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The Red Bulletin Juin 2019 (FR)

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qu’un contrat de disque juteux lui est proposé.<br />

« On agitait un chèque sous mes<br />

yeux alors que le football ne m’avait pas<br />

donné un sou en huit ans, dur de refuser<br />

dans ces conditions. J’ai donc choisi la<br />

musique et renoncé au foot. » Si le choix<br />

s’imposait, il nous faut, pour mieux saisir<br />

sa portée, revenir sur ce que le football<br />

représente pour elle.<br />

Elevée à Aigburth, Liverpool, le<br />

club des <strong>Red</strong>s tient vite une place<br />

importante dans sa vie : « Si vous<br />

naissez dans une famille qui supporte<br />

les <strong>Red</strong>s, vous n’y échapperez pas. »<br />

Elle doit son prénom à son père. « Chelsea<br />

était une petite équipe à l’époque, c’est pas<br />

comme s’il voulait m’appeler Tottenham<br />

par exemple », plaisante-elle. Ma mère a<br />

dit : “D’accord, c’est un joli prénom mais<br />

Engagée à Fulham,<br />

Chelcee a aussi joué<br />

à Liverpool, Everton,<br />

avec les Tranmere<br />

Rovers et les Spurs.<br />

on va modifier l’orthographe”, comme sur<br />

mon passeport que j’exhibe promptement<br />

quand on ne me croit pas. »<br />

Enfant unique, Grimes comprend vite<br />

que le foot sera le seul moyen de s’entendre<br />

avec les garçons, ses cousins ou<br />

ceux de sa rue. « C’était ça ou rester à la<br />

maison faire des devoirs. Après des<br />

débuts difficiles, les progrès sont vite<br />

arrivés. J’étais la première choisie dans<br />

l’équipe. » Son grand-père remarque une<br />

annonce du centre de formation Ian Rush<br />

(fondateur et ancienne idole des <strong>Red</strong>s)<br />

dans le journal local. Sa mère l’y inscrit.<br />

Elle est l’unique fille. Les Liverpool Ladies<br />

(rebaptisées depuis Liverpool FC Women),<br />

qui s’entraînent sur le même terrain, la<br />

remarquent. « Elles me proposent de faire<br />

un essai. À l’époque, je n’avais même pas<br />

de crampons ! Mais ma prestation les a<br />

convaincues, et j’ai pu intégrer les U10<br />

de Liverpool, avant de signer un contrat<br />

pour cinq ans. »<br />

Quant à la musique, c’est une passion<br />

que Chelcee développe un peu plus tard :<br />

ado, elle est fan de pop et grandit avec les<br />

tubes de J-Lo, Beyoncé, Pink et Kanye. À<br />

la maison, sa mère préfère la dance, son<br />

beau-père Sting, et Simon & Garfunkel.<br />

Pour son diplôme de fin d’études secondaires,<br />

Grimes opte pour la spécialité<br />

musique pour mettre les chances de son<br />

côté. De fait, un professeur ayant remarqué<br />

ses talents d’écriture l’encourage en<br />

ce sens. À 16 ans, elle décroche un contrat<br />

d’enregistrement de six mois grâce à un<br />

concours sur Juice FM, une radio locale.<br />

Ryan Babel, ailier hollandais de Liverpool<br />

est le propriétaire du studio, l’occasion<br />

pour la jeune Anglaise d’assister à tous les<br />

matches des <strong>Red</strong>s et d’apprendre les<br />

ficelles de l’enregistrement avec l’ingénieur<br />

de Babel. La voilà mordue de<br />

musique.<br />

En plus du plaisir de chanter, Chelcee<br />

découvrir celui de se produire sur scène.<br />

« Je jouais tous les soirs à Liverpool. Le<br />

buzz attirait toujours plus de public, se<br />

souvient-elle. Les jeunes se tatouaient les<br />

textes de mes chansons dont j’avais moimême<br />

oublié les paroles. <strong>The</strong> Truth était<br />

l’une d’elles, un gamin se l’était entièrement<br />

tatoué. Je leur disais : “Ne faites pas<br />

ça, vos mères vont hurler.’’ Mais en observant<br />

le phénomène j’ai compris que<br />

quelque chose se passait. » Une chose qui<br />

la mettra devant un choix cornélien : le<br />

football ou la musique. Ce sera la seconde.<br />

Elle signe un contrat avec le label RCA.<br />

« Ils voyaient en moi l’Alicia Keys<br />

anglaise », confie-t-elle, mais rapidement,<br />

son manager est licencié ; son successeur<br />

l’ignore pendant deux ans, avant de la<br />

débarquer sans préavis. Désorientée, abattue<br />

et fauchée, Grimes s’installe à Londres<br />

et poursuit son rêve d’auteurecompositrice<br />

en enregistrant seule où elle<br />

peut, dans une chambre, un sous-sol.<br />

Aujourd’hui, Grimes juge cette période<br />

sans complaisance. « À 18 ans, à part jouer<br />

au foot, j’avais peu vécu. Après une année<br />

blanche, j’ai écrit quatre chansons et<br />

obtenu très vite un contrat de disque, pas<br />

vraiment mérité, pour être honnête. » Elle<br />

se fixe alors de nouveaux défis. « J’ai<br />

voyagé, appris à me connaître et me suis<br />

lancée dans l’écriture. Un jour, quelqu’un<br />

m’appelle et me dit : “Nous apprécions vos<br />

talents de compositrice et vous proposons<br />

un contrat de publication.” J’ai accepté<br />

même si c’était la scène que je visais. » Elle<br />

56 THE RED BULLETIN

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