Rotary Magazin 11/2022

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SCHWERPUNKT – ROTARY SUISSE LIECHTENSTEIN – NOVEMBER 2022 THÈME DU MOIS LE ROTARY ET LES NATIONS UNIES 24 Le Rotary et les Nations unies ont une expérience commune en matière de paix et de résolution des crises humanitaires dans le monde entier. Petit retour sur rôle du Rotary dans la formation de l’ONU. De nombreux pays étaient en guerre lorsque le terme « Nations Unies » fut officiellement utilisé pour la première fois dans la « Déclaration des Nations Unies » de 1942. Les 26 pays signataires s’engageaient à défendre les principes communs exprimés par les États-Unis et le Royaume- Uni l’année précédente, principes « sur lesquels ils fondaient leur espoir d’un avenir meilleur pour le monde ». En 1943, des représentants de Grande-Bretagne, de l’Union soviétique et des États-Unis se réunirent à Moscou pour demander la création d’une organisation internationale chargée de maintenir la paix et la sécurité. L’année suivante, des représentants de ces pays ainsi que de Chine organisèrent une conférence à Washington D.C, afin d’examiner les moyens de mener à bien leur tâche colossale. Au cours de cette conférence, connue sous le nom de conférence de Dumbarton Oaks, des délégations des quatre pays élaborèrent une proposition concernant la structure de la nouvelle organisation. PROMOUVOIR LA COMPRÉHENSION INTERNATIONALE Par la suite, le Rotary publia « What can Rotarians Do Following Dumbarton Oaks? » (Que peuvent faire les Rotariens après Dumbarton Oaks ?) Le document comprenait la proposition de charte, des sujets de discussion, ainsi que des conseils, à l’usage des clubs, pour déterminer en quoi les Nations unies pouvaient aider le Rotary à promouvoir la compréhension internationale. Ce document soulignait également l’importance de planifier l’après-guerre, plutôt que d’attendre la fin des hostilités. D’avril à juin 1945, des délégations de 50 pays assistèrent à la conférence des Nations unies sur l’organisation internationale, à San Francisco (souvent nommée conférence de San Francisco). Leur tâche consistait à rédiger une charte qui devait faire l’accord de tous. Le Rotary International était l’une des 42 organisations invitées par les États-Unis à conseiller leur délégation à la conférence de San Francisco. Après la création de l’ONU, le livret « From Here On! » de 95 pages reproduisit le texte exact de la Charte des Nations unies, imprimé sur le côté gauche de chaque page tandis que, sur la page de droite, des annotations et des questions permettaient de stimuler la discussion. Grâce à cette présentation, les Rotariens pouvaient utiliser ce document à titre informatif et dans les discussions de club. LE ROTARY COMME ONG ACCRÉDITÉE Le Rotary International (RI), reconnu organisation non gouvernementale (ONG) est accrédité auprès des grandes organisations internationales comme de nombreuses autres ONG. Le Rotary détient aujourd’hui le statut consultatif le plus élevé offert à une organisation non gouvernementale par le Conseil économique et social des Nations unies, qui supervise de nombreuses agences spécialisées de l’ONU. Le réseau de représentants du Rotary entretient et renforce ses relations avec plusieurs organes, programmes, commissions et agences de l’ONU, à New York comme à Genève, son siège européen. Actuellement, le Rotary International est représenté à Genève par Jean-Luc Perrin. Un partenaire de poids à Genève est l’Organisation Mondiale de la Santé OMS. Le mois précédent, le Rotary et l’OMS organisaient une réunion au siège de l’OMS à Genève sur le sujet de la santé des mères et des enfants. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, et la présidente du Rotary International pour 2022–2023, Jennifer Jones, évoquaient le travail que les deux organisations ont fourni conjointement depuis des décennies pour éradiquer la poliomyélite et comment elles continueront à travailler ensemble sur un futur plus sain pour les mères et les enfants. K Rotary International / dla Le Palais des Nations à Genève, Suisse, a été construit entre 1929 et 1936 pour servir de quartier général à la Société des Nations
SCHWERPUNKT – ROTARY SUISSE LIECHTENSTEIN – NOVEMBER 2022 ROTARIEN EN POINT DE MIRE « LES QUALITÉS HUMAINES SONT AU PREMIER PLAN DE LA DIPLOMATIE » 35 ans passés au service de la Confédération, diplomate à Bruxelles, Damas, Londres, Beijing, Secrétaire d’Etat et Négociateur en chef avec l’UE : Jacques de Watteville, aujourd’hui membre d’honneur du RC Lausanne, nous parle de sa riche expérience de diplomate et de sa vision des actualités. Jacques de Watteville, est-ce qu’il vous arrive de ne pas être diplomate dans votre vie ? Lorsque vous êtes diplomate dans un pays, vous êtes surveillé et devez constamment contrôler ce que vous dites et ce que vous faites. De retour en Suisse, notamment pour les vacances, je pouvais être beaucoup plus naturel. Donc oui, bien sûr, cela m’arrive ! Cela dit, je suis de nature plutôt réservée. La fonction de diplomate m’a rendu peut-être un peu moins spontané de manière générale, mais elle m’a permis d’être à l’aise avec une grande diversité de personnes. Quelles sont les qualités dont devrait disposer un bon diplomate au service de la Suisse ? Le rôle du diplomate est à la fois de comprendre et de faire comprendre. Il doit comprendre le pays dans lequel il se trouve et faire comprendre la position de la Suisse sur un grand nombre de sujets. Pour cela, il faut avoir l’esprit d’analyse, de la curiosité, savoir convaincre et être intéressé. Et il faut surtout avoir le goût des rencontres humaines. Je pense que les qualités humaines sont au premier plan de la diplomatie : il est plus important d’être à l’aise dans les relations humaines que d’avoir un doctorat en histoire. Qu’est-ce qui vous a donné envie de choisir la voie diplomatique ? Après l’obtention de mon doctorat en droit je suis parti pour le CICR au Liban pendant la guerre, en 1978 à 1979. J’étais passionné par mon travail de délégué, c’était une année intense et stimulante. Mais j’ai dû constater que nous étions comme des pompiers qui arrivent quand l’incendie est en cours : le CICR intervient le plus souvent quand la guerre a déjà éclaté. Et la guerre provoque tant de souffrances qu’on devrait s’efforcer de l’empêcher d’éclater. Cette prévention est justement du ressort de la diplomatie. Le CICR m’a donc sensibilisé aux horreurs de la guerre et m’a motivé de m’engager dans la voie de la diplomatie. La Suisse, avec sa tradition de bons offices, de facilitatrice de dialogue et de médiation, peut jouer un rôle utile dans ce domaine. En outre, j’ai rencontré plusieurs diplomates remarquables qui m’ont encouragé dans cette voie. Vous avez passé 35 ans au service de la Confédération. D’où est-ce que vient ce goût pour le service public ? Mon père était pasteur et a consacré sa vie aux autres. Je pense que cela a contribué à l’intérêt que j’ai toujours porté au service public, à l’intérêt de la collectivité. Mais on n’est pas seul au service d’une paroisse : ma mère aussi jouait un rôle très important. C’est pareil dans la diplomatie : ma femme m’a toujours soutenu dans mon travail, elle avait son réseau de contacts qui complétait le mien dans les pays où on était. Dans ma perception de la diplomatie, le conjoint joue un rôle très important. Est-ce qu’un diplomate exerce une influence sur le choix du pays dans lequel il va travailler ou est-ce à chaque fois une surprise ? C’est en partie une surprise. Nos postes ont en moyenne une durée de quatre ans. Chaque été il y a donc un quart du corps diplomatique qui change de poste. La commission de nomination nous soumet alors une liste sur laquelle nous pouvons indiquer les postes qui nous inté- Jacques de Watteville est né à Lausanne en 1951 et a grandi à La Haye aux Pays Bas et à Paris où il a passé son baccalauréat. Avocat, au bénéfice d’une double formation juridique et économique, Jacques de Watteville entre au corps diplomatique suisse en 1982 après un passage au CICR au Liban. C’est à Beirut qu’il a rencontré sa future femme, Maria, d’origine libano-syrienne, elle aussi active au CICR à l’époque. Aujourd’hui, le couple de Watteville a trois enfants et cinq petits-enfants. Les postes diplomatiques les mènent de Berne jusqu’à Damas et Beijing, la Mongolie et la Corée du Nord en passant par Bruxelles et Londres. En 2013, Jacques de Watteville est nommé Secrétaire d’État aux questions financières internationales d’abord, en pleine crise du secret bancaire avec les États-Unis. Puis, en 2015, comme Négociateur en chef avec l’UE, dans un environnement de crise relationnelle exacerbé par le oui de la population suisse à l’initiative dite « contre l’immigration de masse ». Il quitte le Département des Affaires étrangères en 2017, une année après l’âge officiel de la retraite. Une retraite qu’il garde active avec un mandat de quatre ans comme président du conseil d’administration de la Banque Cantonale vaudoise à Lausanne jusqu’à la fin 2021 et aujourd’hui comme vice-président de la Fondation Jean Monnet pour l’Europe. Jacques de Watteville reste donc branché sur les questions qui permettent de promouvoir des bonnes relations entre la Suisse et l’Union européenne. 25
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