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une interview pour « Dicodusport » dans<br />
laquelle elle raconte : « Je dois vendre<br />
mes meubles pour financer mon rêve<br />
olympique », et c’est là que son histoire<br />
explose. D’abord dans sa commune,<br />
puis dans l’Aveyron, l’Occitanie et enfin<br />
la France entière. « Cela me permet de<br />
toucher beaucoup de personnes dont<br />
des partenaires. » L’histoire de l’athlète<br />
fait le tour des réseaux sociaux et certains<br />
demandent même à Jona de leur<br />
envoyer son RIB pour la soutenir. L’idée<br />
lui vient, et une cagnotte de crowdfunding<br />
voit le jour.<br />
Un sportif en<br />
France ne touche<br />
pas réellement<br />
d’argent par<br />
rapport à sa<br />
pratique sportive.<br />
© Jean-Pierre Durant / FFA<br />
« J’ENCHAÎNE LES PETITS JOBS ET<br />
DÉCIDE D’ENGAGER MES ÉCONOMIES<br />
PERSONNELLES. PENDANT UNE<br />
ANNÉE, CHAQUE CENTIME DÉPENSÉ<br />
COMPTERA. » JONA AIGOUY, JAVELOT<br />
« Cela interloque forcément », expliquet-elle<br />
d’abord avant de poursuivre, « les<br />
gens sont compréhensifs, mais reste<br />
qu’un sportif en France n’est pas forcement<br />
professionnel et que du coup il ne<br />
touche pas réellement d’argent par rapport<br />
à sa pratique sportive », lance l’Aveyronnaise.<br />
Les réseaux sociaux étant ce<br />
qu’ils sont, les bas-fonds remontent à la<br />
surface et une vague de misogynie/critique<br />
s’abat sans réelle raison : « Vu ce<br />
qu’il fait au championnat du monde, elle<br />
peut rester à la maison » ; « Ça c'est bien<br />
les femmes, toujours besoin des autres » ;<br />
« Encore des cagnottes pour tout et n’importe<br />
quoi » ; « On ouvre une cagnotte<br />
pour tout et n’importe quoi maintenant<br />
c’est dingue bientôt les gens vont demander<br />
leur salaire par cagnotte » ; « Écarte,<br />
t'auras des javelots »… Oui c’est retranscrit<br />
tel quel... histoire de bien mettre les<br />
auteurs à l’honneur (amis de la poésie...).<br />
« J’ai reçu davantage de messages de<br />
soutien que de messages négatifs », relativise<br />
Jona qui n’a pas perdu une étincelle<br />
de sa flamme, « aujourd’hui grâce<br />
à ce soutien j’arrive à joindre les deux<br />
bouts et à avancer sereinement vers<br />
mon rêve olympique. »<br />
Courir après les sponsors<br />
Dans cette quête les marques ont forcément<br />
un grand rôle à jouer. Le sprinteur<br />
américain Noah Lyles posait l’équation<br />
auprès du Guardian : « Je pensais que<br />
mon job, c'était de courir. Mais non, c'est<br />
de faire vendre des chaussures. » L’escrimeuse<br />
Camille Hermay en connaît tout<br />
un rayon en sponsors. Des entreprises<br />
que l’athlète de 25 ans démarche depuis<br />
des années chez elle, en Normandie. Ils<br />
sont une quarantaine. Pas forcément<br />
de grandes enseignes, mais des commerçants<br />
locaux. « Je suis toujours à la<br />
recherche de partenaires. Pendant la<br />
saison certains arrêtent, donc les nouveaux<br />
sont toujours les bienvenus », assure<br />
Camille. Une aide qui vient s’ajouter<br />
aux différentes primes et avantages selon<br />
ses résultats, reçus grâce à son club,<br />
l’Académie Beauvaisienne d’Escrime.<br />
Un phénomène récent ?<br />
Il y a quinze ans déjà. Un an après son<br />
échec aux JO de Pékin en 2018, le perchiste<br />
Romain Mesnil courait nu dans<br />
les rues de Paris. Lâché par son sponsor,<br />
Nike, suite à cette contre-performance,<br />
l’athlète a été contraint de mettre aux<br />
enchères des emplacements publicitaires<br />
sur son maillot dans l’espoir de<br />
trouver de généreux internautes. Il faut<br />
croire que tout cela n’a pas beaucoup<br />
changé.<br />
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°32 • Avril-Mai-Juin 2024 WOMEN SPORTS 39