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i l - Notes du mont Royal

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DE LA COUR<br />

2. Un homme qui sait la cour est maître de son geste,<br />

de ses yeux et de son visage; il est profond, impénétrable;<br />

il dissimule les mauvais offices, sourit à ses ennemis, contraint<br />

son humeur, déguise ses passions, dément son cœur,<br />

parle, agit contre ses sentiments (1). Tout ce grand raffinement<br />

n'est qu'un vice, que Ton appelle fausseté, quelquefois<br />

aussi inutile au courtisan pour sa fortune que la franchise,<br />

la sincérité et la vertu.<br />

7. L'on s'accoutume difficilement a une vie qui se passe<br />

dans une antichambre, dans des cours, ou sur l'escalier (2).<br />

8. La cour ne rend pas content; elle empêche qu'on ne<br />

le soit ailleurs.<br />

(!) Cf. Ballhasar Gracian, H tomme de cour, tra<strong>du</strong>it et commenté<br />

par le sieur Amelot de la lloussaie, 1 e éd., 1687.<br />

Ce chapitre de ha Bruyère <strong>mont</strong>re suffisamment que les courtisans<br />

savaient user des moyens de parvenir cl de se faire valoir que l'auteur<br />

espagnol avait ré<strong>du</strong>its en maximes.<br />

(2) « Bien des gens croient la cour un pays de fainéants, où, dès<br />

u'oh a mis le pied, la fortune vous cherche, les biens viennent en<br />

Îormant; erreur. Les courtisans, il est vrai, ne font rien; nulle truvre,<br />

nulle besogne qui parais?^..« Le laboureur» l'artisan, qui,chaque soir,<br />

prend somme, et répare la nuit les fatigues <strong>du</strong> jour, voilà de vrais paresseux.<br />

Le courtisan jamais ne dort, et Ton a calculé mathématiquement<br />

que la moitié des soins per<strong>du</strong>s dans les antichambres, la moitié<br />

des travaux, des efforts, de la constance nécessaires pour seulement<br />

parler à un sot en place, suffirait pour décupler en France les pro<strong>du</strong>its<br />

de l'in<strong>du</strong>strie, etc. » (I\-L. Courier, Lettre Vttt$ au Censeur^ 12 février<br />

1820.)

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