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jeune maman, mais je ne<br />
sais pas trop quoi écrire.» La<br />
désormais vice-championne<br />
d’Europe du marathon n’est<br />
pas une accro du digital. A 28<br />
ans, elle fait partie de cette<br />
génération « entre deux » : pas<br />
hyper-connectée, mais pas<br />
renfermée non plus. Elle est sur<br />
toutes les plateformes bien sûr<br />
mais elle peut laisser s’écouler<br />
des semaines sans rien publier.<br />
Notamment lorsqu’elle était<br />
enceinte. «C’est un moment<br />
où elle a mis sa carrière entre<br />
parenthèses mais ceux qui la<br />
suivent voulaient avoir de ses<br />
nouvelles et savoir quand ils la<br />
reverraient sur la piste», déclare<br />
la spécialiste<br />
du mediacoaching.<br />
Ne pas<br />
laisser le vide<br />
s’installer, « exister »<br />
simplement sur<br />
les réseaux devient<br />
primordial pour une<br />
athlète de haut niveau.<br />
A seulement 16 ans,<br />
Heather Arneton, grand<br />
espoir de l’athlétisme<br />
<br />
et sprint) possède déjà 4 762<br />
<br />
moins que la championne d’Europe<br />
de natation Fantine (!)<br />
Pourtant, excepté son record<br />
de France juniors du saut en<br />
longueur en salle, son palmarès<br />
est quasi vierge. Blessée à plusieurs<br />
reprises cette saison,<br />
la jeune Valdoisienne n’a pas<br />
participé à beaucoup de compétitions,<br />
ce qui ne l’a pas<br />
empêchée de publier photos et<br />
vidéos, toujours accompagnées<br />
d’une dizaine de « hashtags » :<br />
portraits esthétiques, clichés<br />
en compagnie d’autres athlètes,<br />
vacances… Heather, née<br />
avec un smartphone dans les<br />
mains, n’est jamais en reste.<br />
Sans oublier les éternels remerciements<br />
à son équipementier.<br />
Ce dernier appréciera.<br />
Créer son hashtag<br />
comme Caroline Garcia<br />
Les joueuses de tennis, elles<br />
non plus, ne sont pas avares de<br />
mises en scène, y compris en<br />
vacances. On découvrait Alizé<br />
Cornet, glamour, en maillot de<br />
<br />
Alizé Lim romantique dans les<br />
champs de lavande à Valensole<br />
ou encore Caroline Garcia<br />
avec son petit chien Endy…<br />
Quelques gouttes de vie privée<br />
bien dosées dans un océan de<br />
clichés de communicants. Garcia,<br />
elle, a carrément inventé<br />
son propre hashtag #FlyWith-<br />
Caro, en anglais s’il vous plaît<br />
histoire de s’adresser à l’audience<br />
la plus large possible. Une<br />
sorte de slogan qu’elle pourra<br />
décliner sur une future ligne<br />
de vêtements, de chaussures<br />
ou d’accessoires. «Les sportifs,<br />
en règle générale, sont une<br />
marque à eux seuls. Prenez<br />
Sharapova, elle est devenue<br />
une icône classe, chic, glamour,<br />
et les photos qu’elle poste<br />
sont la plupart du temps dans<br />
cet esprit. On la voit moins en<br />
tenue de tennis qu’en robe<br />
haute couture», fait remarquer<br />
Sylvie Marchal. Et la diva ne<br />
manque pas une occasion de<br />
« SERENA WILLIAMS ÉTALE<br />
QUASIMENT TOUS SES FAITS<br />
ET GESTES SUR LES RÉSEAUX<br />
SOCIAUX »<br />
promouvoir sa marque de bonbons<br />
« Sugarpova ».<br />
La communication des sportives<br />
sur les réseaux sociaux est<br />
ainsi plus ou moins maîtrisée,<br />
plus ou moins spontanée.<br />
En vraie stratège, Sharapova<br />
prend bien soin de ne dévoiler<br />
quasiment aucun morceau de<br />
vie privée tandis que la grande<br />
Serena Williams étale quasiment<br />
tous ses faits et gestes<br />
sur les réseaux sociaux. Problèmes<br />
de santé, journées dif-<br />
<br />
amoureuse… Le public sait<br />
tout de l’expansive Américaine<br />
qui ne semble pas mesurer les<br />
conséquences d’une telle impudeur.<br />
« Aux Etats-Unis, la culture<br />
n’est pas la même qu’en<br />
France. Il y a beaucoup plus<br />
de retenue chez les Français<br />
et c’est tant mieux. Le public<br />
n’a pas à connaître toutes les<br />
affres de la vie d’une sportive.<br />
Même si son statut va au-delà<br />
du tennis, Serena donne trop<br />
d’informations et risque d’avoir<br />
un retour de bâton en faisant<br />
les choux gras de la presse à<br />
scandale », estime la formatrice<br />
en media-coaching. L’ancienne<br />
numéro 1 mondiale a même<br />
<br />
<br />
née en 2017 ! Elle y poste photos<br />
et vidéos de son bébé suivi<br />
par 434 000 fans. Une initiative<br />
<br />
qui y voit là un danger pour<br />
<br />
starisée dès son premier mois<br />
de vie, beaucoup moins pour un<br />
Américain.<br />
Heureusement, la dérive est<br />
unique à ce jour, les autres<br />
mamans-sportives comme Clémence<br />
Calvin, se contentant<br />
de distiller quelques photos<br />
avec leur enfant dans les bras.<br />
Mais on voit que la frontière<br />
entre vie publique et vie privée<br />
er.<br />
Marion Bartoli, elle, n’a pas<br />
su placer le curseur. Tantôt en<br />
tenue de soirée, tantôt allongée<br />
sur un divan ou un lit, la vainqueure<br />
de Wimbledon 2013<br />
<br />
telle une ado qui s’ennuie. Pour<br />
l’ancienne championne, les<br />
réseaux sociaux sont le moyen<br />
d’exister, d’être reconnue<br />
malgré l’arrêt de sa carrière,<br />
<br />
aimer par les personnes qui interagissent<br />
avec elle. Comme<br />
si la réalité virtuelle était plus<br />
agréable que la vraie vie. De là<br />
à s’y perdre… WS<br />
© My Life Graphic / Shutterstock<br />
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°10 • Octobre-Novembre-Décembre 2018 WOMEN SPORTS 69