i l - Notes du mont Royal

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' à l'impression. Dans toute biographie de La Bruyère
doit figurer l'anecdote suivanic que Formey, qui la
tenait de Maupertuis, a rapportée dans un discours
académique . « M. de La Bruyère, disait-il, venait
presque journellement s'asseoir chez un libraire
nommé Micliallpt, où il feuilletait les nouveautés et s'amusait
avec un enfant bien gentil, fille du libraire qu'il
avait pris en amitié. Un jour il tire un manuscrit de sa
poche, et dit à Michallcl : « Voulez-vous imprimer ceci?
« (C'étaient les Caractères.) Je ne sais si vous y trou-
« verez votre compte; mais en cas de succès, le pro-
« duit sera pour ma petite amie. » Le libraire entreprit
l'édition. A peine l'cut-il mise en vente qu'elle
fut enlevée, et qu'il fut obligé de réimprimer plusieurs
fois ce livre, qui lui valut deux, ou trois cent mille
francs. Telle fut la dot imprévue de sa fille, qui fit,
dans la suite, !c mariage le plus avantageux. »
Deux ou trois cent mille francs I Quelle noble générosité
l Quel magnifique exemple de désintéressement!
« Amas d'épilhètes, mauvaises louanges ; ce sont les
faits qui louent », a écrit La Bruyère. Or, venons
aux faits. Les bénéfices, la forte somme réalisée par
l'heureux libraire ne doivent pas ici faire illusion. L'auteur
des Caractères, en remottant à Michallct le
mince cahier de copies qu'était son manuscrit, se conforma
simplement aux habitudes du temps, en renonçant
à ses « droits (raulcur ». Pour railler ces
auteurs dégoûtés de gloire, affamés d'argent qui
« mettent leur Apollon aux gages d'un libraire »,
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