Une histoire d'amour ordinaire / Fragments biographiques Léandre ...

présent partout, en toute chose, vie et beauté de tout, celui qui ne m’aban -
donnerait jamais, ne me manquerait jamais, celui qui serait toujours là
où je serais, pourvu que j’y sois avec Lui… En aimant le garçon réel, j’avais
appris à quoi pouvait ressembler l’amour du Garçon idéal, plus que réel,
dont la beauté immarcescible est éparse sur les garçons d’ici, sur les fleurs
de la terre, sur les étoiles du ciel. En somme, j’avais retrouvé la foi, ou
plutôt, parce que je ne l’avais jamais perdue en fait, elle s’était trouvée
renforcée, rehaussée d’un éclat nouveau, nourrie par mes expériences
terrestres. Ce n’est pas le moindre des miracles que tu aies accomplis pour
moi, cher Amine.
Mais je savais aussi, désormais, que cet amour — je veux dire celui du
garçon réel — n’était pas un rêve irréalisable, j’en connaissais la possibilité,
je l’avais éprouvée à fond, et ce savoir, cette science-là, ne me quitterait
plus ; elle était, elle est gravée en moi comme dans le marbre. Nul coup de
burin grossier ne pourra l’effacer.
Et qui sait ?… peut-être qu’un de ces jours, prochain j’espère, je croi -
serai sur mon che min un autre Amine, un autre garçon en chair et en os,
qui lui ressemblera un peu, beau coup ou pas du tout, me comprendra et
me laissera l’aimer comme j’ai aimé le pre mier, sans limites, sans en -
traves… Alors, à nouveau, je pourrai étreindre dans une créature vivante
le fugitif reflet de la beauté éternelle. Et je louerai l’Auteur des choses de
m’avoir permis de L’aimer dans la plus belle et la plus divine de ses
œuvres. Jusque-là je conserve précieusement ton souvenir, Amine, et celui
de cette aventure qui m’a permis de savourer dans tes bras d’enfant un
avant-goût de l’immortalité.
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