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L'Essentiel Prépas N°46 - Février 2021

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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FÉVRIER <strong>2021</strong> | N° 46<br />

PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES<br />

ENTRETIENS<br />

Bruno Ducasse (MBS)<br />

Jean-François Fiorina (Grenoble EM)<br />

Delphine Manceau (Neoma)<br />

PAROLES DE PROFS<br />

Conjuguer l’hybridation au pluriel,<br />

en grande école de management<br />

et en classes préparatoires<br />

DÉBAT<br />

Les Grandes écoles<br />

se démocratisent-elles ?<br />

Retour sur les campus.<br />

Mais après ?


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

ÉDITO + SOMMAIRE<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

COMMENT VA-T-ON ORGANISER<br />

LES EXAMENS ?<br />

« Chaque fois que c’est possible, il faut essayer de maintenir les examens<br />

traditionnels », estime la ministre de l’Enseignement supérieur,<br />

Frédérique Vidal. Et jusqu’ici la plupart des établissements tiennent bon sur<br />

l’organisation des examens en présentiel. « La logique est d’essayer d’organiser<br />

des examens en présentiel coûte que coûte », assure ainsi Laurent Champaney,<br />

vice-président de la Conférence des Grandes écoles (CGE). Oui mais là aussi les<br />

étudiants ne sont pas forcément d’accord. Les étudiants en deuxième année de<br />

licence d’économie-gestion de l’université de Créteil ont par exemple lancé une pétition<br />

pour ne pas passer leurs examens en amphithéâtre. L’université a néanmoins<br />

décidé de conserver une organisation en présentiel. D’autant que le recours au distanciel<br />

semble bien amener de nombreux abus.<br />

Plus largement va bientôt se poser la question de l’organisation des<br />

concours d’entrée dans les Grandes écoles. En postbac la disparition des<br />

écrits « classiques » est actée. Regroupant l’ESDES, l’ESSCA et l’IÉSEG, le concours<br />

ACCÈS proposera ainsi à ses candidats en <strong>2021</strong> des épreuves écrites exclusivement<br />

en ligne, les épreuves étant surveillées à distance via webcam et micro. Les<br />

candidats, identifiés par reconnaissance faciale, se rendront depuis leur ordinateur<br />

personnel sur une plateforme sécurisée interdisant la connexion à d’autres services<br />

pendant la durée de l’examen. Du côté des école d’ingénieurs Puissance Alpha a<br />

choisi d’annuler ses épreuves écrites et d’adapter une partie de ses évaluations.<br />

Dans ce cadre l’étude de dossier constituera toujours 60% de la note finale mais<br />

les écrits seront, comme en 2020, remplacées par une seconde note de dossier<br />

individuelle, donnée par chaque école et pour chaque programme auquel le candidat<br />

postule. Les écoles pourront notamment intégrer des critères personnels, comme<br />

la lettre de motivation, le projet de formation motivé, l’engagement citoyen, les appréciations<br />

des proviseurs ou autres données indiquées dans Parcoursup.<br />

Si comme en 2020 les écrits ne semblent pas menacés pour les<br />

concours post prépas les oraux pourront-ils se tenir ? D’ores et déjà le<br />

recours à des oraux distanciés est envisagé comme l’explique Sylvie Jean, la directrice<br />

du programme Grande école de emlyon : « Nous envisageons plusieurs scénarios<br />

en privilégiant les oraux en présentiel. Cependant, nous serons en capacité de<br />

les faire passer à distance si les conditions sanitaires venaient à l’exiger parce que<br />

nous tenons à ce qu’il y ait bien des oraux ». Ce que confirme Delphine Manceau, la<br />

directrice générale de Neoma : « Nous tenons aux oraux parce que cela agrandit<br />

nos critères de recrutement mais aussi parce que c’est le moment où nous faisons<br />

connaître aux étudiants ».<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS DU MOIS<br />

4 • Réforme des concours : les derniers débats<br />

5 • La « consilience » au programme du PGE<br />

de SKEMA<br />

6 • Le bac <strong>2021</strong> s’adapte à la pandémie<br />

7 • Les 150 ans de l’EM Normandie<br />

11 • Audencia triplement réaccréditée<br />

12 • Skema réaffirme son modèle<br />

PUBLI INFORMATION<br />

8 • Le programme Grande école,<br />

ouvrir le champ des possibles<br />

PAROLES DE PROF<br />

8 • Conjuguer l’hybridation au pluriel,<br />

en grande école de management<br />

et en classes préparatoires économiques<br />

ENTRETIENS<br />

20 •Bruno Ducasse, Directeur général de MBS<br />

24 • Delphine Manceau,<br />

Directrice générale de Neoma BS<br />

32 • Jean-François Fiorina, Directeur général<br />

ajoint de Grenoble EM<br />

DOSSIER<br />

27 • Retour sur les campus. Mais après ?<br />

DÉBAT<br />

36 • Les Grande écoles<br />

se démocratisent-elles ?<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo. éditions<br />

Photo de couverture : Grenoble EM<br />

2


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Réforme des concours :<br />

les derniers débats<br />

C’est le sujet de l’année : après la réforme du bac,<br />

après la réforme des classes préparatoires EC comment réformer<br />

les concours d’entrée dans les écoles de management ?<br />

Les idées fusent. Les débats s’exacerbent.<br />

Régulièrement des réunions ont lieu entre les<br />

responsables des concours BCE et Ecricome,<br />

les écoles et les représentants de APHEC. Tous<br />

espèrent trouver des axes de transformation<br />

pour les concours. Notamment pour les rendre plus<br />

attrayants et dynamiser une filière tout juste réformée<br />

dans ses deux premières années. Mais aujourd’hui<br />

deux points cristallisent les oppositions entre les<br />

écoles et les professeurs de classes préparatoires.<br />

Le premier : la volonté d’HEC de ne plus organiser<br />

d’épreuve de contraction de texte. Ce qui ne signifie<br />

par pour autant qu’elle disparait : d’autres écoles<br />

peuvent prendre le relais et Ecricome la conserve.<br />

L’autre point d’achoppement est beaucoup plus<br />

structurel. La banque de langues Elvi et ses écoles<br />

conceptrices (emlyon BS, ESCP, ESSEC et HEC Paris)<br />

considèrent en effet que l’épreuve de traduction ne<br />

convient plus pour leurs écoles. « Au contraire nos<br />

professeurs de langue la considèrent comme essentielle.<br />

Leurs réactions sont donc vives alors qu’on nous<br />

assure qu’il ne s’agit que de pistes de travail », explique<br />

Alain Joyeux, le président de l’Aphec.<br />

Aujourd’hui un groupe de travail s’est<br />

constitué avec notamment l’inspection<br />

générale de langues et des représentants<br />

de l’APHEC. Il va auditionner tous<br />

les acteurs pour prendre une décision<br />

au plus tard en septembre prochain. «<br />

Certaines écoles nous disent qu’elles<br />

veulent valider d’autres compétences que<br />

celles que donne la traduction. Mais les<br />

concours post prépas doivent-ils valider<br />

ce qu’on apprend en classe préparatoire<br />

ou ce qu’on apprend après. Pour nous<br />

les concours sont là pour évaluer l’enseignement<br />

de prépa », rappelle Alain<br />

Joyeux.<br />

Le 26 mars <strong>2021</strong> la troisième édition de la journée<br />

« Continuum CPGE/GE » organisée par l’APHEC,<br />

l’Edhec et HEADway, sera largement consacrée aux<br />

évolutions des concours.<br />

© TBS<br />

Eloïc Peyrache prend la direction de HEC<br />

© HEC Paris<br />

C’est une consécration attendue pour<br />

celui qui incarnait depuis déjà plusieurs<br />

années HEC. Eloïc Peyrache a été nommé<br />

à l’unanimité par le conseil d’administration<br />

de l’école directeur général et<br />

dean d’HEC Paris le 17 janvier <strong>2021</strong>. Il<br />

s’était auparavant vu confier la direction<br />

générale par intérim d’HEC Paris pour<br />

une période de neuf mois par le conseil<br />

d’administration d’HEC Paris le 12 octobre<br />

2020 suite à la démission pour raison<br />

de santé en date du 30 septembre de<br />

Peter Todd. Pendant cette période d’intérim,<br />

le « Search Comittee », en charge<br />

de proposer au conseil d’administration<br />

un candidat au poste de directeur général<br />

d’HEC, poursuivait son travail engagé<br />

depuis cet été. Finalement la décision<br />

a été prise dès janvier <strong>2021</strong>.<br />

Directeur général adjoint en charge de<br />

l’ensemble des programmes du groupe<br />

HEC depuis février 2019, Éloïc Peyrache<br />

est entré dans le groupe en 2003 comme<br />

assistant professeur et a ainsi franchi<br />

tous les échelons en étant notamment en<br />

charge de tous les programmes pré-expérience<br />

de 2009 à 2019. Très impliqué<br />

dans les questions d’inclusion sociale il<br />

est président de la Sextant Foundation for<br />

Education depuis 2016.<br />

Éloïc Peyrache est diplômé de l’École<br />

normale supérieure de Paris-Saclay, agrégé<br />

d’économie et titulaire d’un master<br />

d’économie mathématique et d’économétrie<br />

de la Toulouse School of Economics<br />

(TSE). Il a obtenu son doctorat d’économie<br />

en 2003 et a été doctorant visitant<br />

à l’Université Northwestern de Chicago<br />

(2000) ainsi qu’à l’Université Autonoma<br />

de Barcelone (2001).<br />

4


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

«<br />

La « consilience »<br />

au programme du PGE<br />

de SKEMA<br />

Au xviii ème siècle le philosophe et scientifique<br />

William Whewell invente la notion de « consilience » pour désigner<br />

une convergence de savoirs propre à expliquer un phénomène<br />

historique particulier. Aujourd’hui la consilience fait son entrée<br />

dans le programme Grande école de Skema.<br />

Dans un monde de plus en plus complexe, les<br />

futurs managers doivent être capables de<br />

développer des stratégies associant plusieurs<br />

champs disciplinaires mais aussi de donner<br />

sens à leur action en l’inscrivant dans les grandes<br />

préoccupations de notre temps : l’éthique (dimension<br />

individuelle), la responsabilité (dimension interpersonnelle)<br />

et l’environnement (dimension globale) »,<br />

expliquent Frédéric Munier, professeur de géopolitique<br />

et Rodolphe Desbordes, professeur d’économie qui<br />

co-animent à SKEMA les enseignements du nouveau<br />

parcours « Consilience ».<br />

Le parcours a été pensé autour des trois piliers de<br />

ce que l’école appelle le « SKEMAWay of Learning<br />

(SKWoL) » :<br />

- être auteur (tous les étudiants du parcours Consilience<br />

rédigent des articles dont les meilleurs sont<br />

publiés sur le site Knowledgede SKEMA)<br />

- une pédagogie innovante expérientielle à travers la<br />

participation à des Learning Expeditions) et le mentoring<br />

(les professeurs deviennent des mentors, disponibles<br />

en permanence pour leurs étudiants pour les aider à<br />

comprendre, analyser, entreprendre les différentes<br />

tâches qu’ils ont choisies de réaliser)<br />

- l’hybridation des savoirs (les étudiants sont invités à<br />

développer une approche à 360 degrés des questions<br />

qu’ils étudient).<br />

Frédéric Munier et Rodolphe Desbordes co-animent les cours<br />

© Skema BS<br />

Concours et Covid-19 : les<br />

écoles peuvent s’adapter<br />

En 2020 l’Association pour<br />

la défense de la méritocratie<br />

en classes préparatoires<br />

aux grandes écoles, avait<br />

saisi le juge des référés<br />

du Conseil d’État pour<br />

« enjoindre à la ministre<br />

chargée de l’enseignement<br />

supérieur de prendre toutes<br />

les dispositions nécessaires<br />

auprès des organisateurs<br />

des concours d’accès<br />

aux écoles de commerce<br />

pour que ces concours<br />

comportent également des<br />

épreuves orales ». Selon<br />

le Conseil d’Etat le fait<br />

pour les écoles, qui ont des<br />

« contraintes particulières de<br />

recrutement », d’organiser<br />

sous leur responsabilité légale<br />

des épreuves additionnelles,<br />

notamment orales, alors<br />

même que pour les autres<br />

écoles, seules des épreuves<br />

écrites seront organisées,<br />

« n’est pas constitutive, par<br />

elle-même, pour chacun des<br />

concours en cause, d’une<br />

différence de traitement<br />

entre les candidats ».<br />

Cette décision fait partie<br />

de celles que résume la Lettre<br />

d’information juridique<br />

n° 212, spécial État d’urgence<br />

sanitaire, du ministère de<br />

l’Éducation nationale de la<br />

Jeunesse et des Sports et du<br />

ministère de l’Enseignement<br />

supérieur, de la Recherche<br />

et de l’Innovation (MESRI)<br />

qui vient de paraitre.<br />

Kedge ouvre son programme doctoral<br />

KEDGE accueille depuis plusieurs années<br />

des étudiants doctoraux dans ses<br />

chaires de recherche. Avec le lancement<br />

de son propre programme à la rentrée<br />

2020, l’école a pour objectif de former<br />

des étudiants chercheurs capables d’intégrer<br />

les facultés de prestigieuses écoles<br />

de commerce et universités. « Pour son<br />

année de lancement, la première promotion<br />

du programme compte des étudiants<br />

en provenance de 7 pays différents<br />

et avec des profils très variés. La<br />

qualité des cours et l’intensité du programme<br />

leur permettront une transition<br />

facile vers une future carrière académique<br />

dans les meilleures écoles et<br />

universités du monde », confie Vincent<br />

Mangematin, Doyen et Directeur académique<br />

de KEDGE.<br />

Le programme s’adresse à des candidats<br />

diplômés d’un master parlant couramment<br />

anglais. Il dure de 3 à 4 ans, en temps<br />

complet, sur le campus de Bordeaux ou<br />

Marseille. Il est organisé en deux phases :<br />

• une première phase d’une durée de 18 à<br />

24 mois comprenant une formation aux<br />

méthodes de recherche, la présence et<br />

une présentation aux séminaires de recherches<br />

et à la journée spéciale PhD et<br />

le développement du projet de recherche<br />

en collaboration avec les superviseurs.<br />

• une seconde phase de 18 à 24 mois com-<br />

prenant la rédaction et la soutenance<br />

de la thèse PhD, une présentation aux<br />

séminaires de recherches et à la journée<br />

interne spéciale PhD, la présence<br />

et une présentation aux conférences<br />

extérieures.<br />

© Kedge BS<br />

5


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Le bac <strong>2021</strong> s’adapte<br />

à la pandémie<br />

Décidément la pandémie met bien des bâtons<br />

dans les roues du nouveau bac. Pour « tenir compte de l’impact<br />

de la crise sanitaire sur les conditions de préparation<br />

du baccalauréat général et technologique », Jean-Michel Blanquer<br />

a ainsi décidé plusieurs adaptations des épreuves<br />

pour cette année 2020-<strong>2021</strong>.<br />

La plus spectaculaire des adaptations est l’annulation<br />

des épreuves terminales d’enseignement de<br />

spécialité de mars <strong>2021</strong>. Mais attention : ceux qui<br />

croyaient déjà pouvoir se passer de travailler ces<br />

matières seront déçus. Non seulement elles resteront<br />

évaluées mais jusqu’en juin : les notes de ces épreuves<br />

seront en effet remplacées par les notes obtenues par<br />

les lycéens dans le cadre du contrôle continu à l’issue<br />

des conseils de classe du mois de juin <strong>2021</strong>. Mais ils<br />

peuvent aussi se rassurer : cette évaluation sera bienveillante<br />

puisque les sujets qui devaient être donnés<br />

aux épreuves de mars seront, « à titre exceptionnel »,<br />

divulgués dans la banque nationale de sujets.<br />

Les épreuves du mois de juin sont maintenues selon<br />

le calendrier initial :<br />

- les épreuves du « grand oral » de terminale se dérouleront<br />

du 21 juin au 2 juillet ;<br />

- l’épreuve de philosophie de terminale se tiendra le 17 juin<br />

(elle comportera non pas deux sujets de dissertation<br />

mais trois, qui porteront sur des notions distinctes afin<br />

de couvrir le plus largement possible le programme de<br />

la classe terminale) ;<br />

- pour les élèves de première, les épreuves anticipées<br />

de français écrites se tiendront le 17 juin, les épreuves<br />

orales s’étendront du 21 juin au 2 juillet.<br />

Pour l’épreuve anticipée orale de français, le nombre<br />

de textes à présenter par les élèves sera ramené :<br />

- à quatorze textes minimum (au moins trois extraits<br />

des œuvres intégrales au programme par objet d’étude,<br />

afin de soutenir la préparation des élèves à l’exercice<br />

écrit de la dissertation) dans la voie générale ;<br />

- à sept textes minimum dans la voie technologique<br />

selon la répartition minimale suivante : au moins deux<br />

textes extraits d’une œuvre et un texte pour le parcours<br />

dans le cadre de l’objet d’étude « Littérature<br />

d’idées », auquel est directement corrélé : l’exercice<br />

de contraction et d’essai ; au moins un texte (issu de<br />

l’œuvre choisie ou du parcours) pour chacun des trois<br />

autres objets d’étude.<br />

Le calendrier de transmission des notes des<br />

élèves à Parcoursup est quant à lui maintenu avec<br />

deux phases :<br />

- une première en mars-avril avec les bulletins et<br />

notes de première (résultats des épreuves anticipées<br />

de français, les épreuves de contrôle continu 1 et 2,<br />

la spécialité abandonnée en fin de 1 ère ) ainsi que les<br />

bulletins des 1 er et 2 ème trimestres de terminale ;<br />

- une seconde phase en juin : toutes les notes retenues<br />

au titre des enseignements de spécialité seront<br />

transmises en juin aux établissements d’enseignement<br />

supérieur sans qu’on sache très bien ce qu’ils pourront<br />

en faire à ce moment-là.<br />

Monbacetmoi : un site<br />

pour le nouveau bac<br />

Parcoursup est entré le<br />

20 janvier dans la phase<br />

de candidatures dans<br />

l’enseignement supérieur.<br />

Le choix des spécialités du<br />

bac général est crucial pour<br />

intégrer une filière. Le site<br />

Monbacetmoi a été créé pour<br />

répondre aux questions des<br />

lycéens sur leur orientation.<br />

Des choix de spécialités<br />

et des résultats aux<br />

évaluations, encore plus que<br />

des matières communes<br />

à tous, vont résulter les<br />

décisions des établissements<br />

d’enseignement supérieur.<br />

Pour répondre aux questions<br />

des lycéens, le groupe<br />

spécialisé dans le conseil<br />

dans l’enseignement supérieur<br />

HEADway Advisory a conçu<br />

un algorithme qui permet<br />

de connaître ses chances<br />

d’admission en fonction de<br />

ses choix de spécialités.<br />

Beaucoup de filières ont<br />

travaillé pour donner des<br />

indications sur les choix<br />

de spécialités les plus<br />

adaptés. Pour établir un<br />

algorithme, HEADway s’est<br />

notamment appuyé sur les<br />

conseils qu’elles donnent<br />

sur Parcoursup pour établir<br />

quel choix de « triplettes »<br />

de première et de<br />

« doublettes » de terminale,<br />

ainsi que d’options, était :<br />

- idéal ;<br />

- très adapté ;<br />

- possible ;<br />

- peu adapté.<br />

Monbacetmoi permet<br />

donc à la fois :<br />

- de choisir des filières de<br />

l’enseignement supérieur<br />

et de voir quels choix de<br />

spécialités et d’options<br />

sont les plus favorables ;<br />

- de choisir des spécialités<br />

de première et terminale<br />

pour savoir à quelles<br />

filières elles mènent.<br />

© Puissance Alpha<br />

6


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Les 150 ans de l’EM Normandie<br />

Créée au Havre en 1871, devenue l’EM Normandie en 2002,<br />

l’école caeno-havraise célèbre ses 150 ans en <strong>2021</strong>.<br />

L’EM Normandie a ainsi mis en ligne le 11 janvier <strong>2021</strong><br />

un site Internet dédié retraçant son histoire à travers<br />

le regard de son fondateur, Jules Siegfried.<br />

De nouveaux articles seront publiés tout au long<br />

de l’année : extraits d’archives, témoignages<br />

d’étudiants, de diplômés, de collaborateurs<br />

ou encore de partenaires appelés à partager<br />

leurs souvenirs. Les réseaux sociaux s’animent aussi<br />

au rythme des 150 ans. Un quiz spécial anniversaire<br />

a été imaginé avec une question par mois posée sur<br />

les comptes Instagram et LinkedIn de l’école. L’école<br />

a également imaginé une série de goodies en édition<br />

limitée : polos, t-shirts, sweats, sacs...arborant l’image<br />

de son fondateur ainsi que les trois chiffres 1-5-0 dont<br />

elle est particulièrement fière !<br />

Cette année sera cadencée par des surprises et<br />

des temps forts, comme la présentation du nouveau<br />

plan stratégique de l’EM Normandie au printemps, des<br />

évènements (si la situation sanitaire l’autorise) sur les<br />

campus ainsi qu’une soirée de Gala sur le nouveau<br />

campus du Havre dont l’école a pris possession en<br />

août dernier, dans la grande cité maritime et portuaire<br />

où tout a commencé.<br />

© EM Normandie<br />

Reconnexion<br />

en ligne à Kedge<br />

KEDGE a organisé en<br />

janvier <strong>2021</strong> la « reconnection<br />

week », une semaine de<br />

« partage et convivialité »<br />

100 % digitale pour aborder<br />

le nouveau semestre. 900<br />

étudiants du Programme<br />

Grande École pourront<br />

échanger à l’occasion de<br />

conférences et ateliers<br />

orchestrés essentiellement<br />

autour du développement<br />

durable et du climat. Cette<br />

semaine de séminaire<br />

virtuel était composée de<br />

plusieurs temps forts :<br />

- une conférence de Patrick<br />

Mercier, CEO de Change,<br />

agence spécialisée dans<br />

la bénévolence (capacité<br />

des marques à être utiles<br />

et responsables dans le<br />

quotidien des gens) ;<br />

- une conférence de Tarik<br />

Chekchak, Directeur du pôle<br />

biomimétisme de l’Institut<br />

des Futurs souhaitables ;<br />

- des ateliers BeU de<br />

développement personnel ;<br />

- une simulation d’assemblée<br />

générale des Nations Unies<br />

organisée avec l’association<br />

étudiante SimONU ;<br />

- une réalisation de la<br />

« Fresque du climat ».<br />

Classement des full time MBA :<br />

le grand bond en avant de l’Edhec<br />

25 places de gagnées et une entrée dans<br />

le top 10. Qui dit mieux ? En un an le full<br />

time MBA de l’Edhec est passé de la 32 ème<br />

à la 7 ème place dans le Classement des full<br />

time MBA de The Economist. 2 ème HEC<br />

gagne une place mais se fait souffler la<br />

vedette par l’IE qui lui prend d’un cheveu<br />

la première place. 22 ème emlyon gagne<br />

de son côté 29 places et l’Essec 45 (52 ème )<br />

devant GEM (70 ème ) alors que Audencia,<br />

pour la première fois classée, est 80 ème .<br />

Un seul bémol à la célébration de ces excellents<br />

résultats pour les MBA français :<br />

cette année ont préféré ne pas être classés<br />

les MBA de plusieurs business schools<br />

leaders telle Chicago Booth (première<br />

en 2018 et 2019, il n’y a pas eu de classement<br />

en 2020), Harvard (2 ème et 3 ème dans<br />

les deux derniers classements) ou encore<br />

Northwestern (4 ème et 2 ème ).<br />

Mais ne boudons pas notre plaisir alors<br />

que, selon l’analyse de The Economist,<br />

le MBA retrouve une sorte de deuxième<br />

jeunesse : « Il y a un an le MBA était en<br />

train de tomber de la mode. Avec l’essor<br />

de l’économie mondiale, le coût de ce<br />

diplôme coûteux (les meilleures écoles<br />

facturent 100 000 $ ou plus par an) ne<br />

semblait plus utile à beaucoup. Un an<br />

après selon la dernière enquête mondiale<br />

annuelle menée auprès de plus de<br />

300 écoles de commerce par le Graduate<br />

Management Admission Council, 66 %<br />

des programmes ont vu les candidatures<br />

augmenter ».<br />

EN BREF<br />

• En ce début <strong>2021</strong>, ESCP<br />

présente quatre livres blancs<br />

« s’appuyant sur l’expérience<br />

et l’expertise du corps<br />

professoral de l’école », et<br />

propose une réflexion sur<br />

les « mutations sociétales<br />

et professionnelles ainsi<br />

que leurs conséquences sur<br />

les entreprises et la société<br />

européenne ». Le premier :<br />

« Comment renforcer votre<br />

leadership par l’intelligence<br />

émotionnelle ? »<br />

• L’ICP et l’ESSEC lancent<br />

« la chaire de recherche<br />

et d’enseignement<br />

« Entreprises et bien<br />

commun », sous la direction<br />

de Maurice Thévenet,<br />

professeur de management<br />

(ESSEC), Emilie Tardivel,<br />

professeur de philosophie<br />

(ICP) et Marc Fassier,<br />

professeur d’éthique et de<br />

théologie (ICP). Cette chaire<br />

entend « développer une<br />

recherche pluridisciplinaire,<br />

se situant au croisement<br />

des Humanités et des<br />

sciences de l’entreprise,<br />

et plurisectorielle,<br />

faisant dialoguer des<br />

scientifiques et des<br />

responsables politiques,<br />

économiques et sociaux ».<br />

• Le Tour de France de<br />

la diversité a fait étape<br />

le 21 janvier à Nice en<br />

format digital. À cette<br />

occasion, l’EDHEC<br />

Business School a signé la<br />

Charte de la diversité aux<br />

côtés du Crédit Agricole<br />

Provence Côte d’Azur.<br />

© Edhec BS<br />

7


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PUBLI INFORMATION<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Le programme Grande<br />

École, ouvrir le champ<br />

des possibles<br />

Le Programme Grande École de l’EDHEC repose sur 5 piliers fondamentaux :<br />

l’excellence académique, le choix de parcours individuel,<br />

la richesse de la vie associative, l’accompagnement carrière et les expériences<br />

internationales immersives.<br />

8


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PUBLI INFORMATION<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Pour sa dernière année dans le programme Grande<br />

École de l’EDHEC, Florian Bogner, EDHEC-<strong>2021</strong>, a<br />

choisi de partir un semestre en échange en Suède.<br />

Très impliqué dans la vie associative, ce grand sportif<br />

partage dans cette interview tout ce qui, dans son<br />

parcours, a fait du programme Grande École (PGE),<br />

une expérience unique.<br />

QUEL A ÉTÉ VOTRE PARCOURS AVANT L’EDHEC ?<br />

J’ai intégré l’EDHEC et le Programme Grande École via<br />

le concours AST1, après avoir effectué deux années<br />

de Classe Préparatoire ENS Cachan en Economie, à<br />

Strasbourg. Avant cela, mon parcours fut quelque<br />

peu atypique : pendant de nombreuses années, j’ai<br />

suivi un cursus sport-étude football.<br />

POURQUOI AVOIR CHOISI L’EDHEC ?<br />

La principale raison m’ayant poussé à choisir l’ED-<br />

HEC est l’excellente réputation de l’établissement.<br />

L’EDHEC s’est installée comme l’une des meilleures<br />

écoles de management européennes et cela se<br />

ressent au quotidien, que ce soit dans la qualité de<br />

ses enseignements ou de son image auprès des<br />

entreprises.<br />

La richesse du tissu associatif de l’école a également<br />

été un critère important dans mon choix. Selon moi,<br />

aucune école ne peut rivaliser avec l’EDHEC sur<br />

ce point. De par mon passage en sport-étude, il a<br />

toujours été fondamental pour moi de trouver un<br />

équilibre entre mon parcours académique et mes<br />

activités personnelles. Je considère que c’est un<br />

moyen formidable d’apprendre, de s’enrichir et de<br />

gagner en maturité.<br />

Enfin, l’excellente qualité des services proposés<br />

par le Career Centre représente un réel avantage<br />

compétitif pour notre insertion professionnelle. Ce<br />

point est d’autant plus vrai à l’heure actuelle avec la<br />

crise sanitaire et son impact sur le marché du travail.<br />

VOUS ÊTES ACTUELLEMENT EN M2. DANS LES<br />

GRANDES LIGNES, COMMENT S’EST DÉROULÉ<br />

VOTRE PARCOURS JUSQU’ICI ?<br />

J’ai rejoint l’EDHEC en Pré-Master avant de faire le<br />

choix de rester à Lille et de suivre la filière Business<br />

Management. Durant ces deux premières années,<br />

j’ai été engagé au sein de l’association Raid EDHEC<br />

et j’ai fait partie de l’EDHEC Football Club.<br />

Pendant mon année de césure, j’ai effectué un premier<br />

stage chez EY en France et le second au siège<br />

de chez Porsche en Allemagne.<br />

Actuellement en dernière année du<br />

Programme Grande École, j’ai eu la<br />

chance de pouvoir partir en échange<br />

académique au 1 er semestre malgré<br />

le contexte sanitaire actuel. Au 2 nd<br />

semestre, j’achèverai mon parcours<br />

à l’EDHEC par un stage de fin d’études.<br />

VOUS AVEZ OPTÉ POUR UN ÉCHANGE,<br />

QUE POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE ?<br />

J’effectue en ce moment mon échange<br />

d’un semestre à la Stockholm School of<br />

Economics (SSE), où je suis les cours du<br />

MSc in Accounting, Valuation & Financial Management.<br />

L’EDHEC possède de nombreux partenariats prestigieux<br />

à l’international. J’ai souhaité profiter de<br />

cette opportunité afin d’enrichir mon parcours.<br />

C’était l’occasion de découvrir une nouvelle culture,<br />

de m’ouvrir davantage, tout en suivant des cours<br />

d’excellente qualité dans le domaine vers lequel je<br />

souhaite me spécialiser.<br />

EDHEC Grande École : Répondre à vos aspirations<br />

MICHELLE SISTO, PhD in Finance,<br />

DIRECTRICE DE LA GRANDE ÉCOLE<br />

PROFESSEUR DE SCIENCE DE LA DÉCISION<br />

Choisir une école, c’est engager son avenir.<br />

C’est pourquoi les attentes de nos étudiants<br />

restent au cœur de nos préoccupations. Ce<br />

sont leurs attentes et celles des entreprises<br />

qui guident l’évolution de nos programmes<br />

académiques pour préparer nos étudiants<br />

aux transformations du monde. Pour y<br />

parvenir, nous nous appuyons sur un corps<br />

professoral d’exception, sur une politique de<br />

recherche disruptive, utile aux entreprises,<br />

utile à la société. Nous accompagnons<br />

chaque étudiant pour qu’il développe son<br />

leadership aussi bien que son expertise, et<br />

ce dans un cadre qui favorise la diversité et<br />

qui encourage l’ouverture d’esprit : un tiers<br />

de nos étudiants sont en effet étrangers.<br />

Nous contribuons à votre<br />

professionnalisation tout au long de votre<br />

parcours à l’EDHEC et même après la fin de<br />

vos études de manière personnalisée grâce<br />

à nos services Carrière et Alumni, grâce<br />

à la proximité que l’EDHEC entretient avec<br />

de très nombreuses entreprises qui nous<br />

font confiance. Qui vous feront confiance.<br />

Le programme EDHEC Grande École offre<br />

une multitude de parcours académiques<br />

personnalisables, en France et dans<br />

le monde. Il permet aux étudiants de<br />

s’engager dans des projets associatifs<br />

et entrepreneuriaux, une aventure<br />

humaine, passionnante et inspirante.<br />

Je suis heureuse de diriger la Grande École<br />

EDHEC car je suis convaincue que chaque<br />

étudiant peut exprimer son potentiel à<br />

nos côtés, faire vivre ses ambitions, et<br />

découvrir une expérience de vie unique.<br />

Vidéo :<br />

Michelle SISTO vous présente les 5 piliers<br />

de la Grande École | EDHEC Grande École<br />

9


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PUBLI INFORMATION<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

durant laquelle nous avons réussi à atteindre la<br />

phase finale de la Coupe de France des ESC. Cet<br />

événement, organisé par le Groupe Saint-Gobain,<br />

regroupe les meilleures écoles de commerce et<br />

d’ingénieurs de France à Clairefontaine. En l’espace<br />

d’une semaine, nous avons pu fouler les pelouses<br />

du centre d’entrainement de l’Equipe de France,<br />

bénéficier de leurs infrastructures et même visiter<br />

le « Château » des bleus. Cette expérience unique<br />

restera sans aucun doute encore longtemps dans<br />

nos mémoires !<br />

DANS QUELLE ASSOCIATION ÉTIEZ-VOUS ENGAGÉ ?<br />

J’ai été engagé au sein de l’association Raid EDHEC<br />

durant deux années, dont l’une d’entre elles en<br />

tant que Président. L’association, composée de 50<br />

membres, organise chaque année deux Raids multisports<br />

et un Trail. Ces évènements rassemblent<br />

au total plus de 1 300 participants pour un budget<br />

global d’environ 140k€.<br />

S’investir dans un projet associatif permet de mettre<br />

directement en perspective les connaissances théoriques<br />

avec les réalités du terrain. Dans le cadre de<br />

notre organisation, nous avions par exemple travailler<br />

sur l’établissement d’un budget prévisionnel, d’un<br />

tableau de bord, ou encore sur l’élaboration d’une<br />

stratégie de communication autour des trois événements.<br />

Des thématiques étroitement liées avec<br />

celles étudiées en classe.<br />

C’était également l’occasion pour nous, étudiants,<br />

de développer notre leadership et de nous confronter<br />

très tôt à des problématiques managériales<br />

d’envergure (travail en équipe, prise de décisions,<br />

gestion des conflits au sein d’un groupe) que l’on<br />

retrouvera plus tard en entreprise. De ce point de<br />

vu, l’engagement associatif était un excellent moyen<br />

de professionnaliser notre comportement et de nous<br />

développer humainement.<br />

Au-delà de tous ces aspects, cet engagement associatif<br />

m’a surtout permis de rencontrer des personnes<br />

formidables, qui sont aujourd’hui devenus<br />

de vrais amis avec qui j’ai partagé des moments tout<br />

simplement exceptionnels.<br />

COMMENT ET OÙ SE SONT DÉROULÉS VOS STAGES ?<br />

Pendant ma césure, j’ai pu concilier mes passions<br />

pour la finance d’entreprise et l’industrie automobile.<br />

Après une expérience de 6 mois en Audit chez EY<br />

en France, j’ai traversé la frontière en direction de<br />

l’Allemagne. Pendant 6 mois, j’ai intégré les équipes<br />

chargées des prévisions financières du groupe au<br />

siège de Porsche, à Stuttgart. J’aurai le plaisir d’y<br />

retourner à partir de janvier prochain afin de réaliser<br />

mon stage de fin d’étude, cette fois-ci au sein de<br />

leurs équipes M&A.<br />

QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS AUX FUTURS<br />

ÉTUDIANTS DU PROGRAMME GRANDE ECOLE ?<br />

Prenez confiance en vous et osez ! J’encourage<br />

chaque étudiant à faire preuve d’ambition, en profitant<br />

pleinement des nombreux moyens que l’école<br />

nous met à disposition. L’EDHEC est un excellent<br />

levier permettant à chacun de se développer aussi<br />

bien sur le plan académique qu’humain. L’école place<br />

l’étudiant au cœur de ses problématiques et offre un<br />

nombre incalculable d’opportunités qui ne demandent<br />

qu’à être saisies.<br />

Durant mon année de Pré-Master, j’ai également fait<br />

partie de l’EDHEC Football Club, coaché par Djamel<br />

Haroun, gardien et capitaine de l’équipe de France<br />

de Futsal. Nous avons passé une très belle saison,<br />

10


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Audencia triplement<br />

réaccréditée<br />

Fin 2020, Audencia a obtenu le renouvellement de ses accréditations<br />

EQUIS et AMBA pour la durée maximale de 5 ans. En ce début <strong>2021</strong> la décision<br />

également positive de l’AACSB lui permet de confirmer sa « triple couronne ».<br />

« Audencia boucle son cycle de ré-accréditations,<br />

qui avait débuté en juillet 2020, en voyant une<br />

nouvelle fois sa qualité reconnue et récompensée.<br />

C’est une grande satisfaction pour<br />

l’ensemble des équipes et un capital sur lequel l’École<br />

peut s’appuyer pour poursuivre son développement,<br />

dans le cadre du nouveau plan stratégique qui débute<br />

cette année », se félicite Christophe Germain, le<br />

directeur général d’Audencia.<br />

Dans le cadre de l’audit AMBA, les auditeurs en<br />

charge de l’évaluation ont notamment mis en exergue,<br />

au-delà de la qualité de son programme Grande école :<br />

- le positionnement « stratégique et structurant » de<br />

la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE),<br />

qui fait partie de l’ADN de l’école et impacte à la fois<br />

la recherche et les enseignements ;<br />

- l’attractivité de l’établissement auprès d’excellents<br />

étudiants et sa capacité à les fidéliser en tant<br />

qu’Alumni ;<br />

- les partenariats de qualité noués à l’international avec<br />

de grandes institutions comme Boston University<br />

et Tecnológico de Monterrey ;<br />

- le développement d’outils digitaux internes pour<br />

soutenir l’acquisition des compétences et « l’expérience<br />

» étudiante, grâce notamment à « Tomorrow » ;<br />

- la « proximité et la disponibilité » des salariés administratifs<br />

et des professeurs de l’école au service<br />

des étudiants.<br />

Les auditeurs d’EQUIS ont quant à eux apprécié le<br />

développement global d’Audencia, en soulignant en<br />

particulier :<br />

© Audencia<br />

- le « développement remarquable » réalisé par l’école<br />

via le plan stratégique #Audencia2020 ainsi que la<br />

cohérence dans sa mise en œuvre ;<br />

- l’attention portée aux enjeux économiques et sociaux,<br />

la RSE intégrée au cœur de toutes les activités<br />

d’Audencia ;<br />

- le développement du corps professoral, la multiplication<br />

des programmes (notamment l’intégration du<br />

Bachelor et du DBA ces derniers années) ;<br />

- le développement fort de la recherche, en terme de<br />

nombre et de qualité d’articles publiés ;<br />

- la stratégie de développement continue à l’international<br />

marquée par des partenariats stratégiques<br />

de qualité et le développement des effectifs des<br />

étudiants internationaux ;<br />

- le développement de l’Executive Education et son<br />

« ancrage solide » dans le monde de l’entreprise.<br />

Les auditeurs d’EQUIS ont également mis en avant<br />

l’orientation stratégique d’Audencia vers l’hybridation<br />

des compétences et la multidisciplinarité.<br />

À l’occasion de la visite d’AACSB, les auditeurs<br />

ont souligné :<br />

- le portfolio de programmes proposé à Audencia,<br />

totalement aligné avec les expertises de l’école<br />

(RSE, supply chain…) ;<br />

- une approche d’apprentissage et de pédagogie<br />

innovante pour les étudiants : qu’il s’agisse de la<br />

création de podcasts, du fablab, du learning lab<br />

ou encore des projets réalisés directement avec<br />

les entreprises ;<br />

- la pédagogie par les compétences au sein des programmes,<br />

et la capacité de rendre visible à chaque<br />

étudiant la progression dans ces compétences au<br />

fil du programme, ainsi que le rôle prépondérant<br />

du Pôle Carrière ;<br />

- l’accélération de la transformation digitale au sein<br />

d’Audencia ;<br />

- la place donnée à l’hybridation des compétences<br />

dans le développement de l’école, notamment via<br />

des doubles diplômes de haut niveau dans des domaines<br />

très différents (art, design, droit, sciences<br />

politiques, ingénierie…).<br />

EN BREF<br />

• L’ESC Clermont Business<br />

School a obtenu le<br />

renouvellement de son<br />

visa bac+5 et du Grade<br />

de Master pour 5 ans.<br />

• L’EM Strasbourg Business<br />

School obtient à nouveau<br />

l’accréditation AACSB<br />

pour une durée de cinq<br />

années. Cette distinction<br />

internationale est attribuée<br />

à l’école depuis 2015.<br />

• KEDGE vient d’obtenir<br />

le renouvellement de son<br />

accréditation AACSB pour<br />

une durée de 5 ans. L’école<br />

confirme ainsi sa place<br />

acquise en 2017 au sein des<br />

102 écoles dans le monde<br />

triplement accréditées par<br />

les labels internationaux les<br />

plus renommés : AACSB,<br />

EQUIS et AMBA<br />

11


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Skema réaffirme son modèle<br />

« Nous souhaitons conserver de vrais campus<br />

qui sont des espaces de vie, qui permettent de créer des communautés,<br />

et pas seulement des lieux d’enseignement. »<br />

Alors que son nouveau campus à Paris est<br />

opérationnel, Alice Guilhon, la directrice générale<br />

de Skema BS, en est certaine : « Notre<br />

modèle international est plus que jamais valide<br />

et 1 500 de nos étudiants ont pu partir sur nos campus<br />

cette année. C’est vraiment la preuve que les étudiants<br />

souhaitent toujours autant partir à l’international ! ».<br />

Des effectifs en hausse. Pandémie ou pas 15 % de<br />

candidats internationaux supplémentaires ont frappé<br />

cette année aux portes de Skema. « Tout en sachant<br />

que les conditions d’études ne seraient pas exactement<br />

les mêmes que les autres années ils ont postulé alors<br />

même que les business schools anglo-saxonnes ont vu<br />

leurs effectifs chuter », se réjouit encore la directrice.<br />

Et ses effectifs ont encore plus progressé dans les<br />

mastères spécialisés : +40 % ! pour des programmes<br />

qui s’effectuent en contrats de professionnalisation.<br />

Les projets internationaux restent d’actualité.<br />

Si les projets de développement de nouveaux campus<br />

à l’international de Skema sont en suspens ils ne sont<br />

pas pour autant abandonnés. « Dès que l’Inde se rouvrira<br />

nous serons là-bas pour y travailler. Mais il faut<br />

comprendre que l’ouverture d’un nouveau campus est<br />

un long processus, de l’ordre de deux ans », rappelle<br />

Alice Guilhon. De nouveaux accords d’échanges sont<br />

en revanche toujours d’actualité et notamment en<br />

Chine, à Nankin.<br />

Retour sur les campus. 1 200 étudiants ont été<br />

accueillis sur les différents campus de Skema<br />

en France le 25 janvier. À partir du 1er février ce<br />

sont tous les étudiants volontaires qui pourront en faire<br />

autant. « Nous leur donnons la possibilité de poursuivre<br />

leurs cours à distance s’ils le souhaitent, notamment<br />

des étudiants internationaux qui sont revenus chez<br />

eux et qu’il n’est pas question de les faire revenir pour<br />

deux ou trois mois », explique le vice dean de Skema,<br />

Patrice Houdayer. Au total Skema estime qu’avec les<br />

étudiants en stage ou en césure ce sont environ 60 %<br />

d’entre eux qui reviendront en présentiel. L’école a de<br />

plus prévu de leur faire passer des tests PCR.<br />

C’est sur 30 000 m 2 que Skema a ouvert son campus parisien de Suresnes : 15 000 m 2 sur<br />

l’ancien siège d’Airbus et autant sur le site des usines Blériot, le pionnier de l’aéronautique. Un<br />

investissement de 120 à 150 M€ financé par un crédit-bail et pour lequel Skema a avancé 30 M€.<br />

L’IA pour tous. « Nous souhaitons que 100 % de nos<br />

étudiants du programme Grande école découvrent<br />

l’Intelligence artificielle (IA) », proclame Alice Guilhon.<br />

Pour ce faire l’école crée le Skema IA Institute for<br />

Business. Depuis son rapprochement avec un centre<br />

de recherche canadien, les activités liées à l’IA se sont<br />

fortement développées ces dernières années à SKEMA.<br />

« 21 enseignants-chercheurs y travaillent déjà et ils<br />

seront bientôt 25. Nous voulons faire comprendre à<br />

tous nos étudiants l’importance de l’IA et aller jusqu’à<br />

l’enseignement de la programmation et des algorithmes<br />

dans certaines spécialités », signifie Philippe Monin, le<br />

directeur de la faculté et de la recherche. Etudiante<br />

en master 1 à Paris, Hana Hanafi a ainsi suivi un track<br />

lui permettant d’apprendre les langages R et Python :<br />

« R est utile pour les analyses de données et Python<br />

est aujourd’hui le langage informatique le plus utilisé<br />

et c’est important de les maîtriser. Je voulais profiter<br />

de l’enseignement poussé que j’avais reçu en mathématiques<br />

en classe préparatoire pour continuer dans<br />

cette voie et j’ai choisi ce track dans cet esprit ».<br />

Kedge partenaire<br />

de Courrier Cadres<br />

KEDGE a réalisé l’intégralité<br />

d’un supplément du magazine<br />

Courrier Cadres sur la<br />

thématique du « Management<br />

au féminin ». Ce hors-série<br />

de 24 pages, en kiosque<br />

depuis mi-décembre, est<br />

désormais disponible en libre<br />

téléchargement. KEDGE est<br />

depuis longtemps investie<br />

dans les enjeux liés à la<br />

Responsabilité Sociétale<br />

des Entreprises. Au travers<br />

de ce supplément, l’école<br />

« apporte un regard expert et<br />

décalé sur des préoccupations<br />

fondamentales de la société<br />

en mobilisant une partie de<br />

la communauté KEDGE ».<br />

Sophie Cluzel, Secrétaire<br />

d’Etat chargée des personnes<br />

handicapées et diplômée<br />

de KEDGE, y appelle<br />

notamment à « déconstruire<br />

le plafond de verre ».<br />

© Skema BS<br />

12


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PAROLES DE PROFS<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

VÉRONIQUE<br />

BONNET<br />

vice-présidente<br />

de l’APHEC<br />

pour la voie S et<br />

représentante pour<br />

la culture générale<br />

philosophie : Un<br />

entretien avec<br />

Léon Laulusa,<br />

Executive Vice-<br />

Président de<br />

ESCP, Directeur<br />

général adjoint,<br />

Dean for Academic<br />

and International<br />

Affairs.<br />

CHRISTINE<br />

PIRES<br />

vice-présidente<br />

de l’APHEC<br />

pour la voie E,<br />

représentante<br />

de l’espagnol,<br />

et coordinatrice<br />

des langues :<br />

Une expérience<br />

d’hybridation entre<br />

langue vivante<br />

espagnol et culture<br />

générale, à partir<br />

d’une conférence<br />

de Juan Mayorga<br />

sur le thème<br />

de l’animal,<br />

Conjuguer l’hybridation au pluriel,<br />

en grande école de management<br />

et en classes préparatoires<br />

économiques<br />

Cet article en<br />

prolonge et complète<br />

un autre, également<br />

proposé par<br />

Christine Pires et<br />

Véronique Bonnet,<br />

publié le 13 mars<br />

2020, intitulé Oser<br />

l’hybridation :<br />

de la théorie à la<br />

pratique : https://<br />

blog.headwayadvisory.com/<br />

oser-lhybridationde-la-theorie-a-lapratique/<br />

ENTRETIEN AVEC LE<br />

PROFESSEUR LÉON<br />

LAULUSA, EXECUTIVE<br />

VICE-PRESIDENT DE<br />

LSCP, DIRECTEUR<br />

GÉNÉRAL ADJOINT, DEAN<br />

FOR ACADEMIC AND<br />

INTERNATIONAL AFFAIRS.<br />

Quelle serait votre définition de<br />

l’hybridation ?<br />

Ce terme fut d’abord utilisé en<br />

biologie animale et végétale puis<br />

en linguistique et dans le registre<br />

éducatif. Pour moi, la définition du<br />

terme “hybridation” en management<br />

signifie le croisement, la combinaison<br />

de disciplines, une interaction<br />

inclusive et décloisonnée pour aboutir<br />

à des compétences nouvelles.<br />

Le terme d’hybridation recouvre<br />

plusieurs notions qui vont aujourd’hui<br />

de pair avec :<br />

- la double compétence<br />

- la multidisciplinarité<br />

- l’interdisciplinarité<br />

- la transdisciplinarité<br />

- la transversalité<br />

L’hybridation n’est pas une finalité ;<br />

elle est un moyen pour mieux<br />

appréhender un environnement VICA<br />

(Volatile, Incertain, Complexe et<br />

Ambigu).<br />

Le concept d’hybridation en<br />

management n’est pas récent.<br />

On trouve des exemples qui<br />

s’apparentent au concept de double<br />

compétence dès le 19 ème siècle,<br />

avec par exemple des combinaisons<br />

entre l’expertise managériale et<br />

l’ingénierie. Dans les années 90 on<br />

évoquait l’hybridation des modes de<br />

management dans un environnement<br />

multiculturaliste ou bien encore entre<br />

les secteurs public et privé.<br />

En quoi ESCP a-t-elle récemment<br />

revu dans ses cursus la place<br />

de l’hybridation ? Par la création<br />

de nouveaux cours et nouveaux<br />

savoirs ? Par la reconfiguration<br />

et l’infléchissement de cours<br />

déjà existants ?<br />

Nous avions commencé avec<br />

l’hybridation culturelle grâce à<br />

notre modèle singulier de mobilité<br />

européenne inter-campus. Il<br />

s’agissait pour les étudiants de<br />

mieux développer leur intelligence<br />

13


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PAROLES DE PROFS<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

interculturelle et mieux se mouvoir<br />

entre les cultures. Puis nous<br />

avons développé l’hybridation des<br />

connaissances, leur permettant<br />

d’avoir une meilleure grille de lecture<br />

et de compréhension du monde<br />

sous différentes perspectives. Nous<br />

développons maintenant celle des<br />

compétences pour une meilleure<br />

agilité créative, opérationnelle et de<br />

résolution de problèmes. Pour ESCP,<br />

c’est l’hybridation des 3C : Cultures,<br />

Connaissances et Compétences.<br />

La réforme du programme programme<br />

Grande École MiM mise en œuvre<br />

depuis la rentrée de septembre 2020<br />

est axée sur cette hybridation. Dans<br />

ce contexte, nous avons intégré cinq<br />

dimensions combinées dont tout<br />

diplômé devra acquérir à minima en<br />

termes d’état d’esprit (mindset) :<br />

- les critère ESG : environnementaux,<br />

sociaux et de gouvernance incluant<br />

l’éthique (1),<br />

- la dimension digitale (2),<br />

- la dimension entrepreneuriale (3),<br />

- la dimension multiculturelle (4),<br />

- l’hybridation des expertises (5).<br />

Par exemple, pour la première<br />

dimension (1), nous avons introduit<br />

un séminaire obligatoire en première<br />

année du programme Grande École<br />

(PGE), un cours fondamental sur<br />

le développement durable. Cette<br />

problématique est également diffusée<br />

de manière transdisciplinaire.<br />

Pour la deuxième dimension (2), nous<br />

avons créé depuis septembre 2020<br />

pour les élèves en deuxième année<br />

PGE un séminaire Digital Spark pour<br />

appréhender les problématiques<br />

numériques.<br />

Vue de manière transdisciplinaire, la<br />

dimension entrepreneuriale (3) est<br />

également proposée dans les cours<br />

de spécialisations.<br />

La dimension multiculturelle (4) est<br />

expérimentée notamment à travers<br />

les groupes de travail internationaux,<br />

les cours de management interculturel<br />

et les six approches pédagogiques<br />

différentes au sein de nos 6 campus.<br />

Pour l’hybridation des expertises<br />

(5), nous offrons à nos étudiants<br />

la possibilité d’acquérir la multicompétence<br />

grâce aux spécialisations<br />

et les accords de double diplôme<br />

en France et à l’international, selon<br />

la stratégie ABCDE (Art, Business,<br />

Cultures, Diplomacy, Engineering).<br />

Nos élèves peuvent désormais<br />

choisir une spécialisation sur les 59<br />

proposées au second semestre de<br />

leur deuxième année du PGE (M1)<br />

et poursuivre jusqu’à deux autres<br />

nouvelles en année M2. Ils peuvent<br />

effectuer 3 spécialisations différentes<br />

au total consécutivement durant leur<br />

cursus. Durant la période du premier<br />

confinement, nous avons créé 28<br />

nouvelles spécialisations.<br />

L’hybridation fait-elle partie des<br />

demandes des entreprises ?<br />

Essentiellement pour quelles<br />

carrières ?<br />

L’hybridation en entreprise n’est pas<br />

récente. On parlait de profil double<br />

compétence comme l’ingénieur<br />

commercial, le juriste financier<br />

ou le financier juriste, le business<br />

développer dans l’art. À titre<br />

personnel, dans ma vie antérieure<br />

de dirigeant dans une société<br />

internationale de conseil en 2003<br />

14


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PAROLES DE PROFS<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Léon Laulusa / Crédit ESCP<br />

avant de rejoindre ESCP, je parlais<br />

et proposais déjà des consultants<br />

hybrides pour accompagner des<br />

projets stratégiques dans des<br />

entreprises. Par exemple, ces<br />

consultants maîtrisaient à la fois la<br />

finance et l’assistance à maîtrise<br />

d’ouvrage (AMOA) pour accompagner<br />

le projet de global reporting au<br />

sein d’une société d’assurance<br />

allemande leader européen. A<br />

l’époque, c’était vu comme innovant<br />

car nous étions parmi les premiers à<br />

proposer des consultants disposant<br />

des deux expertises. Alors que<br />

traditionnellement, les autres sociétés<br />

de conseil proposaient des profils<br />

consultants soit financiers soit AMOA,<br />

et non la combinaison des deux<br />

expertises.<br />

Aujourd’hui, les entreprises<br />

recherchent davantage des<br />

profils qui peuvent à la fois avoir<br />

une vision stratégique, globale<br />

et d’hélicoptère, et maîtriser<br />

des compétences pointues pour<br />

délivrer des résultats et initier des<br />

solutions. Nous observons cela<br />

dans tous les secteurs d’activité.<br />

Les profils hybrides permettent<br />

d’assurer des mobilités fonctionnelles<br />

et internationales grâce à leur<br />

adaptation et agilité. Ils peuvent ainsi<br />

progresser plus rapidement dans<br />

leur carrière en interne et externe et<br />

accéder très tôt à des postes à forte<br />

responsabilité.<br />

4) Quelques profils hybrides de<br />

ESCP :<br />

- MIM / Écoles de Saint-Cyr<br />

Coëtquidan (Défense)<br />

- MIM / Institut français de la mode<br />

(Mode)<br />

- MiM / Sotheby’s Institute<br />

of Art - NYC(Art)<br />

- MiM / Ferrandi Paris (Art Culinaire/<br />

Hospitalité)<br />

Félicie Griller étudiante en échange<br />

MiM-Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan<br />

« J’ai participé au Partenariat Grande<br />

École (PGE) organisé entre les écoles<br />

de commerce et l’Armée de Terre, en<br />

février 2020. Après un processus de<br />

recrutement très sélectif, car il n’y a<br />

que 30 places, (lettre de motivation,<br />

entretiens, tests psychotechniques, tests<br />

sportifs), j’ai passé 2 mois à Saint Cyr<br />

Coëtquidan (maison mère des officiers)<br />

pour devenir officier de l’Armée de Terre.<br />

J’ai ensuite été projetée au 1er Régiment<br />

d’Infanterie (nous avons été projetés<br />

dans 30 régiments différents en France<br />

(Artillerie, Cavalerie, Génie et Infanterie).<br />

Au 1er Régiment d’Infanterie, j’ai été<br />

doublée à un lieutenant chef de section<br />

(30 personnes sous ses ordres) lors de<br />

ses missions (formation des hommes<br />

en grande partie). J’ai eu la chance de<br />

participer à beaucoup de séances de tir,<br />

des terrains d’entraînements à différents<br />

- MIM / CentraleSupélec (ingénierie)<br />

- MIM / Mines Paristech (ingénierie)<br />

- MiM / ENSAE (Statistiques)<br />

- MiM / Centre de formation des<br />

journalistes de Paris (Journalisme)<br />

- MiM / Paris 1 Panthéon-Sorbonne<br />

(Droit,....)<br />

Dans quelle proportion des<br />

cursus de ESCP l’hybridation<br />

intervient-elle ? Et à quelle<br />

proportion souhaitez-vous<br />

l’étendre ?<br />

L’hybridation est présente dès la<br />

première année (Pré-Master) du<br />

Master in Management - Programme<br />

Grande école, avec l’intégration des<br />

thématiques liées, notamment aux<br />

ESG, dans les cours fondamentaux<br />

et les séminaires (transdisciplinarité).<br />

endroits de France et également une<br />

mission Sentinelle dans les rues de Paris.<br />

A la fin de ces 4 mois, je suis retournée 2<br />

semaines à Saint Cyr pour participer à la<br />

cérémonie des officiers « Le Triomphe ».<br />

Je suis désormais chef de section de<br />

réserve au 1er Régiment d’Infanterie (1er<br />

RI) où je me rends une fois par mois et<br />

ai donc 30 hommes sous mes ordres.<br />

Le PGE m’a beaucoup apporté. Il m’a<br />

permis de trouver le stage que j’effectue<br />

actuellement chez DCI (Défense Conseil<br />

International), entreprise visant à faire<br />

rayonner le savoir-faire de l’Armée Française<br />

à l’international. De plus, je suis convaincue<br />

qu’apprendre à gérer ses émotions dans des<br />

situations de stress, faim, froid ... est très<br />

bénéfique quand on retourne en entreprise.<br />

Enfin, j’ai vraiment découvert un milieu<br />

qui jusque-là me paraissait très fermé au<br />

public et que je connaissais très mal. »<br />

15


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PAROLES DE PROFS<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Elle est renforcée en deuxième puis<br />

en troisième année (M1 et M2), durant<br />

lesquelles les étudiants peuvent<br />

choisir jusqu’à trois spécialisations<br />

parmi une soixantaine, sur des sujets<br />

très variés mais toujours stratégiques<br />

et actuels, comme la finance de<br />

marché ou l’intelligence artificielle.<br />

Voir également point 2.<br />

Avez-vous le sentiment que<br />

la notion d’hybridation a « fait<br />

école » ? Percevez-vous, dans<br />

les entreprises, ainsi que chez<br />

les institutions partenaires<br />

nationales et internationales, ce<br />

même mouvement de fond ?<br />

Le terme d’hybridation n’est pas<br />

nécessairement employé par les<br />

entreprises, mais la notion est bien<br />

présente, et très recherchée. De<br />

plus en plus de personnes exercent<br />

une multitude de métier au cours de<br />

leur vie professionnelle. L’évolution<br />

constante des métiers, notamment du<br />

fait des outils numériques, nécessite<br />

de s’adapter, voire d’acquérir de<br />

nouvelles compétences de manière<br />

incrémentale ou disruptive. On parle<br />

souvent d’apprendre à apprendre.<br />

Je pense que dans le monde<br />

d’aujourd’hui et de demain, il faut<br />

“apprendre à réapprendre”, grâce<br />

à l’hybridation. C’est le principe de<br />

la formation augmentée tout au<br />

long de la vie, pour continuer de se<br />

former dans différents domaines<br />

d’expertise. On observe que de plus<br />

en plus d’entreprises s’insèrent dans<br />

cette démarche de formation des<br />

collaborateurs.<br />

Les institutions académiques<br />

s’emparent aussi du sujet de<br />

l’hybridation des compétences.<br />

Nous sommes approchés par des<br />

institutions académiques de prestige,<br />

en France ou à l’international, pour<br />

mettre en place des partenariats<br />

hybrides et complémentaires. Si<br />

le phénomène n’est pas récent,<br />

il est intéressant de noter que<br />

les partenariats portent sur des<br />

domaines d’expertise de plus en<br />

plus large. Nous avons depuis de<br />

nombreuses années des accords<br />

de double diplôme avec des écoles<br />

d’ingénieur, ou encore des facultés<br />

de droit au sein d’universités. Dans<br />

Clara Brabet étudiante en double diplôme<br />

MiM-IFM (Institut français de la mode)<br />

« Après une classe préparatoire ECS au<br />

lycée Pierre de Fermat à Toulouse, j’ai intégré<br />

ESCP BS (ESCP Europe en ce temps-là) en<br />

2017. J’ai commencé mon cursus de Master<br />

in Management de manière classique par une<br />

année de Pré-Master, et ai opté pour l’électif<br />

« Stratégie de marque » l’année suivante.<br />

Ayant toujours eu un intérêt pour le<br />

secteur du luxe, j’ai profité de mon année<br />

de césure pour m’immerger dans ce milieu<br />

et découvrir sa réalité. J’ai donc réalisé<br />

l’intégralité de mon année de césure au<br />

sein de la Maison CHANEL, où j’ai passé<br />

6 mois dans la division Parfums-Beauté<br />

au sein de l’équipe E-commerce et 6 mois<br />

dans la division Mode au sein de l’équipe<br />

Formation. À cette occasion, j’ai découvert<br />

plus en détail le monde de la mode et du<br />

luxe et ai été fascinée par les produits,<br />

leur savoir-faire et leur marketing.<br />

Ces deux expériences m’ont convaincue<br />

que je voulais poursuivre dans cette voie et<br />

j’avais à cœur de spécialiser ma formation,<br />

pour en apprendre davantage sur les<br />

différentes catégories de produits et parfaire<br />

ma culture du secteur de la mode et du<br />

luxe. Cela a donc été pour moi une véritable<br />

chance d’avoir l’opportunité d’intégrer à<br />

la rentrée 2020 le double-diplôme avec<br />

l’Institut Français de la Mode, dans le MSc in<br />

International Fashion & Luxury Management.<br />

L’enseignement généraliste et<br />

pluridisciplinaire de ESCP m’a permis<br />

de construire des bases solides et<br />

d’avoir une vue d’ensemble du monde de<br />

le cadre de la stratégie ABCDE<br />

(Art, Business, Culture, Diplomacy,<br />

Engineering) de l’École initiée en 2015,<br />

nous avons développé et renforcé<br />

les partenariats dans ces domaines.<br />

Quelques exemples récents sont<br />

le partenariat de double diplôme<br />

avec le Sotheby’s Institute of Art, à<br />

New York, les Écoles militaires de<br />

Saint-Cyr Coëtquidan, le Centre de<br />

formation des journalistes de Paris,<br />

le MGIMO (prestigieux institut de<br />

l’entreprise, de ses opportunités et de ses<br />

défis, quand l’enseignement spécialisé de<br />

l’Institut Français de la Mode m’offre une<br />

connaissance plus approfondie du secteur<br />

du luxe et de la mode, de ses acteurs, de<br />

son histoire et de son fonctionnement.<br />

J’ai à l’IFM une partie de mes cours sur la<br />

dimension « business » du secteur de la<br />

mode et du luxe, mais dans une approche<br />

plus spécifique aux enjeux de ce milieu. Les<br />

connaissances accumulées lors de mon<br />

parcours à ESCP BS permettent ainsi de<br />

mettre en perspective ces enseignements.<br />

Ce double-diplôme avec l’IFM m’a également<br />

permis de rencontrer de nouveaux<br />

étudiants aux parcours extrêmement<br />

variés (design, histoire de l’art, hôtellerie...)<br />

et aux nationalités diverses. De plus,<br />

je réalise la chance que j’ai d’être dans<br />

un programme qui me passionne et<br />

suis ravie d’apprendre chaque jour.<br />

Ce cursus hybride m’a permis de donner<br />

une dimension supplémentaire à mon profil<br />

et à l’heure actuelle, je suis convaincue<br />

que je veux construire mon parcours<br />

professionnel dans ce secteur, forte de<br />

ce double-diplôme dans deux écoles<br />

d’excellence, chacune reconnue dans son<br />

milieu. Dans un futur proche, j’ai l’intention<br />

de préparer un doctorat en sciences de<br />

gestion en axant ma recherche sur le<br />

secteur du luxe, preuve encore une fois<br />

que cette hybridation fut essentielle à<br />

la construction de mon parcours. »<br />

16


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PAROLES DE PROFS<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

sciences politiques) à Moscou. Toutes<br />

ces institutions cherchent à apporter<br />

une dimension business à leurs<br />

cursus académiques à travers les<br />

programmes de ESCP, et inversement,<br />

dans les domaines d’expertise de<br />

chacune des institutions.<br />

CAS PRATIQUE EN CPGE : UN<br />

ACADÉMICIEN ESPAGNOL<br />

COMME VECTEUR<br />

D’HYBRIDATION…<br />

Réaffirmant nettement la volonté<br />

de « rendre actifs » nos étudiants<br />

et de proposer « des thématiques<br />

croisées avec d’autres disciplines »,<br />

les nouveaux programmes de LVE<br />

offrent des perspectives de travail<br />

transdisciplinaire qui fait ainsi la part<br />

belle à l’hybridation des savoirs.<br />

L’expérience de l’an passé ayant<br />

démontré son intérêt dans la<br />

motivation des étudiants, le désir de<br />

la reconduire cette année en tentant<br />

de repousser les quelques limites<br />

observées ou d’éviter les écueils du<br />

premier essai était très fort. Aussi,<br />

dès que le thème de l’année de Culture<br />

Générale a été connu, Stéphane<br />

Arthur, professeur de Lettres en<br />

CPGE au lycée Voltaire, a de nouveau<br />

choisi d’inscrire à sa bibliographie<br />

des ouvrages en langue étrangère<br />

ou traduits afin d’associer encore<br />

plus intimement nos étudiants à la<br />

construction de leurs références.<br />

Pour la partie Langue espagnole,<br />

après quelques hésitations sur des<br />

classiques très connus et dont les<br />

références n’échapperaient pas à<br />

un correcteur non hispanophile, le<br />

défi premier a été de convaincre<br />

mon collègue de sortir des sentiers<br />

battus et de prendre le risque de<br />

mettre un dramaturge contemporain,<br />

et membre de la Real Academia<br />

Española, dans son programme de<br />

lectures. Philosophe de formation,<br />

Juan Mayorga aborde très largement<br />

le thème de l’animal dans ses pièces<br />

de théâtre et ne pouvait qu’être<br />

magnifiquement exploité. Sa langue<br />

directe, fluide et contemporaine se<br />

prêtant tout à fait à des exercices<br />

de traductions littéraires, nous<br />

évitions les difficultés linguistiques<br />

occasionnées par l’œuvre du XIX e<br />

choisie l’année dernière. Cette<br />

Regards d’étudiants<br />

« Je suis ravi d’avoir eu la chance de<br />

participer à cette conférence, qui s’inscrit<br />

dans la continuité pédagogique de la<br />

CPGE, et je suis conscient que peu de<br />

personnes ont eu une telle opportunité cette<br />

année. Malgré les conditions sanitaires, la<br />

conférence a pu avoir lieu en virtuel et nous<br />

a permis d’échanger avec Juan Mayorga<br />

sur deux livres très intéressants dont un<br />

que j’ai pu lire en espagnol. Grâce à notre<br />

professeur d’espagnol, Madame Pires, que<br />

je remercie d’ailleurs tout particulièrement<br />

ainsi que Monsieur Arthur notre professeur<br />

de lettres, j’ai ainsi pu poser mes questions<br />

à Juan Mayorga. Cette conférence fut fort<br />

enrichissante tant sur le plan culturel que<br />

linguistique puisqu’elle était dispensée en<br />

espagnol. J’en garde un très bon souvenir<br />

et je souhaite à tous les étudiants de<br />

CPGE d’avoir la chance de participer à<br />

une conférence comme celle-ci ! »<br />

Ilyess, ECT2<br />

Je tenais à remercier M Juan Mayorga<br />

pour ce moment de dialogue entre auteur<br />

et lecteur enrichissant. Du fait que l’auteur<br />

réponde lui-même à nos questions et<br />

nous présente directement son point de<br />

vue nous a permis de comprendre le sens<br />

que l’auteur voulait donner à son livre.<br />

C’est pourquoi cette opportunité de mêler<br />

culture générale et espagnol à travers<br />

accessibilité linguiste a même<br />

permis à certains étudiants de lire<br />

la deuxième œuvre en espagnol.<br />

Une lecture en langue source afin<br />

de construire le bagage culturel de<br />

leur future dissertation s’approche<br />

alors sérieusement de l’idée que la<br />

langue vivante doit être un vecteur de<br />

communication, une compétence pour<br />

accéder à d’autres contenus, un outil<br />

linguistique et culturel au service de<br />

celui qui la maîtrise.<br />

Le choix de La Paz Perpetua de Juan<br />

Mayorga a donc été acté, guidé par<br />

l’extraordinaire opportunité que nous<br />

l’œuvre de Juan Mayorga a été un atout<br />

pour approfondir nos connaissances sur<br />

la question de l’animal au centre de son<br />

œuvre et pour pratiquer notre espagnol.<br />

Soraia, ECE2<br />

Nous avons étudié la paix perpétuelle de<br />

Juan MAYORGA un texte mêlant l’humour et<br />

le cynisme qui est très plaisant à lire. Par la<br />

suite, grâce à monsieur Arthur et Mme Pires<br />

nous avons eu l’opportunité de réfléchir à<br />

des questions en espagnol puis de lui poser<br />

en direct après sa conférence sur l’animal qui<br />

est le thème de notre sujet de dissertation.<br />

Avoir le point de vue d’un auteur qui<br />

anthropomorphise l’animal permet<br />

d’avoir une autre dimension que celle<br />

vue en classe, ce qui enrichit notre panel<br />

de connaissances. En outre, le fait de<br />

pouvoir poser des questions directement<br />

à un auteur, qui répond d’ailleurs sans<br />

tabous à des questions qui peuvent être<br />

parfois de l’ordre du privé, permet un réel<br />

échange, et de comprendre des éléments<br />

de l’œuvre d’une autre manière que l’on a<br />

pu les comprendre lors de notre lecture<br />

individuelle. De plus, cela rajoute un lien<br />

entre l’auteur et les lecteurs qui je pense<br />

a été tout aussi plaisant pour nous que<br />

pour Juan MAYORGA en ce temps de crise<br />

sanitaire qui efface tous liens sociaux.<br />

Margot, ECT2<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PAROLES DE PROFS<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Juan Mayorga<br />

offrait la Villa Hispánica, association<br />

loi 1901 dont le but est « d’œuvrer<br />

pour le développement des arts et<br />

de la culture pour tous les publics ».<br />

Cette résidence d’artistes, par le biais<br />

de son président Philippe Merlo-<br />

Morat, professeur à l’Université<br />

Lyon 2, organise -entre autres<br />

évènements- des journées d’études<br />

toujours extrêmement riches et<br />

de grande qualité. C’est donc dans<br />

le cadre de sa programmation<br />

annuelle que la Villa Hispánica avait<br />

prévu de consacrer en avril une<br />

journée d’études à Juan Mayorga<br />

-en présence de l’auteur- composée<br />

six conférences et clôturée par la<br />

représentation de La paix perpétuelle<br />

par une compagnie de théâtre<br />

lyonnaise. Or, la crise sanitaire ayant<br />

contraint à la reprogrammation<br />

de la journée d’études, celle-ci fut<br />

décalée à début octobre. Voyant là<br />

une magnifique opportunité pour nos<br />

étudiants de CPGE de rendre concret<br />

leur apprentissage en assistant à<br />

distance à la conférence introductive<br />

de Juan Mayorga et à la mise en<br />

œuvre de la pièce, La Paz perpetua<br />

a donc été inscrite au programme<br />

de leur étude avec le professeur<br />

de Culture Générale. Pour la partie<br />

‘espagnol’, des traductions de La<br />

tortuga de Darwin étaient privilégiées.<br />

Les retours des étudiants après les<br />

vacances estivales ont été unanimes<br />

sur la pièce La Paix Perpétuelle.<br />

Faisant part de leur enthousiasme<br />

concernant cette pièce et La Tortuga<br />

de Darwin à Philippe Merlo-Morat,<br />

un projet encore plus riche prenait<br />

forme : Juan Mayorga, faisant<br />

preuve d’une incroyable générosité,<br />

acceptait de construire son discours<br />

inaugural, prononcé à l’Instituto<br />

Cervantes de Lyon, autour du thème<br />

de… l’animal ! Mieux, nos étudiants<br />

bénéficieraient d’un temps d’échange<br />

avec l’Académicien pour aborder<br />

avec lui les questions nées du cours<br />

de Culture Générale ! Saisissant<br />

cette rare et unique chance pour<br />

nos étudiants d’échanger avec un<br />

auteur d’une telle richesse, Stéphane<br />

Arthur a axé son étude autour de ces<br />

deux pièces : « Deux œuvres ont été<br />

exploitées : La tortue de Darwin et<br />

La Paix perpétuelle. La première met<br />

en scène la théorie de l’évolution de<br />

Darwin et par contraste la régression<br />

morale de l’homme. La seconde,<br />

dont le titre fait référence à Kant,<br />

suggère l’inhumanité de l’homme et<br />

l’importance pour ce dernier de faire<br />

le pari de l’humain, sur le mode du<br />

pari pascalien. Pièce qui évoque le<br />

dressage de l’individu à la violence. Il<br />

ressort de ces deux pièces de théâtre<br />

de Mayorga que l’animal humain s’est<br />

éloigné de sa nature première, d’où<br />

la nécessité selon le dramaturge de<br />

revenir à la nature en considérant le<br />

modèle animal, conformément à la<br />

démarche stoïcienne (évoquée dans<br />

La Paix perpétuelle) »<br />

L’hybridation des savoirs ne se<br />

suffisant plus des traductions de<br />

textes en espagnol et de l’étude des<br />

œuvres en Lettres, elle fondait alors<br />

complètement, grâce à ce projet,<br />

les deux disciplines pour une lecture<br />

en langue source de La tortuga de<br />

Darwin, des extraits à traduire et<br />

les questions découlant du cours<br />

de Culture Générale, à poser à Juan<br />

Mayorga en espagnol.<br />

Préparés, motivés et très organisés,<br />

nos étudiants se sont donc connectés<br />

au Zoom que nous avons mis en place<br />

à l’Instituto Cervantes le jour J et ont<br />

ainsi pu assister à une conférence<br />

de l’auteur consacrée au thème de<br />

l’animal dans son œuvre globale, puis<br />

échanger avec lui directement, sans<br />

tabous ni langue de bois, lui posant<br />

des questions pointues, précises<br />

et exigeantes. Cet échange avec<br />

des « jeunes » étudiants français a<br />

manifestement été apprécié par Juan<br />

Mayorga, puisqu’il leur a proposé de<br />

lui faire parvenir les questions non<br />

posées faute de temps et à revenir<br />

plus précisément sur certaines autres<br />

formulées ce soir-là. La seule petite<br />

anicroche au projet fut l’annulation<br />

de la pièce de théâtre 24h avant sa<br />

représentation, une des actrices<br />

principales étant cas contact. Le<br />

contexte sanitaire n’ayant fait que<br />

s’aggraver par la suite, la pièce qui<br />

doit être enregistrée pour diffusion<br />

à nos étudiants n’a toujours pas pu<br />

être jouée. Cela a parfaitement été<br />

compris par nos préparationnaires<br />

qui, après un échange si proche et<br />

humainement riche avec l’auteur, n’ont<br />

pas l’ombre d’un regret.<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PAROLES DE PROFS<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Cette expérience unique, grâce à la<br />

générosité extrême de l’Académicien<br />

espagnol et du président de la Villa<br />

Hispánica, en plus de motiver nos<br />

étudiants, leur a permis de considérer<br />

la langue espagnole comme un<br />

moyen de devenir acteurs de leur<br />

apprentissage en se servant d’un outil<br />

linguistique au service de la culture<br />

« ibéro-générale ».<br />

Pour Stéphane Arthur, « Les<br />

professeurs ont pratiqué avec<br />

bonheur cette hybridation,<br />

apprivoisant par là même les<br />

spécificités propres à leurs matières<br />

respectives. » et semble prêt à<br />

continuer son immersion ibérique sur<br />

le thème de l’année prochaine.<br />

Pleinement convaincue que de la<br />

motivation découle l’intérêt pour<br />

une langue, l’hybridation des savoirs<br />

est plus que jamais la clé pour un<br />

public étudiant de plus en plus<br />

éveillé, exigeant et concerné par<br />

ses apprentissages lorsqu’il intègre<br />

son École après ses deux années de<br />

CPGE.<br />

Si l’hybridation devrait être la norme<br />

de l’enseignement des langues<br />

vivantes dans les Écoles, ces projets,<br />

que la liberté pédagogique réaffirmée<br />

dans les programmes de LVE nous<br />

permet de monter, supposent un<br />

travail hors sentiers battus et ne<br />

peuvent être que ponctuels en CPGE.<br />

Toutefois, au vu de la motivation<br />

et l’intérêt générés chez nos<br />

préparationnaires, il ne fait aucun<br />

doute que nous poursuivrons cette<br />

expérience espagnol/culture générale<br />

même s’il sera difficile à l’avenir<br />

d’atteindre ce degré de participation !<br />

À moins que la Villa Hispánica ne nous<br />

réserve encore de belles surprises…<br />

Philippe Merlo-Morat, Président de la Villa Hispánica<br />

agrégé, professeur des Univesités<br />

Spécialiste littérature espagnole<br />

contemporain, art et histoire des<br />

arts (domaine hispanique)<br />

Lorsque Christine Pires m’a contacté<br />

pour savoir si LA VILLA HISPANICA<br />

souhaiterait collaborer avec les élèves<br />

et les professeurs de CPGE, la réponse<br />

était plus qu’évidente : oui ! bien sûr !<br />

Tout d’abord parce que, comme le précise<br />

ses statuts, « La VILLA HISPÁNICA est<br />

une institution qui vise à favoriser la<br />

connaissance, la diffusion et le partage<br />

des arts et de la culture associés à la<br />

recherche et à l’enseignement. Elle souhaite<br />

dynamiser les échanges et les rencontres<br />

entre enseignants-chercheurs travaillant<br />

dans le domaine des arts (arts plastiques,<br />

peinture, sculpture, photographie, cinéma,<br />

graphisme, publicité, bandes dessinées,<br />

communication, image numérique, image<br />

virtuelle, musique, chant…) et les artistes,<br />

les créateurs contemporains et ceux du<br />

passé, et ce, dans tous les arts ». La VILLA<br />

HISPÁNICA se donne pour objectif de<br />

développer les relations entre les créateurs,<br />

les chercheurs, les enseignants et les<br />

élèves de l’école maternelle à l’enseignement<br />

supérieur et le public le plus large possible.<br />

Rien de plus naturel donc que d’accueillir<br />

des élèves et des enseignants de CPGE et<br />

cela d’autant plus que j’en suis un ancien<br />

(HK et K2 et K3 lycée Joffre à Montpellier).<br />

L’hybridation ? mais c’est la<br />

quintessence même de la VH !<br />

Hybridation sur le fond avec la volonté<br />

affirmée de croiser les domaines des<br />

connaissances, de toutes les disciplines.<br />

Dans une volonté très synesthésique,<br />

la VH se veut le lieu de toutes les<br />

hybridations inter-icono-sono-textuelles :<br />

hybridation-interdisciplinarité.<br />

Hybridation sur la forme avec des<br />

rencontres avec des créateurs et des<br />

conférenciers en présentiel et une grande<br />

partie du public en visio à cause du nombre<br />

limité de places possibles en présentiel<br />

(COVID oblige). Nous avons d’ailleurs testé<br />

cette forme hybride lors de journée d’études<br />

intitulée « Le Greco éternel » (10 décembre<br />

2020) avec plus de 300 connexions et<br />

dans le monde entier (Hexagone, Antilles,<br />

Polynésie Française, Réunion, Espagne,<br />

USA) ! Un très grand succès... comme<br />

quoi les temps que nous vivons nous<br />

aurons amené à nous adapter et à trouver<br />

de nouvelles formes de transmission du<br />

savoir accessible à un plus grand nombre,<br />

même si le présentiel ne sera jamais<br />

remplacé : hybridation-ouverture.<br />

Hybridation des publics puisque notre but<br />

est de faire se rencontrer des spécialistes<br />

et les non spécialistes, du public « local »<br />

du Beaujolais, du Lyonnais, du Maconnais<br />

afin de s’ouvrir à l’international et faire<br />

que l’international se rapproche des<br />

territoires où les arts et la culture sont<br />

moins présents : hybridation-échange.<br />

Hybridation linguistiques et culturelles.<br />

La VH est, comme l’indique son nom, un lieu<br />

n’échange hispanique (je suis hispaniste<br />

de formation et je ne l’oublie pas) mais la<br />

volonté affirmée de l’institution est d’être<br />

ouverte à toutes les cultures, toutes les<br />

zones géographiques afin de montrer les<br />

multiples formes de dialogues et cela à<br />

travers toutes les langues. Nous avons déjà<br />

accueilli une troupe de théâtre anglaise,<br />

une exposition de kakémonos chinois. Nous<br />

allons accueillir une exposition sur l’art de<br />

la vigne, du vin et du Beaujolais, après celle<br />

intitulée « México, mi familia » et « Il était une<br />

fois l’Espagne » : hybridation-international<br />

Dans ainsi que nombreux sont les<br />

projets déjà pensés et à penser<br />

entre La VH et les CPGE :<br />

- master class,<br />

- rencontres avec des artistes<br />

- préparation aux oraux des concours<br />

en petit groupe en un lieu unique<br />

- séjour d’un week-end à une semaine<br />

ou plus puisque la VH peut loger jusqu’à<br />

une vingtaine de personnes et propose<br />

différentes salles de travail (salle des<br />

arts, salle aux miroirs...), jardins, cour...<br />

Au plaisir donc de travailler étroitement<br />

ensemble, CPGE et VH, et de tisser<br />

ensemble, toutes les hybridations possibles.<br />

19


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Bruno Ducasse<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE MBS<br />

« L’alternance, c’est le meilleur véhicule<br />

de l’ouverture sociale dans les Grandes Écoles »<br />

La quasi totalité de ses étudiants en<br />

programme Grande école de troisième<br />

année suit son année en alternance.<br />

MBS est l’école de commerce la plus<br />

investie dans un processus qui séduit de<br />

plus en plus les étudiants. Son directeur<br />

général, Bruno Ducasse, revient avec<br />

nous sur cette spécificité tout en faisant<br />

le point sur son activité en cette année<br />

de pandémie.<br />

Olivier Rollot : C’est la question du<br />

moment : comment Montpellier BS vitelle<br />

ces semaines de distanciation et de<br />

confinement ?<br />

Bruno Ducasse : En septembre 2020 tous les primo-entrants<br />

de tous les programmes – et même de<br />

deuxième année du programme Grande école – ont<br />

pu faire leur rentrée sur notre campus. Les autres ont<br />

fait leur rentrée à distance. Puis d’octobre à fin janvier<br />

tous les cours ont eu lieu à distance. Tout en laissant<br />

la possibilité de venir sur le campus aux étudiants qui<br />

ont besoin d’avoir accès à des salles informatiques<br />

pour, là aussi et c’est le paradoxe, suivre leurs cours<br />

à distance.<br />

Suite aux récentes autorisations du ministère de l’Enseignement<br />

supérieur, de la Recherche et de l’Innovation<br />

(MESRI), nous allons pouvoir accueillir dès le 1er février,<br />

le plus d’étudiants possible sur un modèle hybride<br />

présentiel / distanciel. Toutes nos salles sont équipées<br />

pour des cours hybrides en direct et interactifs avec le<br />

système LINC (Live INteractive Classroom). Et presque<br />

tous nos cours sont des « travaux dirigés » car nous<br />

n’en délivrons quasiment aucun en amphithéâtres.<br />

O. R : Quel pourcentage d’étudiants souhaite<br />

absolument revenir sur les campus ?<br />

B. D : Beaucoup d’étudiants souhaitent également<br />

continuer à travailler à distance. Et notamment des<br />

alternants. C’est très hétérogène selon les programmes :<br />

de 25 % seulement chez les étudiants qui suivent leur<br />

cursus en apprentissage en Programme Grande École<br />

à 75 % en 1 ère année du Bachelor. Au début de l’année<br />

scolaire, cela aurait été différent mais aujourd’hui<br />

beaucoup sont rentrés dans leur famille et ont rendu<br />

les clés de leur studio. Avec l’incertitude permanente<br />

qui règne, ils se demandent si cela vaut la peine d’engager<br />

des frais pour revenir sur le campus pour un<br />

temps inconnu.<br />

O. R : Montpellier BS est souvent considérée<br />

comme l’école de commerce de l’alternance.<br />

Quel pourcentage de vos étudiants suit<br />

aujourd’hui ses cours en alternance ?<br />

B. D : Jusqu’à 92 % dans la troisième année de notre<br />

programme Grande école (PGE). En fait ce sont essentiellement<br />

les étudiants étrangers qui ne suivent<br />

pas leur cursus en alternance à ce stade. En tout nous<br />

accompagnons plus de 1 400 étudiants alternants<br />

dans l’ensemble des programmes : 1 300 en PGE et<br />

100 en Bachelor.<br />

© MBS<br />

Bruno Ducasse<br />

51 ans, est directeur général<br />

de Montpellier Business<br />

School depuis avril 2019. Luimême<br />

diplômé du programme<br />

Grande école de MBS<br />

(promotion 1993) il était<br />

auparavant directeur général<br />

de la chambre de commerce<br />

et d’industrie de l’Hérault<br />

depuis 7 ans, après en avoir<br />

été le directeur financier.<br />

Il suivait ainsi de près la<br />

gestion et le fonctionnement<br />

de l’école et a piloté son<br />

autonomisation en association<br />

fin 2012. Il participait<br />

également aux réunions de<br />

la gouvernance de MBS<br />

depuis plusieurs années.<br />

20


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Les contours du nouveau<br />

campus se précisent<br />

© MBS<br />

Montpellier BS se présente comme l’école de l’alternance et de la diversité<br />

O. R : Le succès de l’apprentissage suite<br />

à la réforme et aux aides apportées<br />

aux entreprises est magistral en 2020.<br />

Seulement son financement n’est pas assuré<br />

et certains remettent particulièrement en<br />

cause le montant auquel sont financés les<br />

contrats dans l’enseignement supérieur.<br />

Comment analysez-vous la situation ?<br />

B. D : L’alternance, c’est le meilleur véhicule de l’ouverture<br />

sociale dans les Grandes Écoles. Je trouve très<br />

paradoxal de soutenir l’alternance tout en pensant<br />

réduire le financement pour l’enseignement supérieur.<br />

La réforme n’a pas été préparée en s’appuyant sur des<br />

données fiables. Le gouvernement a navigué à vue<br />

sans trop savoir où il allait. Mais pourquoi aujourd’hui<br />

défavoriser les jeunes alors que, encore plus en temps<br />

de crise, c’est le mode de formation idéal pour acquérir<br />

à la fois une véritable expérience professionnelle et un<br />

diplôme. L’apprentissage permet de financer le cursus<br />

d’étudiants qui n’en auraient sinon pas les moyens.<br />

Recruter des étudiants de milieux sociaux modestes<br />

grâce à l’alternance est profondément ancré dans l’ADN<br />

de MBS. Réduire le financement de l’alternance signifie<br />

dépenser plus pour devoir ensuite soutenir des jeunes<br />

sans emploi après leurs études.<br />

L’état doit comprendre que maintenir le financement de<br />

l’apprentissage dans les Grandes Écoles est la seule<br />

voie crédible pour une ouverture sociale significative.<br />

Nous le prouvons depuis 20 ans à MBS et sommes<br />

disponibles pour le démontrer<br />

O. R : Mais que ferez-vous si la valeur du<br />

« coût contrat », le montant auquel sont<br />

financées les formations en alternance, est<br />

bien revu à la baisse ?<br />

B. D : Depuis la mise en place de la réforme, nous<br />

craignons que la valeur du « coût contrat » soit en<br />

effet revue. Une clause de « revoyure » était d’ailleurs<br />

prévue et une baisse de 25 % des montants versés<br />

pour l’enseignement supérieur programmée. Cela<br />

devait être progressif, mais il semble que cela pourrait<br />

se faire en une fois en 2022-23.<br />

Nous avons gagné un an de répit par rapport aux premières<br />

annonces de l’automne 2020 où cette révision des<br />

coûts contrats était envisagée en <strong>2021</strong>-22. L’ensemble<br />

des Grandes écoles va mettre à profit ce délai pour<br />

sensibiliser le gouvernement. Lui faire comprendre<br />

que ce n’est pas parce qu’on est une Grande école que<br />

tous les étudiants ont forcément les moyens de payer<br />

les frais de scolarité et que le coût contrat peut être<br />

abaissé sans concertation.<br />

Mais nous réfléchissons également à des solutions.<br />

Par exemple, alors que 80 % des entreprises avec<br />

lesquelles nous contractons se positionnent au niveau<br />

de notre coût contrat, dans 20 % d’entre elles il y a<br />

ce que nous appelons un « reste à charge ». D’où une<br />

négociation qui aboutit à un accord dans 95 % des<br />

cas. En 2022 ne serons sans doute appelés à négocier<br />

sur des montants de « reste à charge » plus élevés.<br />

Parmi 122 candidatures, le<br />

jury du concours de maîtrise<br />

d’œuvre du nouveau campus<br />

de MBS a arrêté son choix mi<br />

janvier <strong>2021</strong> sur 4 équipes.<br />

Elles ont désormais deux<br />

mois pour présenter leur<br />

projet pour un nouveau<br />

campus qui se situera à 15<br />

minutes du centre historique<br />

en vélo ou en tramway au<br />

sein de la ZAC Cambacérès,<br />

futur quartier éconumérique<br />

de Montpellier.<br />

Le projet regroupe<br />

Montpellier Business<br />

School, l’établissement<br />

de Montpellier du CFA<br />

PURPLE (anciennement Sud<br />

Formation), le siège de la<br />

CCI de Hérault et l’antenne<br />

montpelliéraine de la CCI<br />

Occitanie, pour un total de<br />

28 000 m² de surface de<br />

plancher. Au cœur de ce<br />

quartier labellisé « Écocité »,<br />

le campus sera construit<br />

en matériaux durables<br />

et avec une gestion des<br />

ressources en eau conformes<br />

au label Bâtiment Durable<br />

Méditerranéen (BDM) et<br />

devra « répondre aux plus<br />

hauts standards pédagogiques<br />

et environnementaux<br />

internationaux ».<br />

21


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

MBS ouvre un nouveau<br />

fonds de solidarité<br />

© MBS<br />

92% des étudiants de 3ème année du programme Grande<br />

école suivent leur cursus en alternance<br />

De même le mécénat se développe et peut concourir<br />

au financement des contrats. Autre solution : financer<br />

le reste à charge avec des frais de scolarité non directement<br />

liés à la pédagogie. À condition que ces frais<br />

restent marginaux pour les alternants.<br />

Enfin certaines écoles modulent leurs frais de scolarité<br />

en fonction des ressources des familles. Nous pourrions<br />

envisager d’en faire autant pour les alternants.<br />

O. R : Vous avez l’intention de vous implanter<br />

à l’étranger ?<br />

B. D : Nous sommes déjà implantés à Dakar depuis 7 ans<br />

pour y délivrer un bachelor et de la formation continue.<br />

Dans le cadre de notre plan stratégique nous avons<br />

également l’ambition de développer des partenariats<br />

avec des établissements étrangers pour être présents<br />

en Amérique – au sens large – comme en Asie.<br />

Alors que le reconfinement<br />

faisait ressurgir un risque<br />

financier chez les étudiants,<br />

MBS a créé un nouveau<br />

fonds de solidarité de<br />

100 000 € pour venir en aide<br />

aux étudiants les plus en<br />

difficulté. Il vient renforcer<br />

le dispositif de bourses<br />

supplémentaires mis en<br />

place en avril 2020. De plus<br />

MBS proposer aux familles<br />

en difficulté un report du<br />

paiement de la mensualité<br />

des frais de scolarité du<br />

mois de décembre.<br />

O. R : En septembre 2020 Montpellier BS<br />

s’est transformée en MBS. Pourquoi ce<br />

changement d’appellation ?<br />

B. D : C’est clairement dans la volonté d’être plus<br />

international. Montpellier BS n’est pas signifiant en<br />

dehors de nos frontières. Au-delà de l’Europe en tout<br />

cas. Pour autant nous gardons bien les mêmes initiales<br />

et Montpellier reste dans notre logo. Le tout avec un<br />

graphisme qui montre notre ouverture et notre diversité<br />

et une base line #making a difference qui nous permet<br />

d’être plus présents sur les réseaux sociaux. Un symbole<br />

qui marque notre empreinte en matière de diversité.<br />

Enfin notre nouvelle couleur, un bleu mais plus moderne,<br />

exprime notre volonté d’être moins « institutionnels ».<br />

Le tout sans non plus déboussoler les acteurs locaux.<br />

O. R : En termes de recherche Montpellier<br />

BS est très impliquée dans la RSE<br />

(responsabilité sociétale des entreprises).<br />

C’est vraiment votre axe stratégique ?<br />

B. D : MBS est l’a grande école de management leader<br />

en matière de diversité et d’ouverture sociale. Jusqu’à<br />

présent nous avons essentiellement travaillé sur le<br />

« S » (« Social ») de RSE. Aujourd’hui nous voulons y<br />

ajouter le « E » (« Environnement »).<br />

D’abord en étant nous-mêmes exemplaires dans la<br />

construction de notre nouveau campus. Nous avons<br />

aujourd’hui sélectionné quatre architectes et nous<br />

déciderons au printemps du projet retenu qui verra<br />

le jour en 2024. Ce sera un bâtiment à très bas bilan<br />

carbone et à énergie positive dans un quartier qui se<br />

veut exemplaire.<br />

Par ailleurs nous allons développer en <strong>2021</strong>-22 des<br />

formations et proposer aux étudiants de passer des<br />

certificats sur différentes thématiques ayant trait à la<br />

RSE. En 2022-23 nous généraliserons ces certificats<br />

dans le PGE comme dans nos MSc.<br />

22


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Nous avons également créé une chaire en sustainability<br />

et un « Yunus Center » (du nom du Prix Nobel de la Paix<br />

2006) pour travailler sur les questions de microfinance<br />

dans les pays développés. C’est le cinquième centre<br />

en France en recherche, pédagogie et expériences<br />

concrètes sur cette matière.<br />

O. R : Les concours d’entrée dans les écoles<br />

de management avancent à grands pas<br />

mais leur organisation pourrait, encore une<br />

fois cette année, être remis en cause par<br />

la pandémie. Comment pensez-vous vous<br />

organiser ? Notamment pour le passage des<br />

oraux.<br />

B. D : Le passage des oraux à distance est une solution<br />

envisageable. Soit en direct, soit en asynchrone pour<br />

permettre aux candidats de se présenter. Nous le<br />

pratiquons d’ailleurs déjà pour recruter nos étudiants<br />

internationaux. Si nous préférerions évidemment recevoir<br />

les candidats sur notre campus, nous devons<br />

nous montrer responsables. Nous entendons former<br />

des managers responsables. Est-ce responsable<br />

de faire se déplacer des milliers de candidats, sans<br />

parler des membres des jurys ? Il faut se décider très<br />

rapidement. Nous ne pouvons pas attendre le dernier<br />

moment pour préciser comment seront organisés nos<br />

oraux. Et encore plus pour les candidats en bachelor qui<br />

ont déjà commencé à faire leurs vœux sur Parcoursup.<br />

Nous pourrons de toute façon accueillir sur les campus<br />

les étudiants qui ont des problèmes de connexion. Cela<br />

ne constituera pas une distorsion des conditions de<br />

passage des concours entre les candidats qui avait fait<br />

tant débat en 2020. D’autant que nous organiserons<br />

des sessions de rattrapage si un problème technique<br />

se pose.<br />

O. R : Vous évoquez le bachelor. MBS a-t-elle<br />

obtenu le tout nouveau grade de licence pour<br />

son bachelor.<br />

B. D : Nous l’avons obtenu. La Cefdg (Commission<br />

d’évaluation des formations et diplômes de gestion)<br />

a notamment estimé que nous nous inscrivions bien<br />

dans la politique de site de l’Université de Montpellier<br />

avec un bachelor qui répond à une forte demande. De<br />

plus les enseignants du bachelor sont les mêmes que<br />

ceux du PGE, ce qui garantit l’empreinte recherche<br />

de leur formation telle que le référentiel du bachelor<br />

édicté par le MESRI l’avait demandé.<br />

O. R : La reconnaissance est aussi<br />

internationale. MBS est triple accréditée<br />

(Equis, AACSB, Amba). Qu’est-ce que cela<br />

vous apporte ?<br />

B. D : Nous avons effectivement été accrédités Equis<br />

en 2019 pour une durée de trois ans et un renouvellement<br />

donc en 2022. Cette année nous recevons les<br />

auditeurs de l’AACSB pour un renouvellement que nous<br />

espérons pour la durée maximale, c’est-à-dire 5 ans.<br />

Pour cela nous avons réorganisé l’école il y a un an et<br />

demi en créant une direction de la qualité académique<br />

qui prend en charge les accréditations comme tout le<br />

processus qualité.<br />

Je pourrais également évoquer le processus Qualiopi<br />

pour la formation continue ou le renouvellement de<br />

notre label diversité et égalité professionnelle femmes/<br />

hommes, c’est beaucoup de travail pour progresser et<br />

prendre en compte des remarques qui nous servent dans<br />

notre processus d’amélioration continue au quotidien.<br />

O. R : Mais n’y a-t-il pas trop<br />

d’accréditations, labels, certificats,<br />

aujourd’hui ?<br />

B. D : C’est sûr qu’il s’agit également d’un business pour<br />

les organismes et les consultants. Dans les entreprises<br />

on préfère d’ailleurs de plus en plus avoir des systèmes<br />

d’assurance qualité globaux pour ne pas créer des<br />

« usines à gaz » et perdre trop d’énergie. C’est ce à<br />

quoi nous allons nous atteler à MBS afin de disposer<br />

d’un système de pilotage global.<br />

O. R : Où en est le développement de votre<br />

formation continue ?<br />

B. D : Aujourd’hui la formation continue représente<br />

4 % de notre budget global avec comme objectif de<br />

multiplier sa part par trois d’ici cinq ans. Atteindre<br />

10 % de notre chiffre d’affaires serait un bon résultat.<br />

Nous proposons un catalogue de formations courtes<br />

réduit, car nous préférons répondre aux besoins<br />

des entreprises en faisant du sur-mesure et proposer<br />

des formations diplômantes. Nous délivrons<br />

des diplômes comme notre E-MBA, que nous allons<br />

bientôt réformer. Nous avons une réflexion sur un<br />

MBA en anglais – peut-être entièrement digital. De<br />

plus nous avons entrepris de détacher des modules<br />

de nos programmes pour les redéposer en blocs de<br />

compétences pour le RNCP (Répertoire national des<br />

certifications professionnelles). Enfin nous travaillons<br />

sur le développement d’une offre entièrement digitale<br />

et distancielle pour un public qui n’a pas forcément la<br />

possibilité ou la volonté de se déplacer.<br />

Retour sur les campus<br />

Depuis le 1 er février <strong>2021</strong> les<br />

étudiants de première année<br />

ont pu revenir sur le campus<br />

de MBS. Ils seront suivis par<br />

les autres promotions à partir<br />

du 8 février selon un système<br />

de rotation pour suivre les<br />

enseignements une semaine<br />

sur deux, afin de respecter la<br />

jauge de 50% des effectifs<br />

présents pour l’occupation des<br />

salles, et le taux de 20% de la<br />

capacité totale du campus.<br />

23


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Delphine Manceau<br />

DIRECTRICE GÉNÉRALE DE NEOMA BS<br />

« Les étudiants de première année sont<br />

ceux qui ont le plus besoin de venir sur des campus »<br />

Depuis le 11 janvier <strong>2021</strong> les étudiants<br />

les plus vulnérables de Neoma peuvent<br />

revenir sur ses campus. Et notamment<br />

en première année. Si tous sont<br />

attachés aux cours en présentiel les<br />

étudiants plus avancés dans leurs<br />

cursus préfèrent souvent continuer<br />

à suivre leurs cours à distance faute<br />

de garanties sur la suite de l’année.<br />

Delphine Manceau, la directrice générale<br />

de Neoma, revient avec nous sur la<br />

gestion de la pandémie par son école.<br />

Olivier Rollot : Comment gérez-vous cette<br />

période d’incertitude dans l’ouverture de vos<br />

campus ?<br />

Delphine Manceau : Depuis la rentrée de septembre,<br />

nos campus sont toujours restés ouverts, avec une<br />

permanence en présentiel dans tous les services liés<br />

à la scolarité et à l’accompagnement des étudiants.<br />

Notamment le service « Wellness » que nous avons<br />

beaucoup développé pour venir en soutien aux étudiants,<br />

avec plusieurs dispositifs visant à préserver<br />

leur santé et leur bien-être, notamment un système de<br />

parrainage entre étudiants français et internationaux.<br />

Nous avons aussi réactivé notre fonds de solidarité<br />

Covid, en partenariat avec NEOMA Alumni et la Fondation<br />

NEOMA, pour venir en aide aux étudiants en précarité<br />

financière. Plusieurs aides d’urgence, pour un montant<br />

global de 200 000 €, ont pu être affectées.<br />

En termes de cours, en septembre et en octobre, les<br />

enseignements étaient alternés en présentiel et distanciel<br />

selon un ratio 60 %-40 %, puis nous sommes passés<br />

en cours 100 % à distance après le reconfinement<br />

début novembre.<br />

Depuis le 11 janvier, nous sommes heureux d’accueillir<br />

de nouveau des étudiants sur nos campus, en petits<br />

groupes. Ce dispositif s’adresse aux étudiants vulnérables,<br />

c’est-à-dire principalement des étudiants<br />

internationaux, des étudiants en rupture numérique, et<br />

des étudiants français qui souffrent de l’isolement et du<br />

décrochage. Le tout dans la limite de dix étudiants par<br />

salle comme autorisé par le Ministère de l’Enseignement<br />

supérieur le 19 décembre.<br />

O. R : Comment sélectionnez-vous ces<br />

étudiants qui reviennent sur vos campus ?<br />

D. M : Nous avons expliqué aux étudiants que ce dispositif<br />

s’adressait aux étudiants fragilisés et leur avons<br />

demandé qui se considérait concerné et souhaitait<br />

revenir sur place. Il faut avoir en tête que de nombreux<br />

étudiants à NEOMA, qui ne sont originaires ni de Rouen<br />

ni de Reims, sont revenus dans leurs familles, ont rendu<br />

leurs appartements sur place et préfèrent continuer de<br />

suivre les cours à distance. Il faut également considérer<br />

l’incertitude dans laquelle sont nos étudiants : on ne peut<br />

leur promettre que nous ne devrons pas repasser à un<br />

moment à un enseignement complètement à distance<br />

s’il y a un nouveau reconfinement…<br />

Au final, environ un quart de nos étudiants se sont<br />

portés volontaires pour revenir suivre les cours sur<br />

© NEOMA BS<br />

Delphine Manceau<br />

est directrice générale<br />

de NEOMA BS depuis<br />

2017. En 2019 elle est élue<br />

« directeur de l’année » dans<br />

les écoles de management par<br />

l’Essentiel-<strong>Prépas</strong>. Diplômée<br />

du master in management<br />

de ESCP Europe, Delphine<br />

Manceau poursuit ses études<br />

en thèse à HEC et passe son<br />

HDR en 2003 à l’université<br />

de Grenoble II. De 1997 à<br />

2005, elle est professeure au<br />

sein de ESCP Europe. Elle<br />

en devient ensuite directrice<br />

académique jusqu’en 2008<br />

puis part fonder et diriger<br />

l’Institut pour l’Innovation et<br />

la Compétitivité i7 pendant<br />

trois années. Elle est nommée<br />

ensuite directrice de la<br />

division Corporate Europe<br />

de ESCP en 2011. En 2016<br />

elle part prendre la direction<br />

générale de l’EBS Paris. En<br />

outre, Delphine Manceau<br />

a été membre d’un comité<br />

d’experts de 2015 à 2017<br />

auprès du commissaire<br />

européen à la recherche, la<br />

science et l’innovation.<br />

24


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

les campus : isolement, fragilité, décrochage, précarité<br />

numérique… de nombreuses raisons les motivent pour<br />

revenir en salle de classe. Nous avons pu répondre à<br />

cette demande dans le respect des consignes gouvernementales.<br />

Nous avons ainsi été en mesure de les<br />

accueillir, pour la totalité de leurs cours pour la plupart<br />

d’entre eux, et pour certains de façon partielle. En<br />

parallèle, tous les cours peuvent toujours être suivis<br />

par zoom pour ceux qui restent à distance.<br />

De manière générale, nous sommes très heureux de<br />

cette réouverture qui va aider certains étudiants à<br />

revenir dans une dynamique collective d’apprentissage<br />

avec leurs camarades et en présence de leurs professeurs.<br />

Les étudiants de première année sont ceux<br />

qui ont le plus besoin de venir sur des campus qu’ils<br />

connaissent à peine et où ils n’ont pas eu le temps de<br />

se faire beaucoup d’amis depuis le mois de septembre.<br />

O. R : Vous êtes inquiets pour vos étudiants ?<br />

D. M : Les différentes enquêtes menées dans l’enseignement<br />

supérieur révèlent que les étudiants souffrent<br />

psychologiquement de la situation et qu’il y a de vrais<br />

risques de décrochage et, pour certains, de dépression,<br />

et ce malgré les efforts très positifs faits par<br />

de nombreuses Grandes Écoles et Universités pour<br />

maintenir le lien et accompagner les étudiants dans<br />

cette période particulière. Une enquête réalisée fin<br />

novembre dans une quinzaine d’établissements révélait<br />

que 40 % des étudiants ressentaient un fort sentiment<br />

d’isolement et de solitude et que la moitié avait peur<br />

de décrocher. Donc, oui, je suis préoccupée de l’état<br />

psychologique des étudiants. Sans oublier les étudiants<br />

internationaux qui sont arrivés en octobre et qui pour<br />

certains vivent assez isolés.<br />

NEOMA comme d’autres écoles a mis en place de<br />

nombreux dispositifs pour essayer de pallier cette<br />

situation : des cafés virtuels et contacts fréquents avec<br />

les étudiants ; campus restés ouverts avec possibilité<br />

d’accéder à tous les services en présentiel et à distance<br />

; et les professeurs ont complètement revu leur<br />

pédagogie pour maintenir un fort niveau d’engagement<br />

et d’apprentissage. Néanmoins, ne nous voilons pas la<br />

face, la période est dure à vivre pour les jeunes, et ce<br />

serait vraiment nécessaire que tous aient la possibilité<br />

de revenir en présentiel, même pour 30 ou 50 % de<br />

leurs cours.<br />

O. R : Le campus virtuel de NEOMA est<br />

pourtant une vraie réussite.<br />

D. M : Nous avons conçu ce campus virtuel comme<br />

un environnement complémentaire aux espaces d’apprentissage<br />

existants. Les étudiants, via un avatar<br />

qu’ils personnalisent, évoluent dans cet espace comme<br />

s’ils étaient sur un vrai campus. Une fois connectés,<br />

ils accèdent au bâtiment virtuel pour suivre un cours,<br />

rejoindre un groupe de travail ou assister à une conférence.<br />

Et le campus virtuel permet la rencontre « par<br />

hasard » : on croise un camarade, un professeur, un<br />

chargé de programme, que l’on n’avait pas prévu de<br />

voir et on échange avec lui comme dans la vraie vie – et<br />

ce sont ces rencontres fortuites et cette sérendipité<br />

qui manquent le plus quand on est en visio.<br />

En plus des cours, l’écosystème de services de l’école,<br />

comme Talent & Carrière, le Wellness Center, la bibliothèque<br />

et les incubateurs sont aussi présents sur cet<br />

espace virtuel.<br />

Aujourd’hui, plus de 2 400 étudiants se sont déjà connectés<br />

sur le campus virtuel, c’est un vrai succès !<br />

O. R : Une vive polémique a éclaté fin 2020<br />

entre la ministre du Travail, qui a semblé<br />

accuser toutes les écoles de commerce de<br />

commerce de « profiter » de l’apprentissage,<br />

et les Grandes écoles de commerce. Le<br />

financement de l’apprentissage s’avère<br />

effectivement difficile. Que faut-il faire ?<br />

D. M : Comme mes collègues de la Conférence des<br />

Grandes Écoles et du Chapitre des écoles de management,<br />

je regrette que l’on ait ainsi montré du doigt<br />

l’ensemble de la communauté des écoles de commerce<br />

alors que seuls quelques établissements isolés étaient<br />

concernés. Et ce serait vraiment regrettable que<br />

quelques cas très particuliers qui ne représentent<br />

aucunement notre communauté jettent le discrédit<br />

sur l’apprentissage.<br />

Le campus de Sophia Antipolis de Skema<br />

N’oublions pas que l’apprentissage est aujourd’hui un<br />

excellent levier d’accès à l’emploi comme à l’accrois-<br />

Se former aux<br />

métiers de demain<br />

Une Grande école<br />

d’ingénieurs, Arts et Métiers<br />

et une Grande école de<br />

management, NEOMA BS,<br />

se sont associés pour réaliser<br />

le Livre blanc « Se former<br />

aux métiers de demain ».<br />

Comme l’explique Delphine<br />

Manceau : « Les compétences<br />

de demain seront hybrides<br />

parce qu’il faut absolument<br />

apprendre à travailler avec<br />

des profils différents. C’est<br />

donc important de croiser les<br />

points de vue et d’échanger<br />

avec les écoles d’ingénieurs.<br />

C’est pourquoi nous avons<br />

voulu mener ensemble cette<br />

réflexion sur les nouveaux<br />

métiers et sur la meilleure<br />

manière de préparer les<br />

étudiants à l’environnement<br />

de demain. Nous travaillons<br />

beaucoup ensemble au<br />

sein de la Conférence<br />

des grandes écoles ».<br />

© NEOMA BS<br />

25


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

© NEOMA BS<br />

atout. Nous constatons d’ailleurs une forte hausse des<br />

candidatures dans nos mastères spécialisés.<br />

O. R : Où en sont les travaux de votre campus<br />

parisien ?<br />

D. M : Nous ouvrirons notre nouveau campus parisien<br />

en juin prochain et nous y effectuerons la prochaine<br />

rentrée. Il pourra accueillir 1 500 étudiants, des programmes<br />

post-bac jusqu’aux MSc ou encore l’Executive<br />

MBA. Nous avons pensé ce nouveau campus comme<br />

un lieu d’innovation permettant de mettre en oeuvre<br />

les pédagogies de demain grâce à de nouveaux lieux<br />

d’apprentissages modulaires.<br />

Le travail en réalité virtuelle est<br />

particulièrement développé à NEOMA<br />

sement de la diversité sociale dans l’enseignement<br />

supérieur. Est-ce prioritaire de s’attaquer à son financement<br />

? Je suis persuadée qu’il ne faut pas réduire<br />

l’accès à l’apprentissage dans le supérieur, a fortiori<br />

dans le contexte économique actuel où le marché de<br />

l’emploi devient plus tendu.<br />

O. R : Avez-vous des données sur l’insertion<br />

professionnelle de vos diplômés cette<br />

année ?<br />

D. M : Pas encore. Nous savons que nos étudiants<br />

trouvent toujours des contrats d’apprentissage et<br />

des stages même si cela prend un peu plus de temps<br />

qu’avant. Mais nous regardons avec attention les<br />

évolutions du marché de l’emploi, notamment pour les<br />

secteurs dont les recrutements reposent sur un fort<br />

turnover avec des changements de postes fréquents<br />

comme le conseil. Heureusement, il y a aussi des<br />

secteurs qui embauchent plus qu’avant. Nous avons<br />

lancé une enquête auprès de nos diplômés pour savoir<br />

quels secteurs recrutent plus, moins ou autant que<br />

les années passées et ainsi conseiller au mieux nos<br />

étudiants sur les secteurs à cibler en priorité.<br />

Pour les accompagner, notre département Talent &<br />

Career a renforcé ses dispositifs avec des ateliers<br />

thématiques et des sessions d’échanges avec nos<br />

diplômés, qui les conseillent. Dans ce contexte incertain,<br />

c’est une grande chance pour nos étudiants de<br />

pouvoir compter sur un réseau Alumni particulièrement<br />

impliqué. Des activités de parrainage sont également<br />

mises en place depuis le printemps dernier entre<br />

jeunes diplômés et alumni senior pour accompagner<br />

les prises de poste.<br />

O. R : Dans un contexte difficile, les étudiants<br />

des Grandes écoles s’en sortent-ils mieux<br />

que les autres ?<br />

D. M : Sur un marché du travail difficile, être diplômé<br />

d’une Grande école reconnue constitue clairement un<br />

O. R : Prévoyez-vous des évolutions de votre<br />

programme Grande école ?<br />

D. M : Notre Programme Grande École vit actuellement<br />

la deuxième phase de sa refonte, pilotée par sa nouvelle<br />

Directrice Imen Mejri. Avec trois axes forts : (1) des<br />

thématiques fil rouge, interdisciplinaires et essentielles<br />

pour l’avenir : l’éthique du monde contemporain, les<br />

métiers de demain, la transition durable ; (2) l’innovation<br />

pédagogique, avec le système NEOSMART d’apprentissage<br />

entre étudiants, et avec bien sûr notre campus<br />

virtuel et des parcours internationaux renforcés avec<br />

des universités de premier plan, qui se mettront en<br />

place dès la fin de la pandémie.<br />

O. R : Et de nouveaux programmes ?<br />

Nous venons de lancer un tout nouveau Bachelor en<br />

Management de Services autour des métiers d’excellence<br />

à la française avec des partenaires de renommée<br />

internationale. Ce programme en 3 ans ouvrira en<br />

septembre prochain et se déclinera en quatre parcours :<br />

- le parcours « Distribution » qui s’appuiera sur notre<br />

cursus historique ECAL, très reconnu dans la grande<br />

distribution et qui est complètement refondu autour<br />

des dimensions digitales, logistiques et RSE si importantes<br />

aujourd’hui ;<br />

- le parcours « Gastronomie » en partenariat avec<br />

l’École Fauchon ;<br />

- le parcours « Coiffure et Beauté » en partenariat<br />

avec L’Oréal ;<br />

- et le parcours « Hôtellerie » qui ouvrira à la rentrée<br />

2022.<br />

L’objectif est de former des entrepreneurs et des dirigeants<br />

pour ces secteurs qui font partie des fleurons de<br />

l’économie française. Le programme allie management,<br />

entrepreneuriat, digital et savoir-faire métier. Le tout<br />

adossé à un incubateur sectoriel. Il s’agit aussi de<br />

soutenir ces métiers qui souffrent particulièrement<br />

avec la pandémie.<br />

Prix de la<br />

communication :<br />

Neoma récompensée<br />

Les Prix de la communication<br />

du Sup’ de l’Arces distinguent<br />

chaque année les meilleures<br />

initiatives en communication<br />

des établissements<br />

d’enseignement supérieur<br />

et plus globalement, la<br />

qualité de la stratégie mise<br />

en œuvre. En vidéo le 1er<br />

prix est revenu en 2020 à<br />

NEOMA Business School<br />

pour sa série de vidéos sur ses<br />

anciens à travers le monde.<br />

26


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Retour sur les campus.<br />

Mais après ?<br />

Les Grandes écoles de management délivrent de<br />

nouveau des cours en présentiel tout en maintenant<br />

un fort pourcentage de cours en distanciel. Mais<br />

quelle sera leur pédagogie demain. Parce que le<br />

monde post Covid ne sera le monde pré Covid.<br />

Parce que les entreprises changent et s’hybrident<br />

et que les jeunes diplômés doivent y être préparés.<br />

Parce que les écoles ont beaucoup appris, l’avenir<br />

de l’enseignement ne sera sans doute ni totalement<br />

distanciel, ni totalement présentiel. Il sera mixte.<br />

La rentrée 2020 des étudiants du PGE d’Audencia<br />

© OR<br />

27


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Après des mois de travail à distance,<br />

les établissements d’enseignement<br />

supérieur ont commencé à rouvrir<br />

plus largement leurs portes à leurs<br />

étudiants le 25 janvier <strong>2021</strong>. Comme<br />

l’indiquait la circulaire du MESRI publiée<br />

le 22 janvier « à compter de la publication<br />

de la présente circulaire et au plus<br />

tard le 8 février, tous les établissements<br />

accueilleront des étudiants en présentiel<br />

dans la limite de 20 % de leur capacité<br />

d’accueil globale et dans le respect des<br />

consignes sanitaires en vigueur ». Pour<br />

les étudiants, cette reprise correspond<br />

au moins à l’équivalent d’une journée<br />

de présence par semaine qu’avait promis<br />

Emmanuel Macron. 1 200 étudiants<br />

ont ainsi été accueillis sur les différents<br />

campus de Skema en France le 25 janvier.<br />

À partir du 1 er février ce sont tous<br />

les étudiants volontaires qui pourront<br />

en faire autant. « Nous leur donnons<br />

la possibilité de poursuivre leurs cours<br />

à distance s’ils le souhaitent, notamment<br />

des étudiants internationaux qui<br />

sont revenus chez eux et qu’il n’est pas<br />

question de les faire revenir pour deux<br />

ou trois mois », explique le vice dean de<br />

Skema, Patrice Houdayer. Au total Skema<br />

estime qu’avec les étudiants en stage ou<br />

en césure ce sont environ 60 % d’entre<br />

eux qui reviendront en présentiel. L’école<br />

a de plus prévu de leur faire passer des<br />

tests PCR.<br />

Renouer le lien<br />

Ce retour était urgent car la tension montait<br />

dangereusement entre des étudiants<br />

de plus en plus perdus et un ministère de<br />

l’Enseignement supérieur, de la Recherche<br />

et de l’Innovation (MESRI) qui ne voyait<br />

guère comment les faire revenir plus<br />

nombreux alors que la situation sanitaire<br />

se dégradait. Au milieu les présidents<br />

d’université naviguaient entre révolte<br />

et fatalisme. Mais le simple fait de venir<br />

passer les partiels ou suivre un TD est<br />

déjà un soulagement pour beaucoup<br />

d’étudiants. Comme le constate Guillaume<br />

Gellé, vice-président de la conférence<br />

des présidents d’universités « tous les<br />

étudiants devraient pouvoir retourner<br />

en cours, de temps en temps avec des<br />

jauges définies en fonction des conditions<br />

sanitaires. Il faut proposer, même<br />

un petit peu, de revenir sur les campus<br />

et les choses s’amélioreront ».<br />

Une enquête réalisée fin novembre dans<br />

une quinzaine d’établissements révélait<br />

que 40 % des étudiants ressentaient un<br />

fort sentiment d’isolement et de solitude<br />

et que la moitié avait peur de décrocher.<br />

« Il y a de vrais risques de décrochage<br />

et, pour certains, de dépression, et ce<br />

malgré les efforts très positifs faits par<br />

de nombreuses Grandes Écoles et Universités<br />

pour maintenir le lien et accompagner<br />

les étudiants dans cette période<br />

particulière », estime Delphine Manceau,<br />

la directrice générale de Neoma BS qui se<br />

dit « préoccupée de l’état psychologique<br />

des étudiants. Sans oublier les étudiants<br />

internationaux qui sont arrivés en octobre<br />

et qui pour certains vivent assez isolés ».<br />

Depuis le 11 janvier, Neoma accueille de<br />

nouveau des étudiants sur ses campus,<br />

en petits groupes : « Nous sommes très<br />

heureux de cette réouverture qui va aider<br />

certains étudiants à revenir dans une<br />

dynamique collective d’apprentissage<br />

avec leurs camarades et en présence<br />

de leurs professeurs. Les étudiants de<br />

première année sont ceux qui ont le plus<br />

besoin de venir sur des campus qu’ils<br />

connaissent à peine et où ils n’ont pas<br />

eu le temps de se faire beaucoup d’amis<br />

depuis le mois de septembre. »<br />

Comment l’enseignement supérieur<br />

s’est (plus ou moins) adapté<br />

C’est un constat unanime : face à la pandémie<br />

la plupart des acteurs de l’éducation<br />

ont été pris de court. Comment le<br />

notent les chercheurs de l’Inria dans leur<br />

Livre Blanc « Éducation et numérique<br />

Défis et enjeux », d’une part des outils<br />

La santé mentale des<br />

étudiants en question<br />

Avec 1 psychologue pour<br />

30 000 étudiants, la France<br />

est largement en retard<br />

dans la prise en compte des<br />

soucis psychologiques des<br />

étudiants. Aux États-Unis,<br />

on en compterait ainsi 1<br />

psychologue pour 1 500<br />

étudiants et au Canada, 1<br />

pour 3 000 selon un rapport<br />

de l’association Nightline,<br />

une plateforme d’écoute<br />

destinée aux étudiants. Pour y<br />

remédier le Premier ministre<br />

et Frédérique Vidal ont<br />

annoncé la pérennisation des<br />

renforts de 80 psychologues<br />

et 60 assistants sociaux<br />

pour toute l’année civile<br />

2 021. Pour aller plus loin ils<br />

envisagent la création d’un<br />

« chèque santé mentale » qui<br />

permettrait de couvrir 2-3<br />

consultations, l’équivalent<br />

d’une centaine d’euros.<br />

28


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

« préconisés par les structures de formation<br />

se sont révélés inadaptés dans<br />

de nombreuses situations, d’autre part<br />

beaucoup d’enseignants ont plébiscité<br />

des plates-formes permettant de mettre<br />

à disposition des contenus, d’entretenir<br />

des échanges, voire de dispenser<br />

quelques cours ». Les experts de l’Inria<br />

soulignent donc la « nécessité de développer<br />

des nouvelles collaborations<br />

entre les enseignants, les élèves et les<br />

parents pour soutenir l’apprentissage<br />

des élèves et fait apparaître le défi de<br />

penser les modalités de la formation<br />

tant synchrone qu’asynchrone ». Mais<br />

la nécessité d’un recours massif aux<br />

pratiques numériques a surtout selon eux<br />

« souligné le déficit de formation d’une<br />

partie du monde enseignant ». « L’apprentissage<br />

de la pensée informatique<br />

doit faire partie de la pensée humaine,<br />

au même titre que les arts ou la culture<br />

générale », demande l’un des auteurs de<br />

l’étude, Gérard Giraudon, qui rappelle qu’il<br />

s’agit de la « quatrième grande révolution<br />

de l’humanité après la pierre taillée,<br />

l’agriculture et la machine à vapeur ».<br />

Au-delà de la technique des questions<br />

de droit à l’image se sont également<br />

posées. On a ainsi vu des professeurs<br />

de droit de Paris 1 Panthéon-Sorbonne<br />

refuser de faire cours en visio de peur de<br />

se faire « voler » leurs cours. Ou même<br />

accepter d’être filmés à condition de…<br />

ne pas apparaître à l’image.<br />

Du côté des élèves et des étudiants<br />

l’une des difficultés a été de s’adapter<br />

et de jongler entre les approches très<br />

diverses de leurs enseignants : récupérer<br />

des consignes sur ProNote, passer de<br />

Skype à Discord pour suivre un cours,<br />

après être allé récupérer des fichiers pdf<br />

ou audio sur Moodle et avoir envoyé une<br />

évaluation par e-mail a souvent constitué<br />

un « redoutable parcours du combattant »<br />

selon les auteurs de l’étude. La performance<br />

des moyens informatiques mis à<br />

disposition des équipes pédagogiques<br />

est également très variable : au début il a<br />

souvent fallu travailler avec des moyens<br />

prévus pour quatre fois moins d’étudiants<br />

qu’il n’y en avait finalement avec<br />

le confinement. Résultat : les étudiants<br />

allument plus ou moins leurs caméras en<br />

fonction des capacités du réseau. Mais<br />

aussi de leur propre ordinateur. Ce qui<br />

rend le contact avec les étudiants très<br />

difficiles pour l’enseignant. Heureusement<br />

le tchat permet de poser des questions<br />

par écrit en direct pendant le cours.<br />

Souvent même les enseignants constatent<br />

une meilleure interactivité que dans des<br />

cours classiques. Et la prise de parole<br />

d’étudiants jusque-là muets et maintenant<br />

désinhibés.<br />

Le campus numérique de Neoma<br />

D’abord il faut choisir son avatar, c’est-à-dire<br />

la représentation numérique d’apparence<br />

humaine – les dinosaures et autres avatars<br />

décalés ne sont pas de mise – qui va vous<br />

représenter sur le campus. Ensuite et<br />

bien nous voilà sur le quatrième campus,<br />

100 % numérique, de Neoma développé en<br />

partenariat avec l’association Laval Virtual,<br />

experte des technologies immersives.<br />

Et puisque ce serait dommage se priver<br />

il est sur une île. « Cela n’a l’air de rien<br />

mais cela permet aux professeurs de<br />

donner leurs cours en bord de mer s’ils le<br />

souhaitent, pas forcément dans une salle<br />

de cours classique », explique Alain Goudey,<br />

directeur de la transformation digitale de<br />

Neoma avec lequel nous faisons la visite.<br />

Direction le bâtiment principal – là on<br />

se balade mais on peut se téléporter<br />

directement – pour une salle de cours<br />

dans laquelle de petits groupes d’étudiants<br />

travaillent en mode projet. Pour discuter<br />

avec le professeur sans gêner ses<br />

étudiants nous intégrons une « cellule de<br />

confidentialité », un espace dans lequel les<br />

conversations sont réservées aux membres.<br />

« C’est beaucoup plus facile d’être ici que sur<br />

Zoom pour réaliser des travaux de groupe.<br />

Nous commençons par toute la classe puis<br />

nous répartissons le travail en groupes »,<br />

explique le professeur. Une salle comme celle<br />

que nous visitons peut réunir de 120 à 250<br />

avatars au même endroit, au même moment,<br />

issus de tous les campus de Neoma.<br />

De son côté, le professeur accède aux outils<br />

de présentation pour afficher son cours et<br />

interagir avec tout ou partie de la classe.<br />

« Cette technologie immersive préfigure un<br />

nouveau mode de collaboration possible<br />

car tout y est réalisable comme dans la<br />

vraie vie, mais à distance », analyse Alain<br />

D’autres outils<br />

A côté des grandes<br />

plateformes de visioconférences<br />

que sont Zoom et<br />

Teams se développe toute une<br />

série d’outils. À mi-chemin<br />

entre l’enseignement et la<br />

visio Blackbord est la plu<br />

élaborée. Wooclap permet de<br />

réaliser en direct des quiz ou<br />

des sondages. Les réseaux<br />

sociaux tels que Whaller ou<br />

Discord sont également de<br />

plus en plus utilisés. Il faut<br />

également évoquer les ENT<br />

(environnement numérique<br />

de travail) avec au premier<br />

rang Moodle pour faire le<br />

lien avec les ressources, voire<br />

réaliser des évaluations.<br />

Goudey, qui indique : « On peut ouvrir une<br />

porte, lever la main, s’asseoir, applaudir et<br />

même jouer au foot sur un terrain de sport !<br />

Autant de fonctionnalités fondées sur des<br />

gestes physiques du quotidien qui rendent<br />

l’expérience naturelle et agréable ».<br />

Nous voilà d’ailleurs dans le grand hall<br />

de Neoma et ses quarante salles et<br />

amphithéâtres que le professeur peut<br />

aménager à sa guise. En passant nous<br />

écoutons les conversations ce ceux que<br />

nous croisons ou nous faisons aborder<br />

pour des questions inopinées - « vous<br />

savez si les étudiants sont bien au courant<br />

de… ? » (notre avatar ne sait pas trop<br />

quoi répondre et prend un air dubitafif<br />

– comme dans la vraie vie. En plus des<br />

programmes, es ddse services de l’école,<br />

comme le Talent & Carrière, le Wellness<br />

Center, la bibliothèque et les incubateurs<br />

sont accessibles avec des avatars prêts<br />

à répondre aux questions des étudiants.<br />

Accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur<br />

7, ce nouveau campus numérique accueille<br />

aussi des séminaires et des réunions. Il sert<br />

également d’espace de travail collaboratif<br />

pour faciliter les échanges entre les<br />

membres de la communauté de NEOMA :<br />

étudiants, professeurs et collaborateurs.<br />

29


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Des salles polyvalentes<br />

Si tous ces problèmes ne sont pas totalement<br />

derrière nous – la technique reste<br />

souvent capricieuse – les progrès sont<br />

impressionnants. Notamment dans les<br />

écoles de management. « Dès la fin du<br />

premier confinement, nous avons réfléchi<br />

à la mise au point d’une pédagogie hybride<br />

permettant de réaliser en même temps<br />

les cours en face-à-face avec 50 % des<br />

étudiants et les cours en distanciel avec<br />

les autres étudiants. Nous avons alors rapidement<br />

investi (un million d’euros !) dans<br />

du matériel le permettant. Nous pouvons<br />

donc dorénavant basculer facilement<br />

d’un mode à l’autre », se souvient Patrice<br />

Houdayer, qui résume bien comment en<br />

un an les établissements d’enseignement<br />

supérieur, et singulièrement les écoles<br />

de management, sont passées d’une<br />

adaptation subie à une capacité à évoluer<br />

rapidement d’un monde d’enseignement<br />

à l’autre. Et même de pratiquer les deux<br />

en même temps.<br />

Rennes SB a ainsi transformé un bâtiment<br />

entier qui fonctionne intégralement en<br />

mode « eLive » dans le cadre de son<br />

« Projet Flex ». 30 salles sont équipées<br />

pour délivrer un enseignement combinant<br />

dans une même situation pédagogique<br />

les interactions entre des étudiants en<br />

présence et à distance, y compris à<br />

l’étranger. « Nous construisons un campus<br />

résilient, c’est-à-dire apprenant et agile.<br />

Nous allons encore ajouter de nouveaux<br />

équipements vidéo pour mieux visualiser<br />

les étudiants dès qu’ils interviennent en<br />

cours », commente Thomas Froehlicher<br />

qui entend maintenant équiper 80 salles<br />

avec l’environnement Teams Education.<br />

Même réflexion du côté de Grenoble<br />

EM qui déploie ses « Hyflex rooms »<br />

pour dispenser un cours à des publics<br />

à distance et en présentiel en simultané.<br />

En ce début <strong>2021</strong>, GEM en compte 32 (20<br />

sur son campus de Grenoble Sémard, 5<br />

à GEM Labs et 7 à GEM Paris) pour un<br />

investissement total de 1,2 million d’euros.<br />

Chacune des salles permet d’accueillir<br />

jusqu’à 40 places assises (plus deux<br />

salles de 120 places) et peut accepter<br />

jusqu’à 300 connexions simultanées soit<br />

une capacité totale théorique de plus de<br />

10 000 places. « Pour que l’enseignement<br />

à distance soit une expérience<br />

la plus concluante possible, il faut que<br />

les étudiants puissent s’engager. Cela<br />

signifie qu’il faut scénariser les cours<br />

différemment : parfois prévoir plus de<br />

Le mode Hyflex<br />

Un professeur en salle Hyflex<br />

peut dispenser son cours<br />

de manière « classique »<br />

en projetant un support de<br />

cours et en utilisant le tableau<br />

blanc. Il peut aussi utiliser<br />

les fonctionnalités plus<br />

avancées du tableau tactile<br />

interactif. Les étudiants<br />

avec lui dans la salle aussi<br />

bien que les étudiants à<br />

distance peuvent tout voir,<br />

tout entendre et interagir<br />

de la même façon entre<br />

eux et avec le professeur.<br />

Tous peuvent partager<br />

leurs propositions à l’oral<br />

avec le reste de la classe.<br />

Une salle Hyflex de Grenoble EM<br />

© Grenoble EM<br />

30


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

pauses ou de travail en petits groupes<br />

pour moins d’heures de cours « magistral<br />

» afin de ne pas subir le cours mais y<br />

participer », explique de directeur général<br />

adjoint de Grenoble EM, Jean-François<br />

Fiorina, qui insiste : « Nos salles Hyflex<br />

sont révolutionnaires parce qu’elles permettent<br />

un enseignement dans plusieurs<br />

dimensions. Le professeur est à la fois<br />

en face-à-face avec ses étudiants dans<br />

la classe et à distance. Il diffuse à tous<br />

les mêmes documents. Partout dans<br />

le monde, même à domicile de manière<br />

temporaire ou prolongée, l’étudiant peut<br />

suivre le même cours. Ainsi, nous pouvons<br />

nous organiser et respecter les<br />

jauges. S’il faut scinder les groupes de<br />

TD actuels, un professeur pourra tout<br />

de même enseigner à l’ensemble des<br />

étudiants en une seule fois du début à<br />

la fin d’un module, sans avoir à dupliquer<br />

plusieurs fois ses cours ». De plus le distanciel<br />

permet de faire intervenir d’autres<br />

personnes. Pascal Boniface, le directeur<br />

de l’Iris, peut se joindre pendant une<br />

demi-heure à un cours de géopolitique<br />

à distance, répondre à quelques questions<br />

puis passer à ses autres activités.<br />

C’est beaucoup plus simple que de faire<br />

coïncider des agendas.<br />

Distanciel + présentiel : la nouvelle<br />

norme ?<br />

Le constat est unanime : si l’enseignement<br />

à distance a sauvé les étudiants du tableau<br />

vide il ne peut certainement pas suffire.<br />

Du moins pas longtemps. Au fil des mois<br />

les enseignants ne peuvent que constater<br />

que leurs étudiants perdent le fil, sont<br />

moins concentrés, moins motivés. Mais<br />

il n’est pas non plus question de revenir<br />

au monde d’antan. Si la mise en place<br />

de cours mixtes répond aujourd’hui à la<br />

nécessité de conserver des « jauges »,<br />

demain elle sera sans doute la norme.<br />

« Après la pandémie nous n’allons pas<br />

revenir à la vie d’avant. Il faudra notamment<br />

faire évoluer nos traditions quand<br />

dans nos écoles on répète tout. Cela doit<br />

ouvrir à l’innovation alors que nos écoles<br />

évoluent, se regroupent, se numérisent<br />

et diversifient leur recrutement », confie<br />

ainsi François Bouchet, le directeur général<br />

de l’École polytechnique. « Nous<br />

allons devoir réaménager nos locaux,<br />

notamment pour réaliser plus de travaux<br />

entre les établissements en interdisciplinarité<br />

», établit quant à elle Nathalie<br />

Mezureux, directrice de l’École nationale<br />

supérieure d’architecture de Lyon.<br />

Quant à Jean-François Fiorina il insiste<br />

sur la nécessité de « capitaliser sur ce<br />

que nous avons mis en place durant<br />

cette période inédite et non pas espérer<br />

revenir à nos pratiques du monde d’avant.<br />

L’erreur serait d’opposer le distanciel du<br />

présentiel alors qu’ils sont complémentaires.<br />

À nous de trouver de nouveaux<br />

modèles hybrides pour le bien de nos<br />

étudiants ». D’autant qu’il s’agit également<br />

pour les écoles de s’adapter aux besoins<br />

d’entreprises pour lesquelles les changements<br />

d’organisation du travail sont<br />

déjà une réalité : « Le distanciel c’est à<br />

la fois mieux pour le bien-être, moins<br />

cher pour les loyers et meilleur pour<br />

la planète. Nous devons préparer nos<br />

étudiants à ces nouvelles dimensions<br />

tout en leur proposant une expérience<br />

étudiante différente ».<br />

Olivier Rollot<br />

Le 5 ème campus de l’Essec<br />

Fruit de 2 ans de réflexion et d’un<br />

investissement de 6 millions d’euros le<br />

cinquième Campus de l’Essec pour objectif<br />

de « proposer l’expérience ESSEC partout<br />

dans le monde et à n’importe quel moment ».<br />

Pour ce faire, la plateforme numérique<br />

propose des outils digitaux variés pour<br />

suivre les cours (vidéos, podcasts, script)<br />

et pour favoriser les interactions entre les<br />

participants et les professeurs (outil de chat<br />

Slack, webinars, visio-conférences, etc.).<br />

La création d’un lien entre les apprenants<br />

est la clé du projet : pour valoriser, inciter les<br />

échanges et l’engagement, un système de<br />

gamification a été mis en place en utilisant<br />

le logiciel Briq. Les participants reçoivent<br />

chaque jour des briqs qu’ils peuvent se<br />

donner entre pairs pour se remercier, se<br />

féliciter et peuvent in fine échanger leurs<br />

gains contre des lots. Cette volonté de<br />

l’Essec en est une excellente illustration :<br />

l’enseignement à distance se doit d’être<br />

différent. Interactif. Ludique. Animé... Loin<br />

de la reconduction de l’identique des cours.<br />

C’est le défi que doivent maintenant relever<br />

les acteurs de l’enseignement supérieur.<br />

JB<br />

31


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Jean-François Fiorina<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL AJOINT DE GRENOBLE EM<br />

« ll faut que les oraux aient lieu quelle<br />

que soit la situation sanitaire »<br />

En pointe sur la digitalisation de<br />

l’enseignement avec ses salles Hyflex,<br />

Grenoble EM s’apprête à faire revenir<br />

ses étudiants sur ses campus. Avec<br />

son directeur général adjoint, Jean-<br />

François Fiorina, nous vous proposons<br />

un large tour d’horizon de l’actualité de<br />

l’enseignement supérieur.<br />

Olivier Rollot : Le nouveau bac général est<br />

organisé pour la première fois cette année.<br />

Quelles évolutions attendez-vous sur le profil<br />

des nouveaux étudiants ?<br />

Jean-François Fiorina : Ils vont surement capitaliser<br />

sur le contenu de leurs spécialités. D’autant qu’ils travaillent<br />

plus sur elles que sur les autres matières. Des<br />

spécialités comme Histoire-géographie, géopolitique et<br />

sciences politiques (HGGSP) ou Sciences économiques<br />

et sociales (SES) leur permettent en effet de s’inscrire<br />

dans la compréhension du monde d’aujourd’hui. Et,<br />

de notre côté, nous ne voulons pas limiter le choix<br />

de spécialités avec lesquelles nous recrutons nos<br />

étudiants à seulement deux, que ce soit à l’entrée en<br />

bachelor ou à l’issue d’une classe préparatoire. Nous<br />

devons recruter avec un spectre plus large.<br />

La question est ensuite de savoir si nous souhaitons<br />

remettre tous nos étudiants à niveau dans toutes les<br />

disciplines ou les encourager à capitaliser sur leurs<br />

spécialités. C’est un peu comme aujourd’hui le cas<br />

d’étudiants qui, après leur classe préparatoire ECE, après<br />

avoir suivi des cours d’économie à haute dose, veulent<br />

continuer à le faire et choisissent alors de s’inscrire<br />

en licence en plus de leur programme Grande École.<br />

O. R : Grenoble EM est l’école qui s’appuie<br />

le plus sur la géopolitique dans ses<br />

enseignements. Comment expliquez-vous le<br />

succès de la spécialité Histoire-géographie,<br />

géopolitique et sciences politiques (HGGSP),<br />

qui y prépare les élèves dès le lycée ?<br />

J-F. F : Encore plus avec la pandémie actuelle il faut bien<br />

comprendre le monde dans lequel nous vivons. Avec<br />

l’interdisciplinarité qu’elle apporte, la spécialité HGGSP<br />

permet d’aborder les sujets sous un angle qui convient<br />

très bien aux élèves. Elle traite de sujets transversaux<br />

qui font naître des débats dans le monde entier.<br />

O. R : Derrière la réforme du bac il y a<br />

la réforme des classes préparatoires<br />

économiques et commerciales. Actée. Ce qui<br />

n’est pas le cas d’une réforme des concours<br />

d’entrée dans les écoles post prépas, que<br />

beaucoup appellent de leurs vœux. Que fautil<br />

faire pour faire évoluer ces concours ?<br />

J-F. F : La réforme des concours avance mais il faut<br />

prendre en compte toutes les visions : celles affirmées<br />

des écoles les plus renommées comme celles moins<br />

affirmées des autres. Dans ce cadre, la principale<br />

question est le signal que nous donnerons aux élèves<br />

par rapport aux mathématiques et donc du choix ou<br />

pas du parcours Mathématiques approfondies.<br />

© Grenoble EM<br />

Jean-François Fiorina<br />

est depuis 2012 directeur<br />

général adjoint et directeur<br />

des programmes de Grenoble<br />

EM. Il anime également très<br />

régulièrement un blog sur<br />

Educpros. Il est président<br />

du concours Passerelle<br />

depuis 2020 après l’avoir<br />

déjà présidé de 2005 à 2015.<br />

Diplômé de Grenoble EM<br />

et de l’INSEEC en 1986, il<br />

effectue ensuite un MBA<br />

à San Francisco. Il intègre<br />

tout d’abord la Bred (plus<br />

connue sous le nom de<br />

Banque Populaire) en tant<br />

que chargé de clientèle<br />

PME-PMI. Il devient<br />

consultant en formation<br />

au cabinet « Alain Simon<br />

Consultants » entre 1990<br />

et 1996. En 1997, il rejoint la<br />

direction de l’ESC Amiens<br />

et dirige le programme ESC<br />

et Relations Internationales.<br />

En 2000 il rejoint celle qui<br />

est alors l’ESC Grenoble<br />

en tant que directeur.<br />

32


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

C’est le 8 février <strong>2021</strong> que les étudiants de GEM font leur retour sur ses campus<br />

GEM crée « La<br />

Fabrique du Festival<br />

de Géopolitique »<br />

Nous devons en tout cas réformer nos concours dans<br />

l’esprit du nouveau bac et des nouvelles prépas. Cela<br />

sera un signal fort d’attractivité pour la filière et un<br />

des critères qui amène les étudiants à choisir entre<br />

une classe préparatoire et un bachelor.<br />

O. R : Cette année les écoles vont<br />

vraisemblablement devoir de nouveau régler<br />

la question du passage des examens d’entrée<br />

en période Covid. Est-il envisageable pour<br />

vous de faire passer les oraux à distance ?<br />

J-F. F : Il faut que les oraux aient lieu quelle que soit<br />

la situation sanitaire. Avec des protocoles communs à<br />

toutes les écoles pour préserver l’équité des concours.<br />

S’ils ont lieu en présentiel aussi bien l’accueil des étudiants<br />

que les chorégraphies, le logement ou les repas<br />

risquent d’être très perturbés. Nous avons donc besoin<br />

d’un protocole commun, sans surenchère de quiconque,<br />

pour que tous les oraux aient la même visibilité. En<br />

pensant aussi bien aux conditions de passage et de<br />

sécurité sanitaire des étudiants qu’à la présence des<br />

nombreux membres des jurys.<br />

Nous avons bien sûr commencé à travailler au passage<br />

des oraux sur les campus mais, s’il faut finalement les<br />

organiser à distance, nous le ferons. Nous avons toute<br />

l’expérience d’un an d’enseignement à distance derrière<br />

nous et du passage d’autres évaluations.<br />

O. R : À partir du 8 février vous devriez de<br />

nouveau recevoir des étudiants sur vos<br />

campus. Comment allez-vous procéder ?<br />

J-F. F : La pédagogie va s’adapter à chaque programme,<br />

certains hybrides entre présentiel et distanciel, d’autres<br />

en présentiel à temps plein en respectant les jauges.<br />

En fait, nous nous sommes rendu compte ces derniers<br />

mois qu’il existe deux groupes d’étudiants au sein du<br />

programme Grande école. Un premier avec des étudiants<br />

qui n’ont pas forcément la volonté de revenir<br />

sur les campus, parce qu’ils ont rendu les clés de leur<br />

appartement, parce qu’ils ont vécu les expériences qu’ils<br />

étaient venus chercher ou pour limiter les contacts<br />

en raison de la crise sanitaire. Ce premier groupe est<br />

notamment composé d’étudiants en fin de cursus et<br />

en alternance, qui ont bien compris tout au long de<br />

leur stage qu’aujourd’hui les entreprises travaillent<br />

également à distance et que l’apprentissage différent<br />

qu’ils vivent leur servira ensuite. Ils comprennent et<br />

respectent les consignes, s’adaptent en regrettant<br />

peut-être, mais pour eux l’essentiel est de suivre les<br />

cours, d’obtenir le diplôme et de trouver un emploi.<br />

Le deuxième groupe, celui des étudiants qui veulent<br />

absolument revenir sur les campus, est notamment<br />

constitué d’étudiants de première année, qui n’ont<br />

pas encore vécu toutes les expériences de la vie de<br />

campus, mais aussi de deuxième année plus ou moins<br />

dans le même cas. Des étudiants frustrés de devoir<br />

travailler à distance car ils n’ont pas ou peu connu les<br />

échanges en présentiel, informels et dans le cadre des<br />

activités associatives par exemple.<br />

En vue de son Festival de<br />

Géopolitique <strong>2021</strong> (qui<br />

aura lieu du 25 au 27 mars<br />

sur le thème éminemment<br />

d’actualité « S’adapter !?<br />

»), Grenoble École de<br />

Management a lancé<br />

« La Fabrique du Festival<br />

de Géopolitique », un<br />

cycle inédit d’ateliers en<br />

visioconférence du 6 octobre<br />

2020 jusqu’en février <strong>2021</strong>.<br />

33


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

O. R : La décision que vous avez prise à<br />

la rentrée 2020 de délivrer vos cours à<br />

distance était la bonne ?<br />

J-F. F : Nous avons bien en tête les difficultés et l’impact<br />

psychologique auxquels nos étudiants peuvent<br />

être confrontés. C’est pour cela que, dès le mois de<br />

mars 2020, nous avons mis à disposition deux cellules<br />

d’écoute et de soutien qui leur est dédiée 24/24h et 7/7j.<br />

Dans la même optique, plutôt que de procéder à des<br />

réorganisations constantes qui génèrent du stress,<br />

nous avons fait un choix et nous l’avons tenu. Nous<br />

avons souhaité donner à nos étudiants de la certitude<br />

dans un monde d’incertitudes. Des règles claires pour<br />

s’organiser pendant une période donnée de 2 mois et<br />

toujours en accord avec les directives du MESRI. Et<br />

maintenant nous sommes dans les starting blocks pour<br />

accueillir de nouveau nos étudiants le 8 février. Nous<br />

savons combien il est important pour eux de se sentir<br />

appartenir à un groupe et à une école. Nous voulons<br />

leur faire vivre une expérience étudiante complète,<br />

lors de leur passage à GEM, incluant la vie sociale mise<br />

à mal cette année malgré les événements immersifs<br />

réalisés à distance (défi de la rentrée dans un campus<br />

virtuel, forum de recrutement et visite virtuelles des<br />

bâtiments, …).<br />

O. R : Même si les cours sont à distance,<br />

Grenoble EM est restée ouverte. Beaucoup<br />

d’étudiants en profitent ?<br />

J-F. F : L’accès aux services, comme aux bureaux des<br />

associations ou à des espaces de travail, avec tout un<br />

protocole et des flash code à l’arrivée pour respecter<br />

les jauges, est effectivement resté ouvert depuis la<br />

rentrée. Mais trop peu d’étudiants en profitent (une<br />

centaine par jour). Ils n’osent pas, alors que nous les<br />

encourageons à revenir et à se resocialiser.<br />

O. R : Grenoble EM est en pointe dans<br />

l’enseignement à distance avec la<br />

création de salles « Hyflex » spécifiques.<br />

Qu’apportent aux étudiants ces nouvelles<br />

salles ?<br />

J-F. F : Pour que l’enseignement à distance soit une<br />

expérience la plus concluante possible, il faut que les<br />

étudiants puissent s’engager. Cela signifie qu’il faut<br />

scénariser les cours différemment : parfois prévoir<br />

plus de pauses ou de travail en petits groupes pour<br />

moins d’heures de cours « magistral » afin de ne pas<br />

subir le cours mais y participer. Nos salles Hyflex sont<br />

révolutionnaires parce qu’elles permettent un enseignement<br />

dans plusieurs dimensions. Le professeur<br />

est à la fois en face à face avec ses étudiants dans la<br />

De nouveaux<br />

locaux à Paris<br />

C’est au 96 rue Didot (14 e ),<br />

dans les anciens locaux de<br />

la Croix Rouge, que GEM a<br />

établi ses nouveaux quartiers<br />

parisiens. Après avoir quitté<br />

la rue du Ranelagh, GEM<br />

y a investi 2,50 M€ pour<br />

environ 2 500 m2 sur 3<br />

niveaux pouvant accueillir<br />

800 à 1 000 étudiants par an.<br />

Imaginé en collaboration avec<br />

l’association « anti-déchet,<br />

anti-gaspillage » Zero Waste<br />

France, le GEM Campus<br />

Paris se veut un campus<br />

exemplaire. Conçu autour du<br />

« Gem Learning Model »,<br />

le modèle pédagogique de<br />

GEM, il se veut un « lieu<br />

humain où s’hybrident les<br />

savoirs et les postures, un<br />

lieu où réflexion et action<br />

se co-construisent dans un<br />

mouvement où la finalité<br />

économique s’enrichit des<br />

objectifs sociétaux ».<br />

© Grenoble EM<br />

Comme toutes les écoles Grenoble EM a hâte de recevoir les étudiants et les jurys pour les oraux<br />

34


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

classe et à distance. Il diffuse à tous les mêmes documents.<br />

Partout dans le monde, même à domicile de<br />

manière temporaire ou prolongée, l’étudiant peut suivre<br />

le même cours. Ainsi, nous pouvons nous organiser<br />

et respecter les jauges. S’il faut scinder les groupes<br />

de TD actuels, un professeur pourra tout de même<br />

enseigner à l’ensemble des étudiants en une seule fois<br />

du début à la fin d’un module, sans avoir à dupliquer<br />

plusieurs fois ses cours.<br />

De plus le distanciel nous permet de faire intervenir<br />

d’autres personnes. Pascal Boniface, le directeur de l’Iris,<br />

peut se joindre pendant une demi-heure à un cours de<br />

géopolitique à distance, répondre à quelques questions<br />

puis passer à ses autres activités. C’est beaucoup plus<br />

simple que de faire coïncider des agendas. Cela nous<br />

donne de nouvelles perspectives.<br />

O. R : L’avenir c’est l’hybridation de<br />

l’enseignement ?<br />

J-F. F : Il faut capitaliser sur ce que nous avons mis en<br />

place durant cette période inédite et non pas espérer<br />

revenir à nos pratiques du monde d’avant. L’erreur<br />

serait d’opposer le distanciel du présentiel alors qu’ils<br />

sont complémentaires. À nous de trouver de nouveaux<br />

modèles hybrides pour le bien de nos étudiants.<br />

D’autant que nous devons nous adapter aux besoins<br />

d’entreprises pour lesquelles les changements d’organisation<br />

du travail sont déjà une réalité. Le distanciel<br />

c’est à la fois mieux pour le bien être, moins cher pour<br />

les loyers et meilleur pour la planète. Nous devons<br />

préparer nos étudiants à ces nouvelles dimensions tout<br />

en leur proposant une expérience étudiante différente.<br />

O. R : Ces nouvelles dimensions du travail ce<br />

sont aussi des sujets de recherche pour vos<br />

professeurs ?<br />

J-F. F : C’est d’ailleurs déjà un terrain de recherche<br />

investi par la chaire Digital, Organisation and Society<br />

de GEM, ainsi que par nos équipes du campus parisien<br />

en collaboration avec l’ESTIA. C’est un domaine<br />

d’études à explorer avec notamment tout ce que nous<br />

avons appris ces derniers mois. Que ce soit sur le<br />

management à distance ou la résolution des conflits,<br />

tout est à inventer dans la relation au travail. Et c’est<br />

d’autant plus important pour une génération en quête<br />

de sens. Dans beaucoup de métiers et de fonctions le<br />

télétravail à 100 % est tout à fait possible. Cela amène<br />

à la conclusion d’un nouveau contrat social dans une<br />

organisation totalement différente. Comment avoir une<br />

culture commune ? Les questions sont nombreuses.<br />

Et de nouveaux champs de recherche disciplinaires<br />

s’ouvrent, liés également aux questions de santé, de<br />

géopolitique, de chaînes de valeurs, etc.<br />

O. R : Dans ce nouveau cadre comment doiton<br />

penser l’expérience internationale ?<br />

J-F. F : Cette année nous avons encore pu faire partir<br />

40 % de nos étudiants PGE, même s’ils sont le plus<br />

souvent allés dans des directions moins lointaines<br />

qu’ils ne l’imaginaient. L’expérience internationale va<br />

rester un axe fort des business schools, mais je ne<br />

serais pas surpris que des universités étrangères<br />

pensent à délivrer des cours à distance plutôt que<br />

de faire venir les étudiants dans les années à venir.<br />

D’autant que nos étudiants ont déjà beaucoup voyagé<br />

tout au long de leur vie et demandent une vraie valeur<br />

ajoutée avant de se déplacer : des doubles diplômes,<br />

des certificats, etc.<br />

O. R : Une dernière question : Grenoble EM<br />

n’a pas obtenu le grade de licence de la part<br />

de la Cefdg (Commission d’évaluation des<br />

formations et diplômes de gestion) pour ses<br />

bachelors. Pourquoi ?<br />

J-F. F : Deux critères sont discriminants : l’imprégnation<br />

recherche et la politique de site. Il semble que sur ce<br />

dernier point nous n’ayons pas été absolument dans<br />

la norme. Nous sommes suffisamment attachés à la<br />

politique de site pour comprendre mais il faut veiller<br />

à ne pas prendre des décisions par idéologie. Nous<br />

devons d’abord penser aux étudiants. Maintenant nous<br />

allons repasser dans un an.<br />

GEM forme les<br />

étudiants Asperger<br />

Lancé en 2019 par GEM à<br />

destination des personnes<br />

porteuses du Syndrome<br />

d’Asperger, le certificat Data<br />

Aspergerévolue. Désormais<br />

intitulé « Concepteur<br />

Développeur d’Application<br />

spécialisation Data Analyst »,<br />

le programme sera accessible<br />

en alternance et dans 4 villes<br />

de France dès septembre<br />

<strong>2021</strong> grâce à l’arrivée<br />

d’un nouveau partenaire<br />

WebForce3. Le but : former<br />

des professionnels des data<br />

ou du développement web et<br />

applications, aptes à s’insérer<br />

durablement en entreprise.<br />

35


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Les Grande écoles<br />

se démocratisent-elles ?<br />

L’Institut des politiques publiques vient de publier un rapport<br />

sur la démocratisation des grandes écoles. L’occasion de refaire le point<br />

sur la diversité du recrutement des filières les plus prestigieuses.<br />

Sous le nom Quelle démocratisation<br />

des grandes écoles depuis le<br />

milieu des années 2000 ? l’Institut<br />

des politiques publiques – un<br />

institut de la Paris School of Economics<br />

- a livré un rapport consacré à l’évolution<br />

du recrutement des classes préparatoires<br />

et des grandes écoles depuis le milieu des<br />

années 2000. Contrairement à beaucoup<br />

d’autres études centrées sur les écoles les<br />

plus prestigieuses c’est à une majorité des<br />

Grandes écoles (essentiellement celles qui<br />

étaient couvertes par le système d’information<br />

SISE - Système d’information<br />

sur le suivi de l’étudiant - en 2006, soit<br />

environ 60 % des grandes écoles recensées<br />

en 2016) que ce sont intéressés les<br />

chercheurs avec le concours du MESRI.<br />

Un profil social<br />

plutôt favorisé<br />

En 2016-2017, les étudiants issus de catégories<br />

socio-professionnelles (PCS)<br />

très favorisées (cadres et assimilés, chefs<br />

d’entreprise, professions intellectuelles et<br />

professions libérales) représentaient 64 %<br />

des effectifs des grandes écoles, alors que<br />

seuls 23 % des jeunes de 20 à 24 ans et<br />

47 % des étudiants inscrits dans des formations<br />

d’enseignement supérieur de niveau<br />

bac+3 à bac+5 étaient issus de ces<br />

catégories sociales.<br />

À l’inverse, les étudiants des grandes<br />

écoles n’étaient que 9 % à être issus de<br />

PCS défavorisées (ouvriers et personnes<br />

sans activité professionnelle) pour 36 %<br />

des jeunes de 20 à 24 ans et 20 % des<br />

étudiants de niveau bac+3 à bac+5. Cette<br />

sous-représentation concerne également<br />

les étudiants issus de PCS favorisées (professions<br />

intermédiaires) ou moyennes<br />

(employés, agriculteurs, artisans, com-<br />

36


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

merçants) qui ne constituaient respectivement<br />

que 10 % et 18 % des effectifs<br />

des grandes écoles en 2016-2017 contre<br />

14 % et 27 % des jeunes de 20 à 24 ans<br />

(11 % et 22 % des étudiants de niveau<br />

bac+3 à bac+5).<br />

Des écarts qui se<br />

resserrent<br />

En l’espace de neuf ans, on note un net<br />

resserrement des chances relatives d’accès<br />

à l’enseignement supérieur pour les<br />

élèves de PCS très favorisées par rapport<br />

aux élèves de PCS défavorisées. Alors<br />

qu’un élève de PCS très favorisée né en<br />

1988 avait 8,3 fois plus de chances qu’un<br />

élève de PCS défavorisée né la même année<br />

d’accéder à l’enseignement supérieur<br />

plutôt que de ne pas y accéder, ce ratio est<br />

passé à 4,4 parmi les élèves nés en 1995.<br />

De la même façon l’évolution dans l’accès<br />

aux grandes écoles reste limitée : parmi<br />

les élèves nés en 1988, les chances relatives<br />

des élèves de PCS très favorisées<br />

d’accéder à une grande école étaient 17<br />

fois plus élevées que celles des élèves de<br />

PCS défavorisées ; parmi les élèves nés<br />

en 1995, ce rapport était de 14.<br />

Mais attention selon les auteurs du rapport<br />

cette évolution s’explique d’abord<br />

par l’évolution de la structure sociale de<br />

la population des 15-24 ans qui s’est déformée<br />

au profit des catégories sociales<br />

très favorisées (passée de 21 % à 24 %).<br />

S’il y a eu une légère diminution du taux<br />

d’accès aux Grande écoles des élèves issus<br />

de PCS très favorisées, on n’observe<br />

pas pour autant de progression concomitante<br />

du taux d’accès des élèves issus de<br />

PCS défavorisées. Un constat qui vaut en<br />

La sélectivité des Grandes écoles<br />

Selon les auteurs de l’étude, la sélectivité<br />

des grandes écoles peut être mesurée<br />

de manière plus fine en calculant le rang<br />

percentile moyen au baccalauréat de<br />

leurs étudiants. Cette mesure met en<br />

évidence la très grande hétérogénéité<br />

du niveau de sélectivité des grandes<br />

écoles : le rang percentile moyen au<br />

baccalauréat des étudiants des 10 % des<br />

écoles les moins sélectives se situe à 38<br />

sur une échelle allant de 0 à 100, contre<br />

91 pour les étudiants inscrits dans les<br />

10 % des écoles les plus sélectives.<br />

particulier pour les grandes écoles les plus<br />

renommées (ENS Ulm, École polytechnique,<br />

HEC et Sciences Po Paris) : tout<br />

au long de la période 2006-2016 les étudiants<br />

issus de PCS très favorisées sont<br />

restés surreprésentés dans ces institutions<br />

d’élite (entre 73 et 92 % des effectifs) ; la<br />

part des étudiants issus de PCS défavorisées<br />

dans ces écoles est quant à elle restée<br />

inférieure à 8 %<br />

Parmi les 10 % des grandes écoles de niveau<br />

bac+3 à bac+5 les plus sélectives selon cette<br />

définition, on trouve l’École Polytechnique,<br />

l’École des Mines de Paris, CentraleSupélec,<br />

l’École nationale des ponts et chaussées,<br />

l’ENSTA ParisTech, l’ISAE Supaéro, l’ENS<br />

Paris, l’ESPCI Paris, l’ENSAE, Télécom Paris,<br />

HEC, Centrale Lyon, l’IEP Paris, l’ENS Lyon,<br />

l’École nationale supérieure de chimiede<br />

Paris, l’École nationale vétérinaire de Lyon,<br />

l’École nationale des chartes, Iota Palaiseau,<br />

l’École nationale vétérinaire de Nantes,<br />

ESCP, Centrale Marseille et l’IEP de Rennes.<br />

37


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

FÉVRIER <strong>2021</strong> N° 46<br />

Plus ou moins de<br />

boursiers<br />

Le pourcentage des boursiers est nettement<br />

plus faible dans les grandes écoles<br />

qu’à l’université : en 2016-2017, 19 %<br />

des étudiants des grandes écoles étaient<br />

boursiers contre 34 % des étudiants inscrits<br />

dans des formations universitaires<br />

de niveau bac+3 à bac+5. La proportion<br />

de boursiers était cependant plus élevée<br />

dans les IEP (29 %) et dans les grandes<br />

écoles spécialisées (29 %) que dans les<br />

écoles d’ingénieurs (21 %), les écoles de<br />

commerce (16 %) et les ENS (16 %).<br />

Le niveau des bourses est également intéressant<br />

à comparer. Bien que la proportion<br />

d’étudiants boursiers ait tendance à croître<br />

avec le niveau de sélectivité des écoles,<br />

en passant de 9 % dans les écoles du 1er<br />

décile de sélectivité (les plus sélectives) à<br />

24 % dans les écoles du 9 ème décile de sélectivité<br />

ce phénomène provient intégralement<br />

de la part plus élevée de boursiers<br />

d’échelons 0 ou 1 dans les écoles plus sélectives,<br />

qui correspondent aux boursiers<br />

les moins socialement défavorisés.<br />

Qu’en est-il des classes<br />

préparatoires ?<br />

La surreprésentation des catégories sociales<br />

favorisées dans les grandes écoles<br />

se retrouve dès les classes préparatoires.<br />

En 2016-2017, les étudiants issus de PCS<br />

très favorisées représentaient en effet<br />

58 % de leurs effectifs quand 12 % étaient<br />

issus de PCS défavorisées.<br />

Les chercheurs observent également que<br />

les étudiants de PCS défavorisées constituaient<br />

22 % des effectifs dans les 10 %<br />

des CPGE les moins sélectives mais seulement<br />

6 % des effectifs dans les 10 %<br />

des CPGE les plus sélectives. À l’inverse,<br />

les étudiants de PCS très favorisées représentaient<br />

41 % des effectifs des CPGE les<br />

moins sélectives et 72 % des effectifs des<br />

CPGE les plus sélectives.<br />

Mais que fait l’université ?<br />

Les étudiants issus de PCS très favorisées<br />

sont également surreprésentés à l’université<br />

(42 % des étudiants de niveau bac+3 à<br />

bac+5) par rapport à leur part dans la population<br />

des jeunes de 20 à 24 ans (23 %).<br />

De plus la composition sociale des formations<br />

universitaires varie sensiblement en<br />

fonction de la discipline considérée : alors<br />

que les étudiants issus de PCS très favorisées<br />

représentent plus de la moitié (51 %)<br />

des effectifs en médecine et 47 % des effectifs<br />

en droit de niveau bac+3 à bac+5, ils<br />

sont moins de 40 % en lettres et sciences<br />

humaines ou en économie-gestion.<br />

Sébastien Gémon<br />

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