Cet été, on se bouge ! - Murmures Magazine

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Manga Philippe Cardona Lors du Grand prix organisé par le Polymanga, le titre Sentaï School a attiré notre attention. Entretenons-nous avec son dessinateur. 60 Murmures Magazine N°21 – Été 2007 Peux-tu te présenter à nos lecteurs ? Je suis Philippe Cardona, bientôt vingt-neuf ans, dessinateur et co-scénariste avec Florence Torta des séries Serge le hamster de l’Enfer et Sentaï School. Je vis à Aix en Provence avec mon chat et je travaille trop ! Comment as-tu eu l’idée de créer Sentai School ? Sentaï a commencé en ‘pro’ en 2002, mais la série avait <strong>été</strong> créée en 1998 pour le fanzine Dream On, sous le titre ‘L’école des héros’. Ce titre est né du fruit d’une nuit blanche durant l’<strong>été</strong> 1998 où avec Florence nous avons regardé trop de dessins animés du club Dorothée et de séries live. S’ajoutant à ça la fatigue et le fait qu’on écrivait une lettre sous forme de BD, l’idée de base était là ! Ton style de dessin fait assez ‘chibi’ (ndr : dessin disproportionné, les personnages ayant un petit corps et une grosse tête), est-ce un choix ? Je ne sais pas trop. Je dirais que c’est bien sûr un choix, car on choisit son style, personne ne débarque chez vous en rappel avec un couteau entre les dents pour vous dire ‘ahah ! Dessine de telle manière !’ Plus sérieusement, j’ai toujours essayé d’avoir une palette de styles assez large. Je m’ennuie vite, donc j’essaie plusieurs choses, et j’aime bien m’adapter à l’histoire. Sentaï School n’aurait pas pu avoir un autre style de dessin que du SD (équivalent au chibi), et comme depuis mes quatorze ans je m’amusais à faire des SDs… Les références dans Sentai School étant assez précises, quel public vises-tu ? Cela aurait pu être vrai pour le tome 1, qui est une réécriture des épisodes parus en fanzine, plus basés sur des gags parodiant de vieilles séries. Depuis, nous avons fait évoluer la série, non pas pour renier ce pourquoi nous l’avons créée, mais car pour nous, une bonne série est une série où les personnages et l’univers évoluent et ne s’enferment pas dans une routine où les gags deviendraient prévisibles. Les références sont toujours là, il y a un gag ou deux par épisode qui est une pure parodie, mais dans l’ensemble 80 % des références sont des figurants, des personnages dans le fond, etc. Pour le public que nous visons, nous espérons toucher les gens qui aiment l’humour crétin et trente-sixième degré. Lorsque le tome 1 est sorti, certaines personnes nous ont dit qu’on ne toucherait que les ‘trentenaires nostalgiques’ mais pourtant en dédicaces nous avons souvent des ados ! As-tu d’autres projets à venir ? Pleins ! Je suis sur la série ‘Foot 2 Rue’, aux éditions Soleil, adaptée du dessin animé. J’ai CONCOURS réservé aux abonnés, dans la limite des stocks disponibles Gagne le volume 1 de ‘Sentaï School’ en envoyant un mail à : concours@murmures.info avec ton adresse. Le nombre de concours est limité à cinq par abonné pour ce numéro. Merci à Kami attaqué ma première BD en solo, où j’assume tout de A à Z qui s’appelle ‘Magical JanKen Pon’ et sortira en 2008 chez Kami. Ce sera plus proche d’un manga de type shonen classique comme One Piece. As-tu le temps de lire quelques mangas ? Je continue de lire pas mal de mangas et de comics mais j’accumule un retard dingue dans ma lecture par rapport à mes achats. Il y a différentes raisons pour lesquelles j’achète une série : pour le graphisme, la narration, etc., bref ‘pour le boulot’. Et celles dont je suis fan ! Dans celles-ci il y a ‘One Piece’ et ‘Eyeshield 21’, ‘20th Century Boys’, les séries de Mitsuru Adachi, gantz et Berserk ! Comment vois-tu l’émergence du ‘manga européen’ ? Je n’ai pu voir qu’en diagonal les productions locales. Je me contente de les feuilleter mais j’essaie de tout voir car il ne faut pas négliger les collègues ! Pour ce qui est de cette vague de ‘mangas européens’, en tant qu’auteur je suis assez heureux car c’est quelque chose que nous attendions depuis des années ! J’ouvre une parenthèse, pour dire qu’une chose m’attriste : Sentaï School est un peu ‘mis à l’écart’. De par son statut de ‘BD à référence’ et de son image (erronée) de ‘série pour trentenaires nostalgiques’, mais aussi à cause de son format et de son rythme, Sentaï est souvent ‘oublié’ lorsque l’on parle de ‘manga européen’. Un petit mot pour tes lecteurs ? Merci à tous ceux qui lisent Sentaï School, Serge le hamster de l’Enfer et mes autres travaux ! Jeoffrey Rambinintsoa Sentaï School Philippe Cardona Kami
L’école Cordeb’art à Lausanne Melina et Julien Cordebar ont ouvert en février dernier la première école de dessin lausannoise qui enseigne le style manga aussi bien que le dessin académique traditionnel. Je les ai rencontrés lors du Japan Manga Festival, où ils dirigeaient des ateliers qui ont eu énormément de succès. Quel a <strong>été</strong> votre parcours et que faites-vous maintenant ? Melina : J’ai eu à peu près le même parcours que Julien. On s’est rencontré dans une école à Lyon, et c’est là que j’ai commencé à faire de l’illustration et du graphisme. Ensuite, j’ai fondé avec lui l’école Cordeb’art. Sinon, je travaille sur un court-métrage comme directrice artistique. Julien : Actuellement, je suis illustrateur, professeur et créateur. Et j’ai une BD, ‘La chute des Mélimés’, qui sortira en septembre prochain. J’ai <strong>été</strong> surpris, je m’attendais à des professeurs plus âgés... (ndr: ils ont 25 et 27 ans) Melina : (rire) En fait, on voulait pouvoir continuer à exercer notre métier, et en parallèle partager notre savoir. Mais au début, on voulait faire quelque chose de très modeste. On ne pensait pas qu’on aurait autant de monde. On est ravi ! Patrick Sobral Julien : Et les deux sont très compatibles ! Ce qui est intéressant, c’est qu’on continue d’être professionnels, très proches du terrain, et à côté de ça on donne un savoir très direct et contemporain à nos élèves. Pourquoi enseigner à la fois le manga et le dessin classique ? Melina : En fait, j’aime faire les deux. J’ai un style moins manga que Julien. J’avais aussi envie Entre deux séances de dédicaces, j’ai pu rencontrer Patrick Sobral, auteur français de la série BD ‘Les Légendaires’, qui en est déjà à son septième tome. Nous en avons profité pour discuter de son parcours et de la manière dont les mangas l’ont influencé. Pouvez-vous d’abord présenter votre série ? C’est une BD jeunesse qui s’appelle ‘Les Légendaires’, aux éditions Delcourt. Elle conte l’aventure d’un groupe de héros, de justiciers dans un monde d’heroic fantasy. La particularité est que ces héros à l’apparence d’enfants sont en réalité des adultes qui ont <strong>été</strong> frappés par un sortilège qui les a reconduits à l’âge de l’enfance. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans cette carrière ? Cela a <strong>été</strong>, plus qu’une vraie envie, un concours de circonstances. Au départ, les éditeurs n’étaient pas intéressés par mes BD plus adultes et sombres, déjà teintées de manga. Par dépit, je me suis lancé dans la BD jeunesse, en me disant que c’était juste un tremplin pour moi. Mais en réalité, ça a tout de suite fait tilt, et je me suis rendu compte que je suis fait pour ça. Que trouvez-vous que le graphisme des mangas apporte ? Il y a d’abord le dynamisme, un graphisme plus ‘aérodynamique’. Mais il y a également un découpage et des angles de vue qui font très cinéma et qui à eux seuls suffisent à donner une véritable ambiance à l’histoire. De ce point de vue là, je trouve que la BD franco-belge tient plus du roman-photo. On a l’impression que la caméra est statique, elle ne bouge pas, tout se passe autour. Quel conseil pourriez-vous donner à un jeune auteur ? Un éditeur veut qu’on lui propose une BD avec un certain potentiel commercial et pour lequel il CONCOURS réservé aux abonnés, dans la limite des stocks disponibles Gagne le volume 1 des ‘légendaires’ en envoyant un mail à : concours@murmures.info avec ton adresse. Le nombre de concours est limité à cinq par abonné pour ce numéro. Merci à Delcourt Plus d’articles sur www.murmures.info/manga d’enseigner des choses plus académiques par goût, car j’aime bien faire du modèle vivant. Dans son cours, on travaille vraiment la narration, les planches de BD et de manga, on apprend comment mettre les bulles et les codes du manga. Et dans mon cours on apprend l’anatomie, en fonction de son style graphique. Julien : Parce que finalement, on est quand même obligé de savoir des bases, même pour faire du style manga. Un dernier commentaire ? Julien : A Cordeb’art, on accueille aussi bien les novices que les gens qui ont envie de faire du dessin leur métier. Ce n’est pas parce qu’on ne dessine pas formidablement bien qu’on ne peut pas exprimer sa vision ou ses idées, et nous on donne des conseils aux élèves pour aller dans la direction qu’ils veulent. Melina : On invite aussi les gens à venir fin juin à notre journée portes ouvertes, avec une exposition des travaux des élèves. www.cordebart.com Sivan a un coup de cœur. Je pense qu’au départ, il ne faut pas avoir peur de se remettre en question, du moins pour la première BD. C’est très bien de venir avec une BD personnelle, dans laquelle on a mis beaucoup de soin et qu’on veut faire publier. Mais étant jeune auteur, on n’a pas une réputation qui permet de la vendre. Donc je pense qu’il n’y a pas de mal à viser plutôt commercial dans un premier temps. L’important c’est de rentrer dans le milieu. Quels sont justement vos projets futurs ? Je peux déjà confirmer qu’il y aura plus de treize tomes des ‘Légendaires’. Maintenant, vu que la série marche bien, je vais aussi faire de temps en temps d’autres œuvres plus ponctuelles qui sortent des sentiers battus. Je prépare notamment un one-shot avec une vision très personnelle du conte de ‘la Belle et la Bête’, et qui sera une BD pour un public beaucoup plus adulte. Les légendaires Patrick Sobral Delcourt illustrations : Patrick Sobral Sivan Murmures Magazine N°21 – Été 2007 6
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