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© GEPA pictures/ Daniel Schoenherr - Photo by Icon sport<br />
« BEAUCOUP PENSENT QU’ON PEUT<br />
PASSER D’UN SPORT À L’AUTRE EN<br />
UN CLAQUEMENT DE DOIGTS. C’EST<br />
BEAUCOUP DE TRAVAIL. »<br />
des changements d’entraîneurs et à des<br />
périodes d’instabilité. Alors qu’elle fait<br />
équipe à l’époque avec Mathilde Gros, la<br />
DTN estime que les performances de la<br />
paire française sont insuffisantes et décide<br />
d’abandonner le projet vitesse par équipe<br />
féminine en juin 2019. La bascule.<br />
« C’est vraiment parti d’un<br />
délire »<br />
« J’ai passé mon BPJEPS et immédiatement<br />
enchaîné sur un job dans une salle de<br />
sport, à Hyères. J’avais quelques plans »,<br />
affirme Sandie. Puis le bobsleigh entra<br />
dans sa vie. « Je connaissais le sport des<br />
JO et du film Rasta Rocket. Mais c’est vraiment<br />
parti d’un délire avec mon frère ainé,<br />
Cédric. Il m’a dit ‘pourquoi tu ne pousserais<br />
pas un bob’ », et cela a fait tilt. » Naturellement<br />
la jeune femme prend contact<br />
avec Margot Boch, meilleure « bobeuse »<br />
française qui lui annonce justement que<br />
l’équipe de France cherchait des pousseuses.<br />
Comme quoi le hasard…<br />
Sandie se rend à La Plagne et ses rails<br />
en U en guise de piste d’entraînement, si<br />
vous avez bien suivi. « Ça m’a plu. L’effort,<br />
l’explosivité qu’il faut avoir… c’est assez<br />
comparable à un départ arrêté en cyclisme<br />
», assure l’ancienne sprinteuse qui<br />
poursuit, « j’ai décidé au bout d’un mois<br />
de quitter mon emploi à la salle de sport<br />
afin de mettre toutes les chances de mon<br />
côté. Je n’avais plus le droit à mes droits<br />
au chômage à l’époque, se souvient-elle, je<br />
vivais d’amour (pour le bob, NDLR) et d’eau<br />
fraîche. »<br />
« S’adapter n’est pas simple »<br />
« Beaucoup pensent qu’on peut passer<br />
d’un sport à l’autre en un claquement de<br />
© GEPA pictures/ Daniel Schoenherr - Photo by Icon sport<br />
doigts. C’est beaucoup de travail »… La météo,<br />
le terrain de jeu.. il fallait presque se<br />
re-instruire. « Je suis à vélo depuis l’âge de<br />
cinq ans alors j’ai dû apprendre à courir.<br />
C’est hyper technique puisque les muscles<br />
des pieds ne sont pas développés de la<br />
même façon suivant les sports que tu fais.<br />
Sous la barre à la salle, pour l’explosivité,<br />
cela peut se ressembler, mais c’est tout »,<br />
il y avait du boulot, mais le potentiel était<br />
bien là.<br />
À la fin de l’été 2019, « j’ai participé à une<br />
compétition qui permettait aux deux premières<br />
de partir en saison. J’ai alors gagné<br />
ma place de remplaçante » se réjouit-elle.<br />
Mais le Covid passe par là, et la nouvelle<br />
bobeuse ne participe qu’en janvier 2021<br />
à sa première compétition officielle. Terminant<br />
6 e des championnats d’Europe à Winterberg,<br />
avant de se lancer à nouveau dans<br />
l’aventure JO, d’hiver cette fois.<br />
« Oui, j’ai participé aux JO<br />
d’été et aux JO d’hiver ! »<br />
Sandie Claire aura ainsi marqué, à sa manière,<br />
l’histoire de l’olympisme français.<br />
Deuxième Française à reproduire l’exploit<br />
après Sophie Villeneuve, ils ne sont en réalité<br />
qu’un peu plus d’une centaine, toutes<br />
nations confondues, à avoir participé aux<br />
Jeux Olympiques d’été ET d’hiver depuis<br />
1924. Un brin d’herbe dans le champ gigantesque<br />
des dizaines de milliers d’athlètes<br />
de l’histoire des Jeux.<br />
En inscrivant son nom parmi les participants<br />
de Pékin 2022, la jeune femme a<br />
réussi son pari fou. Une transition audacieuse<br />
qui la rend extrêmement fière. « Oui<br />
j’ai participé aux Jeux Olympiques des deux<br />
saisons. Même si c’est un peu un sport de<br />
niche, j’avais des qualités physiques pour<br />
performer et j’ai réussi à les mettre au service<br />
du bobsleigh », conclut-elle. WS<br />
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°32 • Avril-Mai-Juin 2024 WOMEN SPORTS 31