The future of the Euro-Mediterannean security dialogue

XV. Le Maghreb entre l’Union européenne et les Etats-Unis
Nicole Grimaud 1
Tous les Etats du Maghreb sont disponibles ou ne tarderont pas à l’être pour coopérer tant avec
les Etats-Unis qu’avec l’Union européenne. C’est une évidence pour le Maroc et la Tunisie prooccidentaux
depuis leur indépendance. L’Algérie se sent orpheline depuis 1989 et aspire à
s’inscrire dans la mouvance américaine pour ne pas rester en tête-à-tête avec l’Europe. Elle
retrouverait ainsi une possibilité de jeu. La Libye se dit prête officiellement à s’engager dans le
processus de Barcelone, mais chacun connaît les multiples tentatives de Kadhafi pour se
réconcilier avec les Etats-Unis et son hostilité relève pour beaucoup du dépit.
Cela dit, quel est l’état des lieux, et que proposent les Etats-Unis et l’Union européenne ?
Sur le plan économique : face à des Européens très actifs et bien installés sur le terrain, les Etats-
Unis pensent à donner un contenu à l’initiative Eizenstadt qui remonte à 18 mois (juin 1998). Les
Européens sont présents tout simplement parce que la géographie et l’histoire nourrissent des
relations de proximité anciennes, parce que les courants commerciaux portent les
investissements, et parce que le partenariat global proposé à Barcelone couronne naturellement
cet état des choses d’autant plus qu’il est agrémenté de quelques crédits. Certes, le pétrole
constitue un cas particulier. Il jouit d’une sorte d’exterritorialité en Algérie et les sociétés
américaines ont pour elles leur expérience quasi universelle qui guide leur intuition en matière de
recherche, et leur aptitude à mobiliser d’énormes crédits. Quant à la Libye, les pétroliers
américains y ont joué le rôle de pionniers et leurs intérêts ont été conservés ; leur retour est
souhaité très ouvertement, et on se rappelle que les Européens, Allemagne et Italie en tête, se sont
opposés à la seule sanction susceptible de nuire gravement à la Libye : l’embargo pétrolier.
Sur le plan politique : ce survol donne l’occasion de raffiner l’affirmation de départ – tout
le monde prêt à coopérer avec tout le monde. En fait, l’Amérique suscite, à des degrés divers
selon les pays, un sentiment ambivalent. Attraction due à son statut de première puissance
mondiale, mais réticences pour sa politique au Moyen-Orient : envers l’Irak, sa forte
partialité envers les thèses israéliennes, et sa générosité envers l’Etat hébreu, notamment en
matériel militaire sophistiqué. Le sentiment pro-palestinien des masses arabes étant
instrumentalisé par les islamistes, les gouvernements ne peuvent franchir aisément une limite
sans prendre de précautions ou de risques en politique intérieure.
En Tunisie, la forte tonalité pro-arabe de l’opinion, la jeunesse en particulier, a été
respectée lors de la guerre du Golfe, la Tunisie étant restée en dehors de la coalition occidentale,
mais elle n’empêche pas qu’une base terrestre dans le Sud soit fort discrètement accordée aux
Etats-Unis.
En Algérie, où la culture anti-israélienne a été inculquée avec insistance depuis 1962,
l’officialisation de contacts avec Israël a suscité au sein du FLN un comité contre la reprise des
relations avec Israël.
En revanche, le soutien des Européens à l’Autorité palestinienne est porté à leur crédit.
Par le biais de l’interminable conflit israélo-arabe, l’UE regagne une marge, un délai qui devrait
lui permettre d’améliorer son offre sur le plan militaire.
1 Directeur de Recherche, Centre d’Etudes et de Recherches internationales (CERI), Fondation Nationale des
Sciences politiques (FNSP), Paris.
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