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henri charlier peintre et sculpteur (1883 – 1975) - Vies et oeuvres d ...

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C’est ainsi que la grange de Cheny se transforma en atelier de sculpture en taille directe, qui ouvrit<br />

sa production dès 1919 par une statue monumentale (3,2 mètres de haut) de sainte Ménehould, pour le<br />

village de la Marne qui porte son nom. De l’atelier de Cheny sortirent ainsi une quinzaine de sculptures<br />

monumentales en pierre, dont les plus célèbres sont la Jeanne d’Arc en bergère de Villers-devant-<br />

Mouzon (Meuse), qui eut un grand succès à l’exposition du Salon d’Automne de 1922 <strong>et</strong> valut à<br />

Charlier d’être nommé sociétaire de ce Salon, la Pleureuse du monument aux morts d’Onesse-Laharie<br />

(Landes) qui fit dire à Maurice Denis qu’Henri Charlier est « une sorte de Maillol chrétien » 7 , <strong>et</strong> le très<br />

bel Ange de l’ Apocalypse d’Acy (Aisne) exposé en 1924 au Salon des Tuileries. En moins de six années<br />

de sculpture, Charlier avait déjà réalisé trois de ses plus grands chefs-d’œuvre. Dans le même temps, en<br />

1917 Maurice Storez avait créé la confrérie d’artistes chrétiens à laquelle il songeait lorsqu’il avait offert<br />

à Charlier d’en faire partie comme fondateur en tant que <strong>sculpteur</strong>. Storez se lia personnellement avec<br />

Charlier, <strong>et</strong> lui demanda d’être le parrain de sa fille Ann<strong>et</strong>te. La confrérie ainsi fondée s’appela l’Arche.<br />

En firent partie des personnalités comme Jacques Droz (architecte de Saint-Louis de Vincennes) <strong>et</strong> le<br />

père bénédictin Dom Bellot, la <strong>peintre</strong> Valentine Reyre, la brodeuse Sabine Desvallières (fille de<br />

Georges Desvallières). Le <strong>sculpteur</strong> Fernand Py y fut aussi admis peu après, non sans avoir été<br />

préalablement examiné par les membres de l’Arche. Il connaissait Henri Charlier depuis 1912 <strong>et</strong> vint<br />

travailler dans son atelier de Cheny à partir de 1919 jusqu’en 1923, assistant ainsi à la création des<br />

premières grandes œuvres de Charlier. Celui-ci avait aussi à Cheny un autre élève <strong>sculpteur</strong>, Charles<br />

Jacob, qui le suivit lors de l’installation au Mesnil-Saint-Loup.<br />

Durant c<strong>et</strong>te période de ses débuts en sculpture, Henri Charlier se lia d'amitié avec l'architecte Dom<br />

Paul Bellot <strong>et</strong> avec le musicien Claude Duboscq. Il plaçait le génie de ces deux hommes au même<br />

niveau que celui de Péguy, <strong>et</strong> il le dit dans une conférence qu’il donna en 1968 (à l’âge de 85 ans) au<br />

Cercle du Livre Civique de la rue des Renaudes à Paris, à l’occasion du trentième anniversaire de la<br />

mort de Duboscq : « La Providence a fait que j’ai connu trois hommes de génie, dont deux intimement.<br />

Le premier fut Péguy ; il avait dix ans de plus que moi. Le second, l’architecte Dom Bellot, moine de<br />

Solesmes, était du bâtiment comme moi-même, ce qui faisait un lien supplémentaire de préoccupations<br />

artistiques identiques ou analogues. Claude Duboscq avait quinze ans de moins que moi. J’étais pour lui<br />

comme un frère aîné ayant une expérience très supérieure à la sienne de la vie <strong>et</strong> de l’art. »<br />

L'amitié entre Charlier <strong>et</strong> Dom Bellot remonte aux premières années de la confrérie de l’Arche, dont<br />

le bénédictin de Solesmes fit partie en qualité d'architecte. Leur rencontre eut donc lieu peu après la<br />

première guerre. C<strong>et</strong>te amitié était vigoureuse comme les chênes, à l’image du tempérament des deux<br />

hommes, <strong>et</strong> ne connut aucune faille. Dom Bellot était tout le contraire d’un idéaliste. Voici la description<br />

que Charlier a laissée de lui dans sa conférence de la rue des Renaudes : « Dom Bellot, l’architecte, était<br />

un vrai religieux, très gamin de Paris, mais très observant. Sa vocation était très réfléchie. Il était entré à<br />

Solesmes, alors exilé en Angl<strong>et</strong>erre, sur ses 28 ans, après avoir conquis tous ses diplômes. Il était<br />

considéré comme un architecte d’avenir. Un “grand patron” voulut le marier à sa fille. On fit se<br />

rencontrer les jeunes gens. Ils parurent tout à fait d’accord, leur conversation était animée <strong>et</strong> les familles<br />

pensaient que le proj<strong>et</strong> était en bonne voie. Mais voilà d’où venait leur accord : les jeunes gens parlaient<br />

de saint Jean de la Croix. Le jeune homme voulait être bénédictin <strong>et</strong> la jeune fille carmélite ! Dom Bellot<br />

avait donc complètement renoncé à l’architecture pour se donner à Dieu ; mais la Providence avait ses<br />

vues. Elle en fit le plus grand constructeur d’églises de notre temps. Car les moines de Solesmes, voyant<br />

l’exil se prolonger, décidèrent de bâtir un monastère provisoire, avec les moyens du bord <strong>et</strong> des<br />

7 Maurice Denis : Histoire de l’Art religieux (p 305).<br />

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