PDF file - Laboratoire de Géologie de l'Ecole normale supérieure - Ens
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Introduction<br />
Au départ, ma problématique était d'ordre purement tectonique. Il s'agit <strong>de</strong> quantifier le<br />
déplacement <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s unités (plaques ou blocs), <strong>de</strong> déterminer leur niveau <strong>de</strong> rigidité et <strong>de</strong><br />
caractériser la vitesse sur leurs frontières: les failles. Pour quantifier convenablement le mouvement<br />
d'un bloc il suffit <strong>de</strong> répartir quelques points <strong>de</strong> mesure avec une bonne couverture géométrique. Le<br />
tout est d'être certain que les points <strong>de</strong> mesure sont représentatifs du mouvement du bloc rigi<strong>de</strong>,<br />
c'est à dire qu'ils sont éloignés <strong>de</strong>s zones en déformation: en général les bordures <strong>de</strong>s plaques. Il est<br />
alors relativement facile <strong>de</strong> déterminer la vitesse angulaire <strong>de</strong> rotation <strong>de</strong>s blocs échantillonnés, et<br />
d'en déduire le mouvement relatif sur la faille qui les sépare. Lorsque l'on procè<strong>de</strong> ainsi, la vitesse<br />
mesurée est la vitesse instantanée <strong>de</strong>s plaques, puisque mesurée à partir <strong>de</strong> la différence <strong>de</strong> position<br />
sur un intervalle <strong>de</strong> temps très court. Mais si l'on accepte l'hypothèse que la vitesse d'une plaque est<br />
constante sur une durée assez longue (au moins 100,000 ans), alors cette vitesse instantanée est<br />
aussi la vitesse à long terme <strong>de</strong>s plaques, et donc <strong>de</strong> la faille qui les sépare. La vitesse <strong>de</strong>s failles<br />
déterminée par GPS doit donc être comparable à la vitesse estimée sur <strong>de</strong>s durées longues, que l'on<br />
qualifiera <strong>de</strong> "géologiques". Par contre, il n'y a aucune raison que celle-ci correspon<strong>de</strong> à la vitesse<br />
<strong>de</strong> la faille estimée sur <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s plus courtes (<strong>de</strong> l'ordre ou inférieure à 10,000 ans) par les<br />
métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> datations <strong>de</strong> décalages <strong>de</strong> quelques dizaines <strong>de</strong> mètres (réseau hydrographique ou<br />
objets topographiques type volcans ou terrasses) ou encore par <strong>de</strong>s tranchées <strong>de</strong>stinées à mesurer le<br />
décalage cumulé <strong>de</strong> quelques séismes historiques ou archéologiques. En effet, absolument rien<br />
n'interdit qu'une faille accumule un déficit <strong>de</strong> glissement (trop peu <strong>de</strong> séismes, trop rares ou trop<br />
petits) pendant un certain temps, puis qu'elle rattrape ce retard lors d'une succession <strong>de</strong> séismes<br />
(plus gros ou plus fréquent) "anormaux". C'est seulement sur la moyenne d'un grand nombre <strong>de</strong><br />
cycles sismiques que la vitesse <strong>de</strong> la faille <strong>de</strong>vient comparable à la vitesse relative <strong>de</strong>s blocs<br />
tectoniques. Une difficulté vient du fait que le nombre <strong>de</strong> cycles nécessaire à stabiliser la moyenne<br />
est inconnu, et peut être très élevé. Il est parfaitement envisageable que la vitesse d'une faille<br />
fluctue à très long terme avec <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s plus lentes ou plus rapi<strong>de</strong>s que la moyenne et <strong>de</strong>s<br />
pério<strong>de</strong>s d'accélération ou <strong>de</strong> décélération <strong>de</strong> plusieurs milliers d'années, voire plus. C'est sans<br />
doute la rhéologie <strong>de</strong> la croûte terrestre qui contrôle ces paramètres, mais on peut sans risque<br />
évoquer l'absence ou la présence <strong>de</strong> flui<strong>de</strong>s, l'existence et la taille d'une zone <strong>de</strong> gouge, et partant:<br />
l'âge lui même <strong>de</strong> la faille.<br />
En tout état <strong>de</strong> cause, si l'on veut mesurer la vitesse actuelle d'une faille (afin d'estimer l'aléa<br />
sismique qu'elle présente aujourd'hui par exemple), il est donc nécessaire <strong>de</strong> la mesurer directement<br />
dans la zone <strong>de</strong> déformation. Cela ne suffira pas bien sur, puisqu'il faudra toujours savoir à quel<br />
moment <strong>de</strong> son cycle sismique on se trouve, mais c'est par là qu'il faut commencer. Je me suis donc<br />
trouvé amené à installer et mesurer <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong>nses au voisinage <strong>de</strong>s failles<br />
(souvent sous formes <strong>de</strong> profils) <strong>de</strong> manières à quantifier profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> blocage et vitesse à gran<strong>de</strong><br />
échelle. Pour cela, on fait le plus souvent l'hypothèse que la déformation répartie autour <strong>de</strong> la faille<br />
obéit à une loi géométrique simple (en général une forme d'arctangente qui provient <strong>de</strong>s propriétés<br />
élastiques que l'on attribue à la croûte) et surtout qu'elle est constante dans le temps, du moins si<br />
l'on est assez éloigné d'un séisme passé ou futur. Cette hypothèse est en général vérifiée au premier<br />
ordre, mais <strong>de</strong> plus en plus souvent mise en défaut <strong>de</strong>puis que les mesures sont vraiment précises et<br />
réalisées sur <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> temps qui s'allongent. Là où une droite passait assez bien entre<br />
quelques points séparés par quelques années, il <strong>de</strong>vient plus évi<strong>de</strong>nt qu'une certaine courbure est<br />
parfois présente dans <strong>de</strong>s séries dépassant la décennie et tenues par un grand nombre <strong>de</strong> mesures. A<br />
l'extrême, il se pourrait bien que la déformation en bordure <strong>de</strong> faille ne soit jamais constante dans le<br />
temps, mais toujours décroissante entre <strong>de</strong>ux séismes. C'est une difficulté pour la modélisation<br />
élastique mais c'est peut être un futur outil pour la prévision sismique: Il suffirait alors <strong>de</strong> mesurer<br />
la déformation en continu avec une très gran<strong>de</strong> précision pour savoir à quel moment du cycle<br />
sismique on se trouve. Ce raisonnement conduit à installer <strong>de</strong>s réseaux GPS permanents plutôt qu'à<br />
réaliser <strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong> mesures à intervalles réguliers. Ce faisant, on se rend compte que le<br />
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