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henri charlier peintre et sculpteur (1883 – 1975) - Vies et oeuvres d ...

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Et c’est ainsi qu’Henri Charlier devint le collaborateur de Rodin pour la fresque qui devait entourer<br />

la Porte de l’Enfer, mais un collaborateur dont le vieux <strong>sculpteur</strong> avait tout à apprendre quant au métier<br />

pour lequel il l’employait. La peinture en tant que telle n'avait plus de secr<strong>et</strong> pour Charlier : il avait<br />

pratiqué le lavis, la peinture à l'huile, l'aquarelle, <strong>et</strong> avait déjà réalisé un certain nombre d'œuvres<br />

importantes, comme Chaste Suzanne ou l'Enfant blessé, qui sont de véritables tableaux de maître. Quant<br />

à la fresque, il avait aussi exécuté plusieurs pièces avant de rencontrer Rodin. Ainsi en 1911, au moment<br />

même précisément où Rodin faisait ses essais avec Jeanne Bardey, Charlier exposait deux cartons de<br />

fresques au Salon des Artistes Indépendants. Au Salon de 1914, il exposa une fresque de sainte<br />

Germaine, <strong>et</strong> le carton d'une des fresques qu'il peignait dans l'église de Nogent-sur-Aube. Ces dernières<br />

sont donc contemporaines de la période où Charlier travailla pour Rodin, <strong>et</strong>, bien qu'elles n'aient pas<br />

encore la délicatesse <strong>et</strong> la variété de ton des fresques de La Bourboule ou de Notre-Dame de Lumière à<br />

Troyes, elles n'en font pas moins la preuve que Charlier maîtrisait parfaitement c<strong>et</strong>te technique lorsque<br />

Rodin le choisit pour exécuter son proj<strong>et</strong>.<br />

La collaboration entre les deux artistes débuta très vraisemblablement à la fin de 1912, <strong>et</strong> dura<br />

jusqu’à la mobilisation de Charlier pour la première guerre mondiale. Rodin confiait ses dessins à<br />

Charlier, à partir desquels celui-ci peignait à fresque les éléments qui iraient composer le bandeau<br />

décoratif autour de la Porte de l’Enfer. Compte tenu des dimensions de la Porte, ce bandeau devait<br />

mesurer plus de quinze mètres de long. Une quinzaine de pièces furent ainsi réalisées, qui sont<br />

actuellement conservées au musée Rodin de Paris. Certaines d'entre elles, dont le nombre reste encore à<br />

préciser, ont donc été peintes par Charlier entre 1912 <strong>et</strong> 1915. Rodin avait conservé dans ses papiers une<br />

note manuscrite de Charlier, qui apporte un élément d'information sur le suj<strong>et</strong>. La teneur de c<strong>et</strong>te note<br />

fait penser qu'il s'agit d'une facture à l'amiable, <strong>et</strong> non d'un devis. Le devis est une pièce administrative<br />

dûment rédigée <strong>et</strong> datée, portant les noms des personnes auxquelles le travail est destiné, <strong>et</strong> précisant en<br />

détail la nature <strong>et</strong> l'obj<strong>et</strong> des travaux à effectuer, ainsi qu'une description générale du chantier. Or, nous<br />

ne trouvons aucun de ces éléments dans la note de Charlier. Il s'agit d'un bill<strong>et</strong> écrit au crayon à papier,<br />

rédigé “sur le pouce” <strong>et</strong> sans le moindre souci de présentation (les frais annexes : menuiserie, voitures,<br />

chaux, sable, ont été rajoutés en coin sur le haut de la feuille). De plus, il ne contient aucune précision<br />

sur les suj<strong>et</strong>s peints, ni sur l'ensemble du proj<strong>et</strong> dans lequel ces fresques devaient trouver place. Il ne s'y<br />

trouve que l'adresse de Charlier, <strong>et</strong> au-dessus une simple addition de la somme à régler pour l'exécution<br />

de quatre fresques. Un devis eût comporté le nombre total de fresques à réaliser, qui aurait certainement<br />

dépassé une quinzaine vu la dimension totale du bandeau. Tout semble donc indiquer que c<strong>et</strong>te note est<br />

une facture laissée à Rodin par Charlier. Ceci perm<strong>et</strong> de conclure que, dans la série de fresques<br />

conservées au musée Rodin, quatre au moins ont été peintes par Charlier à partir des dessins de Rodin.<br />

L'identification de ces fragments reste encore à réaliser, <strong>et</strong> nous pensons que la comparaison de ces<br />

pièces avec les fresques peintes par Charlier dans l'église de Nogent-sur-Aube, exactement à la même<br />

époque que celles de la Porte de l’Enfer, devrait apporter des lumières décisives sur la question.<br />

Quelles étaient alors les pensées de Rodin sur l’art, qui ont pu donner à réfléchir au jeune Charlier ?<br />

Il en donne un aperçu dans son livre Les cathédrales de France, qui parut précisément au moment où<br />

Charlier travaillait pour lui, en 1914. Rodin essayait de convaincre ses amis de la nécessité de r<strong>et</strong>ourner<br />

à l’étude de la nature, pour r<strong>et</strong>rouver l’esprit des artistes médiévaux qui construisirent les cathédrales <strong>et</strong><br />

les ornèrent de sculptures : « Le mal vient des écoles, des musées, écrivait-il. Il ne faut pas aller<br />

chercher la science dans les musées… Si vous voulez vraiment apprendre, travaillez seul avec la nature,<br />

regardez-la directement, avec vos yeux seulement. Ceux qui commencent par les musées resteront des<br />

copistes éternels, des traducteurs qui détruisent tout esprit, parce qu’ils ne peuvent comprendre, étant<br />

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