Le jeu pédagogique, un outil efficace et formateur en lycée ...

M.GODARD
nobles que celles des bons lycéens, qu’ils n’ont pas choisies ». Ces élèves refusent le
monde intellectuel que la hiérarchie des matières propose, et s’investissent peu dans le
travail scolaire. Là encore, ils pensent que leur vie est « ailleurs », « dans une société
juvénile où leur liberté peut s’exercer ».
Ces trois catégories de lycéens se s’opposent pas et présentent même des traits communs
comme la pression exercée par leurs études et « la faible capacité intégratrice du lycée », qui ne
permet pas aux lycéens de vivre « la vraie vie », qui est ailleurs.
Pour Nicole de Grandmont, l’adolescent doit « prouver qui il est ». L’adolescence est
donc une période où des distances sont mises entre l’adulte et l’adolescent et où les parents
seront mis de côté au profit des amis, « clan, gang ».
Selon Aziz Jellab 20 , peu d’élèves de LP se définissent comme de futurs ouvriers. Ils
partagent un sentiment de décalage entre l’apprentissage qu’ils pensaient être « concret » du
métier et la réalité de la formation. Cette réalité est souvent identifiée à des contenus « abstraits
» et « désincarnés professionnellement ». Aziz Jellab pense effectivement que « la crise du
secteur industriel et les difficultés d’insertion professionnelle des jeunes donnent à l’expérience
scolaire en LP une nouvelle configuration » : si les anciennes générations d’élèves, (« les
nouveaux lycéens » de Dubet) étaient distantes avec le savoir scolaire, ils pouvaient néanmoins
compter sur une insertion professionnelle aisée du fait de la conjoncture favorable de l’époque.
Cependant, la situation économique a bien changé depuis 1991, et les élèves de LP sont bien au
fait que le chômage domine et que bien souvent les « petits boulots » sont la seule issue valable.
Aziz Jellab est d’accord avec Dubet sur le fait que les élèves de LP sont majoritairement
issus de milieux populaires et il ajoute que ceux-ci n’ont pas choisi leur orientation (ou alors
rarement).D’après lui, « Les « problèmes de motivation », les « difficultés de concentration » et «
l’ennui » constituent une réalité d’emblée mise en avant par les enseignants et les personnels
d’éducation, comme s’il s’agissait d’un fait établi, un préalable dont ils doivent s’accommoder
avant toute démarche pédagogique. »
Malgré ce portrait assez négatif, Aziz Jellab met en avant le fait que, même si les élèves
de LP ne choisissent pas leur orientation, cela n’empêche pas la réussite scolaire d’une grande
part des élèves, « même s’ils sont nombreux à dire craindre le chômage à l’issue de leur
scolarité ».
20 Jellab Aziz , Les enseignants de lycée professionnel et leurs pratiques pédagogiques : entre lutte contre l'échec scolaire et
mobilisation des élèves , Revue française de sociologie, 2005/2 Vol. 46, p. 295-323.
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