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WS32_Liseuse

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lage qui suit notamment la skieuse. Il faut<br />

être en capacité de se recentrer sur soi, de<br />

pouvoir vivre autre chose qu’à travers le<br />

sport uniquement. C’est salutaire pour faire<br />

à nouveau émerger l’envie, le désir de rechausser<br />

ses skis, ces sensations simples<br />

de sentir la puissance de la balle qui frappe<br />

sa raquette… sans les obligations de réussite,<br />

juste les sensations. »<br />

C’est d’ailleurs ce manque de repos dont<br />

avait souffert Émilie Andéol, lorsqu’elle est<br />

devenue championne olympique de judo.<br />

Elle avait déclaré avoir dû reprendre rapidement,<br />

ce qui était contraire à son souhait<br />

de s’accorder six mois de repos, comme elle<br />

l’a raconté à Alain Goujon en juillet 2021<br />

dans les colonnes de Sud-Ouest : « Je me<br />

suis rendu compte que je n’étais plus Émilie<br />

Andéol mais juste la championne olympique.<br />

C’était un manque de respect ». C’est<br />

pourquoi elle décide plus tard de couper durant<br />

un an pour revenir au judo plaisir et se<br />

rapprocher de sa famille. C’est ainsi que le<br />

staff qui entoure les athlètes s’efforce à leur<br />

rappeler que non, récupérer n’est pas une<br />

perte de temps, loin de là. Chose qu’aurait<br />

aimé faire aussi Hélène Defrance : « J’aurais<br />

adoré être accompagnée par quelqu’un qui<br />

m’aurait prévenu en amont : ‘‘Tu passes<br />

une vraie transition de ta vie. Ça fait 20 ans<br />

que tu te prépares pour ton sport et maintenant<br />

tu vas entamer ta carrière pro’’. Je ne<br />

me suis pas reposée après les Jeux. J’ai tout<br />

de suite voulu travailler. Je n’ai pas déprimé<br />

car j’étais déjà mobilisée par mon projet<br />

pro, mais j’étais épuisée. Médaillée en août,<br />

je déménageais en octobre pour une proposition<br />

de travail. Je n’avais aucune notion de<br />

comment mener ma carrière pro. J’ai perdu<br />

du temps, de l’énergie. Si c’était à refaire, je<br />

me poserais un an, réfléchirais à comment<br />

construire la suite. J’aurais dû ralentir. »<br />

LE TEMPS<br />

DE L’ANALYSE<br />

LA FAUTE À LA SOCIÉTÉ<br />

« Les notes à l’école, les résultats en<br />

entreprise… nous sommes dans une<br />

société qui focalise sur la performance,<br />

ce qui génère de la souffrance. En haut<br />

niveau, cette perception est poussée<br />

quelques crans au-dessus. Or, vous identifier<br />

à votre résultat vous coupe de vousmême<br />

», analyse Anaëlle Malherbe. L’experte<br />

a connu ceux qui, après Tokyo, ont<br />

eu un bébé, sont devenus entraîneurs,<br />

ou ont fait d’autres projets car ils ont pu<br />

rebondir. Pour ça, ils ont mis en pratique<br />

leurs qualités d’athlètes de haut niveau<br />

d’après elle.<br />

C’est aussi ça un bon sportif, celui qui apprend<br />

à rebondir ? « Dans le métier, il n’y<br />

a pas que des victoires. Certaines compétitions<br />

sont assimilées à des échecs pour<br />

le sportif. Le sport, qui plus est d’élite,<br />

vous apprend à rebondir vite, vous êtes<br />

obligé de trouver des ressources pour<br />

avancer, pour apprendre à mieux revenir,<br />

précise Cécilia Delage. Cet apprentissage<br />

se fait tout au long de la carrière du sportif.<br />

On le rencontre à tous niveaux, c’est<br />

pourquoi le sport est porteur de valeurs,<br />

ce qui est décuplé quand on le travaille<br />

intensément ». WS<br />

“<br />

Lynda<br />

Medjaheri, volleyeuse pressentie aux JP<br />

« J’ai grandi avec le volley assis, j’y resterai ! »<br />

La volleyeuse Lynda<br />

Medjaheri fait partie des<br />

présélectionnées aux<br />

Jeux Paralympiques de<br />

Paris pour le volley assis.<br />

Elle qui n’a « jamais été<br />

très sportive de base<br />

mais a toujours bougé » a<br />

découvert la discipline à<br />

la trentaine bien entamée,<br />

en 2019, un an après son<br />

amputation de la jambe<br />

gauche. Alors pour elle,<br />

aucune appréhension<br />

de l’après JO. S’ils se<br />

confirment : c’est que du<br />

bonus !<br />

« J’ai réalisé ce qu’il se<br />

passait lorsqu’on est entré<br />

en équipe de France. ‘‘Oh<br />

réveille-toi, c’est toi qui va<br />

y aller, il n’y a personne<br />

au-dessus !’’ ; ça procure un<br />

gros caillou dans le ventre.<br />

Mais ça va être kiffant,<br />

D.R.<br />

exceptionnel, grandiose.<br />

La compétition et ce qui se<br />

passera autour sera énorme,<br />

même si je reste les pieds<br />

sur terre. Surtout, je souhaite<br />

que ce moment participe à<br />

faire connaître davantage<br />

le volley assis. Non ! ce n’est<br />

pas du volley en fauteuil !<br />

C’est mixte, on a besoin de<br />

rien, c’est tellement inclusif<br />

! Je n’ai pas peur de la<br />

redescente derrière car je<br />

n’ai pas changé depuis mon<br />

accident (en 2014, suite à<br />

un accident de moto, Lynda<br />

perd l’usage de sa jambe<br />

gauche, NDLR), je suis une<br />

battante. Quand on me dit<br />

‘‘Tu ne feras pas’’, je pense<br />

tout le contraire. Puis on n’a<br />

pas le même caractère à<br />

notre âge. À 40 ans, on a eu<br />

nos accidents, notre famille.<br />

Quelque part, j’ai changé<br />

aussi : je suis persuadée<br />

qu’on peut toujours se<br />

dépasser physiquement,<br />

même si on n’a plus 20<br />

ans ! Après les Jeux, j’aurai<br />

plus de temps : je veux<br />

entraîner les gens, pousser<br />

les personnes handicapées<br />

à sortir de chez elles, à ne<br />

pas se cacher derrière leur<br />

handicap ! Quoi qu’il arrive,<br />

où que ce soit, je continuerai<br />

le volley assis, le plus<br />

longtemps possible. Ici, c’est<br />

un bout de ma famille. »<br />

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°32 • Avril-Mai-Juin 2024 WOMEN SPORTS 65

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