'Annuel vert de l'automobile 2011 - Autosphere

Il y a un certain temps déjà qu’on parle
des véhicules électriques rechargeables,
et l’engouement s’apprête à atteindre
son apogée avec l’arrivée des modèles de
série dans les salons de l’auto et chez les
concessionnaires. Je suis le premier à dire
que, en matière d’ingénierie, ces véhicules
sont spectaculaires. Mais cet engouement
doit être examiné sous un autre angle.
La médiatisation des véhicules électriques
rechargeables est une affaire de relations
publiques et gouvernementales. En réalité,
nous sommes à des décennies de
pouvoir réellement compter sur une vraie
industrie du carburant de remplacement
en Amérique du Nord.
Je crois fermement que le grand gagnant à
court terme est actuellement le carburant
Diesel. De leur côté, les hybrides carburant-électricité
connaîtront, au cours de la
présente décennie, un succès nettement
supérieur à celui de la précédente. Par
contre, même si elles sont une réussite en
termes de technologie et de relations publiques
et gouvernementales, les véhicules
électriques rechargeables ne trouveront
pas grand preneur très souvent.
Incitatifs par rapport
à compromis
Je suis d’avis que tout produit qui doit
compter sur un stimulant gouvernemental
est un échec. Soutenir un produit grâce à
des incitatifs à l’achat relève d’une logique
défaillante. Ce n’est pas la différence de
prix qui empêche les gens d’acheter les
nouvelles technologies. En réalité, les
consommateurs ne sont pas prêts à faire
de compromis sur la taille et le style du
véhicule, sur ses caractéristiques et ses
performances. Les consommateurs, je
vous le dis, détestent les compromis.
Le processus d’achat d’un véhicule repose
sur l’idée qu’il faut faire le moins de compromis
possible. Comme les véhicules faisant
appel aux technologies de remplacement
de carburant sont déjà un compromis en
soi, ils se voient rayés de la liste d’achat du
consommateur avant même d’avoir franchi
l’étape de comparaison des prix.
Si un véhicule ne réussit même pas à faire
la courte liste, les subventions n’ont alors
aucune raison d’être.
La différence de prix est colossale, surtout
quand on sait que les Canadiens, pour la
plupart, veulent se procurer un véhicule
qui les mènera simplement du point A au
point B. Ils ont le choix de se rendre de A
à B en Chevrolet Volt, à 45 000$ pièce, ou
en Hyundai Accent, à 13 000$.
Dans la plupart des cas, les Canadiens
n’ont que faire des considérations environnementales.
Ils ne veulent pas faire
étalage de leurs convictions écologiques
devant leurs voisins, ils veulent tout simplement
pouvoir se véhiculer.
L’essence mène encore!
On oublie trop souvent la portion approvisionnement
de l’équation : quelles sont
Par Dennis DesRosiers
Un engouement
électrisant ?
Ils ont beau être impressionnants, les véhicules électriques rechargeables sont-ils vraiment la
panacée promise ?
26 L’Annuel vert de l’automobile 2011 ■ autosphere.ca
les autres options ? Qui sont les autres
joueurs dans le marché ? Quelles sont
les autres options de véhicules ? Dans
cet élan d’amélioration du rendement
des carburants, des dizaines de milliards
de dollars sont investis dans les gazotechnologies.
Il serait donc ridicule que
les entreprises qui ont investi de telles
sommes décident de laisser tomber cette
technologie. Elles ont personnellement
intérêt à ce que les choses évoluent.
Ces entreprises investissent massivement
dans des technologies qui pousseront
leurs produits actuels vers le futur. Par
exemple, les moteurs EcoBoost de Ford
augmentent l’efficacité du carburant de
20 à 25 % sur un produit existant. Pour
quelle raison Ford tournerait-elle le dos
aux sommes investies dans les moteurs
à essence?
Pour le moment, des dizaines de technologies
différentes visant à améliorer
les produits actuels sont en préparation.
Chaque fois qu’on annonce l’amélioration
d’un produit existant, la nécessité
des véhicules électriques rechargeables
devient moins pressante.
Je pense que les véhicules électriques
rechargeables seront réellement en usage
autour de 2050, peut-être même plus tard.
On les retrouvera alors stationnés dans
l’allée du consommateur moyen. Mais en
attendant, qui les achètera ? Examinons
les leçons apprises avec les hybrides
carburant-électricité.