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henri charlier peintre et sculpteur (1883 – 1975) - Vies et oeuvres d ...

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de jeunesse, restées enfouies dans son atelier durant plus de quatre-vingt-dix ans pour les plus<br />

anciennes, dans lesquelles percent déjà ses qualités de dessinateur <strong>et</strong> de <strong>peintre</strong>. Son premier dessin<br />

d’après nature, Le Moulin de Cheny date de 1897 ou 1898, selon une indication manuscrite ajoutée<br />

beaucoup plus tard par lui-même au dos du cadre. Un autre dessin au crayon, La Mare de Migennes, est<br />

de la même période (il est reproduit à la page Réforme plastique). Henri Charlier avait donc 14 ou 15<br />

ans. Sa première peinture à l’huile, Le Pont de Cheny, est de 1899 : il avait à peine 16 ans. C’était<br />

l’époque où le jeune garçon commençait à douter des opinions de son père <strong>et</strong> à combattre son athéisme.<br />

Pour être les œuvres d’un adolescent, elles n’en révèlent pas moins la promesse d’un véritable artiste. Et<br />

lui-même en était parfaitement conscient, il le dit dans Culture, école, métier : « A l’âge de seize ans<br />

seulement, je compris où était ma vocation <strong>et</strong> que le moyen d’expression le plus compl<strong>et</strong> de ma pensée<br />

était l’art plastique. Autour de moi, on eût pu s’en aviser plus tôt, mais en ce cas les parents détournent<br />

les yeux pour ne pas voir, <strong>et</strong> dans l’état où est le monde moderne, je les comprends. » Âgé de dix-huit<br />

ans, durant son année de Droit, il r<strong>et</strong>ourna au moulin de Cheny, non plus avec ses crayons seulement,<br />

mais avec son pinceau <strong>et</strong> ses tubes, <strong>et</strong> il peignit un nouveau tableau, Le Moulin de Cheny (huile sur<br />

bois), où l’on voit son sens plastique s’affirmer n<strong>et</strong>tement. De la même époque aussi, juste avant l’entrée<br />

chez Laurens, date une série de peintures au lavis réalisées en grande partie à Cheny. On perçoit déjà<br />

dans ces p<strong>et</strong>its tableaux les prémices des futurs “portraits d’arbres” qui feront plus tard ses délices à<br />

l’aquarelle. Il s’y trouve en particulier un arbre sur fond de collines qui est de toute beauté malgré<br />

l’absence de couleur, <strong>et</strong> où le trait de pinceau est d’une fraîcheur inouïe. C<strong>et</strong> arbre nous dit : « Regardezmoi<br />

: j’existe ; j’ai été placé en c<strong>et</strong> endroit pour vous, afin qu’en me regardant vous deviniez qu’il se<br />

crée à chaque instant quelque chose de neuf dans le monde. » Toutes ces œuvres de jeunesse montrent à<br />

quel point le langage plastique a toujours été le langage le plus approprié de Charlier, celui dans lequel<br />

ses pensées s’expriment avec le plus de n<strong>et</strong>t<strong>et</strong>é <strong>et</strong> de clarté.<br />

De l’atelier de Jean-Paul Laurens à celui d’Auguste Rodin (1902 <strong>–</strong> 1915)<br />

De son année passée dans l’atelier de Jean-Paul Laurens, Henri Charlier n’a presque rien dit, sans<br />

doute parce qu’il n’y avait pas grand chose à en dire. C’est du moins ce que l’on peut déduire de ces<br />

souvenirs laconiques : « J’ai commencé comme Matisse <strong>et</strong> tant d’autres, je suis allé dans un atelier où<br />

on broyait du noir. Je suis entré à 19 ans dans l’atelier de Jean-Paul Laurens, car si je suis devenu<br />

<strong>sculpteur</strong>, j’ai fait jusqu’à 30 ans une carrière de <strong>peintre</strong>. Au bout d’un an je me suis échappé de c<strong>et</strong><br />

antre, où le maître était très bon <strong>et</strong> les élèves point si sots, car on y répétait la scie que voici : “Pan, pan,<br />

pan. — Qui est là ? — C’est moi Jean-Paul Laurens. — Que voulez-vous ? dit le Sultan. — Je veux un<br />

tonneau de bitume pour faire des chairs transparentes. — Ce n’est pas vrai”, dit le Sultan, <strong>et</strong> il lui fit<br />

couper la tête. A quelque temps de là : “Pan, pan, pan. Qui est là ?” Et la scie continuait, en passant à<br />

deux, puis trois tonneaux, <strong>et</strong> ainsi de suite. Le jeune artiste que j’étais continua à étudier seul à<br />

l’Académie Colarossi. » (Rencontre avec Henri Charlier) Au moins avait-il compris qu’avec du bitume<br />

il est absolument ridicule d’espérer parvenir à peindre des chairs transparentes, <strong>et</strong> qu’il n’avait pas<br />

beaucoup à apprendre dans un tel atelier. Il y aurait même plutôt perdu ses qualités natives, car les<br />

œuvres d’atelier qu’il réalisa durant c<strong>et</strong>te année portent la marque d’un profond pessimisme, que nous<br />

ne trouvons pas dans les paysages au lavis qu’il peignait pour son plaisir lorsqu’il allait à Cheny. Dans<br />

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