13.03.2024 Views

avpao-para-commando-154-def

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Il y aura 30 ans le 7 avril 1994<br />

Un Drame au pays des Mille Collines éclatait<br />

10 Para-Commandos perdaient la vie<br />

Près d’un million de Ruandais étaient victimes d’un génocide<br />

Texte : E. Genot<br />

Photos : Archives ANPCV<br />

Un peu d’Histoire<br />

Vers la fin des années 1950, peuplant le pays à plus 80 % et<br />

appuyés par l’administration belge, les Hutus du Rwanda se<br />

révoltent contre l’autorité ancestrale du Mwami. Les Tutsis, amés de<br />

lances et de machettes réagissent en menant des actions agressives :<br />

massacres, incendies de huttes, destructions de cultures et de bétails…<br />

auxquelles répondent les Hutus.<br />

Les unités de la Force Publique, composées essentiellement<br />

de Congolais ne suffisent plus pour maintenir l’ordre. De plus, au<br />

lendemain de l’Indépendance du Congo, elles seront désarmées et<br />

renvoyées dans leur pays. Dès lors, début 1960, afin de faire cesser<br />

les combats, deux bataillons Para-Commandos s’installeront dans<br />

les deux protectorats belges, le 4 Commando au Ruanda et le 3 Para<br />

en Urundi où la situation est également préoccupante.<br />

Ces deux unités, renforcées périodiquement par le 1 Para et par<br />

des Compagnies de Marche, constamment sur la brèche dans des<br />

opérations de maintien et de rétablissement de l’ordre, parviendront<br />

à restaurer la paix. Mais après l’organisation d’élections communales<br />

et législatives, remportées par les Hutus et la proclamation de la<br />

République du Ruanda, de nombreux Tutsis s’expatrient dans les<br />

pays limitrophes.<br />

Accédant à l’Indépendance le 1 er juillet 1962, ces deux anciens<br />

protectorats ne souhaitent pas de présence de militaires belges dans<br />

leur pays, toutes les unités belges auront quittés l’Afrique à la miaoût.<br />

Tandis que le Burundi sera régulièrement perturbé par des conflits<br />

sanglants entre ethnies rivales, le Rwanda, profitant pendant de<br />

nombreuses années d’un régime dirigé par le Président Kayibanda,<br />

sera considéré par beaucoup comme un pays d’Afrique centrale ayant<br />

adopté un style de gouvernement suscitant l’exemple. Néanmoins,<br />

les Tutsis restés au pays sont écartés des fonctions importantes.<br />

Dans les années 70, le pays subissait un changement de pouvoir<br />

après le coup d’Etat du Général Juvénal Habyarimana mais continuait<br />

à se développer tant socialement qu’économiquement, profitant<br />

d’aides économiques internationales. En instaurant un régime présidentiel<br />

fort, Habyarimana refusera, lui aussi, toute participation de<br />

Tutsis et même d’opposants Hutus au gouvernement ! Si au cours<br />

des années qui se succéderont après l’Indépendance, ces Tutsis réfugiés<br />

dans les pays voisins feront régulièrement parler d’eux par des<br />

interventions à l’ONU ; en 1990, un tel coup de tonnerre dans ce<br />

pays calme et serein, venant d’Ouganda, ceux-ci déclenchent des<br />

hostilités contre les Forces armées rwandaises -FAR- . Des bandes<br />

armées bien organisées envahissent le nord du pays, nécessitant alors<br />

l’intervention de l’Armée Française et du 2 Commando (renforcé par<br />

d’un peloton de l’Escadron Recce Para-Commando) en octobre afin<br />

d’occuper l’aérodrome de Kigali, protéger les expatriés et procéder<br />

à des évacuations.<br />

Les FAR renforcées pendant un certain temps par des unités<br />

zaïroises, opposent une résistance farouche aux troupes du Front<br />

Patriotique Rwandais -FPR- mais ne parviennent pas à les refouler<br />

en Ouganda.<br />

.<br />

Les accords d’Arusha<br />

Depuis le déclenchement de ces troubles, le pays cherche vainement<br />

à retrouver la paix et à accéder à un régime démocratique.<br />

De conférence en conférence, les antagonistes se rencontrent.<br />

Après 17 ans de parti unique, Habyarimana instaure le multipartisme<br />

le 10 juin 1991 et fin décembre de la même année, neuf<br />

partis politiques sont reconnus. Grâce à une médiation difficile de la<br />

Communauté économique des pays des Grands Lacs, Hutus et Tutsis<br />

parviennent à signer les accords d’Arusha le 4 août 1993.<br />

Un processus de paix patronné par les Nations Unies est alors<br />

en marche…Une force de l’ONU, dont le 1 Para s’installe dans le<br />

pays. En décembre 1993, un bataillon FFR, escorté par le 1 Para,<br />

fait son entrée à Kigali et le Président de la République nomme une<br />

Première Ministre, Madame Uwilingiyimana, pour constituer un<br />

gouvernement d’union nationale. Mais Habyarimana, freiné par son<br />

aile dure, tarde à élargir le Parlement à des hommes de l’opposition…<br />

Alors que le 2 Commando a repris la mission du 1 Para (au sein<br />

des casques bleus) à partir du 15 mars 1994, le 6 avril, rentrant de<br />

Tanzanie, l’avion du Président Habyarimana, dans lequel a pris<br />

place également son homologue burundais, Cypprien Ntaryamira,<br />

atteint par des tirs, s’écrase en flamme dans les environs de l’aérodrome<br />

de Kigali!<br />

L’Unamir<br />

Au lendemain de ces assassinats, le Rwanda bascule brutalement<br />

dans la guerre civile, plongeant le pays dans l’anarchie<br />

en ravivant les antagonismes et suscitant des massacres entre les deux<br />

races, provoquant la mort de centaines de milliers de Rwandais et<br />

des exodes massifs de populations !<br />

L’Unamir (United Nations Assisted Mission In Rwanda), sur<br />

place depuis novembre 1993, avait déployé quelque 2.500 hommes<br />

dont quelque 400 Para-Commandos belges. Cette force disposant de<br />

moyens de feux limités, soumis à des ROE (Rules Of Engagement)<br />

de « Peace keeping » maintien de la paix dispersée à Kigali et dans<br />

le nord du pays, s’est brutalement retrouvée au milieu de conflits<br />

entre ethnies rivales et des combats entre FPR et FAR s’accusant<br />

mutuellement d’avoir assassiner le Président dans une campagne<br />

de désinformation anti-belge. Le Gouvernement Rwandais accuse<br />

même la Belgique de cet attentat !<br />

Le Drame<br />

Le 7 avril, dix Para-Commandos du Peloton Mortiers du<br />

2 Commando, en mission d’escorte de la Première Ministre,<br />

se voient encerclés par des militaires de la Garde Présidentielle<br />

et sont sauvagement massacrés. Les derniers moments de nos dix<br />

camarades sont mal connus. Nous savons qu’ils ont été interceptés<br />

8

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!