LIVRE BLANC 2019_ L'enseignement supérieur français acteur mondial
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39 L’enseignement <strong>supérieur</strong> <strong>français</strong> <strong>acteur</strong> <strong>mondial</strong><br />
<strong>2019</strong> <strong>2019</strong> L’enseignement <strong>supérieur</strong> <strong>français</strong> <strong>acteur</strong> <strong>mondial</strong><br />
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Des marques<br />
pour conquérir le monde<br />
Les écoles et les universités <strong>français</strong>es ont pris conscience de la nécessité de soigner cette signature<br />
qui dit leur spécificité. Et de s’appuyer sur la communauté (alumni, entreprises, partenaires académiques),<br />
pour faire rayonner leur marque.<br />
Des afterworks à Séoul, Mexico City<br />
ou Dubaï, un nettoyage de plage à<br />
Sydney et San Francisco, du yoga<br />
déconnecté à New York... De Munich<br />
à Hong Kong, en passant par Mumbai,<br />
Genève ou Nairobi, du 15 au 23 mars<br />
<strong>2019</strong>, plus de 500 diplômés, étudiants et<br />
stagiaires d'Audencia se sont retrouvés autour<br />
d'une trentaine d'événements. Nom de<br />
code : « Audencia Around the World ». Un<br />
évènement inédit pour montrer la présence<br />
de l'école de management nantaise à travers<br />
le monde. Faire rayonner sa marque<br />
est une préoccupation largement partagée<br />
par les établissement d'enseignement <strong>supérieur</strong><br />
<strong>français</strong>.<br />
Se différencier<br />
Au fil des ans, la <strong>mondial</strong>isation, l'évolution<br />
de leur statut juridique, et le besoin de<br />
compenser la diminution des ressources<br />
publiques par le développement de nouvelles<br />
activités, ont conduit écoles et universités<br />
<strong>français</strong>es à prendre conscience<br />
de la valeur de leur marque. Et de la nécessité<br />
de la faire exister à l'étranger.<br />
« Nous évoluons désormais dans un univers<br />
extrêmement concurrentiel soumis<br />
aux mêmes règles que celui du business<br />
classique », analyse Anne Trotoux-Coppermann,<br />
directrice de la communication<br />
de l'Ecole polytechnique.<br />
Une concurrence internationale qui appelle<br />
un besoin de différenciation, grâce<br />
à la « marque ». Matérialisée par un nom<br />
propre, un mot, une expression ou un symbole<br />
visuel, la marque « c'est ce signe distinctif<br />
qui permet au consommateur de<br />
reconnaître un produit ou un service de<br />
ceux proposés par les autres entreprises,<br />
en l'occurrence ici les autres écoles ou<br />
universités ».<br />
Si les écoles de management se sont emparées<br />
de la question de la marque voilà<br />
plus d'une décennie, la réflexion au sein<br />
des universités et des écoles d'ingénieurs<br />
© Audencia BS<br />
est plus récente. Ainsi, l’Ecole polytechnique<br />
s'est dotée d'une direction marketing<br />
il y a seulement deux ans, à l'occasion<br />
du lancement de nouvelles formations<br />
payantes à destination d'une clientèle internationale.<br />
« Historiquement, Il n’y avait<br />
que le cycle ingénieurs polytechnicien, et<br />
nous n’étions pas dans la même nécessité<br />
de recruter des étudiants à l’extérieur »,<br />
décrypte Anne Trotoux-Coppermann.<br />
Un travail sur la marque<br />
Les équipes de communication et de marketing,<br />
plus ou moins étoffées selon les<br />
établissements ont mené ces dernières<br />
années un gros travail autour de la définition<br />
de la marque. Pour preuve : entre<br />
2000 et 2015, 80% des écoles de management<br />
<strong>français</strong>es ont changé de nom.<br />
L'ESC Nantes a été la première, en 2000,<br />
à abandonner la mention à ses origines<br />
consulaires et géographiques, pour devenir<br />
« Audencia ». Ensuite Reims management<br />
school et Rouen Business school ont<br />
fusionné au sein de « NEOMA », BEM et<br />
Euromed sont devenues Kedge BS et, en<br />
2016, l'ESC Dijon a changé de nom pour<br />
« Burgundy school of business » jugée<br />
plus parlante à l’international. A l'inverse<br />
rebaptisée « Rennes School of business »,<br />
l'ESC Rennes, a choisi de conserver la référence<br />
à sa la métropole bretonne pour<br />
se projeter à l'international. « Rennes<br />
est une ville jeune, qui porte bien la dimension<br />
multiculturelle de l'école et qui<br />
combine plusieurs identités qui se renforcent<br />
: Rennes métropole-Bretagne-<br />
Paris-France-Europe », assure son directeur<br />
général, Thomas Froehlicher. Parce<br />
que, insiste Frank Dormont, le directeur<br />
de la communication d’Audencia, « une<br />
marque forte à l'international passe par<br />
une vision claire des missions affichées<br />
et des valeurs de l'école », cette redéfinition<br />
de la marque doit s’appuyer sur un<br />
travail sur la plateforme de marque et<br />
ses axes de différenciation : la finance<br />
© HEC Paris<br />
à l’Edhec, l'aérospatial à TBS, l'agribusiness<br />
à Audencia…<br />
Résultat d'une histoire et d'une perception,<br />
« la marque n'est pas quelque chose qui<br />
se décrète », insiste Anne-Laure Oudinot,<br />
directrice communication et marque<br />
de Grenoble Ecole de Management. D’où<br />
la nécessité d'ancrer sa définition dans<br />
la réalité de l'école et d'y associer l'ensemble<br />
de la communauté. « Grenoble<br />
école de commerce, Lab for society », la<br />
nouvelle marque de l'école grenobloise dévoilée<br />
en avril 2018 est le résultat de deux<br />
ans de réflexion. Deux années au cours<br />
desquelles la business school a interrogé<br />
toutes ses parties prenantes et sondé son<br />
identité, avec la volonté de faire émerger<br />
les valeurs qui permettront de réunir tout<br />
le monde sous le même toit. « Derrière<br />
chaque marque, il y a un imaginaire traduit<br />
par un mot : la Sorbonne, c'est tradition,<br />
UCLA c'est la Californie, commente<br />
Anne-Laure Oudinot. A GEM, nous utilisions<br />
cinq marques, avec des connotations<br />
différentes : en France, GEM<br />
associée à « technologie », « Alpes » ,<br />
« innovation », à l'étranger « Grenoble<br />
International School of Business » est synonyme<br />
d’ « école internationale d’un excellent<br />
rapport-qualité prix...». La nouvelle<br />
identité traduit de plus la volonté<br />
de l'école de contribuer à faire avancer<br />
la société ».<br />
Une marque lisible et<br />
compréhensible quelle<br />
que soit la culture<br />
La capacité d'une marque à rayonner repose<br />
beaucoup sur sa lisibilité.<br />
Un souci pour l'Université Paris-1 Panthéon<br />
Sorbonne qui partage avec d'autres<br />
universités parisiennes cette référence<br />
millénaire qu’est La Sorbonne. « Nous<br />
avons la chance d'avoir cette marque<br />
extrêmement forte qui nous rattache à<br />
Paris, à la France, et qui est l'une des<br />
plus reconnues à l'international, au<br />
même titre que Oxford ou Cambridge.<br />
La difficulté, c'est qu'on fait souvent la<br />
confusion avec d'autres universités porteuses<br />
du nom Sorbonne" » confie Maria<br />
Gravari-Barbas, vice-présidente en charge<br />
des relations internationales.<br />
Le challenge à l'international ? Que le<br />
message soit compris de la même manière<br />
partout. « Au moment de la création de<br />
NEOMA, on s'est assurés que son nom<br />
était intelligible quelle que soit la langue<br />
et n'avait pas de sens caché », indique<br />
Benoît Anger, directeur général adjoint<br />
communication et marketing de l'école.<br />
En effet, chaque pays a ses codes, qui<br />
au-delà, de la traduction, imposent, de repenser<br />
les supports de communication. En<br />
Chine, où l'école dispose d'une équipe dédiée,<br />
le logo et la baseline d'Audencia ont<br />
été traduits en mandarin. « Pour la communication,<br />
comme pour les relations<br />
presse, il faut des gens qui connaissent<br />
le marché, la culture, et même des réseaux<br />
sociaux qui ne sont pas les mêmes<br />
que dans le reste du monde », souligne<br />
Frank Dormont. Impossible également<br />
de se contenter de dupliquer des visuels<br />
au risque de créer la confusion. « Les codes<br />
culturels ne sont pas les mêmes d’un<br />
pays à l’autre. Nous devons donc adapter<br />
les publicités ou couvertures de brochure<br />
selon les régions dans lesquelles nous<br />
communiquons », confie Benoît Anger.<br />
NEOMA travaille avec une agence globale,<br />
pour l'accompagner dans son plan<br />
média. Une nécessité pour être pertinent.<br />
« Ensemble, nous définissons les pays<br />
ou les villes qui nous intéressent, et ils<br />
travaillent avec nous sur la meilleure<br />
manière de toucher les populations qui<br />
nous intéressent », reprend Benoît Anger.<br />
La distance oblige à reconsidérer<br />
sa manière de communiquer habituelle,<br />
quitte à jouer sur les clichés. « A l'étranger,<br />
vous êtes dans le monde des marques<br />
et des réseaux, il faut convaincre très<br />
vite. Et oublier les chiffres pour passer<br />
par des visuels : la carte de France avec<br />
le temps de parcours en TGV qui montre<br />
que Rennes est l'une des villes les plus<br />
proches de Paris, la photo du Mont Saint<br />
Michel… », énumère Thomas Froehlicher.