Cet été, on se bouge ! - Murmures Magazine

L’école Cordeb’art à Lausanne
Melina et Julien Cordebar ont ouvert en février dernier la première école de dessin
lausannoise qui enseigne le style manga aussi bien que le dessin académique traditionnel.
Je les ai rencontrés lors du Japan Manga Festival, où ils dirigeaient des ateliers qui ont eu
énormément de succès.
Quel a <strong>été</strong> votre parcours et que faites-vous
maintenant ?
Melina : J’ai eu à peu près le même parcours que
Julien. On s’est rencontré dans une école à Lyon,
et c’est là que j’ai commencé à faire de l’illustration
et du graphisme. Ensuite, j’ai fondé avec lui l’école
Cordeb’art. Sinon, je travaille sur un court-métrage
comme directrice artistique.
Julien : Actuellement, je suis illustrateur, professeur
et créateur. Et j’ai une BD, ‘La chute des Mélimés’,
qui sortira en septembre prochain.
J’ai <strong>été</strong> surpris, je m’attendais à des professeurs
plus âgés... (ndr: ils ont 25 et 27 ans)
Melina : (rire) En fait, on voulait pouvoir continuer à
exercer notre métier, et en parallèle partager notre
savoir. Mais au début, on voulait faire quelque
chose de très modeste. On ne pensait pas qu’on
aurait autant de monde. On est ravi !
Patrick Sobral
Julien : Et les deux sont très compatibles ! Ce
qui est intéressant, c’est qu’on continue d’être
professionnels, très proches du terrain, et à
côté de ça on donne un savoir très direct et
contemporain à nos élèves.
Pourquoi enseigner à la fois le manga et le
dessin classique ?
Melina : En fait, j’aime faire les deux. J’ai un style
moins manga que Julien. J’avais aussi envie
Entre deux séances de dédicaces, j’ai pu rencontrer Patrick Sobral, auteur français de la
série BD ‘Les Légendaires’, qui en est déjà à son septième tome. Nous en avons profité pour
discuter de son parcours et de la manière dont les mangas l’ont influencé.
Pouvez-vous d’abord présenter votre série ?
C’est une BD jeunesse qui s’appelle ‘Les
Légendaires’, aux éditions Delcourt. Elle conte
l’aventure d’un groupe de héros, de justiciers
dans un monde d’heroic fantasy. La particularité
est que ces héros à l’apparence d’enfants sont
en réalité des adultes qui ont <strong>été</strong> frappés par
un sortilège qui les a reconduits à l’âge de
l’enfance.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous
lancer dans cette carrière ?
Cela a <strong>été</strong>, plus qu’une vraie envie, un concours
de circonstances. Au départ, les éditeurs n’étaient
pas intéressés par mes BD plus adultes et
sombres, déjà teintées de manga. Par dépit, je me
suis lancé dans la BD jeunesse, en me disant que
c’était juste un tremplin pour moi. Mais en réalité,
ça a tout de suite fait tilt, et je me suis rendu
compte que je suis fait pour ça.
Que trouvez-vous que le graphisme des
mangas apporte ?
Il y a d’abord le dynamisme, un graphisme
plus ‘aérodynamique’. Mais il y a également un
découpage et des angles de vue qui font très
cinéma et qui à eux seuls suffisent à donner une
véritable ambiance à l’histoire. De ce point de vue
là, je trouve que la BD franco-belge tient plus du
roman-photo. On a l’impression que la caméra est
statique, elle ne bouge pas, tout se passe autour.
Quel conseil pourriez-vous donner à un jeune
auteur ?
Un éditeur veut qu’on lui propose une BD avec
un certain potentiel commercial et pour lequel il
CONCOURS réservé aux abonnés, dans la limite des stocks disponibles
Gagne le volume 1 des ‘légendaires’ en envoyant un mail à : concours@murmures.info avec ton adresse.
Le nombre de concours est limité à cinq par abonné pour ce numéro. Merci à Delcourt
Plus d’articles sur www.murmures.info/manga
d’enseigner des choses plus académiques par
goût, car j’aime bien faire du modèle vivant. Dans
son cours, on travaille vraiment la narration, les
planches de BD et de manga, on apprend comment
mettre les bulles et les codes du manga. Et dans
mon cours on apprend l’anatomie, en fonction de
son style graphique.
Julien : Parce que finalement, on est quand même
obligé de savoir des bases, même pour faire du
style manga.
Un dernier commentaire ?
Julien : A Cordeb’art, on accueille aussi bien les
novices que les gens qui ont envie de faire du
dessin leur métier. Ce n’est pas parce qu’on ne
dessine pas formidablement bien qu’on ne peut
pas exprimer sa vision ou ses idées, et nous on
donne des conseils aux élèves pour aller dans la
direction qu’ils veulent.
Melina : On invite aussi les gens à venir fin juin à
notre journée portes ouvertes, avec une exposition
des travaux des élèves.
www.cordebart.com
Sivan
a un coup de cœur. Je pense qu’au départ, il ne
faut pas avoir peur de se remettre en question, du
moins pour la première BD. C’est très bien de venir
avec une BD personnelle, dans laquelle on a mis
beaucoup de soin et qu’on veut faire publier. Mais
étant jeune auteur, on n’a pas une réputation qui
permet de la vendre. Donc je pense qu’il n’y a pas
de mal à viser plutôt commercial dans un premier
temps. L’important c’est de rentrer dans le milieu.
Quels sont justement vos projets futurs ?
Je peux déjà confirmer qu’il y
aura plus de treize tomes des
‘Légendaires’. Maintenant, vu que
la série marche bien, je vais aussi
faire de temps en temps d’autres
œuvres plus ponctuelles qui sortent
des sentiers battus. Je prépare
notamment un one-shot avec une
vision très personnelle du conte de ‘la
Belle et la Bête’, et qui sera une BD
pour un public beaucoup plus adulte.
Les légendaires
Patrick Sobral
Delcourt
illustrations :
Patrick Sobral
Sivan
Murmures Magazine N°21 – Été 2007 6