enfants
qui se répartissent selon les calendriers
scolaires français et luxembourgeois.
«Le golf est un sport d’intégrité morale
dans la mesure où le joueur compte luimême
ses coups et applique une certaine
rigueur», explique le directeur. Le swing
est en effet un geste complexe qui demande
de la concentration, de la discipline et de
l’application, il n’est donc pas étonnant
que de nombreux parents constatent une
amélioration des résultats scolaires au fil
des entrainements.
“Trois parcours
de neuf trous,
logiquement
nommés
Allemagne, France
et Luxembourg”
«Nous disposons ici de conditions
exceptionnelles pendant près de huit mois
par an». Vue plongeante sur la Moselle au
Sud, sur le Luxembourg au Nord et sur
l’Allemagne à l’Est, le club dépayse dès
les premiers pas. Sur la route, un terrain
de cricket transporte dans l’Angleterre,
tandis que le château des lieux lorgne sur
les greens.
Ceux qui n’ont jamais tenté un swing ne
devraient pas hésiter à le faire sur le practice
du club, ludique et parfaitement exposé.
A ses côtés, un putting range et un chipping
range complètent les possibilités de
s’améliorer, à quelques pas du club house. n
Golf de Preisch
1 rue du vieux moulin
F-57570 Basse-Rentgen (France)
Tél : +333 82 83 00 00
www.golf-de-preisch.com
LG
BEST OF & GUIDE 2018
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Philippe Giot
66 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 207 - FÉVRIER 2018
SOCIÉTÉ
Fourchettes responsables
PAR JULIEN BRUN
Lorsqu’il y a 40 ans, Änder Schanck quitta son poste pour
rejoindre la ferme familiale pour un cinquième de son salaire,
beaucoup de ses amis le prirent pour un fou. Il fit ce choix
avec la conviction à l’âme que l’agriculture industrielle est une
folie du XX e siècle et que seules les productions biologiques
donnent une chance à l’humanité. Retour sur un engagement
qui aura su préserver toute son intégrité. Interview du
directeur du groupe Oikopolis.
Änder Schanck
La folie des grandeurs
Aux lendemains de la Seconde Guerre
mondiale, à seulement trois générations
de la nôtre, les terres agricoles étaient
labourées de charrues tractées par
des bœufs. L’Europe en ruine avait
besoin de se nourrir et bientôt la
mécanisation et la chimie, qui s’étaient
considérablement améliorées durant la
guerre, allaient pénétrer le marché de la
production alimentaire, et par la même,
nos sols.
La course à la productivité, appuyée par
la mondialisation a, en 70 ans, transformé
LG
BEST OF & GUIDE 2018
67
le paysan en chef d’entreprise, forcé à
l’endettement afin d’industrialiser son
mode de production. En même temps, la
grande distribution a fini de tuer le petit
commerce en regroupant sous son toit,
le boucher, le poissonnier, le boulanger,
l’épicier,... La grande distribution règne
désormais en maîtresse absolue sur la
chaîne de valeur et impose ses volontés,
«à l’image de Mercure, dieu de la
mythologie romaine, du commerce et
des voleurs», dénonce Änder Schanck.
Afin de proposer les prix les plus bas du
marché à ses clients, les grands magasins
mettent la pression sur les grossistes,
qui la mettent sur les transformateurs,
qui la rajoutent à leur tour sur les
producteurs. Alors que les deux premiers
peuvent licencier et s’industrialiser plus
encore pour faire baisser leurs coûts
de fonctionnement, le producteur n’a
pas d’autre choix que d’augmenter sa
production, et donc, d’utiliser des engrais
chimiques.
Sur les mêmes parcelles que celles de
leurs aïeuls, les bœufs et les tracteurs étant
remplacés par de véritables formules 1 de
la fauche, les moissonneuses-batteuses
récoltent désormais dix fois plus de blé.
Pour une paire de chaussures (équivalent
à 150 euros), nos grands-pères agriculteurs
devaient vendre 100 kilos de blé,
aujourd’hui il faut une tonne.
Alors voilà qu’au premier maillon de la
chaîne des consommateurs, une conscience
collective se repend et la Bête inhumaine
jamais rassasiée de profits pense désormais
se racheter une vertu. Änder Schanck
dénonce le modèle économique hérité
d’Adam Smith où «le libéralisme favorise
les individualismes où chacun ne pense
qu’en fonction de ses propres intérêts».
“Retrouver
une situation où
les fermes ne sont
plus écrasées
par la pression
des prix ne peut
se faire sans
briser la chaîne
de valeur qui les
asservissent”
Le roi est mort, vive le roi?
L’essoufflement du système ne fait aucun
doute et les Accords de Paris illustrent
cette conscience collective qui aujourd’hui
s’étend du consommateur aux entreprises
soucieuses de leur image. L’étude Rifkin fait
la part belle à un développement durable
et tout le monde se met à espérer un autre
système de production.
La grande distribution suit le mouvement
et consacre de plus en plus de rayons aux
produits bios. Mais peut-on parler de
changements de paradigme dès lors que
la grande distribution continue de faire
pression sur tous les acteurs de la chaîne
de distribution et que le producteur,
même biologique, reste toujours le dernier
maillon qui doit en supporter la plus
grande charge?
Un autre modèle
Pionnier dans l’agriculture biologique
luxembourgeoise, le groupe Oikopolis
s’est lancé dans la commercialisation
des produits bios afin de rendre possible
ce marché. Le projet débute en 1988
avec l’association agricole «BIOG» qui
regroupe des cultivateurs biologiques et
biodynamiques du Luxembourg. Au fil
des années, il construit une économie
structurée et axée sur la collaboration. Son
premier magasin «NATURATA» prend
place au Rollingergrund à Luxembourg-
Ville et à ce jour le groupe en compte dix
dont trois boutiques fermières sur tout le
territoire national.
Outre les boutiques fermières
susmentionnées, le groupe OIKOPOLIS
compte sept «NATURATA Bio Marchés»
plus un magasin en ligne, à savoir
NATURATA Bio@home. A quoi s’ajoute
le grossiste BIOGROS SA, dont la
tâche est – entre autres activités – d’aller
chercher les denrées chez les producteurs
afin d’approvisionner les magasins.
OIKOPOLIS Participations SA regroupe
à la fois des cultivateurs, des collaborateurs
mais aussi des clients qui participent à son
capital. «Notre valeur guide est de proposer
des produits biologiques qui sont dans la
mesure du possible locaux».
Aujourd’hui fort d’une dizaine de magasins
répartis sur tout le territoire, d’une
vingtaine de producteurs et de plus de
350 employés, le groupe souhaiterait que
son modèle de fonctionnement soit plus
largement répandu.
«Retrouver une situation où les fermes
ne sont plus écrasées par la pression des
prix ne peut se faire sans briser la chaîne
de valeur qui les asservit», nous dit Änder
Schanck. Le directeur s’inspire des modèles
de fonctionnements de la nature où des
millions d’années d’évolution a permis
l’interdépendance des éléments.
Les tables rondes où se réunissent
tous les acteurs, des consommateurs
aux producteurs en passant par les
transformateurs, les grossistes, les magasins
bios et les grandes surfaces permettent
le dialogue. Les prix sont alors fixés sur
un consensus qui prend en compte les
problématiques de chacun.
Utopie diraient les uns? Cela fait 25 ans
que ces tables rondes régissent Oikopolis,
favorisent l’économie circulaire ainsi que le
commerce associatif. n
68 LG
BEST OF & GUIDE 2018
SOCIÉTÉ
Petit par la taille,
grand par les vins
Le Grand-Duché est peut-être un petit pays mais il compte
de grands vins à la diversité impressionnante. Pourtant, en
dépit de leurs indéniables qualités, les vins et crémants de
la Moselle luxembourgeoise voient leurs ventes baisser
d’année en année. Pour remédier à cet épineux problème,
l’Institut Viti-Vinicole a préparé un vaste plan d’actions.
Le point avec les présidents Antoine Clasen, Josy Gloden
et Ern Schumacher des trois groupements de producteurs
(négoce, coopérative et vignerons privés) ainsi qu’avec le
directeur de l’Institut Viti-Vinicole, Robert Ley.
«Tout a commencé par une étude entamée
il y a deux ans pour le compte du ministère
de l’Agriculture», explique Robert Ley.
«Le but de cette étude était de comprendre
pourquoi la consommation des vins locaux
avait tendance à s’éroder depuis plusieurs
années. Cette érosion est principalement
due au fait que la physionomie du pays
a énormément changé en quelques
décennies. Le Luxembourg compte à
présent près de 50% d’étrangers et la
plupart d’entre eux ignorent qu’il existe des
vins luxembourgeois. Ils viennent avec leurs
habitudes de consommation et boivent
généralement ici les mêmes vins que dans
leur pays d’origine».
Une grande diversité de cépages
«Nous pâtissons également de l’ancienne
image des vins luxembourgeois», ajoute
Ern Schumacher de l’Organisation
Professionnelle des Vignerons Indépendants.
«Autrefois, ceux-ci étaient essentiellement
constitués de Rivaner et d’Ebling et destinés
à la consommation courante. Ce n’est plus
le cas aujourd’hui. Depuis une vingtaine
d’années, les vins luxembourgeois ont
beaucoup gagné en qualité, non seulement
par une forte diminution des rendements
mais aussi par une grande diversité dans
les cépages: du Rivaner à l’Auxerrois en
passant par le Pinot blanc, le Pinot gris, le
Pinot noir, le Chardonnay, le Riesling et le
Gewürztraminer. Ce gain en qualité a un
coût qui se répercute sur les prix, ce que
les consommateurs ne comprennent pas
toujours».
«Nous produisons des vins modernes, pas
trop élevés en alcool, frais, fruités, qui se
boivent facilement et qui accompagnent
parfaitement tous les types de plats. En
quelques années, nous avons réussi à créer
des vins gastronomiques d’un très bon
niveau et nous n’avons pas à rougir de la
comparaison avec d’autres régions à la
notoriété viticole bien établie. Le problème,
c’est que la qualité de nos produits est
encore trop méconnue», commente Josy
Gloden des Domaines Vinsmoselle.
“Nos vins peuvent
sans problème
soutenir
la comparaison
avec d’autres
régions viticoles
au nom plus
prestigieux”
Modifier radicalement la stratégie marketing
«C’est pourquoi il est devenu impératif
de modifier radicalement notre stratégie
marketing. Nous ne devons plus seulement
nous adresser aux Luxembourgeois qui
connaissent et apprécient nos produits
mais aussi aux consommateurs étrangers
qui composent aujourd’hui la moitié de la
population», poursuit Antoine Clasen de
la Fédération luxembourgeoise des vins et
spiritueux.
«Nous avons ainsi créé un comité
stratégique composé de différents groupes
de travail et dont le but est de mettre
en avant les qualités de nos produits.
Concrètement, trois chantiers ont été
identifiés. Le premier consiste à mettre
en place une image commune à tous les
vins luxembourgeois et créer un signe
de reconnaissance suffisamment fort
pour que les consommateurs puissent
immédiatement identifier nos produits
comme étant des vins luxembourgeois.
A l’avenir, toutes les bouteilles de vin
luxembourgeois porteront le même logo
qui s’inspire du X de la nouvelle signature
commune du pays Luxembourg – Let’s
Make It Happen. Dans le même ordre
d’idées, nous allons inciter les restaurateurs
à promouvoir nos produits en leur
décernant un label d’ambassadeur des vins
luxembourgeois s’ils remplissent certains
critères. Nous allons aussi lancer l’initiative
appelée «De gudde Patt» (Le bon pot)
qui consiste à placer un autocollant
sur toutes les vitrines des brasseries et
bistrots qui proposent au moins un vin
et un crémant luxembourgeois dans leur
carte. Nous comptons ensuite créer des
événements autour de nos produits au
Luxembourg dans un premier temps, puis
chez nos voisins géographiques que sont
l’Allemagne, la Belgique et la France.
Le troisième chantier concerne l’AOP
(Appellation d’Origine Protégée) - Moselle
luxembourgeoise. Mise en place en 2014,
elle regroupe les vins équilibrés d’entrée
de gamme avec la mention d’origine
Côtes de, les vins classiques de la Moselle
luxembourgeoise ou vins de coteaux et les
vins de terroir issus des meilleurs vignobles
de la Moselle luxembourgeoise. Nous
voulons davantage communiquer sur cette
classification pas toujours bien comprise par
le consommateur et également mettre en
évidence par ce biais l’un ou l’autre cépage
typique de la Moselle luxembourgeoise».
«A terme, nous voulons faire évoluer les
mentalités à propos de nos produits»,
conclut Robert Ley. «Ici, au Luxembourg,
on pense toujours que les vins d’ailleurs
sont meilleurs. Nombreux sont les gens
qui sont prêts à dépenser une cinquantaine
d’euros pour un vin au nom prestigieux
même si la qualité ne dépasse pas celle d’une
des meilleures bouteilles luxembourgeoises
Antoine Clasen, Robert Ley, Josy Gloden et Ern Schumacher
pour un prix deux à trois fois moindre. Nos
produits sont non seulement très bons mais
souvent moins chers car, à la différence
d’autres régions viticoles, les circuits de
distribution sont ici très courts. Le rapport
qualité-prix de nos vins est exceptionnel et
il est plus que temps de le faire savoir au
plus grand nombre, à commencer par les
résidents de ce pays». n
Fonds de Solidarité Viticole
8, rue Nic Kieffer
L-5551 Remich
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70 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 212 - JUILLET 2018
PARC NATUREL
Le Parc Naturel de la Haute-Sûre:
Gardien de l’eau
PAR ERIC HARSCH
Le nord-ouest du Luxembourg est connu pour sa diversité naturelle avec ses vallées profondes,
ses pentes raides boisées et ses surfaces agricoles. Mais il est surtout connu pour le lac de barrage
et ses rives, importante source d’eau potable du pays et élément intégral de sa géographie, lui
conférant à juste titre l’identité de région d’eau du Luxembourg. Sur ce territoire est établi le
Parc naturel de la Haute-Sûre, le plus ancien des trois parcs luxembourgeois, qui s’étend sur
une superficie de 162 km 2 et qui englobe cinq communes. Hébergée dans l’ancienne draperie,
l’équipe du Parc vise à concilier la protection naturelle et le développement régional durable.
Entretien avec Christine Lutgen, directrice du Parc.
Christine Lutgen
«Les origines du Parc naturel sont
étroitement liées à son identité de région
d’eau. Dès le lancement du projet du
mur de barrage en 1955, la volonté de
protéger l’eau du lac de barrage par le
biais d’un parc a ressurgi périodiquement.
L’idée de l’Etat de créer un parc national
autour du lac, dont le seul but aurait été
la protection de l’eau, s’est concrétisée en
1986 avec le «Plan global» du ministère de
l’Aménagement du territoire».
“Nous tentons
d’intégrer
la thématique
de l’eau à tous
nos projets”
«Cependant, les communes et la
population, notamment les agriculteurs,
se sont opposés à un tel projet, craignant
que les mesures contraignantes en faveur
de la protection naturelle sapent le
développement économique régional.
Ainsi, les communes ont proposé un
contre-projet suggérant la mise en place
d’un parc naturel selon le modèle français,
conciliant la protection environnementale
et le développement», explique Christine
Lutgen.
LG
BEST OF & GUIDE 2018
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Crédit photo: Caroline Martin
Crédit photo: Pierre Haas
Crédit photo: Guy Krier
Crédit photo: Felsen Caroline ©ORT Martin MPSL Joelle Mattias
Crédit photo: Caroline Martin
Crédit photo: Guy Krier
Crédit photo: Guy Krier
Crédit photo: Guy Krier
72 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 212 - JUILLET 2018
PARC NATUREL
Crédit photo: Caroline Martin
Crédit photo: Guy Krier
Elle poursuit: «Reposant fortement sur une
approche «de bas en haut», le projet du parc
naturel a franchi un premier pas décisif avec
la fondation du syndicat intercommunal
SYCOPAN en 1989. Le syndicat a joué
un rôle indispensable dans la promotion
de cette vision et a par ailleurs appuyé
l’élaboration de la loi sur les parcs naturels
créant ainsi le cadre légal nécessaire en
1993. Le 6 avril 1999, le Parc naturel
de la Haute-Sûre fut finalement établi,
englobant initialement sept communes».
La protection de l’eau dans toutes ses
dimensions
«En dépit de l’omniprésence de l’eau,
la communication du rôle global du
Parc posait un défi. Lors de notre bilan
obligatoire dressé en 2006-2007 en vue du
renouvellement du label de Parc naturel,
nous nous sommes rendu compte que la
grande diversité de nos projets masquait
nos priorités. Ainsi, nous avons décidé de
mettre en évidence davantage le sujet de
l’eau et nous tentons depuis lors d’intégrer
cette thématique à tous nos projets, de
manière transversale».
«Si l’accent est souvent mis sur le volet
écologique du développement durable,
nous œuvrons simultanément en faveur du
développement économique et touristique
de la région. Découlant d’une initiative du
LEADER, le premier projet phare du Parc,
à savoir la création de produits régionaux
portant le label «vum Séi», illustre bien
cette approche globale. Ainsi, nous avons
appuyé les agriculteurs dans la mise au
point de modes de production alternatifs
pour générer des revenus, tout en assurant
l’exploitation durable du terrain et des
ressources. En même temps, ce label de
qualité promeut la marque du Parc audelà
des ses frontières. Cette collaboration
en matière d’agriculture s’est poursuivie
au cours des années. Entres autres, la
coopération agricole dite «LAKU»,
coordonnée par le Parc, a élaboré un
catalogue de mesures volontaires afin de
protéger l’eau du lac de barrage».
“La collaboration
avec les communes
est à la base du bon
fonctionnement
du Parc”
«Le Parc ne peut d’ailleurs pas promulguer
des mesures contraignantes qui interdisent
certaines activités, ou instituer des
zones de protection, actes qui relèvent
des compétences des ministères et de
l’Administration de la gestion de l’eau.
Ainsi, nous adoptons une approche qui
repose sur la pédagogie et la sensibilisation.
Je peux citer, à titre d’exemple, le bateau
solaire, qui permet aux visiteurs de
découvrir l’histoire, la vocation et les
démarches écologiques du lac de barrage
tout en protégeant l’eau et en amplifiant la
valeur touristique de la région».
«En outre, nous avons lancé une campagne
de sensibilisation sur le problème des
déchets sur les plages aux rives de la Sûre.
La mise en place d’un mini-centre de
recyclage sur la plage d’Insenborn l’année
dernière s’inscrit dans une approche
positive qui tente de canaliser les efforts du
public et d’encourager un comportement
respectueux de l’eau».
La coopération importe
«La collaboration avec les communes
est à la base du bon fonctionnement du
Parc. Les communes sont généralement
conscientes de leurs obligations en matière
de protection naturelle et favorisent de plus
en plus des approches régionales. Dans
cette optique, elles considèrent le Parc
comme premier partenaire, qui agit en tant
que coordonnateur et facilitateur et dispose
des connaissances nécessaires».
«Cette approche régionale se manifeste
notamment dans la mise en œuvre du Pacte
climat, qui se fait conjointement avec les
communes du Parc naturel de l’Our. Nos
évaluations annuelles dessinent l’image d’un
progrès continu et ont révélé que parmi
les 66% dex mesures implémentées, 16%
sont attribuables aux Parcs naturels. Si nos
communes sont performantes dans certains
domaines comme la communication, elles
font aussi face à de lourds défis, surtout
en ce qui concerne la mobilité. De ce fait,
le Parc s’est joint au projet INTERREG
‘Last Mile’ qui vise à élaborer un concept
de mobilité qui répond aux besoins réels des
touristes et des habitants».
«L’amélioration de la coopération avec
les communes demeure une priorité. En
vue d’assurer un bon démarrage de notre
collaboration avec les nouveaux conseils
communaux issus des élections de 2017, le
Parc a réalisé une tournée des communes
dans l’objectif de stimuler un échange
de vues et de priorités. En automne, on
organisera une journée de réflexion pour
concrétiser les résultats de ces échanges et
renforcer la coopération. Quant au Parc,
j’estime que la continuité et la stabilité
structurelle sont importantes pour gagner
et conserver la confiance des gens». n
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74 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 211 - JUIN 2018
PARC NATUREL
La quête du développement
régional durable
PAR ERIC HARSCH
Le Parc naturel Mëllerdall, qui a reçu ce label en
2016, représente le plus jeune des trois parcs naturels
luxembourgeois et englobe onze communes dans l’est
du pays. Structure qui avance le développement régional
durable, le parc est un acteur à visages multiples. Claude
Petit, directeur du parc, présente un tour d’horizon de la
nature multidimensionnelle du Parc naturel Mëllerdall.
Claude Petit
«Bien que l’idée d’un parc naturel dans
la région du Mëllerdall ait circulé depuis
plus de quinze ans, cette conception doit
se développer au sein de la région. Ce sont
notamment les communes elles-mêmes
qui doivent s’emparer d’une telle vision
et avancer dans ce processus par un effort
collaboratif», raconte Claude Petit qui a
rejoint le projet en 2012.
Projet dirigé par le «Syndicat Mullerthal»
à partir de 2009, les études, l’une
préparatoire et l’autre détaillée, prévues
par la loi relative aux parcs naturels de
1993, ont fixé les cadres thématiques et
financiers du parc. Le directeur explique:
«Ces études ont bénéficié d’une approche
très participative réunissant des parties
prenantes diversifiées. Dans le cadre de
l’étude détaillée, réalisée au bout d’un an et
demi, nous avons tenu une soixantaine de
réunions, tables rondes etc. sans compter
les meetings internes. Ce fut une période
très intense et excitante».
Tout au long de ce processus, le projet a
pu compter sur l’expérience et le savoir des
homologues des autres parcs: «Leur conseil
primordial était de réaliser des projets dès le
début afin d’acquérir la visibilité nécessaire
et de rendre le concept abstrait de parc
naturel plus tangible au public».
Une quête à visages multiples
En effet, la vocation d’un parc naturel s’avère
assez vague pour un néophyte. Claude
Petit éclaircit: «L’objectif primaire d’un
parc naturel est le développement régional
durable. Contrairement à son nom, les
aspects économiques et sociaux sont mis sur
un pied d’égalité avec l’environnement et la
protection naturelle, soulignant l’approche
holistique adoptée pour concrétiser le
développement durable. A travers ces trois
volets, l’homme et la population régionale
sont mis au cœur des efforts».
Alors que la vision globale et la gestion des
trois parcs naturels sont presque identiques,
les priorités thématiques divergent selon le
LG
BEST OF & GUIDE 2018
75
Felsen Naturpark Mëllerdall © Naturpark Mëllerdall Uli Fielitz
Larochette Felsen ©Naturpark ©ORT MPSL Mëllerdall Joelle Uli Mattias Fielitz
Felsen ©ORT MPSL Joelle Mattias
©Naturpark Mëllerdall Pierre Haas
Echternach©Naturpark Mëllerdall Raymond Clement
76 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 211 - JUIN 2018
PARC NATUREL
Bongerten ©Naturpark Mëllerdall Anna Voelske
©Naturpark Mëllerdall Anna Voelske
contexte spécifique des différentes régions.
«L’étude détaillée a relevé six fils thématiques
qui sont censés guider le travail du parc suivant
les trois volets, ainsi qu’un sujet spécial.
Chaque thème et ses projets concomitants,
comme l’agriculture et l’exploitation
forestière, tentent de concilier les divers
volets du développement durable et portent
le message qu’un parc naturel œuvre bien
au-delà de la protection naturelle». Quant
au sujet spécial, l’accent est actuellement mis
sur la géologie, qui est d’ailleurs une partie
intégrante de la marque du Mëllerdall et
incarne une valeur touristique.
Le succès de la candidature déposée auprès
de l’UNESCO en novembre dernier
pour obtenir le label de géoparc mondial
amplifierait la renommée internationale
et l’attrait touristique de la région. Le
directeur précise: «Tout comme le parc
naturel, l’objectif d’un géoparc consiste
dans le développement régional, avec
une emphase sur la géologie. Au vu des
objectifs similaires des deux labels, il
importe d’en assurer la complémentarité
et de communiquer cette constellation
parallèle de façon claire».
La communication revêt une importance
majeure pour présenter la vocation du parc
aux divers publics et pour rapprocher des
perspectives différentes: «Outre les voies de
communication traditionnelles et en ligne,
notre projet phare est l’offre d’un large
éventail d’activités. Il s’agit de transmettre
l’idée du développement durable par le
biais d’une activité attrayante à un public
très diversifié et d’ainsi transporter les
messages de la vocation du parc de manière
interactive».
Une quête collaborative
Plateforme pour élaborer des projets
régionaux, le parc naturel permet également
aux communes de participer à des projets
européens, comme le projet «LIFE-IP
Zero Emission Protection Areas» qui est
réalisé conjointement avec onze partenaires
allemands: «Il met en relief la protection
climatique dans toutes ses dimensions,
cherchant avant tout un usage d’énergie
efficace et identifiant les opportunités pour
la population régionale d’entrer dans la
production d’énergies renouvelables».
“Les aspects
économiques
et sociaux sont
mis sur un pied
d’égalité avec
l’environnement”
«Ce projet révèle d’ailleurs la volonté des
communes de coopérer dans la mise en
œuvre du Pacte Climat, bien que celuici
n’ait pas été abordé au niveau régional
comme le font les Parcs naturels de l’Our et
de Haute-Sûre. La protection climatique,
tout comme les efforts en faveur du
développement durable, s’inscrivent dans
le cadre socio-économique avancé par
l’étude stratégique de 2016 réalisée par le
ministère de l’Economie».
Sa genèse, son mode de gestion par le
biais d’un syndicat mixte composé de
représentants communaux et étatiques,
ainsi que ses projets qui sont souvent
coordonnés avec d’autres acteurs régionaux
comme LEADER ou l’Office Régional
du Tourisme Région Mullerthal – Petite
Suisse Luxembourgeoise, témoignent
d’une approche axée fortement sur la
coopération et la collaboration. Selon
Claude Petit: «Vu l’incorporation du
parc dans un réseau d’acteurs multiples,
l’ouverture d’esprit et la volonté de
coopérer sont incontournables et
constituent l’un des facteurs contribuant
au succès d’un tel projet».
Regardant vers l’avant, Claude Petit
espère renforcer et mener à bien les projets
entamés et réaliser des résultats tangibles
sur le terrain en faveur de la population
régionale, tout en consolidant davantage
la coopération à tous les niveaux. Et, dans
ce cadre, il souhaite que le parc serve
d’exemple de ce qui peut être atteint par
le biais d’une collaboration efficace sur le
plan régional. n
78 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 210 - MAI 2018
PARC NATUREL
Parc naturel
de l’Our:
huit communes,
une vision
PAR SERGE GARCIA LANG
Regroupant huit communes du nord-est des Ardennes
luxembourgeoises, au tripoint entre la Belgique, l’Allemagne
et le Luxembourg, le Parc naturel de l’Our œuvre à concilier
la protection de la nature, la promotion culturelle et le
développement économique de la région. L’organisme, issu
de l’ancien syndicat intercommunal de la vallée de l’Our
(SIVOUR) et officialisé par le règlement grand-ducal du
9 juin 2005, gère une surface de 306 km 2 avec environ
16.000 habitants. Christian Kayser, son directeur, a participé
à son développement dès la première heure.
© Photo Raymond Clement
Christian Kayser
© Photo Joëlle Mathias
«Le Parc naturel de l’Our fut, en 1999, le
deuxième parc naturel à être fondé dans
le cadre d’une loi créée six ans plus tôt -
la loi luxembourgeoise relative aux parcs
naturels. Celle-ci a attribué, en août 1993,
la gestion de l’initiative au Département
de l’aménagement du territoire. Le label
«Parc naturel» est décerné pour une
durée de dix ans. A la fin de cette période,
un bilan est dressé. Si les communes
impliquées en expriment le souhait, le
label peut être reconduit pour une durée
de dix ans, à condition que le patrimoine
naturel et culturel ait été sauvegardé et
promu conformément à la loi précitée.
Les projets typiques d’un Parc naturel
s’articulent notamment autour du tourisme
durable, de l’agriculture raisonnable et
de l’environnement. Le nôtre en est à sa
deuxième phase. Après le bilan positif des
dix premières années, la phase actuelle, qui
a démarré en 2015, se poursuivra jusqu’en
2025», explique Christian Kayser.
Il poursuit: «La gestion d’un Parc naturel
s’apparente à celle d’une commune ou
d’un ministère. Chacun des syndicats
assurant la gestion d’un Parc naturel, en
l’occurrence, ceux de la Haute-Sûre, du
Mullerthal et de la vallée de l’Our, dispose
d’un bureau et d’un comité. Le comité,
c’est le conseil d’administration. Chaque
commune participante y est représentée
par un délégué et compte un nombre
équivalent de représentants des ministères
concernés. Ces délégués, au nombre de 16
dans notre syndicat, élisent le président, le
vice-président, ainsi que le bureau exécutif
du syndicat, qui m’emploie. Emile Eicher,
bourgmestre de la commune de Clervaux,
est notre président depuis la phase initiale».
Le principe de collaboration
Les syndicats intercommunaux sont des
entités publiques et, en tant que telles,
elles participent et contribuent au dessein
stratégique national.
«Ces dernières années, les communes
se sont vues attribuer, au-delà de leurs
missions originaires, un nombre croissant
de missions facultatives, qu’il s’agit de
mener à bien. Quand nous avons lancé
l’initiative, nous comptions 14 communes
participantes, de petite taille. Cela a
entraîné une culture de la collaboration,
contrairement au sud du pays, où les
communes sont plus importantes et plus
à même d’agir de façon autonome. Par
exemple, une petite commune n’aura pas
les ressources administratives nécessaires
pour participer à un projet européen. Et
quand elle décidera d’agir concrètement
sur le terrain, elle touchera rapidement à
ses limites géographiques. L’idée du Parc
naturel est de se rassembler afin d’être plus
efficaces. Nous réunissons des représentants
des communes et de l’Etat qui s’échangent
et s’accordent sur des mesures à prendre».
«En effet, entre une commune située au sud
ou au nord du Parc, les priorités peuvent
être divergentes. Mais la fréquence de nos
réunions et le fait qu’elles se déroulent
à toutes sortes de niveaux – technique,
environnemental, économique, et cetera –
favorise considérablement le processus de
démarche commune. Notre philosophie
est d’aborder les défis au niveau régional
plutôt que strictement local. Au-delà
de la plateforme, nous nous entendons
comme prestataire de services pour les
communes du Parc. Imaginons qu’une
de ces communes ait une idée. Elle vient
nous consulter, et notre équipe tentera de
convertir cette idée en projet et ce projet
en réalisation, notamment en impliquant
d’autres communes susceptibles d’y être
intéressées. Nous sommes source de
propositions, et notre démarche consiste
à obtenir un consensus régional. Ce mode
de fonctionnement est commun aux trois
Parcs naturels luxembourgeois».
“Nous sommes
source de
propositions et
notre démarche
consiste à obtenir
un consensus
régional”
L’union fait la force
Concernant l’étude stratégique de 2015,
inspirée des théories économiques de Jeremy
Rifkin, Christian Kayser explique: «Parmi les
activités s’inscrivant dans cette démarche, il
y a par exemple le Pacte Climat, dans lequel
nous sommes engagés. Il se trouve que les
communes membres du Parc naturel de la
Haute Sûre et du nôtre sont les seules à aborder
ce Pacte à un niveau régional. Nous avons pu
convaincre le gouvernement du bien fondé
de notre démarche et, notamment, obtenu
une réglementation financière favorable en
vue d’encourager les habitants de l’ensemble
des communes du Parc à opter pour des
solutions domestiques énergétiquement
efficientes. Par exemple, en ce qui concerne
les appareils électroménagers, les systèmes
de chauffage, la rénovation immobilière… le
taux est identique pour chaque habitant d’une
commune du Parc, qu’il habite à Tandel ou à
Wincrange».
«Dans un autre registre, celui de la
communication, nous avons décidé de créer
un seul site web, et non huit. Nous avons
également fait effectuer un seul sondage par
TNS-ILRES pour toutes les communes du
Parc. De manière générale, nous délibérons,
réglementons, organisons, informons et
sensibilisons…ensemble. Dans le contexte
du Pacte Climat, cela a porté ses fruits.
En effet, quatre communes du Parc se
sont vu décerner le plus haut niveau de
certification, les autres ont obtenu un score
qui dépasse les 50%. Quand on sait que
l’approche régionale des activités du Parc
contribue à raison de 16 à 18% aux résultats
obtenus à l’issue de l’audit du Pacte Climat,
on se rend compte de notre engagement en
matière de développement durable».
80 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 210 - MAI 2018
PARC NATUREL
© Photo Pierre Haas
Un travail de longue haleine
«Cela fait 18 ans que je travaille pour le
Syndicat pour l’Aménagement et la Gestion
du Parc Naturel de l’Our. J’ai pu constater
que la réussite de ce genre d’initiative est
tributaire de la confiance que lui accordent
les acteurs impliqués. N’oublions pas
que chaque commune est déjà, au départ,
membre de nombreux autres syndicats.
Or, nous ne pouvons obtenir des résultats
positifs qu’en fédérant un effort collectif.
Un organisme comme le nôtre n’intervient
pas dans le principe, fondamental, de
l’autonomie des communes. Contrairement
à celui de nos confrères allemands et
français, notre avis n’est pas requis, mais
facultatif. Il faut également tenir compte
du fait que les intérêts politiques et/ou
économiques peuvent diverger d’une
commune à une autre. Il y a donc lieu
d’établir un équilibre et de trouver des
solutions qui conviennent à tous. Je ne puis
que me féliciter de l’engagement qu’ont pris
les communes de ce Parc, conjointement
avec le gouvernement, le ministère de
l’Environnement et le département de
l’aménagement du territoire ces dernières
années. Notre taux de participation à des
projets subsidiés est d’ailleurs supérieur à
celui de certaines «grandes» communes du
Grand-Duché».
“Notre approche
régionale contribue
à raison de 16 à 18%
aux résultats obtenus
à l’issue de l’audit
du Pacte Climat”
«Nous estimons que le paysage est le
capital d’une région et d’un Parc naturel.
Or, la nature et l’environnement sont
sujets à des transformations permanentes.
Nous nous devons de thématiser les
développements négatifs et de promouvoir
les changements positifs. Cela passe bien
entendu par la communication. Nous avons
notamment organisé une exposition du
photographe Raymond Clement autour
de notre patrimoine paysager. Par la suite,
les deux autres Parcs naturels ont rejoint le
projet. Chaque Parc s’est doté d’un thème
spécifique: Nous, c’était la nature et les
paysages. La collaboration entre Parcs
naturels est d’ailleurs très étroite. Nous
avons par exemple mis au point un système
d’information géographique commun, pour
les communes que nous servons, ce qui
nous a entre-autre permis de réaliser une
économie d’échelle. Nous nous sommes
également chargés, ensemble, d’assurer les
formations y étant relatives».
«Notre activité est particulièrement
variée. Pour revenir au domaine de la
culture, elle peut consister à initier ou
accompagner l’organisation d’expositions
et de festivals ainsi que de promouvoir des
artistes et galeries de la région. Si le rôle
des offices régionaux de tourisme est de
commercialiser la culture dans un contexte
interrégional lui-même inclus dans une
stratégie nationale, le nôtre est de trouver
de nouvelles impulsions pour le tourisme et
la culture». n
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82 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 209 - AVRIL 2018
LOGEMENT & CONSTRUCTION
Une réponse
aux besoins urgents
en logement
Les membres de l’OAI proposent leur aide pour assister les
communes dans leur rôle de maître d’ouvrage de projets de
logement abordable motivés par le Pacte de Logement. En
effet, la gestion des projets de logements destinés à la vente
va au-delà des missions de base des communes. Dès lors, les
membres de l’OAI peuvent leur proposer une assistance sous
la forme de prestations reprises dans la circulaire OAI n°14 aux
administrations communales, disponible sur son site internet.
Rencontre avec Jos Dell, président de l’OAI, Marc Feider,
vice-président de l’OAI et Pierre Hurt, directeur de l’OAI.
Quelles sont les solutions proposées par
l’OAI pour remédier à l’insuffisance de
l’offre de logements au Luxembourg?
PH: L’OAI vient de faire parvenir aux députés
et aux membres du Gouvernement ses 18
propositions pour avancer dans le domaine du
logement. Elles peuvent être consultées sur le
site www.oai.lu rubrique «avis oai». L’Ordre
salue le revirement des décideurs politiques
consistant à mettre enfin l’accent sur l’offre
de logements, dont l’insuffisance criante est la
véritable cause du problème actuel de pénurie
en ce domaine. Il importe de cumuler et de
mettre en œuvre tous azimuts les multiples
propositions en discussion. Nous devrions par
exemple mettre en place un cadre propice au
développement de nouvelles formes d’habitat
telles que «Baugruppen» et les habitats
intergénérationnels.
MF: Les communes doivent disposer de
personnes qualifiées et s’adjoindre les
services de conseils professionnels externes;
le recours aux hommes de l’art que sont
les architectes et les ingénieurs-conseils
indépendants, est indispensable afin
d’assurer un développement durable et de
qualité. Il faut aussi généraliser l’obligation
d’assurance RCP (responsabilité civile et
professionnelle) et de garantie décennale aux
promoteurs, en vue de protéger le maître de
l’ouvrage et les utilisateurs. Un code de la
construction aurait le bénéfice d’assurer la
hiérarchisation, la cohérence et la lisibilité
de tous les textes légaux en la matière.
JD: Nous devons en effet réussir à
fluidifier les procédures et notamment
avec l’aide de l’outil «Guide de
l’urbanisme» que nous devons rendre
encore plus performant. En plus de
l’amélioration des outils statistiques, la
généralisation du calcul sur base des prix
de vente réalisés et l’instauration d’une
surveillance systématique du dispositif
légal et réglementaire, nous devrions
rétablir un régime de TVA favorable
(taux super-réduit de 3% en matière de
construction ou rénovation et en général
de 12% sur les prestations des professions
libérales).
“Permettons l’accès
à un logement
abordable et digne
pour tous”
Et pour ce qui est de l’augmentation de
l’offre de terrains à bâtir?
PH: Il faut permettre une augmentation
raisonnable de la densité du bâti tout
en garantissant la qualité de vie et
notamment en renvoyant les hauteurs
maxima constructibles. La stimulation de
l’offre de logements locatifs tant au niveau
des investisseurs publics que privés est
indispensable. Enfin, l’instauration de taxes
sérieuses doit être imposée aux terrains mis
en spéculation.
MF: Le 23 avril prochain, l’OAI organisera,
à la Coque (Luxembourg-Kirchberg), une
table ronde avec la présence du ministre du
Logement Marc Hansen, du ministre de
l’Intérieur Dan Kersch, et les députés Henri
Kox et Marc Lies. Nos 18 propositions
serviront de base au débat placé sous le
thème «Noutstand Wunnengsbau! Wat
maachen?».
Une autre table ronde sera organisée le 18
septembre à l’amphithéâtre de la Coque.
Nous prévoyons alors d’y inviter les têtes
de liste de partis disposant d’une fraction
politique à la Chambre des Députés.
Quelles sont les nouveautés de votre
3 e édition du guide «architectour.lu»?
JD: Cette troisième édition a, comme
les éditions précédentes, l’ambition de
promouvoir le pays dans le cadre de la
campagne «Luxembourg – Let’s make it
happen» du ministère de l’Économie, du
site www.inspiringluxembourg.com et du
site www.visitluxembourg.com. A ce titre, il
s’affirme comme le guide de référence sur le
Luxembourg à l’étranger.
Lors de son élaboration, nous avions lancé un
appel à propositions parmi les membres de
l’OAI qui ont répondu avec enthousiasme en
nous remettant pas moins de 315 réalisations.
C’est sur base de celle-ci que le comité de
sélection a créé 14 nouveaux itinéraires à
travers le pays.
Lors de son élaboration, nous avions
lancé un appel à propositions parmi les
membres de l’OAI qui ont répondu avec
enthousiasme en nous remettant pas
moins de 315 réalisations. C’est sur base
de celle-ci que le comité de sélection a
créé 14 nouveaux itinéraires à travers le
pays.
MF: Cette initiative s’inscrit complémentairement
dans les autres actions de
l’OAI en matière de promotion de ses
membres et de leur savoir-faire. Citons
par exemple le Guide OAI Références
2018 (www.guideoai.lu), le livre «Design
First, Build Smart – laix.lu Luxembourg
Architectes Ingénieurs-conseils eXport»,
ou encore le Bauhärepräis OAI (www.
bhp.lu). n
Jos Dell, Marc Feider et Pierre Hurt
84 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 211 - JUIN 2018
LOGEMENT & CONSTRUCTION
Concevoir
les solutions de demain
PAR JULIEN BRUN
Le pays vient à peine de passer la barre symbolique des
600.000 habitants que l’hypothèse du million laisse déjà
nos spéculations à l’inquiétude. Le marché de l’emploi
promet d’assimiler la croissance démographique à condition
qu’elle soit qualitative mais qu’en sera-t-il de la mobilité
déjà congestionnée, de l’offre du logement saturée et des
infrastructures scolaires, sportives, culturelles et médicales?
Rencontre avec un concepteur de solutions mises au service
de la qualité de vie des citoyens. Interview de Gilles
Christnach, administrateur délégué de Betic, bureau
d’Ingénieurs-Conseils qui propose la conception, le suivi
et la réception de toutes les installations techniques du
bâtiment.
Le pays connait une forte croissance
démographique qui engendre, de fait,
des problématiques d’infrastructures;
peut-on dire que le Luxembourg n’a pas
finit de voir les chantiers de construction
pousser comme des champignons?
Assurément oui, et la réussite de ces défis
dépend des choix de projets que nous
prenons aujourd’hui. Ils doivent être adaptés
aux besoins et prendre le contrepied
des solutions techniques usuelles. Ceci
implique une contribution plus importante
des bureaux d’études dans les processus de
réflexions actuelles, car plus tôt nous sommes
intégrés au projet et plus rapidement nous
pouvons orienter nos concepts en prenant
aussi en compte les évolutions futures.
Je pense d’ailleurs que les politiques pourraient
intégrer encore davantage les ingénieurs
et les architectes dans leurs prises de
décisions.
Notre métier d’ingénieur consiste à pousser
nos réflexions afin de trouver non pas
les solutions par défaut mais celles qui
sont adéquates aux enjeux. Nous pouvons
concevoir un parking de 1.000 places
mais nous pouvons aussi aider à étudier la
pertinence de tel ou tel projet.
À l’image des architectes qui sont régulièrement
consultés pour définir une esthétique
architecturale, souhaiteriez-vous
peser plus encore dans les choix des
installations techniques?
Le léitmotiv de Betic – et je pense plus
largement, celui de tout bon ingénieur – est
«la technique est morte vive la technique».
Nous aimons penser de manières
différentes et au-delà des conceptions
habituelles. Nous constatons en effet que
plus tôt nous contribuons aux projets,
mieux ils s’enchainent.
Le plaisir que nous tirons de notre travail
réside en la concrétisation de nos concepts
innovants et nous ne connaissons de limites
que celles des lois de la physique – et aussi
parfois celles des budgets qui nous sont
confiés. Je pense que dans chaque cœur
d’ingénieur et de modeleur, réside une
essence créative qui, exploitée comme il
se doit, se met au service de l’innovation et
donc de la société.
De toute évidence, votre philosophie
trouve des adeptes, puisque de six
collaborateurs en 2002, vous comptez
aujourd’hui quelques 50 Béticiens…
Si notre développement est en effet régulier
et constant, il n’en est pas moins sain. Certes,
à nos débuts en 2000, nous ne voulions pas
recruter plus de deux collaborateurs par an
contre trois ou quatre aujourd’hui, mais nous
apportons une attention toute particulière à
leur intégration. Chaque nouvelle recrue
est parrainée et doit suivre un programme
d’accompagnement personnalisé afin de
s’imprégner de la culture de l’entreprise.
La gestion de projets implique une parfaite
synergie entre les ingénieurs, les modeleurs,
l’équipe administrative, mais aussi
l’ensemble des personnes impliquées dans
le projet: architectes, maîtres d’ouvrage,
installateurs, exploitants... La machine doit
donc être parfaitement huilée!
“Nous ne
connaissons
de limite
que les lois
de la physique”
Vos domaines d’activités sont variés et
les projets sur lesquels vous travaillez,
tous aussi différents les uns que les
autres; ne risquez-vous pas que vos
collaborateurs développent une forme
de schizophrénie professionnelle?
(Rires) non, puisqu’on adore ça! La
conception énergétique, les audits techniques
ainsi que les études des installations
de chauffage, de ventilation, de climatisation
et d’électricité sont des domaines intellectuels
passionnants. Maternités, crèches
et écoles, gares, lycées, installations sportives,
bâtiments résidentiels ou de bureaux,
morgues; comment ne pas être enthousiaste
à l’idée d’accompagner toutes les étapes de
la vie? Même sur un marché du recrutement
où les compétences techniques se font rares,
nous mettons un point d’honneur à trouver
des personnes engagées et motivées!
Nous recherchons moins un ingénieur
qui aura appliqué dix fois la même
technique que celui qui en aura conçues dix
différentes. La «vue hélicoptère» et l’œil
nouveau nous sont indispensables.
Gilles Christnach
86 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 211 - JUIN 2018
LOGEMENT & CONSTRUCTION
Permettez-moi d’illustrer mon propos par
l’exemple du nouveau Lycée Technique
pour Professions de Santé d’Ettelbruck.
Cela fait huit années que nous conceptualisons
des installations spécifiques aux
lycées selon un modèle déjà innovant mais
nous avons encore voulu nous réinventer.
Le bâtiment s’est inscrit dès les premières
réflexions dans une philosophie de recyclage
de ses matériaux de construction en
prévision du jour de son démantèlement.
Nous nous sommes alors demandés pourquoi
nous devions installer des gaines de
ventilation dès lors que le couloir pouvait
remplir la même fonction. Un lycée est constitué
de salles de classes et de longs couloirs
qui ne se remplissent qu’entre les cours et que
nous avons dans ce cas utilisés pour amener
de l’air frais dans les salles de classes.
Parlez-nous de l’union de l’esthétique
et de la technique…
Comme dans la vie, une union doit être
harmonieuse et si les projets architecturaux
tendent à la modernité et à la durabilité, ils
remplissent également certaines fonctions
afin de répondre aux besoins de leurs usagers.
Toute notre mission consiste à trouver des
solutions pour que les techniques soient
efficaces et simples d’utilisation.
“La technique
est morte
vive la technique”
L’architecture résolument moderne de la
gare de Belval-Université en est un bon
exemple: elle ressemble à un mille-pattes en
mouvement mais son enveloppe a été conçue
afin d’éviter la surchauffe, de protéger du
soleil, tout en restant lumineuse.
Au Luxembourg, les niveaux de conception
des bâtiments sont relativement élevés, ce
qui assure un bon équipement. Mais dans la
mesure où il faut deux ans pour paramétrer
un bâtiment, cela laisse tout le temps à
l’exploitant de perdre sa motivation si la
technique est trop complexe.
La technique ne devrait jamais imposer des
comportements à l’utilisateur mais c’est à
l’utilisateur d’imposer son comportement
à la technique.
Ceci est peut-être encore plus important
pour les personnes à mobilité réduite…
Certainement et là plus qu’ailleurs, la
technique doit servir les usagers. Je pense
tout particulièrement à l’extension du
Tricentenaire à Heisdorf qui héberge des
personnes en situation d’handicap ainsi
que des enfants dans le cadre d’un foyer de
jour. Regarder un fauteuil roulant passer
du couloir à la chambre puis à la salle de
bain, met en évidence l’importance de la
motorisation des portes, par exemple.
Notre métier est sublime dès lors que nous
pouvons rendre la vie des gens plus simple
et nous sommes conscients que c’est aussi
une grande responsabilité. n
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Carlos Da Costa
LG
BEST OF & GUIDE 2018
89
Qualité et flexibilité
au service du client
Créée en 2011, Art Thermic est aujourd’hui menée par
Carlos Da Costa, son gérant et fondateur. Spécialisée dans
le chauffage sanitaire, la ventilation, la climatisation et les
énergies renouvelables, l’entreprise conseille ses clients et
propose des services et produits adaptés à leur besoin dans
l’optique de leur faire réaliser des économies d’énergie.
Interview.
Qui sont vos clients?
A nos débuts, notre clientèle était
essentiellement composée de promoteurs
immobiliers, cette tendance s’est
légèrement atténuée puisqu’ils ne
représentent plus qu’un tiers de nos
commandes. Aujourd’hui, ce sont les
particuliers qui occupent deux tiers de
notre activité. Au total nous réalisons plus
de 100 chantiers de toutes tailles par an.
Notre culture implique que chaque
monteur soit capable de travailler dans
tous nos domaines d’activité. Nous
mettons d’ailleurs régulièrement à jour
les compétences de notre équipe pour les
former aux nouveaux produits et techniques
de montage.
Qu’est-ce qui différencie Art Thermic
de ses concurrents?
Nous avons noué un partenariat avec la
banque belge BNP Paribas pour accorder
des prêts rapides à nos clients devant faire
face à de grandes dépenses inattendues. En
effet, lorsqu’une chaudière tombe en panne
ou doit être remplacée, de grosses sommes
sont parfois nécessaires. Nous aidons alors
les clients à constituer rapidement un
dossier que nous remettons à la banque.
Cette dernière pourra donner une réponse
pour un prêt en deux heures seulement.
Nous sommes également réparateurs et
monteurs agréés de SFA Benelux pour
les cabines de douche Sanibroyeur,
SaniLife, Kinedo et Grandform, ce qui
est un véritable atout. Enfin, notre service
traditionnel de dépannage est accessible
24h/24 et 7j/7.
Comment aider vos clients à mieux
gérer leur consommation énergétique?
Lorsque nous mettons en œuvre notre travail
nous veillons à utiliser les bons produits et
isolants pour favoriser l’économie d’énergie.
Pour les nouvelles constructions, les normes
actuelles imposent une étanchéité parfaite
du bâtiment et nécessitent une coordination
entre tous les corps de métier impliqués.
Cela signifie que nous devons collaborer
avec d’autres entreprises pour garantir
l’efficience énergique de l’ensemble du
bâtiment.
Notre label «Energie fir d’Zukunft+:
Artisan Certifié Maison Passive», est
témoin de notre expertise en énergies
renouvelables et garantit à nos clients
l’utilisation de produits et techniques
favorisant une consommation d’énergie
relativement basse. De plus, Art Thermic
est en partenariat avec le principal
fournisseur d’énergie au Luxembourg,
Enovos et participe au programme de
subvention enoprimes qui récompense les
économies d’énergie engendrées par les
consommateurs en les aidant à effectuer
des travaux d’efficacité énergétique. Nous
accompagnons donc les clients lors de la
constitution des dossiers leur permettant de
recevoir une aide à ce niveau.
Parmi nos produits les plus efficients d’un
point de vue énergétique, nous proposons
des pompes à chaleur, des Ventilations
Mécaniques Contrôlées (VMC) et des
panneaux solaires. Des panneaux solaires
thermiques peuvent en effet être intégrés
dans un système de chauffage performant,
comme solution d’appoint pour le
chauffage et comme complément pour
fournir de l’eau chaude sanitaire.
Ces produits peuvent être interconnectés
dans un système domotique afin de favoriser
une gestion intelligente et automatisée de la
production et de la dépense d’énergie. Au
début de chaque projet, nous tentons de
déterminer quelles sont les habitudes de
consommation du client pour lui proposer
une installation correspondant à ses besoins
et lui permettant de réaliser des économies.
“Notre partenariat
avec la banque
belge BNP Paribas
permet aux clients
d’effectuer des
demandes de prêts
rapides”
Les chaudières classiques de type B1
seront interdites en Europe à partir de
septembre 2018. Quelles alternatives
proposez-vous à ce type d’installations?
Nos fournisseurs ont arrêté de livrer ce
type de chaudière depuis un an déjà, nous
sommes donc prêts depuis longtemps à
fournir des alternatives. Nous proposons
en effet des chaudières à condensation de
classe A car elles nécessitent uniquement
un changement de la cheminée, ce qui
limite les coûts. Des systèmes plus efficaces
existent, comme des pompes à chaleur, mais
l’investissement est alors plus important
au départ. Notre objectif est d’avoir une
clientèle satisfaite, nous conseillons donc
les clients au cas par cas et faisons passer
leur intérêt avant tout. n
Art Thermic
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90 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 211 - JUIN 2018
LOGEMENT & CONSTRUCTION
Du changement
sur tous les fronts
Mobilité, logement, environnement et encadrement des
enfants: Marion Zovilé-Braquet, bourgmestre de la commune
de Contern depuis novembre dernier, s’attaque à toutes les
difficultés rencontrées par la commune ces dernières années
afin d’améliorer la qualité de vie des habitants. Bénéficiant
d’une expérience de plusieurs années au sein du conseil
communal, la bourgmestre nous présente aujourd’hui les
dossiers prioritaires qui l’attendent au cours de son mandat.
Rencontre.
1,5 km sépare la gare de la zone industrielle
et aucun moyen de transport en commun
ne leur permet de se rapprocher. A ce sujet,
nous avons rencontré François Bausch,
ministre du Développement durable et des
Infrastructures, pour mettre en place une
phase test d’un projet mettant à disposition
des travailleurs une navette aux heures de
pointes, financée à la fois par le ministère
et la commune, permettant de relier la
zone industrielle à la gare. Si le projet
fonctionne, alors nous chercherons une
solution à long terme dans cette direction.
Parlez-nous de votre parcours politique
avant de devenir bourgmestre de Contern…
La commune compte 47 associations bénévoles,
de nombreuses personnes s’engagent
donc quotidiennement pour faire évoluer
leur commune. Très tôt, je me suis engagée
dans la vie associative, notamment en tant que
présidente de l’association des parents d’élèves
pendant quinze ans. C’est par le biais de mes
engagements dans nos quatre villages que j’ai
été approchée par le milieu politique.
Quand j’ai choisi Contern comme ma
commune de résidence, c’était parce qu’elle
était proche de la capitale tout en étant à
la campagne. Depuis lors, la région s’est
beaucoup développée au point de perdre
petit à petit son caractère naturel et de
rendre la circulation insupportable aux
heures de pointe. Mes prédécesseurs ont en
effet décidé de collaborer avec l’Etat pour
créer et développer la zone industrielle de
Contern car elle se situait stratégiquement à
proximité de l’aéroport du Findel. Toutefois,
malgré les points positifs, le développement
de cette zone a eu un effet néfaste sur
la circulation dans la commune, qui est
maintenant devenue très difficile.
J’ai alors participé pour la première fois aux
élections communales en 2005, sans être
élue, mais deux ans plus tard, je suis entrée
au conseil communal.
Quels sont les dossiers les plus urgents à
traiter dans la commune?
Mon objectif en tant que bourgmestre est
de rendre la vie plus agréable aux habitants
de la commune, car la qualité de vie s’y est
vraiment dégradée ces dernières années.
Je souhaiterais notamment créer des «shared
space» dans les villages et nous collaborons
à ce titre avec des bureaux d’études pour
leur mise en place; pour commencer nous
voudrions rétrécir les bandes d’accès
à la commune et créer des bandes de
stationnement décorées d’arbres aux entrées
des villages afin de réduire la vitesse de
circulation et la densité du trafic au sein de
ceux-ci.
“Au cours des cinq
prochaines années,
nous pensons
accueillir plus
de 1.000 nouveaux
habitants”
Nous comptons par ailleurs plus de 400
entreprises dans la commune et je souhaite
faire en sorte que nous puissions cohabiter
harmonieusement. De plus, la zone
compte encore 18 hectares appartenant au
ministère de l’Economie, ce qui signifie
qu’au terme de son développement,
la commune comptera près de 6.000
travailleurs quotidiens. Pour résoudre les
problèmes de trafic que cette situation
engendre, la gare de Sandweiler, a été
déplacée sur le terrain de notre commune
le long de la rue principale vers Contern.
Les travailleurs de la zone industrielle
utilisent peu le train car un trajet d’environ
Parmi les priorités, nous devons également
faire face à une crise du logement; nous étions
d’ailleurs une commune prioritaire au niveau
des plans sectoriels pour l’agrandissement de
l’offre à ce niveau. Aujourd’hui nous avons
pour projet, en collaboration avec la Société
Nationale des Habitations à Bon Marché
(SNHBM), de construire dans le centre 180
unités de logements sociaux, appartements
et maisons confondus. En effet, tous les
travailleurs de la région doivent se loger
et s’ils habitaient à proximité de leur lieu
de travail, les problèmes de circulation en
seraient également réduits. Toutefois, nous
sommes conscients du trafic supplémentaire
que ce projet engendrera et nous
réfléchissons notamment à la création d’un
accès stratégique à cette zone résidentielle.
De plus, les prix de l’immobilier sont
très élevés et nous essayons de créer des
logements plus accessibles. Des maisons
et appartements sont en constructions
au centre de Contern et il y a également
plusieurs projets en planification à Moutfort
et à Oetrange. Au total, au cours des cinq
prochaines années, nous pensons accueillir
près de 1.000 nouveaux habitants.
En vue de de ces nouvelles arrivées, nous
devons également adapter notre réseau
routier pour ne pas l’encombrer davantage.
En effet, plusieurs milliers de voitures
transitent déjà par Contern pour rejoindre
leur travail, sans même s’arrêter dans la
commune, ce qui encombre inutilement nos
routes. Nous devons dès lors nous attaquer
à ce problème pour que les habitants
vivent leurs trajets plus sereinement, qu’ils
cessent de pâtir de la pollution sonore
et que la qualité de l’air soit améliorée.
En collaborant davantage avec la zone
industrielle, nous souhaitons trouver des
solutions qui conviennent à tous.
Marion Zovilé-Braquet
92 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 211 - JUIN 2018
LOGEMENT & CONSTRUCTION
Au-delà de ces priorités, quelles sont les
initiatives qui vous tiennent à cœur?
Ma priorité concerne les enfants et leur
éducation, car ils représentent le futur.
Sur un même site, nous retrouvons notre
école, qui a dix ans, un hall sportif et une
maison relais. Nous sommes déjà obligés
de penser dès aujourd’hui à la construction
d’une nouvelle école et d’une maison relais
ainsi qu’à des infrastructures culturelles
et sportives dans le futur. Nous devons
nous en soucier dès maintenant, car avec
les nouvelles constructions de logements,
la population va augmenter et le trafic
également. Nous devons donc penser à
l’accueil de tous les enfants dès aujourd’hui
pour garantir un nombre de places suffisant
à la fois à l’école et en maison relais. Il est
important de fournir un bon encadrement
et une qualité d’enseignement optimale
à nos enfants pour les accompagner et
leur proposer du repos afin qu’ils puissent
s’épanouir.
Quels sont vos projets en matière
d’environnement?
Nous sommes une commune très engagée
au niveau de l’environnement. Certifiés
à plus de 50% dans le cadre du Pacte
Climat, nous avons développé une charte
donnant des indications pour aider la
commune à respecter ses engagements
environnementaux. Ainsi nous encourageons
nos associations à utiliser moins de plastique
dans leurs pratiques et nous leur donnons les
moyens de trier correctement leurs déchets.
“Ma priorité
concerne
les enfants et
leur éducation,
car ils représentent
le futur”
Actuellement nous tentons de développer
des actions de sensibilisation dans les écoles
car nous pensons qu’en touchant les plus
jeunes, les bonnes pratiques se répandront
plus rapidement dans les familles et dans la
communauté. Nous voudrions par exemple
créer une journée dont le thème serait axé
sur le tri déchets, en rassemblant les jeunes
de l’école et de la maison des jeunes. Avec
l’aide du ministère de l’Environnement,
nous voudrions créer une partie théorique
avec des présentations numériques et
interactives, puis proposer une activité dans
les bois où nous pourrions tous ensemble
collecter les déchets et leur expliquer
comment chacun est recyclé et dans quel
but.
Au niveau de la mobilité douce, nous
devons continuer à promouvoir les
pistes cyclables mais aussi favoriser les
trajets à pieds. En effet, les routes sont
actuellement mal reliées entre elles et nous
voudrions créer une jonction piétonne
entre les différents quartiers pour que
l’accès pédestre dans la commune soit
facilité. Enfin, au cours des six dernières
années, la verdure a petit à petit disparu
dans nos localités. Nous souhaitons
dès lors mettre en place un «plan vert»
favorisant la création d’espaces verts qui
contribueraient au bien-être et à la qualité
de vie des habitants de la commune. n
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94 LG
BEST OF & GUIDE 2018
LOGEMENT & CONSTRUCTION
L’AIS innove
pour le logement
Toujours en quête de logements pour accomplir au mieux
sa mission, l’Agence Immobilière Sociale (AIS) s’attaque
aujourd’hui au dossier des Baulücken, ces friches urbaines
constructibles. Gilles Hempel, directeur de l’AIS, revient sur
ce projet.
En 2018, l’Agence Immobilière Sociale
(AIS) a franchi la barre symbolique des
500 logements en gestion. Un jalon dans le
développement de l’Agence créée en 2009,
instrument de lutte contre l’exclusion sociale
par le logement. «Nous transformons des
logements vides en logements sociaux. C’est
le cœur de notre métier. Nous essayons
de trouver des logements inoccupés, par
exemple de personnes qui sont parties
en maison de retraite ou qui ont reçu un
héritage mais qui n’en ont pas besoin, pour
mettre ce bien à disposition des personnes à
revenus modestes», détaille Gilles Hempel,
directeur de l’AIS.
Trouver des logements au Luxembourg
est une mission de haut vol, tant les biens
sont rares et profitent en premier lieu
au secteur privé. Pourtant, les avantages
de proposer un logement à l’AIS sont
nombreux: l’agence est inscrite sur le bail
et elle garantit le versement des loyers.
Les propriétaires n’ont aucune relation
directe avec les occupants. Tout est géré
par l’AIS et les services sociaux.
Loyers et entretien garantis
«Nous sommes les interlocuteurs des
propriétaires, nous payons tous les
mois le loyer. Mais nous garantissons
aussi l’état du logement, son entretien
et, éventuellement, sa rénovation. Le
propriétaire peut aussi récupérer son
bien en cas de besoin», continue-t-il.
«Les propriétaires ont la garantie d’une
location sans soucis, sans risques. Depuis
2017, ils ont aussi un avantage fiscal avec
une exonération à 50% sur les revenus
locatifs. Cela compense une bonne partie
de la perte par rapport au marché dit
classique. Ils n’ont également jamais
de perte lorsque le logement est vacant
puisque le loyer continue d’être versé».
Reste que le parc de logements est
limité, d’où l’idée de se pencher sur les
Baulücken, friches constructibles qui
sont souvent laissées à l’abandon par leurs
propriétaires. Ces derniers attendent
souvent de réaliser une plus-value lors
de leur vente, ou bien le bon moment
pour y construire. «Nous proposons
aujourd’hui de louer ces Baulücken, de
les entretenir et d’en assurer la gestion»,
explique Gilles Hempel. Quel intérêt
pour l’AIS de gérer de simples terrains?
Tout simplement en les valorisant de
manière temporaire.
Des préfabriqués bien intégrés
«Nous avons développé avec Polygone et
Banice Architectes une solution d’habitat
préfabriqué qui pourrait être installé ou
démonté en très peu de temps». Sur le
modèle des préfabriqués de chantier,
mais avec un habillage pour parfaitement
s’insérer dans l’environnement urbain,
ces conteneurs aménagés permettraient
de valoriser les friches et, surtout, de
loger ceux qui en ont le plus besoin
«Nous nous proposons d’utiliser le
terrain tant que le propriétaire n’en a pas
le besoin et, comme dans le cadre de nos
locations classiques, de le lui rendre dans
les meilleurs délais quand il en fait la
demande», continue le directeur de l’AIS.
Une belle opportunité pour les
propriétaires de fonciers qui verraient ainsi
les réseaux d’eau et d’électricité arriver sur
leurs terrains, les trottoirs entretenus, avant
d’en reprendre possession.
“Nous proposons
de louer
les Baulücken”
«Nous recherchons aujourd’hui des
Baulücken dans tout le pays. Cela
permettra également aux propriétaires
d’éviter d’éventuelles taxes sur les
logements et terrains vacants». Une
alternative positive pour mobiliser des
terrains et favoriser l’intégration du plus
grand nombre. «Notre objectif est d’en
faire des logements qui ressemblent à
des constructions classiques, pour ne pas
déranger le voisinage».
L’autonomie au cœur du projet
Une fois le cofinancement de ce projet
validé par l’Etat, les premiers Baulücken
sociaux devraient pousser dans tout le pays.
«L’idée est de poser les premier modules
cette année. Ils s’inscriront en plus dans
le cadre de l’économie circulaire, car ils
pourront être récupérés, déplacés et seront
fabriqués en matériaux recyclables».
Comme toujours avec l’AIS, les occupants
resteront accompagnés, dans leur
quotidien, par un encadrement social.
«Nous ne faisons pas du logement social
classique mais de l’inclusion sociale. Le
logement est un tremplin vers l’autonomie
pour ces personnes qui ne gagnent souvent
que le salaire social minimum. En leur
enlevant le poids du logement, elles
peuvent se consacrer à la recherche d’un
emploi. Notre travail commence vraiment
quand nous remettons les clés à un locataire
et il s’achève lorsqu’elles nous sont rendues.
Depuis huit ans, plus de 200 locataires
nous ont ainsi quittés et 10% d’entre eux
sont devenus propriétaires». Maisons
individuelles, appartements ou modules
temporaires sur les Baulücken: l’AIS met
tout en œuvre aujourd’hui pour dépasser les
objectifs ambitieux qu’elle se fixe. n
Agence Immobilière Sociale
202b rue de Hamm
L-1713 Luxembourg
Tél: 26 48 39 52
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96 LG
BEST OF & GUIDE 2018
LOGEMENT & CONSTRUCTION
La mobilité
et la revitalisation urbaine:
les défis d’une commune
Conseiller et guide des communes en vue d’un réaménagement urbain visant à implémenter et
encourager une mobilité durable dans leurs localités, le bureau d’études Schroeder & Associés
prend en compte une multitude de facteurs dans sa planification de projets. Forts d’un premier
succès dans la commune de Bertrange pour lequel la population a véritablement été impliquée,
Jean-Luc Weidert et Adrien Stolwijk, tous deux administrateurs, ingénieurs et aménageursurbanistes,
nous expliquent les défis rencontrés par une commune en termes de mobilité.
Quel est l’objectif premier d’un réaménagement
urbain?
AS: Beaucoup de communes veulent rendre
aux centres urbains un espace-rue avec un
niveau de qualité de vie plus élevé où le
citoyen et la mobilité douce sont mis au centre
de la conception tandis que les voitures sont
tolérées, mais n’en sont plus l’élément central.
Il s’agit donc de rééquilibrer la position des
différents usagers et de veiller à ce que chacun
puisse trouver sa place dans ce système fragile.
Avec nos collègues architectes, urbanistes
et paysagistes nous créons une équipe
multidisciplinaire pour rechercher une
nouvelle atmosphère dans l’espace public
où le citoyen se sent à l’aise, confortable,
en sécurité et commence par conséquence
à changer son comportement par
exemple en faveur de la mobilité active.
L’aménagement de zones de rencontre
et de zones résidentielles à 20km/h et de
places publiques et espaces verts ainsi que
la recherche de solutions au niveau du
stationnement sont des outils importants
dont peut se munir une commune pour y
arriver, comme on peut l’observer dans le
«Shared Space» à Bertrange.
Quelle est la place de l’implication
citoyenne dans ce processus?
JLW: Notre objectif à Bertrange était de
réaliser un projet avec et pour les habitants
de la commune, il est donc très important de
tenir compte de leur avis.
Les outils pour intégrer le citoyen
dans la planification sont nombreux:
des questionnaires sous forme
d’un «Foussgängercheck» et d’un
«Mobilitéitscheck», des workshops organisés
en soirée ou le week-end, des visites des
lieux,… Le but est d’écouter et de comprendre
les soucis que les citoyens rencontrent au
quotidien, d’analyser ensemble les points
forts et faibles et de discuter de leurs idées
pour améliorer la qualité de vie et la mobilité
de manière durable dans leur commune.
Qui connaît mieux le terrain que ceux qui le
fréquentent chaque jour! Nos expériences
au cours des dernières années au niveau des
processus participatifs avec la population
nous ont montré que souvent deux groupes
de notre société se sentent moins impliqués
dans ce processus. Pour y remédier, nous
cherchons par exemple le contact direct avec
les maisons de retraite et les clubs senior d’un
côté et les maisons des jeunes de l’autre. Sur
base de ces informations «de première main»
provenant de tous les citoyens, nous essayons
de créer un concept sur-mesure, réalisable
et fonctionnel; donc une solution durable à
échelle humaine.
AS: Les mentalités changent finalement
aussi au Luxembourg et le réaménagement
du centre de Bertrange était pour nous le
premier projet de «Shared Space» où les
décisions politiques étaient liées étroitement
aux avis de la population dans l’optique que
chacun y trouve sa place: les habitants, les
commerçants, les enseignants, les jeunes, les
plus âgés,… Cette approche a entre temps été
suivie par un bon nombre de communes, ce
qui demande – ne le cachons pas – un certain
courage politique.
Quels changements doivent être réalisés
pour apaiser le trafic dans une localité?
JLW: D’abord il faut se demander pourquoi
et pour qui on veut apaiser le trafic. Les
infrastructures qu’on retrouve aujourd’hui
dans beaucoup de communes ont été réalisées
pour la circulation motorisée et sont par
conséquent souvent surdimensionnées visà-vis
des autres usagers. Elles incitent les
automobilistes à rouler à vitesse élevée, avec
tous les problèmes qui y sont liés.
Le réaménagement des entrées en localités est
un premier outil important pour bien doser
et influencer l’arrivée en agglomération. Puis
c’est la réorganisation de la hiérarchie routière
(mélange entre 50km/h, 30km/h et 20km/h)
qui est la base d’un apaisement du trafic à
l’intérieur d’une localité. Le réaménagement
de l’espace-rue doit donner plus de place
aux piétons/cyclistes et suggérer aux
automobilistes un comportement adéquat à
l’intérieur de l’agglomération. Dans un centre
LG
BEST OF & GUIDE 2018
97
urbain, le piéton doit donc être mis au centre
de la conception, car nous commençons
chaque déplacement (même celui en voiture
ou en transport en commun) tout d’abord
à pied – et ceci chaque jour! Offrir une
plateforme où les gens se rencontrent et la vie
sociale retrouve sa place au cœur d’une localité
est la preuve d’un projet réussi!
Adrien Stolwijk et Jean-Luc Weidert
AS: Entre temps, nous assistons beaucoup
de communes pour établir des demandes
auprès du MDDI et des Ponts et Chaussées
en vue d’une réduction de vitesse sur voirie
étatique dans certains tronçons à l’intérieur
des localités. Ces demandes doivent remplir
certaines conditions, comme des comptages
de vitesses et des piétons, la documentation
des «Points of Interests» (POI), tels que
les écoles, commerces, services, etc. Un
aménagement adéquat y est évidemment à
prévoir en cas d’autorisation étatique.
Comment favoriser la mobilité douce dans
une commune?
JLW: Nous développons par exemple avec
les citoyens, les services techniques, les
responsables communaux et les autorités
étatiques un «Plan directeur de pistes
cyclables» qui définit la vision finale d’un
réseau cohérent et continu à travers la
commune. Ce réseau doit en plus s’intégrer
dans un réseau régional et national pour
garantir la continuité au-delà de la commune.
La planification pour le piéton nous demande
un travail très détaillé pour réussir à améliorer
et sécuriser ses infrastructures. Sur base d’un
relevé minutieux, il s’agit de définir des actions
concrètes sous forme d’un catalogue de
mesures. Echelonné sur base de priorités, ce
catalogue est l’outil de travail de la commune
pour les années à venir – et ceci sans perdre
de vue le budget qu’une commune doit se
donner année par année pour la réalisation des
mesures sur base d’un «Massnahmenkatalog»
et d’un plan de phasage établi par nos
ingénieurs. Une signalétique continue ciblée
pour piétons est non seulement importante
pour la lisibilité du réseau mais aussi du côté
éducatif. Beaucoup d’éléments subjectifs sont
à considérer lors de l’établissement du concept
de la mobilité douce et nous devons trouver
le bon dosage avec tous les intervenants et
groupes d’intérêts pour les encourager à
délaisser leurs véhicules.
Sachant que la multimodalité sera la clé
d’une mobilité durable, les infrastructures
de la mobilité douce formant le raccord
au transport en commun jouent un rôle
important lors du choix du mode de transport.
Surtout qu’il s’agit souvent du «last or first
mile» d’une personne dans la chaîne de
mobilité de son déplacement journalier.
98 LG
BEST OF & GUIDE 2018
LOGEMENT & CONSTRUCTION
AS: Entretemps nous remarquons que de
plus en plus de responsables communaux
se rendent compte qu’un réaménagement
de l’espace public doit répondre aux
objectifs du «Design for all» qui garantit
un aménagement adéquat pour tous
les âges (enfants, personnes à mobilité
réduite, personnes âgées, poussettes,
mal-voyants, etc.). Là aussi, la mise
en place d’un catalogue de mesures se
greffant sur un budget pluriannuel de
la commune doit être proposé. Parlons
encore brièvement de l’élaboration du
concept «Séchere Schoulwee» qui est un
outil très important d’une commune afin
de sensibiliser les parents aux avantages
d’une marche à pied vers l’école. Sur
base des questionnaires destinés aux
enfants et aux parents, il s’agit d’abord
d’analyser leur comportement. Suivant
les lieux de domicile des enfants et leurs
catégories d’âge, des chemins sécurisés
vers l’école sont définis et mis en place.
Des visites des lieux sont organisées,
des logos et slogans développés avec les
enfants. Dans certains cas, le nombre de
bus scolaires peuvent être réduits avec
l’installation de Pedibus ou de Velosbus
dans un rayon d’un ou deux kilomètres
d’une école.
Quels sont les défis d’une commune
concernant la multimodalité et les
transports en commun?
JLW: Citons d’abord l’arrêt de bus, celuici
doit être attractif pour l’utilisateur;
des abris, des supports pour vélos, des
aménagements en faveur de la mobilité
réduite en sont quelques exemples. Etant
donné que l’aménagement des arrêts de bus
est à 100% la tâche des communes, elles
sont de plus en plus nombreuses à établir
des concepts cohérents au niveau de la
sécurisation et de la mise en conformité des
arrêts de bus, des passages piétons,…
AS: En vue de mieux cibler les besoins
des habitants et des visiteurs, la commune
peut, suivant les besoins, installer des offres
sous forme d’un City-Bus ou un bus sur
demande et ceci en complément à l’offre
du transport en commun régional. Mais
la promotion du transport en commun
va même plus loin: l’urbanisation d’une
commune doit y être adaptée (réduction du
nombre d’emplacements dans le logement
et aux lieux de travail proches des lignes
de bus et haltes ferroviaires, aménagement
d’un espace convivial dans les quartiers,…),
et la commune a le moyen de le promouvoir
par le biais du PAG et des PAP.
“Une planification
avec les citoyens
pour les citoyens!”
Quels impacts ces changements ont-ils
sur le métier d’ingénieur-conseil?
AS: En plus de notre compétence en
matière d’ingénierie, les collaborateurs de
notre unité «Mobilité et Développement
urbain» qui est composée de 17
universitaires travaillant exclusivement
dans la conception, sont formés au niveau
médiation et psychologie afin d’être plus à
l’écoute des besoins de tous les acteurs d’une
commune et de pouvoir proposer ainsi des
solutions cohérentes qui conviennent à
tous dans l’esprit d’une planification «Avec
les citoyens et pour les citoyens». Chaque
projet est spécifique et nous le traitons
comme tel, nous essayons de trouver le
dosage approprié qui convient à chaque
commune pour favoriser la mobilité douce
et garantir une meilleure qualité de vie.
Ainsi, nous créons des concepts uniques
et sur-mesure. Au vu de la formation
«aménageur-urbaniste» supplémentaire
de nos collaborateurs, l’interaction entre
la mobilité et l’aménagement urbain est
garanti.
Le véritable expert est l’habitant de la
commune, car il connait au mieux ses
besoins et les manques à combler. Nous
devons le comprendre pour trouver des
solutions qui seront acceptées par la suite.
Pour y parvenir, nous formons souvent
une équipe pluridisciplinaire afin de créer
un projet cohérent rassemblant tous les
aspects de la vie communale. Les personnes
chargées de la conception et de la réalisation
communiquent sans arrêt et s’échangent les
informations. Cette particularité combinée
à l’écoute du citoyen nous permet de rester
en phase avec la réalité du terrain.
JLW: Au niveau de la mobilité, l’idéal serait
de ne plus devoir soigner uniquement
les symptômes, mais de résoudre le
problème à la source. Pour ce faire, il est
proposé de rassembler toutes les fonctions
d’une commune à de courtes distances
et de pouvoir ainsi habiter, travailler et
consommer ses loisirs de préférence sur
le même lieu et de devenir ainsi moins
dépendant de son véhicule.
A terme, le concept de «smart cities»
permettrait de planifier la mobilité grâce
aux besoins relevés au sein de la société.
Il serait alors possible d’ajuster la mobilité
selon les comportements généraux analysés
et de proposer ainsi aux personnes le
mode de transport approprié au moment
de sa demande, de favoriser davantage
la multimodalité, de réagir avec des feux
tricolores intelligents et des concepts de
stationnement flexibles et innovants,…
L’évolution de la technologie et l’analyse
des informations récoltées par différentes
applications et capteurs pourraient
anticiper les problèmes de circulation et
les éviter en proposant des itinéraires et
modes de transport alternatifs. Le but
est de réduire davantage la surface des
infrastructures routières, et d’offrir ainsi
un espace maximal dédié au piéton et au
cycliste en vue d’une meilleure qualité de
vie à l’intérieur des agglomérations. n
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100 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 212 - JUILLET 2018
DÉVELOPPEMENT DURABLE
L’art de gérer les zones d’activités
économiques régionales
PAR ERIC HARSCH
La mise en place de zones d’activités économiques (ZAE) a pour objectif de favoriser
l’implantation d’entreprises sur le territoire luxembourgeois. Les ZAE à caractère régional,
qui accueillent surtout des activités industrielles légères et artisanales, sont gérées par le biais
d’un syndicat intercommunal. Dans l’est du pays, le SIAEG gère deux ZAE régionales au
Potaschberg et au Port de Mertert. Entretien avec Léon Gloden, président du SIAEG.
Léon Gloden
«La volonté de trouver un site approprié
pour l’implantation d’entreprises dans l’est
du pays a mené en 1988 à la création du
Syndicat intercommunal pour la création,
l’aménagement, la promotion et l’exploitation
d’une zone d’activités économiques à caractère
régional dans le canton de Grevenmacher
(SIAEG). En 1989, la ZAE régionale
Potaschberg fut établie par règlement grandducal,
divisée en deux terrains au Potaschberg
et au Port de Mertert. Aujourd’hui, le SIAEG
qui rassemble 8 communes assure la gestion
de 47 hectares au Potaschberg, répartis entre
les communes de Grevenmacher et de Biwer,
ainsi qu’environ 7.3 ha au Port de Mertert,
dont la majorité est une ZAE nationale gérée
par l’Etat», raconte Léon Gloden, députémaire
de Grevenmacher, qui a succédé à
Nicolas Soisson comme président du SIAEG
en début de l’année.
«La structure du syndicat reflète
l’organisation d’un conseil communal.
Ainsi, le bureau, composé d’un président et
deux vice-présidents, dirige et surveille les
travaux d’aménagement et prend en charge
les relations avec, entres autres, le ministère
de l’Economie qui y envoie deux délégués.
Le Comité siège un délégué de chaque
commune, à l’exception des communes des
sites d’implantations qui sont représentées par
deux délégués, leur conférant un poids accru
lors de la prise de décision. Globalement, le
Comité assume l’administration du syndicat et
représente les intérêts des communes».
«Le traitement des demandes d’implantation
des entreprises, représente l’une des tâches
principales épaulées du syndicat. Suite à la
soumission de la demande auprès du SIAEG,
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102 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 212 - JUILLET 2018
DÉVELOPPEMENT DURABLE
SIAEG
les entreprises sont convoquées à une réunion
durant laquelle elles dessinent les grandes
lignes de leur projet. Le bureau procède
ensuite à une pré-sélection qu’il transmet
au Comité qui devra donner son accord par
le biais d’un vote. Les facteurs qui guident la
prise de décision du bureau incluent, entres
autres, la création d’emplois pour la région,
la diversification économique ou encore la
pertinence des activités pour l’identité de la
région».
La ZAE Potaschberg
«Le site au Potaschberg héberge actuellement
quatorze entreprises de nature très diversifiée.
Je peux citer, à titre d’exemple, Carlex, qui
produit des fenêtres pour Bentley, Mercedes
et Lamborghini, ou Bernard Massard,
premier producteur de vins effervescents au
Luxembourg. Nous avons également des
entreprises qui s’inscrivent dans des travaux
plus classiques comme la menuiserie ou le
traitement du métal, par exemple l’entreprise
«OST Fenster» qui est spécialisée dans la
fabrication de fenêtres ou de portes d’entrée
en bois et en bois-aluminium. En tout, le site
compte à peu près 1.330 employés».
«Si le site a actuellement atteint sa pleine
capacité, le nouveau plan directeur sectoriel
relatif aux ZAE (PSZAE), approuvé en
avril, prévoit l’aménagement de 32 ha
supplémentaires au Potaschberg. Néanmoins,
une partie du nouveau zoning empiète sur le
terrain d’un agriculteur qui déposera, à juste
titre, une réclamation qui sera incluse dans
l’avis de la commune de Grevenmacher. Le
syndicat délibère actuellement sur sa prise
de position face à l’ensemble du PSZAE. De
toute façon, il proposera d’ajuster le zoning
en relocalisant une partie du terrain envers le
«Wecker Gronn», proposition déjà faite en
2014 mais non-retenue lors de l’élaboration
des plans actuels».
«Bien que nous continuions nos efforts
d’attirer de nouvelles entreprises, j’espère
réorienter nos efforts davantage sur la mise en
valeur des entreprises existantes et de rendre
leurs activités plus visibles au public. Vu leur
qualité et leurs contributions, ces entreprises
constituent une excellente carte de visite pour
la région».
Une approche plus globale
«Comme l’indique son nom, le syndicat
assume plusieurs rôles quant à la gestion de la
ZAE et nous essayons désormais de progresser
vers des approches plus globales concernant
certains services et de créer des synergies.
Ainsi, le bureau collabore avec une entreprise
chargée d’élaborer un concept qui permettrait
de gérer les déchets de manière intégrée
sur tout le site. En outre, nous explorons
la possibilité de mettre en place un parking
central commun, en vue de permettre aux
entreprises d’utiliser leur terrain actuellement
dédié aux places de parking pour des activités
de production».
“Les entreprises
constituent
une excellente
carte de visite
pour la région”
«L’extension du Potaschberg, ainsi que
le lancement du «Financial centre» et
l’avancement du Plan d’aménagement
particulier dans la rue de Flaxweiler, créeront
un afflux important de passants. Ceci posera
un défi notamment en matière de transport
auquel le syndicat s’attaque de manière
prioritaire. Ainsi, nous sommes entrés en
contact avec le ministère du Transport pour
explorer des solutions, surtout en assurant une
meilleure connexion du Potaschbierg avec
la gare de Wecker par les transports publics.
Par ailleurs, j’envisage le réaménagement des
bretelles d’accès à l’autoroute en vue d’éviter
les perturbations majeures de trafic que l’on
voit ailleurs dans le pays».
«Outre ces efforts, nous visons également
à améliorer le cadre de vie et de travail. Les
magasins de détail se trouvant exclusivement
au centre de Grevenmacher, la mise en place
de certains services comme une crèche, une
salle de sport ou la restauration améliorerait
la qualité du site. On a d’ailleurs tenu une
réunion avec les autres syndicats gérant des
ZAE régionales et avec la participation de
la secrétaire d’Etat à l’Economie Francine
Closener pour explorer ces avenues de
réflexion. En même temps, il s’agit de relier
le Potaschberg avec le centre urbain de
Grevenmacher en vue de permettre aux
employés de jouir des avantages de la ville.
Si le Citybus électrique qui a récemment été
lancé à Grevenmacher prospère, son service
pourra potentiellement être élargi pour
desservir le Potaschberg, s’inscrivant dans la
mobilité durable». n
104 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 211 - JUIN 2018
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Vers une qualité
optimale de l’eau
PAR MARTINA CAPPUCCIO
Avec ses équipes spécifiquement dédiées d’une part à
l’alimentation en eau et d’autre part à son assainissement,
B.E.S.T. Ingénieurs-Conseils offre son expertise dans ces
domaines aux communes, aux syndicats de communes et à
l’Etat. Fernand Hengen et Laurent Busana, associés-gérants,
reviennent avec nous sur les difficultés et les défis que
représente ce type de projets ainsi que sur les particularités
techniques et les normes à respecter concernant de tels
chantiers. Interview.
Quels types de services proposezvous
en matière d’alimentation en eau
potable?
LB: La sécurisation de l’approvisionnement
en eau potable du Luxembourg passe par
la protection des sources et des forages
existants ainsi que par la recherche de
nouvelles ressources. Notre équipe
hydrogéologie réalise les études pour la
délimitation des zones d’alimentation et
la mise en application des programmes
de protection pour une cinquantaine de
points de prélèvement répartis dans le pays.
En plus, nos clients entendent pérenniser
leur service d’alimentation en valorisant
de nouvelles sources dont l’identification
et le captage constituent une tâche
supplémentaire de cette équipe.
Vous n’êtes pas sans savoir que la qualité
de l’eau potable luxembourgeoise n’est
pas toujours optimale, puisqu’à grande
échelle, les eaux accusent des teneurs
tant en nitrates qu’en pesticides. Pour
y remédier, les opérateurs poursuivent
activement la délimitation des zones de
protection. Toutefois, des améliorations ne
sont perceptibles qu’à long terme et cette
démarche doit parfois être complétée par
la mise en place temporaire de stations de
traitement afin de se conformer aux normes
de qualité.
C’est précisément dans le domaine de la
production et de la distribution de l’eau
captée que nous mettons à disposition une
véritable expertise en matière d’équipements
électromécaniques des composants du
réseau, tels que les stations de pompages, les
installations de traitement et les réservoirs
de stockage. Nos spécialistes dédiés à
l’ingénierie de l’eau potable sont parmi
les plus expérimentés au Luxembourg. En
collaboration avec nos services d’études
constructives, nous élaborons des solutions
complètes et modernes, de la conception
constructive aux systèmes de télégestion en
passant par les équipements hydrauliques.
Dans le domaine hydraulique, nous offrons
également des diagnostics détaillés des
réseaux de distribution avec élaboration de
plans directeurs pour que l’infrastructure
soit à même de répondre aux besoins
d’une population croissante. Le service eau
potable, fort de huit collaborateurs, couvre
ainsi le spectre entier d’études en matière
d’infrastructures d’approvisionnement
en eau. Nous planifions chaque année
environ quatre réservoirs à travers le
pays. Récemment, nous avons clôturé les
chantiers des réservoirs d’Echternach et
de Syren, et nous venons d’entamer la
construction de celui de Beaufort.
Quels types de prestations proposez-vous
concernant l’assainissement des eaux?
FH: Notre équipe de 22 personnes se
charge de la planification des composants
d’infrastructures de dépollution des eaux
urbaines, tels que des réseaux de collecte
et des bassins de retenue d’eaux. Au niveau
des stations d’épuration, nous collaborons
étroitement avec des partenaires
allemands très expérimentés au niveau des
équipements techniques spécifiques à ce
domaine. En l’occurrence, nous sommes
en train de réaliser des stations d’épuration
à Bous, à Consdorf et à Hoscheid. Tout
récemment, nous venons de terminer la
construction d’une station à Junglinster.
L’assainissement de zones habitées et la
construction de stations d’épuration vont
de pair et demandent un suivi vigilant
à chaque étape pour obtenir un résultat
optimal.
Le service assainissement génère un chiffre
d’affaires deux fois supérieur à celui de
l’alimentation en eau potable, et ce, pour
un nombre équivalent de projets à traiter.
Ceci s’explique par l’envergure des projets
que le pays est obligé de réaliser en raison
de son retard dans la mise en application
des directives européennes.
Une dépollution efficace et durable
tant au niveau qualitatif qu’au niveau
organisationnel requiert un certain niveau
de centralisation. Ce principe se heurte
dans bien des cas à une topographie
désavantageuse qui nécessite des
investissements considérables pour assurer
l’acheminement des effluents vers une
station d’épuration commune. En cas de
situation très défavorable, les communes,
souvent de faible taille, sont obligées
de recourir à des petites stations locales
qui doivent composer autant avec les
fluctuations de la charge polluante à traiter
qu’avec la faible capacité autoépuratoire
des cours d’eau récepteurs pour lesquels
le rejet représente une charge difficile à
absorber. Leur gestion est confiée à un
syndicat expérimenté dans l’exploitation de
tels systèmes.
Fernand Hengen et Laurent Busana
Quels sont les prochains défis dans ces
domaines?
FH: L’objectif de notre travail dans le
domaine de l’assainissement est le bon
état des eaux de surface, en respectant les
critères qualitatifs fixés par les directives
cadres pour le rejet dans le milieu naturel.
Sachant qu’il y a urgence de combler le
retard en matière d’épuration des eaux, le
prochain défi pour les communes va être de
trouver les capacités financières nécessaires
à la mise en place rapide des infrastructures
de dépollution. Et ceci dans le contexte
d’une révision à la baisse des subsides
alloués par le ministère du Développement
durable et des Infrastructures.
Autre difficulté à laquelle nous sommes
confrontés: aussi bien le marché de
l’approvisionnement en eau potable que
celui de l’assainissement connaît une
forte demande au niveau des équipements
techniques. Or, seules trois à quatre
entreprises spécialisées dans le montage et la
mise en place de tuyauteries, d’installations
106 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 211 - JUIN 2018
DÉVELOPPEMENT DURABLE
de pompage, d’adduction, de traitement et
d’épuration d’eaux agissent sur le marché
national. Avec pour conséquence que les
prix pratiqués sont élevés.
LB: D’autre part, l’Administration de la
gestion des eaux pousse les opérateurs
communaux à clôturer l’audit technique
de leurs infrastructures d’eaux potable et
usée comprenant un diagnostic relevant
les points faibles et les déficiences de
celles-ci. A ce titre, nous sommes par
exemple en train de réaliser les calculs
liés à la vérification de maints réseaux de
distribution et de collecte des eaux.
Ces dossiers techniques sont complétés par
des plans directeurs traçant le renouvellement
par étapes des infrastructures dans le but
de pouvoir répondre aux besoins d’une
population toujours plus nombreuse. Les
dossiers techniques débouchent d’ailleurs
souvent sur des demandes de projets de
renouvellement de la part de nos clients.
“L’assainissement
de zones habitées
et la construction
de stations
d’épuration
vont de pair”
Comment garantissez-vous la sécurité
des intervenants sur un chantier?
FH: Lors de l’exécution des travaux,
nous assurons également des missions de
coordination de la sécurité et de la santé
sur les chantiers. Nous mandatons ainsi un
collaborateur possédant un agrément de
l’ITM afin qu’il suive le chantier pour le
maître d’ouvrage et détermine si toutes les
normes de sécurité y sont bien respectées
par tous les intervenants. Ainsi, chaque
entreprise sur chantier doit remettre son
dossier de sécurité au coordinateur qui
vérifiera si toutes les normes de sécurité et
de santé sont bien en voie d’être respectées
par les travailleurs. Le coordinateur
intervient ensuite sur terrain et notifie
par le biais de rapports les situations
dangereuses observées dans l’objectif de les
éliminer et d’améliorer la sécurité sur les
chantiers. n
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108 LG
BEST OF & GUIDE 2018
DÉVELOPPEMENT DURABLE
LAMESCH,
un partenaire essentiel
La diversité des activités que propose la société LAMESCH
lui permet de répondre aux besoins des communes qu’il
s’agisse de problématiques liées à la gestion des déchets ou
bien à des questions d’assainissement. Entretien avec Alain
Jacob, administrateur directeur général.
Alain Jacob
Source photo: Lamesch
au principe du pollueur/payeur. Chaque
maison individuelle est dotée de plusieurs
poubelles (papier/carton, déchets
biodégradables, déchets résiduels et sachet
PMC) qui permettent au ménage de réaliser
un tri qualitatif. Les poubelles de déchets
résiduels sont équipées depuis plusieurs
années d’un transpondeur qui s’active lors
de la collecte. Ainsi, les communes sont
en capacité de facturer chaque ménage
en fonction de sa production de déchets.
Cependant, les résidences ne bénéficiaient
pas de ce système jusqu’il y a environ
deux ans. Pour répondre à ce besoin,
nous proposons désormais aux communes
d’équiper les logements collectifs
d’e-Container.
Quels services offrez-vous dans le
domaine de la gestion des déchets?
Historiquement, notre société a toujours
collecté les déchets et plus particulièrement
ceux des ménages par le biais des communes.
Ces collectes en porte-à-porte ont évolué
au fil des années et selon les changements
de législation. Les problématiques
environnementales liées à la gestion des
déchets ont fondamentalement changé
notre façon de travailler et d’appréhender
notre approche aux détritus. Aujourd’hui,
chacun est sensibilisé aux règles de tri qui
permettent d’optimiser le recyclage et la
valorisation des matières, ce qui n’était
pas le cas il y a plusieurs décennies. Les
nouvelles législations concernant la gestion
des déchets poussent les communes à être
toujours plus exigeantes en termes de tri
et ce sont ces exigences qui permettront
de préserver notre environnement et de
sensibiliser les Hommes à l’économie
circulaire. Notre offre de services s’est
adaptée à la demande des communes et
“Les poubelles
de déchets
résiduels sont
équipées d’un
transpondeur
qui s’active lors
de la collecte”
Qu’est-ce qu’un e-Container et comment
l’utilise-t-on?
L’e-Container est tout simplement
une poubelle intelligente équipée d’un
container. Les sachets de déchets sont
déposés dans un tiroir de 15 ou 20 litres
qui, lorsqu’il se referme, tombe dans le
container. Ces poubelles sont proposées
pour des containers de 240 litres et pour
des containers allant de 660 à 1.100 litres.
Chaque ménage est équipé d’une carte
à puce qui déverrouille le tiroir. Chaque
ouverture du tiroir est comptabilisée
et donne lieu à facturation. Ce système
Source photo: Lamesch
permet à chaque habitant d’être facturé
de manière équitable, selon la quantité de
déchets produits.
Aujourd’hui, on dispose du recul nécessaire
pour affirmer que la mise en place des
e-Containers dans les résidences a permis
de baisser la quantité des déchets résiduels
tout en renforçant les quantités des
fractions recyclables et valorisables.
L’assainissement est aussi un volet
important dans vos activités, quels
services proposez-vous?
L’assainissement est un domaine vaste allant
du simple débouchage jusqu’à la réparation
de canalisation. Nous intervenons aussi
bien sur des canalisations d’eaux usées que
d’eaux de pluie. Le débouchage d’avaloirs
est une activité qui rencontre beaucoup
de succès auprès des communes. En effet,
avec le temps et les intempéries, les avaloirs
finissent par s’obstruer et il est essentiel
de les nettoyer pour éviter tout problème
d’écoulement des eaux.
LG
BEST OF & GUIDE 2018 109
En assainissement, les activités sont
complémentaires. Par exemple, si l’on ne
parvient pas à déboucher une canalisation,
on doit chercher quel est le problème. Pour
cela, une inspection caméra est nécessaire:
après nettoyage des canalisations, une caméra
est introduite dans le tronçon et inspecte
l’état du conduit. À partir de ce constat, on
peut définir la nature du problème et choisir
la solution adaptée. Un simple fraisage peut
suffire à déboucher la canalisation; en cas de
problème plus important ou de canalisations
endommagées, une réparation peut être
nécessaire. L’atout principal de notre société
est de pouvoir proposer une solution quel
que soit le problème et quel que soit le type
de canalisations.
La canalisation vit et s’abîme au fil des
années et souvent quand un problème
survient, il est déjà tard et les solutions
peuvent être coûteuses. Afin d’anticiper ces
problèmes, nous préconisons aux communes
et aux industriels des inspections caméra
préventives. À la suite de ces inspections,
nous remettons un rapport écrit qui explique
en détail l’état des conduites et selon le
constat, nous proposons les solutions
qui s’imposent. En cas d’obstruction, un
simple fraisage peut être suffisant. Dans
le cas contraire et si l’étanchéité de la
canalisation n’est plus assurée, la réparation
est nécessaire.
La réparation de canalisation est réalisée
sans travaux de tranchée et sans excavation
et consiste à mettre en place un chemisage
qui réhabilite totalement ou partiellement
le réseau depuis l’intérieur à l’aide de
gaines.
Les techniques de réparations diffèrent
légèrement selon le type des canalisations:
• sur des conduites allant jusqu’à 1.200mm
de diamètre: une gaine en fibre de verre,
imprégnée d’une résine thermodurcissante,
est insérée dans la conduite à rénover, mise
sous pression et durcie par polymérisation
aux rayons UV.
• sur des conduites de 50 à 250mm de
diamètre avec des coudes à angle droit
aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur
de l’habitation: une gaine textile souple
imprégnée de résine est introduite dans
la conduite au moyen d’air comprimé et
durcie à l’eau chaude.
Cette activité est très complexe. Aussi afin de
la rendre plus accessible, un film explicatif
est disponible sur notre site Internet
lamesch.lu dans la rubrique Assainissement
– Réparation de canalisations. n
LAMESCH Exploitation s.a.
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110 LG
BEST OF & GUIDE 2018
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Buvez équitable!
Le prix du lait est actuellement à 30 centimes d’euros le litre avec une tendance à la baisse, alors
qu’un minimum de 44 centimes serait nécessaire afin que les exploitants agricoles gagnent
leur pain. La chaine de valeur se développe depuis des décennies toujours plus au détriment
des producteurs de lait; D’fair Mëllech est née du refus de subir sans agir. Rencontre avec son
gérant, Fredy de Martines.
décence du revenu des producteurs. C’est
pourquoi nous réalisons régulièrement des
opérations de dégustation et d’information
en grandes surfaces. Depuis les premières
commercialisations de nos produits en
2011, nous avons réussi à fidéliser une large
clientèle, ce qui explique en partie notre
croissance annuelle de 25%.
C’est pourquoi nous mettons un soin
tout particulier au développement d’une
production durable. Nos 48 fermes qui sont
toutes de tailles familiales, sont soumises à
des bilans annuels qui prennent en compte
tout ce qui entre (fourrages et engrais,..) et
tout ce qui sort (lait et viande), et ce, dans
le but de réduire nos émissions de CO 2 . n
D’où vient le lait et pour quels produits?
Dans quel contexte a été créé D’fair
Mëllech?
Suite à la crise du lait de 2008 qui a conduit
les grèves dans les rues, 48 producteurs
de lait luxembourgeois ont décidé de
créer leur propre marque. Notre objectif
était de redonner un pouvoir d’influence
au producteur agricole sur les marchés.
Nous avons donc souhaité inscrire notre
démarche dans un projet européen en nous
basant sur le concept de «lait équitable» de
l’«European Milk Board» qui nous permet
aujourd’hui de commercialiser nos propres
produits laitiers. D’fair Mëllech est partie
intégrante de l’économie solidaire.
L’un de nos objectifs permanent est d’unir
la confiance des consommateurs à la
Le lait provient de 48 fermes qui
sont réparties sur tout le territoire
luxembourgeois. D’fair Mëllech compte
neuf produits différents dont par exemple
des laits chocolatés, du beurre, de la crème
fraîche, des glaces à sept parfums et bien sûr,
le lait. Nous travaillons aussi à l’élaboration
de notre premier fromage qui sera un brie
luxembourgeois. Enfin, l’emballage et la
distribution sont assurés par Luxlait et la
laiterie Thiry de Schouweiler.
“D’fair Mëllech est
partie intégrante
de l’économie
solidaire”
Vous êtes en première ligne pour constater
le changement d’habitudes des consommateurs;
peut-on dire que la qualité et
les circuits courts en sont des conditions?
Le milieu agricole en général et celui du lait
en particulier est ravi de constater que les
consommateurs sont toujours plus soucieux
de soutenir l’agriculture locale et de la
qualité des produits qu’ils achètent. Nos
agriculteurs cherchent un contact direct
avec le consommateur et le commerçant et
nous savons que leur solidarité pour un prix
juste est intrinsèque à la transparence d’un
produit de qualité.
Produits D’fair Mëllech
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114 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 207 - FÉVRIER 2018
La passion de l’engagement
PAR JULIEN BRUN
PORTRAIT
Elle pénètre la pièce avec l’assurance de ceux qui gèrent la pression des responsabilités sans
sourciller. Dans son col Claudine qui laisse sagement à penser aux écoliers de l’entre-deuxguerres,
sa prestance presqu’intimidante fait oxymore. Un regard gris-bleu chaleureux et un
large sourire suffisent pourtant à mettre à l’aise son interlocuteur. Itinéraire d’une femme
réfléchie, sincère et engagée, portrait d’Anouk Agnes.
L’édification d’une personnalité
Trois générations de femmes étaient
réunies dans le pavillon familial où Anouk a
grandi, entourée de sa mère, sa grand-mère
et de son grand-frère. L’enfant est plutôt
bonne élève même si elle a une tendance
à la paresse qui la pousse à ne réviser
uniquement ce qu’il suffit pour avoir la
moyenne. Elle développe très tôt le goût
des livres, tout d’abord en chinant dans
la bibliothèque rose et autres littératures
de jeunesse, puis vers des lectures plus
consistantes à force d’après-midis pluvieux
sous le ciel gris de Bonnevoie.
Dès ses onze ans, elle passe ses vacances
d’été en colonie avec le CISV Luxembourg
où des adolescents du monde entier
partagent, trois semaines durant, le même
campement. S’émouvoir des paysages
lointains, caresser l’inconnu et embrasser
les cultures qui lui sont étrangères
marqueront son affection des voyages pour
ne plus la quitter.
Sa mère se remarie avec Marcel Mart,
ministre DP de l’Economie, puis de l’Energie
et des Transport sous les gouvernements
Werner (1969-1974) et Thorn (1974-1977). À
défaut de combler la transparence ineffaçable
d’un père absent, la jeune-fille gagne de cette
nouvelle union, l’influence culturelle d’un
homme engagé. La table des repas familiaux
s’anime souvent de débats sociétaux, culturels
et politiques parfois le reconnaît-elle, à
l’exaspération de sa mère et de son frèreainé.
Ces discussions alimentent ses propres
réflexions et adoucissent de raison les utopies
de son adolescence.
Dans les méandres du lycée, elle souhaite
s’évader de ses bêtes noires que sont les
mathématiques, la physique et la chimie
pour se réfugier dans les sciences humaines.
Tournant autour des auteurs allemands,
volant dans la poésie française et dansant
sur la musicalité de la langue italienne, elle
quitte l’Athénée pour le Lycée Michel-
Rodange et passe un Bac L. Puis sans réelle
conviction, Anouk choisit de faire du droit
parce que, c’est bien connu, il mène à tout.
Après une maîtrise à Paris Assas, un master
à Munich et un passage sur les bancs de
Science Po à Londres, elle sait enfin qu’elle
restera hermétique au droit des affaires.
Ce qui la passionne, c’est la philosophie et
l’histoire du droit, les droits de l’homme, le
droit constitutionnel et international.
“Investir dans
des entreprises
polluantes,
c’est perdre
de l’argent”
La vie active
Diplômes en poche, Anouk part en 1998
pour New-York à la Représentation
Permanente du Luxembourg auprès des
Nations unies pour le compte du ministère
des Affaires étrangères. Dans l’hémicycle
de l’ONU, elle suit, non sans fascination,
les débats de l’Assemblée générale de la
commission économique et sociale et
notamment ceux des objectifs du millénaire
(réduction de la faim dans le monde,
éducation des enfants, campagnes de
vaccinations, etc.).
De retour au Luxembourg en 1999, elle
intègre Lux-Development et découvre
que le Grand-Duché est l’un des leaders
mondiaux dans la contribution financière
pour l’aide au développement des pays
pauvres. À seulement 25 ans, elle part
pour la Namibie puis pour les Balkans
(Monténégro et Kosovo) où elle gère
des projets concrets de construction
d’écoles, de formation d’infirmières et
d’équipement en matériel d’hôpitaux. Elle
aide aussi les populations locales à trouver
des débouchées professionnelles dans ces
régions reculées où le charme des paysages
jure si souvent avec l’impasse de l’existence
qu’est la pauvreté. Un accident de voiture
l’oblige à rentrer au pays en 2004; la jeune
femme intègre alors la Banque asiatique
de développement et refait son baluchon
pour Manille jusqu’en 2005. De retour au
Luxembourg, elle rejoint le ministère des
Finances.
Alors ministre des Finances, Luc Frieden
est en charge de la politique de stratégie,
d’innovation, de compétitivité et du
développement des services financiers. De
cette volonté de promouvoir la Place à
l’international naît, entre autre, Luxembourg
for Finance pour lequel Anouk Agnes
dirige la stratégie. Elle y découvre les
fonds d’investissements et la renommée
internationale de Luxembourg en la matière.
Anouk Agnes
116 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 207 - FÉVRIER 2018
PORTRAIT
À l’Alfi depuis 2012, elle en est aujourd’hui
la directrice générale adjointe et ses
dossiers de prédilection sont entre autres
la microfinance, les fonds d’investissements
socialement responsables et les fonds
d’investissements verts. «Leader dans la
microfinance, le Luxembourg a ouvert
la voie aux investissements socialement
responsables et a montré qu’on peut faire
de l’argent tout en faisant du bien», dit-elle.
Elle a pu constater que dans les pays où
les enfants peinent à manger à leur faim,
il est très difficile de parler d’écologie et
sur les rives des fleuves, jonchant le sol des
bidonvilles et jusqu’aux cimes des arbres,
les détritus sont partout. On sait déjà que
l’argent public des pays riches ne pourra pas
suffire au financement du développement
durable des régions défavorisées et tous
les experts s’accordent à dire que les 100
milliards annuels avancés suite aux Accords
de Paris sont sous-évalués. L’une des
solutions réside peut-être dans les fonds
d’investissement verts qui connaissent
de plus en plus de succès et Anouk Agnes
peut l’observer quotidiennement: «les
investisseurs constituent des portefeuilles
qui leur rapportent des rendements
financiers et préfèrent les entreprises qui
ont des impacts positifs sur l’environnement
parce qu’ils savent dorénavant qu’investir
dans des entreprises polluantes, c’est perdre
de l’argent».
Un attrait…
Soyons honnête, Anouk Agnes serait
politiquement intéressante à plusieurs
aspects. L’hypothétique candidature aurait
la crédibilité d’un parcours de poids; sa
batterie de diplômes et son lourd CV
attestent d’une vision internationale de la
Place et d’une connaissance des marchés
financiers qui changeraient du traditionnel
«candidat-enseignant».
“Faire de la
politique ne se
résume pas
à une carte de parti
et à des campagnes
électorales”
La maman quadragénaire a ensuite une
personnalité qui mériterait d’être connue
avec des valeurs humanistes et sociales de
terrain, une fibre écolo (avec entre autres
une aversion pour les sachets en plastique)
et une culture autrement sortie des fiches
Wikipédia puisque sensible à la littérature,
la poésie, l’art moderne, la danse classique
et le cinéma d’auteur. Enfin, la dame a un
physique plus qu’avantageux, ce qui n’est
pas sans déplaire à l’électorat de tous bords
confondus.
Pourquoi dès lors celle qui pourrait
parfaitement répondre à un mandat
européen ou même à un poste ministériel
ne s’est-elle jamais présentée?
Elle nous promet que «ce n’est pas
d’actualité». Certes, elle s’est toujours
intéressée à la politique de son pays et tant
ses évolutions que son sort la concernent
intimement mais «l’intérêt ne suffit pas,
faut-il encore s’identifier à un programme
et s’engager dans un parti», rappelle-telle
et d’ajouter dans une presque fausse
modestie que «rien ne dit qu’une famille
politique voudrait de moi». Pour l’heure,
ses engagements écologiques et sociaux
s’incarnent parfaitement dans son activité
professionnelle et comme elle aime à le
rappeler, «faire de la politique ne se résume
pas à une carte de parti et à des campagnes
électorales». Assurément, mais les caresses
du temps qui passe renforceront peut-être
plus encore son intérêt. n
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118 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 208 - MARS 2018
La réussite à la clé
PAR JULIEN BRUN
PORTRAIT
Dans ces dernières pages de magazine, le lecteur est habitué
à lire des portraits de personnalités qui ont une longue
expérience dans leur domaine. Ce mois-ci, LG a souhaité
remonter le temps et mettre le focus sur le dynamisme
caractéristique de la jeunesse. Interview de Mara Esteves
Machado, jeune femme de 32 ans, chargée de relation à la BIL
et qui ne manque pas d’ambition…
Itinéraire d’une intégration
Son histoire prend lieu dans les paysages
du Nord portugais où les levers de
soleils accouchent de lumières or qui
s’entremêlent aux montagnes de terres.
Couchée sur les bords du fleuve Tâmega, la
ville de Chaves (qui signifie clé en portugais)
connait une importante émigration qui
s’intensifie dans les années 70. Les habitants
s’arrachent à leurs campagnes natales pour
s’en aller vers des promesses d’eldorados.
En quête de main-d’œuvre qualifiée et
bon marché, les Etats-Unis, la Suisse,
l’Allemagne mais aussi et surtout la France
(qui compte aujourd’hui deux millions
d’habitants d’origine portugaise) accueille
cette diaspora avec enthousiasme. Si les
liens culturels avec l’hexagone remontent
jusqu’à Fernando Pessoa et Voltaire, ceux
de l’immigration prennent source à la fuite
de l’autoritarisme salazariste des années 50.
Au pays de l’intranquillité 1 , les nouvelles
de ceux qui sont partis donnent le courage
de vaincre la peur de tout laisser.
La famille Esteves pose ses valises à Paris
quelques années durant; le temps pour la
petite Mara et son grand frère d’apprendre
la langue de Molière à l’école de la
République et au père de la maîtriser sur
les chantiers. Le Luxembourg est alors
dans ses 20 splendides (1985-2007) et l’âge
d’or de son secteur financier fait croître
dans son sillage, celui de la construction.
Professora, Maîtresse puis Joffer, à six ans
seulement, la petite Mara est une nouvelle
fois replongée dans le bain froid d’une
culture qu’elle ne connait pas et sa nouvelle
institutrice lui traduit un an durant, toutes
les explications du luxembourgeois au
français. La salle de classe est à l’image du
pays, multiculturelle et - le quartier de la
gare oblige - les étrangers y sont mêmes
plus nombreux que les autochtones.
Pourtant, si les cours de récrés peuvent être
des lieux où la moindre différence, aussi
insignifiante qu’une couleur de cheveux,
un surpoids, des lunettes ou des taches
de rousseurs, est exploitée pour asséner
les cruautés innocentes de l’enfance, les
gamins restent néanmoins indifférents aux
nationalités et aux origines. Ce qui compte
c’est d’avoir le coéquipier qui nous fera
gagner le match de football et d’être copine
avec la plus habile à la corde à sauter.
“L’amour
de la littérature
commence souvent
par ce regard
parental ranimant
les voix séchées
sur papier”
La mère, femme de ménage le jour, oublie
la fatigue accumulée à la nuit tombée et
conte à ses enfants, des histoires piochées
dans la bibliothèque familiale. De ce rituel
du soir, la jeune femme garde encore
aujourd’hui en mémoire la tendresse d’un
1 Référence au Livre de l’Intranquillité du poète Fernando Pessoa.
Mara Esteves Machado
120 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 208 - MARS 2018
PORTRAIT
baiser maternel déposé sur sa joue avant
qu’elle ne s’endorme et le goût des livres
inscrit au cœur. L’amour de la littérature
commence souvent par ce regard parental
ranimant les voix séchées sur papier.
La fillette pioche de temps à autre dans
le réservoir à évasions du foyer et à ses
douze ans seulement, elle engloutit sans
indigestion Le Rouge et le Noir de Stendhal
et Les Misérables de Victor Hugo. Deux
chefs-d’œuvre de la littérature française
certes, mais habituellement au regard du
lecteur aguerri.
Adolescente, elle étudie le commerce
au Lycée Michel Lucius où elle se voit
déjà femme d’affaires. Diplômée de
l’Ecole de Commerce et de Gestion, elle
s’envole pour Lisbonne où elle passe
une licence en sciences politiques et en
relations internationales et un master en
communication. Son rêve de petite fille
qui passait ses vacances d’été au Portugal
en se disant qu’un jour, elle reviendrait y
étudier se réalise enfin. La Portugaise au
Luxembourg devient Luxembourgeoise au
Portugal, elle en profite pour apprendre
l’histoire de ses origines et goûte la vie
lisboète.
Le temps du travail
De retour au pays - diplômes en poche et
souvenirs estudiantins en tête - la jeune
femme se lance sur le marché du travail et
décroche sa première expérience dans une
société de distribution et de commerce en
ligne. Elle intègre ensuite en 2015 le centre de
contacts de la BIL. Aujourd’hui, “Relationship
Manager”, elle s’occupe de la gestion
courante, des placements, des épargnes et des
prêts des employés de la banque.
“Participer
à la concrétisation
des objectifs
personnels
des clients”
Si les employés sont des clients comme les
autres, ils sont aussi des collègues que l’on
croise régulièrement dans les couloirs, à la
cantine ou autour d’un verre après le travail.
«Une force», dans son métier de conseil
dit-elle, et d’ajouter qu’«au sein de la même
maison, il y a une proximité qui facilite les
prises de rendez-vous et nous parlons aussi le
même langage». Le sentiment de participer
à la concrétisation des objectifs personnels
des clients est certainement la récompense la
plus gratifiante de son travail.
Elle s’identifie beaucoup à la BIL qui avec
162 printemps reste une banque moderne
où le dynamisme de la jeunesse a toute sa
place. Une culture jeune et sans âgisme, à
l’image de son équipe où Mara profite de
l’expérience des séniors au quotidien.
La jeune femme de 32 ans assume l’ambition
d’aller «le plus loin possible» dans sa
carrière, et ce, avec la certitude que sa
hiérarchie l’épaule non pour répondre à
des quotas de diversité mais bien pour ses
qualités propres. Une employée épanouie,
qui si la motivation reste intacte pourrait
bien faire la une de couverture d’un LG à
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122 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 209 - AVRIL 2018
Le Mouvement
d’une vie
PAR MARTINA CAPPUCCIO
PORTRAIT
Connue pour son franc parlé et son fervent engagement
écologique, Blanche Weber, présidente du Mouvement
Ecologique luxembourgeois (MECO), est un personnage
contrasté. Entre détermination et sens de l’écoute, fraîcheur
et modestie, c’est avec un grand sourire et la conviction dans
le regard qu’elle nous a accueilli au cœur du paisible quartier
du Pfaffenthal.
Les prémices d’un engagement
Ayant grandi dans le sud du pays, Blanche
est très vite entrée en contact avec le
monde de la politique. Héritant d’une
volonté d’engagement prononcée de la
part de son père, lui-même très impliqué
en politique, la lycéenne s’est intéressée
très jeune aux publications de la section
«Jeunes et environnement» du Mouvement
Ecologique avant d’en devenir membre à
l’âge de 16 ans.
Touchée par les interventions télévisées
par des personnes engagées, notamment
de Théid Faber, son prédécesseur, et par
l’engagement des bénévoles qu’elle côtoie,
elle se sent rapidement dans son élément.
Quelques années plus tard, la jeune femme
part pour Sarrebruck afin de poursuivre des
études en sociologie mais reviendra peu de
temps plus tard au Luxembourg, rattrapée
par ses ambitions écologiques.
Tournant politique
Année européenne de l’environnement et
des élections communales luxembourgeoises,
1987 a également été un moment
charnière pour Blanche Weber qui
s’est vu offrir un poste temporaire au
MECO. Souhaitant dans un premier
temps poursuivre ses études après cette
parenthèse, elle change d’avis lorsqu’un
poste permanant lui est proposé au terme
de son contrat d’intérimaire. «Pendant
des années, le Mouvement Ecologique
n’avait pas eu les moyens d’engager,
cette occasion était donc unique. Je n’ai
jamais regretté ma décision par la suite»,
raconte-t-elle, pleine d’aplomb.
En effet, c’est cette même année que Robert
Krieps, alors ministre de l’Environnement,
avait accordé les premières subventions
étatiques au Mouvement, ce qui lui avait
permis de grandir, tout en gardant son
indépendance par rapport à l’Etat et par là
même, un regard critique sur ses actions.
Alors engagée en tant que coordinatrice
des actions du Mouvement, Blanche Weber
a également été élue présidente par les
membres, deux fonctions différentes qu’elle
assume avec fierté et dynamisme.
“Sans ces bénévoles
passionnés et
investis, le MECO
n’aurait jamais pris
autant d’ampleur”
Le partage au cœur de la réflexion
Fraîchement employée au sein du
Mouvement, Blanche enchaîne la rédaction
d’articles, la coordination de projets, les
réunions et leurs rapports.
Elle a l’opportunité de se consacrer à
temps plein à son engagement et connaît
sa chance: «Le Mouvement Ecologique
comprend des centaines de bénévoles qui
donnent de leur temps après leur journée
de travail. Sans ces membres passionnés
et investis, le MECO n’aurait jamais
pris autant d’ampleur», tient-elle à
souligner.
Blanche Weber
124 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 209 - AVRIL 2018
PORTRAIT
Et pour cause, l’engagement de ses
collaborateurs, leur sens de l’écoute et
leur volonté de partage d’opinions visant à
construire ensemble les bases d’un monde
meilleur sont autant d’éléments qui l’ont
d’emblée séduite à son arrivée. Portant à ses
débuts un intérêt particulier au thème de la
participation citoyenne, elle trouve dans ce
mode de fonctionnement une base saine à la
réflexion sur des questions écologiques. En
tenant compte des contraintes de chaque
secteur impliqué dans une problématique,
ce système favorise également la mixité
sociale.
Combat actuel
Lors de leur congrès annuel le 24 mars
dernier, le Mouvement Ecologique a
annoncé ses revendications nationales
dont la pierre angulaire était l’urgence de
changer nos modes de vie et de production
afin de tenir compte des limites de notre
système écologique. «La biodiversité
se dégrade toujours au Luxembourg, la
problématique du changement climatique
ainsi que les problèmes de mobilité et de
logement sont évidents, nous ne pouvons
poursuivre cette logique de croissance»,
nous explique Blanche Weber.
Selon la présidente, la croissance de
3,1% annoncée pour le Luxembourg
d’ici 2021 n’est pas compatible avec les
plans de développement durable du pays:
«Les ressources dont nous disposons
sont limitées, toute croissance est donc
forcément en opposition avec l’idée
de durabilité». Elle ajoute cependant:
«Nous encourageons la croissance pour
la production d’énergies alternatives et
l’agriculture locale, mais nous ne pensons
pas qu’une croissance globale puisse être
bénéfique».
“Financer notre
système social
sans avoir recours
à cette logique de
forte croissance”
En ce sens, le Mouvement prône plutôt
un développement économique plus
durable avec notamment une promotion
de l’économie régionale et de l’économie
solidaire. Blanche Weber explique: «Il
nous faut réfléchir à la manière dont nous
pourrions financer notre système social
sans avoir recours à cette logique de forte
croissance. Certaines pistes à explorer
seraient l’augmentation de la taxation
écologique. Nous pourrions également
envisager une fiscalité sur les capitaux
financiers».
Pour limiter cette croissance, le MECO
s’oppose par ailleurs à l’implantation de
certaines entreprises dans le pays. Trop
polluantes, une superficie territoriale
trop importante, trop énergivores, trop
de trafic engendré, pas assez de taxes
payées, concurrence directe avec les
produits régionaux,… la présidente du
Mouvement estime qu’il ne faut pas
accueillir une entreprise à tout prix sur le
sol luxembourgeois. «La finalité politique
luxembourgeoise semble toujours œuvrer
pour la productivité et la rentabilité, mais
une telle croissance n’a pas de finalité
humaine», et d’ajouter dans ce contexte:
«Si notre défi principal est écologique,
nous n’oublions toutefois pas la dimension
sociale de nos actions», conclut-elle. n
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126 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 211 - JUIN 2018
Quand volonté et opportunités
se rejoignent
PAR MARTINA CAPPUCCIO
PORTRAIT
Avide de nouvelles expériences, Marina Andrieu, Executive Director et Co-Founder de
l’association Women In Digital Empowerment (WIDE), est arrivée à la tête de son entreprise
suite à un parcours pour le moins atypique. Avec détermination et dynamisme elle partage
avec nous sa volonté de faire partie intégrante des changements qui secouent la société et nous
livre les détails de son cheminement, de ses succès mais aussi de ses espoirs.
Le changement au cœur
Les technologies de l’information et de
la communication ont connu un véritable
essor dans les années 90. L’invention du
circuit intégré et du microprocesseur
améliorant grandement la puissance des
ordinateurs et l’ouverture de l’Internet au
commerce ont fortement contribué à la
démocratisation des ordinateurs, si bien
que petit à petit, ils se sont immiscés dans
l’intimité des foyers.
L’adolescente qu’elle était alors se souvient
de ces bouleversements: «Au lycée,
j’étais parmi les premières à avoir accès
à la maison à un ordinateur connecté à
internet», se souvient-elle. Très intéressée
par ce secteur, c’est pourtant vers un bac
en économie qu’elle se tournera et ne
reviendra à son amour pour la technologie
que bien des années plus tard…
A 18 ans, la jeune femme a besoin de
changement. Décidée à apprendre une
nouvelle langue, elle part pour le Royaume-
Uni pour parfaire son anglais et travaille dans le
secteur de l’hôtellerie. Elle y restera finalement
plusieurs années. Observant déjà dans ce
secteur l’importance d’une bonne gestion des
ressources humaines pour l’épanouissement du
personnel et celui de l’entreprise, elle revient
en France à l’âge de 24 ans pour reprendre des
études dans ce domaine.
Luxembourg, pays d’opportunités
En 2008, Marina Andrieu débute sa
carrière dans les ressources humaines et
le recrutement au Luxembourg. Pendant
cinq ans, elle observe les modes de
fonctionnement de son métier et dresse
un état des lieux: «Avec l’avènement des
nouvelles technologies, j’ai vite constaté
que nos pratiques étaient vouées à évoluer
et ai immédiatement voulu faire partie
intégrante de ce changement», nous
explique-t-elle.
“J’ai cherché
des cours de code et
de programmation
au Luxembourg,
sans succès”
A 32 ans, elle décide alors de concrétiser
l’un de ses plus vieux rêves, à savoir
fonder sa propre entreprise: «A ce
tournant de ma vie je me suis dit que si
je ne trouvais pas le courage de monter
mon projet, je ne le ferais jamais. Je me
suis alors lancée».
Mais la jeune entrepreneuse prend
rapidement conscience des compétences
techniques qu’elle doit acquérir avant de
voir aboutir ses ambitions. «J’ai cherché
des cours de code et de programmation
au Luxembourg, sans succès. Pourtant,
à l’étranger, ce type d’initiatives existait
déjà!», raconte-t-elle. Inspirée par ces
projets et venant déjà du monde de la
formation, Marina Andrieu esquisse alors
les premières ébauches de son projet…
La mise en place d’une collaboration
Il y a cinq ans, au détour d’un forum en
ligne, Marina fait la connaissance de Marie-
Adélaïde Gervis qui partage alors avec elle
sa volonté d’organiser des événements pour
les femmes dans les nouvelles technologies.
«Nos objectifs étaient complémentaires: je
m’intéressais plutôt aux formations de code
et elle à l’organisation d’événements, nous
avons donc très vite décidé de nous associer
et de créer, la même année, l’association
WIDE», se souvient-elle.
Et le succès est vite au rendez-vous: dès le
premier événement en janvier 2014, une
liste d’attente a dû être créée tellement
l’engouement général était grand! Depuis,
l’association redouble d’efforts et organise
de nombreuses activités pour donner plus
de visibilité aux femmes dans le secteur
Marina Andrieu
128 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 211 - JUIN 2018
PORTRAIT
des technologies, notamment des ateliers
de code ou sur d’autres sujets plus ciblés
comme la blockchain ou les ICO. WIDE
organise par ailleurs des conférences
dédiées aux femmes entrepreneuses ou
travaillant dans le domaine des technologies
et met en place des collaborations dans
le cadre de projets nationaux, européens
et internationaux. On note également
parmi leurs activités la mise en place de
formations ou de projets éducatifs, seuls ou
en partenariats. Les possibilités offertes par
l’association sont presque infinies… «Nous
développons nos activités en fonction des
demandes des parties prenantes, ensuite
nous cherchons à construire des projets
qui pourraient répondre à ces besoins»,
précise-t-elle.
Un engagement parallèle
Son engagement pour la promotion
du secteur des technologies va au-delà
de l’association WIDE puisqu’elle
a été mandatée par la Commission
européenne pendant quatre années en
tant qu’ambassadrice au Luxembourg
pour la promotion des compétences
informatiques dans le cadre de l’initiative
EU Code Week. «Cette expérience m’a
permis de rencontrer des ambassadeurs
d’autres pays et de voir quelles étaient les
pratiques et difficultés rencontrées». Elle
poursuit: «Cet échange de pratiques est très
enrichissant. On note par exemple que les
pays de l’est de l’Europe comptent un taux
de 50% d’acteurs féminins dans ce domaine
alors que les pays plus à l’Ouest atteignent
seulement 10 à 15%».
“Nous développons
nos activités
en fonction
des demandes
que nous recevons
du marché”
Opérer un changement de mentalités
L’association WIDE a noué de prestigieux
partenariats depuis sa création, notamment
avec des lycées luxembourgeois et le
LIST pour la création d’une plateforme
en ligne, ou encore avec l’ONU pour
des événements tels que le «Girls in ICT
day». Persévérante et déterminée, Marina
Andrieu considère son travail comme une
passion et elle n’entend pas changer de voie
aussitôt: «Nous pensons qu’il est nécessaire
de poursuivre nos efforts et de ne pas
s’arrêter en si bon chemin».
Les stéréotypes présents dans la société
éloignent les acteurs féminins de ces
professions. Les études réalisées à la suite
des ateliers organisés par WIDE montrent
qu’au-delà de l’initiation qu’ils proposent,
leur premier apport est d’encourager
les participantes et de leur insuffler une
certaine confiance en elles, car à l’heure
actuelle, la seule caractéristique qui semble
manquer aux jeunes femmes pour accéder à
ces métiers est le courage d’entreprendre. n
130 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 212 - JUILLET 2018
PORTRAIT
Une fortune de Hasards,
d’Esthétismes et d’Infinis
PAR JULIEN BRUN
Ses traits délicats, ornés d’une chevelure auburn dissonent
sans heurts avec la sévérité d’un premier regard noisette.
Lucie Hoffmann n’est pas de ces beautés froides et
rébarbatives mais simplement d’une prudence qui sait devoir
parler de son parcours à un inconnu. Ne pas trop en dévoiler
tout en en disant assez; exercice ô combien délicat que celui
d’un portrait. Itinéraire d’une chef d’entreprise de 30 ans,
qui a brillamment su passer du monde artistique à celui de
l’entrepreneuriat digital.
Hasards
Avec un papa ingénieur et une maman
artiste, aucun hasard à ce que la créativité
eut tenu une place toute particulière
dans son enfance. La fillette est comme
immergée dans le bain de l’inventivité qui
est encouragée, incitée et sollicitée par ses
parents. Si Lucie a un joli coup de crayon
et s’essaie régulièrement à la peinture, elle
témoigne aussi d’une puissante volonté de
comprendre le réel qui l’entoure. Les repas
familiaux sont dès lors immanquablement
épicés de conversations sur l’art conceptuel
et contemporain, l’Histoire, l’actualité et
la politique. Les idéaux tant économiques
que philosophiques de la jeune fille se
reconnaissent dans le libéralisme et
perdureront jusqu’à l’âge adulte.
“Une œuvre d’art
est un rendez-vous
avec l’éternité dans
la transcendance
de l’être humain”
La lycéenne choisit une filière artistique et
se passionne pour les mathématiques et plus
particulièrement pour leurs dimensions
philosophiques. Après son Bac, comme
toute bercée de l’Infini, du Hasard et de
l’Esthétisme, l’universitaire choisit l’histoire
de l’Art.
De ses années universitaires, elle garde le
souvenir amer d’«une épreuve par laquelle
il faut bien passer pour être diplômé».
À l’ULB (Université Libre de Bruxelles),
Lucie passe sa première année la tête dans
les bouquins, se refusant à la vie estudiantine
et son cortège d’insouciances où les soirées
sont toujours désinvoltes. L’étudiante
sérieuse part ensuite pour Berlin, une
ville jeune, à la culture artistique forte et
aux scènes undergrounds où elle s’autorise
une vie sociale mais uniquement avec des
personnes qui ont déjà une vie active et plus
particulièrement entrepreneuriale.
Esthétismes
L’art se définit généralement à travers les
émotions de l’admirateur qui pose un regard
naturellement romantique sur l’œuvre.
L’œuvre d’art devient alors une nourriture de
l’âme qui forme le goût et rend meilleur. On
voit mieux, on entend mieux, on comprend
mieux le monde après avoir été ébranlé de
son ivresse. C’est un regard étrange, une
perspective différente, un sens divergeant qui
se posent sur le réel, tissant un lien permanant
dans la rencontre de l’autre. Une œuvre d’art
est un rendez-vous avec l’éternité dans la
transcendance de l’être humain.
Mais lorsqu’on le renvoie à son étymologie
latine, l’ars est aussi et peut-être d’abord, la
technique ou le geste qui fabrique. Selon
Rimbaud, «Le Poète se fait voyant par un
long, immense et raisonné dérèglement
de tous les sens», de sorte que l’artiste a
toujours un temps d’avance sur ce qui sera;
le musicien entend et fait le bruit que fera le
Lucie Hoffmann
132 LG
BEST OF & GUIDE 2018 - LG 212 - JUILLET 2018
PORTRAIT
monde de demain comme le romancier le
perçoit, l’influence et l’écrit. L’hypersensibilité
de l’artiste relèverait plus de l’intuition que
de la raison raisonnante. Lucie sait que les
parts irrationnelles de l’artiste ne sont pas
déraisonnables pour autant mais elle aime trop
le rationnel. Elle n’est bien évidemment pas
étrangère à l’émotion mais son intérêt porte
davantage à percer les mystères de l’œuvre,
à définir ses contextes et à chercher les clés
de sa genèse. Pas étonnant dès lors que son
sujet de mémoire de fin d’études porte sur les
interactions entre l’art et les sciences.
Au détour d’un job dans une galerie, Lucie
se découvre un vrai goût pour le commerce
mais n’arrive pas comprendre l’origine
émotionnelle qui conduit à l’achat ou
l’impulsion qui mène à l’acquisition d’une
œuvre. Elle ne perçoit pas le besoin de
l’acheteur qui lui semble pourtant essentiel
à son nouveau désir entrepreneurial.
Infinis
Revenant de son séjour berlinois, elle
travaille pour une startup, puis dans un
cabinet financier de fusions et acquisitions
et y découvre avec passion, la mise en
relation d’entreprises ou dans le jargon,
le B2B. L’idée originelle et originale de
Vendimus est simple: mettre en relation
des entreprises dans un souci commercial,
afin de créer des pistes convergentes et ainsi
générer des opportunités.
“La recherche
effrénée d’une
proximité”
Avec nulle autre arme que sa conviction,
la voilà partie défendre son idée devant les
entrepreneurs. Elle écoute les remarques,
considère les critiques et repositionne son
offre de services. Force est de constater
qu’elle y trouve oreilles favorables puisque
l’entreprise a déjà des clients dès son
lancement et travaille rapidement avec des
multinationales qui la font grandir; trois
ans après sa création, Vendimus enregistre
une centaine de clients à travers le monde.
Lucie Hoffmann explique ce succès par
le fait que ses 14 collaborateurs ont su
rester à l’écoute des clients, anticiper les
changements des marchés et adapter l’offre
en fonction de leurs besoins.
«Nos collaborateurs sont formés en continu
par nos clients», dit-elle et d’ajouter que
«cette proximité est unique sur le marché».
Un très grand marché même, car s’il
s’étend principalement sur l’Europe, il va
jusqu’en Israël. La clientèle est partout,
alors Lucie va partout, elle passe la moitié
de la semaine à l’étranger et reconnaît
que le client est devenu une obsession.
Non pas celle d’un requin commercial
qui chasse sans vergogne n’importe quel
client, mais plutôt celle de la recherche
effrénée d’une proximité. Lucie souhaite
moins une relation de prestation que de
partenariat, différence de forme diront les
uns, peut-être mais qui implique de facto,
une différence de fond. n
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134 LG
BEST OF & GUIDE 2018
Communes
Beaufort
Bech
Beckerich
Berdorf
Bertrange
Bettembourg
Bettendorf
Betzdorf
Bissen
Biwer
Boulaide
Bourscheid
Bous
Clervaux
Colmar-Berg
Consdorf
Contern
Dalheim
Diekirch
Differdange
Dippach
Dudelange
Echternach
Ell
Erpeldange-sur-Sûre
Esch-sur-Alzette
Esch-sur-Sûre
Ettelbruck
Feulen
Fischbach
Flaxweiler
Frisange
Garnich
Goesdorf
Grevenmacher
Grosbous
Habscht
Heffingen
Helperknapp
Hesperange
Junglinster
Käerjeng
Kayl
Kehlen
Kiischpelt
Koerich
Kopstal
Lac Haute-Sûre
Larochette
Lenningen
Leudelange
Lintgen
Lorentzweiler
Luxembourg-Ville
Mamer
Manternach
Mersch
Mertert
Mertzig
Mondercange
Mondorf-les-Bains
Niederanven
Nommern
Parc Hosingen
Pétange
Preizerdaul
Putscheid
Rambrouch
Reckange-sur-Mess
Redange-sur-Attert
Reisdorf
Remich
Roeser
Rosport-Mompach
Rumelange
Saeul
Sandweiler
Sanem
Schengen
Schieren
Schifflange
Schuttrange
Stadtbredimus
Steinfort
Steinsel
Strassen
Tandel
Troisvierges
Useldange
C. Vallée de l’Ernz
Vianden
Vichten
Wahl
Waldbillig
Waldbredimus
Walferdange
Weiler-la-Tour
Weiswampach
Wiltz
Wincrange
Winseler
Wormeldange
C-3
D-4
A-4
D-3
B-5
B-6
C-3
D-4
B-4
D-4
A-3
B-3
C-5
B-2
B-4
D-4
C-5
C-5
C-3
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B-5
B-6
D-4
A-4
B-3
B-6
B-3
B-3
B-3
C-4
C-5
C-6
B-5
B-3
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B-3
B-4
C-4
B-4
C-5
C-4
A-5
B-6
B-5
B-2
B-5
B-5
A-3
C-4
D-5
B-5
B-4
C-4
B-C-5
B-5
D-4
B-4
D-4
B-3
B-6
C-6
C-5
C-4
B-2
A-5
B-4
B-2
A-3
B-5
A-4
C-3
D-5
C-5
D-4
B-6
B-4
C-5
B-6
C-6
B-3
B-6
C-5
D-5
B-5
B-5
B-5
C-3
B-1
B-4
C-4
C-3
B-4
A-3
C-4
C-5
C-5
C-5
B-1
B-2
A2
A2
D-5
135
LG
BEST OF & GUIDE 2018
136 LG
BEST OF & GUIDE 2018
Beaufort
Bech
Beckerich
Berdorf
Bertrange
Bettembourg
Bettendorf
Beaufort
Beaufort-Château
Befort
Dillingen
Grundhof, ancienne forge
Grundhof-Dillingen
Krehwinkel
Mühlenbach
Roederhof
Schmittenwehr
Altrier
Altrier-Hemstal
Bech
Blumenthal
Geyershof
Grassenberg
Graulinster
Hemstal
Hersberg
Jacobsberg
Kinsickerhof
Kreuzenhöcht
Marscherwald-Kobenbour
Rippig
Waldhof
Zittig
Zittig-Moulin
Beckerich
Elvange
Hovelange
Hovelange-Halte
Huttange
Leitrange
Leitrange (Ferme de)
Levelange
Noerdange
Oberpallen
Schweich
Berdorf
Birkelt
Bollendorf-Pont
Dosterthof
Grundhof
Halsbach
Hammhof
Heisbich
Hungershof
Kalkesbach
Langent
Laufenwehr
Posselt
Schleiterhof
Seitert
Weilerbach
Bartringen
Bertrange
Bertrange-Gare
Bofort
Findelshof
Grevels
Helfenterbruck
Lorentzscheuer
Niedert
Tossenberg
Abweiler
Bettembourg
Fennange
Huncherange
Krackelshof
Noertzange
Bettendorf
Bleesbruck
Broderbour
Clairefontaine
Clemenshof
Betzdorf
Bissen
Biwer
Boulaide
Bourscheid
Bous
Clervaux
Gilsdorf
Hirzenhof
Keiwelbach
Kempchen
Moestroff
Morgenflissen
Moschbierg
Niederberg
Sasselbach
Schrödeschhof
Selz
Unterfoos
Unterherel
Banzelt
Berg
Betzdorf
Betzdorf-Moulin
Haupeschhof
Maison forestière
Mensdorf
Olingen
Roodt-sur-Syre
Bissen
Bissen-Forges
Bissen-Moulin
Roost
Biwer
Boudier
Boudierbach
Breinert
Breinertknupp
Brouch
Hagelsdorf
Wecker
Wecker-Gare
Weydig
Baschleiden
Bauschleiden
Boudlerbach
Boulaide
Boulaide-Moulin
Flebour
Poteau de Harlange
Schaulsmühle
Surré (Syr)
Asselborn
Bourscheid
Bourscheid-Moulin
Closdelt
Enteschbach
Fischeiderhof
Flebour-Lipperscheid
Flebour-Michelau
Friedbusch
Goebelsmühle
Kehmen
Lipperscheid
Schlindermanderscheid
Upperscheld
Welscheid
Windhof
Baumhof
Michelau
Scheidel
Assel
Bous
Emeringerhof
Erpeldange-sur-Sûre
Heisbourgerhof
Herdermühle
Rolling
Scheuerberg
Clerf
Clervaux
Drauffelt
Colmar-Berg
Consdorf
Contern
Dalheim
Eselbom
Fischbach
Fossen
Grindhausen
Heiderscheid
Heinerscheid
Heinerscheid-Route
Hupperdange
Kaesfurt
Kalborn
Kalborn-Moulin
Katzfeld
Kirelshof
Lausdorn
Lieler
Marnach
Mecher
Munshausen
Reuler
Roder
Siebenaler
Tintesmühle
Urspelt
Weicherdange
Berg
Brongershof
Brosiushof
Carlshof
Colmar
Geismühle
Lellingerhot
Welsdorf
Altrodeschhof
Breitweiler
Colbette
Consdorf
Consdorf-Moulin
Crispent
Gemenerhof
Juckenfeld
Kalkesbach
Kobenbour, v. Marscherwald
Kriespelt
Marscherwald
Melicksheck
Michelshof
Neurodeschhof
Osterholz
Rosswinklerhof
Scheidgen
Stoppelhof
Theinshof
Wolper
Wolperhof
Brücherhof
Brüchermühle
Contern
Contern-Barrière
Cröntgeshof
Kackerterhof
Medingen
Moutfort
Mühlbach-Moulin
Oetrange
Oetrange-Moulin
Pleitrange
Mühlbach
Buchholzerhof
Dalheim
Filsdorf
Heidscheuer
Hunnenbusch
Leymühle
Reckingerhof
Welfrange
Communes, localités et/ou lieux-dits
Diekirch
Differdange
Dippach
Dudelange
Echternach
Ell
Erpeldange-sur-Sûre
Esch-sur-Alzette
Esch-sur-Sûre
Ettelbruck
Diekirch
Friedhof
Herrenberg
Differdange
Fond de Gras
Fond de Hussigny
Kaalbreck
Kuelesgrund
Lasauvage
Maison-Cronière
Moulin à scories
Niederkorn
Obercorn
Schlackenmühle
Vesquenhaff
Bettange
Dippach
Dippach-Barrière
Dippach-Gare
Löftgermühle
Schouweiler
Schouweiler-Halte
Sprinkange
Sprinkange-Ferme
Budersberg
Burange
Dudelange
Bel-Air
Echternach
Felsbuch
Felsmühle
Kefferbour
Lauterborn
Lauterborn-Moulin
Lütschen
Manertchen
Melicksberg
Melickshof
Neumühle
Oligsmühle
Rodenhof
Specksmühle
Thoul
Wann
Colpach-Bas
Colpach-Haut
Ell
Petit-Nobressart
Roodt
Bürden
Erpeldange-sur-Sûre
Ingeldorf
Neuhof
Esch-sur-Alzette
Lallange
Barrage
Bonnal
Burgfried
Dickeschbour
Dirbach
Esch-sur-Sûre
Esch-Tunnel
Eschdorf
Fond de Helderscheid
Herheck
Insenborn
Lultzhausen
Merscheid
Neuhof
Neunhausen
Ringel
Ringel-Ferme
Tadler
Ettelbruck
Grenzingen
Feulen
Fischbach
Flaxweiler
Frisange
Garnich
Goesdorf
Grevenmacher
Grosbous
Habscht
Heffingen
Heinenhof
Herckmannsmühle
Lopert
Mederhof
Warken
Feulen
Feulenerhecken
Hirtzhof
Hubertushof
Kalkfabrik
Niederfeulen
Oberfeulen
Angelsberg
Fischbach
Fischbach-Forge
Koedange
Schiltzberg
Schoos
Stuppich
Weyer
Berghof
Beyren
Buchholtz
Flaxweiler
Gostingen
Niederdonven
Oberdonven
Aspelt
Frisange
Hellange
Krockelshof
Dahlem
Garnich
Grand-Bevange
Hivange
Kahler
Bockholtz
Bockholtz-Moulin
Büderscheid
Dahl
Dirbach
Goebelsmühle
Goesdorf
Goesdorf-Mine
Harderbach
Masseler
Nocher
Nocher-Route
Grevenmacher
Grevenmacherberg
Manternacherberg
Potaschberg
Dellen
Grosbous
Lehrhäuschen
Lehrhof
Eichelsbarrière
Eischen
Felleschmühle
Gaïchel
Grelsch
Hobscheld
Jinkenhof
Klaus
Kreuzerbuch
Leesbach
Roodt
Saegemühle
Septfontaines
Simmerfarm
Simmern
Simmerschmelz
Fuhrels
Heffingen
Heffingen-Moulin
Helperknapp
Hesperange
Junglinster
Käerjeng
Kayl
Kehlen
Kiischpelt
Reuland
Reuland-Moulin
Scherbach
Scherfenhof
Steinborn
Ansembourg
Bill
Boevange-sur-Attert
Bour
Brouch
Brouch-Moulin
Buschdorf
Claushof
Finsterthal
Finsterthalerhöhe
Grevenknapp
Hollenfels
Kalbacherhof
Marienthal
Marienthalerhof
Tuntange
Alzingen
Fentange
Gantenbeinmühle
Hesperange
Howald
Itzig
Itzigersté
Sandweiler-Contern-Gare
Altlinster
Behlen
Beidweiler
Bourglinster
Eisenbom
Eschweiler
Godbrange
Gonderange
Graulinster
Imbringen
Jeanharis
Junglinster
Neumühle
Rodenbourg
Bascharage
Bascharage-Gare
Bomecht
Bommert
Clemency (Küntzig)
Fingig
Hautcharage
Linger
Nachtbann
Neudrisch
Schockmühle
Alscheid
Kayl
Tétange
Brameschhof
Dondelange
Dürrenthal
Kehlen
Keispelt
Kreuzweg-Keispelt
Kreuzweg-Olm
Kuhberg
Meispelt
Nospelt
Olm
Petite-Amérique
Quatre-Vents
Val-des-Oseraies
Enscherange
Kautenbach
Koenerhof
Lellingen
137
LG
BEST OF & GUIDE 2018
Koerich
Kopstal
Lac de la Haute-Sûre
Larochette
Lenningen
Leudelange
Lintgen
Lorentzweiler
Luxembourg
Merkholtz
Pintsch
Schuttbourg-Moulin
Wilwerwiltz
Frastenhof
Goeblange
Goetzingen
Grevenmühle
Jagdhaus
Koerich
Neumühle
Windhof
Bridel
Bürgerkreuz
Kahlscheuer
Kopstal
Rodenhof
Bavigne
Dünkrodt
Harlange
Ischpelt, v. Tarchamps
Kaundorf
Liefrange
Mecher
Nothum
Saint-Pirmin
Tarchamps
Watrange
Ernzen
Fels
Goudelt
Larochette
Leidenbach
Meysembourg
Weydert
Beyerholz
Canach
Hackenhof
Lenningen
Scheuerhof
Untere Mühle
Leudelange
Leudelange-Barrière-Merl
Leudelange-Gare
Schlewenhof
Gosseldange
Lintgen
Plankenhof
Prettingen
Schleif
Asselscheuer
Blaschette
Bofferdange
Bofferdange-Ferme
Dauschkaul
Helmdange
Hünsdorf
Klingelscheuer
Lorentzweiier
Rashof
Schwanenthal
Weisbach
Baumbusch
Beggen
Belair
Bonnevoie
Cents
Cessange
Clausen
Dommeldange
Duderhof
Eich
Fetschenbour
Fetschenhof
Gasperich
Mamer
Manternach
Mersch
Mertert
Mertzig
Mondercange
Gérardshof
Grund
Hamm
Hollerich
Kalkesbruck
Kirchberg
Kriepsgründchen
Kuhberg
Limpertsberg
Luxembourg
Merl
Mühlenbach
Neudorf
Pfaffenthal
Pulvermühl
Reckenthal
Rollingergrund
Scheidgrund
Scheidhof
Schleifmühle
Septfontaines
Tubishof
Val-St-André
Val-Ste-Croix
Verlorenkost
Weimershof
Weimerskirch
Berenthal
Birel
Cap
Capellen
Capellen-Gare
Gaaschtmühle
Holzem
Holzem-Moulin
Mamer
Neumaxmühle
Pfaffenbrouch
Wiltzermühle
Berbourg
Berburgerwald
Lellig
Manternach
Münschecker
Papeterie
Schorenshof
Beringen
Beringerberg
Berschbach
Binzrath
Essingen
Finsterthalerhof
Hilbach
Hosbich
Hühnerhof
Hunnebour
Mersch
Mersch-Gare
Moesdorf
Pettingen
Reckange
Reckange-Barrière
Rollingen
Roosthof
Scheuerhof
Schoenfels
Fausermühle
Felsmühle
Mertert
Schaeferreder
Scheidberg
Wasserbillig
Wolfsmühle
Mertzig
Bergem
Mondorf-les-Bains
Niederanven
Nommern
Parc Hosingen
Pétange
Foetz
Mondercange
Pontpierre
Altwies
Bad-Mondorf
Castelmühle
Ellange
Ellange-Gare
Maison-Brehm
Mondorf-les-Bains
Buschhaus
Distillerie
Engelshof
Ernster
Franzosengrund
Höhenhof
Hostert
Jaegerhäuschen
Niederanven
Oberanven
Oberanven-Barrière
Parishof
Rammeldange
Senningen
Senningerberg
Staffelstein
Waldhof
Beisten
Bourghof
Cruchten
Cruchten-Gare
Eichelbour
Kleinbourghof
Niederglabach
Nommern
Oberglabach
Schleiderhof
Schrondweiler
Seylerhof
Consthum
Geyershof
Holzthum
Dickt
Hoscheid
Kehrmühle
Markenbach
Oberschlinder
Unterschlinder
Ackerscheld
Bockholtz
Dasbourg-Pont
Dickt
Dorscheid
Dorscheiderhäuschen
Fennberg
Homichshof
Hosingen
Hosingen-Barrière
Kohnenhof
Lehmkaul
Neidhausen
Obereisenbach
Rodershausen
Route de Vianden
Schmitzdell
Untereisenbach
Wahlhausen
Waldberg
Wegscheid
Fond de Gras
Lamadelaine (Rollingen)
Minière Gras
Neumühle
Pétange
Rodange
Communes, localités et/ou lieux-dits
138 LG
BEST OF & GUIDE 2018
Preizerdaul
Putscheid
Rambrouch
Reckange-sur-Mess
Redange-sur-Attert
Reisdorf
Weissenhof
Bettborn
Horas
Platen
Pratz
Pratz-Moulin
Reimberg
Rodbach
Bivels
Bivels-Moulin
Gralingen
Grauenstein
Hoscheiderhof
Merscheid
Nachtmanderscheid
Poul
Putscheid
Route de Vianden
Route de Wahlhausen
Stolzembourg
Weiler
Arsdorf
Arsdorf-Moulin
Bigonville
Bigonville-Moulin
Bigonville-Route
Bilsdorf
Bondorf
Escheid, v. Eschette
Eschette
Flatzbour
Folschette
Goeldt-Hostert
Haut-Martelange
Holtz
Hostert
Koetschette
Martelange-Rombach
Martelinville
Misèrehof
Neumühle
Obermartelingen
Perl, v. Perlé
Perlé
Rambrouch
Rieshaus
Schwiedelbrouch
Weissenhof
Wolwelange
Ehlange
Limpach
Pissange
Reckange-sur-Mess
Roedgen
Wickrange
Eltz-Ospern
Eltz-Redange
Heidenkaul
Lannen
Lannenerberg
Nagem
Nagemerberg
Nagemerhof
Niederpallen
Niederpallen-Moulin
Ospern
Redange
Reichlange
Beforterheide
Bigelbach
Goberhof
Hermeswies
Hoesdorf
Kranzenhof
Reisdorf
Remich
Roeser
Rosport-Mompach
Rumelange
Saeul
Sandweiler
Sanem
Schengen
Schieren
Schifflange
Scheidheck
Wallendorf-Pont
Rohr
Remich
Berchem
Bivange
Biwingen v Bivange
Crauthem
Jeanmathiashof
Kockelscheuer
Koubeweiher
Kreuzhof
Livange
Peppange
Poudrerie
Roeser
Aesbarrière
Born
Born-Moulin
Boursdorf
Dickweiler
Diekirch
Fromburg
Giesenborn
Girst
Girsterklause
Givenich
Herborn
Hinkel
Hinkel-Moulin
Lilien
Michelsberg
Moersdorf
Mompach
Osweiler
Pfaffenberg
Rosport
Schiltzhaus
Steinheim
Rumelange
Calmus
Ehner
Kapweiler
Saeul
Schwebach
Birlerbarrière
Birlergrund
Birlerhof
Findel
Grevelscheuer
Neumühle
Sandweiler
Belvaux
Ehlerange
Sanem
Soleuvre
Bech-Kleinmacher
Burmerange
Elvange
Emerange
Frohmühle
Remerschen
Schengen
Schwebsange
Weidenmühle
Wellenstein
Wintrange
Birkenhof
Birtrange
Colmar-Pont
Mathieuhof
Schieren
Schierenerhof
Schieren-Moulin
Dumontshof
Schuttrange
Stadbredimus
Steinfort
Steinsel
Strassen
Tandel
Troisvierges
Useldange
C. Vallée de l’Ernz
Frantzenmühle
Neumühle
Saegemühle
Schifflange
Münsbach
Neuhäuschen
Schrassig
Schuttrange
Uebersyren
Greiveldange
Bucherhof
Hüttermühle
Stadtbredimus
Grass
Hagen
Kleinbettingen
Rengscheid
Schwarzenhof
Steinfort
Heisdorf
Müllendorf
Steinsel
Reckenthal
Strassen
Bastendorf
Bettel
Brandenbourg
Fouhren
Hoscheidterhof
Landscheid
Longsdorf
Seltz
Tandel
Walsdorf
Basbellain
Biwisch
Cinqfontaines
Drinklange
Goedange
Hautbellain
Huldange
Huldange-Forge
Huldange-Moulin
Lenglerloch
Troisvierges
Wilwerdange
Everlange
Everlange-Moulin
Reichlange-Halte
Rippweiler
Schandel
Useldange
Backesmühle
Brucherhof
Brücherheck
Dolenberg
Eppeldorf
Ermsdorf
Folkendange
Fousheck
Fürtgeshof
Gilker
Halsbach
Hessenmühle
Hossenberg
Keiwelbach
Kitzenbour
Knepchen
Kohn
Kohnshöcht
Marxberg
Medernach
Moserhof
Mühlenweg
Neuenshof
139
LG
BEST OF & GUIDE 2018
Vianden
Vichten
WahI
Waldbillig
Waldbredimus
Walferdange
Weiler-la-Tour
Weiswampach
Wiltz
Neumühle
Oligsmühle
Ostert
Pletschette
Relsermühle
Rinkenberg
Savelborn
Schleifmühle
Schwanterhof
Spierberich
Stegen
Wattscheid
Webershof
Sanatorium
Scheuerhof
Vianden
Michelbuch
Peckelshof
Vichten
Wiltgeshof
Brattert
Buschrodt
Grevels
Heispelt
Koenigshof
Küborn
Redingshof
Rindschleiden
Ringbach
Wahl
Christnach
Freckeisen-Christnach
Freckeisen-Waldbillig
Grundhof-Château
Haller
Harthof
Kelleschhof
Müllerthal
Niesenthal
Oligsmühle
Savelborn
Waldbillig
Ersange
Gondelange
Roedt
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140 LG
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