LES AVIONS MILITAIRES - EuroSAE
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dont quatre obtenus par le même appareil, le Laté 521 « Lieutenant de vaisseau<br />
Paris ». Le record du monde de distance en ligne droite était détenu par la Grande-<br />
Bretagne, celui de la plus haute altitude par l'Italie, le record de vitesse sur base par<br />
l'Allemagne. Et comment oublier l'humiliante participation des avions français au<br />
concours de Zurich, l'année précédente où, dans tous les domaines, nous fûmes<br />
surclassés ; ou, encore, la course Istres-Damas, la France arrivant en cinquième<br />
position et le Savoia-Marchetti de Cupini l'emportant avec une vitesse moyenne<br />
horaire supérieure de 60 km/h à celle du Breguet Fulgur. Ou encore l'épreuve Paris-<br />
Saïgon au cours de laquelle aucun avion français ne peut dépasser Karachi ?<br />
L'instabilité ministérielle, conjuguée à l'instabilité des commandements, ne permit<br />
pas de concevoir et de réaliser à temps un plan d'études et de fabrications cohérent.<br />
Aussi n'est-il pas surprenant que trois mois seulement avant l'attaque allemande, le<br />
11 mai 1940, l'aviation de chasse française n'eut encore perçu aucun Dewoitine<br />
520, l'aviation de bombardement n'ayant reçu que 19 Léo 45 et l'attaque en vol<br />
rasant que 7 Breguet 691.<br />
Après la débâcle, les unités de l'Air autorisées par les commissions de l'armistice<br />
furent équipées des matériels nouveaux enfin sortis des usines, mais longtemps<br />
dépourvus d'équipements et de rechanges. Et puis, il fallut construire, le plus<br />
lentement possible, des matériels de seconde ligne et de transport pour le<br />
vainqueur. Il revint à la France de fabriquer quelque 2 000 appareils de liaison,<br />
d'école ou de transport pour la Luftwaffe, des Messerschmitt 108, des Fieseler<br />
Storch et des JU 52. À la Libération, ces matériels, sous des noms ou des sigles<br />
français, Sipa, Nord 1002, MS 500 et AAC 1, permirent d'entretenir pendant<br />
quelques mois l'activité des usines qui n'avaient pas été détruites.<br />
LE MAINTIEN DE LA FLAMME<br />
Bien que la défaite ait dispersé les équipes d'études et d'essais, les unes<br />
s'efforçant de gagner les pays alliés, les autres demeurées en métropole et<br />
travaillant dans de difficiles conditions, isolées, contrôlées par l'occupant, la création<br />
aéronautique ne fut jamais tout à fait interrompue. Dans la clandestinité, René<br />
Leduc poursuivit l'étude de sa tuyère thermopropulsive et les hydravions<br />
transatlantiques, les matériels de liaison, construits pour répondre aux programmes<br />
lancés avant les hostilités, triomphèrent de l'épreuve de la guerre pour venir, à la<br />
Libération, s'ajouter au maigre capital avec lequel le nouveau ministre de<br />
l'armement, Charles Tillon, reçut mission de reconstruire une nouvelle aviation<br />
française. Malheureusement, à partir de 1943, les usines et les bureaux d'études, où<br />
se trouvait rassemblé le potentiel aéronautique restant, furent attaqués par les<br />
bombardiers anglais et américains et les modestes installations techniques de<br />
Cannes, Marignane, Montaudran, Châteauroux furent fortement endommagées,<br />
voire détruites. À la Libération, cependant, des équipes d'ingénieurs et de<br />
compagnons travaillaient encore dans les locaux sans toiture ou dans des hangars<br />
sans parois…<br />
À la Libération, comparée à celle des grands vainqueurs, l'aéronautique française<br />
était dans une situation quasi désespérée, plus grave encore qu'on ne le croyait. Si,<br />
pendant l'Occupation, les ingénieurs français avaient fait des miracles, dessinant<br />
des matériels avancés, retrouvant par le seul calcul des solutions techniques que, à<br />
l'étranger, on éprouvait sur de grandes séries, l'étude, les essais, la fabrication et<br />
l'utilisation avaient été paralysés pendant les cinq années où, justement, les<br />
aviations des belligérants avaient pris un formidable essor. Rien ne remplace les<br />
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