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LIVRE BLANC 2019_ L'enseignement supérieur français acteur mondial

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43 L’enseignement <strong>supérieur</strong> <strong>français</strong> <strong>acteur</strong> <strong>mondial</strong><br />

<strong>2019</strong> <strong>2019</strong> L’enseignement <strong>supérieur</strong> <strong>français</strong> <strong>acteur</strong> <strong>mondial</strong><br />

44<br />

Campus à l’étranger :<br />

quand la France exporte<br />

ses formations<br />

Casablanca, Shanghai, Singapour, New York…<br />

Longtemps franco-<strong>français</strong>, l’enseignement <strong>supérieur</strong> <strong>français</strong> s’exporte depuis quelques années<br />

à travers ses implantations à l’étranger. Seul ou en partenariat avec des institutions locales,<br />

pour envoyer ses étudiants ou former des locaux, à chacun sa formule.<br />

Les partenaires<br />

à l'étranger<br />

Les campus à l'étranger qui se sont développés<br />

ces dernières années permettent de<br />

nouer des relations privilégiées avec l'écosystème<br />

local et d'attirer des étudiants. Un<br />

travail de longue haleine. Alice Guilhon,<br />

directrice générale de Skema BS, qui s'est<br />

implantée en Chine il y a onze ans, le sait<br />

bien : « D’abord, l’institution doit être<br />

fortement reconnue et le projet exprimé<br />

doit s’insérer dans les attentes du territoire.<br />

Il faut engager des moyens solides<br />

(structure, corps professoral, vie étudiante)<br />

qui ne sont pas de l’ordre d’une<br />

simple antenne, puis faire un travail de<br />

fond pour expliquer ce qu'on va apporter<br />

localement. La reconnaissance arrive<br />

ensuite. L'ouverture de nouveaux campus<br />

conférant plus de valeur aux premiers... ».<br />

Si quelques établissements ont investi<br />

dans des bâtiments en propre, la plupart<br />

sont passés par des accords bilatéraux<br />

avec des institutions. C'est le<br />

cas d' Audencia. « Nous allons faire<br />

rayonner la marque là où nous avons<br />

des alliances, nos partenaires sont de<br />

bons hauts parleurs ! », précise Frank<br />

Dormont. Au-delà des échanges académiques,<br />

et de la formation d'étudiants du<br />

cru, la nouvelle Shenzhen Audencia Business<br />

School va permettre de nouer des<br />

relations avec les grandes entreprises présentes<br />

sur place. Autant de futurs terrains<br />

de stages, et peut-être d'employeurs pour<br />

les étudiants d'Audencia, qui contribueront<br />

ensuite à promouvoir leur école… De<br />

la même manière NEOMA peut compter<br />

sur la Business school de l’Université de<br />

Nankai, avec laquelle elle vient de lancer<br />

un programme conjoint en e-commerce<br />

et un centre de recherche, pour lui servir<br />

de relais. « Nous allons finir de recruter<br />

les étudiants de notre Bachelor commun,<br />

puis nous allons promouvoir la marque »,<br />

explique Yu Lin, vice-doyenne de la business<br />

school chinoise.<br />

HEC a choisi une politique de partenariats<br />

avec les meilleures institutions de<br />

chaque grande région pour exister dans<br />

le monde. Ainsi, sur ses 130 partenariats,<br />

cinq ou six sont particulièrement<br />

stratégiques. C'est le cas du double diplôme<br />

avec Yale dans le cadre du programme<br />

grande école ou des accords<br />

conclus avec la New York University ou la<br />

London School of Economics pour créer<br />

ensemble le MBA Trium. Autant d'expériences<br />

qui permettent « d'être reconnus<br />

sur la scène internationale et d'apporter<br />

de la richesse à la marque et de<br />

la projeter », estime Philippe Oster. De<br />

même, plutôt que de s'implanter à l'étranger,<br />

Rennes SB a décidé de faire venir le<br />

monde à domicile : deux à sept universités<br />

étrangères partenaires devraient prendre<br />

prochainement leurs quartiers sur le campus<br />

rennais.<br />

C. P<br />

5 points à retenir<br />

1. Disposer d’une marque<br />

lisible à l’international<br />

est indispensable pour<br />

se développer.<br />

2. Une marque repose<br />

sur une réputation qui se<br />

travaille chaque jour dans<br />

toutes ses dimensions :<br />

académique, recherche,<br />

communication, etc.<br />

3. La réputation d’une<br />

marque se surveille<br />

comme le lait sur le feu :<br />

il faut notamment bien<br />

regarder ce qui s’en dit<br />

sur les réseaux sociaux.<br />

4. Une marque c’est une<br />

communauté d’<strong>acteur</strong>s :<br />

étudiants, professeurs,<br />

alumni, cadres, chacun y<br />

apporte sa contribution.<br />

5. Les marques doivent<br />

évoluer mais aussi<br />

prendre garde à ne pas<br />

dérouter le public en<br />

changeant trop souvent.<br />

© HBSB<br />

«<br />

En France, on cultive l'esprit critique,<br />

en Allemagne, c'est un enseignement<br />

davantage fondé sur la théorie,<br />

tandis qu'à Varsovie, on va davantage<br />

contextualiser les problématiques au niveau<br />

local…, détaille Léon Laulusa, directeur<br />

général adjoint d'ESCP Europe.<br />

Nos étudiants, en passant d'un campus<br />

à l'autre, sont confrontés à différentes<br />

méthodes pédagogiques. C'est ce qui fait<br />

notre richesse... » La business school, née<br />

en 1999 de la fusion de l’ESCP et d'EAP,<br />

a ainsi fait figure de pionnière en se positionnant<br />

comme une institution européenne<br />

globale. Vingt ans plus tard, elle<br />

offre à travers ses six campus l'exemple<br />

d'une école multipolaire parfaitement intégrée,<br />

à une époque où projeter ses activités<br />

à l'étranger est devenu courant. En<br />

effet, du Canada au Brésil, en passant<br />

par la Chine, l'Inde, l'Ile Maurice ou le<br />

Royaume-Uni, l'enseignement <strong>supérieur</strong><br />

<strong>français</strong> s'exporte à l'étranger depuis déjà<br />

une bonne trentaine d’années.<br />

La France,<br />

4 ème exportatrice<br />

de campus étrangers<br />

© Essec BS<br />

Le campus de Singapour de l’Essec BS<br />

Campus France, l'organisme public chargé<br />

de la promotion de l’enseignement<br />

<strong>supérieur</strong> <strong>français</strong> hors de l'Hexagone,<br />

recensait en 2016 pas moins de 133 implantations<br />

<strong>français</strong>es à l'étranger. En<br />

2014 déjà le centre Global Higher Education<br />

classait la France au quatrième rang<br />

des pays opérateur de campus internationaux,<br />

derrière les trois pays anglo-saxons<br />

que sont les États-Unis, le Royaume-Uni<br />

et l'Australie.<br />

Après une première phase d'internationalisation<br />

dans les années 90, marquée<br />

par le développement des partenariats<br />

académiques, les universités, et plus encore<br />

les Grandes écoles - 80 des quelques<br />

230 écoles membres de la Conférence des<br />

grandes écoles revendiquent un campus<br />

à l'étranger aujourd'hui - ont depuis une<br />

quinzaine d'années largement entrepris<br />

de poser leurs valises à l'étranger.<br />

Derrière ces implantations, le souhait<br />

d'offrir une expérience multiculturelle à<br />

leurs étudiants, de répondre aux besoins<br />

en formation des entreprises à l'international,<br />

de recruter des étudiants étrangers<br />

et aussi de faire rayonner leur marque.<br />

« Sur un marché <strong>mondial</strong>isé, le campus<br />

off-shore est la matérialisation la plus<br />

aboutie d'une politique d'internationalisation<br />

», assure Yves Poilane, président<br />

de la commission Affaires internationales<br />

de la Conférence des grandes écoles et directeur<br />

de Télécom Paris (Institut Polytechnique<br />

de Paris).<br />

On trouve aujourd’hui des campus <strong>français</strong><br />

sur quatre continents. Parmi les<br />

destinations phare l'Asie, dont la Chine<br />

concentre à elle seule près d'un quart des<br />

implantations, est en tête et de loin suivie<br />

par l'Afrique - Maroc, Egypte, Maurice...<br />

- et le Moyen Orient. Étroitement<br />

quadrillée, l'Europe (des campus <strong>français</strong><br />

sont implantés à Londres, Berlin, Barcelone,<br />

Madrid, Budapest, Dublin…) reste<br />

très attractive pour les étudiants <strong>français</strong>.<br />

Encore relativement sous-représentées,<br />

l'Amérique du Nord et l'Amérique<br />

latine sont les deux nouvelles frontières<br />

à conquérir.<br />

Ceux qui ne se sont pas lancés dans<br />

l'aventure, invoquent une stratégie fondée<br />

sur un large éventail de partenaires<br />

académiques, plus riche pour leurs étudiants.<br />

HEC, qui peut compter sur la force<br />

de sa marque pour attirer des étudiants<br />

internationaux, « mise depuis le début,<br />

sur le réseau de partenaires, l'idée étant<br />

de s'associer avec les meilleurs », résume<br />

Iris Ritter, sa directrice des relations<br />

internationales.

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