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henri charlier peintre et sculpteur (1883 – 1975) - Vies et oeuvres d ...

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où Henri Charlier écrivait ces lignes (en 1971), le marché de la Vill<strong>et</strong>te était sur le point d’être<br />

transformé en Cité des Sciences <strong>et</strong> de l’Industrie côté Porte de la Vill<strong>et</strong>te, <strong>et</strong> en Cité de la Musique côté<br />

Porte de Pantin. Mais durant plus d’un siècle il avait été un marché de bétail sur pied très important,<br />

sans doute le plus grand de France car il comptait 55 hectares de terrain. Et il avait été édifié sous le<br />

second Empire : François Charlier l’avait donc vu construire avant d’y aller vendre des moutons.<br />

En 1854 François Charlier épousa Marie-Alexandrine Rondot, qui était la fille naturelle d’un<br />

menuisier d’Ormoy dans l’Yonne, Alexandre Rondot. Elle naquit d’une liaison qu’il eut avant son<br />

mariage avec une demoiselle Anne Frontier. Son père accepta de la reconnaître, <strong>et</strong> versa une pension à<br />

sa mère qui l’éleva à Paris, où elle rencontra François Charlier. François <strong>et</strong> Marie-Alexandrine Charlier<br />

eurent deux fils : Charles, le père d’Henri, qui occupa un poste de haut fonctionnaire dans<br />

l’administration à Paris, <strong>et</strong> Max qui fut comédien dans une troupe de théâtre. Henri ne connut point ses<br />

grands-parents Charlier car François Charlier mourut en 1879, <strong>et</strong> sa femme en <strong>1883</strong>.<br />

La mère d’Henri Charlier s’appelait Berthe Bid<strong>et</strong> de son nom de jeune fille. Son père <strong>et</strong> son grandpère,<br />

Clovis <strong>et</strong> Éloi Bid<strong>et</strong>, vécurent à Cheny, village situé à trois kilomètres d’Ormoy. Ils étaient aussi<br />

vignerons <strong>et</strong> se succédèrent sur la ferme familiale. Le grand-père Éloi Bid<strong>et</strong>, s’était marié en 1829 avec<br />

Béate Rondot, la propre sœur d’Alexandre Rondot : le lien de consanguinité entre les parents d’Henri<br />

Charlier trouve ici sa souche commune. La mère de Charles Charlier était donc la cousine germaine du<br />

père de Berthe Bid<strong>et</strong>. Et étant donné la proximité entre Ormoy <strong>et</strong> Cheny, il paraît impossible que c<strong>et</strong>te<br />

parenté ait été ignorée des habitants du voisinage. Car en ces temps éloignés, dans les campagnes les<br />

liens familiaux n’étaient point distendus comme aujourd’hui, <strong>et</strong> l’on désignait les cousins habitants dans<br />

les contrées voisines, non par leur nom propre, mais par celui du village où ils vivaient. On disait : les<br />

cousins d’Ormoy, ou les cousins de Cheny. Il y a donc fort à croire que ce mariage civil fit scandale dans<br />

ce p<strong>et</strong>it coin de Bourgogne, car jusque là Berthe Bid<strong>et</strong> était allée à la messe chaque dimanche avec les<br />

enfants de la paroisse de Cheny, <strong>et</strong> l’on n’avait encore jamais vu d’union civile dans le village.<br />

Mais le père d’Henri, Charles Charlier était de naturel têtu, <strong>et</strong> ce fut sans doute lui qui imposa ce<br />

mariage civil. Il était farouchement ennemi de la religion <strong>et</strong> professait un athéisme radical. Il appartenait<br />

à la franc-maçonnerie <strong>et</strong> y avait même une place influente : il était Vénérable (maître) de la Loge “Les<br />

Droits de l’Homme”. C<strong>et</strong>te Loge était sous l’obédience du Grand Orient de France, qui en 1877 s’était<br />

séparé de la Grande Loge universelle d’Angl<strong>et</strong>erre, en rayant de ses Constitutions la mention du Grand<br />

Architecte de l’Univers, répudiant ainsi toute forme de croyance en Dieu. Il est très vraisemblable que<br />

ces activités de Charles Charlier dans la franc-maçonnerie ne furent point étrangères à son accession au<br />

poste de Directeur du personnel à la Préfecture de la Seine, administration qui au dix-neuvième siècle<br />

regroupait plusieurs de nos départements actuels : Paris, les Hauts de Seine, Seine Saint-Denis <strong>et</strong> le Val<br />

de Marne. En politique il soutenait les idées du parti radical socialiste. Et surtout, il se faisait fort<br />

d’inculquer son athéisme aux siens. Son fils André se rappelle avoir dû l’accompagner plusieurs fois au<br />

Grand Orient, rue Cad<strong>et</strong>, pour des réunions de “convent”. Il a laissé un aperçu de l’atmosphère qui<br />

régnait dans la maison familiale : « A la place d’honneur de la bibliothèque paternelle figuraient les<br />

œuvres complètes de Voltaire <strong>et</strong> de Proudhon. Jamais il [André] n’avait entendu parler de Dieu que par<br />

dérision, <strong>et</strong> le Vendredi Saint était marqué par des festins sacrilèges. »<br />

Du côté maternel, la question religieuse n’était pas moins combattue. Berthe Charlier mourut en<br />

1902 : Henri était alors âgé de 19 ans, <strong>et</strong> André en avait 6. Le lien avec le monde rural de Cheny en<br />

Bourgogne d’où leur mère était issue, se fit donc par les parents de celle-ci, Clovis <strong>et</strong> Nathalie Bid<strong>et</strong>.<br />

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