Rotary Magazin 11/2022
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SCHWERPUNKT – ROTARY SUISSE LIECHTENSTEIN – NOVEMBER <strong>2022</strong><br />
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ressent potentiellement, mais il n’y a évidemment<br />
pas de garantie d’attribution. Il<br />
y a des diplomates qui sont attirés par des<br />
postes très techniques comme celui de<br />
Bruxelles auprès de l’Union européenne,<br />
d’autres qui préfèrent gérer des projets<br />
d’aide au développement en Afrique,<br />
d’autres encore qui sont plus attirés par les<br />
questions économiques, juridiques ou<br />
culturelles. Dans la diplomatie, il y en a<br />
pour tous les goûts.<br />
Vous étiez aussi en Chine. Un poste<br />
souhaité ?<br />
Oui, je l’avais demandé et il était prévu<br />
qu’il soit mon dernier poste, où je resterais<br />
quatre ans. Mais j’étais rapidement rappelé<br />
à Berne pour être nommé Secrétaire<br />
d’État. C’était très captivant. La Chine est<br />
un pays complexe, difficile à comprendre<br />
avec une civilisation fascinante qui a six<br />
mille ans d’histoire. Ce poste était également<br />
très exigeant car nous étions dans la<br />
dernière phase de négociations sur l’accord<br />
de libre-échange entre la Suisse et la<br />
Chine.<br />
Vous avez dû faire l’expérience de la<br />
diplomatie sous diverses facettes.<br />
Oui, et chacune était intéressante.<br />
Visiter des projets dans le désert en Moyen<br />
Orient en 4×4 est autre chose que de négocier<br />
dans des salons dorés à Paris. En Chine<br />
comme en Syrie j’étais également impliqué<br />
dans différents projets d’aide au développement<br />
ou humanitaires. C’est une source<br />
de satisfaction de voir qu’on peut apporter<br />
de l’aide concrète pour améliorer les conditions<br />
de vie.<br />
Est-ce que ces séjours à l’étranger ont<br />
un impact sur la personnalité d’un<br />
diplomate ?<br />
On n’est certainement pas imperméable<br />
à l’environnement dans lequel on<br />
se trouve. La diplomatie contribue à ouvrir<br />
les yeux sur le reste du monde, nous fait<br />
constater qu’il existe plusieurs manières<br />
Jacques de Watteville, diplomate au service de la Suisse pendant 35 ans,<br />
habite aujourd’hui à Lausanne. La photo est prise devant des peintures qui<br />
rappellent son enfance aux Pays Bas<br />
de se comporter et de raisonner, que nous<br />
n’avons pas toujours raison. Cette expérience<br />
rend plus humble et plus tolérant<br />
envers les autres.<br />
Est-ce que les années passées à l’étranger<br />
ont changé le regard que vous portez sur<br />
la Suisse ?<br />
Oui, c’est en revenant en Suisse que j’ai pu<br />
réaliser à quel point nous sommes privilégiés<br />
de vivre ici. La Suisse offre un confort<br />
de vie extraordinaire, la prospérité, la<br />
stabilité, la sécurité, la beauté des paysages,<br />
l’abondance en eau et en air pur. Je<br />
peux habiter à Lausanne tout en étant<br />
proche de la nature – c’est inouï comme<br />
condition de vie.<br />
De 2015 à 2017 vous avez été Négociateur<br />
en chef avec l’Union européenne. Quelle<br />
était votre réaction l’année passée quand<br />
vous avez appris que le Conseil fédéral<br />
avait mis fin aux négociations pour un<br />
accord-cadre ?<br />
Cette décision m’a rendu perplexe, car<br />
on semblait être très proche du but. Après<br />
des années de négociations il y avait un<br />
résultat qui correspondait à l’essentiel de<br />
ce que le gouvernement suisse avait souhaité,<br />
et sur les questions qui restaient<br />
ouvertes des solutions semblaient être à<br />
portée de main. Le débat qui avait eu lieu<br />
au parlement montrait que ce dernier<br />
souhaitait poursuivre les négociations, et<br />
la votation populaire de l’année précédente<br />
avait donné une forte majorité pour<br />
le maintien de la libre circulation des personnes,<br />
résultat qui apportait un soutien<br />
aux Bilatérales. La raison de cette décision<br />
ne me saute pas aux yeux, et certains se<br />
demandent si toutes les implications ont<br />
été pleinement prises en compte. Nous<br />
faisons face à une érosion lente de la voie<br />
bilatérale qui aura un coût. La suspension<br />
de la coopération dans le domaine de la<br />
recherche par exemple est très grave. Je<br />
ne peux qu’espérer que la reprise des<br />
pourparlers avec l’Union européenne va<br />
déboucher rapidement sur une solution et<br />
permettre de consolider la voie bilatérale.<br />
Le changement climatique, les pandémies,<br />
les flux migratoires, la sécurité, l’inflation,<br />
la guerre, le terrorisme : ce sont, en vrac,<br />
des grands défis auxquels la Suisse, comme<br />
d’autres pays, est confrontée. Ils ne<br />
peuvent être solutionnés que dans le<br />
cadre d’une collaboration internationale.<br />
Il est donc vital pour la Suisse d’avoir une