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Cet été, on se bouge ! - Murmures Magazine

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Fespaco 2007 : le Cannes africain<br />

Fespaco, fespaquoi ? Peut-être n’avez-vous jamais entendu parler de ce festival qui mérite<br />

pourtant d’être c<strong>on</strong>nu dans le m<strong>on</strong>de entier. Le Fespaco <strong>se</strong> déroule à Ouagadougou au Burkina<br />

Faso tous les deux ans, depuis 969. Il a comme objectif de promouvoir le cinéma africain<br />

et d’entretenir s<strong>on</strong> histoire. La distincti<strong>on</strong> la plus haute pour un l<strong>on</strong>g métrage est l’Etal<strong>on</strong><br />

de Yennenga. <str<strong>on</strong>g>Cet</str<strong>on</strong>g>te année pour sa vingtième éditi<strong>on</strong>, Manu Dibango en était le président<br />

d’h<strong>on</strong>neur.<br />

En 2003, je me suis rendue pour la première fois<br />

au Burkina Faso avec l’objectif de visiter ce pays,<br />

mais aussi d’assister au Fespaco. J’ai découvert<br />

un pays où les gens s<strong>on</strong>t d’une gentilles<strong>se</strong> et<br />

d’une hospitalité incroyables. Arrivée au stade du<br />

4 août où <strong>se</strong> déroulait l’ouverture du festival, je me<br />

suis heurtée à un début difficile : étant en retard,<br />

il y avait une foule énorme, qui essayait encore de<br />

rentrer. Même avec ma carte de journaliste, les<br />

forces de l’ordre nous repoussaient, nous av<strong>on</strong>s<br />

reçu des bombes lacrymogènes, et une matraque<br />

est passée à quelques centimètres de m<strong>on</strong> arcade<br />

sourcilière. Malgré tout, nous av<strong>on</strong>s réussi à<br />

rentrer. Je vous rassure, la suite du festival n’a <str<strong>on</strong>g>été</str<strong>on</strong>g><br />

que du b<strong>on</strong>heur, entre les films et les renc<strong>on</strong>tres.<br />

Pour cette éditi<strong>on</strong> 2007, je m’étais promi<strong>se</strong> d’y<br />

être, voulant une nouvelle fois visi<strong>on</strong>ner des films<br />

qui arrivent rarement jusqu’à nous à moins d’être<br />

primés dans un festival ou de bénéficier d’un large<br />

budget pour la distributi<strong>on</strong>. En passant, je déplore<br />

la diminuti<strong>on</strong> des films africains dans les festivals<br />

à Genève, alors qu’ils s<strong>on</strong>t <strong>se</strong>nsés en propo<strong>se</strong>r.<br />

L’Etal<strong>on</strong> de Yennenga a <str<strong>on</strong>g>été</str<strong>on</strong>g> attribué cette année à<br />

‘Erza’, film de Newt<strong>on</strong> Aduaka du Nigéria, traitant<br />

des enfants soldats, un sujet toujours d’actualité.<br />

Pour les autres films que j’ai vus et qui m’<strong>on</strong>t plu,<br />

il y a ‘Daratt’ de Mahamat Saleh Haroun du Tchad,<br />

qui a reçu le troisième prix, l’étal<strong>on</strong> de br<strong>on</strong>ze.<br />

Un jeune garç<strong>on</strong> quitte s<strong>on</strong> village pour retrouver<br />

l’assassin de s<strong>on</strong> père à qui il ré<strong>se</strong>rve le même sort<br />

qu’il a infligé à s<strong>on</strong> père. Les acteurs interprètent<br />

magistralement leurs rôles, peu de parole, mais<br />

une émoti<strong>on</strong> omnipré<strong>se</strong>nte pour cet hymne au<br />

pard<strong>on</strong>. ‘Africa Paradis’ de Sylvestre Amoussou du<br />

Bénin m’a fait sourire et j’ai trouvé l’idée originale.<br />

L’histoire <strong>se</strong> déroule dans le futur, il n’y a plus de<br />

travail en occident. Tous essaient de pas<strong>se</strong>r en<br />

Afrique pour trouver du travail, mais sans permis,<br />

ils s<strong>on</strong>t des sans papiers. <str<strong>on</strong>g>Cet</str<strong>on</strong>g>te situati<strong>on</strong> est la<br />

situati<strong>on</strong> inver<strong>se</strong> de ce qui <strong>se</strong> pas<strong>se</strong> actuellement<br />

en Europe. Le scénario est truffé de clichés, mais<br />

il n’en reste pas moins pertinent.<br />

Faro (La reine des eaux), de Salif Traoré du Mali,<br />

fait partie des films qui traitent avec brio des<br />

traditi<strong>on</strong>s et croyances ancrées dans l’Afrique<br />

d’aujourd’hui. Le m<strong>on</strong>de moderne avance dans les<br />

grandes villes africaines, mais dans les villages<br />

le temps s’est souvent arrêté. Un homme rentre<br />

dans s<strong>on</strong> village pour voir sa mère et aussi essayer<br />

de découvrir qui est s<strong>on</strong> père. Il va être traité de<br />

bâtard par la plupart des villageois ; malgré le<br />

nombre d’années qui <strong>se</strong> s<strong>on</strong>t écoulées, rien n’a<br />

changé à s<strong>on</strong> égard.<br />

Les deux films qui m’<strong>on</strong>t le plus touchée, je dirais<br />

même ébranlée, s<strong>on</strong>t ‘Un matin de b<strong>on</strong>ne heure’<br />

de Gahité Fofana de la Guinée et ‘Tsotsi’ de Gavin<br />

Hood de l’Afrique du Sud. Le premier retrace les<br />

quelques jours de vie de deux jeunes Guinéens qui<br />

<strong>se</strong>r<strong>on</strong>t retrouvés morts dans le train d’atterrissage<br />

d’un avi<strong>on</strong>. Ce film est adapté d’un fait divers qui<br />

m’avait fait réfléchir à cette jeunes<strong>se</strong> africaine qui<br />

pen<strong>se</strong> que l’eldorado, c’est l’Europe. Le deuxième<br />

film est un film d’une rare violence, qui m’a fait<br />

réellement peur. Un jeune Sud-Africain, Tsotsi,<br />

Cinéma<br />

vole pour survivre avec sa bande de copains. Il<br />

assassine impunément, sans réflexi<strong>on</strong>, il n’y a pas<br />

de barrière entre bien et mal. Un jour il va voler<br />

une voiture et tirer sur sa c<strong>on</strong>ductrice, mais voici<br />

que dans la voiture il y a un bébé. Ce film peut<br />

être une pri<strong>se</strong> de c<strong>on</strong>science pour les pers<strong>on</strong>nes<br />

qui pen<strong>se</strong>nt encore qu’<strong>on</strong> naît avec des mauvai<strong>se</strong>s<br />

intenti<strong>on</strong>s en soi, ce film dém<strong>on</strong>tre bien que la<br />

vie peut changer tout un chacun et que la survie<br />

enlève les barrières des limites supportables.<br />

Il faut savoir que le Fespaco, c<strong>on</strong>sidéré comme le<br />

plus grand festival d’Afrique, a aussi <strong>se</strong>s grands<br />

disf<strong>on</strong>cti<strong>on</strong>nements, qui agacent fortement les<br />

occidentaux. Séances annulées, problèmes<br />

techniques, manque de communicati<strong>on</strong> (une demiheure<br />

pour ann<strong>on</strong>cer que le film n’est pas arrivé),<br />

pas d’informati<strong>on</strong> sur la langue dans laquelle<br />

va pas<strong>se</strong>r le film, etc. Mais malgré toutes ces<br />

imperfecti<strong>on</strong>s, il mérite d’être salué, car il est la<br />

tribune ouverte sur le m<strong>on</strong>de du cinéma africain,<br />

fait par des artisans qui oeuvrent avec des moyens<br />

dérisoires, qui feraient sourire n’importe quel<br />

producteur à Hollywood.<br />

Le Fespaco c’est aussi la possibilité de découvrir<br />

des séries africaines, qui vous fer<strong>on</strong>t parfois rire<br />

à gorges déployées. Moi qui n’aime pas trop les<br />

séries, je suis toujours c<strong>on</strong>tente de découvrir<br />

celles-ci qui reflètent aussi une réalité de l’Afrique.<br />

Pour tous ceux qui s<strong>on</strong>t curieux et veulent<br />

découvrir des films à petit budget qui n’arriver<strong>on</strong>t<br />

certainement jamais jusqu’à nous, rendez-vous<br />

pour l’éditi<strong>on</strong> 2009 !<br />

Merci à Royal Air Maroc,<br />

notre partenaire dans ce voyage africain !<br />

Royal Air Maroc<br />

4, rue de Chantepoulet<br />

CP2035<br />

1211 GENEVE 1<br />

Tel: +41 22 594 36 75<br />

www.royalairmaroc.com<br />

www.fespaco.bf<br />

Carole-lyne Klay<br />

<strong>Murmures</strong> <strong>Magazine</strong> N°21 – Été 2007 27

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