i l - Notes du mont Royal

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théâtre, que leurs auteurs sVntenrloient eux-mêmes, et
qu'avec toute l'attention que je donnois à leur récit, j'avois
tort de n'y rien entendre : je suis détrompé.
10. Il y a dans l'art un point de perfection, commo de
bonté ou de maturité dans la nature. Celui qui le sent et qui
l'aime a le goût parfait; celui qui ne le sent pas, et qui
aime en deçà ou au delà, a le goût défectueux. Il y a donc
un bon et un mauvais goût, et l'on dispute des goûts avec
fondement.
13. Amas d'épithètes, mauvaises louanges : ce sont les
faits qui louent (1), et la manière de les raconter.
14. Tout l'esprit d'un auteur consiste h bien définir et à
bien peindre (2). Moïse (3), Homère, Platon,Virgile, Horace
ne sont au-dessus des autres écrivains que par leurs expressions
et par leurs images : il faut exprimer le vrai pour
écrire naturellement, délicatement.
15. On a dû faire du style ce qu'on a fait de l'architecture.
On a entièrement abandonné Tordre gothique, que la
barbarie a voit introduit pour les palais et pour les temples
(4); on a rappelé le dorique, l'ionique et le. corinthien :
ce qu'on ne voyoit plus que dans les ruines de l'ancienne
Home et de la vieille Grèce, devenu moderne, éclate dans
nos portiques et nos péristyles. De môme, on ne sauroit en
écrivant rencontrer le parfait, et, s'il se peut, surpasser les
anciens que par leur imitation.
Combien de siècles se sont écoulés avant que les hommes,
dans les sciences et dans les arts, aient pu revenir au goût
des anciens et reprendre enfin le simple et le naturel P
(1) » Le sage a raison de dire que leurs seules actions les peuvent
louer; toute autre louange languit auprès des grands noms.» (Bossuet,
Or. fun. du p. de Coudé.)
(2) Image et précision, ces deux mots sont tout un traité de rhétorique.
(Voltaire.)
(3) Quand même on ne le considère que comme un homme qui a
écrit. (Note de La Bruyère.)
(4) L'architecture gothique n'a été remise en honneur qu'au commencement
du xix e siècle. Cf. Génie du Christianisme, 3° partie,
Hv. I«, chap. VIII.