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henri charlier peintre et sculpteur (1883 – 1975) - Vies et oeuvres d ...

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deuxième guerre mondiale, celui de l’église de La Bourboule (1942-1952), l’Oratoire Saint-Joseph de<br />

Montréal (1953-1959), <strong>et</strong> la chapelle Notre-Dame de Lumière dans la Maison Mère des Oblates de Saint<br />

François de Sales à Troyes (1964-1967), furent donc encore des périodes d’intense activité pour Henri<br />

Charlier. Pour le chantier de Notre-Dame de Lumière, il fit travailler un jeune homme nouvellement<br />

arrivé, Hubert Herpin, qui fut son dernier élève. À l’achèvement de ce dernier grand ensemble sculptural<br />

Charlier avait 84 ans, <strong>et</strong> il sculpta encore deux autres statues. C<strong>et</strong>te période d’après guerre, qui compte<br />

une quantité considérable d’œuvres exécutées (environ 80 pièces monumentales), marque le somm<strong>et</strong><br />

dans l’art de Charlier au point de vue de la qualité d'expression par la forme. C’est en eff<strong>et</strong> au cours de<br />

ces trente années que son style sculptural est parvenu à son apogée, en particulier avec la Vierge Rosa<br />

Mystica (1951), avec le Calvaire, le maître-autel <strong>et</strong> les Apôtres de l’Oratoire Saint-Joseph, ou encore le<br />

Chemin de Croix, le Christ de la Transfiguration <strong>et</strong> la Vierge de l’Assomption de Notre-Dame de<br />

Lumière. Dans ces œuvres, la sculpture de Charlier n’est plus seulement « digne de l’antique », comme<br />

l’étaient déjà son Ange de l’Apocalypse d’Acy ou sa Vierge à l’Enfant de Saint-André de Lophem : elle<br />

atteint une maîtrise de la forme plastique, digne de c<strong>et</strong> art universel qui va des Égyptiens aux figures des<br />

portails de Chartres, en passant par les Chinois <strong>et</strong> les Syriens. Et, dans le même temps, c’est aussi dans<br />

ces œuvres de l’après-guerre que l’art de Charlier devient le plus personnel <strong>et</strong> acquiert toute sa force <strong>et</strong><br />

sa délicatesse d’expression.<br />

La Vierge Rosa Mystica n’a pas d’équivalent dans l’histoire de la sculpture : forme plastique <strong>et</strong> vie<br />

mystique s’unissent de façon unique dans c<strong>et</strong>te statue pour en faire le modèle achevé de la définition de<br />

l’œuvre d’art que nous devons à Henri Charlier : une contemplation de l’œuvre de Dieu dans le mystère<br />

de la foi. C’est une Vierge à l’Enfant, écoutant le saint-Esprit figuré par une colombe posée sur son<br />

épaule. Marie se présente revêtue de la coule des moniales bénédictines, faisant dans la pierre des drapés<br />

d’une admirable souplesse. C<strong>et</strong>te sculpture est l’expression du mystère de grâce <strong>et</strong> de vie intime de<br />

Marie, qui semble perdue dans la contemplation de l’amour que son Fils lui porte. La Vierge du Calvaire<br />

de Montréal, plus simple du point de vue de la forme, est aussi l’une des plus expressives sur le plan<br />

spirituel. Elle illustre plastiquement ces lignes de Charlier sur la participation de Marie au mystère de la<br />

Croix : « La Sainte Vierge était au pied de la Croix, dans tout l’éclat de la charité parfaite ; elle<br />

rayonnait d’amour, elle exultait dans l’union à Dieu, <strong>et</strong> les mérites de son Fils la faisaient coopérer au<br />

rachat des membres du Christ. » (Les propos de Minimus)<br />

Les douze Apôtres de l’Oratoire Saint-Joseph sont des pièces uniques dans l’art de Charlier,<br />

analogues aux statues moai de l’île de Pâques pour ce qui est de l’expression du mystère de l’homme, <strong>et</strong><br />

de son attente d’un autre monde que leur attitude fait déjà pressentir. Par la forme plastique, ces Apôtres<br />

s’apparentent aux figures égyptiennes du treizième siècle avant notre ère <strong>et</strong> aux Bodhisattva chinois.<br />

Mais l’apport de la foi à c<strong>et</strong> esprit sculptural rend ces Apôtres plus proches encore de l’art médiéval.<br />

Charlier se place ici dans le droit fil de la tradition des portails <strong>et</strong> des frontons de nos cathédrales. Les<br />

Apôtres de l’Oratoire de Montréal sont les “frères puînés” des figures sculptées sur les portails de la<br />

cathédrale de Chartres, mais attention : des frères puînés qui font 4 mètres 80 de hauteur chacun, <strong>et</strong> pour<br />

la sculpture desquels Charlier a développé plastiquement le meilleur de son style personnel.<br />

Le bas-relief polychrome représentant l’Ensevelissement du Christ au Tombeau, qui figure sur l’une<br />

des faces du maître-autel de l’Oratoire Saint-Joseph, est lui aussi d’une rare perfection du point de vue<br />

de la forme <strong>et</strong> de l’expression. Il se signale par une audace de composition dans le choix de la<br />

perspective qui contient le corps du Christ. Charlier l’a inscrit, non pas dans un plan unique suivant le<br />

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