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PANORAMA DE PRESSE - 02.08

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POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE<br />

VITISPHÈRE<br />

Alexandre Abellan<br />

31·07·23<br />

QUE LES ASSUREURS DISENT<br />

QUE LE MILDIOU «NE RENTRE<br />

PAS DANS LA CASE, CE N’EST PAS<br />

ENTENDABLE» POUR LE VIGNOBLE<br />

Le refus de reconnaissance par les assurances du mildiou comme aléa climatique ne peut pas être<br />

définitif pour le vignoble qui se mobilise auprès du ministère pour qu’il y ait une prise en charge des<br />

dégâts exceptionnels. Les vignerons touchés sont appelés à déposer des déclarations de sinistre.<br />

Ce n’est pas peu dire que la fin de non-recevoir des assureurs aux demandes de couverture des dégâts de mildiou<br />

ce millésime 2023 ne passe pas dans le vignoble. « On est sur la première expérience de ce nouveau système qui<br />

doit être vivant et évolutif. Ce n’est pas un trou dans la raquette, c’est un aléa majeur » alerte Christophe Bou,<br />

le vice-président de l’Interprofession des Vins du Sud-Ouest (IVSO), pour qui « vu la calamité qui s’abat sur<br />

tout le Sud-Ouest (Bordeaux, Bergerac, Cahors, Gers…), il faut un accompagnement assurantiel. La solidarité<br />

nationale, on y est ! » Bloquant la prise en charge des 20 à 50 % de pertes de récolte par les nouveaux contrats<br />

assurantiels MultiRisque Climatique (MRC), le refus des assureurs empêche également le déclenchement du<br />

volet de solidarité nationale, au-delà de 50 % de dégâts. Une impasse qui n’est pas tolérable pour la filière vin.<br />

« On ne baisse pas les bras et on n’a pas à les baisser comme représentants de la filière » souligne Éric<br />

Chadourne, le président de l’Interprofession des Vins de Bergerac et Duras (IVBD), qui rappelle l’étendue<br />

généralisée des dégâts : « tout le monde est touché, quelques soient les pratiques culturales, les programmes<br />

de traitement, les machines de pulvérisation… C’est lié à ce climat tropical humide que l’on a vécu en mai et<br />

juin. »<br />

« À cause de sa virulence et de son développement, les dégâts macroéconomiques à l’échelle des différents<br />

bassin viticoles et microéconomiques à l’échelle des exploitations sont particulièrement importants » prévient<br />

une lettre envoyée le 27 juillet dernier par les présidents de l’IVSO, de l’IVBD et du Conseil Interprofessionnel<br />

du Vin de Bordeaux (Allan Sichel, CIVB) au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. « Seule l’activation du<br />

nouveau dispositif associant régime assuranciel et solidarité parait, comme vous en faisiez le constat lors de<br />

votre visite en Gironde, à la hauteur de la situation » alertent les trois présidents, avertissant qu’« un échec de<br />

cette activation nous renverrait tous devant le triste constat d’un système nouveau, plus cher pour les assurés,<br />

qui ne fonctionne pas, ni pour sa partie assurancielle, ni pour sa partie solidarité nationale, quand les assurés<br />

en ont besoin ».<br />

Dire face à un coup dur que « ça ne rentre pas dans la case, ce n’est pas entendable. Une bonne assurance est<br />

gagnant-gagnant. On parle d’impacts majeurs : 90 à 100 % de pertes sur certaines parcelles » ajoute Christophe<br />

Bou, pour qui « il faut faire vivre cette assurance de protection. Des exploitations sont à leur troisième aléas<br />

majeurs : ce serait dramatique et irréversible de ne pas les soutenir. » Si les assurances se basent sur une vision<br />

réglementaire du contrat MRC, « la porte n’est pas totalement fermée, même si les assureurs ne veulent pas<br />

l’ouvrir. On s’en doutait, ça ne sera pas facile, mais ce n’est pas joué » espère Stéphane Gabard, président du<br />

syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur, pour qui « le sujet n’est pas plié, il faut déclarer le sinistre ».<br />

Incitant « tout le monde à déposer une déclaration de sinistre », Éric Chadourne philosphe : « c’est quand<br />

ça va mal que l’on peut voir les partenaires sur qui compter. Il n’y a rien de mieux pour démolir le nouveau<br />

système sa première année d’application. C’est une question de survie pour la filière. Et une question de fond :<br />

si ça recommence, comment fera-t-on ? On est au pied du mur : est-ce une mauvaise série ou le réchauffement<br />

climatique ? »<br />

Revoir la copie<br />

Aux assureurs et au ministère de revoir la copie pour la filière vin, qui plaide pour une action des contrats<br />

MRC et de la solidarité nationale. « On est dans un cas extrême. Beaucoup de vignerons se détourneront de<br />

l’assurance si elle ne fonctionne pas » annonce Christophe Bou, reconnaissant que « rien n’est jamais parfait,<br />

mais si au aléa exemple inattendu on abandonne, que l’on dit que ce n’est pas dans les clous, ce n’est pas la<br />

peine. Il faut s’engager à construire ensemble un filet de protection. »<br />

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