LES AVIONS MILITAIRES - EuroSAE
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UNE MISE EN CAUSE DE LA DGA<br />
Une petite crise survenue vers 1980 conduisit la DGA à formaliser mieux les<br />
missions et les tâches des services et personnes impliqués dans la conduite des<br />
programmes. Cette crise semble avoir été l'aboutissement d'une agitation qui s'était<br />
étendue jusqu'au Parlement après l'interruption d'un programme d'avion. La qualité<br />
de la gestion des programmes par la DGA était mise en cause. Un groupe de travail<br />
interministériel fut chargé de proposer des moyens de réduire le coût des matériels<br />
d'armement. Les critiques s'avérèrent exagérées, mais elles n'étaient pas toutes<br />
injustifiées, notamment sur le plan du vocabulaire qui pouvait engendrer des<br />
quiproquos avec le ministère des Finances (Quel est le contour d'un<br />
« programme » ? Comment traiter le problème de l'inflation dans le suivi d'un<br />
budget ? etc.).<br />
A la suite des travaux du groupe, fut élaborée une instruction ministérielle visant à<br />
définir la logique de lancement d'un programme, à clarifier les responsabilités et à<br />
préciser les tâches. Cette instruction, complétée à la fin des années 80, soulignait<br />
l'importance des travaux techniques et financiers préparatoires à la commande de<br />
prototypes. Elle marquait le souci, pour éviter des interprétations minimalistes des<br />
budgets, de fixer aux programmes les frontières les plus larges possibles (prise en<br />
compte de l'ensemble des constituants concernés ; différentes versions à prévoir<br />
etc.). Certes, ces textes formalisaient une pratique fréquente, mais une clarification<br />
n'était pas inutile.<br />
Parallèlement, la formation continue des ingénieurs fut développée. Il faut dire<br />
que, s'ils étaient bien préparés sur le plan technique, leur formation au management<br />
d'un programme se faisait seulement sur le tas. En 1960, par une sorte de tutorat,<br />
un ingénieur de marque ne disposait en effet, que d'un document-guide de cinq<br />
pages établi par l'ingénieur général Gérardin, chef du STAé. Cette note avait<br />
l'inestimable mérite d'exister mais elle avait plus pour but de faire comprendre à<br />
l'ingénieur le sens de sa mission que d'encadrer son action.<br />
DES RESPONSABILITES AUX ACTES<br />
Après la Seconde Guerre mondiale, l'État s'est attaché à aider l'industrie<br />
nationale à se reconstruire. Ce soutien a eu des volets techniques (contrats de<br />
recherche, de matériels expérimentaux etc.), industriels (par exemple, financement<br />
de moyens lourds de fabrication jusqu'aux années 60, après quoi les contrats ne<br />
concernaient plus que l'industrie d'amont) et commerciaux (élimination progressive<br />
des achats à l'étranger). Grâce à ces mesures, grâce aussi au recrutement d'experts<br />
étrangers (notamment pour les moteurs) et à des prises de licence (pour les avions,<br />
les hélicoptères, les moteurs, les équipements), le niveau technique et industriel des<br />
constructeurs s'est rétabli assez vite. Puis l'État a encouragé les concentrations<br />
industrielles qui ont entraîné à la fois un renforcement des sociétés et une forte<br />
diminution de la concurrence.<br />
Les ingénieurs de marque ont vu leur gestion des programmes opérationnels<br />
profondément influencée par les effets de la politique menée, dans la mesure où<br />
leurs interlocuteurs industriels évoluaient en nombre, qualité, et capacité à peser sur<br />
les décisions.<br />
C'est ainsi que les possibilités de choix technique se sont réduites avec l'abandon<br />
de la « politique de prototypes » qui permettait d'évaluer, avant décision, différents<br />
matériels en vol. L'appréciation a priori des dossiers techniques et les essais au sol<br />
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