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henri charlier peintre et sculpteur (1883 – 1975) - Vies et oeuvres d ...

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l’autobiographie qu’il rédigea à la fin de sa vie pour l’album de ses œuvres Henri Charlier statuaire <strong>et</strong><br />

<strong>peintre</strong> nous lisons ceci : « [Henri Charlier] était entré là — chez Laurens — parce qu’il n’y avait pas de<br />

concours d’entrée. Jean-Paul (comme l’appelaient ses élèves) avait les qualités morales qui font un bon<br />

maître ; il était aimé. Il distinguait ceux qui montraient quelques dons. Il corrigeait honnêtement. Mais<br />

Henri Charlier n’y resta pas deux ans. L’atelier était très sombre <strong>et</strong> notre jeune artiste s’aperçut que<br />

Jean-Paul n’avait rien à enseigner. Il se souvient d’un conseil donné à un élève de vingt-huit ans qui<br />

demandait une méthode de travail <strong>et</strong> que voici :“Tapez dans le tas, jusqu’à ce que ça y soit.” » Laurens<br />

considérait donc la réussite de l’œuvre d’art comme un coup du hasard <strong>et</strong> des fantaisies individuelles de<br />

l’artiste. Mais, de technique il n’était point question. Henri Charlier quitta donc Jean-Paul Laurens en<br />

1903. Il s’inscrivit alors à l’Académie Colarossi, l’une des académies privées de Paris. Puis il loua un<br />

atelier à la Ruche, la cité d’artistes située à Vaugirard, dont le <strong>sculpteur</strong> Alfred Boucher était le<br />

propriétaire. Dans le même temps, en 1904, Charlier trouva un poste de professeur suppléant de dessin<br />

dans les écoles de Paris, travail qui lui perm<strong>et</strong>tait de subvenir à ses besoins tout en poursuivant ses<br />

propres études. Il garda ce travail d’enseignant <strong>et</strong> sa location à la Ruche jusqu’à la guerre de 1914.<br />

Avec l’inscription à Colarossi <strong>et</strong> la location d’un atelier à la Ruche commence alors pour Henri<br />

Charlier une période de recherches plastiques en dessin <strong>et</strong> en peinture, au cours de laquelle ses<br />

découvertes personnelles seront jalonnées par quelques événements importants. C’est durant c<strong>et</strong>te même<br />

période que des artistes comme Léger, Chagall, Zadkine, tous à peu près du même âge qu’Henri,<br />

passèrent aussi quelques années à la Ruche. Mais ils prônaient un art “d’avant-garde”, qui faisait fi du<br />

véritable esprit de l’art que Charlier voulait justement r<strong>et</strong>rouver. Les rapports durent donc rester distants<br />

entre eux, si toutefois il y en eut. Les recherches de Charlier devaient l’orienter vers les seuls artistes<br />

qu’il considéra toujours comme de vrais réformateurs <strong>et</strong> devanciers : Puvis de Chavannes, Cézanne,<br />

Gauguin, Rodin. Mais en arrivant à la Ruche il n’avait jamais vu aucune de leurs œuvres, <strong>et</strong> il étudiait<br />

seul, n’ayant pas de maître d’atelier. C’est pourquoi, explique-t-il, « faute de véritable enseignement, il<br />

pataugea jusque vers 26 ou 27 ans… », donc jusqu’en 1909 <strong>–</strong> 1910. Qu’est-ce à dire ? Tout simplement,<br />

qu’il chercha d’abord par où commencer l’étude du dessin <strong>et</strong> de la peinture. Et il s’y prit en se tournant<br />

vers une branche du savoir bien étrangère au travail artistique (quoiqu’en pense Léonard de Vinci) : il se<br />

rendit aux séances de dissection de cadavres qui se faisaient à la Faculté de Médecine comme encore de<br />

nos jours. « Sur la foi des professeurs <strong>et</strong> des maîtres de la Renaissance, écrit-il, au lieu d’apprendre<br />

comme eux l’anatomie sur des livres <strong>et</strong> sur un écorché de plâtre, nous avons fait sur nos vingt-<strong>et</strong>-un ans<br />

— c’était donc en 1904 — de la dissection avec les élèves de l’École de Médecine <strong>et</strong> nous avons encore<br />

toutes les planches dessinées sur le cadavre. Mais c’était assez pour nous apercevoir de la parfaite<br />

inutilité de ce travail au point de vue de l’art. » (Culture, école, métier) Tout au plus en tira-t-il quelques<br />

notions pour la connaissance des canons du corps humain, mais cela ne pouvait apporter aucune réponse<br />

aux recherches sur la forme plastique qui prirent rapidement la première place dans ses préoccupations<br />

artistiques. Quelques années plus tard, nous le verrons, l’approche de Rodin alors en pleine possession<br />

de la forme lui sera certainement d’un plus grand secours que les études anatomiques.<br />

En attendant Charlier laissa la dissection, mais il put heureusement dessiner à partir du modèle<br />

vivant à la Ruche, car Alfred Boucher payait lui-même les séances. Henri reconnaît avoir bénéficié très<br />

volontiers de c<strong>et</strong>te générosité « dans son atelier à la Ruche, dont le propriétaire bienfaisant, le <strong>sculpteur</strong><br />

Alfred Boucher, payait un modèle tous les soirs de cinq à sept à ses locataires. Charlier en usa<br />

largement, mais ils étaient peu nombreux à profiter de c<strong>et</strong>te aubaine, si peu qu’à la veille de la guerre de<br />

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