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Une histoire d'amour ordinaire / Fragments biographiques Léandre ...

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volupté qui ne faisait qu’un avec la mienne. Ce que je n’avais jamais<br />

ressenti avec per sonne, en somme, ou alors exceptionnellement. En règle<br />

générale, quand je faisais l’amour avec ma femme, il y avait d’un côté son<br />

plaisir, de l’autre le mien ; je n’avais jamais eu avec elle, sinon en de rares<br />

et très brèves occasions, cette impression de fusion, d’abolition des<br />

frontières entre le tien et le mien. Et là, subitement, et presque sans l’avoir<br />

suscité, je l’avais… avec un garçon de douze ans ! Et tandis que nous<br />

continuions, à deux, dans la douceur de la nuit, cette danse de volupté,<br />

d’autant plus belle qu’elle était totalement impromptue, mes mains,<br />

Amine ! Mes mains te caressaient, partout où elles pouvaient atteindre ; je<br />

te caressais le dos, je te caressais le bas du dos, je te caressais la nuque, la<br />

tête, les joues, autant que je le pouvais, et tes mains, tes mains à toi faisaient<br />

de même, quoiqu’un peu plus timidement. Oui, je sentais ta main qui très<br />

doucement, comme si elle osait à peine, me caressait la poitrine, le torse,<br />

le ventre, jouant un peu avec mes pilosités puis reprenant leur course<br />

vagabonde, un peu plus bas, toujours plus bas. Toujours plus bas… je me<br />

demandais en moi-même si tu aurais le courage d’aller jusqu’au bout, si<br />

tu oserais. Je n’osais pas trop, moi, t’encourager, j’attendais de voir où te<br />

porterait ton audace. Je te sentais hésiter de plus en plus, hésitation<br />

charmante en vérité, que j’aurais aimé prolonger… mais c’est dans un<br />

geste rapide, presque brusque que tu t’es décidé soudain, que t’emparas à<br />

pleine main de ma virilité, à travers la toile de mon pantalon. Et moi, à<br />

travers le tien, je tâtais la tienne, je l’attrapais, je la saisissais, non pas à<br />

pleine main, car elle n’eût pas rempli ma main ou à peine, mais entre deux<br />

doigts, délicatement, j’en éprouvais la rigidité, la raideur parfaite… et toi<br />

tu soupirais d’aise ! C’était notre premier « câlin »… il y en eut beaucoup<br />

d’autres par la suite, et de plus gros que celui-là : après tout, dire que nous<br />

étions tout habillés et que nous n’avons même pas pu aller jusqu’au bout,<br />

ni l’un ni l’autre. Mais on comprend aisément que celui-là me laisse un<br />

souvenir impérissable, un souvenir tellement fort que rien que de<br />

l’évoquer, il me vient des larmes d’émotion… mais pas aux yeux ! Non,<br />

pardonnez-moi cette plaisan terie vaguement grivoise, mais que voulezvous,<br />

j’étais tellement heureux, tellement fou, et aujourd’hui tout cela me<br />

semble si loin…<br />

Quand vint pour toi le moment de repartir, cher Amine, nous étions<br />

toujours toi et moi dans cette chambre obscure où nos destins venaient<br />

de basculer dans la plus délicieuse des démences… Je te glissai à l’oreille<br />

ces mots : « Est-ce que tu reviendras jouer avec moi ?»; et tu me répondis<br />

d’un « oui » enthousiaste et complice, qui me prouva sans équivoque que<br />

tu avais compris le sens du jeu. Ça oui ! cher petit diable, tu l’avais bien<br />

52 L’ É L U N O 3

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