Cet été, on se bouge ! - Murmures Magazine

Cinéma
Fragile(s)
De Martin Valente, avec François Berléand, Caroline Cellier, Jean-Pierre Darroussin Agora Films
Avec une sensibilité à fleur de peau, Martin Valente
nous emmène dans un voyage vers l’autre chargé
de beaucoup de tendresse. Des destins que tout
sépare vont finir par se croiser, s’effleurer, donnant
à la vie ce petit je-ne-sais-quoi qui crée le bonheur
même là où ce mot n’a plus trop de sens.
On a d’abord Paul, en décalage total sur sa vie,
l’échec de son dernier film l’affectant beaucoup.
Sans goût, il se rend à Lisbonne pour un festival
de films. Hélène, son épouse, en pleine crise
de la cinquantaine, ressasse ses souvenirs de
comédienne débutante, ne supportant pas l’idée
CONCOURS réservé aux abonnés, dans la limite des stocks disponibles
Gagne des invitations pour ‘Fragile(s)’ et des invitations pour ‘Ocean’s 13’
en envoyant un mail à : concours@murmures.info avec ton adresse.
Le nombre de concours est limité à cinq par abonné pour ce numéro. Merci à ActiveSoft et Thali
24 Murmures Magazine N°21 – Été 2007
de s’occuper de son petit-fils. Yves, pharmacien,
vit seul, se punissant pour un passé resté à
jamais son présent. Un chien décide malgré tout
de s’installer chez lui pour y mettre un peu de
vie… Pas toujours à l’écoute de ses désirs, Sara
est entraînée par sa copine Isa pour un séjour
au Portugal, après avoir perdu son emploi. Mais
le tourisme est-il le seul but d’Isa ? Quant à Vince
le policier, la vie n’est plus qu’un tunnel sans fin.
Entre ses enquêtes et les visites à l’hôpital au
chevet de sa femme dans le coma, sa vie n’a plus
beaucoup de sens. Jusqu’au jour où… Nina, une
musicienne, joue avec la sienne de vie, marchant
constamment sur le fil du rasoir au détriment de
son fils de sept ans qu’elle aime à sa manière.
Toxicomane, elle se détruit petit à petit. Le
changement arrive peut-être le jour où elle croise
le chemin de Yves…
‘Fragile(s)’ laissait présager une énième chronique
de mœurs typiquement hexagonale, mais au final,
et surtout grâce au talent de metteur en scène de
Martin Valente, ce film devient diablement attachant
au fur et à mesure que les intrigues se met-
Ocean’s 13
De Steven Soderbergh, avec George Clonney, Brad Pitt, Matt Damon, Al Pacino, Ellen Barkin Warner Bros
Décidément ce mois de juin est la saison des
suites, des troisièmes opus même, avec ‘Spider-
Man 3’, ‘Pirates des Caraïbes 3’, ‘Shrek 3’ et
le film qui nous occupe bien sûr. Sans compter
bientôt ‘Die Hard 4’ et ‘Harry Potter 5’. Souvent
une manière simple et lucrative pour les studios
de faire du chiffre en tablant sur une franchise
qui a fait ses preuves, le business des ‘sequels’
peut aussi donner lieu à de belles réussites.
Dans cet ‘Ocean’s 13’, c’est un peu ‘on prend les
mêmes et on recommence’. On voit les risques
d’une telle entreprise, surtout après la semi-
réussite du deuxième opus, que même George
Clooney n’a pas hésité à qualifier de moins bon
lors d’interviews. Soderbergh envisage donc
cette suite comme une revanche à prendre sur
les critiques et le public, afin de montrer que le
précédent n’était qu’un accident de parcours
(personnellement j’avais pourtant bien aimé).
Les treize d’Ocean (Julia Roberts en moins) vont
se remettre en service pour un motif louable :
l’amitié. Leur ami Reuben a eu une attaque
cardiaque après s’être fait escroquer les parts
d’un casino par l’impitoyable Willie Bank. Un
salaud intégral joué par l’immense Al Pacino
qui se joint à la bande pour jouer ce qu’il fait
le mieux : les mafieux complètement pourris.
Et comme d’habitude il est impeccable. On
remarquera une différence notable de scénario
avec les précédents films car là il n’y a plus de
femme au cœur de l’intrigue. Dans le premier,
Ocean voulait récupérer sa femme Tess, dans le
second Rusty aidait Isabel, la femme qu’il aime, à
tent en place. Le cinéaste part
du postulat des coïncidences
pour développer ces personnages
tous à un moment
difficile de leur vie. Alliant
une mise en scène soignée à
une direction d’acteurs subtile,
servie par des comédiens
charismatiques de renom (François Berléand,
Jacques Gamblin), et d’autres plus jeunes (Marie
Gillain), ‘Fragile(s)’ séduit par son cocktail de vie
haut en couleurs. Parmi ces compositions, celle
de François Berléand étonne par une justesse tout
en sensibilité dans ce rôle du blasé traînant sa vie
derrière lui. Constituant une agréable surprise, ce
métrage fortement conseillé s’apprécie à deux afin
de méditer sur la vie et ses petits écarts souvent
douloureux, mais faisant finalement partie du jeu.
Entre deux superproductions hollywoodiennes,
‘Fragile(s)’ est un interlude idéal.
Jean-Yves
retrouver son insaisissable père, mais dans celuici
la seule femme du casting est le bras droit de
Bank, la charismatique Ellen Barkin, qui s’en sort
bien malgré un rôle secondaire et limité.
Hors cette différence de motivation, le film se
base toujours sur les mêmes ficelles : un coup
a priori infaisable, un adversaire puissant,
une équipe de surdoués. Et le résultat, sans
surprise, est nettement meilleur que le deuxième
mais un ton en-dessous du premier (l’effet de
surprise a disparu). Mais attention, ce film reste
un excellent divertissement, admirablement
dialogué, photographié et mis en scène, avec une
complicité incroyable des acteurs. On arbore un
sourire complice du début à la fin et on se plaît
en la compagnie de cette équipe de choc qui va
encore se sortir de la situation (vous n’en doutiez
pas ?). Soderbergh peut maintenant passer à
autre chose le cœur serein.
Invitation
Fragile(s)
Yamine Guettari
Invitation
Ocean’s 3