You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
15<br />
L’auto étant bien souvent le « jouet<br />
préféré » des Luxembourgeois, le<br />
fait de ne pas en être le propriétaire<br />
et d’être « obligé » de le partager<br />
ne plaide a priori pas en faveur du<br />
car-sharing. Après quelques années<br />
d’existence, où en sommes-nous avec<br />
ce concept ? Encore à ses débuts ou<br />
est-il entré dans les mœurs ?<br />
Jürgen Berg : Nous n’en sommes plus au<br />
début, c’est certain ! En 2017, lorsque<br />
nous avons créé CFL Mobility avant<br />
de lancer notre système d’autopartage<br />
Flex l’année suivante, nous étions<br />
en pleine phase « pionniers », à côté<br />
des quelques autres opérateurs qui<br />
avaient déjà commencé à préparer le<br />
terrain. Depuis, il s’est passé beaucoup<br />
de choses, notamment grâce à certains<br />
facteurs qui ont fait que l’intérêt pour<br />
le car-sharing augmente. Les temps<br />
changent, les gens aussi. En 2019 – il<br />
n’y a pas donc pas si longtemps – je<br />
me posais parfois la question de savoir<br />
si telle ou telle station Flex que nous<br />
venions de mettre en service allait un<br />
jour devenir économiquement viable.<br />
Rien n’était sûr à l’époque ; mais nous<br />
avons continué à y croire et c’est ce<br />
qui fallait faire. Il faut un certain<br />
temps pour gagner la confiance de<br />
l’utilisateur potentiel. Il doit voir qu’il<br />
y a des stations, que les véhicules sont<br />
régulièrement utilisés et que tout cela<br />
s’inscrit dans le temps.<br />
Quels ont été ces facteurs décisifs<br />
que vous venez d’évoquer ?<br />
JB : Le type de client, assurément,<br />
et cela se confirme encore à l’heure<br />
actuelle. Nombre d’« expats » venus<br />
habiter dans les grands quartiers<br />
ou en périphérie de Luxembourg-<br />
Ville connaissaient le car-sharing<br />
de là où ils résidaient auparavant. Ils<br />
étaient donc plus « ouverts » pour ce<br />
système et se sont mis à l’utiliser ici<br />
aussi. Et, entretemps, ils ont fait des<br />
émules parmi les autres résidents du<br />
Grand-Duché !<br />
Combien comptez-vous d’utilisateurs<br />
réguliers de votre service ?<br />
JB : Nous comptons actuellement<br />
4.700 abonnés Flex, avec une hausse<br />
continuelle. Il y a bien eu un petit<br />
« trou » en mars-avril de l’année lié<br />
"<br />
IL FAUT UN<br />
CERTAIN TEMPS<br />
POUR GAGNER LA<br />
CONFIANCE DE<br />
L’UTILISATEUR<br />
POTENTIEL.<br />
IL DOIT VOIR<br />
QU’IL Y A DES<br />
STATIONS,<br />
QUE LES<br />
VÉHICULES SONT<br />
RÉGULIÈREMENT<br />
UTILISÉS ET<br />
QUE TOUT CELA<br />
S’INSCRIT DANS<br />
LE TEMPS.<br />
"<br />
JÜRGEN BERG<br />
au confinement mais cette baisse a<br />
de suite été compensée les trois mois<br />
suivants. Nous sommes donc encore<br />
en phase de croissance.<br />
Y a-t-il un profil type d’utilisateur ?<br />
JB : En fait, l’utilisation de Flex est<br />
surtout liée à l’emplacement géographique.<br />
Ville, proximité de la ville,<br />
quartiers résidentiels disposant<br />
d’une bonne connexion aux réseaux<br />
de transports en commun : les stations<br />
installées à ces endroits-là attirent le<br />
plus grand nombre d’utilisateurs.<br />
Ce sont des zones où le nombre de<br />
places de parking est aussi souvent<br />
limité. Du coup, certains résidents se<br />
posent la question de savoir s’il n’est<br />
pas plus intéressant d’avoir recours<br />
au car-sharing plutôt que de payer<br />
la location d’une place de parking à<br />
l’année. Ils se disent « avec cet argent,<br />
je peux faire beaucoup de kilomètres<br />
en autopartage ! ». En fait, le système<br />
de car- sharing fonctionne correctement<br />
à partir du moment où il y a<br />
un mix important de types d’utilisateurs.<br />
La base, ou le socle, est constitué<br />
par celles et ceux qui empruntent<br />
un véhicule de manière régulière, ne<br />
disposant pas eux-mêmes d’une auto.<br />
S’y ajoutent les familles ou ménages<br />
qui décident de faire l’impasse sur ce<br />
qu’on appelle « la troisième voiture ».<br />
Leur réflexion est la suivante : mon<br />
fils ou ma fille faisant ses études à<br />
l’étranger, ils passeront peut-être<br />
deux ou trois mois au Luxembourg ;<br />
s’ils veulent une voiture durant cette<br />
période, ils pourront se servir de la<br />
première ou de la seconde voiture<br />
familiale… et si ce n’est pas possible,<br />
on utilisera Flex ! Les autres cas sont<br />
ceux avec un besoin ponctuel, par<br />
exemple si mon propre véhicule est<br />
au garage…<br />
Qu’en est-il de votre clientèle<br />
professionnelle ?<br />
JB : Nous comptons aussi des entreprises<br />
parmi nos clients, dont certaines<br />
disposent d’ailleurs, en interne,<br />
de leur propre système de car-sharing<br />
fourni par nos soins. Dans son parking,<br />
PWC a un parc de 15 voitures<br />
Flex destiné à ses collaborateurs. Ils<br />
réservent le véhicule via une app<br />
dédiée et s’en servent pour se rendre<br />
en clientèle. Ces autos peuvent aussi<br />
être utilisées après les heures de service<br />
ou les week-ends à un tarif forfaitaire<br />
spécial défini au sein de l’entreprise.<br />
Pour autant que je sache, cela<br />
marche également très bien.<br />
De manière plus générale, quel est le<br />
feedback des utilisateurs de Flex ?<br />
JB : Notre dernière étude auprès de la<br />
clientèle date de décembre dernier.<br />
Nous avons pris le pouls après quinze<br />
mois largement marqués par la crise<br />
sanitaire. Globalement, les retours de<br />
nos clients se sont révélés très positifs<br />
: bonne qualité de service, bon<br />
choix de type de véhicules. Ce qu’ils<br />
souhaitent, c’est avant tout davantage<br />
de stations, notamment dans<br />
la capitale et ses proches environs -<br />
c’est d’ailleurs là qu’il y a le plus de<br />
demande. Il faut savoir que nous ne<br />
pouvons pas simplement ouvrir des<br />
stations à notre guise, là où nous en<br />
avons envie. Il nous faut collaborer<br />
avec les communes, des entreprises