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ENQUÊTE<br />
parle pas ici de bosse du foot ou<br />
du ping-pong, mais plus d’aptitudes globales<br />
: coordination, réflexes, puissance<br />
cardiaque. Par contre, une personne<br />
dotée de ces prédispositions n’atteindra<br />
jamais l’excellence si elle ne travaille pas<br />
d’arrache-pied. On pourrait ainsi avancer<br />
que le talent athlétique serait un mélange<br />
d’une combinaison idéale des gènes et<br />
d’acquis grâce à l’entraînement, dans un<br />
environnement favorable.<br />
Cet environnement justement, c’est<br />
aussi la famille. Celle de Lisa Barbelin<br />
l’a portée : « Le sport a toujours été<br />
présent dans ma famille. Mes proches<br />
ont cru en moi. Moi aussi bien sûr mais<br />
ils ont renforcé cette idée. J’ai une famille<br />
tête de bois qui n’abandonne<br />
jamais. C’est presque une doctrine familiale<br />
! ». Tout ça sans omettre que,<br />
probablement, la part d’aptitudes physiques<br />
n’est pas nécessairement présente<br />
au même degré selon les sports.<br />
Si on veut on<br />
peut<br />
LA QUESTION DU<br />
MENTAL<br />
Dans le domaine du sport de haut niveau,<br />
la performance est dépendante du potentiel<br />
mental. C’est avec cet état d’esprit<br />
que Carole Cormenier, tireuse spécialisée<br />
en fosse olympique, se prépare pour<br />
la sélection olympique en vue des JO de<br />
Paris : « Je fais tout comme si j’étais qualifiée.<br />
Avec ce quota, il n’y a pas d’autres<br />
filles derrière qui peuvent me doubler… »<br />
C’est comme ça qu’aujourd’hui, la tireuse<br />
va jusqu’au bout des choses : « Je n’ai<br />
pas confiance en moi, mais quand j’arrive<br />
sur un pas de tir, inconsciemment je<br />
change. Je ne me pose pas de question,<br />
je fonce ! » Ce mental, Carole se l’est<br />
construit. « Ça se travaille. J’ai aussi eu<br />
un suivi de psychologie du sport pour gérer<br />
la pression. Au début, j’avais un sale<br />
caractère mais j’ai appris la maîtrise de<br />
soi dans un sport de patience ». Certaines<br />
se sentent câblées pour ça. Lisa Barbelin<br />
évoque quant à elle son côté audacieux :<br />
« Ce qui est inné chez moi, c’est l’audace.<br />
J’ai réussi grâce à cette facette-là. C’est<br />
ma recette magique qui m’a propulsée,<br />
mais je ne dis pas qu’elle est nécessaire<br />
à tout le monde ».<br />
Saisir<br />
toutes les<br />
opportunités<br />
BOUSCULE<br />
TON DESTIN !<br />
Pour autant, ça ne se fait pas par magie.<br />
Je reste persuadée que c’est l’histoire<br />
d’une rencontre entre une personne<br />
et un sport. Si on s’amuse à changer<br />
le sport de certaines championnes, on<br />
peut être sûr qu’elles ne seront pas aussi<br />
performantes. Je ne miserais pas mon<br />
salaire au hasard sur un passage en dos<br />
crawlé de Megan Rapinoe ou d’Amélie<br />
Mauresmo en BMX freestyle. Je crois<br />
aussi que les gènes ne déterminent pas<br />
le destin : il faut saisir les opportunités.<br />
Parfois malheureuses comme celle de<br />
Carole Cormenier : « J’ai perdu ma maman<br />
à 14 ans. Mon père était effondré. Il<br />
a repris le tir pour se changer les idées.<br />
« MA RECETTE<br />
MAGIQUE EST<br />
MON AUDACE ! »<br />
LISA BARBELIN<br />
J’ai fini par le suivre ». Une opportunité<br />
liée parfois à l’environnement, comme<br />
l’explique Lisa Barbelin : « J’avais peu de<br />
femmes dans ma catégorie : c’était plus<br />
facile de se faire une place ».<br />
Il faut que ça plaise aussi. Comme en<br />
amour, peut-être est-ce une histoire d’alchimie<br />
entre son sport et soi. « Au départ,<br />
j’ai joué 8 ans au foot, mais je ne voulais<br />
pas jouer avec les filles, explique Carole<br />
Cormenier. Mon père m’a proposé le tir.<br />
Au départ je n’avais pas envie. Je lui ai rétorqué<br />
‘‘J’essaie une fois et tu me fous la<br />
paix !’’ Et ça m’a plu. Mon père s’est empressé<br />
de m’acheter un fusil, j’ai tout de<br />
suite commencé à casser des plateaux ! ».<br />
Devenir élite, c'est<br />
aussi donner cette<br />
place à l'espoir,<br />
et tout faire pour<br />
réussir : un mental<br />
de championne<br />
donc.<br />
© FFTir / J.Heise<br />
Démarrer très<br />
jeune<br />
ÇA COMMENCE AU<br />
BIBERON<br />
Elles ont été biberonnées au sport. Sandie<br />
Toletti, joueuse gardoise de football<br />
internationale, a commencé à 5 ans.<br />
Shirine Boukli a démarré un an avant<br />
encore le judo… Dès leur plus jeune<br />
âge, ces élites ont appris les valeurs<br />
du sport. Lisa Barbelin se souvient des<br />
conseils de son entraîneur de l’époque,<br />
Jacques Rousseau : « Je me faisais beaucoup<br />
battre petite. Il me répétait que ce<br />
n’était pas grave en minime, et qu’il valait<br />
mieux gagner plus tard. » Et le plus<br />
tard c’est maintenant ! WS<br />
58 WOMEN SPORTS N°32 • Avril-Mai-Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR