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personnel, balancent au moins les sacs de mille francs que<br />
le (ils <strong>du</strong> partisan ou <strong>du</strong> banquier a su payer pour son<br />
oflice (1).<br />
7. Il y a un certain nombre do jeunes magistrats que les<br />
grands biens et les plaisirs ont associés à quelques-uns de<br />
ceux qu'on nomme à la cour des pelits-maitres ; ils les<br />
imitent, ils se tiennent fort au-dessus de la gravité de la<br />
robe, et se croient dispensés par leur Age cl par leur fortune<br />
d'être sages et modérés. Ils prennent de la cour ce qu'elle a<br />
de pire : ils s'approprient la vanité, la mollesse, l'intempérance,<br />
le libertinage, comme si tous ces vices leur étoient<br />
<strong>du</strong>s, et affectant ainsi un caractère éloigné de celui qu'ils<br />
ont à soutenir, ils deviennent enlîn, selon leurs souhaits,<br />
des copies fidèles de 1res méchants originaux (2);<br />
9. Les Crispins se cotisent et rassemblent dans leur<br />
famille jusques à six chevaux pour allonger un équipage,<br />
qui avec un essaim de gens de livrées, où ils ont fourni<br />
chacun leur part, "*cs fait triompher au Cours ou à Vincennes,<br />
et aller de pair avec les nouvelles mariées, avec Jason,<br />
qui se ruine, et avec Thrasoit, qui veut se marier, et qui a<br />
consigné (3).<br />
Les Satinions et les Crispins veulent encore davanlagequc<br />
l'on dise d'eux qu'ils font une grande dépense, qu'ils n'ai-<br />
(1) Allusion à la vénalité des charges, « cette gangrène qui ronge<br />
depuis longtemps toutes les parties de l'État. » (Saint-Simon.)<br />
(2) Toutes les clefs nomment Jean-Antoine de Mesmcs. Voici le<br />
portrait que trace de lui Saint-Simon : «. Toute son étude fut celle <strong>du</strong><br />
grand monde, à qui il plut, et fut niclé dans les meilleures compagnies<br />
de la cour et dans les plus gaillardes, d'ailleurs il n'apprit rien<br />
et fut extrêmement débauché. C tte vie libertine le lia avec la jeunesse<br />
la plus distinguée qu'il recherchoit avec soin, et ne voyoit que<br />
le moins qu'il pouvoit de palais et de gens de robe. Devenu président<br />
par la mort de son père, il ne changea guère de vie, mais il se persuada<br />
qu'il étoit un seigneur, et vécut à ta grande... D'ailleurs<br />
d'excellente compagnie, charmant convive, poli, affable, accueillant<br />
avec distinction... Il vouloil être homme de qualité et de cour, et se<br />
faisoit souvent moquer de lui par ceux qui l'etoient en effet, et avec<br />
lesquels il vivoit tant qu'il pouvoit. »<br />
(3) Déposé son argent au Trésor public pour une grande charge.<br />
(Note de La Hruyère.)