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EDITO<br />
PAR MARTINA CAPPUCCIO<br />
Mise à jour européenne<br />
Suite à l’échec des négociations du Brexit, au repli nationaliste à<br />
l’œuvre dans plusieurs pays européens et aux crises sociales et<br />
environnementales qui ont bouleversé le continent, les élections<br />
européennes constituaient un enjeu majeur pour garantir la<br />
cohésion et la force de l’Union.<br />
A l’issue d’un scrutin au taux de participation qui n’avait plus été<br />
aussi élevé (51%) depuis les élections de 1994, le paysage politique<br />
européen fait meilleure figure. Si les sondages et autres intentions de<br />
votes promettaient des scénarii apocalyptiques, force est de constater<br />
que l’Europe n’a pas tant cédé aux tentations eurosceptiques qui<br />
s’esquissaient en son sein.<br />
Le pire a en effet été évité: la vague populiste redoutée n’a finalement<br />
pas submergé l’Europe. Bien que le niveau de l’extrême droite ait<br />
sensiblement progressé dans la majorité des pays européens, seuls<br />
quelques-uns comme la Hongrie, la Pologne, l’Italie, la Belgique,<br />
la France et le Royaume-Uni les ont vu entrer en majorité.<br />
Ces groupements (Europe des Nations et des Libertés (ENL),<br />
Conservateurs et Réformistes européens (ECR), Europe de la<br />
liberté et de la démocratie directe (EFDD)) n’affichent finalement<br />
«que» 172 sièges à eux trois. Les divergences dans leurs programmes<br />
semblent laisser peu de chance à une coalition, mais ils disposeront<br />
tout de même d’un pouvoir certain de blocage qu’ils auront le loisir<br />
de mobiliser pour affaiblir l’Union.<br />
Chamboulée dans sa majorité absolue, quarantenaire et confortable,<br />
l’alliance historique des démocrates-chrétiens (PPE) et des<br />
socialistes-démocrates (S&D) a enregistré un grand recul au profit<br />
des démocrates et des libéraux (ALDE), des Verts et des extrêmes.<br />
Ces derniers ont su renouveler leurs discours respectifs pour<br />
atteindre un public las des partis traditionnels peinant à aligner leurs<br />
programmes aux attentes nouvelles des sociétés modernes.<br />
groupement d’Europe et espère jouer les arbitres entre les deux<br />
pôles qui avaient jusqu’ici traditionnellement composé la majorité.<br />
Les Verts affichent quant à eux une évolution marquée en Europe<br />
de l’Ouest; bien qu’ils n’arrivent premiers dans aucun pays, ils se<br />
placent toutefois à la quatrième position au niveau européen avec<br />
69 sièges.<br />
Les conservateurs du PPE ont aujourd’hui la main pour former une<br />
coalition majoritaire, qu’ils devront composer avec au minimum<br />
deux autres partis. En tant que tête de liste, l’Allemand Manfred<br />
Weber postule au poste de président de la Commission européenne<br />
et estime être favori selon le principe du «Spitzenkandidat», voulant<br />
que la présidence de la Commission soit attribuée à un membre<br />
de la formation rassemblant le plus de voix. Or le PPE, bien<br />
qu’arrivant en tête du scrutin, enregistre tout de même un recul<br />
de 37 sièges et semble donc souffrir du désaveu de ses électeurs…<br />
Cette nomination n’est toutefois pas automatique puisque les<br />
membres du Conseil européen – soit les chefs d’Etats – doivent<br />
sélectionner les candidats à la présidence de la Commission. Ainsi,<br />
Frans Timmermans, membre néerlandais du S&D – passant de 185<br />
à 153 sièges au parlement – et Margrethe Vestager, femme politique<br />
danoise de l’ALDE – à peine troisième formation européenne – et<br />
soutenue par Xavier Bettel, sont également en lice pour succéder à<br />
Jean-Claude Juncker.<br />
Lors du sommet des 20 et 21 juin prochains, le Conseil européen<br />
devra finaliser le choix de ses candidats et de la coalition qui<br />
accèdera au pouvoir avant de soumettre cette sélection aux votes des<br />
eurodéputés fraîchement élus. Les prochaines semaines s’annoncent<br />
donc décisives pour les négociations qui dessineront l’Europe de<br />
demain. n<br />
Passant de 67 à 105 sièges au Parlement européen, l’Alliance des<br />
Libéraux et des Démocrates pour l’Europe a effectivement réalisé la<br />
plus belle progression des élections. Elle devient ainsi le troisième