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LE CRACK<br />
OU LE JEU<br />
Comment la DYCKMAN LEAGUE,<br />
qui célèbre son 30 e anniversaire<br />
cet été, a offert une alternative à<br />
la drogue pour devenir une place<br />
forte du basket new-yorkais et<br />
transformer un quartier à jamais.<br />
Texte DAVID HOWARD<br />
Photos ANDRE JONES<br />
Bien avant l’arrivée des Kevin<br />
Durant, Kemba Walker et<br />
autres demi-dieux du basket,<br />
les gros sponsors, les caméras,<br />
les rappeurs et la centaine<br />
d’équipes jouant les<br />
soirs d’été devant des foules compactes de<br />
2 000 spectateurs… bien avant tout cela,<br />
il n’y avait que trois potes.<br />
Trois potes, un ballon et un terrain.<br />
Kenny Stevens, Omar Booth et Michael<br />
Jenkins ont grandi ensemble dans les<br />
complexes d’immeubles de Dyckman à<br />
Inwood, au nord de Harlem, tout en haut<br />
de Manhattan, à New York (USA). Amis<br />
depuis leur plus tendre enfance, les trois<br />
jeunes hommes aimaient tous les sports<br />
mais le point culminant chaque année<br />
était la Holcombe Rucker League, un<br />
tournoi de basket-ball à l’échelle de la<br />
ville qui se tenait autrefois à Harlem. Leur<br />
terrain à eux, le noyau de leur vie et de<br />
leur amitié, c’était le Monsignor Kett<br />
Playground. Et bien qu’ils aient grandi et<br />
commencé à s’éloigner les uns des autres,<br />
ce terrain de basket restait le lien qui les<br />
unissait. « Le terrain, explique Stevens,<br />
c’était la maison. »<br />
À l’époque, fin des années 1980,<br />
Stevens était étudiant et jouait au basket<br />
au Kingsborough Community College,<br />
tandis que Booth jouait à West Virginia<br />
State et Jenkins travaillait à plein temps.<br />
Mais quand les longues journées d’été<br />
arrivaient, qu’ils étaient tous rentrés et<br />
réunis à la maison, ils se réjouissaient à<br />
l’idée de trouver des potes pour jouer,<br />
d’acheter des bières, et de s’asseoir dans<br />
le parc pour se marrer et vanner pendant<br />
des heures à propos d’une interception ou<br />
d’un lay-up refusé.<br />
C’était à peu près ce qu’on pouvait<br />
espérer de mieux à Dyckman à une<br />
époque où une épidémie de drogue sévissait<br />
dans le quartier. « Le crack a dévasté<br />
beaucoup de familles, poursuit Stevens.<br />
58 THE RED BULLETIN