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30<br />
REFLEXION<br />
Chronique<br />
Changement<br />
climatique<br />
Juste une fenêtre de 10 ans<br />
Par CINDY LEGROS<br />
Dès qu’on entend « émission de CO2 » ou « émission de<br />
gaz à effet de serre », on pense « voiture ». C’est comme le<br />
réflexe de Pavlov : un raccourci communément accepté,<br />
voire alimenté, auquel on ne réfléchit plus et qui nous fait<br />
automatiquement pointer du doigt l’industrie des 4 roues.<br />
Mais a-t-on jamais pris le temps de s’interroger sur sa<br />
propre empreinte carbone ? La mienne, par exemple ?...<br />
Mais j’aimerais d’abord démystifier certaines idées reçues :<br />
en quoi les gaz à effet de serre ont-ils tant d’importance ?<br />
Réchauffement climatique v/s changement climatique ? Et<br />
quelles perspectives ?<br />
T<br />
out<br />
d’abord, il faut savoir que l’effet de serre en tant que tel<br />
est un phénomène naturel grâce auquel une partie de l’énergie<br />
solaire émise par la terre est absorbée et retenue sous<br />
forme de chaleur dans les basses couches de l’atmosphère.<br />
Différents gaz participent à ce principe et comme la nature est bien<br />
faite, les plantes jouent le rôle de régulateur à travers la photosynthèse.<br />
Elles absorbent notamment l’excédent de carbone et seule<br />
la chaleur nécessaire est retenue dans la basse<br />
atmosphère. Alors, en quoi ces émissions de<br />
gaz à effet de serre sont-elles problématiques ?<br />
Avec l’intensification de l’activité humaine ces<br />
100 dernières années, une quantité toujours plus<br />
grande de gaz à effet de serre est émise à une<br />
vitesse toujours plus rapide. Cela a pour conséquence<br />
de fragiliser l’équilibre naturel et de piéger<br />
de plus en plus de chaleur dans les basses<br />
ATTEINDRE<br />
LA NEUTRALITÉ,<br />
C’EST SE LIMITER<br />
À 3 TONNES<br />
DE CO2 PAR AN ET<br />
PAR PERSONNE…<br />
couches. D’où une augmentation généralisée de la température<br />
sur terre d’un bon degré ! Non, il ne fera pas 32° au lieu de 31° sur<br />
la plage de vos vacances ! Mais cela signifie que la température<br />
globale de la terre a augmenté, entraînant le réchauffement des<br />
océans, donc la montée des eaux (suite à la dilatation), la fonte des<br />
glaces et d’autres phénomènes qui commencent à se manifester.<br />
Alors, parle-t-on de réchauffement climatique ou de changement<br />
climatique ? Les experts privilégient le changement climatique,<br />
parce que les effets ne seront pas les mêmes partout.<br />
Certaines régions risquent de devenir plus sèches, d’autres plus<br />
humides et certains endroits pourront même se refroidir. Ce<br />
qui est avéré dans toutes les études sur la question, c’est que le<br />
climat a toujours évolué. Mais sur de longues échelles de temps :<br />
des dizaines, voire des centaines de milliers d’années ! Et nous<br />
qui, à l’échelle du Big Bang, existons depuis une fraction de<br />
seconde, nous avons réussi à perturber le système climatique<br />
en à peine 100 ans !<br />
Bref, il est trop tard ? NON ! La bonne nouvelle c’est que les<br />
experts s’entendent pour dire que nous avons une fenêtre de<br />
10 ans devant nous pour recadrer notre impact. L’autre nouvelle,<br />
c’est qu’il faut être conscient que la vie « no limit » telle qu’on la<br />
connaît ne peut perdurer si nous voulons offrir à nos enfants<br />
des conditions d’existence “admissibles” sur une majeure partie<br />
de la planète. Quelle est la meilleure stratégie pour aller dans<br />
le bon sens ? Limiter le réchauffement global à 2° et donc, par<br />
extension, réduire les émissions de gaz à effet de serre (dont le<br />
fameux CO2). Voilà pourquoi l’Union européenne a validé un<br />
objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Atteindre la neutralité,<br />
cela implique que la nature soit à nouveau capable d’absorber<br />
les gaz à effet de serre émis. Et concrètement, cela équivaut à<br />
environ 3 tonnes de CO2/an/personne… A titre d’exemple, un<br />
aller-retour Paris/New York en avion dégage 2 tonnes de CO2<br />
(source : CO2 Logic). De quoi mesurer l’ampleur de notre tâche<br />
commune !<br />
Pour terminer… chose promise : mon empreinte personnelle !<br />
Tout d’abord, selon la plateforme de calcul des Nations Unies,<br />
l’empreinte moyenne mondiale est de 9,3 tonnes de CO2/an/<br />
personne. Bad news : la moyenne belge est de 16,6 tonnes. Et la<br />
mienne… ? J’ai pris comme année de référence 2019 et j’ai obtenu<br />
21,5… un triste score dû en grande partie à divers voyages en<br />
avion. Il est clair que mesurer objectivement son impact est le<br />
premier pas tangible vers plus de conscience. A ma décharge,<br />
depuis 2019, bien des éléments ont changé ! Néanmoins, cette<br />
année, je m’attèle à réduire ce chiffre sans tomber dans l’extrémisme.<br />
Je pense que chacun doit modifier sa manière de vivre<br />
en fonction de sa réalité personnelle, en scannant son alimentation,<br />
son logement, ses déplacements, sa consommation en<br />
général, puis en ajustant pas à pas. Et si on ne fait rien ? Bah…<br />
la Terre, elle, continuera de tourner. Seules, les conditions de<br />
vie deviendront de plus en plus rudes pour nous, les humains.<br />
Elles amèneront leur lot d’autres problèmes et les réfugiés climatiques<br />
se multiplieront à tout va.<br />
Nous voilà prévenus. Pensons à la métaphore du colibri : ici,<br />
chacun doit faire sa part. ■<br />
AVRIL 2021