PANORAMA DE PRESSE - 02.08
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POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE<br />
VITISPHÈRE<br />
Alexandre Abellan<br />
31·07·23<br />
DÉJÀ «CRITIQUE», LA LUTTE<br />
VITICOLE CONTRE LE<br />
MILDIOU POURRAIT <strong>DE</strong>VENIR<br />
CATASTROPHIQUE SI D’AUTRES<br />
PHYTOS SONT RETIRÉS (1)<br />
Mené par le ministère de l’Agriculture, le travail d’anticipation du retrait des substances actives met<br />
à jour des risques d’impasse phyto sur le mildiou, le black-rot, la flavescence dorée et la gestion de<br />
l’enherbement. Le point avec Éric Chantelot, expert Ecophyto et directeur du pôle Montpellier chez<br />
l’Institut français de la vigne et du vin (IFV)<br />
Où en est le travail de la task-force de la filière vin sur l’anticipation du retrait des substances actives ?<br />
Éric Chantelot : Tout se base sur la décision de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) d’anticiper en<br />
février dernier le retrait européen de l’herbicide S-métolachlore en grandes cultures. Ce retrait par anticipation<br />
a conduit le ministère de l’Agriculture à mettre en place une procédure de concertation pour qu’il n’y ait plus<br />
de retraits causant des impasses techniques. Sur les 250 matières actives qui seront réévalués par l’Union<br />
Européenne dans les cinq ans, le ministère en a identifié 75 qui pourraient ne pas être réhomologuées ou l’être<br />
avec des restrictions.<br />
Dans des réunions avec l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et<br />
l’environnement) et les interprofessions (le Comité National des Interprofessions des Vins à appellation<br />
d’origine et à indication géographique, CNIV), la filière vin a identifié quatre problématiques avec des risques<br />
d’usages orphelins faute de solution alternative. Notre position est de ne pas travailler molécule par molécule,<br />
comme les services ministériels nous le demandent année après année, mais de répondre par usage. C’est<br />
l’accumulation des retraits successifs qui amène le vignoble dans le mur : il faut prendre en compte la globalité.<br />
Quels sont les quatre stratégiques et les points critiques relevés par la filière ?<br />
Le premier usage est la lutte contre le mildiou. Il y a un risque de retrait de molécules multisites (comme folpel<br />
et métirame), alors que toute la stratégie française contre le mildiou vise à éviter l’apparition de résistances<br />
en utilisant conjointement des molécules multisites et unisites. Il y a aussi un risque identifié sur le cuivre,<br />
dont on n’a aucune nouvelle alors qu’approche la fin du renouvellement de 5 ans et que cela pèse sur tous<br />
les viticulteurs bio. Toujours sur le mildiou, il y a une problématique de résistance comme il existe 8 modes<br />
d’action des molécules : s’il y a retrait de certains modes d’action et molécules, la pression sur les autres voies<br />
va augmenter et il y a un risque de résistance croissant du mildiou.<br />
Alors que le millésime 2023 montre les limites de la lutte contre le mildiou, de telles limitations rendraient<br />
la situation encore plus incontrôlable...<br />
Demain, on risque d’avoir de plus en plus de millésimes comme 2023 pour le mildiou. Le risque de résistance<br />
pourrait se généraliser. La situation est critique pour le mildiou, la panoplie globale doit être maintenue faute<br />
d’alternatives. Toutes les solutions de biocontrôles connues, qu’elles soient homologuées ou en développement,<br />
n’ont pas l’efficacité suffisante en cas de forte pression.<br />
▼ SUITE ▼<br />
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