PDF file - Laboratoire de Géologie de l'Ecole normale supérieure - Ens

Les vitesses calculées sur la période 1993-1998 montrent à l'évidence que la collision n'est plus le
moteur de la déformation dans les Alpes puisque l'on mesure une faible (quelques mm/an)
extension Est-Ouest à défaut de tout autre type de mouvement. Ce type de déformation correspond
probablement à un « effondrement » gravitaire post-orogénique et est assez compatible avec la
sismicité récente (Sue et al.), notamment autour de l'arc Briançonnais. Le seul endroit qui montre
du raccourcissement est situé dans le Massif des Maures, alors qu'un bloc provençal semble
s'échapper vers l'Ouest. Il est difficile d’estimer des vitesses sur des failles en raison de leur vitesse
extrêmement faible (< 1 mm/an) largement inférieure au niveau de précision atteint pour l'instant.
Par contre le grand nombre de points mesurés permet de calculer un tenseur de déformation moyen
qui présente une certaine cohérence : on obtient une extension perpendiculaire à l'axe de la chaîne
de 3.5 10 -9 /an. Comment interpréter de l'extension dans une chaîne comme les Alpes ? Plusieurs
hypothèses sont possible:
- En premier lieu il faut constater que la collision Afrique-Asie, donnée à 6 mm/an en
méditerranée occidentale par Nuvel-1a est un peu réduite: les mesures GPS actuelles dans la
région donnent plutôt 4 mm/an.
- En second lieu, on peut conclure que l'absence de raccourcissement N-S dans les Alpes, et
jusqu'au bloc Corso-sarde, implique que ce mouvement Afrique-Eurasie est accommodé à
l'heure actuelle en Afrique du Nord, dans les maghrébides par exemple. Les séismes d'El
Asnam et plus récemment de Boumerdes en Algérie étayent cette hypothèse.
- Une fois l'absence de compression N-S expliquée, il reste l'extension E-W, qui peut être due à
un mécanisme d'étalement gravitaire ou au poids de la lithosphère Européenne qui agirait
comme une force de type "slab pull" et induirait des forces extensives en surface.
En tout état de cause, il convient d'être prudent sur les mécanismes: la mesure d’un étalement, peut
être gravitaire, en surface n’est pas forcement en contradiction avec de la convergence en
profondeur !
Nous avons procédé en juillet 2004 à une deuxième remesure du réseau, 11 ans après la première
campagne de 1993 et 6 ans après celle de 1998. Ceci afin de quantifier les erreurs à long terme et de
mieux déterminer les vitesses de déformation : la pente d’une droite est toujours mieux déterminée
par 3 points que par 2 seulement, et c’est encore plus évident pour son incertitude. Les premiers
résultats sont plutôt décevant: dès qu'un point semble avoir une vitesse supérieure à 1 mm/an, une
analyse attentive des données montrent qu'il s'agit d'une erreur due à une antenne défectueuse. Ce
problème c'était déjà posé en 1993 et est réapparu en 2003. Une mesure de calibration de l'antenne
incriminée permet de déterminer précisément son décalage.... et annule le déplacement constaté.
Peut être touche-t-on là aux limites des campagnes pour la mesure des déformations extrêmement
faibles, et qu'il faudra attendre plusieurs dizaines d'années avec des remesures régulières avant de
pouvoir exploiter les résultats en termes de mouvement sur des failles identifiées et d'aléa sismique.
Alpes 21